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lundi 5 juin 2023

Trinité

Le monastère, avant les maisons moches, les centres commerciaux
et les pompes à essence

Mon candidat belge à l'émigration a de la chance, il a deux propositions en vue, il est parti à Moscou s'en occuper. J'ai rencontré une autre Belge, Aurélie, une amie de la mère Alexandra. Je suis allée la rejoindre au monastère de la Trinité saint Daniel, pour la fête du même nom. C'est un très bel endroit. J'ai dit à l'higoumène qu'un des grands charmes de son beau monastère était qu'à l'intérieur, on ne voyait pas les horreurs dont on a défiguré son environnement. Il m'a répondu que lorsqu'on prenait le café sur la Tour Eiffel, on avait la chance de voir tout Paris sans ce malheureux édifice. C'est pareil avec Beaubourg. Le musée est hideux et déplacé, mais du dernier étage, on a une belle vue sur la capitale.  En ce qui concerne le monastère, c'est tout ce qu'il y a autour qui est abominable. A part l'étang... Mais à l'intérieur, c'est la beauté, la paix et la grâce.

L'higoumène Pantaleimon nous a fait visiter les lieux, en nous racontant la vie de saint Daniel, fondateur du monastère, et parrain d'Ivan le Terrible. Le saint, tout enfant, pratiquait l'ascétisme pour expier ses péchés, sans en avoir commis beaucoup, mais les saints prennent sur eux les péchés de tous. Devenu moine, il enterrait les inconnus morts accidentellement, et priait pour eux, et sa première église fut dédiée "à tous les saints", car il s'en trouvait un parmi ces inconnus, dont il savait qu'il était saint, mais dont il ignorait le nom. Le père Pantaleimon nous a parlé du Jugement Dernier et de l'Apocalypse, dont il fait régulièrement des lectures, si j'ai le courage, j'irai vendredi prochain. Il me semblait que la Bête, dont je voyais les nombreuses têtes jaillir d'un seul corps, était précisément le nom de cette folie progressiste dont les divers mufles nous présentent les mêmes grimaces et nous mugissent les mêmes bobards.

La liturgie épiscopale était belle et recueillie, les fresques du XVII° siècle sont dans un excellent état de conservation, et magnifiques. Elles ont été protégées par l'enduit dont on les avait recouvertes. Les artisans qui les ont faites ont aussi décoré les églises du kremlin de Rostov, mais elles sont moins bien conservées à Rostov que chez nous.

Aurélie avait la permission d'aller sonner les cloches pour l'office du soir, car elle a appris à le faire, et elle le fait très bien. Le sonneur habituel lui a fait signe de le suivre sur le clocher avec un fin sourire, il ne doit pas voir tous les jours des Belges sonner les cloches. Elle est venue s'installer ici, parce qu'elle pense que la Russie est la dernière arche, comme le père Basile, et que presque toutes les paroisses d'Europe sont gangrénées plus ou moins. Pourvu que cette lèpre ne nous gagne pas... Mais quand on est ici, entre l'évêque Théoctyste et l'higoumène Pantaleimon, sous le Jugement Dernier et le Pantocrator du XVII° siècle, on se sent vraiment protégé.

 


1 commentaire:

  1. Remettez mes meilleurs encouragements et amitiés de fraternité à votre amie belge Aurélie dont je souhaiterais suivre la même voie (voix!)! 🙏🥰

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