A la réunion des cosaques, l'ambiance n'était pas à la maslenitsa, le carnaval russe. Slava a dit que Poutine avait pris le chemin de son Golgotha, et qu'il fallait choisir son camp, avec le président et la Russie, ou contre avec les judas. Veniamine a parlé des financiers qui mènent le monde et rappelé que la propagande était des deux côtés. Sans doute, mais la propagande russe, comme on dit, n'a aucun accès à la scène internationale, qui est entre les mains de Google, Facebook etc., et à l'intérieur du pays, des médias diffusent exactement le même message qu'en occident, de sorte que les libéraux russes nient les horreurs du Donbass de la même manière que leurs équivalents parisiens, la différence est qu'ils sont moins nombreux et qu'il existe encore une info différente. Quand on voit la journaliste Anne-Laure Bonnel, qui a certainement bousillé sa carrière en faisant des reportages là dessus, délivrer son témoignage avec un visage défait par l'émotion, et BHL proclamer que ce sont des fake news, alors qu'il sait pertinemment que ce n'est pas le cas, il est difficile de comprendre ceux qui font confiance à Lucifer plutôt qu'à cette tendre idéaliste qui sauve un peu notre honneur dans cette sinistre affaire. Comme le doux Pierre le Corf en Syrie. J'ai dit que de toute façon, j'avais choisi mon camp en commençant à m'investir dans la défense du Donbass en 2014, et même du reste bien avant, on peut dire dès les années 90, quand j'ai compris que les Américains n'étaient pas les chevaliers blancs de la démocratie pour lesquels j'avais pu les prendre dans ma jeunesse. Olga a déclaré que nous avions tous raison, mais qu'elle n'avait pas envie de parler, parce qu'elle avait le coeur trop lourd. Elle a de la famille là bas...
Dans la journée, il a fait encore très beau, et je maudissais Skountsev de me proposer un cours alors que je voulais profiter du soleil. J'ai concilié les deux. Avant et après le cours, je me suis mise sur le perron. J'ai à nouveau dessiné la maison d'Ania, qui m'a envoyé par whattsapp des instructions de prière pour la Russie . J'ai un tel besoin de soleil, à la sortie de l'hiver, que je reste hébétée, à m'en gorger sans pouvoir croire qu'il est là, de plus en plus radieux, et qu'il chauffe, nonobstant toute la folie qui se déchaîne dans le monde. Les chats autour de moi s'étendent aussi à sa rencontre. Tout scintille, tout étincelle. Il me semble parfois qu'il n'y a plus que cela qui m'intéresse, le ciel au dessus des isbas, et bientôt ce qui poussera devant la clôture. D'un autre côté, si je me désintéressais de tout le reste, je sombrerais dans une sorte d'égoïsme sénile...
Je me rends compte que j'ai vécu très longtemps dans l'angoisse de ce qui arrive. Céline disait: "Il y a des gens qui meurent au dernier moment et d'autres qui s'y prennent vingt ans à l'avance, ce sont les malheureux de la terre". Je pense souvent aussi à Tristan Bernard: "Jusque là nous avons vécu dans la peur, maintenant, nous vivrons dans l'espoir".
Je suis allée pour la deuxième fois à "mes documents" pour m'y inscrire, comme d'habitude, c'est une épopée. Quelque part on a écrit que j'étais née à Valence, et ailleurs que j'étais née en France, et maintenant, il faut comprendre et enregistrer que Valence est une ville en France. Donc "mes documents" finira par m'enregistrer, mais ça traîne. C'est un truc très utile qui centralise tous les documents, et Tania m'a demandé d'enfin le faire dans la perspective de demander la citoyenneté russe. En sortant de là, je suis allée au café français où je devais parlementer avec Natacha à propos de mon livre. J'y ai rencontré Lika, Gilles est toujours coincé en France, mais il a décidé d'en profiter pour régler des affaires importantes. J'ai constaté avec satisfaction que dans une banque du secteur, ma carte était opérationnelle. Mais on ne sait pas ce qui peut se passer, je vais sans doute donner des cours de français online. IKEA ferme tous ses magasins en Russie, j'espère avoir le temps de récupérer ma commande de boîte pour chats, afin que Georgette ne soit plus la seule à disposer d'une petite maison. Lika nous a dit: "Finalement, tout cela aura aussi des effets positifs. Plus de covid, on ne nous cassera plus les pieds avec ça. Plus de produits importés, nous fabriquerons les nôtres. Ils ont déjà annoncé qu'ils allaient favoriser les petites entreprises.
- Oui, dit Natacha, nous serons les parias de la terre, mais nous vivrons à notre façon".
Nous nous sommes embrassées toutes les trois: "Ca va aller, les filles"...
La prière du starets Ilya, que je lis tous les jours, concerne les trois Russie, la petite, la grande, et la blanche. Je prie pour les trois Russie. Elles m'étaient également chères, et je ne les distinguais pas. Des gnomes sont venus jeter la discorde, dès la révolution de 17, mais je crois encore que cela pourra prendre fin, Skountsev m'a envoyé la vidéo d'une énorme manifestation à Odessa, pour la Russie, c'est-à-dire la Rus initiale, la réconcilitation des trois Russie, et contre le fascisme. A moins que nous ne soyons à la veille des derniers temps. Enfin d'ailleurs nous y sommes. Le tout est de savoir à quel point. Je prie aussi pour la France et ceux que j'y ai laissés. Et ceux qui veulent venir ici, et se sentent bien seuls dans le tohu-bohu hystérique qui se déchaine autour d'eux. Le camp qu'il faut choisir n'est pas d'ailleurs celui de la Russie, mais plus largement celui de la résistance à la dictature mondialiste des ploutocrates transhumanistes et de leurs créatures. Je les crains plus que n'importe qui d'autre.
A ce sujet, je propose de regarder cette vidéo de François Asselineau, elle est très instructive. Il y a un lien direct entre la folie du covid et celle de l'Ukraine. Lorsqu'il dit qu'il a l'impression que l'occident est désormais le mauvais camp, je partage depuis longtemps ce sentiment. A noter que si les Canadiens se sont défoulés dans la fête et l'amour universel, avant qu'on ne leur envoie des gorilles, peut-être entraînés dans le cher petit pays, les Français, eux, le font dans la haine des Russes et le soutien sur commande d'une cause dont ils ne connaissent rien.
