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lundi 19 septembre 2022

Photos

 


Je suis partie à Moscou à reculons, il faisait très beau, et j'éprouve une frustration terrible quand je dois me priver d'air, de soleil, et du spectacle de la nature, dans un pays où l'on est enfermé, chez soi ou dans le scaphandre des vêtements, les trois quarts de l'année. Olia Kalachnikova, passée me donner des plants de flox, a photographié ma maison et Rita. J'ai moi aussi photographié passionnément le jardin, les dorures qui apparaissent dans les feuillages, et les nuages encore fôlatres, les colchiques épanouis sous la danse des derniers papillons. L'année dernière, j'avais passé l'automne à l'hôpital, à regarder par la fenêtre les arbres changer, enfermée loin du vent et du soleil dont j'ai tellement besoin. Le père Valentin m'a dit que pour les gens du sud, l'hiver russe est une chose terrible, il est vrai qu'il est difficile de s'y habituer. 





J'ai participé à l'exposition des tableaux inspirés par Kourmych, et chanté comme promis. Cela se passait dans les dépendances de l'église sainte Tatiana, en plein centre, une église qui ressemble à un temple grec et où officie le père Vladimir Viguilianski, père de Sacha.

J'ai eu des réactions très émouvantes, un monsieur m'a remercié de lui avoir "mis de la lumière dans l'âme", avec ce répertoire oublié, une dame m'a dit que j'avais un regard slave, et que je l'avais bouleversée. Nous avons ensuite pris le thé avec des pirojki, les gens présents étaient très sympathiques, il y avait le baryton Artiom, un géant adorable qui ne peut pas voir un ami sans lui faire un câlin. Il y avait aussi le fidèle Génia, vétéran de l'Afghanistan qui seconde Sacha dans son oeuvre, des artistes exposants, des gens dévoués et purs. 

La fille d'un couple d'amis restait assise avec une figure tragique et harcelait son père pour s'en aller. Elle est anorexique, et pendue à son téléphone, échange avec une amie qui la pousse à maigrir. Dans mon jeune temps, je ne voyais pas d'anorexiques. J'ai l'impression que la folie gagne tout le monde, se glisse dans toutes les familles, et d'autant plus facilement qu'Internet facilite la contagion.

Liéna, la fille du père Valentin, me tient sur la guerre des propos défaitistes, d'après elle, les Russes n'ont absolument pas les moyens de la gagner, pas d'armée, pas d'armes, son père n'est pas d'accord et pense qu'elle écoute de mauvaises sirènes. Moi non plus. Encore que depuis des années que je la sentais arriver, je ne pensais pas que les Russes prendraient l'initiative, car leur pays est encore convalescent et n'avait pas besoin de cela. Cependant, si Poutine y est allé après bien des reculades et des finasseries, c'est sans doute qu'il ne pouvait pas faire autrement. Et pour ce qui est de l'armée, je pense qu'elle reste une bonne armée russe avec des soldats vaillants, et les armes, il s'est justement donné le temps de les moderniser et d'en refaire les stocks. Les gens ici, surtout dans les grandes villes et les milieux intellectuels, se laissent égarer par toutes sortes de commentaires visant à leur faire perdre le moral, l'amour et l'estime de leur propre pays. Comme partout ailleurs, du reste, sous l'effet de la même sinistre internationale. Il m'apparaît de plus en plus que la ligne de front n'est pas tant sur le territoire de l'Ukraine qu'à l'intérieur de toutes les sociétés impliquées. Nous sommes la proie d'un cancer moral qui envoie des métastases partout et si le tissu des uns est plus sain que celui des autres, nous en sommes tous infectés plus ou moins. 

La guerre ne se mène pas seulement dans l'abcès de fixation ukrainien, et ne se caractérise pas par une lutte entre différents peuples, mais à l'intérieur de chaque pays, par la lutte de chaque peuple pour sa survie, contre une secte financière idéologico-mafieuse pour qui tous les coups sont permis. Et dans chaque pays, une proportion plus ou moins grande de gens le comprend, une proportion plus ou moins grande de gens, au contraire, adhère à la corruption générale des moeurs et des esprits et à la tyrannie qui s'annonce. C'est pourquoi les Russes patriotes appellent à la purification du pays, je dis bien purification, et pas épuration... Cela passe par les programmes culturels, les programmes scolaires, les médias, qui doivent être nettoyés de la vulgarité corruptrice et des profanations systématiques, l'exclusion des organismes inernationaux sournois dont les buts sont désormais ouvertement toxiques. Dans cette perspective, l'armée et ses armes jouent bien sûr un rôle, mais pas forcément le plus important, car la Russie a déjà réussi à compromettre gravement l'établissement de l'hégémonie mondiale américanoïde que redoutent tous les gens normaux. Même si les Russes sont peu nombreux, après les saignées du XX° siècle, en face, ils ne sont pas nombreux non plus, et pas du tout disposés à se mobiliser massivement pour servir de chair à canon à l'Etat profond et à ses marionnettes, passer des démonstrations de drapeaux ukrainiens au vrai casse-pipe n'est certainement pas dans la mentalité du bobo ordinaire. L'OTAN enverra ses mercenaires officiels ou non officiels. Il s'agit surtout de ne plus se laisser culpabiliser par les salauds et leurs troupeaux d'imbéciles qui nous pourrissent tous.



vendredi 16 septembre 2022

Arrière

 




Olga Kalachnikova, le monastère saint Daniel

Ce soir, Olga Kalachnikova, m'a invitée à venir récupérer des plants de fleurs, elle fait le ménage dans son jardin. Nous avons discuté de la situation générale et de la dégradation de la mentalité et du niveau culturel et moral, à l'échelle mondiale. Son mari a enfin retrouvé sa nationalité russe, mais du coup, il ne peut plus aller en Amérique, où il a encore une maison et des enfants, et ses comptes sont bloqués... Ils me disent que c'est ma mission d'écrire sur la Russie et de donner un autre son de cloche. Leurs voisines vont à la cathédrale et les tiennent au courant de mes faits et gestes: "Laurence a communié aujourd'hui!"

Je suis allée chez une intellectuelle, Larissa Kachouk, qui voulait m’interviewer, en fait, elle collectionne les interviews de gens qui l’intéressent, et aussi les objets anciens. Elle vit dans un village après Veskovo, et ce devait être autrefois très joli, la nature est belle, plus sèche que là où je vis, avec des espèces plus variées, c’est sur une hauteur, au dessus du lac. Mais comme d’habitude, on construit n’importe quoi n’importe où. Mon intellectuelle avait d'un côté un garage, de l'autre un bain de vapeur, elle a réuni le tout, et s'est avisée qu'avec un ou deux étages en plus, elle aurait plus de vue. Une vue dégagée mais considérablement gâchée par deux ou trois machins en plastique qui me font, dans cette nature, le même effet que des packs de lait et des canettes de bière jetés sur le bord d'un chemin: moche, aléatoire et superflu.  

Larissa Kachouk chez moi

A part ça, elle est intelligente et marrante, alors que je craignais une emmerdeuse de plus. Elle écrit des livres historiques, mais plutôt sur la vie des gens aux siècles passés. Elle pense que j’ai été appelée par la Russie, que c’est une vocation mystérieuse, et que malgré tous mes efforts, je n'ai pu y échapper, ce qui est vrai. Elle écrit ses mémoires, et pense qu'il faut rester dans l'ordre chronologique, et ce n'est pas ce que je fais dans mes souvenirs d'enfance, mais bon, ça se discute. Elle a déjà écrit 500 pages!

