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mercredi 3 juillet 2024

L'ïle Thélème

 


Mon voyage à Moscou a été un véritable marathon. Il fait une chaleur terrible, enfin une chaleur digne du Gard, et ma clim ne marche pas. Je suis partie tôt, mais le soleil se levant à trois heures du matin, pour cause de jour polaire, il a le temps de chauffer... A l’arrivée, Rita s’est cachée sous une voiture, je n’arrivais plus à la récupérer. En fait, elle souffre beaucoup de la température, sa fourrure, après son opération, repousse à vue d’oeil, épaisse et soyeuse, mais avec son coeur fragile, ce n’est pas un avantage, et je vais la faire tondre façon ourson, pour qu’elle passe l’été sans crise cardiaque.

Je l’ai mise chez le père Valentin, et je suis partie à l’église, mais je n’ai pas eu le temps de repasser la voir. Je suis allée voter puis je suis revenue dans un appartement torride, car il est exposé au sud et chauffé en permanence par le système d’eau chaude. Je n’ai dormi que trois heures. Liéna m’a dit que Rita avait eu une sorte d’attaque, elle n’arrivait plus à respirer, j’ai connu cela avec Jules. Le lendemain, je devais aller à la banque, puis déjeuner avec quelqu'un, récupérer ma vielle, et foncer au vernissage des Messerer. Rosbank fusionne avec Tinkoff et ma conseillère se fait virer comme une malpropre après 18 ans de bons et loyaux services. Tinkoff sera une banque entièrement électronique sans agences, pas pour moi. 

J’ai ensuite rallié la « Chaussée des Enthousiastes », où se trouve le studio de Skountsev, en retard d’une heure. «Vas m’attendre au centre commercial, il y a des cafés ». Le centre commercial était parfaitement sinistre, avec une population cosmopolite d’asiates divers, habillés des mêmes fripes minables et ridicules dont on s'affuble partout et qui nous défigurent tous. J’y ai acheté des chaussures d’été qui, contrairement à ce qu’il m’avait semblé, ne sont pas confortables du tout, parce qu’on y transpire abominablement. Heureusement, j’avais laissé Rita chez une amie, qui n’était pas là, et elle a la clim dans son appartement. Mais j’y pensais sans arrêt, je me faisais du souci pour elle.

Skountsev avait un air de faux témoin, la vielle sonnait bizarre, il faudrait refaire le clavier, mais il ne voulait pas empiéter sur le travail de Joukovski. Je lui ai raconté le concert avec Kotov, il a éclaté de rire : « Mais il a un caractère de cochon et la grosse tête, c’est bien connu ! » J’étais si fatiguée que j’ai pris un taxi pour aller au vernissage des Messerer, qui était dans le même genre de quartier trépidant, en travaux perpétuels, que le studio de Skountsev. C’était dans un loft, un truc à la mode au milieu des bâtiments industriels. L’exposition était magnifique, avec des éclairages savants qui faisaient scintiller des tableaux déjà chatoyants par eux-mêmes, car Anna Messerer utilise de l’acrylique métallisé, on dirait des vitraux ou des joyaux. Ses tableaux et ceux de son mari ne rendent pas en photos, et il faut les voir de loin. Il y avait un concert, et je rongeais mon frein, car j’avais décidé de partir le soir, avec Maxime, pour éviter à Rita un voyage trop éprouvant. Deux jeunes filles, une pianiste et une violoniste, jouaient des pièces de Debussy. Quelle étrange impression m’a faite cette musique si typiquement française, dans ce loft moscovite, avec toute cette capitale de la vieille Russie défigurée par cent ans de progressisme hagard tout autour... Bien sûr, l’impressionnisme de Debussy répondait bien à celui des Messerer, mais le leur était russe, le public russe, les interprètes aussi, il me venait à l’idée que cette culture, la mienne, celle qui me rappelle tant la France, sa poésie particulière, sa douceur de vivre, ne serait bientôt plus appréciée, justement, qu’ici, dans un pays dont elle est si loin, et qui l’adore envers et contre tout. Le loft devenait pour moi une sorte de vaisseau spatial, où les survivants d’une catastrophe planétaire éventuelle, écoutaient la musique d’un monde disparu.

Anna Messerer voulait absolument me faire jouer de la vielle, je protestai qu’elle était hors service, mais impossible de se dérober. La vielle est vraiment un instrument étrange, car sur place, elle s’est mise à résonner tout-à-fait normalement, j’ai chanté une chanson française et une chanson russe devant les Messerer et le public ravis.

Puis j’ai foncé chez mon amie récupérer mes affaires et Rita. Son fils, qui se caractérise comme un Arabe russe au coeur français, prenait un cours de français avec la voisine, qui le parle très bien. Il veut partir en France, où il est né, d’un Marocain sans papiers, et se figure que la France est le paradis de la démocratie, alors qu’ici, nous vivons dans des ténèbres barbares. Je pensais à ce concert de Debussy dans le loft, dans le vaisseau spatial de « l’île Thélème », en français dans le texte, c’est comme cela que s’appelle la galerie. Le meilleur de la France se fait la malle, ou se terre dans de nouvelles catacombes, bonne chance...

Nous sommes arrivés de nuit, avec Maxime, et comme il a pris le volant, il m’a permis de constater que ce n’était pas moi qui n’y voyais plus rien, mais ma voiture qui avait un défaut, car il n’y voyait rien non plus. Les rétroviseurs sont aveuglants, la lumière des phares trop faible et impossible de la régler. La femme de Gilles m'a dit que de toute façon, le marquage routier étant déficiant, personne n'y voyait rien la nuit.