Ma carte française ne me permet plus de tirer du liquide, le distributeur ne la reconnaît plus. Mais je peux encore m'en servir dans les magasins. Ma page facebook est pratiquement inutilisable, j'attends de voir plus d'amis changer de boutique et passer sur Telegram ou vkontakte, car il va me falloir déménager, en quelque sorte on m'expulse! Cela m'évitera sans doute de me faire insulter par des imbéciles hystériques, ce qui commence à m'arriver et arrive à beaucoup de personnages plus ou moins en vue qui ne sont pas du bon côté. Un homme marié à une Russe a vu son fils se faire insulter à l'école. Tout ce qui pourrait équilibrer la propagande tonitruante qui se déchaîne est censuré. Gilles est coincé à Strasbourg, car tous les vols ont été annulés. Il a dit à sa femme que l'ambiance en France était complètement délirante. J'espère qu'il finira par nous rejoindre et que Nil arrivera aussi à partir.
L'éléctricien Kolia, venu changer mon compteur, était à peu près dans le même état que mon plombier Rouslan quand il m'a apporté son chauffeau. Il m'a rapporté qu'un militant du Donbass avait été crucifié et brûlé par des Ukrainiens, j'en ai trouvé la confirmation ailleurs, d'ailleurs ce n'est pas la première fois que cela arrive.
Près de la quincaillerie où je venais lui acheter du matériel, j'ai vu deux des enfants du père Vassili, qui est Ukrainien, il est venu de Ternopol, ils m'ont saluée joteusement. J'ai invité toute la famille à venir manger des crêpes jeudi, c'est la maslenitsa, le carême russe.
Autrement, tout est calme, ici, le soleil brille et chauffe, les oiseaux chantent, ce premier jour du printemps est vraiment printanier. J'ai emmené quelque part dans les quartiers en béton de la ville, Génia, qui s'occupe du petit centre culturel de Gilles, et il m'a dit en chemin que les derniers événements lui avaient apporté un sentiment de soulagement, que tout cela pourrissait depuis trop longtemps, qu'il fallait bien que l'abcès crevât, que non seulement le Donbass était martyrisé depuis huit ans, mais en plus l'Ukraine, pillée depuis le même temps, était dans un désastre économique indescriptible. Moi aussi, malgré les problèmes que cela va probablement me causer, parce que lorsque on redoute de voir arriver quelque chose depuis très longtemps, eh bien quand cela se produit, au moins on ne le redoute plus, c'est fait, on y est. Peut-être que c'est pareil avec la mort.
Le fils du père Valentin, Micha, le père Mikhaïl, m'a envoyé des messages pour me soutenir le moral et me poser des questions sur les réactions des "Français sains d'esprit". Mon filleul, qui fait partie de cette catégorie, m'a appelée ce matin pour se renseigner sur les tenants et aboutissants, je lui en ai parlé et lui ai conseillé des sites d'information et de réinformation. Il m'a dit dans la conversation: "Je sais depuis mon enfance que ce monde est pourri et nous mène à la catastrophe, cela va te paraître prétentieux...
- Non, pas du tout, parce que moi aussi, je le sens depuis l'enfance, j'aimais les indiens et pas les cow-boys, je pense comme je ne sais plus quel chef indien que l'homme est fait pour chasser, pêcher, chanter, danser et regarder les couchers de soleil. A la limite cultiver la terre, avec le même programme.
- En fait, je suis convaincu que si nous ne retournons pas au genre de vie que nous avions au XVII° siècle, nous sommes tous morts.
- Moi aussi, mais le XVII° siècle commençait déjà à avoir une mauvaise mentalité, je remonterais plus loin. Eh bien tu vois, quand on dit que je suis partiale parce que Poutinienne convaincue, paraît-il, c'est là que s'arrête ma confiance en lui. Un chef d'état contemporain n'admettra jamais une chose pareille, et s'il l'admettait, on ne le laisserait pas faire, ou on se jetterait sur son pays pour l'asservir ou le coloniser. Donc tout chef d'état est plus ou moins obligé de marcher dans cette combine de la surenchère qui nous mène à notre perte, et cela dure depuis plusieurs siècles.
J'essaie d'arranger l'autre partie de la maison pour pouvoir la louer éventuellement, au cas où je me retrouverais privée de ressources, avec une douche qui fonctionne, notemment. Je serai enfin digne d'aimer la Russie, quand je serai complètement fauchée, mais il en est qui comptent sur moi pour payer leur loyer et risquent d'avoir un choc... Et en plus, comme je demande la nationalité russe, je comblerai les voeux de ceux qui me mettent au défi de le faire, pensant que je n'en suis pas cap, alors que cela me simplifierait tellement la vie que je sauterais au cou du premier qui me la présenterait sur un plateau.
J'ai vu deux vidéos qui valent la peine d'être regardées/ surtout quand on ne connaît rien et qu'on sent obscurément qu'on raconte n'importe quoi. C'est celle de l'excellent Christian Combaz:
Et ce film très émouvant qui fait le point sur ce qui se passe au Donbass depuis huit ans et date de 2017. Il est fait par une journaliste française; on ne lui a donné, évidemment, aucune audience.
La chaîne SPAS fait un reportage sur le Donbass, plus précisément sur les églises du Donbass, qui correspond en tous points à ce que j'ai vu pendant huit ans sur la question à travers des vidéos qui restaient obstinément confidentielles, la "propagande de Poutine" n'ayant manifestement pas les moyens de les diffuser largement ni de payer des traducteurs. Et dans les commentaire, ukrainiens ou pas, des gens glapissent au mensonge, invoquant Dieu et le Jugement Dernier. En tous cas, pour ce qui est de la simple justice immanente, on la voit à l'oeuvre sous forme du bête retour de bâton, à force de taquiner l'ours, le voilà furieux. Que diront ces orthodoxes quand ils verront de quoi ils ont été les complices, lorsque tout sera révélé? Et qu'est-ce qui pousse des orthodoxes russes à choisir le camp de ceux qui leur crachent à la gueule et martyrisent depuis huit ans leurs frères pour avoir défendu leur culture? Mystère de la bêtise humaine. En France, on observe que les criailleries viennent principalement du côté des "je suis Charlie", des sangloteurs du petit Aylan, des "je sauve des vies, je porte le masque" ou "je me vaccine", en fait, nous avons affaire à la secte internationale des rhinocéros. Ils vivent dans une autre réalité, et retomber sur terre leur ferait trop mal, ils finiront pourtant par le faire... Comme disait Brassens, la loi de la pesanteur est dure, mais c'est la loi. Et les rhinocéros sont très lourds.
