Ma Georgette est incurable, elle a une tumeur maligne qui pousse près de l'oreille. La vétérinaire devait s'en douter car l'analgésique est conçu pour les maladies oncologiques. Elle dort beaucoup, ronronne et me salue d'un petit miaulement quand je la caresse, se traîne hébétée dehors pour profiter de cette douce et venteuse prolongation d’été, qui a quelque chose de mystique et de miraculeux, sur le fond de l’actualité affreuse. Et pour l'instant, je ne prends pas la décision de l'euthanasier. "Amenez-la moi si elle souffre," me dit la véto.
On peut se demander quel sens a le temps que je laisse à Georgette pour prendre congé et s’imprégner de mon amour et des dernières joies de l’été qui s’éternise, ce qu’elle fera de tout cela sous la terre, et je sens que c’est important, et si c’est important, c’est que quelque chose d’elle n’ira pas sous la terre, mais ailleurs, où ce bagage lui sera utile.
Tous mes animaux m'adorent, mais il y a entre Georgette et moi une complicité et une amitié particulières, une affinité d'être. Cet été, je me disais souvent: "Quand Georgette va partir, ce sera très dur." Eh bien oui, c'est très dur. En même temps, il me semble qu'il se passe quelque chose entre nous et autour nous d'extraordinaire, comme si elle me montrait le chemin du ciel, et pour ne pas céder à l'invasion psychique du malheur, je prie beaucoup et intensément, j'ai des mystères sur le bout de la langue.
Voici l’été
d’or qui s’élime
Laissant
percer sa trame brune,
Le soir venu
frise les cîmes
Des nuées
roulant sous la lune.
L’eau lisse
emporte le reflet
De l’église
sur fond d’azur,
Les oiseaux
crissent dans l’air pur
Sur le miroir
du lac secret.
Et je pleure
aux berges sereines
Ma petite amie
qui s’en va,
Le soleil
éclairant ma peine
Ne peut plus
me donner de joie.
Que ferai-je
sans toi, chérie,
Sans ta patte
posée sur moi
Quand je
m’endors l’âme transie
Et m’éveille
au matin sournois?
...
Au ciel, sur de longues banquises,
De blancs oursons, une ourse grise
Déchirent et jettent au vent
De doux brouillards ourlés d’argent.
Et les bouleaux se vêtent d’or,
Au gré des rues et des passages,
Prêts à fêter une fois encor
L’hiver qui vient dans nos parages.
Le vent suave porte en jouant
Abeilles, papillons volants,
Et petits oiseaux inconscients.
Frimas, attendez un moment.
Les carillons, sous les nuages,
Prient doucement en trébuchant,
Berçant mon coeur qui prend de l’âge,
Sur l’eau trouble des derniers temps.
...
Brise suave et
couleur de miel
Qui file et
berce au sein du ciel
L’automne
glissant sa douceur
Sous les draps
de l’été qui meurt...
Tu meurs
aussi, petite soeur.
Ce matin, je t’ai
caressée,
Sur mes
genoux, bien enroulée,
Je t’ai langée
dans mon amour,
Rangée dans
mon coeur pour toujours.
Tu t’y
chauffais comme le pain,
Mis au four
pour le lendemain,
Faible, tu
brûlais sur mon bras,
Comme en la
nuit un feu de bois.
J’ai prié Dieu
qu’en la demeure,
Qui m’attend à
ma dernière heure,
Près de ma
mère il te dépose,
Avec nos
chiens, nos chats, nos roses.
Car pour elle
comme pour eux,
Le paradis,
c’est avec moi,
Que l’on me
reçoive en ces lieux,
Ou qu’on me jette tout en bas.
...
Sur VK, j'ai trouvé ce post dont je partage tout-à-fait le contenu:
J'ai regardé le programme "les Nôtres", cette fois intense, divers, avec beaucoup d'épisodes. Bravo, les gars! Mais au vu de cette émission, et en y repensant, j'éprouve un étange sentiment de confusion. Parce qu'il se produit quelque chose de grandiose. On ne peut pas ne pas remarquer que, oui, ça saute aux yeux, les participants de l'opération spéciale sont tous beaux et même magnifiques. Et ce n'est pas seulement la beauté de la jeunesse, les yeux et la profondeur de leurs expressions sont souvent sidérants. Surtout quand on montre ceux qui ont été tués, ils sont tous étonnants. Comme si on avait spécialement rassemblé là des êtres avec de tels yeux et de tels sourires. Il y en a tant, c'est l'armée du monde. Est-il possible que Fiodor Mikhaïlovitch (Dostoievski) ait littéralement raison de dire "la beauté sauvera le monde?" Et même les hommes plus âgés ont tous des visages et des yeux étonnants. Il se produit quelque chose de remarquable, de grandiose, et je ne sais pas quoi faire de cela.
Au même moment, j'ai regardé le dernier briefing de Slobodan, sur le satanisme, l'instrumentalisation de l'Ukraine pour nuire à la Russie, par tous les moyens, par les méthodes les plus abjectes, et la sauvagerie des bataillons Azov et les mercenaires au service de cette entreprise, tout ce chaudron de sorcière qui menace d'exploser en projetant ses démons dans tous les sens. Il établit le parallèle avec Daesh. Car ici, on utilise les néonazis, là bas les islamistes ou encore les antifas, mais on est prêt, dans tous les cas, à justifier n'importe quelle saloperie quand elle s'exerce à l'égard de populations calomniées et déshumanisées à cet effet. Cette barbarie qui se cache de moins en moins est absolument glaçante. "Avec quoi sommes-nous mariés?" demande Slobodan. Oui, avec quoi? Posons-nous bien la question. Moi, j'y ai répondu, et je suis partie. Chacun de ces visages de soldats russes me confirme la pertinence de mon choix, quel que soit le degré de corruption des fonctionnaires qui se sont fait du fric sur leur dos, la perversion des "élites", les bringues et les affaires de l'arrière, quelque chose se passe, quelque chose de mystérieux et de grandiose.
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