Le lendemain, j’ai vu arriver Ioulia, la fille de mon ami Slava, qui est mort, il y a un an. Elle voulait aller se baigner au lac, et s’il n’était pas assez profond pour vraiment nager, à l’endroit où elle va, c’était d’une beauté féérique, avec des reflets d’or sur l’eau bleue, un azur énorme qui rappelait la mer, et les monastères au loin, comme des cités irréelles. Puis ce matin, nous sommes allées à la rivière, qui était fraîche et propre, je nageais sous les volutes des hirondelles, et l’écume des saules, argentée et frémissante, comme si l’eau se soulevait en gros nuages verts et ondoyants, de colossales et mouvantes sulfures.

J’ai eu récemment la surprise de voir Vitali me recontacter, je n’ai pas compris comment il m’avait retrouvée. C'est un artiste que j'ai connu  jeune, beau et très sexy. Et très fauché. Il m'est arrivé plusieurs fois de lui avancer son loyer, bien qu'il vécût avec une cougar qui ne lachait pas les billets aussi facilement que moi. Il voulait être riche, il aimait le luxe, il voulait avoir une famille et des enfants. Et il y est arrivé d'un seul coup, en travaillant pour un vendeur de tableaux. J'avais appris qu'il avait un appartement dans un des plus beaux quartiers de Moscou, il travaillait dans un magasin d'antiquités de haut vol, il allait fréquemment à Paris... Je ne sais comment il a su que j'étais ici et m'a retrouvée. Il a maintenant cinquante-sept ans, il est toujours riche, marié, et il a un enfant, enfin il en a deux, nés au même moment, mais apparemment, l’une des deux mères l’a emporté sur l’autre ! Son gamin doit avoir douze ans. Sa femme la quarantaine. Il lui trouve le type français. Il brûle de me revoir. J’étais émue d’en avoir des nouvelles et contente pour lui que sa vie ait bien tourné, il voulait être riche et avoir une famille, c’est fait. Mais je n’avais pas le temps de le rencontrer, et je n’ai pas envie de courir le voir à sa datcha des environs de Tver, il essayait déjà de me convaincre de déménager, là bas tout est intact, beau, plein d’artistes peintres... Oui, mais déménager à l’intérieur de Pereslavl me fait déjà peur. Alors partir là bas... N’empêche que je suis touchée par l’affection que me conserve cet être séduisant et débauché, qui gardait la nostalgie de la pureté et s'est acheté une conduite!


Sur une page consacrée aux vieilles photos russes, je suis tombée sur celle d'un jeune couple, à l'expression si intense et si pure que j'en ai été bouleversée. Un ami a noté au dessous que c'était juste le long temps de pose qui leur donnait cet air-là, et cela me chagrine de sa part, car toutes les vieilles photos ne dégagent pas cela, bien que ce long temps de pose révélât beaucoup mieux les âmes des modèles que les instantanés qui ont suivi, Milan Kundera a écrit là dessus des réflexions pénétrantes. Je vois encore de beaux visages en Russie, les Russes constituent une race particulièrement belle, mais cette qualité d'expression apparente sur les photos anciennes et dans les vieux films n'est plus toujours sensible, comme dans tous nos pays travaillés par le progressisme, le consumérisme et l'ingéniérie sociale, c'est-à-dire passablement dégradés à des degrés plus ou moins irrémediables.


Je recommande vivement cette vidéo de l'excellente émission Géopolitique profonde, à écouter un peu entre les discours, on ne peut visiblement pas tout dire. A part quelques petits points de détails, elle me paraît faire de la situation un tour d'horizon complet et pénétrant, modéré et objectif, réaliste. Certes, les Français de bonne volonté n'ont pas toujours une bonne compréhension de la mentalité russe, mais ils ont aussi parfois le recul nécessaire pour voir la situation sans se laisser emporter par les émotions. Curieusement, je ne peux la partager directement, je ne peux qu'en donner le lien. Elle est sans doute trop véridique... Il faut se dépêcher de la  regarder.

https://www.youtube.com/live/qqvCui2uxQ4?si=adjb9nwr2sfMc5--

Je recommande également cette émission sous-titrée en français qui explique bien le point de vue philosophique et spirituel recouvert par l'expression "le monde russe".


Mon père Valentin m'a dit: "Poutine ne sauve pas seulement la Russie, il sauve le monde, les gens ne se rendent pas compte de l'ampleur de la tâche et de la puissance du mal auquel il s'est attaqué".

Enfin, je terminerai par un commentaire que j'ai laissé moi-même et qui a eu un écho auquel je ne m'attendais pas:

