Ce matin, pas de chauffage, et il ne fait pas très chaud. Le plombier dit que c'est le vent qui provoque le problème, cela arrive, mais là, cela arrive souvent et je n'arrive pas à rallumer. J'ai refilé mon chauffage d'appoint à ma pensionnaire, et j'ai décidé d'aller en acheter un autre pour moi. Mon intention était de faire plusieurs courses à pied, pour faire de l'exercice, en laissant ma voiture près du magasin d'éléctroménager.
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mardi 20 avril 2021
Chute
Ce matin, pas de chauffage, et il ne fait pas très chaud. Le plombier dit que c'est le vent qui provoque le problème, cela arrive, mais là, cela arrive souvent et je n'arrive pas à rallumer. J'ai refilé mon chauffage d'appoint à ma pensionnaire, et j'ai décidé d'aller en acheter un autre pour moi. Mon intention était de faire plusieurs courses à pied, pour faire de l'exercice, en laissant ma voiture près du magasin d'éléctroménager.
lundi 19 avril 2021
En bas de l'échelle
mercredi 14 avril 2021
Surmenage
Les crocus apparaissent. Les jonquilles pointent le nez. Un vent doux souffle aujourd'hui sur le jardin qui semble recouvert de vieilles serpillères jaunâtres et beigeasses, et que surmonte l'énorme langue de glaise du voisin, avec des individus qui circulent ou fument sur la terrasse. J'attends avec impatience que les cosaques me fassent les travaux. Les belles saisons ici sont courtes, et je n'en ai pas une grande réserve encore devant moi. J'aimerais les passer dans la paix et l'harmonie.
J'ai vu la voisine Ania, celle d'en face. Elle aussi a de l'eau partout, et on lui a aussi déversé des tonnes de terre au bout de son lopin. J'ai appris d'elle que Robert, mon dernier chat, appartenait au départ à la famille qui partage l'isba d'oncle Kolia. Ils prennent des animaux et les laissent à l'abandon. Ania nourrit un chat roux qui vient de chez eux. Robert se partageait entre elle et oncle Kolia, jusqu'à ce qu'il réussît à s'installer chez moi. Ania pensait qu'il avait succombé au froid extrême, mais c'est justement à ce moment-là que le voyant maigre, hérissé, les yeux larmoyants par moins 26, je l'avais laissé entrer. J'en ai vraiment ras le bol des tordus qui prennent des animaux pour les refiler aux voisins.
Oncle Kolia a recueilli un jeune chat noir en perdition. Mais il a quatre-vingts ans, sauf mort accidentelle, le chat a de grandes chances de lui survivre...
Je sens que je n’aurai pas le courage d’aller
écouter le canon de saint André de Crète. Je suis trop fatiguée et j’ai un
programme trop chargé. Car tout à coup Génia s’est réveillé pour faire une soirée
concert au café le vendredi de l’acathyste. Olia veut que je m’occupe de son
petit-fils et lui donne demain des cours de français. Skountsev va aussi me donner
un cours demain. Je dois répéter ce soir, et probablement demain soir avec
Génia. Aujourd’hui, dans la journée, une jeune femme, à la suite de l’émission
que m’a consacrée la chaîne SPAS et qui semble m’avoir rendue célèbre, voulait
me rencontrer et me présenter une brave dame qui brûlait de me connaître. Elle m’a présenté également un jeune couple qui s’occupe
avec Boris Akimov, magnat du bio, de restaurer gratuitement ce qu’il nous reste
d’isbas pittoresques, pour amorcer un mouvement salutaire. Ceux-ci veulent que
je vienne chanter dimanche, dans le cadre d’une petite fête à cette occasion. L'idée de se cotiser et de se retrousser les manches pour restaurer des maisons traditionnelles méprisées me paraît excellente. Mais il me faut en plus m’occuper de mon jardin dévasté. Les travaux vont
commencer. Je dois finir la traduction de Yarilo. Il y a les lectures et les
offices du carême, la semaine sainte à l’horizon, je ne sais plus où donner de
la tête.