Cependant, je conserve l'impression que la Russie est un gigantesque Donbass potentiel, à l'exception de la crème moscovite et péterbourgeoise, et ceci sur la base de ce que j'ai visité. Mais je peux me tromper.
Comme je le sentais venir, les images des exactions des Ukrainiens au Donbass servent actuellement à discréditer les Russes. Cette désinformation est un des crimes les plus odieux des mafieux qui se sont emparés de l'occident. Ils ont fait la même chose avec la Serbie, l'Irak, la Syrie. Et là, d'une certaine façon, toutes ces vidéos témoignant du martyre du Donbass, que personne ne voulait montrer jusqu'alors, sont un vrai vivier à la disposition des diffuseurs de fake news: comment un occidental qui ne connaît rien à la question pourrait-il reconnaître un Ukrainien d'un autre Ukrainien et où se situe la cible du bombardement, et quand il a eu lieu?
J'ai une compassion particulière pour les Russes ou descendants de Russes conscients, ou même Français lucides, qui sont coincés en occident. Cela ne doit pas être drôle d'être confronté à chaque pas à cette propagande délirante et à l'hostilité croissante de ceux qui l'écoutent. Moi, je me prends déjà quelques pommes de pin dans la gueule, mais enfin mon milieu ambiant me reçoit généralement cinq sur cinq et c'est réciproque.
J'ai parfois une pensée émue pour la matouchka du père Valentin, la pittoresque Inna Victorovna, qui me prédisait du fond de son fauteuil, la cigarette au bec: "Vous mourrez avec les Russes". Et après tout, c'est bien possible. si la Russie est vaincue et livrée aux mondialistes, il n'y aura plus de place, sur terre, que pour les rhinocéros et les concombres masqués. A l'église, le père Andreï m'a dit: "Vous avez l'air désemparé...
- Eh bien oui, disons que je suis perturbée...
- Tout va très bien se passer."
Et il a répété plus tard en me donnant la croix à baiser: "Tout va très bien se passer, si nous restons avec Dieu."
Après j'ai vu Katia au café français, perturbée, elle aussi. Elle s'est pris quelques paquets dans la figure, et s'étonne de tant de haine de la part de ses compatriotes qui épousent avec tant d'enthousiasme la cause des ennemis mortels de leur pays. Nous avons parlé des livres que je vais sortir et des réactions qu'ils peuvent provoquer. "Vous êtes prête à cela?
- Non, Katia, pas du tout. Non, cela m'est très désagréable. Il est plaisant d'être aimée et comprise, et dans ma vie, il n'y a plus que la création, mais je peux devenir la cible de gens qui d'ailleurs, ne lisent généralement pas ce que j'écris mais réagissent immédiatement à nos divergences d'opinions, à leurs yeux inexpiables, qui font de moi le mal absolu. Moi, j'arrive à faire la part des choses, avec mes contradicteurs, mais pas eux. Il est réconfortant de trouver un écho et, en même temps, je n'aime pas être trop en vue, je n'aime pas qu'on me flatte et qu'on ne me laisse pas respirer. Mais je n'ai pas le choix, ce serait renoncer à moi-même et renier ma vie."
Le dégel se poursuit lentement, le printemps est dans l'air. Le francophile Andreï va venir me faire ma terrasse à l'écart du voisin. Je m'occupe d'arranger la partie qui me sert à loger des amis et peut aussi être louée, car je ne serais pas étonnée d'être privée un de ces jours de la retraite que certains me reprochent tellement de toucher, on ne peut sincèrement aimer la Russie qu'en devenant SDF aux Trois Gares, c'est bien connu. Nous avons de belles nuits étoilées, ce ciel étoilé, je peux même l'apercevoir de mon lit, qui est juste sous la fenêtre, et cela me rappelle mon hamac sur la terrasse, à Cavillargues, où je dormais par les étouffantes nuits d'été. Corriger mes livres me prend du temps et la tête. Je rêve de m'abstraire et des livres et de l'actualité, de me plonger non pas vraiment dans le silence, mais dans la musique, dans la peinture, la contemplation. Le silence est rarement privé de bruits, il est cet état où l'absence de vacarme et de discours permet de discerner les sons et les mouvements de l'âme qui, autrement, nous échappent.
Je suis allée dessiner dehors, au soleil, qui commence à chauffer, avec le pressentiment de ce printemps russe infiniment serein, d'une sorte de paix à la fois humble et grandiose, presque d'un autre monde. Les arbres nus portaient des fruits d'azur et la promesse lumineuse du renouveau. Il me semblait passer au dessus de tout le reste, dans l'espace éternel de la vie.
Voilà qu'on m'interpelle en me plaignant "d'être obligée de mentir", comme si j'obéissais en écrivant à un tchékiste, le revolver sur la tempe! Mais je ne mens pas. J'ai depuis huit ans essayé de faire entendre la petite voix obstinée de la vérité dans le fracas d'un mensonge torrentiel qui devient à présent un véritable Niagara. Un Russe parti vivre en France m'accuse aussi de mentir, et soit de n'avoir rien compris, soit... soit quoi? Je me souviens de cette journaliste de Libé qui m'avait mise sur la liste noire des "agents de Poutine". Mais si on peut m'acсuser de bien des choses, de lâcheté, d'égoïsme ou de négligence, il y a une chose dont je n'ai jamais manqué, c'est la sincérité. Je suis même incapable d'être insincère, ce qui m'a pas mal compliqué la vie. D'ailleurs, certains thuriféraires de Poutine m'ont parfois accusée de montrer des côtés de la Russie qui pouvaient donner du grain à moudre à ses opposants. Je me suis fait traiter par les uns de fasciste, par les autres de bolchevique. Donc je le proclame haut et fort, je n'ai aucun intérêt à affirmer ce qui m'apparaît comme la vérité. Poutine ne m'a jamais financée et il ne m'a même pas proposé un passeport russe sur un plateau d'argent, comme il l'a fait pour Depardieu. Tout ce que j'ai exprimé, traduit ou diffusé, je l'ai fait bénévolement, en y consacrant un temps et une énergie dont je n'ai aujourd'hui pas tant que cela à revendre. Quel intérêt aurais-je à mon âge, à raconter des salades, pourquoi? Si ça se trouve, dans cinq ans, je suis morte.