Cette émission m'a beaucoup intéressée par les renseignements qu'elle donne, cela dit, je ne pense pas que les Russes font la guerre pour "laver l'affront de la chute de l'URSS", et je suis tout cela depuis longtemps, sans être politologue, et j'ai vécu longtemps en Russie, j'y vis actuellement. Affront ou pas, les Russes n'avaient pas envie de faire la guerre, même Poutine n'en avait aucune envie, sinon il n'aurait pas conclu les accords de Minsk ni calmé la résistance du Donbass. Contrairement à l'idée répandue chez les occidentaux, les Russes ont horreur de la guerre, ils ont encore le souvenir de la guerre de quarante, et c'est un pays convalescent. En revanche, d'après mes observations personnelles, "l'occident collectif" la voulait absolument, et il a tout fait depuis la chute de l'URSS pour la provoquer en utilisant l'Ukraine, la Géorgie, tout ce qu'il pouvait. Dès les années 2000, je remarquai avec surprise que les monuments à la WaffenSS dans les pays baltes passaient crème alors que bien moins que ça, en France, aurait déclenché un tollé affreux. Dès ces mêmes années, je remarquai aussi la propagande russophobe en Ukraine, et en Europe occidentale aussi, d'ailleurs. Je craignais cette guerre depuis trente ans. Depuis la guerre du Golfe, où j'ai vu que, même si l'URSS n'était plus un "danger", l'OTAN subsistait et que nous allions en Irak au signal américain, alors que nous n'avions aucun intérêt à le faire. Les Russes auraient pu, ou dû intervenir au Donbass bien avant. Il s'y passait depuis 2014 des choses révoltantes. Ils se sont contentés des accords de Minsk, qui étaient une arnaque, et il me paraît difficile de croire qu'ils ne s'en rendaient pas compte. Peut-être ne pouvaient-ils pas alors faire autrement, économiquement et militairement, et puis il y a en Russie des partenaires idéologiques ou corrompus de l'occident. Les Russes autour de moi qui se battent ou soutiennent les combats avec conviction le font pour les populations du Donbass, et pour eux-mêmes, car ils ont conscience qu'il s'agit d'une guerre existentielle et qu'on leur veut la peau. Ils le font aussi pour un certain type de civilisation contre un autre, ou plutôt contre son absence totale, l'Europe woke n'étant pas un modèle à suivre, à l'exception de l'occident, tout le monde est d'accord là dessus, les "valeurs" de Macron and co, personne n'en veut. Le Donbass n'avait pas plus envie de faire la guerre que la Russie, mais il y a été contraint par le comportement de Kiev, et il se peut que la Russie dans son ensemble, je ne dis pas les grandes villes, où le public libéral est plus présent, finisse par se transformer en grand Donbass, si les choses tournent mal. Mais je ne pense pas qu'on en arrive là, ou alors, cela tournera très mal pour l'Eurasie entière. Enfin là où je suis, je ne sens aucune terreur policière, on vit normalement. Pour ce qui est des territoires récupérés, je n'ai pas eu écho d'actions répressives du "KGB", bien que naturellement, on puisse être là bas à l'affût des trahisons possibles, et cela se conçoit, quand on pense que Daria Douguine a été assassinée à Moscou, par exemple.
Moins
9

La grandeur du niveau de ton analyse pourrait te faire asseoir à la table de ces deux jeunes généraux de division de l'information et du renseignement du champ de bataille. Tous mes respects.


mercredi 26 juin 2024

Blousons noirs

 

dauphinelles

Je me remets à dessiner, pour profiter de la belle saison, qui m’est considérablement gâchée par les pétrolettes des petits débiles. Comme j’en parlais à Katia, elle m’a dit : «Ils exaspèrent et terrorisent la ville entière. Des gens s’en plaignent sur tous les sites internet, et ils les narguent, ils répondent qu’ils s’en fichent et continueront de toute manière. Ils font du rodéo sur le val, l’ancien rempart, ils ne nous laissent plus vivre. Je n’ai jamais compris comment on pouvait prendre tant de plaisir à faire du bruit en nuisant à tout ce qui existe autour.
 Dans un village des environs, les gens se sont tous ensemble adressés à la police, et ils n’y vont plus.

- Il faudrait faire pareil. Quand je pense que tant de garçons merveilleux meurent au front, la fleur du pays. Et ceux-là empoisonnent impunément la vie de toute une ville... Il faudrait les envoyer là bas, ne serait-ce que comme brancardiers, ça leur remettrait les idées en place, si c’est l’adrénaline qui leur manque. »

Dans un sens, j’ai l’espoir que ce sabbat prenne fin, parce qu’obligatoirement, ils vont faire une grosse connerie, ou bien quelques types musclés et furieux vont les ramener à de meilleurs sentiments. Mais dans l’autre, cela m’effraie qu’à Pereslavl apparaissent les problèmes des banlieues françaises, c'est tout de suite à cela que Katia a fait référence. Que des ados rétrécis du bulbe oublient le respect dû aux autres sous l'effet de la testostérone peut à la rigueur se comprendre, mais qu'ils narguent les gens qui s'en offusquent n'est pas bon signe. J’ai vu que dans je ne sais plus quel coin de Russie, une étudiante avait invité deux garçons et une fille de son âge pour fêter son diplôme et ceux-ci l’ont abominablement torturée, ont filmé la chose et tenté de travestir ce meurtre en suicide. D’où sortent de pareils monstres ? On dirait qu’ils surgissent de partout, dans tous les pays, une vraie folie.

Avec Katia, nous commencions déjà à envisager de nous retirer quelque part, de fonder une petite communauté avec quelques candidates à l'immigration, de chercher la paix, comme dans mon livre «Epitaphe »...  J’aime chaque buisson, chaque plante de mon espace, mais je supporte de plus en plus mal l’entourage qui me cerne. 

Y en a marre, n'est-ce pas, Moustachon?


Au fond, bien que je ne regrette pas d’être partie pour toutes sortes de raisons, j’ai la nostalgie de la France, des miens, des lieux de mon enfance. Et d’autant plus qu’ici, on en est déjà, comme l’a remarqué Thierry Messian, au stade ultérieur, ce qu’il considère comme positif, et dans un sens, ça l'est. La révolution bolchevique a tout ravagé, puis sont venus les joyeux capitalistes apatrides essayer de rafler le butin que Staline leur avait ôté des griffes en gagnant la guerre et en fermant les frontières. Et la perestroika a obligé les gens à trouver des moyens de survivre au sein du désastre, alors qu’en France et en Europe, le désastre n’en est qu’au début, et les gens n’y sont pas du tout préparés. La constatation de Thierry Messian correspond à ce que j'avais ressenti dans les années quatre-vingt-dix : la Russie était terriblement abîmée, il fallait en chercher pieusement les débris au sein du béton lépreux et des magasins vides. C'étaient les églises timidement renaissantes, les maisons d’autrefois encore épargnées, la culture, moins endommagée par le communisme que chez nous par le consumérisme et le gauchisme, et les gens qui s'y cramponnaient pour retrouver leur mémoire et le courage de vivre. J’avais l’impression qu’au moins, ce monde russe défiguré par la modernité sous sa forme communiste, ne me mentait pas et qu’il y renaissait quelque chose. Alors que notre petite France encore bien sauvegardée n’était plus qu’une façade et que la paix qui y régnait était celle des cimetières. Ses « élites » n’avaient plus qu’une idée : l’achever, la brader, l'humilier, la prostituer à tous ses taureaux d’importation.