Nous allons de plus en plus vers la guerre totale avec l’OTAN qui a lancé une offensive « ukrainienne », c’est-à-dire de la chair à canon chassée en avant par des mercenaires internationaux,  à laquelle les Russes n’ont pas pu s’opposer. Du coup, tout le monde voit la Russie vaincue et Poutine pendu. Ce qui est un peu beaucoup prématuré. Mais je me fais du souci, et puis ça me rend malade, le triomphe de ces créatures des ténèbres et de leurs cortèges d'imbéciles, et les représailles sadiques sur des populations qui se croyaient hors de danger. Souvent, d'ailleurs, je fais comme au cinéma quand ça devient pénible, je ne regarde pas, je zappe l'info, j'attends des analyses plus calmes et plus générales, pour ménager mes nerfs et ma sensibilité. Une Russe de France m’envoie une liste de gens à abattre qui figure sur un site ukrainien, cela doit être le fameux mirotvorets. Depuis l’attentat sur Daria Douguine, je pense que cela peut tomber sur n’importe qui. Tous les coups leur sont permis, ils nous considèrent comme des cafards. Pour les curieux de nature, un témoignage en français, à partir de la 35° minute, à peu près: https://all-make.net/dmitrij-evstafev-na-solovyov-live-ot-10-09-2022.html

Voyant sur un mur de Pereslavl la photo d'un jeune officier local tué là bas, j'ai eu une pensée pour son âme et me suis signée. Aussitôt, un bonhomme au type oriental m'arrête: "Pardonnez-moi, je vois que vous avez fait le signe de croix devant cette photo, et vous n'êtes pas la première, qu'est-ce que cela veut dire?

- C'est juste une petite prière pour ce garçon qui est mort pour nous."

Il s'est retourné vers sa femme: "Tu vois, c'est les gens qui prient..."

Du coup, ce matin, pour me décrasser la cervelle, j'ai fait la dernière tonte du jardin, débroussaillé ce que je n'avais pas touché de tout l'été: comme me l'a démontré le lézard de l'autre jour, la faune sauvage de mon espace hiberne déjà, mais des papillons, bourdons et abeilles tournoient encore sur les dernières floraisons, dès qu'il y a un peu de soleil. J'ai dégagé les saules qui poussent effectivement à grande vitesse, dans deux ou trois ans, si je suis encore en vie, la verrue du voisin ne me fera plus trop cuire les yeux. Ils sont très jolis, souples, argentés, liquides. Pendant que je m'affaire dans le fil du vent doux et humide, et que je calcule les endroits où je vais transplanter ceci ou cela, j'oublie les horreurs et les vilenies fantastiques dont l'écho m'arrive sur les divers réseaux. Le contact avec la nature est l'antidote vital à la folie collective.

 Quand je me penche sur les vieilles photos pour écrire mes souvenirs d’enfance, j’ai l’impression de les regarder depuis l’au delà. J'ai consulté une carte du Gard, je me rendais compte que j'avais oublié tout cela, je refaisais mes itinéraires, j'arrivais à Pont-Saint-Esprit, je passais le Rhône, ah oui, et là, je tournais vers Lapalud, je remontais vers Pierrelatte, ou bien je filais sur Bollène, et j'allais chez ma soeur à La Garde, ou ma cousine à Uchaux, je m'arrêtais dans un centre commercial pour acheter du pain Marie Blachère...  Et tous ces noms sentent le terroir, la ruralité qui n'est plus, le moyen âge chrétien, et aussi les années 50 et 60 de mon enfance, pleines de paysans à béret, de petites vieilles en robes de satin fermière sur des chaises paillées au milieu des géraniums, de boutiques aux patrons souriants qui criaient joyeusement: "qu'est ce que je vous sers?" avec l'accent du midi. Tout cela est si familier. Et si loin. 

Je corresponds avec un monsieur qui vit en France à l’écart de tout, avec sa femme, et ils ont des réunions avec des gens comme eux, ils ont d'ailleurs la chance d’être assez nombreux pour pouvoir se réunir, il y en a qui sont vraiment tout seuls. Ils se réconfortent les uns les autres, écoutent de la musique, échangent des réflexions, en gros c'est "sur les falaises de marbre". Un de ses amis s'est fait agresser chez lui à cause de son épouse russe, journaliste trop engagée...

Ma cousine s'est réfugiée dans un ravissant village de Dordogne, où subsiste une vie rurale.  

J'ai vu une interview de Lapierre, il s'agit d'un allogène qui répète comme une incantation qu'il faut tuer les fachos,  mais qui est incapable de dire ce qu'il entend par là. Il est visible qu'il a deux neurones enchâssés dans beaucoup d'os et peut-être un peu d'eau, et c'est tout. Il a ce mot merveilleux: "les Français sont tous à la campagne". On voit se dessiner la concrétisation des isolats qu'envisageait Jean Raspail.

Je dédie ce document à tous ceux qui pensent qu'ici, on n'a aucune liberté, que Poutine égale Staline, et qu'on y fait la chasse aux homos:

Lettre ouverte de l'actrice Maria Choukchina au président Poutine

C'est la guerre. Monstrueuse. Là bas, en Ukraine, nos gars meurent, la fleur de la nation, son espoir. Ils sont jeunes, beaux et forts. Ce sacrifice se fait pour le bien de la Russie, pour notre avenir. Nous, les gens, comprenons et acceptons cela. Mais que faire, quand la guerre est déjà dans nos villes, dans nos coeurs?

Et les ennemis ce sont "les nôtres"! Le 4 septembre, un concert en l'honneur de la connaissance a eu lieu à Vladivostok. Lors du concert, s'est produite en présence du maire de la ville, la chanteuse Klava Koka. La place centrale, avec sur la droite, l'administration municipale, sur laquelle flotte fièrement le drapeau de la Fédération de Russie. A gauche, juste sur la place elle-même, une église orthodoxe qui orne la ville de ses coupoles et de ses croix dorées.

Mais qu'il est douloureux d'entendre les paroles interprétées par la chanteuse "je m'en fous, je m'en fous", et les jurons gratinés de la chanson sont entendus par tous les enfants, adolescents et adultes venus au concert de la journée de la connaissance. Puis c'est la chanson "ramenez-moi ivre à la maison" qui retentit. Qu'est-ce que c'est que ça? Je vous le demande, qu'est-ce que c'est que ça? Et je vais vous répondre. C'est la guerre! La guerre sanglante, la plus dure, destinée à corrompre, déshumaniser les gens et leurs enfants. Ce ne peut pas être une erreur! Sinon, que font nos fonctionnaires dans leurs bureaux s'ils ne prennent pas le temps de vérifier le répertoire des artistes pour un événement si important? La censure devrait commencer dans les bureaux. Pourquoi les conseils artistiques sont-ils supprimés?

Qui a permis à Constantin Bogomolov de faire des représentations d'acteurs nus au théâtre de la Malaïa Bronnaïa, de se moquer de l'uniforme militaire, de la mémoire de la seconde guerre mondiale, de mettre en scène des représentations où les comédiens s'enfoncent sans ambiguité une arme à feu dans la bouche, la lèchent dans tous les sens, pour accentuer la connotation sexuelle? Il existe de nombreux artistes de ce genre. Leur nom est légion. Nos enfants peuvent en rang chanter l'hymne national autant qu'on veut. Mais ceux-là viennent au concert de la ville et face aux coupoles de la cathédrale chantent "Je m'en fous".

L'impuissance, la colère, l'incrédulité s'insinuent en silence dans l'âme des gens. On doit arrêter ce gâchis. Il faut que quelqu'un se mette de notre côté. du côté du peuple. Le diable est dans les détails. Dans le décolleté plongeant de la chanteuse qui a été payée 4 millions pour faire la promotion de l'alcool et des obscénités sur scène avec sa chanson "ramenez-moi ivre à la maison". C'est là tout ce qu'on voulait souhaiter à nos enfants le jour de cette fête radieuse? C'est pénible. Amer. Douloureux. Les gens sont fatigués! Les gens sont intérieurement brisés. Il leur faut l'espoir! L'espoir qu'il y ait au gouvernement des hommes pour qui les notions de "devoir", "d'honneur"; de "conscience" ne sont pas de vains mots. Nous avons besoin de l'Espoir que nous ne sommes pas en train de glisser dans l'abîme. Or pour l'instant, c'est le cas. 