Ce même Russe, et aussi un autre du même tonneau, estime que je dois "renoncer à ma retraite française", laquelle ne durera peut-être pas autant que les impôts, et qu'ils supposent forcément mirifique. Elle se monte à 800 euros et des brouettes, sur lesquels la CSG m'en pique 200. Tout le monde sait bien, et ce Russe qui vit en France en conviendra lui-même, que vivre en France avec cette somme est devenu très difficile, et certains retraités finissent dans leur voiture ou dans la rue. En Russie, en revanche, c'est correct, car les charges afférentes au logement, chauffage, électricité sont beaucoup moins chères, ainsi que les impôts locaux, d'ailleurs les retraités ne les paient pas, d'après ma voisine. Ce genre d'individus me rétorquera que je suis partie pour vivre bien avec ma retraite française de misère, parce qu'elle représente plus de pouvoir d'achat que dans mon pays d'origine. Eh bien ce n'est pas ce qui m'a motivée, car j'ai perdu énormément d'argent dans l'affaire, comme je le pressentais. J'ai vite et mal vendu ma maison, vite et mal acheté ici, je me suis fait arnaquer à chaque pas. Ce qu'il me reste, je ne l'ai pas volé, ma mère qui a travaillé dur toute sa vie pour nous le léguer non plus. Comme me dit Xioucha, fille de mon père Valentin, "Gardez votre argent, Lolo, vous êtes seule ici, et la plupart de vos amis russes sont fauchés. Vous pourrez en avoir besoin".
Je n'ai jamais d'ailleurs prétendu que les Russes avaient des retraites en or, comme le font abusivement ces libéraux des retraites françaises, qu'il faut envisager dans le contexte français. Je n'ai jamais dit que tout ici était idéal, au contraire, il m'arrive souvent de critiquer l'administration, les routes, le mépris du patrimoine, le désert médical. Je suis restée un mois à l'hopital ici, j'ai vu tout cela de près, et j'en ai parlé. Cependant, les choses ont été bien pires et elles pourraient le redevenir.
En ce qui concerne Poutine, et bien que je le considère comme extrêmement intelligent, ce qui n'est pas le cas de notre sinistre élite, je n'ai pas été non plus sans réserve; j'ai souvent été déçue, tout en considérant, comme les Russes, que peut-être "le tsar est bon, mais ses boyards sont mauvais". De plus, j'ai toujours dans l'arrière-plan de la cervelle qu'il ne faut pas trop attendre d'un chef d'état: "Ne mettez pas votre confiance dans les princes et les fils des hommes, il n'y a point en eux de salut". J'ai été surprise et navrée qu'il ne vînt pas au secours du Donbass dès le début. Je ne comprends pas qu'il ait marché dans la combine covidique universelle; ses masques et ses QR codes. Je ne comprends pas le hiatus entre ses discours et l'absence de leur application, comme si aucun de ses ministres et fonctionnaires ne s'en souciait. Mais alors que tout pour moi est clair depuis longtemps en ce qui concerne les chefs d'état occidentaux, de pitoyables et impitoyables employés des banques supranationales, leurs intendants et leurs séides, je trouve beaucoup plus compliqué de saisir ce qui se passe ici. Mais que je sois ou non toujours enthousiaste, je pense qu'on lui fait beaucoup de mauvais procès, qu'on le calomnie énormément, et c'est même une des raisons que j'ai de le soutenir encore: un homme que la mafia mondialiste déteste à ce point, avec sa presse et son troupeau de bobos de toutes nationalités ne peut pas être entièrement mauvais. Contrairement à tous ses "partenaires", il a un langage clair et rationnel et sait de quoi il parle. J'ai vu de mes yeux vu comment un journaliste de la BBC qui cherchait à l'arrêter alors qu'il se rendait à une réunion, pour lui poser une question sur le Donbass ou la Crimée, avait prétendu dans son reportage qu'il n'avait pas voulu lui répondre; or il avait coupé le moment où Poutine, pressé, avait fait demi tour pour lui expliquer sa position, de façon concise. J'ai souvent vu aussi les traducteurs simultanés déformer ses paroles et leur donner un tout autre sens. Les gens s'hypnotisent sur le dictateur Poutine mais ne voient pas qu'on les prive de tous droits et que leurs élections démocratiques ne sont plus qu'un plébiscite manipulé. Au fait, pourquoi les libéraux russes et les bobos occidentaux ne s'intéressent-ils pas autant aux gilets jaunes et aux camionneurs canadiens qu'aux Ukrainiens?
En l'occurrence, je comprends Poutine, il a été très patient, et il est bien possible qu'il ait eu connaissance de détails et de sombres projets qui rendaient sa décision inévitable. Nous voyons depuis longtemps que l'Occident veut la peau de la Russie, les Russes qui ne le voient pas font sans doute partie de ces libéraux russophobes que stigmatisait déjà Dostoievski.
C'est certain que les événements vont opérer des fractures entre les gens, entre ceux qui croient les uns et ceux qui croient les autres. Mon opinion repose sur tout ce que j'ai vu pratiquement depuis la guerre d'Irak, je veux dire la première, celle de Busch senior, quand j'écoutais Radio courtoisie pour entendre autre chose que des calembredaines. La guerre, je l'ai redoutée depuis lors. Après la perestroïka, j'avais pensé naïvement que l'Europe et la Russie allaient tomber dans les bras l'une de l'autre; elles y avaient l'une et l'autre tout intérêt. Le comportement de l'OTAN, dès la première guerre d'Irak, m'a persuadée du contraire. Nous allions désormais suivre les Américains dans n'importe quelle aventure, le chevalier blanc de la démocratie devenait le prochain tyran. Tout ce qui a suivi me l'a confirmé.
Je me sens parfaitement solidaire de tous les Ukrainiens raisonnables, mais je me souviens de tous les discours et commentaires haineux et hystériques, de tous les appels au meurtre que j'ai pu lire quand je suivais ce qui se passait avec le Donbass, où les gens étaient continuellement bombardés et tirés comme des lapins. C'était absolument consternant de bêtise et de méchanceté, et je ne voyais pas l'équivalent du côté russe. Je ne pense pas que, malgré les inversions accusatoires qui commencent à fleurir, les Russes, à l'instar de l'armée ukrainienne, iront bombarder hôpitaux et écoles. En revanche, je crois possible toutes sortes de faux drapeaux et de mises en scène, ce ne serait pas la première fois, y compris l'utilisation frelatée de ces images du Donbass que personne ne voulait montrer.. Si cela tourne mal, ce ne sera pas de leur fait.
