Mes Français sont partis ce matin. Hier, je leur ai fait faire la route qui longe le lac, par dessus lequel flottaient des nuages énormes, les coupoles du monastère Nikitski luisaient dans de longues écharpes de vapeurs bleues et de grandes fleurs roulaient à la lisière des champs leur écume jaune. J’ai terriblement mal à la tête, je m’endors tout le temps. J’ai mal partout. Il pleut des cordes, et je n’ai aucun courage, alors que j’ai plein de choses à faire. Je n’ai pas trouvé la force d’aller à l’église hier, ou plutôt, la veille mes Français qui avaient faim m’ont entraînée au restaurant, je ne me sentais pas d’aller prendre la communion en touriste, par dessus la jambe. Nous sommes allés, à l’instigation de Gilles, au concert du groupe Raices, racines, je crois que ce sont des Mauritaniens. Je ne l’ai pas regrettée, j’étais hypnotisée par leur musique du désert et des étoiles, et je sentais qu’elle avait quelque chose de profondément bénéfique, comme toutes les musiques traditionnelles. Et puis les musiciens eux-mêmes me fascinaient. Je les trouvais beaux, ils avaient quelque chose de noble, de digne, de naturel et de chaleureux qui me rappelait les cosaques Nekrasovtsi que Skountsev m’avait présentés, ou la merveilleuse grand-mère de Sérioja. Des gens proches de la terre, orientés vers le ciel, en communion avec tout, des gens normaux. C’est en voyant de telles personnes que l’on comprend à quel point nous avons dégénéré. Il y avait un homme au type arabe, deux autres plutôt africains, et des femmes à la fois bien en chair, légères et gracieuses, leurs danses évoquaient l’antiquité, elles venaient du fond des siècles, et tous tiraient une grande joie de la participation des spectateurs, qui tapaient dans leurs mains, une jeune femme est venue danser avec eux. Ils se sont pris en photos avec des gens du public, et le drapeau de leur pays qui n’est reconnu par personne, en tous cas pas par l’ONU, ce truc au service des USA. Ils avaient de beaux vêtements. Cet Arabe, et ces deux noirs, vêtus d’oripeaux contemporains, se fondraient dans la foule triste du métro et perdraient leur grâce et leur noblesse, mais dans leurs draperies traditionnelles, ils avaient fière allure, comme leurs ancêtres et comme autrefois les nôtres. Le problème n'est vraiment pas, pour les hommes, de porter des robes, mais d'en porter de viriles, et pas des jupettes grotesques avec des escarpins. Les femmes, recouvertes de voiles, avec des bijoux qu’on voit déjà chez les Egyptiens et les Sumériens, n’avaient visiblement aucun complexe, elles ne rasaient pas les murs, elles existaient vraiment, l’une d’elles, qui parlait russe, avait fait ses études à Moscou. Nous avons échangé, les Russes, les Français, les Mauritaniens, dans un respect mutuel, et je comprenais mieux que jamais à quel point il était important qu’ils fussent de vrais Mauritaniens, et que nous gardions ou retrouvions notre nature de Français et de Russes, notre culture, notre authentique diversité et que nous mettions fin au méfait véritablement raciste qui consiste à nous mélanger de force en effaçant tout ce qui fait notre originalité et notre beauté spécifiques, en détruisant notre héritage qui remonte parfois à des milliers d’années. Ces gestes, cette musique, nés du sable et du ciel, à la fois anciens et éternels, et la tradition russe, éclose dans les forêts humides et neigeuses, dans les steppes eurasiatiques, chacun de ceux qui gardent tout cela est irrigué par le cosmos entier, son instant présent contient l’abîme des âges.
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lundi 25 août 2025
Les voix du Sahara
Mes Français sont partis ce matin. Hier, je leur ai fait faire la route qui longe le lac, par dessus lequel flottaient des nuages énormes, les coupoles du monastère Nikitski luisaient dans de longues écharpes de vapeurs bleues et de grandes fleurs roulaient à la lisière des champs leur écume jaune. J’ai terriblement mal à la tête, je m’endors tout le temps. J’ai mal partout. Il pleut des cordes, et je n’ai aucun courage, alors que j’ai plein de choses à faire. Je n’ai pas trouvé la force d’aller à l’église hier, ou plutôt, la veille mes Français qui avaient faim m’ont entraînée au restaurant, je ne me sentais pas d’aller prendre la communion en touriste, par dessus la jambe. Nous sommes allés, à l’instigation de Gilles, au concert du groupe Raices, racines, je crois que ce sont des Mauritaniens. Je ne l’ai pas regrettée, j’étais hypnotisée par leur musique du désert et des étoiles, et je sentais qu’elle avait quelque chose de profondément bénéfique, comme toutes les musiques traditionnelles. Et puis les musiciens eux-mêmes me fascinaient. Je les trouvais beaux, ils avaient quelque chose de noble, de digne, de naturel et de chaleureux qui me rappelait les cosaques Nekrasovtsi que Skountsev m’avait présentés, ou la merveilleuse grand-mère de Sérioja. Des gens proches de la terre, orientés vers le ciel, en communion avec tout, des gens normaux. C’est en voyant de telles personnes que l’on comprend à quel point nous avons dégénéré. Il y avait un homme au type arabe, deux autres plutôt africains, et des femmes à