L'éducation est "la nourriture de l'axe". Au centre, dans l'âme. Qu'offrons-nous à nos enfants? Que nous proposez-vous? Maison 2? Kirkorov, avec sa chanson "Mood color blue"? Le gay déclaré Dania Milokhine avec ses ongles laqués et sa robe? Ou bien le livre le plus populaire dans la jeunesse en 2022, "l'été en cravate de pionnier"? Jusqu'à quand les officiels détruiront-ils la culture, nous détruiront-ils? Des concerts, des chanteurs, chanteuses et acteurs de ce genre tuent le plus important: la foi. Elle est fragile, chez les enfants, vous savez. C'est inimaginable, brutal, féroce, ce "je m'en fous" à vif, devant les églises, et les enfants.

https://vk.com/wall8761179_170286

 J'ai trouvé ensuite un complément à ce texte. Personnellement, je désapprouve l'expression de l'auteur: "c'est la victoire de la Russie sur la Russie", car il s'agit en fait de la victoire de l'Antirussie sur la Russie. De même que Macron est l'Antifrance, Ursula la Hyène l'Antieurope, et que tout cela sert l'Antéchrist.

"Un homme de sainte vie m'a dit l'autre jour: PERSONNE NE PEUT BATTRE LA RUSSIE, SI CE N'EST LA RUSSIE ELLE-MEME.

Quand une fille dont le pseudonyme est Klava Koka, hurle sous les basses, sur la place principale de Vladivostok, en face de la cathédrale: "mais je m'en fous", répétant cela dans un refrain, jetant ces mots aux murs sacrés de l'église, dans l'aura verte et violette des projecteurs, et que la foule chante avec elle, tandis qu'au front, c'est la mort et l'encerclement, c'est la victoire de la Russie sur la Russie.

Quand au même moment, Chnour déchire une arène de cent mille personnes avec des obscénités tonitruantes, le jour triste et calme de la décapitation de saint Jean Baptiste, c'est la victoire de la Russie sur la Russie.

Lorsque des feux d'artifice volent dans le ciel au moment où pleut le phosphore dans le ciel de Donetsk, c'est la victoire de la Russie sur la Russie.

Les morts et les blessés du concert de Chnour, ainsi que le feu d'artifice qui a été, semble-t-il, à Tioumen, tiré dans la foule, ce sont encore des signaux très délicats, mais déjà terribles, de Dieu qui nous crie que nous sommes fous.

vous savez, je ne mets pas du tout mon armée en question. Malgré les bouleversements des 30 dernières années, c'est toujours la même armée du soldat russe invincible, c'est toujours la meilleure armée du monde. Toutes les lamentations sur les réseaux à propos des erreurs des commandants, c'est du vide. Et vide de sens. Nous en reparlerons après la guerre. Et nous comrpendrons que nous n'avons encore rien vu.

Mais les guerres elles-mêmes, et les défaites qu'elles entraînent sont liées à une vie négligente et malpropre à l'arrière. 

Notre conscience, à la recherche de coupables et de causes au mal, reste toujours autour, au lieu d'en elle-même, il est difficile de s'accommoder de cette loi, elle est pourtant de fer, et éternelle.

La meilleure armée ne nous sauvera pas;si le peuple, appelé à être chrétien, stagne. 

Une pomme pourrie de l'intérieur, quelle que soit la solidité de sa peau, périra. 

Elle périra peut-être, paradoxalement et illogiquement, de la main de ceux qui sont plus faibles, qui sont des bêtes féroces, qui sont étrangers à Dieu. mais même cela peut devenir un fléau entre les mains de Dieu. Souvenez-vous des récents athées-bolcheviques: ils ont gagné contre toute logique extérieure, ils ont démoli un pays des plus puissants, mais qui dans son coeur, se retirait de Dieu.

Souvenez-vous des paroles du Christ: "Il sera beaucoup demandé à ceux auxquels on a beaucoup donné" (Luc 12:48).

On nous a beaucoup donné. et maintenant, plus que jamais, nous vivons une époque de liberté inou¨£ire, pour tous, et pour l'Eglise. Des églises sont ouvertes à presque tous les carrefours, chaque jour, dans les églises, quelque chose peut éclairer, remplir  et rendre notre vie heureuse, la confession, la communion, une conversation paisible sur l'essentiel. Venez boire à cette source de vie. Nous l'avons! Nos pères et nos grands-pères ne l'avaient pas. Et nous l'avons!

Or nous...jetons des chants obscènes aux murs de ces églises, accompagnés par la foule.

C'est pour cela que nous subirons la défaite, à la fois dans notre vie et au front. C'est pour cela que le soldat russe mourra. 

Car c'est une loi éternelle: les purs souffrent pour les impurs. Pour purifier l'impur.

La guerre est lancée et ne fait que commencer. La mobilisation militaire de tout le pays n'est probablement pas nécessaire, mais une autre mobilisation s'impose. Une mobilisation pour l'humanité. Et pour la prière.

Ici, à l'arrière, il nous faut devenir des êtres humains, nous devons revivre, nous réveiller, pour que la vie triomphe à l'avant. Les gens font de nous d'autres personnes quand nous commençons à vivre pour eux. ainsi que notre langue, quand nous cessons de l'utiliser contre notre prochain et de le souiller par des jurons blasphématoires; et notre culture, nos poèmes, nos films, notre musique; et surtout nos lieux saints. Et notre attitude envers eux.

Cela n'arrivera pas, nous aurons une Russie vaincue, avec la plus forte armée du monde, avec les meilleures armes, comme c'est le cas, actuellement, sur la planète. Nous aurons la Russie vaincue par la Russie elle-même."

Boris Kortchevnikov

https://vk.com/wall708501966_3631

On voit bien que cette Antirussie nuit librement en Russie, pour l'instant, et que ces braillards répugnants et ces fonctionnaires complices ne sont pas arrêtés et se portent très bien. C'est d'ailleurs ce que je répète depuis des années. Néanmoins, contrairement à l'auteur, j'ai de l'espoir, car l'Antirussie n'a pas encore poussé assez de métastases en Russie pour en provoquer fatalement la mort, et le sursaut de cette dernière pourrait débarrasser le monde de cette tumeur maligne américano-mondialiste dont l'Europe crève. 
J'ai été très frappée par cette vidéo: https://vk.com/video358766947_456239119?list=2b415773f4be65377d
Le prêtre qui y figure, le père Dionysi, écrit:
Ces visages...
Il est difficile de les regarder
Comme si on s'en sentait indigne.
C'est qu'en eux est l'image de Dieu; 
la Face de Celui qui a pris sur Lui beaucoup de souffrances et même la mort.
Pour nous.
Et maintenant, regardons l'un des principaux maudits à qui nous devons tout cela, et qui s'en vante:https://vk.com/wall598003758_12041

Идёт война. Чудовищная. Там, на Украине гибнут наши парни -цвет нации, Надежда. Молодые , красивые, крепкие. Эта жертва во благо России, во имя нашего будущего. Мы, люди это понимаем и принимаем. Но как быть, когда война уже в наших городах, сердцах.

А враги «свои» же! 4 сентября в городе Владивосток прошёл концерт посвящённый дню знаний. На концерте , в присутствии мэра города выступала певица Клава Кока. Центральная площадь, с права в 100 метрах расположена администрация города, на которой гордо развивается флаг Российской Федерации. Слева -прямо на самой площади стоит православный храм, украшая город своими золотыми куполами и крестами.


И как же больно слышать слова песни в исполнении певицы -« мне пох, мне пох» отборные маты песни слышат все подростки, дети, взрослые которые пришли на концерт приурочений к дню знаний. Далее звучит песня «забери меня пьяную домой». Что это ? Я спрашиваю вас -что это ? А я вам отвечу. Это война! Кровавая, самая жёсткая война направленная на развращение, обесчеловечивание людей, детей. Не может это быть ошибкой ! Иначе, чем занимаются наши чиновники в своих кабинетах если у них нет времени проверить репертуар артистов для такого важного мероприятия? Цензура должна начинаться в кабинетах. Почему упразднены худ.советы?