Je suis particulièrement indignée ou consternée par les Russes ou descendants de Russes qui, par conformisme ou détestation de Poutine ou par idiotie, ont refusé et refusent encore d'entendre les cris de leurs frères qui essayaient de leur faire comprendre ce qu'il advenait d'eux, et par la bassesse de leurs réactions. Nos médias, mais aussi une bonne partie des leurs, se soucient maintenant des populations civiles, que l'armée russe ne menace pas, puisqu'elle s'attaque aux objectifs militaires, alors qu'ils ont complètement ignoré ou calomnié ces mêmes populations civiles quand il s'agissait du Donbass, et que Porochenko proclamait que "leurs enfants vivraient dans des caves". J'ai suivi tout cela dès le début, et pas dans la "propagande de Poutine", mais à travers des vidéos d'amateur traduite par mon amie Yelena, Ukrainienne du Donbass, et postées sur sa chaîne Thalie Thalie. Des vidéos qui font à tout casser quelques milliers de vues sans le soutien mainstream ne sont pas le fruit de la propagande, et les témoignages des gens ont un grand accent de vérité. Je les ai vus crier dans le désert. Personne n'avait envie de les entendre, ni chez les bobos français, ni chez les bobos russes. J'ai moi-même traduit des témoignages, j'ai corrigé les sous-titres français du documentaire très émouvant sur le monastère de la Vierge d'Iberon, Донецкая вратарница,
bombardé près de l'aéroport de Donetsk. J'ai traduit l'interview du père Nikita de Donetsk, et je l'ai par la suite rencontré, il est venu me voir. J'ai traduit les interventions de Iouri Iourtchenko, poète et dramaturge émigré en France, marié à l'actrice française Dany Kogan, devenue mon amie, et qui était parti dans le Donbass pour essayer de réinformer les Français. Fait prisonnier, torturé pendant 10 jours, sauvé miraculeusement par des Géorgiens qui l'avaient pris en sympathie, il n'a cessé, lui aussi, de témoigner depuis, dans le désert. On pourrait pourtant écouter quelqu'un qui a risqué sa peau, contrairement aux journalistes français qu'il a rencontrés et qui venaient juste se faire filmer en décor naturel pour débiter leur propagande de façon plus crédible.
J'ai aussi suivi tout ce qui se passait avec les orthodoxes ukrainiens, les persécutions contre eux et leur métropolite Onuphre, la trahison du patriarche Bartholomée, les calomnies, les grandioses processions de croyants pleins de ferveur passées sous silence jusque dans la presse orthodoxe, ou minimisées et traitées avec mépris.
Je suis heureuse de n'avoir pas participé à ces manipulations, de ne pas avoir hurlé avec les loups. En réalité, beaucoup ici partagent mon point de vue, et pas parmi les plus riches. Je suis entourée comme je ne l'ai jamais été de ma vie, par des gens chaleureux et vrais, je n'ai donc pas besoin de la version russe du bobo français citoyen du monde.
La guerre, je l'ai redoutée trente ans, j'avais peur d'être coincée en Russie, ou coincée en France, et la voilà, et c'est du côté russe, que je suis coincée et tant mieux. Je ne suis pas près de retourner en France, et cela me cause beaucoup de chagrin, mais en même temps, je me sens étrangement calme, et à la bonne place. Intérieurement rassemblée. "Vous mourrez avec les Russes" me disait la matouchka du père Valentin. Le carême va venir dans un peu plus d'une semaine. J'essaierai de prendre du champ, ou au moins de ne pas entrer dans les échanges de répliques, bien qu'il soit difficile de ne pas suivre l'actualité dans un tel moment. C'est même dans ce but que j'écris cette chronique, afin de ne pas avoir à entrer dans des échanges d'arguments fastidieux. Que ceux à qui cela déplaît s'excluent eux-mêmes de ma liste d'amis sur les réseaux sociaux. Ils ménageront mes nerfs et les leurs. Crier au mensonge sans jamais rien vérifier, par position idéologique de principe, ça va bien cinq minutes.
Tetyana Montyan. On vous l'a montrée, son intervention à l'ONU? Thalie Thalie vous la montre. Elle fait ces traductions sur son temps de sommeil, et cela ne lui rapporte absolument rien. Que des crises de nerfs.
Татьяна Монтян. Вам показывали ее выступление в ООН? Тали Тали показывает это вам. Она делает эти переводы во время сна, и это абсолютно ничего ей не приносит. Кроме нервных срывов.
Вот мне объявляют, что меня жалко, что я “вынуждена врать", как будто я пишу под контролем чекиста, револьвер у виска! Но я не лгу. В течение восьми лет я пыталась сделать так, чтобы тихий упрямый голос правды услышали в грохоте бурной лжи, которая теперь становится настоящей Ниагарой. Русский, уехавший жить во Францию, тоже меня обвиняет во лжи, и то ли в том, что я ничего не поняла, то ли... что ли? Я помню эту журналистку из Libération, которая занесла меня в черный список «агентов Путина». Но если меня можно обвинить во многих вещах, в трусости, эгоизме или небрежности, то в одном мне никогда не было недостатка, а именно в искренности. Я даже не могу быть неискренней, что очень осложняло мне жизнь. Более того, некоторые сторонники Путина иногда обвиняли меня в том, что я показываю стороны России, которые могут дать пищу для размышлений ее оппонентам. Ко мне относились одни как к фашистке, другие как к большевичке.
Поэтому я заявляю громко и ясно, что мне невыгодно утверждать то, что кажется мне истиной. Путин никогда не финансировал меня и даже не предложил мне российский паспорт на блюдечке с голубой каемочкой, как Депардье. Все, что я выразила, перевела или распространила, я сделала бесплатно, посвятив этому время и энергию, которых сегодня у меня не так уж много. Какой интерес мне в моем возрасте лапши вешать, зачем? Через пять лет я могу быть в могиле.