la fois bien en chair, légères et gracieuses, leurs danses évoquaient l’antiquité, elles venaient du fond des siècles, et tous tiraient une grande joie de la participation des spectateurs, qui tapaient dans leurs mains, une jeune femme est venue danser avec eux. Ils se sont pris en photos avec des gens du public, et le drapeau de leur pays qui n’est reconnu par personne, en tous cas pas par l’ONU, ce truc au service des USA. Ils avaient de beaux vêtements. Cet Arabe, et ces deux noirs, vêtus d’oripeaux contemporains, se fondraient dans la foule triste du métro et perdraient leur grâce et leur noblesse, mais dans leurs draperies traditionnelles, ils avaient fière allure, comme leurs ancêtres et comme autrefois les nôtres. Le problème n'est vraiment pas, pour les hommes, de porter des robes, mais d'en porter de viriles, et pas des jupettes grotesques avec des escarpins. Les femmes, recouvertes de voiles, avec des bijoux qu’on voit déjà chez les Egyptiens et les Sumériens, n’avaient visiblement aucun complexe, elles ne rasaient pas les murs, elles existaient vraiment, l’une d’elles, qui parlait russe, avait fait ses études à Moscou. Nous avons échangé, les Russes, les Français, les Mauritaniens, dans un respect mutuel, et je comprenais mieux que jamais à quel point il était important qu’ils fussent de vrais Mauritaniens, et que nous gardions ou retrouvions notre nature de Français et de Russes, notre culture, notre authentique diversité et que nous mettions fin au méfait véritablement raciste qui consiste à nous mélanger de force en effaçant tout ce qui fait notre originalité et notre beauté spécifiques, en détruisant notre héritage qui remonte parfois à des milliers d’années. Ces gestes, cette musique, nés du sable et du ciel, à la fois anciens et éternels, et la tradition russe, éclose dans les forêts humides et neigeuses, dans les steppes eurasiatiques, chacun de ceux qui gardent tout cela est irrigué par le cosmos entier, son instant présent contient l’abîme des âges.
samedi 23 août 2025
Automne précoce
Mes Français n’ayant pas fait de traductions assermentées de leurs papiers, nous avons perdu des jours précieux, et nous n’avons plus le temps de faire établir leur passeport intérieur. Nous avons visité la maison de Falelieievo, c’est un endroit si beau et si paisible, et pas plus loin du centre de Pereslavl que ne l’était ma datcha de Krasnoié. De plus, en été, on a le voisinage de Marina et de sa charmante mère, les expositions, les concerts et les rencontres qu’elles organisent pour rénover l’église. Mais en fin de compte, la maison n’est pas disponible de sitôt, à cause de problèmes d’héritage inextricables. Nous avons vu une autre maison, que l’agent immobilier Alexandra ne voulait envisager pour personne, je ne sais pas pourquoi, et que la femme du père Vassili me vantait depuis longtemps. Elle n’est pas chère, et c’est à Pereslavl, dans un coin encore merveilleux, à la limite, elle aurait même bien fait pour moi. Elle est plus grande que je ne le pensais, avec un grenier aménageable, le chauffage central électrique, et le terrain est grand, la maison bien séparée des voisins, au fond d’une impasse, avec alentour des champs et des bois. Nous aurons bientôt toute une famille nombreuse de Français à Pereslavl.
Après cette visite, et la séance matinale à l’immigration, j’avais une rencontre avec des gens que m’envoyait l’institut Philarète, des Sibériens très gentils. Ils voulaient savoir où en était la France du point de vue spirituel et pourquoi nous avions décidé de partir. Je suis remontée à Vatican II et mai 68. Je leur ai parlé du démolissage de la culture, de l’agriculture, de la classe moyenne, et des compromissions de l’Eglise romaine avec la modernité. Marie en a rajouté une dose. Ces gens étaient des tatars qui avaient choisi l’orthodoxie.
Quand j’entends et vois
Macron, je comprends comment on peut en arriver au meurtre politique, Charlotte
Corday, Fanny Kaplan... Ce type est un tel concentré de saloperie, de fausseté, de bassesse, on comprend qu’il ait été promu par des gens comme Attali et
BHL : c’est un golem très réussi. L’entendre pontifier des absurdités et
des mensonges énormes, et savoir que nombre de pauvres décérébrés qu’il mène à
l’abattoir reprennent tout cela en choeur me donne le vertige et la nausée tout
à la fois.
Et parmi les nombreuses
victimes françaises de cette nullité sadique, plus personne ne se révolte vraiment. Sous la dictée de l’angoissante
Ursula, avec ses yeux de veau en gelée et son sourure d'automate, il envoie au massacre des milliers de
malheureuses bêtes, naufrageant définitivement les derniers éleveurs qui ne
réagissent plus. Il me semble que mon défunt beau-père aurait enterré déjà
plusieurs sbires de ce fourbe au fond de son parterre. A voir ce scandale, je
pense à la dékoulakisation des années trente, en plus faux-cul. J’en ai le
coeur soulevé, j’aimerais pouvoir pendre un préfet avec les tripes d’un
gendarme sur le bûcher d’un député. Ce qui est une figure de style, car je suis fondamentalement incapable de faire de mal à une mouche, contrairement à eux, qui ont tout le sang de la guerre d'Ukraine sur les mains.
