Il fait très chaud, enfin pour la Russie, car par rapport au Gard ou à la Drôme, c'est très supportable, mais il y a les insectes piqueurs, que cela met en forme. Heureusement, les souffles bienfaisants du lac les dispersent.
Je crois que depuis que je suis revenue en Russie, je n'avais pas vu un été comme cela. J'ai pris mon vélo ce matin, et je suis allée me baigner à l'embouchure. Il n'y avait pas beaucoup de monde. Des pêcheurs placides qui me demandaient depuis leurs canots si l'eau était bonne. Un contingent de jeunes militaires qui prenaient des bains de soleil à la station de secours, et les bateaux de cette même station qui appareillaient. Les mouettes, avec leurs petits corps immaculés, couleur de nuages, leur tête brune, les canards qui glissaient affairés, par familles entières. Ces fleurs jaunes apelées koubychka, de la famille des nymphéas, qui s'épanouissaient sur la rivière. L'eau d'un vert sombre reflétait un ciel lisse azuréen, où flottaient de gros nuages, qui parfois dérobaient le soleil. Tout me paraissait si paisible et si suranné, un endroit chrétien, tranquille, modeste, européen, malgré son mélange d'orient et de Scandinavie, très loin de ce qui agite le monde, et des desseins ténébreux de ceux qui en disposent à leur gré sans consulter les sous-hommes.
Mon locataire est parti, bien arrivé, il paraît que la maison est correcte et le village très joli. Il me faut préparer la maison pour les locataires suivants, deux dames, et je ne sais pas où je vais en trouver l'énergie. Demain soir, Skountsev débarque avec sa femme, ils sont à l'hôtel mais ils viendront dîner.
Il me fait apprendre une byline du cycle de Sadko, une épopée dont le héros est un marchand aventureux du moyen âge qui jouait des gousli. En fait, Skountsev n'est pas du tout sûr qu'on accompagnait alors les bylines ou les vers spirituels aux gousli, car les plus anciens enregistrements concernent des airs à danser. Les gousli sont un instrument pourtant très méditatif. Ce chant de Sadko a l'air tout bête, mais il est très difficile, car qu'on le veuille ou non, notre oreille est formée par le solfège, or il faut produire des sons qui n'entrent pas dans cette catégorie. C'est là d'ailleurs une des principales caractéristiques du folklore russe, ces sons qui n'entrent pas dans les grilles, ou sur les portées. Le solfège est réducteur.
Je me suis entraînée dehors, protégée des moustiques par un vent tiède, avec d'un côté Rita, de l'autre Georgette. Puis le vent est tombé, et il m'a fallu battre en retraite. Tout d'un coup, quelques temps plus tard, de profondes ténèbres ont recouvert le quartier, une tempête s'est levée, des nuages effrayants déferlaient pleins d'éclairs. Aussi bien demain il fait dix degrés jusqu'au mois de novembre, j'ai bien fait d'aller me baigner...
J'espère que mes delphiniums ne vont pas être cassés.
Un prêtre est malade du Covid, un de ses fidèles, médecin à Moscou, l'avait été avant lui. C'est celui chez qui j'avais fêté Pâques, et il ne prenait aucune précaution. L'évêque ne ferme pas les églises, mais il en prend, des précautions, il donne sa bénédiction en nous posant la main ou la croix sur la tête. Dans cette histoire, le plus angoissant, c'est l'impression d'avoir affaire à des autorités mondialement pourries auxquelles on ne peut pas se fier. Tout est manipulé, exploité, et l'on nous mène là où nous ne voulons pas aller, là où beaucoup ne savent pas, et ne veulent pas savoir qu'ils vont. Mais nous y allons, et vite.
On nous prédit une deuxième vague, ou un autre covid bien pire que le premier, ou la peste bubonique, et je sens que la caste et ses médias en rêvent positivement, peut-être même l'organisent. Parallèlement, les noirs chauffés à blanc deviennent de plus en plus agressifs et impudents, l'Algérie nous fait du chantage, et notre président nous met un garde des sceaux qui sera encore plus infâme que les deux précédents, dans la continuité d'une partialité idéologique criminelle d'ores et déjà annoncée et confirmée. De sorte que je ne suis pas près d'aller en France, car la situation est très instable, et j'ai le coeur lourd, les miens me manquent. L'exil commence quand il n'y a plus de retour en arrière.
Il faudrait arrêter ces gens, mais comment et qui? Je vois plein de neuneus qui ne comprennent absolument pas ce qui se passe, et traitent de racistes ceux qui ne veulent pas s'agenouiller devant la racaille, au grand scandale des noirs normaux, d'ailleurs.
Il y a des choses contre lesquelles on développe une sorte d'auto anesthésie d'urgence, on sait, on voit, mais on essaie de ne pas y penser. Ce n'est pas l'attitude de l'autruche, mais une sorte de concentration des forces, pour les économiser, pour se protéger, quand on sait qu'il faudra tenir ou devenir fou. J'ai connu cela au moment des deuils familiaux.
Il faudrait prier davantage, en ce moment j'ai du mal à le faire, car j'ai beaucoup d'activités; mais ces activités ne sont pas coupées de ma vie spirituelle. Enfin je ne sais pas, quand je vais à l'église, je pleure souvent. J'éprouve de la détresse et aussi peut-être du repentir, celui de ne pas être assez assidue, orientée, évoluée, les gens qui me sont les plus chers, vivants et morts, ont besoin des prières que je néglige de dire.
J'ai enfin écrit à ma mère Hypandia une vraie lettre à la main que je vais envoyer par la poste. Je revoyais Solan, la si belle église de pierre, toutes les adorables moniales, et les paroissiens, et le village de Cavillargues, ses roses et ses glycines, et les coquelicots dans le mistral.