Кто позволил Константину Богомолову в театре на Малой Бронной ставить обнаженные спектакли и глумиться над формой военных, над памятью о ВОВ, ставя спектакли где актеры недвусмысленным образом берут в рот пистолет, облизывают его всячески подчёркивая сексуальный подтекст. Много таких деятелей искусств. Имя им легион. Наши дети могут сколько угодно петь гимн России на линейках. Но они приходят на городской концерт и подпевают глядя на купола церкви «мне по».

Бессилие, гнев, неверие заползает тихо в души людей. Кто-то должен остановить эту грязь. Кто-то должен быть на нашей стороне. На стороне людей. Дьявол кроется в мелочах. В открытом декольте певицы, которой заплатили 4 миллиона за то, что она со сцены пропагандирует алкоголь и маты песней «забери меня пьяную домой». Это всё, что хотели пожелать нашим детям в этот светлый праздник ? Тяжело. Горько. Больно. Люди устали ! Люди сломлены внутри -людям нужна Надежда ! Надежда на то, что есть люди в правительстве для которых понятие «долг», «честь», «совесть» -не пустой звук. Нужна Надежда на то, что мы не катимся куда-то в пропасть. А сейчас так и есть.

Воспитание -это питание в ось. В центр, В душу. Что мы предлагаем нашим детям? Что вы предлагаете нам ? Дом 2? Киркорова с его песней «цвет настроения синий»? Откровенного гея Даню Милохина с накрашенными ногтями и в Платье ? Или самую популярную книгу среди Российской молодёжи в 2022 году -«лето в пионерском галстуке» ? До каких пор чиновники будут уничтожать культуру, уничтожать НАС ? Такими концертами, такими певицами и певцами , актерами и и,д убивают самое важное -веру. Она хрупкая у детей -вы же знаете. Невообразимо, жестоко, зверски, так по живому -«мне по» - у храма, для детей.

Один человек святой жизни сказал мне на днях:
"РОССИЮ НИКТО ПОБЕДИТЬ НЕ МОЖЕТ, КРОМЕ... САМОЙ РОССИИ".

Когда какая-то девочка с псевдонимом клава кока орет под басы на главной площади Владивостока, напротив Кафедрального собора, "а мне пох", повторяя это на разрыв рефреном, бросая эти слова в святые стены храма, мерцающие фиолетовым и зеленым отсветом концерта, и ей подпевает толпа - в то время, когда на фронте - смерть и окружение, - то это победа России над Россией.

Когда в это же самое время в сердце страны Шнур рвет сто-тысячную арену раскатистым матом - под скорбный тихий день Усекновения главы Иоанна Крестителя - это победа России над Россией.

Когда в небо летит салют в то время, когда с неба Донецка летит фосфор - это победа России над Россией.

Погибшие и раненные на концерте Шнура, и салют, который, кажется в Тюмени, выстрелил в толпу ... - это всё ещё очень деликатные, но уже страшные сигналы от Бога, который кричит нам о том, что мы обезумели.

Знаете, у меня вообще нет никаких вопросов к моей армии. Она, несмотря на все потрясения последних 30 лет, по-прежнему - всё та же армия непобедимого русского солдата, по-прежнему одна из лучших армий мира. Все сетевые причитания про ошибки командиров и тп - это пустое. И бессмысленное. Об этом поговорим после войны. И увидим, что ничего раньше не видели.

Но и сами войны, и поражения на них происходят за нерадивую и грязную жизнь в тылу.

Наше сознание, ищущее виноватых и причины зла всегда вокруг, а не в самих себе, трудно вместит этот закон, но он железный и вечный.

Даже лучшая армия не спасет, если призванный быть христианским народ, оскотинивается.

Яблоко, гнилое изнутри - какой бы крепкой не была его кожура - погибнет.

Погибнет, может быть, парадоксально и нелогично: от рук тех, кто слабее, кто зверь, кто Богу - чужие. Но и такие могут быть бичом в руках Божиих. Вспомните недавних безбожников-большевиков: они победили нелогично, вопреки всякой логике внешнего - снесли мощнейшую, но отступившую в сердцах от Бога, страну.

Помните слова Христа: "Кому много дано, с того много и спросится" (Лк. 12:48).

Нам очень много дано. А сейчас - много, как никогда, мы живём в пору неслыханных свобод - всех, и свободы Церкви. Храмы стоят открытые почти на каждом перекрестке, в храмах - каждый день то, что может высветить, наполнить и осчастливить всю нашу жизнь - исповедь, причастие, тихий разговор о главном. Приходи и пей от этого источника жизни. У нас это есть! У наших отцов и дедов не было. А у нас есть!

А мы... кидаем матерные попевки в стены этих храмов под подпевку толпы.

Вот за это будем нести поражения и в наших жизнях и на фронте.
Вот за такое будет умирать святой русских солдат.

Потому что это ещё один вечный закон: чистый страдает за нечистого. Чтобы нечистый очистился.

Война идет и только начинается. Военная мобилизация всей страны, наверно, не нужна, а вот другая мобилизация - необходима. Мобилизация на человечность. И на молитву.

Нам здесь, в тылу, людьми надо стать, ожить, проснуться надо, чтобы и на фронте жизнь победила.

Людьми нас делают - другие люди, когда мы начинаем жить ради них; наш язык, когда мы перестаем бить им ближнего и сквернить его богохульной матерщиной; наша культура - стихи, фильмы, музыка наша; и более всего - наши святыни. И отношение к ним.

Не будет этого, это будет побежденная Россия - при сильнейшей армии мира, при лучшем оружии, как сейчас, на планете, - это будет Россия, побеждённая самой Россией.

lundi 12 septembre 2022

Saint prince Alexandre

 


Hier matin, décollation de saint Jean Baptiste, hier et aujourd'hui, saint Alexandre Nevski, fête votive de notre cathédrale. Au réveil, je n'avais aucune envie d'aller à l'église, cela me cassait complètement les pieds, et je n'avais pas envie de jeûner non plus. En passant devant la vénérable église de la Transfiguration, où a été baptisé Alexandre Nevski, j'ai eu un grand élan du coeur: "Saint prince, intercède pour nous, défends-nous!"

Je suis allée trouver le père Andreï, je lui ai confié que j'avais un sentiment d'angoisse et de tristesse depuis plusieurs jours. en plus du surmenage causé par ma vie sociale, toutes les horreurs auxquelles ont est confronté, pas directement, mais j'imagine, et j'imagine notemment ce qui peut se passer sur les territoires qui étaient sous contrôle russe et repassent sous contrôle ukro-otanesque. Et puis d'être sans arrêt aux prises avec les croisés convaincus de la mauvaise cause qui viennent ratiociner sur mes fils de commentaires et me faire la morale. "La création me dit-il, c'est sacré, vous ne devez pas vous y soustraire, votre témoignage, vos chansons, cela fait partie de votre vie spirituelle, c'est votre vocation: "Que tout souffle loue le Seigneur". Quand au Donbass, ma chère Laurence, mais à qui faisons-nous vraiment la guerre, là bas, vous le savez pourtant bien? Ce n'est pas une histoire de territoire, c'est beaucoup plus grand que cela.N'est-il pas évident qu'en face, ils sont complètement possédés? Que disait Alexandre Nevski? "Dieu n'est pas dans la force, Il est dans le droit". Dieu ne peut pas être avec les possédés, Il est donc avec nous, et s'Il est avec nous, que craignez-vous? Si nous avons des revers, c'est pour nous éprouver, ou nous enseigner, ou nous réveiller. 


- Bien sûr, mais c'est tellement affreux... votre pays m'est profondément entré dans l'âme, je me rends compte que ce n'était pas par hasard, que sans doute, Dieu m'a recrutée quand j'étais toute jeune et amenée ici, que c'était Son dessein à mon égard. Si on le détruit, les gens comme moi, qui y ont trouvé leur arche, n'auront plus de refuge nulle part. Et beaucoup me contactent dans l'intention de monter à bord... 

- Eh bien voyez, alors faites confiance. Remettez-vous en à Dieu! 

- Il y a quand même un aspect positif, c'est qu'on nous vire du Conseil Oecuménique des Eglises, dont nous aurions dû sortir il y a bien longtemps...