Mais ces crimes contre la vie, contre la nature, nous allons les payer. Nous allons les payer, tous : ceux qui les ordonnent, ceux qui les exécutent, ceux qui ne s’y opposent pas. Et en premier lieu, le sinistre petit bellâtre en costar, avec sa voix d’acteur raté qui se parodie lui-même, j’espère qu’il prendra particulièrement cher. Quand je pense qu’à cause de lui, de ses parrains, de ses prédécesseurs et de ses comparses, la guerre a fini par advenir, entre la Russie et l’Ukraine manipulée, et qu’elle se poursuit, au prix de milliers de morts, à la grande joie de ce pervers et de toute sa clique d’intrigants et de mafieux ! Et c’est lui qui vient nous dire que « Poutine ne respecte jamais ses engagements » ou que « Poutine est un ogre et un prédateur », tremblez pauvres connards de service, qui sucez votre tototte devant les hypnotiseurs de la télé ! Car ce n’est pas le marchand de sable qui va passer mais la faucheuse à grands coups d’ailes. Et jusqu’en enfer, vous continuerez à têter et bêler sans rien comprendre.
Hier soir, nous avons dîné chez Gilles, barbecue dans le jardin, il faisait un froid de canard, nous avons eu trois semaines d’été étouffant et orageux plein de moustiques, entre un printemps glacial et un automne précoce. J’étais fatiguée, migraineuse, les conversations me saoulaient. Mais les Français et Gilles s'entendaient bien, c'est le principal. La situation en Russie que décrivait Gilles me rappelait Ivan le Terrible et les traîtres boyards, mais Poutine est beaucoup plus cool et patient que le tsar.
Ce matin, j’avais une autre
rencontre au café. Une Russe et ce que je croyais être un Français, mais non,
c’était un vieil intellectuel russe qui a vécu en France avec une femme
française, un homme charmant et intelligent, qui a aussi un blog. Il me propose
son aide pour obtenir la nationalité russe. Un de ses amis fait des listes
de Français méritants qu’il communique à Lavrov. Je pense souvent avec
attendrissement à un imbécile qui me mettait continuellement au défi de « prendre la
nationalité russe », comme quoi d’après lui, je n’avais pas la moelle,
alors que contrairement à la légende, non seulement je ne touche rien de
Poutine, mais que recevoir la nationalité présente pour moi toutes sortes de
difficultés, car je n’entre dans aucune case administrative... en somme, je suis arrivée trop tôt.
Cet homme, Mikhaïl Alexandrovitch, a des amis en commun avec moi, et notemment ma chère et regrettée mère Alexandra, qu'il connaissait quand elle allait encore au monastère de Bussy.
![]() |
la maison des Français |
Défilé
L’ange las au
bord de la route
L’ange las au
bord du chemin
Suit chagrin
les armées en déroute,
Suit défait
les soldats sans destin,
Pleurant sous
les volées sonores
De tous ces
grands oiseaux de fer
De la guerre
qui déshonore
Tous ceux qui
la font à l’envers.
Ils périssent
pour l’escarcelle
Des voleurs et
puis des menteurs,
Qui nous ont
tous coupé les ailes,
Qui nous ont
tous pourri le coeur.
Maudits soient
ceux qui nous entraînent
Vers la sourde
mort des damnés,
Privant des
divines étrennes,
Ceux qui
suivent leur défilé.
dimanche 17 août 2025
Des chats, des poires et des Français
Je m’active pour nettoyer la
maison, ce qui est toujours un exploit, à cause des chats, et puis aussi de la
poussière, de la boue, des insectes... Surtout les chats. Félix, l’intrus noir
et blanc, est en plus malade, il a un oeil purulent, comme beaucoup de chats
dans la débine. Robert avait le même
problème, lui mettre quelque chose dans l’oeil, c’était mission impossible,
mais il est si glouton qu’il avalait les antibiotiques avec sa bouffe. Félix
est impudent, mais trouillard, je ne sais pas comment le soigner ; et à
vrai dire, je donnerais tout pour ne plus le voir. Il me surveille en miaulant à
fendre l’âme, avec son air con. Je me suis retenue je ne sais combien de fois
d’adopter des chattes en détresse qui étaient
si sympathiques, sur les photos des sites spécialisés...
Alors que les animaux tournoyaient comme des chacals autour de moi, dans la cuisine, j’ai commencé à chanter en slavon : « Seigneur
Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur » et ils ont arrêté
de miauler, ils m’ont fichu la paix, c’est étonnant. Quand je prie, le matin,
l’affreux Blackos arrive aussitôt ; il se tient devant moi, me regardant
avec des yeux de merlan mort d’amour.
On abat délibérément, sous un
prétexte fallacieux, les bêtes des éleveurs français, et de voir partir ces
vaches confiantes et leurs veaux, vers l’angoisse et la mort, tandis que leurs
propriétaires poussent des clameurs révoltées me retourne les tripes. Jamais je
n’aurais cru, dans les années soixante, soixante-dix, que je verrais un jour
cette horreur. Ce sont les politiciens, leurs préfets et leurs gendarmes, qu'il faudrait euthanasier.