Je crois que depuis que je suis revenue en Russie, je n'avais pas vu un été comme cela. J'ai pris mon vélo ce matin, et je suis allée me baigner à l'embouchure. Il n'y avait pas beaucoup de monde. Des pêcheurs placides qui me demandaient depuis leurs canots si l'eau était bonne. Un contingent de jeunes militaires qui prenaient des bains de soleil à la station de secours, et les bateaux de cette même station qui appareillaient. Les mouettes, avec leurs petits corps immaculés, couleur de nuages, leur tête brune, les canards qui glissaient affairés, par familles entières. Ces fleurs jaunes apelées koubychka, de la famille des nymphéas, qui s'épanouissaient sur la rivière. L'eau d'un vert sombre reflétait un ciel lisse azuréen, où flottaient de gros nuages, qui parfois dérobaient le soleil. Tout me paraissait si paisible et si suranné, un endroit chrétien, tranquille, modeste, européen, malgré son mélange d'orient et de Scandinavie, très loin de ce qui agite le monde, et des desseins ténébreux de ceux qui en disposent à leur gré sans consulter les sous-hommes.
Mon locataire est parti, bien arrivé, il paraît que la maison est correcte et le village très joli. Il me faut préparer la maison pour les locataires suivants, deux dames, et je ne sais pas où je vais en trouver l'énergie. Demain soir, Skountsev débarque avec sa femme, ils sont à l'hôtel mais ils viendront dîner.
Il me fait apprendre une byline du cycle de Sadko, une épopée dont le héros est un marchand aventureux du moyen âge qui jouait des gousli. En fait, Skountsev n'est pas du tout sûr qu'on accompagnait alors les bylines ou les vers spirituels aux gousli, car les plus anciens enregistrements concernent des airs à danser. Les gousli sont un instrument pourtant très méditatif. Ce chant de Sadko a l'air tout bête, mais il est très difficile, car qu'on le veuille ou non, notre oreille est formée par le solfège, or il faut produire des sons qui n'entrent pas dans cette catégorie. C'est là d'ailleurs une des principales caractéristiques du folklore russe, ces sons qui n'entrent pas dans les grilles, ou sur les portées. Le solfège est réducteur.
Je me suis entraînée dehors, protégée des moustiques par un vent tiède, avec d'un côté Rita, de l'autre Georgette. Puis le vent est tombé, et il m'a fallu battre en retraite. Tout d'un coup, quelques temps plus tard, de profondes ténèbres ont recouvert le quartier, une tempête s'est levée, des nuages effrayants déferlaient pleins d'éclairs. Aussi bien demain il fait dix degrés jusqu'au mois de novembre, j'ai bien fait d'aller me baigner...
J'espère que mes delphiniums ne vont pas être cassés.
Un prêtre est malade du Covid, un de ses fidèles, médecin à Moscou, l'avait été avant lui. C'est celui chez qui j'avais fêté Pâques, et il ne prenait aucune précaution. L'évêque ne ferme pas les églises, mais il en prend, des précautions, il donne sa bénédiction en nous posant la main ou la croix sur la tête. Dans cette histoire, le plus angoissant, c'est l'impression d'avoir affaire à des autorités mondialement pourries auxquelles on ne peut pas se fier. Tout est manipulé, exploité, et l'on nous mène là où nous ne voulons pas aller, là où beaucoup ne savent pas, et ne veulent pas savoir qu'ils vont. Mais nous y allons, et vite.
On nous prédit une deuxième vague, ou un autre covid bien pire que le premier, ou la peste bubonique, et je sens que la caste et ses médias en rêvent positivement, peut-être même l'organisent. Parallèlement, les noirs chauffés à blanc deviennent de plus en plus agressifs et impudents, l'Algérie nous fait du chantage, et notre président nous met un garde des sceaux qui sera encore plus infâme que les deux précédents, dans la continuité d'une partialité idéologique criminelle d'ores et déjà annoncée et confirmée. De sorte que je ne suis pas près d'aller en France, car la situation est très instable, et j'ai le coeur lourd, les miens me manquent. L'exil commence quand il n'y a plus de retour en arrière.
Il faudrait arrêter ces gens, mais comment et qui? Je vois plein de neuneus qui ne comprennent absolument pas ce qui se passe, et traitent de racistes ceux qui ne veulent pas s'agenouiller devant la racaille, au grand scandale des noirs normaux, d'ailleurs.
Il y a des choses contre lesquelles on développe une sorte d'auto anesthésie d'urgence, on sait, on voit, mais on essaie de ne pas y penser. Ce n'est pas l'attitude de l'autruche, mais une sorte de concentration des forces, pour les économiser, pour se protéger, quand on sait qu'il faudra tenir ou devenir fou. J'ai connu cela au moment des deuils familiaux.
Il faudrait prier davantage, en ce moment j'ai du mal à le faire, car j'ai beaucoup d'activités; mais ces activités ne sont pas coupées de ma vie spirituelle. Enfin je ne sais pas, quand je vais à l'église, je pleure souvent. J'éprouve de la détresse et aussi peut-être du repentir, celui de ne pas être assez assidue, orientée, évoluée, les gens qui me sont les plus chers, vivants et morts, ont besoin des prières que je néglige de dire.
J'ai enfin écrit à ma mère Hypandia une vraie lettre à la main que je vais envoyer par la poste. Je revoyais Solan, la si belle église de pierre, toutes les adorables moniales, et les paroissiens, et le village de Cavillargues, ses roses et ses glycines, et les coquelicots dans le mistral.