J'ai trouvé un oiseau mort dans la cuisine, ce matin au réveil. C'est l'oeuvre de Monsieur Moustachon, le plus adorable des chatons, si débonnaire avec tous les autres animaux, si éperdument épris de la créature qui a pris en pitié sa bonne bouille intelligente, innocente et charmeuse. Il tue tout ce qui bouge avec une adresse extraordinaire, et j'en suis malade. Mon geste charitable a causé la perte de je ne sais combien de passereaux.
Je suis allée à l'église en me poussant, et pourtant, une fois sur place, j'ai senti tout le bien que me faisaient la liturgie, et la présence de cette assemblée bienveillante et touchante. J'ai vu les enfants Rimm, Dounia, Gricha et Fédia qui sont gracieusement venus me saluer. J'ai dit à Gricha: "Voilà notre hardi cosaque", et il est resté très sérieux, mais j'ai vu qu'il n'en pouvait plus de fierté.
Puis je suis allée au café français, dans l'arrière-salle discrète, on se croirait à Chicago au moment de la prohibition. Dans tout Pereslavl, les masques sont, Dieu merci, vraiment rares. A Moscou, en revanche, d'après Dany, on recommence à mettre la pression, à coller des amendes aux commerces tolérants, et à traquer les gens qui ne sont pas masqués jusqu'aux yeux, de bonnes âmes jouent les redresseurs de torts et les dénonciateurs, comme en France, le pays des droits de l'homme, et c'est le même genre de public bobo ou coco. Parallèlement, je vois Sobianine affirmer pour la deuxième fois qu'il n'y aura pas de seconde vague, ni de confinement. Allez comprendre. Ce qui est sûr à mes yeux, c'est que tout cela pue et que les gens assez neuneus pour faire confiance aux autorités, de quelque pays qu'elles soient, de nos jours, auront un réveil difficile. Quand je vois ce qui se passe en France, mon coeur se serre. Ces gens qui enfilent docilement leur muselière, sans être alertés par le fait qu'au plus fort de la crise, provoquée ou non, amplifiée à dessein ou non, les masques étaient introuvables, le gouvernement punissait ceux qui en vendaient et proclamait qu'ils étaient inutiles, et maintenant, on le leur rive sur la gueule, en plein été caniculaire, et en fin d'épidémie, et tout le monde se plie à la chose sans questions, et même fait la police avec ceux qui s'en posent. Vous ne trouvez pas bizarre que l'on ait commencé, en haut lieu, à nous prédire "une deuxième vague" dans deux mois, et deux mois plus tard talam, talam, masquez vous tous partout? Les gens ont peur du virus, mais j'aurais bien plus peur, à leur place, du gouvernement, des médias, des médecins vendus aux labos. Pendant ce temps, la diversité qui tabasse, égorge, viole tous les jours que Dieu fait s'en fout complètement, des masques, à part ceux qu'elle met de toute éternité sur la figure de ses femmes. Et elle continue à arriver par bateaux entiers, sans masque, et sans tests, et sans quarantaine. Les masqués à sa merci continuent de trouver ça normal. Je vois des victimes sanglotantes s'étonner d'en avoir pris plein la gueule, et de ne rencontrer aucune aide, aucun soutien, elles qui étaient de si gentils membres actifs du camp du bien, appliqués au vivre ensemble, si ouverts à la diversité, comment est-ce possible? N'est-ce pas le comble de l'injustice? Et elles continuent à traiter de fachos ceux que leur sort indigne, c'est proprement fascinant. En revanche le masque, alors ça, les gars, c'est capital, et on ne saurait être assez sévère avec les contrevenants, dès lors qu'ils n'appartiennent pas aux communautés qui en sont dispensées, mais plus simplement à la communauté nationale du franchouillard d'origine. Vous êtes prêts à les porter toute votre vie? Surveillés en permanence par les caméras, les applications de traçage, les voisins obligeants, quand vous ne serez pas coursés, écrasés et tabassés par les "jeunes"? Privés de vos restaurants, cafés et petits commerces, de vos artisans, de tout ce qui faisait notre art de vivre et qui est voué à la disparition par les maîtres du monde? Le nombre de victimes du covid, toujours changeant et toujours flou, et très peu fiable, justifie-t-il de mener désormais une telle existence? Et le jour où l'on vous fera le chantage, rester enfermés et masqués ou accepter n'importe quel vaccin douteux administré par des dingues et des mafieux, vous n'aurez pas l'ombre d'un soupçon et d'une hésitation avant de vous y soumettre? Moi si, et même en Russie, où l'on nous annonce un "vaccin russe", pour la bonne raison que tout est trop louche, trop incohérent, trop suspect, et que je ne crois pas à un vaccin bricolé à la va vite, pour des virus qui mutent tout le temps, alors qu'on s'applique à dénigrer et supprimer un traitement qui marche et qui est notoirement sans danger.