Parallèlement, on déclare que
les logements des Français sont trop grands, et ceux qui disposent de plus de
vingt mètres carrés devront payer une taxe sur l’excédent. C’est de la
spoliation pure et simple. Chaque fois que j’apprends ce genre de choses, que
je pense à mon enfance, à ma famille, et à ce qu’il en reste, j’ai la larme à
l’oeil, et la colère au coeur. On assassine la France. Que soient maudits les
êtres qui ont ourdi tout cela. Ils n’ont plus d’âme depuis longtemps. Ce sont
des cellules cancéreuses, le chancre mortel de l’Europe.
En somme, c'est le cocopitalisme, le communisme pour nous, le capitalisme pour eux, et pour les animaux et la nature, l'enfer.
J’ai vu une jeune femme russe
qui planifie son retour au pays, depuis la France, à cause de l’atmosphère
étouffante, de la russophobie délirante, des réflexions hostiles adressées à son fils aîné à
l’école. Juste après notre entrevue, j’ai reçu un couple de Français qui
émigre, accompagnés de leur petite-fille, dont les parents songent aussi à suivre leur exemple. Une lointaine origine russe leur a permis de recevoir la nationalité.
En revanche moi qui fut une des premières hirondelles, je n’entre dans aucune
catégorie administrative, même pas la plus exacte, l’émigration pour des
raisons de conviction idéologiques, car l’ukase du président est apparu longtemps après mon arrivée en Russie.
Ces Français modestes ne sont pas d’accord avec les orientations qu’a pris la France dans tous les domaines, et considèrent qu’on leur pique l'essentiel de ce qu’ils gagnent, c’est ce que tout le monde me dit. Je les ai emmenés voir une maison au village de Falieïevo, qui a l'air au bout du monde, mais n'est qu'à 15 mn du centre de Pereslavl. Puis nous avons fait la rituelle visite à l'église des Quarante Martyrs, après une pause au café français. D'impressionnants nuages noirs se crispaient au-dessus des eaux sombres et brillantes où passaient de petits bateaux colorés, et des canards.
J’ai vu aussi au café un
général des forces spéciales d’intervention, avec sa famille. Il voulait me
rencontrer, car c’est un ami du père Basile, de Gilles et du père Nikita
Panassiouk ! C’est une sorte de grand ogre très cordial, dont le nom de guerre est Khan, ce qui lui va très bien. Il est en ce
moment au Donbass. Son fils y a combattu six mois, il est affecté ailleurs, et
il vient de se marier. Quand je lui ai raconté mon épopée avec Katia, il m’a
pris les mains avec enthousiasme.
A la caisse du supermarché,
avec mes Français, je voyais un type qui nous surveillait, dévoré de curiosité. Il
nous a poursuivis jusqu’à la voiture : « D’où venez-vous, les
gars ?
- De France. »
Il nous a fait un large
sourire, les pouces levés.
Nous avons entre deux coups de
pluie des journées douces et tièdes, et je passe mon temps à ramasser et
conditionner des poires, et aussi des prunes, il y en a moins que d’habitude,
mais quand même. Les guêpes me voltigent autour avec reconnaissance, elles ne
me piquent jamais.
lundi 11 août 2025
Morue
Tania est repartie ce matin, la mort dans l’âme : « Ici, j’ai l’impression d’avoir trouvé une famille et je repars chez les zombies. » Mais elle a mis beaucoup de choses en place pour son retour définitif.
Je suis allée, avant de
prendre congé d’elle, à la liturgie du petit matin. Il faisait frais et humide.
Le père Andreï, comme je lui parlais de mon indignation devant les fake news
françaises et les commentaires idiots qu’elles suscitent, m’a dit :
« Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » J’aurais pu lui
répondre que selon Dostoievski, la bêtise pouvait parfois devenir un crime. Mais
ce n’était pas le lieu d’entamer un tel débat.
J’en ai sur Telegram, avec un jeune prêtre catholique, de très intéressants. Nous avons parlé de la chute,
de la place de la Création dans le salut, des animaux. Il me dit que le Christ,
en s’incarnant, avait récapitulé en Lui, toute la Création, et qu’en effet,
comme le pensent les orthodoxes, elle est transfigurée avec les saints. Mais il
réfute les idées de certains écologistes qui mettent l’animal au dessus de
l’homme, et souhaitent sa disparition. Moi aussi, car si les animaux et les
hommes ont beaucoup de choses en commun, nous différons sur des points
évidents : les animaux sont incapables de notre épouvantable et perverse
cruauté. Ils n’ont pas de création artistique. Je veux dire qu’ils peuvent
secréter de la beauté, dans ce qu’ils confectionnent, mais il n’ont pas
d’intention créatrice. Ils peuvent prendre du plaisir à chanter, et même à
danser. Mais pas composer une symphonie, ni écrire un roman, un poème. Enfin,
s’ils participent certainement à leur manière de la Divinité, ils ne la
conçoivent pas, et ne communiquent pas avec elle. Mais c’est peut-être une
question de niveau d’évolution, car je pense que la Vie existe pour produire
des créatures conscientes qui en adorent le Créateur et s’unissent à Lui en la
transfigurant.