- Qu'ils fassent bien ce qu'ils veulent, la Russie est immense, qu'ils s'agitent là bas, qu'est-ce que ça change pour nous? Nous, nous faisons ce que nous avons à faire, chacun à sa place."

J'ai vu Génia Kolesov et sa femme. Celle-ci est aussi convaincue que le père Andreï qu'il s'agit d'un affrontement métaphysique, eschatologique. 

Ce matin, la cathédrale était pleine à craquer, car tout le lycée orthodoxe saint Alexandre Nevski était là. Il y avait des gosses partout, impossible de s'asseoir, cela circulait sans arrêt dans tous les sens, et il y avait les bonnes femmes qui, en dépit de la cohue, veulent absolument coller un cierge aux endroits inaccessibles et enquiquinent les gens pour les faire passer jusque là de main en main. Une dame qui avait l'air de bien me connaître m'est tombée dans les bras. Ici on ne pratique pas le bisou français mais le câlin russe. L'ambassadeur anglais Jerome Horsey parle déjà, avec un certain étonnement, au XVI° siècle, des câlins de Boris Goudounov... Je préfère le câlin russe au bisou obligatoire. J'étais embêtée de ne pas reconnaître cette excellente personne, mais je m'y perds un peu maintenant, c'est terrible, et en fin de compte, je finis par étreindre et saluer, sans me souvenir du specimen précis d'habitant, à travers lui tout Pereslavl, et même toute la Russie. Quand je suis dans ma paroisse, je sens que j'aime profondément tout le monde, la vieille Antonina, les vendeuses de cierges, le choeur, le sacristain Vitali et chacun de nos prêtres, le gentil père ukrainien Vassili, le sévère père Alexeï, du reste pas si sévère que cela, le père Andreï...  Ce dernier est si humain, si plein d'humour, et si fervent, je sais qu'il a des faiblesses humaines, mais c'est vraiment un homme de foi, et un homme de coeur.

L'office a été très long, et en plus de mes douleurs articulaires, j'avais mal à la tête. Il a été suivi d'une procession autour de l'église, et l'évêque nous aspergeait copieusement d'eau bénite. Les gosses lui criaient: Vladitchka! (notre cher monseigneur) par ici, encore! Nous n'avons rien reçu!" J'ai vu une adolescente au visage ruisselant comme si elle venait de prendre une douche, qui pouffait avec une copine. 

Je suis tombée sur oncle Slava le cosaque, nous avons discuté de la situation: "On ne doit ni se laisser décourager, ni se laisser paniquer. Il faut espérer et prier, car que veut dire ce revers? Dieu nous éprouve, la Russie a été profondément pénétrée par de mauvaises choses, et nous devons nous purifier, autrement, nous deviendrons comme les zombies d'occident et les Ukrainiens, nous sommes les prochains sur la liste."

Au café, j'ai vu Gilles, qui m'a dit: "A force de faire dans la dentelle, ils ont perdu du temps et l'OTAN lâche ses fauves, cela me rend malade de penser aux gens qui subiront les répressions de cette bande de tarés."

Un compagnon du devoir d'origine russe m'écrit qu'il médite de partir, car "l'Europe est en  train de devenir complètement folle". Je l'ajoute à la liste de ceux qui ont ce projet et pour lesquels je prie.

Ici deux analyses auxquelles je me fie, et qui me semblent justes.

https://odysee.com/DONBASS-INSIDER---Situation-%C3%A0-Kharkov---10.09.2022:6eddc71315eddcecfb1fab610dae2e52fc681131

https://russiepolitics.blogspot.com/2022/09/a-kharkov-lotan-entre-en-guerre-soit-la.html?fbclid=IwAR1tEfhewCUFHx7IDUTkjazok9ZXF06AHlBXemsdmKygL0qaoTH8V2FWKII

Et ce discours prophétique d'Edouard Limonov qui dit la vérité vraie:


Et je livre ceci à la réflexion de ceux qui aiment aller profond: https://www.lexpress.fr/actualite/monde/guerre-en-ukraine-pour-son-avenir-militaire-kiev-regarde-vers-israel_2178648.html?fbclid=IwAR2jUAgcxMSKLpupBZ1lYBkS0nIol8SS5aCH35w_O8lG2NdCIs07f49QKcQ


samedi 10 septembre 2022

Festival d'Okhotino

 


Comme chaque année, la datcha du peintre Korovine, grand ami de Chaliapine, accueillait son festival à Okhotino, avec des peintres qui s'égayaient dans la nature, diverses prestations d'ensembles musicaux, de lectures de vers, un film, des ateliers, des gens qui vendaient leurs oeuvres ou des spécialités culinaires. J'y ai rencontré le père Alexandre, de Rostov, qui jouait Chaliapine dans une saynète. On m'avait invitée à chanter, ce que j'ai fait. J'étais venue avec ma voisine Ania, et des exemplaires de Yarilo et de mes chroniques. J'ai été très surprise, on peut même dire ébahie, par le succès que j'ai remporté.Une jeune femme en larmes m'est tombée dans les bras en me disant qu'en plus d'avoir du talent, j'étais tellement belle et tellement sincère, qu'elle voudrait bien être comme moi à mon âge, et merci, merci d'exister; j'étais extrêmement émue, un peu dépassée par l'ampleur des réactions. La télé de Yaroslavl va venir me prendre une interview, sa présentatrice vedette m'a fait toutes sortes de réfléxions goguenardes sur le vilain caractère de "la camarade Rita", qui, en effet, vieillit mal, elle ne supporte plus les mondanités et grogne sur tous ceux qui m'approchent! Enfin pour ce qui est de me reposer, cela ne s'annonce pas vraiment comme cela, car je vais être encore invitée à toutes sortes de manifestations.

Un charmant monsieur nommé Arthur m'a dit: "Vous avez une voix remarquable et surtout, on voit que vous ne chantez pas pour vous acquitter d'un travail, mais avec toute votre âme, vous nous emmenez au tréfond du temps! Et puis vous êtes très naturelle, avec un humour très fin qui me va droit au coeur!"

avec Arthur (Morgenstern)


J'étais accompagnée de mon ange gardien, ma voisine Ania, qui me faisait tellement de pub, que j'ai vendu pas mal de livres, et que j'aurai du monde à mon exposition du mois de novembre. On me propose une présentation de livres à la bibliothèque de Yaroslavl. Bref, la gloire locale! 

"Vous deviez avoir tant d'amoureux, avec ces yeux et ces boucles", m'a dit une dame. Si elle savait... J'en avais même le coeur serré. Mais bon, comme dit ma tante Mano, ma copie est rendue.

J'ai rencontré une dame qui venait d'Elizarovo, le fief d'Alexei Basmanov, père de mon héros Fédia, et j'ai même un chapitre qui se déroule à cet endroit-là, c'est là que Fédia trouve une sage-femme un peu sorcière sur les bords pour sa jeune épouse enceinte. Elle m'a demandé comment j'en étais venue à écrire sur un tel personnage, j'ai essayé d'expliquer cela brièvement. "Vous comprenez, me dit-elle, nous autres, à Elizarovo, nous ne pensons pas qu'il était aussi mauvais que dans le roman d'Alexeï Tolstoï, ma fille en est sûre, et si elle trouve le financement, elle aimerait tourner un film là dessus.

- C'est bien possible, la vision d'Alexeï Tolstoï est très caricaturale, et puis j'ai été si possédée par cette histoire, il me semble qu'il aimait vraiment le tsar, qu'il lui était vraiment dévoué, et il était probablement très jeune."

Elle connaissait la version de sa fin au monastère de saint-Cyrille-du-Lac-Blanc et a évoqué les remords du tsar à son égard; j'espère la revoir, car j'aimerais en savoir plus long. Mais ce ne sera pas difficile, je connais une autre personne impliquée dans le musée d'Elizarovo.