De retour chez moi après le café, je suis
sortie dans le vent lumineux déambuler avec ma pelle. J’ai trouvé le
coin idéal pour planter des framboisiers désormais trop exposés aux
inondations. Et aussi mes pommiers nains, que j’ai mis dans les bacs ménagés
sous mes fenêtres, au sud. Ils seront surélevés, au soleil et à l’abri du vent. Ma pensionnaire est arrivée, brûlant de m’aider, or je n’ai pas besoin d’elle, j’aurais
besoin de travaux de terrassement qui seraient au dessus de ses forces et des
miennes et elle m’empêche de penser. Elle est totalement incapable d’imaginer
qu’on n’ai pas envie de tout faire en meute, et transpose dans l’orthodoxie
progressiste la mentalité de la komsomole de base. J’ai droit à toutes sortes
de conseils déplacés, car elle ne connaît rien aux plantes ni aux conditions de
mon terrain. Plus des leçons de morale. Si j’évoque la nécessité de cacher
autant que possible les horribles maisons avoisinantes, elle me dit avec un fin
sourire qu’elle regarde au dessus, vers le ciel, et ne voit pas tout cela, dans sa béatitude et son élévation spirituelle. Si j’évoque
le voisin et les dégâts occasionnés, elle me répond en gloussant, comme à un
enfant déraisonnable, qu’on ne le changera pas et qu’il faut faire preuve de
patience et donner le bon exemple. Un bon exemple à donner serait de faire preuve de cette belle patience, assortie d'une angélique humilité, au lieu de toujours prechi-prêcher à l’ourse des cavernes française des
vertus qu’il est facile d’avoir quand on est là de passage et que les problèmes
ne vous touchent pas directement. Comme j’évoquais le projet de faire une
petite entrée terrasse côté invités, elle m’a déclaré que ce serait trop près
de la voiture, et qu’il fallait construire un kiosque un peu plus loin, je n’en
croyais pas mes oreilles. Je n’ai pas eu le bonheur d’être mariée, mais j’ai
néanmoins le malheur d’avoir toujours sur le dos les belle-mères des autres.
Tout mauvais que soit mon caractère, je ne me
suis jamais sentie autorisée à accabler les gens de conseils et de
considérations sur leur vie intérieure et la façon de la mener. Pour une bonne
raison : j’ai trop conscience de mes propres insuffisances.
Je suis allée au café à pied, et en chemin, j'ai vu une maison que j'ai trouvée bien restaurée, à part la barrière doublée de plastique. Elle forme un ensemble avec une petite maison de bois et une autre maison en très mauvais état, qu'il serait souhaitable de restaurer aussi, car on conserverait ainsi un îlot homogène, non loin de l'église de la Protection de la Mère de Dieu. Mais là, il y a du boulot, et il faudrait se dépêcher.
j'aime bien les fenêtres avec les losanges, je verrais bien ça pour ma véranda |
si j'avais plein de fric, je ferais de cette ruine un bijou |
dimanche 11 avril 2021
De la Provence à Pereslavl
Une famille de Moscou a visité ma maison, des gens très sympathiques avec une certaine classe. Ma maison les a emballés, mais pas ses abords. Et je peux les comprendre. De mon côté, je me sens découragée à l'idée de déménager, c'est-à-dire que je le ferai peut-être si je dispose d'argent pour acheter autre chose sans vendre ici, et que je peux prendre mon temps.
mercredi 7 avril 2021
Pensée printemps!
J'ai eu la surprise hier de voir, dans le pot d'une plante verte, une petite pensée adventice qui avait fleuri, alors qu'à l'extérieur, je n'ai encore que boue, neige fondue et herbes mortes.