Pour en revenir à la désinformation, c’est ahurissant. La presse française fait dans l’inversion accusatoire et la
calomnie systématique. On peut dire que tout ce dont elle accuse les
Russes, ce sont les Ukrainiens et leurs parrains qui le commettent. C’est ce
que j’ai souligné dans un commentaire sur Facebook. Un parfait inconnu me répond alors élégamment : « Retourne dans ton EPHAD, morue. »
Vraiment, le troll pro ukrainien, c’est la classe... Pire encore: un autre, sous la vidéo de Douguine, place une photo de poulet grillé avec la légende: "Salutations à Douguine de sa fille Daria", et une ribambelle de smileys ricanants. J’ai pensé aux années
vingt en Russie, ou à Soljénitsyne conseillant aux intellectuels
distingués persécutés par les droits communs au Goulag de jurer de façon ordurière pour
avoir la paix. Je peux proférer des jurons orduriers, mais quand ça vient de
trop bas, je n’ai même pas envie. Simplement, lorsqu’on en arrive là, c’est que
le totalitarisme est déjà bien installé. Pas d’arguments, des insultes, et bientôt
des lynchages. L’arrogance des cancrelats qui, dans les époques normales, sont
si vite remis en place par la communauté qu’ils restent plus ou moins tapis
dans leurs ténèbres, attendant, pour se manifester, qu’arrive une guerre ou une
révolution.
Slobodan décrit dans son Antipresse le désinformation infâme dont la Serbie a été victime, pour permettre l’intervention de l’OTAN en la justifiant auprès des imbéciles. Comment toute la population des Serbes de la Krajina a dû choisir entre la valise et le cercueil, tandis que les Européens considéraient que c’était bien fait pour leur gueule, puisqu'on avait réussi à faire passer un peuple de résistants comme les Serbes pour des fascistes, alors que ceux qui l’avaient toujours été dans l’affaire, c’étaient les Croates, exactement comme en Ukraine, et Slobodan développe ce parallèle intéressant. Avec à la clé toujours les mêmes malfaiteurs, les mêmes manipulateurs, les mêmes menteurs éhontés. J’avais alors compris que tôt ou tard, l’OTAN déclencherait une guerre avec la Russie, selon le même scénario. Et en effet.
Les gens croient n’importe
quoi, et sont dans une confusion extrême. Je défends les paysans, mais ceux-ci
sont souvent allés avec enthousiasme à la rencontre de ceux qui ont causé leur
perte, ils se sont jetés sur le remembrement, les pesticides, les machines
coûteuses, et continuent à penser que la nature est destinée à être exploitée à
mort, en éradiquant toute espèce jugée nuisible, dès lors qu’elle diminue le
rendement et les recettes. On a voulu en faire ici, en Russie, des prolétaires,
en Europe, des agriculteurs. Tout ce qu’on veut, mais pas des paysans, des
paysans enracinés qui connaissent et respectent leur environnement, au lieu de
le violer en permanence.
Je ne peux plus regarder les
reportages sur les abattages de troupeaux entiers, sous le prétexte fallacieux
d’une maladie bénigne, cela me rappelle le Covid, et les analogies entre la
façon dont on traite les animaux, et dont la caste traite les gens sont si
évidentes que cela me fait peur. La méchante stupidité de ces créatures des
ténèbres ressemble beaucoup, en plus faux-cul, à celle des bolcheviques de la
collectivisation, qui enfermaient, selon Alexandre Panarine, les troupeaux derrière des barbelés, en
interdisant aux paysans qui en avaient été les propriétaires de venir les
nourrir, ou de s’en nourrir, . Il s’agit de la
destruction systématique d’un mode de vie, et des êtres qui le constituent,
soit les éleveurs d’un côté, les bêtes de l’autre. D’un mépris satanique pour
les uns et les autres. D’une cruauté glaciale et calculatrice. Et il se trouve
des éleveurs pour mettre les loups en cause, mais ce sont les préfets, les
députés et les technocrates qu’il faut éradiquer. Le loup fait partie de la
nature, il y a sa place, il a lui aussi le droit de bouffer, et une fonction à
remplir dans l’ordre divin, et puis il est noble, à l'inverse de ceux qui le traquent.
Je ne peux plus regarder les
reportages sur les incendies gigantesques à répétition, et rien ne m’ôtera de
l’idée qu’ils participent du même processus. J’ai lu qu’un projet de panneaux
solaires était en cours, quoi de mieux, avant de vitrifier toute une région,
que de l’incendier à mort pour faire place nette ? Comme cela se produit
au moment des deuils, mon cerveau se refuse à assimiler ce qui se produit, la
France mise à feu, et on peut le dire, au vu des agressions incessantes, à sang.
Et au pillage. De tous côtés, ce ne sont que destructions affreuses et
spectacles dégradants, discours affolants de haine et de stupidité, mensonges
et calomnies fabtasmagoriques. Des gens cultivés et théoriquement intelligents qui sombrent
dans le délire paranoïaque le plus absurde. Des gens incultes au delà du
possible qui éructent des insultes et des accusations aberrantes. Et tout cela
s’agite au milieu du désastre, crie, hurle, gesticule, grimace, glapit, exhibe son cul
et ses répugnants petits vices, en accusant la terre entière de sa propre nullité.