Au retour, Ania m'a expliqué que depuis quelques temps, elle s'était mise à chanter, que cela lui permettait d'exorciser sa tristesse, tristesse causée par la crainte de perdre ceux qu'elle aime, et qui sont tous âgés, à part ses enfants, par la nécessité de travailler qui la prive de la contemplation de la nature, dont elle a tellement besoin. "Mais c'est pour cela que les gens chantaient, lui ai-je répondu, pour transfigurer leur tristesse ou leur joie." Son mari l'encourage, et lui dit qu'il l'accompagnera à l'accordéon. Ania est une personne fine, modeste et intériorisée, très sensible et délicate.

vendredi 9 septembre 2022

Mélancolie automnale

 


Déjà 9 jours que nous avons brutalement quitté l'été, pratiquement sans transition, comme Adam chassé du paradis. Vivre en Russie implique de profiter de l'instant présent, je me souviens avoir indigné ma cousine, en lui disant, dans notre jeune temps que, d'après les moines orthodoxes, nous devions vivre chaque jour comme s'il était le dernier. Ce précepte, je l'ai mis en pratique seulement à la cinquantaine, au départ, pour ne pas me laisser submerger par la souffrance et l'angoisse: à chaque jour suffit sa peine. 

Au reste, même chassés du paradis, nous trouvons des joies en cette vallée de larmes, et l'automne a les siennes. Des couchers de soleil somptueux entre deux averses glaciales, la chaleur de la maison après l'humidité du dehors, les ultimes floraisons, les premières dorures de la procession des arbres qui, chaque année mettent l'été en terre avec un faste byzantin.

Comme je déplaçais des flox, j'ai trouvé sous les racines de l'un d'eux un lézard en hibernation, qui ne s'est pas réveillé et que j'ai transplanté avec son abri. Voici donc où ils passent l'hiver, j'espère qu'au printemps, celui-ci survivra à mes chats.

Pour essayer d'installer Nounours, je le prends la nuit. Il pleure un peu, dort sur la descente de lit, le matin, je le lâche, après l'avoir nourri, il file chez sa mère, ou va trouver son frère. Il me fait des fêtes quand il me voit, mais je ne suis pas sûre qu'il ait tellement besoin de moi ni que je sois de taille à l'élever, car tout gentil qu'il soit, il n'en fait qu'à sa tête. La voisine est venue lui installer une chaîne, et je n'ai pas l'intention de l'attacher, sauf peut-être épisodiquement, et dès qu'elle l'a fait, il est devenu fou, hurlant, tirant dans tous les sens, je le sens très très mal! Ania utilise la bouffe pour éduquer César, mais César est un vrai glouton, Nounours aime bien manger, mais on ne le fait pas trop marcher à la friandise, il aime être libre, et en compagnie. Il faut dire que je suis fatiguée, j'ai moins de forces qu'avant, beaucoup de choses à faire, et je suis tout le temps sollicitée. 

Je vais être obligée de surseoir à la présentation de mon livre à Moscou, car je risque de manquer d'exemplaires. J'avais commandé une réédition, mon éditeur "n'a pas eu le temps"... Demain, je participe au festival annuel de la datcha du peintre Korovine, et j'en vendrai sans doute quelques uns. C'est la compétition pour m'emmener là bas, soit en voiture, soit en autobus, et je tiens à y aller moi-même, en silence, ce qui permettra aussi de m'en aller si je suis trop fatiguée, sans dépendre de gens qui voudront peut-être encore passer la soirée avec moi. Le 18, je réitère à Moscou la manifestation de Kourmych, Sacha Viguilianskaïa organise dans la paroisse de son père une exposition des oeuvres inspirées par sa chère bourgade, et j'en ai trois qui y figurent, et puis elle veut que je chante, et je vais encore sans doute vendre quelques livres, et voilà, pour la présentation, je vais en manquer. Je suis fatiguée de ne pouvoir compter sur personne ni rien organiser sans problèmes continuels. Si quelqu'un vient me voir, je suis souvent bloquée toute la journée, car peu de gens peuvent me dire précisément à quel moment ils me tomberont dessus. C'est pareil avec les artisans, les livreurs, les inspecteurs du gaz...

Ma mélancolie automnale est accentuée par la situation générale, qui n'est pas riante, et le spectacle d'une connerie débridée qui touche à la maladie mentale et se propage comme une sorte de choléra. Il m'arrive souvent de penser que les USA sont la tumeur cancéreuse d'une Europe devenue complètement dingue sous l'effet de ses métastases. La Russie n'en est d'ailleurs pas exempte, disons qu'elle est moins infectée et que l'opération chirurgicale qui va peut-être retrancher d'elle ce corps malade, dont elle a été si fortement entichée depuis trois cents ans au niveau de ses élites, empêchera ou retardera sa perte. Aucun pays n'en est exempt, malheureusement.

Le site "parlons d'orthodoxie" publie un article sur le refus du patriarche Cyrille et du métropolite Tikhon de la loi sur les violences conjuguales, article accompagné d'une photo éloquente, une pauvre femme menacée par un poing en premier plan. https://parlonsorthodoxie.wordpress.com/2022/09/08/la-loi-sur-la-violence-domestique-a-ete-bloquee-par-le-patriarche-cyrille-et-le-metropolite-tikhon/?fbclid=IwAR3qWRRxbCeSoUSq-s_oterwoOcrfiRnlHVsu2a6pMbytcvJKGiKMvlMOPM

Découragée, j'ai laissé un commentaire au second degré, je ne suis pas sûre qu'il ait d'ailleurs été perçu comme tel: "Oui, présenté comme ça... C'est vrai que le patriarche Cyrille et le métropolite Tikhon adorent que de grosses brutasses russes ratatouillent leurs épouses et leurs petits enfants, d'ailleurs eux-mêmes circulent en mercedes dorées, avec un knout pour flageller les hérétiques. C'est bien simple, je n'ose plus sortir de chez moi, et comme me l'a dit une lectrice de facebook, je suis forcée d'écrire mon blogue, un tchékiste armé de chaque côté de mon ordinateur".

Il me paraît complètement évident que ni le patriarche Cyrille ni le métropolite Tikhon ne préconisent les violences conjuguales, en dépit des défauts de l'un et de l'autre, et aussi de la caricature qu'on en fait, ils ont toujours tenu des discours humains à leurs ouailles, si l'on excepte le prêche de Tikhon au moment du covid. Je suivais les émissions du patriarche quand j'avais la télé et qu'il était encore métropolite de Smolensk, et les libéraux le trouvaient alors tout à fait intelligent et fréquentable. C'est à lui que je dois notre excellent évêque de Pereslavl, car il s'efforce de nommer des hiérarques jeunes, intelligents, ouverts et proches des gens. En revanche, je pense que l'un et l'autre discernent ce qui se cache désormais derrière ce genre de lois: l'intrusion toujours plus grande de l'Etat et de certaines idéologies mues par certains bandits internationaux dans la vie privée des gens et dans la structure de la famille. Il me semble suffisant que la loi réprime la violence quelle qu'elle soit. En principe, si une femme est battue par son mari, cela doit être condamné de la même façon que si elle l'est dans la rue par un inconnu qui veut lui voler son sac, pourquoi établir sans arrêt des catégories de victimes, plus victimes que les autres, méritant une vigilance accrue, une intrusion permanente dans la vie de leurs proches? On a vu ce que donnaient toutes les lois sociétales précédentes en France et en Europe, toutes présentées avec un emballage de merveilleux sentiments qui en empêchaient la contestation, sous peine de passer pour une brute fasciste rétrograde. L'avortement? Un moindre mal, vous voulez que les petites filles violées par leur propre père mettent au monde le fruit de la violence patriarcale intolérable? Que des adolescentes sans ressources crèvent sur la table des avorteuses? Non, bien sûr! Mais déchiqueter dans le ventre de leur mère des foetus de 3, 4, 6 mois et programmer les avortements en vue de la récolte des organes, vous le voulez? Eliminer les nouveaux-nés gênants, vous le voulez? Or c'est à cela qu'on en arrive maintenant, et en justifiant ces horreurs de la même manière. Même chose avec les homosexuels, ils ont bien le droit de vivre comme ils veulent, ces gens-là; et s'ils vivent ensemble, de se laisser l'un à l'autre un héritage, pacsons-les. C'est très raisonnable, rien à dire. Moi-même, je n'ai absolument rien contre eux et souvent, je les trouve charmants. Mais voilà qu'il faut aussi les marier, et même à l'église, leur confier des orphelins exotiques, pratiquer pour eux la GPA dans des usines à bébés en Ukraine ou aux Indes, ou faire porter leurs rejetons éprouvettes par leur propre mère. Et puis, si on les marie, pourquoi ne pas marier aussi les couples à trois, cinq ou six? Et comment encore supporter les survivances hétérosexuelles qui sont une insulte au progrès et à l'ouverture d'esprit? J'étais un garçon manqué, aujourd'hui, on pourrait me retirer à ma mère pour me couper les seins et me faire pousser la barbe. Je me souviens d'un homosexuel, dans les années 70 où tout était en germe, qui voulait absolument me convaincre que je l'étais aussi, car "tout le monde l'était", et seuls des pionniers dans son genre avaient le courage de le reconnaître. J'ai fini par lui demander: "Mais toi, tu coucherais avec une femme?