Le métropolite Jonathan a été libéré contre rançon et expulsé d'Ukraine, il a été reçu par le patriarche Cyrille à Moscou, il ne mourra pas d'un infarctus dans les geôles du SBU. Le père Nicolas, assassiné au Daghestan, a été enseveli. C'était un prêtre très aimé. Il avait soixante-six ans, des enfants et des petits-enfants.

le père Nicolas, nouveau martyr

 Ce soir, j'ai bu un coup sur la terrasse avec mon locataire Aliocha. Il faisait beau, après l'orage, un ciel lavé par la pluie, une brise légère, et je voyais fleurir ma première hémérocalle de l'année, dont le calice orange et brûlant était du plus bel effet auprès des étoiles bleues d'une dauphinelle illuminée par la lumière du soir. Aucune moto, aucune radio, aucun camion, une paix lisse et douce, presque mystérieuse dans sa rareté.


 

 

 

 

 

lundi 24 juin 2024

Pentecôte


 Le jour de la Pentecôte, l'icône de la Trinité de Roubliov a été restituée à la Laure de la Trinité-saint-Serge, et a repris la place qu'elle occupait avant la révolution. 

Ce même jour, avec leur bassesse habituelle, les "Ukrainiens" de service ont bombardé une plage de Sébastopol, faisant plusieurs victimes parmi les paisibles vacanciers qui se trouvaient là. La guerre aux civils se pratique depuis le Maïdan. Une guerre de lâches et de canailles.

Ce même jour, un prêtre a été égorgé au Daghestan, un homme estimé de toutes les confessions locales, sans doute pour créer des tensions entre les communautés. Un nom de plus sur la longue liste des Nouveaux martyrs de Russie 


le père Nicolas, nouveau martyr

Le jour du saint Esprit. Or les péchés contre l'Esprit sont les seuls qui ne puissent être pardonnés.


J'ai vu ensuite un encart annonçant l'apport de 300 000 migrants par an en Ukraine, enfin ce qu'il en restera, pour compenser le déficit démographique. On fait passer sans états d'âme les habitants historiques du pays à la moulinette, et après, on importe des esclaves et des consommateurs exotiques, quand je disais que l'Ukraine était le laboratoire de l'Europe...

Un programme qui va plaire aux nationalistes à croix gammées.



On dirait qu'après quinze jours de pluies tropicales, nous sommes passés à l'automne. Cela n'est pas désagréable, il fait frais, mais il y a du soleil, de la lumière, et je resterais dehors si je n'avais d'un côté la radio, de l'autre la scie à métaux et les engins, et en face les pétrolettes déchaînées de cinq ou six ados qui ne cessent de les faire ronfler sur place, d'aller et venir, tout contents de se sentir les rois du quartier par le pouvoir qu'ils prennent d'emmerder le monde avec un feu d'artifice au cul. Le gamin d'en face est un gentil garçon, mais sous la pression de ses copains, à qui il ne veut certainement pas déplaire, il devient comme eux, soit un petit pignouf, c'est l'histoire de la plupart des gamins, et l'écueil de la plupart des éducations, quand la société devient stupide, il est très difficile d'aller contre. La femme de mon locataire, venue pour le week-end, m'a dit que là où sa mère avait sa datcha, c'était pareil. Les maisons, d'anciennes cabanes de pêcheurs, y sont très près les unes des autres. Les pêcheurs savaient vivre et ne voulaient pas effrayer le poisson, mais leurs descendants se conduisent comme des butors, la radio du matin au soir et même la nuit, et toutes les canalisations qui se déversent dans la rivière, plus les bateaux à moteur dont les vagues détruisent les berges. Ce mouvement d'avilissement et d'abêtissement est mondial et n'épargne personne. Quand les gens perdent le contact avec le cosmos et son Créateur, ils se muent en cochons et font de leur environnement un cloaque. Je n'ai pas le courage de déménager, mais j'en rêve, tout en plaignant mon jardin, dont j'aime chaque plante et chaque petite bête, à l'exception des moustiques, des taons et autres malédictions. Je me sens responsable de mon microcosme au sein de la profanation permanente, mais voir gâcher le peu de jours d'été qui me demeurent praticables, alors que je n'ai pas une réserve inépuisable de belles saisons devant moi, m'afflige. 


Il est vrai que je pourrais avoir des bombes à la place des pignoufs à motos et des pignoufs à radios, il n'est d'ailleurs pas exclu qu'elles leur succèdent.

Un blogueur est venu encore m'interviewer. Il me demande si la Russie risque de devenir comme l'Europe. Oui, bien sûr, et beaucoup de gens s'emploient à réaliser ce programme, mais comme je crois en Dieu et en sa providence, j'espère qu'elle sauvera ses valeurs fondamentales et sera, malgré ses beaufs post-soviétiques et ses motocyclistes, l'arche de salut pour les derniers Européens fidèles à leur culture, à leur mémoire et à leur histoire. En dépit de ce qui me consterne ou m'irrite, il y a beaucoup de réserves de sincérité, de courage, de bonté et de foi chez les Russes, on trouve même encore parmi eux des matryrs, des saints, des prophètes et des héros, des poètes et des artistes. La victoire me paraît fonction du triomphe de ces qualités sur les défauts importés et encouragés, du bien sur le mal, de la mémoire sur l'oubli, de la noblesse sur l'ignominie, de la générosité sur la cupidité et de la beauté sur la laideur. 

vendredi 21 juin 2024

Trombone

 


С'est déjà le 21 juin, qui coincide presque avec la Trinité, et voilà, maintenant, les jours vont diminuer, nous basculons dans l'autre sens. Comme aujourd'hui il ne pleuvait pas, qu'il n'y avait pas de moustiques, mais du vent et un soleil intermittent avec de gros nuages, j'ai pu faire un dessin sur la terrasse. Il n'y avait pas non plus la radio du voisin, ni les travaux un peu partout, mais quand même les abominables motos pétaradantes. Enfin on pouvait considérer que c'était à peu près calme, et côté maison d'Ania, cela reste encore beau.. 