Olga Filatova nous parlait
d’un analyste russe, selon lequel l’abrutissement des masses était un programme
d’ingénierie sociale délibéré, ce dont je ne doute plus, et ce n’est pas
nouveau pour moi. Mais il observe que les manipulateurs responsables, ceux qui
ont initié tout cela et se croient d’une autre essence, deviennent eux-mêmes de
plus en plus stupides, ce qui est évident, quand on regarde le personnel
politique français, par exemple. Et les soi-disant intellectuels à son service. Mais c'est justement peut-être parce qu'ils s'auto sélectionnent et font barrage à tous les autres.
Il m’est très difficile de
garder de la charité chrétienne pour les dégénérés et les pervers qui se
multiplient et font tant de mal, et de ne pas éprouver de colère lorsque
j’entends leurs discours ou que je lis leurs commentaires.
A ce sujet, j’ai vu une émission très intéressante de Pierre-Yves Rougeron, au sujet du burn out, et des personnalités toxiques qui font du travail un enfer. J’ai connu cela, et je pense que le travail est presque toujours un enfer. A cause des personnalités médiocres, intrigantes et perverses qui prennent le dessus, et placent aux commandes des gens comme eux, et chez les indépendants, à cause de l’Etat et de l’administration, où de telles personnes sont de plus en plus dominantes et ne laissent pas arriver les autres, qui persécutent artisans, commerçants et agriculteurs, avec la méchanceté et la persévérance typiques des minables et des parasites. L’émission faisait justement l’analyse du processus qui dépasse largement aujourd’hui le cadre de l’entreprise, de la fonction publique, et atteint le pays entier. Les pervers narcissiques sont aux manettes partout, toute l’Europe est devenue la proie de ses pervers et de ses médiocres qui la précipitent dans le chaos car ils ne savent pas faire autre chose et haïssent la vie, la vérité, le talent, le courage et la pureté. L’invité de PYR parlait du recours systématique des pervers de bureaux à l’inversion accusatoire pour déstabiliser leur victime et lui faire perdre la raison, eh bien c’est ce qui est pratiqué depuis des décennies par une certaine caste, contre les opposants en France, contre tous ceux qui dépassent le niveau de la merde, et en ce moment, contre la Russie. Et il est inutile d’apporter des contre arguments, car on ne vous laisse pas parler, vous avez tort par définition , « retourne dans ton Ephad, morue ! » On ment encore et toujours, avec aplomb, jusqu’à ce que la personne sensée doute de son jugement, tandis que les fous et les imbéciles, qui ont depuis longtemps perdu le leur, répètent les incantations de ceux qui leur volent leur pays, les précipitent dans la misère, la violence, la folie et font Dieu sait quoi de leurs enfants. C’est l’histoire de Tartufe, si actuelle, ce bourgeois qui préfère se laisser ruiner et spolier par un louche et odieux personnage plutôt que de renoncer à l’image illusoire de saint inspiré que celui-ci avait pris à ses yeux. La différence avec aujourd’hui, c’est qu’alors, le bourgeois était le seul à ne pas voir à quel coquin il avait affaire, alors que maintenant, toute la famille partage son délire sectaire.
Dans cette perspective, je
suis convaincue depuis longtemps que la guerre actuelle, comme le dit Alexandre
Douguine, est métaphysique. L’Europe est devenu un vortex ténébreux, dont la
victoire russe est la seule chance de salut. https://geopolitique-profonde.com/videos/alexandre-douguine-eurasisme/?fbclid=IwY2xjawMHGoVleHRuA2FlbQIxMABicmlkETFwN3dWOFdGUEI5VTdDN1FmAR7RzM_dt9WabNcKR1zZr3WrBmirClvh7hyc0pJszuFStHQHg5UbH5hkn7VUHg_aem_Q9tCS8hBCTqWpqQ7ma0I-A
En rentrant de l’église, j’ai
été assiégée par les chats, que j’avais pourtant nourris, mais qui demandent
systématiquement, dès que je m’active dans la cuisine. Je n’en ai qu’un seul qui
me foute la paix, c’est Moustachon, et le pauvre est devenu complètement obèse
depuis que je l’ai fait castrer, si c’était à refaire, je m’abstiendrais,
malgré la nécessité de ne pas contribuer à de nouvelles naissances de chatons
généralement victimes de l’irresponsabilité ou de la cruauté générales. Même
Vassia du Donbass quémande sans arrêt. En plus, un intrus essaie de se glisser
parmi nous, un chat noir et blanc affreux, mais comme tout le monde, il a faim
et il veut vivre. Je vois parfois des appels à l’adoption de chats
bouleversants, avec des regards intelligents et innocents, et celui-ci a l’air
d’un emmerdeur fini, très con, et plein de vitalité, comme tous les cons.
Cependant, le voir tituber sous la pluie glaciale, comme au début de notre drôle
d’été, me serrait le coeur.