- Certainement pas!

- Eh bien moi non plus."

Alors je suis peut-être rétrograde, mais je suis très satisfaite que tout cela n'ait pas cours en Russie, et je propose à tous les rétrogrades de mépriser superbement les glapissements et les calomnies dont ils sont forcément l'objet dès qu'ils s'expriment, qu'ils y mettent ou non des formes, ils seront calomniés, ils seront vilipendés, leurs paroles seront travesties, leurs intentions mal interprétées, ils seront les vilains méchants, comme Douguine et sa fille qu'un intellectuel distingué est venu insulter sur ma page avec une magnifique suffisance.

Au delà de ces considérations, je discerne aussi dans ces publications et ces réactions, une espèce de fossilisation sur tous les clichés qui ont pu circuler sur la Russie depuis Custine et Gustave Doré. La Russie perçue comme une anti Europe, elle qui en a rêvé depuis Pierre le Grand, et jusqu'à nos jours, avec une grande et fatale naïveté. La Russie conservait une espèce de christianisme des cavernes, ou des catacombes, avec des ascètes, des fols-en-Christ, des moines errants et un décorum médiéval que n'avaient pas touché les Lumières artificielles qui avaient aveuglé tous les autres. Elle avait triomphé de la Pologne catholique et "européenne", dont on était forcément solidaire, ce qui amenait à noircir le vainqueur et à l'assimiler aux Tatars asiatiques dont il avait également triomphé, en les intégrant à son empire sans grande violence et en leur laissant leur religion et leurs coutumes. Il est vrai que si les Russes sont des Européens, et sans doute plus aryens que les autres, ils constituent un civilisation à part, disons que l'Europe est divisée en deux moitiés, la civilisation catholique et la civilisation orthodoxe, auxquelles il faut ajouter depuis la Renaissance la civilisation protestante qui nous a engendré la tuméur américaine... Mais la seule "civilisation " reconnue, c'est la civilisation catholique, qui meurt sous nos yeux de sa maladie protestante humaniste et progressiste. La Russie, en survivant au traitement de choc du communisme, est devenue une sorte d'insulte à ces pays mourant de leur propre enflure. Alors depuis que ce processus se poursuit, la Russie cristallise l'aborrhation des bien pensants.  

Ces perversions du discours se manifestent dans tous les domaines. Dans les années 70, si l'on n'était pas de gauche, cela signifiait qu'on était absolument insensible à la misère humaine, complètement soumis à la mentalité capitaliste, sauf que ma mère de droite était un ange de miséricorde, que bien des bourgeoises de gauche étaient sordides avec leur personnel et leur entourage, et que le socialisme a plus fait pour nous asservir complètement au capital mondialiste mafieux que la "droite", dont on se demande bien d'ailleurs où elle se situe dans la réalité. Mais tout débat était impossible, car ces gens, qui ricanaient de tout et surtout des "sentiments petits-bourgeois", savaient très bien jouer de la culpabilisation moralisante et de la pleurniche. Nous en sommes arrivés au point où toute discussion est impossible et toute dissidence pénalisable. Une espèce de maison de fous qui s'enferme sur elle-même pour conserver son ascendant sur ses pensionnaires, pareille en cela à toutes les dictatures délirantes que nous avons pu voir émerger et qui sont essentiellement de la même nature. Ces gens discutent de la dictature de Poutine, qui est un régime peut-être autoritaire, encore que... mais un régime qui nous fout la paix dans la vie quotidienne et ne nous empêche ni de penser, ni de parler, ni de nous réunir, ni de pratiquer notre religion, ni d'élever nos enfants à notre gré, sans voir où ils en sont eux-mêmes et comment ils vivent depuis quelques temps, infantilisés, terrorisés et endoctrinés, au lendemain de leur hystérie covidienne scrupuleusement répressive, avec des dissidents persécutés, vilipendés, réduits au silence et à l'indigence. Il est vrai qu'on leur a sans doute définitivement grillé les neurones avec le masque religieusement porté, dont on sait l'effet qu'il a sur le cerveau en le privant de la dose nécessaire d'oxygène...



L'Europe se transforme en maison de fous, nous explique Aldo Sterone. Sa vidéo est brillante, très drôle, enfin drôle... il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Ce sont souvent les gens venus de pays encore traditionnels qui ont les anticorps nécessaires pour discerner que le roi est nu. C'est pour cela que les musulmans et les orthodoxes trouvent un terrain d'entente.

 La reine d'Angleterre vient de mourir et, en dehors de toute considération, j'observe que je suis née l'année où elle a accédé au pouvoir et que ces trois quarts de siècle ont vu l'effondrement de son pays, et du mien, qui meurent avec elle. Thomas, le gendre français du père Valentin, écrit en guise d'épitaphe: "Crever en voyant Liz Truss accéder au pouvoir, quel monde de merde".

mercredi 7 septembre 2022

Information

Vous êtes vraiment bien informés au joli pays de la démocratie. Je voulais répercuter sur facebook le blogue noir de Brocéliande, qui m'a appris ce fait incroyable: LCI nie la manifestation du 3 septembre organisée par Philippot, et accuse les médias russes, qui la mentionnent, de fake news! Eh bien dites-vous que pour l'Ukraine, c'est le même topo, et depuis huit ans!

https://gaideclin.blogspot.com/2022/09/pire-que-la-pravda-lci-nie-lexistence.html?sc=1662455052216#c360416644782568899

Alors ce que raconte la presse "sérieuse", laissez-moi rire... Je ne sais pas comment tous ces journalistes pourris peuvent encore se regarder dans la glace, mais comme disait une de mes amies il y a déjà 30 ans, à propos de la gauche caviar, ils ont tellement l'esprit faussé qu'ils ne savent même plus qu'ils sont faux, et tous les miroirs autour d'eux sont déformants.

A ce propos, et dans la foulée du torrent de calomnies déversé sur Douguine et sa fille, voici des documents interessants, introduits par un ami sur vkontakte:

il y a bcp de publications intéressantes de l'OFPRA sur l'Ukraine, notamment sur Mirotvorets, les violences institutionnelles ou de milices fascistes envers les médias, les anciens militants des partis (des régions et communistes notamment), les bataillons neonazis etc.

https://www.ofpra.gouv.fr/fr/l-ofpra/nos-publications..

il y a aussi des textes sur les violences des milices "pro-russes" :il faut lire celui intitulé "Les milices séparatistes prorusses à Kostyantynivka
(Konstantinovka)" pour voir à quel point les violences imputés aux séparatistes sont négligeables par rapport à celles imputés au gouvernement ukrainien et surtout aux milices nationalistes.