Skountsev donne aujourd'hui le concert de ses soixante-dix ans, et je n'ai pas été foutue d'y aller. Je soigne Robert, qui a un oeil malade, et ne se laisse pas faire du tout, coup de bol, il est si glouton qu'il avale sans problème sa pilule avec un supplément de pâtée. Je soigne aussi Rita, qui a de petits problèmes cardiaques, et cela m'oblige à rester ici, pour ne pas faire de bêtises avec ces deux traitements. De plus, je me suis fait piquer par des saloperies, je crois que ce sont des espèces de moucherons noirs embusqués dans les broussailles, il y en avait aussi à la Surelle, chez mon beau-père. C'est pire que les moustiques et les taons réunis, cela laisse d'énormes bouffioles douloureuses pendant des jours, j'ai été piquée au bras, et à l'oreille, ce qui est le pire, j'ai une oreile d'éléphant, et elle me fait mal. Donc pas vraiment le moment d'aller à Moscou. 


Les spitz ont souvent des problèmes de coeur, mais j'espère, en la soignant, faire durer Rita jusqu'à treize quatorze ans... C'est déjà bien qu'elle ne commence à en souffrir qu'à onze ans. Rita s'est prise d'affection pour un mouton en peluche que Sérioja le balalaiker m'avait offert il y a très longtemps. Elle le garde avec elle dans son panier, elle le lèche, elle s'endort dessus. Joulik aussi avait un doudou...

J'ai fini l'Archange saint Michel promis au père Ioann, mais il faut le laisser sécher. Je lui ai envoyé la photo, il est très content, mais je ne pourrai sûrement pas aller à son église dimanche, car l'office de la Trinité est long, il commence chez lui plus tard, et j'ai une visite de blogueur dimanche après midi, il vient me filmer avec tout un tas de gens qui me poseront des questions. "Et comment vous remercier de votre peine?

- C'est-à-dire? 

- Eh bien que pouvons-nous vous offrir?

- Vous pouvez commander mon roman chez Ozon et laisser une appréciation!

- Vous écrivez des romans? Comme c'est intéressant, nous serons ravis de nous les procurer!"

Sur le tard, j'apprends à souffler dans mon trombone, ma chère tante Jackie... J'ai toujours eu du mal à le faire, mais comme tu le disais si bien, personne ne le fera à ma place.




jeudi 20 juin 2024

Petite séance de puzzle

 


La mafia de sociopathes qui gouverne l’occident veut absolument la guerre, une bonne guerre générale, atomique, qui dégage un maximum de gens, la boucherie ukrainienne dirigée par le petit homme vert-de-gris ne lui suffit pas. On dit aux Français que Poutine veut conquérir toute l’Europe ou pourquoi pas le monde entier, c’est du délire absolu. Poutine voulait calmer le gnome, il y était presque arrivé, on a envoyé le clown sinistre Boris Johnson pour tout foutre par terre: il fallait du sang pour le bal des vampires. Poutine a fait récemment un discours raisonnable appelant à la paix, pourvu qu’on reconnaisse l’annexion des territoires jusqu’à la frontière naturelle du Dniepr, et que l’Ukraine n’entre pas dans l’OTAN. Les patriotes purs et durs que je connais le traitent de traître, et même des Français le trouvent mou, mais je pense qu’ils se sont toujours trompés sur lui, ils l’ont pris pour le pendant russe de Rambo, ce n’est pas du tout le cas, c’est un astucieux et un négociateur, le problème est qu’il est impossible de négocier, le porte-parole de l’OTAN ayant répondu à cette offre de paix comme s’il avait entendu tout autre chose, c’est-à-dire une déclaration de guerre agressive, et il y répond de façon hystérique et insensée, en clamant des incantations destinées à la presse et à ses lecteurs hagards. J’ai écouté la conférence d’un général qui remet bien les pendules à l’heure mais il n’a naturellement pas accès aux médias de grande diffusion qui sombrent dans une infamie et une bêtise absolument abyssales, et comme ils ont décérébré les gens pendant cinquante ans, et qu’on a supprimé les travailleurs indépendants, capables de bon sens et de pensée personnelle, cela marche encore trop bien pour que la population dans son ensemble saisisse tout le danger de la situation et la malfaisance de ses dirigeants. Le général Pinatel dit que si Poutine annexait au delà du Dniepr, il ne pourrait pas contrôler une frontière de plaine ouverte sur 400 km sans y entretenir des troupes importantes en permanence, il est bien évident qu’avaler encore la Pologne, la Roumanie ou pourquoi pas, toute l’Europe ne lui apporterait rien du tout, même Staline ne l’aurait pas fait, une fois installé son glacis de l’Europe de l’Est... Contrairement à ce qu’affirment des patriotes ici, il considère que la Russie est très bien armée. Mais que d’un autre côté, la bombinette française, tant raillée au temps de De Gaulle, peut quand même faire 80 millions de morts. Et elle est entre les mains d’un taré que manipulent des gangsters fous de pouvoir, de rancoeur et de cupidité frustrée. Mais sans un sursaut des populations que je crois 
difficile d’attendre, on a vu avec le covid et l’invasion migratoire qu’elles acceptaient n’importe quoi, la caste maudite ne se calmera jamais. 