Le voisin, ce soir, m'expliquait que la mairie ne répond pas à ses appels, au sujet de l'inondation qu'il m'a créée. Alors il creuse. Par le canal ainsi ménagé, l'eau commence à s'écouler. Je pense que ceci est la démonstration que son tuyau est trop petit pour remplir sa fonction. Et puis à vrai dire, le poids de toute cette terre, la sienne et celle que d'autres abrutis ont déversée un peu plus loin tout l'été, doit jouer un rôle;
On m'a proposé d'aller visiter une maison à Koupanskoié. C'est là où habite Gilles et où je vais me baigner l'été. Il y a sur place une église, une banque, un centre médical et un ou deux magasins. J'ai constaté que le village avait lui aussi enlaidi, car les horreurs y remplacent peu à peu les isbas. La maison est justement une isba, jolie extérieurement. Elle est sur le bord de la route principale qui traverse le village, enfin pas vraiment sur le bord d'ailleurs, elle est en contrebas, et il y a un espace assez grand, entre elle et la chaussée, et des arbres. Le coin n'est pas spécialement pittoresque, le terrain non plus, mais ce n'est pas un marécage, et avec quelques arbres et buissons on ne verrait plus l'extérieur. Le début du printemps n'est pas non plus le meilleur moment pour apprécier un endroit, plus de neige et pas de verdure. L'avantage de Koupanskoié, c'est qu'on est assez vite dans la forêt ou au bord de la rivière, avec des chemins tranquilles pour se promener. La maison est encombrée d'un tel bordel qu'il est difficile de s'en faire une idée. Il y a une cuisine, avec un poêle russe, assez facile à aménager. Le poêle chauffe des radiateurs qui permettent d'avoir chaud dans toute la maison, et le gaz passe au bout du terrain, on peut s'y raccorder. Une grande pièce, où il faut arracher tout ce qu'il y a sur les murs pour retrouver les rondins équarris de départ et casser une espèce de cloison qui crée une pièce supplémentaire, mais toute en longueur, inutilisable. Une entrée à remettre en forme, une espèce de cellier où installer une salle de bains, un grenier aménageable, une véranda à isoler, pour la rendre habitable l'hiver, mais c'est une très jolie véranda, avec des fenêtres en dentelle de bois. La seule chose, c'est que tous ces aménagements coûtent quand même de l'argent, et prennent du temps et des forces. Le jardin est très mal conçu, tout est planté n'importe comment, les petits massifs dans les vieux pneus et tout ça... Le terrain est clôturé entièrement de grillage, le toit refait il y a dix ans.
Gilles me dit que je ne suis pas près, là où je suis, à Pereslavl, de récuperer un terrain normal pour y planter l'écran végétal qui me cacherait, selon son expression, le "camping car sur pilotis", que mon voisin a collé sur son socle de glaise, en face de son automobile. Je sens à divers signaux, que me tirer de cet endroit, qui sera de plus en plus abimé, ne serait pas une mauvaise chose, et en même temps, cela demande un investissement de forces et d'argent qui me dépasse un peu. Je voulais en discuter avec Gilles au café, mais il était déjà parti. Gilles a une équipe d'artisans corrects...
lundi 5 avril 2021
Les rythmes
Dimanche matin, à l'issue de l'office de la Croix, on a célébré aussi un moleben sur la tombe approximative de saint Constantin, dernier prêtre martyr de l'église du métropolite Pierre. J'ai rencontré une troupe de scouts, menés par des dames de Moscou, très sympathiques, l'une d'elles connaissait une de mes amies, Marie Gestkoff, scoute émérite. J'ai vu ensuite sur Facebook que l'autre avait entendu parler de moi par sa mère, qui m'avait vue sur scène avec les 3D au club Dom il y a peut-être 15 ans de cela, et pensait que j'étais l'organisatrice du concert, alors que Sérioja et toute l'équipe m'entraînaient là dedans pour chanter souvent au dernier moment!
avec les 3D...
samedi 3 avril 2021
Art sacré
Je participais aujourd’hui à une exposition d’icônes. Je n’en avais que trois. Les deux dernières, je les ai envoyées à leur commanditaire en France, parce que j’avais trouvé quelqu’un qui partait en Europe.
Sur ma demande, Veniamine le Suisse et sa
femme ont exposé les leurs, qui sont très bien. Et ils sont venus au vernissage. Il y avait
aussi mon évêque et quelques prêtres qui ne sont pas restés longtemps, car
c’était une heure avant les vêpres.
Je devais chanter, et j’avais un trac
terrible, ce qui m’arrive souvent, et cela me fait perdre mes moyens. C’est
évidemment complètement stupide, car je ne compte pas faire carrière, mais pour
l’instant, c’est plus fort que moi, et en plus j’avais très soif, l’angoisse me
déssèche, et cela me gênait pour chanter.
Les deux jeunes amies iconographes qui
m’avaient invitée, et qui sont marrantes, avec une forte personnalité, étaient en retard, alors qu’elles
m’avaient dit de venir une heure à l’avance, ce que j’ai fait; je devrais enfin
arriver à comprendre que la Russie n’est pas la France.
Monseigneur Théoctyste a annoncé à tout le monde que
j’allais passer sur la chaîne SPAS. La journaliste m’ayant dit hier que c’était
« samedi prochain », j’ai compris que c’était ce samedi, mais non,
c’est l’autre, dans une semaine.
Je ne sais pas comment l’évêque l’a appris, il
est au courant de tout.