Xioucha m’a prêté un roman que
je traduirais volontiers si un éditeur voulait l’éditer et financer
l’opération, mais dans la France actuelle, il ne faut même pas y songer. Ce
roman décrit l’itinéraire d’un jeune programmiste libéral, parti se planquer en
Israël au moment de l’intervention russe en Ukraine, et dont la femme est
massacrée avec leur chat au cours du fameux concert du 7 octobre. Sa
grand-mère le récupère complètement traumatisé, et lui fait rencontrer un
ancien soupirant qui l’embarque au Donbass. C'est
criant de vérité, plein de vie, cela correspond entièrement à ce que je vois
de ces milieux libéraux ici, de leur façon de vivre et de s’exprimer, et ce qui
se passe au Donbass est également très bien dépeint, d’après ce que j’ai
entrevu, et d’après tout ce que j’ai lu et entendu.
Avec Tania, hier soir, nous
étions invitées chez Camille et Irina, un couple ami de Gilles et Lika. Ils ont
une maison à cinquante mètres de celle que Tania a acquise. Une vieille maison de marchands, en briques, qu’ils ont restaurée. Et la maison voisine, qui leur appartenait,
ils l’ont vendue à un architecte, qui a très bien aménagé une isba au bord de
la rivière et ne voulait pas avoir juste à côté une horreur boursouflée en
plastique. De sorte que tout ce petit coin sera épargné par la laideur ambiante.
Ils ont plein de meubles
anciens, qu’ils ont en partie rapportés d’Allemagne, et cela donne un peu
l’impression d’un musée ou d’un entrepôt d’antiquaire. A côté de leur maison, ils
ont construit un bain de vapeur, qui est, comme souvent ici, une seconde
maison, plus petite. Et tout ceci est pris dans un système de verrières qui
débouchent sur le jardin, une sorte de grande véranda, ou plutôt de serre, car
il y pousse toutes sortes de plantes, arrosées par un goutte à goutte, de la
vigne vierge, des clématites, des pétunias, des géraniums, et cela forme deux
salles à manger d’été, une petite et une grande. Le jardin lui-même n’a pas de
pelouse, comme cela semble être la tendance en Russie, dans un certain milieu,
mais des passages de bois qui déterminent des zones de végétation luxuriante.
Camille voulait savoir pourquoi Tania souhaitait venir vivre en Russie, bien qu’il fût persuadé lui-même que c’était une sage décision. Il est convaincu que le pays est à la veille d’un grand essor. Il a beaucoup voyagé, vécu dans divers pays, c’est un scientifique, comme le père d’Ania, Grigori Borissovitch. Comme lui très intelligent, très agréable, et complètement matérialiste.
Le nettoyage ethnique de la Krajina a si bien été «blanchi» que l’UE/OTAN a pu désigner sans vergogne un fier participant à l’opération «Tempête» du nom de Tonino Picula comme rapporteur sur l’intégration (éven tuelle) de la Serbie(3). L’énormité de la manipulation qui a réussi à faire passer les victimes pour les bour reaux et vice-versa, et faire croire que le «Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie» de La Haye était une authentique institution de justice et non une massue otanienne coiffée d’une perruque, a profondé ment marqué ma vie, et pas seule ment parce que je suis originaire de cette province tragique, où naquit aussi Nikola Tesla. Un quart de siècle avant l’enfumage du Covid, la Yougos lavie était un test — test que les élites académiques, politiques et média tiques de l’Occident ont lamentable ment raté, comme elles rateraient le test pandémique. Ceci alors même que les gens du peuple, souvent, saisissaient la vérité par l’intuition de leur cœur. Au début, j’avais envie d’attraper les gens par le collet: «Ne voyez-vous pas à quel point on vous manipule? C’est pourtant tellement gros!» Puis je me suis résigné à la nécessité de vivre entouré de crétins de fonction à la stupidité apprise. Journalistes? Jobards opportunistes pilotant leur carrière avec l’arrière-train comme on pilote un ULM. Politiques euro péistes? Complices de crimes de guerre. Grands juristes? Greffiers de l’absurdité normalisée. Grands universitaires? Blanchisseurs de récits politiquement orientés. Honneur aux exceptions, bien entendu, et je les ai saluées sans relâche. Ma seule réponse possible face à ce mur de déshumanité a été une parabole, Le Miel. Cela peut paraître dérisoire, mais cela a au moins ouvert quelques yeux et quelques cœurs. Je n’ai trouvé la sérénité nécessaire pour l’écrire que vingt ans, ou presque, après les faits
Slobodan Despot
jeudi 7 août 2025
L'anniversaire du père Valentin.
J'ai dû partir à Moscou, pour les soixante-quinze ans du père Valentin. J'ai fait la moitié du trajet sous une pluie battante, par une épouvantable chaleur moite, et comme je n'y voyais plus rien, j'ai été obligée de m'arrêter. Depuis, la pluie n'a cessé qu'une journée; mais maintenant, il fait seulement seize degrés, c'est l'automne.
L'anniversaire du père Valentin se fêtait dans un restaurant de Moscou, il y avait la famille, les amis, les prêtres de la paroisse, des gens que je connais depuis déjà vingt ou trente ans, leurs enfants, leurs petits enfants , j'étais placée à côté des Soutiaguine. Chacun y allait de son toast ou de son numéro musical, on lui a chanté en choeur "Dieu sauve le tsar" que tout le monde a écouté debout, et un choral allemand, préparé en famille car son fils, le père Mikhaïl et sa fille Liéna sont tous deux chefs de choeur. Entre les toasts, un petit orchestre classique de jeunes filles et une cantatrice remarquable qui chante au choeur de l'église interprétaient Mozart, Debussy ou Schubert. Je songeais que mon jubilé aurait déjà lieu dans deux ans, mais que je ne pourrais plus le fêter à Moscou: trop difficile et trop cher. Je le ferai à Pereslavl, viendront ceux qui pourront. Malheureusement, je suis née en plein hiver, ce qui complique un peu les choses...