Je recommande vivement cette vidéo.https://odysee.com/@JacMas48:f/G%C3%A9n%C3%A9ral-2s-Jean-Bernard-Pinatel-Cette-gu_87:3

Parallèlement, j'ai vu un spécialiste russe, dans une émission sur une chaîne communiste, faire un bilan du covid. Il se félicite que le traité de l'OMS, qui nous livrerait tous pieds et poings liés à cette organisation mafieuse aux ambitions hégémoniques, n'ait pas été signé par la Russie, et par beaucoup d'autres pays, d'ailleurs. Néanmoins, on a assisté, d'une façon atténuée, à tous les phénomènes inquiétants constatables en occident. Les médecins de plateaux qui n'étaient pas des infectiologues mais venaient délivrer la bonne parole de ceux qui les paient. La vaccination sous la contrainte, les mesures impératives et vexatoires. Xavier Moreau lui-même avait souligné les imbrications des labos russes avec le Big Pharma américain.Il est à présent difficile d'évaluer les effets secondaires du vaccin, car on a décrété que les publier serait une violation du secret commercial! Le spécialiste estime que la maladie mal soignée plus les effets du vaccin ont fait autant de dégât qu'une bombe atomique. Il parle de la grande corruption de l'OMS et de ses complices locaux, et de la nécessité de réprimer sévèrement tous ces criminels. Il est convaincu que le covid est une arme biologique pour asservir les populations et évoque tous les labos implantés en Ukraine ou en Géorgie, aux portes de la Russie. Il dit qu'en soi, il n'aurait pas fait énormément de victimes, si on n'avait pas interdit les médicaments efficaces pour les remplacer par des ersatz sans effet, exactement comme en occident. En cas de "maladie X" lâchée sur nous par les mêmes malfaiteurs, il préconise de ne pas s'affoler, et de se fabriquer une immunité, sans en passer par où ils veulent. 

Cela étant, j'en discutais avec une amie plus au fait que moi de tout ce qui concerne la question, elle estime que les Chinois et les Russes ont été frappés par un mal différent de celui qui a sévi en occident et qu'ils ont été sans doute pris de panique en se voyant génétiquement ciblés. Je me souviens que Slobodan Despot supposait la même chose, et estimait que Dany et moi tendions à le prouver car, étant françaises, nous avions facilement surmonté une maladie qui faisait beaucoup de victimes chez les Russes. Je ne pense pas que nous soyons de très bons exemples, car je m'en suis bien tirée, mais Dany a été beaucoup plus malade que moi. Il est possible que ce soit vrai, et pour le ciblage, et pour la panique, d'autant plus qu'un des héritages de l'URSS est la foi absolue dans le Progrès, la médecine et les vaccins chez une certaine catégorie de gens, souvent au pouvoir. Au début, la Russie avait simplement fermé ses frontières, et même des personnes prorusses, en occident, nous traitaient d'irresponsables parce que nous ne nous précipitions pas sur les masques et les confinements. Puis Poutine a envoyé de l'aide médicale aux Italiens, sous les commentaires acerbes de toute la russophobie,et la situation a brusquement changé, il est venu nous annoncer les mesures OMS avec une tête de momie, Sobianine s'est déchaîné à Moscou, faisant fuir sa population, le patriarche, les larmes aux yeux, nous a tracé un tableau alarmiste, le métropolite Tikhon a fait une homélie délirante sur les millions de morts à l'horizon. Cependant, nous n'avons pas assisté au "dressage" mis en place en France, aux hélicoptères traquant les promeneurs solitaires dépourvus de masque dans les forêts ou sur les plages, ni aux enfants muselés et isolés du matin au soir. Mais les gens étaient soumis sur leur lieu de travail au chantage à la piquouze. Mon évêque scientifique a toujours pensé que le vaccin était nécessaire et que douter de ses vertus était du complotisme.

Je ne sais pas si j'irai voter à la fin du mois, car je me dis: pour qui, et cela a-t-il un sens? Xavier Moreau a souligné toutes les parentés politiques et idéologiques du FN devenu RN avec ses prétendus adversaires; et j'en ai assez d'être la dinde de la farce. Les gens qui ont cru voter à droite, et les imbéciles de castors qui vont manifester contre le prétendu "fascisme". Je citerai Olivier de Hangest:

L'antifascisme est, en Occident, ce que le fascisme a produit de pire. Un réflexe pavlovien de la gauche pour empêcher, précisément, toute unité nationale et populaire contre l'oligarchie financière.

Cet antifascisme se manifeste sous la forme du simulacre, de la bouffonnerie, du spectacle, du théâtre. Son caractère haineux et paroxystique est un dérivatif destiné à détourner la gauche militante de toute radicalité authentique.

La comédie du "tous ensemble contre l'extrême droite", rite de passage de foules adolescentes embrigadées et médiatisées, dévie la légitime colère du peuple français vers un mépris de classe qui ne veut pas dire son nom: celui des métropoles "wokes" et "bobos" envers la France profonde des "beaufs" et des "Deschiens".

Bien entendu, l'obsession fantasmagorique de l'islamisme, du péril rouge et de l'antisémitisme remplit une fonction similaire à droite de l'échiquier idéologique, empêchant tout lien entre la dénonciation du grand remplacement et celle du globalisme marchand.

Le retour du réel et du tragique permettra peut-être un jour de sortir des conditionnements psychologiques qui rendent impossibles toute authentique remise en question du capitalisme mondialisé et cosmopolite.