Этот же русский, а также еще один из той же бочки считает, что я должна «отказаться от своей французской пенсии», которая, может быть, не продлится так долго, как налоги, и которую они неизбежно считают прекрасной. Это 800 евро с хвостиком, на которых “единственный социальный налог” ворует у меня 200. Все знают, и этот русский, живущий во Франции, согласится, что жить во Франции на эту сумму стало очень тяжело и некоторые пенсионеры оказываются жить в своей машине или на улице. В России, наоборот, прилично, потому что расходы на жилье, отопление, электроэнергию намного дешевле, как и местные налоги, причем пенсионеры их не платят, по словам моего соседа. Такие люди скажут мне, что я уехала, чтобы жить хорошо со своей жалкой французской пенсией, потому что она представляет большую покупательную способность, чем в моей стране происхождения. Ну, это не то, что мотивировало меня, потому что я потеряла много денег в этом деле, как я и подозревала. Я быстро и плохо продала свой дом, быстро и плохо купила здесь, меня обманывали на каждом шагу. То, что у меня осталось, я не украла, как и моя мать, которая всю жизнь много работала, чтобы завещать это нам. Как сказала мне Ксюша, дочь моего отца Валентина: «Оставьте себе свои деньги, Лоло, Вы здесь одна, и большинство Ваших русских друзей нищи. Они могут вам понадобиться».
Более того, я никогда не утверждала, что у русских были золотые пенсии, как ошибочно делают эти либералы французских пенсий, что надо рассматривать во французском контексте. Я никогда не говорила, что здесь все идеально, наоборот, часто критикую администрацию, дороги, презрение к историческому наследию, лечебную пустыню. Я пролежала здесь месяц в больнице, я видела все это вблизи и говорила об этом. Однако дела обстояли намного хуже, и они могут еще вернуться к этому.
Что касается Путина, и хотя я считаю его чрезвычайно умным, чего нельзя сказать о нашей зловещей элите, я тоже была не без оговорок; Я часто разочаровывалась, считая, как и русские, что, может быть, «царь хороший, а бояре его плохие». Более того, у меня всегда в подсознании, что от главы государства не стоит слишком многого ждать: «Не надейтесь на князей и сынов человеческих, нет в них спасения». Я была удивлена и сожалела, что он не пришел на помощь Донбассу с самого начала. Я не понимаю, как он ходил по схеме всеобщего ковида с его масками и QR-кодами. Я не понимаю разрыва между его речами и отсутствием их применения, как будто никого из его министров и чиновников это не заботило. Но если про западных глав государств, жалких и безжалостных сотрудников наднациональных банков, их распорядителей и прихвостней мне все давно ясно, то мне гораздо сложнее понять, что здесь происходит. Но вне зависимости от того, воодушевлена я или нет, я думаю, что к ним часто несправедливо придираются, его много клеветали, и это даже одна из причин, по которой я все еще поддерживаю его: человек, которого мафиозный глобализм ненавидит до сих пор, с его прессой и стадом онижедетей всех национальностей, не может быть совсем плохой. В отличие от всех своих «партнеров», он владеет четким и рациональным языком и знает, о чем говорит. Я своими глазами видела, как журналист Би-би-си, пытавшийся задержать его по дороге на собрание, чтобы задать ему вопрос о Донбассе или Крыму, заявил в своем репортаже, что не хотел ему отвечать; но он вырезал момент, когда Путин в спешке обернулся, чтобы лаконично но вежливо объяснить ему свою позицию. Я также часто видела, как синхронные переводчики искажали его слова и придавали им совершенно другой смысл. Люди загипнотизированы диктатором Путиным, но не видят, что их лишают всех прав и что их демократические выборы — не более чем сфальсифицированный плебисцит. Кстати, почему российские либералы и западные онижедети интересуются желтыми жилетами и канадскими дальнобойщиками не так сильно, как украинцами?
В данном случае я понимаю Путина, он был очень терпелив, и вполне возможно, что он знал детали и темные планы, которые сделали его решение неизбежным. Давно понятно, что Запад хочет шкуру России, русские, которые этого не видят, несомненно, являются частью этих русофобских либералов, которых уже заклеймил Достоевский.
Несомненно, эти события создадут раскол между людьми, между теми, кто верит одним, и теми, кто верит другим. Мое мнение основано на всем, что я видела со времен войны в Ираке, я имею в виду первое, при Буша-старшего, когда я слушала Radio Сourtoisie, чтобы услышать информацию а не басни сизой кобылы. Война, я боялась ее с тех пор. После перестройки я наивно думала, что Европа и Россия бросятся друг другу в объятия; они оба были заинтересованы в этом. Поведение НАТО, начиная с первой войны в Ираке, убедило меня в обратном. Мы теперь собирались следовать за американцами в любой авантюре, белый рыцарь демократии стал очередным тираном. Все, что последовало за этим, подтвердило мне это.
Я чувствую полную солидарность со всеми разумными украинцами, но помню все злобные и истеричные речи и комментарии, все призывы к убийству, которые я читала, когда следила за тем, что происходит с Донбассом, где людей беспрерывно бомбили и расстреливали, как кроликов. Это было абсолютно ужасно глупо и подло, и я не видела ничего подобного с российской стороны. Не думаю, что, несмотря на обвинительные выверты, которые начинают процветать, русские, как и украинская армия, пойдут бомбить больницы и школы. С другой стороны, я считаю, что возможны всякие фальшивые флаги и инсценировки, это будет не в первый раз, в том числе и фальсифицированное использование этих образов Донбасса, которые никто не хотел показывать. Если это плохо кончится, не они виноваты.
. Меня особенно возмущают или смущают русские или потомки русских, которые из конформизма или ненависти к Путину или из идиотизма отказывались и до сих пор отказываются слышать вопли своих братьев, пытавшихся заставить их понять, что с ними происходит и подлостью их реакций. Наши СМИ, да и немалая их часть, теперь заботятся о гражданском населении, которому российская армия не угрожает, так как атакует военные объекты, а они полностью игнорировали или оклеветали это самое гражданское население, когда речь шла о Донбассе, а Порошенко заявил, что «их дети будут жить в подвалах». За всем этим я следила с самого начала, и не по "путинской пропаганде", а по любительским видео, переведенным моей подругой Еленой, украинкой с Донбасса, и выложенной на ее канале ThalieThalie. Видео, которые набирают несколько тысяч просмотров без поддержки массовых СМИ, не являются пропагандой, и в показаниях людей звучит акцент правды. Я видела, как они кричали в пустыне. Никто не хотел их слышать ни среди французских богемных буржуев, ни среди русских болотных. Я сама переводила показания, исправляла французские субтитры очень трогательного документального фильма "Донецкая вратарница"https://yandex.ru/video/preview/17754996068651950309, о монастыре Иверской Богородицы, разбомбленном возле донецкого аэропорта. Я переводила интервью с отцом Никитой из Донецка, потом я с ним познакомилась, он приехал ко мне. Я переводила выступления Юрия Юрченко, поэта и драматурга, эмигрировавшего во Францию, женатого на французской актрисе Дани Коган, ставшей моей подругой, и уехавший на Донбасс, чтобы попытаться реинформировать французов. Попавший в плен, подвергавшийся 10-дневным пыткам, чудом спасенный сочувствовавшими ему грузинами, он с тех пор продолжает давать показания в пустыне. Однако мы могли бы послушать того, кто рисковал своей шкурой, в отличие от французских журналистов, с которыми он встречался и которые только что пришли, чтобы их снимали в естественной среде и донести свою пропаганду более правдоподобным образом. Я также следила за всем, что происходило с украинскими православными, гонениями на них и их митрополита Онуфрия, предательством патриарха Варфоломея, клеветой, грандиозными шествиями пылких верующих, обойденными молчанием даже в православной прессе или преуменьшаемыми и пренебрежениями.