Un communiste me parle de civisme, je considère que dans son cas, c'est plutôt du suivisme. Mais c'est là qu'on voit la profonde parenté entre totalitarisme capitaliste et totalitarisme communiste. On la voit de plus en plus nettement. Cette complicité de la gauche avec une oligarchie de milliardaires délirants. Cette foi aveugle, plus intolérante, fanatique et meurtrière que toutes les religions, surtout chrétiennes, abhorrées de ses sectateurs, dans le Progrès technique, qui pourtant apparaît de plus en plus clairement comme un marché de dupes, un pacte avec le diable. Cette haine de la nature, de ses lois, de sa réalité, de la création et de son Créateur. Une haine de la nature qui est au fond une haine de la vie et de tous ceux qui y tiennent, au nom d'une survivance mécanique et contrôlée dans un enfer hors sol, bétonné et surveillé, où l'on nous transforme en biomasse anonyme et hagarde.
J'ai rêvé de ma mère, il y a quelques jours. Il me semblait qu'elle n'était pas morte, mais perdue, je la cherchais avec angoisse. Hier, j'avais besoin de faire un petit travail de couture, et ne trouvant pas ce qu'il fallait, je suis allée explorer sa boîte à ouvrage, qui est venue jusqu'ici avec mon déménagement. Je l'ai ouverte, je l'ai trouvée telle qu'elle l'avait laissée il y a plus de dix ans, car elle ne s'en servait plus quand elle était malade. Cela m'a rappelé le jour où j'avais vu, quinze ans après sa mort, le porte-monnaie de ma grand-mère là où elle le gardait, dans le tiroir de la table de la cuisine, mon grand-père n'ayant jamais eu le courage de l'en retirer. Je me trouvais en Russie, avec sur les genoux la boîte à ouvrage de maman, ses dés, une pile, un couvercle de boîte, un taille-crayons échoués là, presque la trace invisible de ses gestes. Je pensais à toute cette Atlantide française derrière moi, engloutie par l'océan noir du malheur que personne n'a su voir venir ni empêcher de déferler, malgré les avertissements des Cassandre conspuées. Et je ne sais même pas si je reverrai ceux que j'aime là bas, et vers qui l'enfant indestructible que j'ai toujours conservé en moi voudrait pouvoir encore courir pour se cacher, mais ils ne peuvent désormais plus rien pour lui.
Cependant, à l'église, j'ai senti le soutien de l'autre monde, ou de l'origine du monde, le soutien divin. Dans la panique et la tristesse, il se manifestait avec une discrète assurance. Sur le plan spirituel, je n'aurai pas réalisé grand chose, mais la seule chose que je peux dire, c'est que je me confie, c'est que je fais confiance. Je me mets entre les mains de Dieu. Comme tous ceux que je retrouve à la cathédrale le dimanche. C'est cela notre contrat,et c'est le seul que je sois vraiment capable de respecter.