Bien que très intimidée, je tenais à ce qu’il
m’entendît chanter des vers spirituels, c’est un genre auquel je voudrais voir
les Russes s’intéresser. Mais avant moi se produisait un choeur local,
accompagné d’une mandoline, d’une guitare et d’un accordéon, et ce choeur était
aussi intarissable qu'excessivement suave. L’évêque, emporté par ces flots d'harmonie, est allé s’occuper
des vigiles. Quand j’ai enfin chanté mes trois vers spirituels (dont un
breton !), il était parti.
Voici une vidéo de l'exposition, Veniamine est le plus grand, avec son fils dans les bras.
On m’a ensuite demandé de dire un mot, j’ai
expliqué le rôle des icônes dans ma conversion à l’orthodoxie, car elles
m’avaient ouvert un langage symbolique cohérent et cosmique, qui me reliait à
tout le passé humain aussi bien qu’au présent, ce que je ne trouvais pas ou
plus dans le catholicisme. J’ai ainsi scandalisé une brave dame, iconographe,
qui trouve que ce n’est pas vrai du tout, et que le catholicisme ouvre de
grandes perspectives à l’art sacré etc... Un peu plus tard, on m’a proposé
d’aller prendre le thé avec les exposants. Celle qui invitait m’a donné
l’adresse, mais l’immeuble avait plusieurs entrées, et elle ne m’avait pas dit
laquelle, ni le code, et je n’arrivais pas à obtenir mes jeunes amies au
téléphone. J’ai failli rentrer chez moi.
Je dois dire que j’aurais dû, parce que l’assemblée
n’était pas tellement ma tasse de thé, justement, et me rappelait ma
pensionnaire, surtout la brave dame ouverte au cathollicisme. On m’a montré une
revue luxueuse, avec des photos superbes, et là, des églises futuristes,
catholiques et orthodoxes, des icônes audacieuses, qui tirent fortement sur
l’art catholique, en effet, tout cela souvent très esthétique, et
« minimaliste » (mais nous n’avons pas encore mûri jusqu’à ce point,
disait l’article, c’est encore trop tôt, et je regardais deux exemples de ce
minimalisme qui me foutait le cafard dans les églises catholiques d’après
Vatican II et m’avait découragée de les féquenter). Il y avait aussi une photo
de Jean-Paul II, et tout un article de la même veine. J'ai fini par dire: "C'est une belle revue". Et en effet, c'est une belle revue; elle doit avoir de bons financements.
Je m’ennuyais plutôt. Il n’y avait pas
de naturel ni de vérité dans tout cela, c'est trop voulu, trop intentionnel, en contradiction complète avec ce qu'enseignait Ouspenski. En
réalité, je me sens beaucoup plus proche du Suisse Veniamine et de sa femme. Et
pour ce qui est de l’iconographie, et pour ce qui est de la façon de vivre, de
la mentalité, et je revoyais les photos de leur communauté de vieux-croyants,
des gens tellement réels et vrais, des Russes authentiques, des hommes et des
femmes dignes qui ne jouent pas un rôle, mais transmettent humblement leur
tradition. Je n’en ai rien à foutre de l’esthétisme moderniste sur papier
glacé, et pourtant, Dieu sait que je souffre de la laideur, mais ce que je ne
supportais plus en occident, c’est que tout devenait attitudes et
simagrées, à part chez les paysans et les petits commerçants, souvent malgré
tout un peu trop imperméables aux spéculations métaphysiques, et voilà que
s’infiltrent dans les milieux intellectuels et orthodoxes la même passion pour
les faux-semblants, le mépris et l’ignorance de tout un langage symbolique
immémorial patiemment élaboré pour recourir à des idées et innovations
personnelles. Veniamine m’en a parlé récemment à propos de ma pensionnaire, à
qui il trouve un côté secte charismatique. L’idée m’a effleurée que si ce
mouvement prenait de l’ampleur, je finirais par passer chez les vieux-croyants
du métropolite Corneille. Car ceux dont je me sens le plus proche ici, à part
la famille Asmus et les Soutiaguine, c’est Veniamine Forster et Volodia
Skountsev ! J’ai dit à l’un et à l’autre que ce qui me retenait de le
faire, c’était mon père Valentin, les saints orthodoxes qui ont suivi le
schisme et avec lesquels je suis en communion, et aussi la flemme d’assister à
des services interminables et d’observer un rituel parfois rigide, ce qui les a
bien fait rire. En un mot, je suis une pied-tendre.
En somme, je croyais l’oecuménisme forcené limité au séminaire du père Siniakov, près de Paris, mais non, à Moscou, il est aussi en pleine forme. Il doit avoir des soutiens hauts placés.