Я счастлива, что не участвовала в этих манипуляциях, что не выла с волками. На самом деле многие здесь разделяют мою точку зрения, причем не из самых состоятельных. Меня окружают, как никогда в жизни, теплые и верные люди, так что русский вариант французского "бобо" гражданина мира мне не нужен. Война, я ее боялась тридцать лет, я боялась застрять в России, или застрять во Франции, и вот, и на русской стороне застряла, и тем лучше. Я не скоро вернусь во Францию, и это причиняет мне много горя, но в то же время я чувствую себя странно спокойной и в нужном месте. Внутренне собрана. «Вы умрете с русскими», — сказала мне матушка отца Валентина.
Великий пост наступит чуть больше недели. Я постараюсь держаться на расстоянии или, по крайней мере, не вступать в обмены репликами, хотя в такой момент сложно не следить за новостями. Именно для этого я и пишу эту хронику, чтобы не вступать в утомительные перепалки. Пусть те, кому это не нравится, исключат себя из моего списка друзей в социальных сетях. Они пощадят мои нервы и их. Кричать неправду, ничего не проверив, из принципиальной идеологической позиции, это терпимо но не больше пять минут.
Une corde de mes gousli avait pété et je n'avais rien pour la remplacer, je n'arrivais pas à accorder ma vielle, et j'ai failli ne pas aller à la réunion hebdomadaire des cosaques, mais j'ai pensé que je ne pouvais pas la manquer le jour des défenseurs de la patrie. Je m'y suis donc rendue avec un gâteau qu'on avait apporté à mon anniversaire, et avec un tambourin, pour participer aux leçons de rythme bien utiles de l'oncle Aliocha.
L'oncle Slava, l'accordéoniste, faisait, quand je suis arrivée, un discours patriotique, il évoquait son passé militaire, il avait d'ailleurs sorti toutes ses médailles, et parlait de la joie qu'il avait à vivre, de son bonheur conjugual et familial. Puis nous avons fait tous ensemble résonner les tambours, et je sentais le pouvoir énergisant et bénéfique de ces rythmes qui sont ceux de l'existence. Le petit Maxime les capte particulièrement bien.
Les enfants ont récité des vers patriotiques. Les jeunes filles ont chanté une chanson sur le Donbass, d'Anna Slavianskaïa, très belle et composée sur place. Toutes les chansons de la dernière guerre y sont passées. Plus les hits cosaques sur le sujet. Un participant, Oleg, nous a parlé d'Alexandre Nevski, lequel, à 19 ans, alors qu'il voulait attaquer l'ennemi par surprise et n'avait pas le temps de mobiliser toute la principauté de Novgorod et d'obtenir des troupes suffisantes, avait prié toute la nuit, et déclaré en sortant de l'église: "Dieu n'est pas dans dans la force mais dans le droit".
Le même a récité un poème sur des jeunes filles héroïques de la dernière guerre, avec d'ailleurs beaucoup de talent, de naturel et de sentiment.
Un jeune garçon a joué à l'accordéon une marche militaire nostalgique "les vagues du fleuve Amour". Les marches russes sont très belles et toutes teintées, comme les chansons de la guerre, du pressentiment de la mort acceptée, de la tristesse de la séparation d'avec les familles, de compassion envers les camarades tombés, elles n'ont pas un caractère tonitruant et conquérant, du moins celles qui sont entrées profondément dans la tradition populaire.
Puis nous avons pris le thé et mangé les victuailles et friandises apportées par les uns et les autres. Les jeunes filles et les enfants se sont montrés particulièrement gentils et caressants à mon égard, j'avais l'impression d'être en famille.
L'oncle Slava, qui me disait que Poutine l'avait déçu et qu'il se conduisait comme une chiffe molle, nous a déclaré qu'il resterait dans l'histoire, pour la Crimée, et pour le Donbass. Et en effet, moi qui commençais à penser la même chose que lui, je ne peux que m'incliner.
Ce matin, j'apprenais que l'aviation russe avait détruit tous les aéroports militaires ukrainiens. Les bombardements sur le Donbass, qui durent depuis huit ans, prennent automatiquement fin.
Mon plombier arrivant avec le chauffeau qu'il va m'installer n'avait même pas posé l'engin au sol qu'il me parlait déjà, le bonnet de travers, avec un léger essoufflement d'enthousiasme, du Donbass, de Poutine qui allait délivrer toute la rive est du Dniepr, des troupes qui se mobilisaient, des Ukrainiens de Pereslavl qui pavoisaient, de la bringue qu'il allait faire le soir pour fêter le "jour des défenseurs de la patrie", affirmant que Dieu faisait toujours bien les choses. De ce que j'ai vu de Kourmych, près de Nijni Novgorod, de la région des cosaques du Don, et même de Vologda, il n'est sûrement pas le seul à réagir ainsi. A priori, et malgré les glapissements des prestituées, la mobilisation intérieure est sûrement beaucoup plus grande ici que dans l'Eurunion tolérante et fréquentable. Il me vient même à l'esprit que la province russe est une sorte d'énorme Donbass, dont la crème moscovite n'est pas très représentative.
Parallèlement, les libéraux pousssent des cris d'orfraie, les gens du Donbass, ils s'en fichent, tout ce Donbass n'étant qu'une sinistre populace post-soviétique fumée au charbon des mines, alors qu'eux n'est-ce pas, flirtent avec les valeurs parfumées de l'occident civilisé qui a mis l'est de l'Ukraine à la merci de bataillons punitifs sadiques, et l'Ukraine dans un gouffre économique abyssal. C'est fou ce qu'ils me rappellent les bobos parisiens, mais c'est en effet, tous ces intellectuels de broussaille, la cour internationale de la caste, de tous ceux qui méprisent les "populistes", autrement dit le peuple.