Pierre-Yves Rougeron trace un tableau glaçant de Macron et de la situation, et je dois dire que je partage cette vision des choses, car dès que j'ai vu cet individu à la télé, j'ai pensé qu'ils nous apportait la mort. Il est exact que finalement, les peuples sont généralement pris par surprise, car ils ne peuvent imaginer les turpitudes et la méchanceté de ce genre de personnalités, et encore moins qu'elles puissent arriver à la tête d'un état. C'est à mon avis ce qui est arrivé aux Russes en 17, après le chaos créé par la révolution de février. Je suis sûre que la plupart des gens n'imaginaient pas qu'on pourrait tirer sur les foules, coffrer et fusiller par milliers, réprimer toute la paysannerie, commettre d'inimaginables atrocités. Je me souviens aussi de la stupéfaction des gens du Donbass, quand le maïdan leur a dépêché les bataillons punitifs et que des chars sont arrivés à toute vitesse, prêts à exterminer tout ce qui bouge. Mais le Donbass a réagi, il ne voulait pas mourir couché. Je suis aussi terrorisée que Pierre-Yves Rougeron, mais je pense qu'il faut ouvrir les yeux, car on ne peut faire face à une réalité qu'on ne voit pas. Il y a quelque chose de tragi-comique dans les discours véhéments des péronnelles de gauche qui se croient en 36 et voient dans un RN domestiqué un avatar du fascisme d'alors, tandis qu'elles ont voté avec enthousiasme pour un psychopathe aux ordres de mafieux prêts à génocider toute l'Europe, Ukraine et Russie comprises. Le danger n'est ni au RN ni chez Poutine.

Le message de PYR est remarquable, ciselé comme un burin. Jusqu'à la comparaison avec le film "Ridicule", car cet esprit de "Ridicule", celui du XVIII° siècle, est celui qui nous a perdus et il continue à agir. Quand il pose la question de l'éventuelle réhabilitation des oustachis croates, après celle des banderistes, j'ai pensé à une info que les Russes prennent à tort pour un fake, où une politicienne allemande, au regard de poisson en gelée, évoque la réhabilitation des croix gammées par la résistance à l'oppression russe des pays baltes et de l'Ukraine... Il faut bien réhabiliter les valets qu'on utilise, quand on a pendant plus de cinquante ans déshonoré tout ce qui s'opposait vraiment chez nous, au moyen de l'étiquette fasciste systématique. Il faut habituer le gogo au fait contradictoire que ce qui est permis chez dans ces pays, c'est ce qui vaut en France et en Europe occidentale la mort sociale, sinon la prison. Les croix gammées d'Ukraine sont blanchies par le président juif, et les moutons peuvent continuer à se ruer tanquillement à l'abattoir sans voir que le loup n'est pas en Russie, mais dans leur propre bergerie.



On m'a envoyé une vidéo de Jacques Baud qui, lui, fait un bilan complet de la guerre en Ukraine et des propositions de Poutine, il le fait d'une façon réaliste, exhaustive, modérée mais ferme. 


Si j'écris tout cela, ce n'est pas que je sois une politologue extralucide, mais j'ai besoin de mettre à plat les pièces du puzzle pour me faire une idée. Quelqu’un a dit à mes Belges que j’avais bien fait de partir et que j’avais choisi le bon camp. Sur le plan moral, évidemment, et c’est bien ainsi que je voyais les choses. 



lundi 17 juin 2024

Peuples du monde

 


J'étais conviée à chanter à la fête de la pivoine, deux chansons, et j'y suis allée, car deux personnes qui m'y avaient vue l'année dernière, étaient venues à la présentation de mon livre et me l'avaient acheté. Il faisait très chaud, je craignais les moustiques, il n'y en avait pas tellement: la chaleur et le soleil les rebutent. En chemin, j'ai croisé une vache qui traversait paisiblement la route, toute seule. Puis j'en ai vu une autre dans un champ, toujours en stabulation libre. Quel spectacle réconfortant que celui de ces paisibles animaux en train de brouter à leur guise... Le ciel avait un ton transparent, très lumineux, et des nuages blancs y flottaient les pattes en l'air, éblouissants d'un côté et ténébreux de l'autre. 

La fête de la pivoine, c'était la vraie foire, la vraie fête à neuneu, avec un ensemble pseudo-folklorique très kitsch qui braillait tant et plus, et des foules de gens. Je ne savais pas où me mettre, avec ma chienne hors d'haleine. On m'avait recommandé de me tenir prête pour cinq heures vingt. J'étais archiprête, mais pas eux. Avant moi, il y avait une espèce de pièce de théâtre jouée ou plutôt mimée par des enfants, car le texte était enregistré préalablement par des adultes, et le tout était mené par un jeune homme à guitare. Cela a duré facile un quart d'heure de plus que prévu. Deux gamines m'ont demandé ensuite, avec des sourires radieux, comment j'avais trouvé cela, j'ai répondu: "Ah super!" Que dire d'autre?

Je pensais que mon tour était venu, mais non. On m'avait mise dans la section"les peuples du monde", sans doute parce que je suis française. Et avant moi passait une jeune personne en fourreau noir, avec des strass partout, qui chantait démonstrativement en anglais un truc américain. Puis ce fut une danse chinoise en kimono. Enfin on me conduisit à la scène avec d'immenses précautions, comme si j'allais me casser en route, et on m'y a fait grimper par un escalier aux marches si hautes, que je n'arrivais pas à me soulever. Rita voulait absolument me suivre, le présentateur, un garçon qui faisait l'important, ne voulait pas en entendre parler, comme si nous nous trouvions dans un grand music-hall. Une de ses aides s'est emparée de ma chienne, qui heureusement ne l'a pas mordue, sans doute le choc. J'avais le soleil en pleine poire, et j'entendais le fichu bonimenteur expliquer que Laurence Guillon venait d'un pays qui et que, allez, devinez, les croissants, la tour Eiffel... Ouiii! la France! 