J'ai lu avec intérêt une interview russe du père Placide. Elle est parue en 2013 dans la revue orthodoxe Neskoutchni Sad, et elle a été reprise par Pravmir. La version longue vidéo de l'interview a disparu de youtube, comme par hasard. Il reste les quelques minutes de bande annonce très explicites, avec des sous-titres russes. L'article s'intitule: "la France d'aujourd'hui, c'est l'URSS sans le goulag". Il préconise aux orthodoxes et aux catholiques de défendre la vraie tradition chrétienne, partout menacée. Il déclare: "Nous avons en France en ce moment un gouvernement qui veut détruire tout ce qu'il reste ici de civilisation chrétienne". Il précise aussi que l'Europe est terriblement déchristianisée, en grande partie à cause de la France et  de sa révolution. Et conclut en disant qu'il faut que tous les pays qui ont fait partie de l'Union soviétique et sont sous l'omophore du patriarcat de Moscou restent unis... 

http://www.pravoslavie.ru/63147.html

C'est sans doute dans cette perspective et aussi dans celle de l'islamisation croissante du pays, qu'il m'a conseillé de repartir avec tant d'insistance. 

Dans la continuité, j'ai vu une longue conversation entre deux intellectuels qui explorent les raisons de ce qui nous est arrivé, où cela nous mène-t-il, et le font avec honnêteté, dignité, finesse et humour, le meilleur de l'esprit français, un succulent concentré:



Il s'agit de Paul-Marie Coûteau et Eric Verhaeghe. Quand ce dernier évoque la façon dont il a, du jour au lendemain, été exclus de la société de la gauche bobo qui l'avait  tout d'abord trouvé sympathique, pour le seul fait que lui, authentique prolo, n'avait pas fait grève au moment des réformes de Devaquet, cela m'a vraiment rappelé des souvenirs. Qui plus est, il dénomme comme moi la Caste ce conglomérat de parasites prétentieux plus ou moins artistes et intellos, de journalistes et de politiciens qui s'est emparé du pouvoir et règne par l'ostracisme, la calomnie et l'humiliation. Enfin jusqu'à présent, parce qu'en réalité, on peut commencer à se demander si l'absence de goulag ne va pas de plus en plus être compensée par un terrorisme ciblé, au moyen de n'importe quel bas-de-plafond islamiste ou nénonazi, selon les latitudes, ainsi qu'on le présente ici: Ukraine : Exécutions extra-judiciaires - liste des cibles à éliminer (reseauinternational.net)

Eric Verhaeghe regrette que l'Eglise catholique n'appelle pas assez ses ouailles à la transcendance, ce qui rejoint le voeu du père Placide, mais lui-même n'est pas croyant. Je me demande si cet esprit français, dans son cas et celui de son interlocuteur, si brillant, si délectable, n'est pas un obstacle à la vie intérieure, car j'avais une tante intelligente et érudite qui n'a jamais pu croire non plus, en dépit de sa certitude que la disparition de la foi entraînait avec elle la disparition de notre peuple. Personnellement, si j'ai envie d'applaudir en écoutant une discussion de cet ordre, j'ai senti dès mon adolescence que je n'avais pas cet esprit-là. Car exclue par la gauche bobo, je n'étais pas forcément sur la même longueur d'ondes que ce qu'on appelle l'intellectuel de droite, dit de droite parce que tout ce qui n'est pas de la Caste est ainsi désigné. Ou stigmatisé. J'ai quelque chose de fervent et de lyrique qui explique sans doute mon rapprochement avec la culture russe.

J'ai vu Katia qui m'a parlé d'une cousine, née dans les pays baltes, puis partie en Finlande pour fuir la russophobie, mais elle la rattrape à présent, car les Finlandais, que les Russes n'ont absolument aucun désir d'envahir, sombrent dans la même imbécilité caverneuse, à croire qu'en effet, comme dit Douguine, les occidentaux sont possédés. Ses filles se font insulter à l'école; elle-même a toutes sortes d'ennuis. Du coup, elle songe à revenir en Russie, où elle n'a jamais vécu, puisqu'une grande proportion de Russes se sont trouvés coupés de la mère patrie par le découpage de gâteau des années 90, afin que pillards occidentaux et oligarques félons pussent se servir sans problèmes. "Nous ne sommes pas comme ça, me dit Katia. Quand nous voyons quelqu'un, nous ne nous demandons pas de quel pays ou de quel milieu il vient, mais s'il est une personne convenable". Et de fait, même ressortissant des "pays hostiles", aucun étranger dans mon périmètre n'est traité ici comme on traite les Russes en occident.


 

dimanche 4 septembre 2022

Dania dépote.

 


Hier soir, c'était le concert de Dania, Danil Voronkov, le roi de la balalaïka, au bar du café. Dania connaît bien la tradition populaire, mais il s'est si complètement intégré l'usage de la balalaïka qu'il l'utilise de façon parfaitement contemporaine et parfaitement organique, c'est un prolongement de lui-même, et il se donne à fond, il réveillerait un mort, je ne sais même pas comment il tient, il faut dire qu'il a 28 ans.... Les gosses étaient particulièrement séduits. C'était un peu trop bruyant pour l'exiguité des lieux, et ma chienne en souffrait, cela la rendait grognon.

Le concert s'est poursuivi à l'extérieur, et après un petit moment dehors, je suis partie, car j'avais pitié de Rita et puis je me rends compte que moi-même, je fatigue. Il y a cinq ans, j'aurais peut-être un peu dansé, la musique m'en donnait envie, mais le corps ne suit plus. Gilles a tendu des guirlandes d'ampoules muticolores par dessus la terrasse de son bar, c'était joli, et il faisait beaucoup plus frais, mais on pouvait encore tenir dehors sans grelotter. Il y a encore trois jours, je passais là ma dernière soirée d'été avec Katia, Dania, et des cinéastes d'Oulianovsk, en robe légère, dans la douceur de la brise...





La peinture de la maison est quasiment finie, et je la trouve vraiment transfigurée. Elle paraît moins énorme, le fronton plus proportionné. La verdure et les fleurs ressortent mieux. J'ai vu à l'église de nouveaux voisins, une famille moscovite récemment installée, ils m'ont dit qu'elle leur réjouissait les yeux quand ils passaient devant. Ils ont de très jolis enfants, très typés russes, blonds et bouclés, Micha et Kolia. Au concert, j'ai beaucoup surpris le petit Kolia en saisissant le papier enroulé dont il se faisait une lorgnette, pour coller mon oeil de l'autre côté! 

L'office a été suivi d'une prière d'intercession pour la sauvegarde de la création de Dieu, selon les instructions du saint Synode. J'ai tout le temps envie de pleurer, sur la Création de Dieu, sur les victimes des manoeuvres démoniaques qui ont engendré la situation en Ukraine, et celle qui s'installe en Europe, sur les miens, morts et vivants. J'ai parfois aussi envie de pleurer de joie, ou d'attendrissement sur les uns et les autres. Le père Andreï, le roi des homélies, a parlé du jeune homme riche de l'évangile du jour, celui qui est bien sympa mais ne se résout pas à tout quitter pour suivre le Christ. "Que cela ne vous décourage pas, a-t-il conclu, car je vous le dis en tant que prêtre, nous sommes tous le jeune homme riche, et le Christ le sait bien, Il nous connaît. Il est plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume des cieux qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, mais rien n'est impossible à Dieu..." Heureusement, car il y a des renoncements dont j'ai été et suis encore incapable.

Je me sens en famille, à la cathédrale. La femme du père Vassili m'a demandé quel gâteau je lui conseillais de prendre au café la Forêt! Je deviens le guide Michelin de la pâtisserie.

Un correspondant m'a mis en commentaire: Daria, sors de ce corps! C'est vrai que j'ai été très sensible à la mort tragique de cette jeune femme, une mort si injuste, donnée par des gens si horribles. Et elle m'est proche par son idéalisme radieux, d'autant plus que si elle se considérait comme un petit soldat de la cause de la tradition et de la sainte Russie, j'avais eu, il y a de cela bien longtemps, lors de mon retour en Russie en 1990, l'impression que commençait un combat spirituel titanesque et eschatologique où nous serions tous recrutés par Dieu, appelés à Son service, que nous ne pourrions pas nous tenir à l'écart. 

Le chagrin suinte de la page de Douguine, quels que soient les efforts qu'il fait pour le surmonter, le transfigurer, et cela m'emplit d'une compassion infinie. Perdre un enfant avec qui on avait une telle complicité, en lequel on avait investi autant d'espoir et d'amour, que peut-il y avoir de pire?