Or c'est le peuple qui "pue des pieds", comme l'a dit je ne sais plus quel intellectuel de chez nous, qui se prend des bombes sur la figure depuis huit ans, ses enfants qui vivent dans des caves, ses grands-mères que visent les snipers ukrainiens pour se distraire, quand elles descendent chercher des carottes au potager. C'est le peuple aussi que Justin Trudeau, convulsé de haine, de trouille et de mépris, veut acculer à la misère, pour le faire céder, en l'accusant de péchés imaginaires. Le peuple que Macron éborgnait, défigurait et mutilait par milices punitives interposées.
Bon, du coup, peut-être serons-nous débarrassés de l'opération covid, particulièrement fourbe, vile et nauséabonde. Peut-être que l'abcès va crever, et que son pus emportera les responsables de son apparition dans les enfers qui les attendent avec impatience, certains vieux crapauds ont déjà assez nui à leurs semblables. Il serait par trop affreux qu'ils réalisassent à coups de transplantions d'organes trafiqués leur rêve infernal d'immortalité transhumaniste...
Je suggère de regarder ce film admirable, on peut activer les sous-titres français, que j'avais corrigés à la demande de la réalisatrice:
Et puis ces deux vidéos qui expliquent bien la situation telle qu'elle est:
Dernier acte de mon anniversaire, cette fois à Moscou. J'avais loué un loft à Moscou, un endroit très agréable, et cela m'a coûté un peu cher, mais je ne sais pas dans quel état je serai pour le prochain jubilé! Je me suis fait la réflexion que j'avais vécu, sur mes soixante dix ans, plus de vingt ans en Russie, ce qui n'est pas peu...
Quoiqu'il arrive par la suite, je ne le regrette pas, car nous avons tous vécu un grand moment de chaleur, de bonheur, d'amitié, au sein de la tourmente, entre le coronacircus et les délires de l'OTAN et de sa misérable presse. Liéna, la fille du père Valentin, m'a admirablement et efficacement aidée, sans elle, je ne crois pas que je serais arrivée à gérer l'événement! Les invités ont été très généreux, en cadeaux, fleurs, victuailles et boissons, de sorte que la fête a vraiment été notre création commune. J'ai fourni le lieu, ils ont fourni le reste. Nous avons chanté, et nous rayonnions tous ensemble, selon ce phénomène d'amour en miroir qui m'a toujours séduite en Russie, où les gens réflechissent en la décuplant l'affection qu'on leur porte, de sorte que les réunions, pour peu que s'y ajoutent les chants et les danses, les récitations de vers et les compliments réciproques, deviennent des bains réconfortants de chaleur humaine et une recharge d'énergie positive. Je me suis rendu compte après que c'était un peu ce que je décris, quand je montre l'Anglais de mon roman Yarilo séduit par l'ambiance du banquet où le tsar l'a convié, et par la mystérieuse harmonie qui se crée entre des gens pourtant, à la différence de mes invités, cruels, brutaux et souvent ennemis les uns des autres! Qui plus est, le père Valéri, en me remerciant de ce moment, m'a dit que je mettais de la beauté dans tout ce que je touchais, or c'est précisément ce que dit le tsar de son favori Fedka pour expliquer son attachement envers lui! Il y comme cela des correspondances étranges!
Le père Valentin a déclaré que contrairement à beaucoup d'orthodoxes occidentaux qui viennent à l'orthodoxie par les religions orientales ou la quête des origines du christianisme, j'étais passée par la Russie, que j'avais été convertie par le christianisme russe. Avec le père Valéri et le père Dmitri, il était enchanté par les chants traditionnels avec Skountsev, Marina, Kolia Trifilov et moi-même. Mon amie Olga, venue avec son fils Kecha, la femme de celui-ci et leur petit garçon, a écouté avec une profonde émotion la chanson que j'avais composée à la mémoire de ma mère, car elle l'a connue, et la revoyait "avec ses fleurs, ses chats et ses chiens"...
J'avais demandé qu'on en m'apportât ni fleurs ni cadeaux, seulement de quoi boire et manger, l'important étant de faire la fête ensemble, mais j'ai eu tout, des tonnes de bouquets, des livres, des tableaux, des icônes, et le père Valentin m'a offert un carnet de feuilles d'or pour mes icônes. J'ai remarqué que les fleuristes moscovites avaient fait beaucoup de progrès depuis l'époque où j'achetais des fleurs là bas, les bouquets sont raffinés, les roses ont des teintes merveilleuses, inhabituelles, symbolistes.
Quand Rita en a marre des mondanités, elle va dans son sac, me regarde d'un air lamentable, et parfois elle aboie pour me démontrer qu'il est temps de partir!
Au retour, je me suis rendue dans le sous-sol du café la Forêt, où avait lieu une exposition de groupe à laquelle je participais. Il y avait là d'excellents peintres de Pereslavl, et un musicien de talent qui nous a donné un concert de luth, et aussi de romances russes anciennes accompagnées à la guitare. Le monde est petit, c'est un ami de Skountsev. Il était simple, modeste, il avait une bonne bouille. J'ai trouvé que l'événement avait été bien préparé, que tout avait de la classe, Gilles va sûrement réussir à faire de ce sous-sol un vrai lieu culturel. J'ai retrouvé sur place Katia et Nadia, et une jeune femme que je viens de rencontrer, qui parle français et s'ennuie un peu dans le village où elle a fui Moscou, avec son mari et sa petite fille.
Le Donbass, reconnu par la Russie, exulte, la presse occidentale se répand en déclarations théâtrales et fausses, en inversions accusatoires éhontées. Sur Facebook, je vois écumer les imbéciles, je me suis fait traiter de tous les noms par des libéraux "russes" hystériques et je leur ai bien rendu. Mais ce qui compte pour moi, c'est la joie des gens du Donbass, victimes d'une telle oppression, d'une telle injustice, ignorés et calomniés jusque dans les rangs des "Russes", de ceux qui devraient les défendre et crachent sur "ce pays" et sa "populace"... Les gens qui sont sur place savent bien d'où leur est venu le malheur et d'où leur vient le salut.