Or, j'avais bien expliqué au préalable que j'avais préparé une chanson russe, et même deux, mais je n'avais plus le temps que pour une seule, "dans le champ se dressait un bouleau". C'est ce que j'ai dit au public: "Oui, je suis française, mais j'avais prévu une chanson russe, des cosaques de l'Oural. Vous voulez une chanson française?"

Aveuglée par le soleil, je distingue deux cosaques dans le public qui me crient: "La chanson cosaque, bien sûr!

- D'accord, c'est parti."

Après cela, il me restait bien peu de temps pour regagner Pereslavl, où avait lieu le concert d'Andreï Kotov, de l'ensemble Sirin, au bar du café. Je suis arrivée pile poil, et comme j'avais faim et soif, j'ai pris un verre d'hydromel et des pistaches avant de m'installer avec Rita. J'aime énormément ce que fait Andreï Kotov, et après les kitscheries précédentes, c'était un vrai beaume pour le coeur et l'âme d'entendre cette vielle poignante et ces vers spirituels authentiques et nobles. Je ne doutais pas une minute que les gens dont c'était l'univers étaient cent fois plus intelligents que leurs descendants, ceux que j'avais vus l'après-midi errer hagards à travers les stands en écoutant des singes savants faire une musique horrible. Mais j'eus maille à partir avec Kotov, je pense qu'au départ, le fait que je buvasse un coup en grignotant quelque chose avait dû lui taper sur les nerfs, car il me fallait écouter ses chants et son interprétation magnifiques avec une attention religieuse, et c'était bien ainsi que je l'écoutais, cependant, je le jure. De plus, Rita, ensorcelée, est allée sur la scène frétiller de la queue devant lui, elle ne le fait jamais, sauf quand c'est moi qui chante, c'est ce que je lui ai expliqué quand il m'a priée de récupérer mon animal perturbateur. Non seulement ses chansons étaient très belles, mais il expliquait des choses très intéressantes, il a évoqué, comme Starostine l'avait déjà fait, la persécution des joueurs de vielle et des chanteurs de vers spirituels par le pouvoir soviétique, et parlé de la fonction du chant populaire traditionnel: "Courir n'est pas naturel à l'homme, il ne le fait que dans deux cas, s'enfuir ou poursuivre. Si l'homme chante, c'est pour transfigurer ses émotions. Le chant produit un déplacement de conscience dont il a besoin pour surmonter sa vie. Les bylines, les chants épiques et les vers spirituels sont de la méditation collective". 

J'observais qu'il mettait un maximum de collophane sur sa roue, ce qui expliquait le caractère particulièrement poignant de son instrument qui, néanmoins, avait, comme le mien, tendance à se désaccorder ou grincer, je suis loin d'être virtuose et ne suis pas une spécialiste du chant populaire, mais cela me consolait de voir qu'un maître comme Kotov avait le même genre de problèmes que moi. Aussi, pendant qu'il remettait les choses en ordre, me permis-je de glisser: "C'est capricieux, la vieille-à-roue...

- Pas du tout, c'est votre chienne qui est capricieuse, la vielle, c'est une question d'affinités!"

N'empêche qu'il est intervenu sur la sienne je ne sais combien de fois. Je n'ai pas perdu ma soirée mais je n'ai pas conquis la sympathie du maître! Pourtant, malgré l'hydromel, les pistaches, ma chienne et ma remarque, j'étais certainement la personne la plus profondément concernée de son auditoire!



Andreï Kotov

 Le lendemain, après la liturgie, j'ai trouvé Katia sur un banc, près du café, et nous y sommes allées ensemble. Je lui ai demandé des nouvelles de Fiodor, il est en vie, Dieu merci, et pense le devoir à nos prières. Nous avons discuté de la situation, et je ne donnerai pas de détails, mais le commentaire du discours de Poutine, et de sa proposition de paix par Emmanuel Leroy m'a paru tout à fait pertinent, en ce qui concerne la Russie et l'Ukraine, et m'a recentrée. J'y ajoute ce témoignage d'Ukrainiens, pour ceux qui doutent encore d'avoir à leur tête des mafieux fous furieux. Et en ce qui concerne la France, l'analyse brève et percutante d'Olivier.


https://disk.yandex.ru/i/dLrprSnlpZthzA


L'antifascisme est, en Occident, ce que le fascisme a produit de pire. Un réflexe pavlovien de la gauche pour empêcher, précisément, toute unité nationale et populaire contre l'oligarchie financière.

Cet antifascisme se manifeste sous la forme du simulacre, de la bouffonnerie, du spectacle, du théâtre. Son caractère haineux et paroxystique est un dérivatif destiné à détourner la gauche militante de toute radicalité authentique.

La comédie du "tous ensemble contre l'extrême droite", rite de passage de foules adolescentes embrigadées et médiatisées, dévie la légitime colère du peuple français vers un mépris de classe qui ne veut pas dire son nom: celui des métropoles "wokes" et "bobos" envers la France profonde des "beaufs" et des "Deschiens".

Bien entendu, l'obsession fantasmagorique de l'islamisme, du péril rouge et de l'antisémitisme remplit une fonction similaire à droite de l'échiquier idéologique, empêchant tout lien entre la dénonciation du grand remplacement et celle du globalisme marchand.

Le retour du réel et du tragique permettra peut-être un jour de sortir des conditionnements psychologiques qui rendent impossibles toute authentique remise en question du capitalisme mondialisé et cosmopolite.

Enfin je terminerai avec et article pénétrant du Saker francophone: https://lesakerfrancophone.fr/pour-comprendre-les-globalistes-il-faut-comprendre-leur-religion-psychopathique