Le moment venu de lever mon verre, j'ai évoqué ma rencontre avec le père Valentin, en quatre-vingt-dix sept: "Je suis la fille spirituelle française du père Valentin. Je me suis intéressée à la Russie encore adolescente, et je me suis alors convertie à l'orthodoxie. En 1994, je suis venue travailler au lycée français de Moscou, mais j'avais du mal à trouver une paroisse qui me convînt. Quelqu'un m'avait traînée dans celle d'un prêtre connu, mais la confession prenait tellement de temps que j'y suis passée seulement à dix ou onze heures du soir, le temps de rentrer, il était minuit, et l'office du lendemain a duré trois heures, le lundi, au travail, j'avais l'impression d'avoir subi une anesthésie générale. Un jour d'épuisement et de tristesse, j'ai donné de l'argent à une mendiante, et celle-ci m'a dit: "Tu as l'air triste, il te faut aller vénérer l'icône de la Mère de Dieu "Apaise mes chagrins". Puis, devant partir en France pour Noël, j'ai prêté mon appartement et mon chat à une étuidante française qui était amie avec Macha Asmus. De sorte qu'à mon retour, j'ai fait connaissance avec celle-ci qui s'est écriée: "Vous êtes orthodoxe? Vous devez rencontrer mon père!" Et le lendemain, j'arrivai dans le fameux appartement stalinien des Trois Gares, devant l'impressionnant père Valentin, avec sa grande barbe et sa voix grave. Pendant que nous discutions dans son bureau, toutes les cinq minutes arrivait l'un ou l'autre de ses neuf enfants sous toutes sortes de prétextes, jusqu'au moment où j'ai vu passer par l'entrebaillement de la porte le petit nez de le matouchka, puis toute son imposante personne, qui nous déclara: "Bon, alors vous vous décidez à venir boire le thé, oui ou non?" De sorte qu'en trouvant un père spirituel ici, j'ai aussi hérité d'une famille russe! Le dimanche suivant, en me rendant dans sa paroisse d'alors, j'ai vu que le principal objet sacré en était une grande icône miraculeuse de la Mère de Dieu "Apaise mes chagrins" et je me suis souvenue de ce que m'avait dit la mendiante, en pensant que ce genre de choses n'arrivait qu'en Russie."
Aujourd'hui, j'ai vu Katia, nous nous sommes rencontrées au café, avec Tania, qui repart bientôt, après avoir organisé toutes choses en vue de son retour définitif. Nous avons parlé du Donbass, de l'aide humanitaire, et de Fédia. Il y a quelques temps, le père Basile Pasquiet me disait que tous les soldats pour lesquels on priait chez lui à l'église étaient toujours en vie. Et Fédia lui-même est un miraculé à répétition. Merci à ceux qui prient pour lui. Katia m'a appris que le cosaque Dmitri avait été réformé; à la suite de ses blessures, il est resté sourd d'une oreille, mais il a retrouvé sa famille, et on peut dire qu'il s'en tire bien. D'après elle, Fédia a pris de l'assurance, à la guerre, il a grandi. Les épreuves qui ne nous brisent pas nous élèvent...
https://www.facebook.com/reel/1084161356764810
Espérons, à ce propos, que l'article de Karine Bechet Golovko pèche par excès de pessimisme:
L'idée qu'on puisse voler aux Russes une victoire si chère payée des deux côtés serait trop révoltante.
lundi 4 août 2025
Pélerinage dans la débâcle
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Icône de la Mère de Dieu souveraine |
Amaury est arrivé à Pereslavl avec les pèlerins tradis qui ont fait escale chez le père Basile. Il a mis chez moi une dame dont j'admire le courage, car elle est plus âgée que moi, et le voyage n'a pas été facile pour elle. De plus, c'est quelqu'un d'intelligent, de sensible et qui comprend bien la situation générale. Comme je lui parlais de Solan, du père Placide, elle m'a demandé pourquoi j'avais finalement décidé de repartir en Russie, et j'ai fini par lui rapporter la conversation décisive au cours de laquelle le père Placide m'avait déclaré: "Partez, nous sommes foutus". Elle est restée muette, comme si quelque chose lui était tombé dessus, qu'elle avait besoin de digérer.
Nous avons passé deux soirées avec toute l'équipe, qui nous a donné des chapelets et des médailles de Notre-Dame de Lorette, comme elle l'a fait aux Russes tout au long de son voyage, parfois bien accueillie, parfois moins. En dehors de cette dame, il y avait deux messieurs, deux messieurs français cultivés, traditionnels, très agréables, ils ont chanté des chansons d'autrefois, et moi la blanche Biche, qui tirait des larmes à Amaury, tout le monde a déclaré que chanter ce répertoire ici avait quelque chose de surréaliste. En effet, et malgré toute ma sympathie pour ces personnes, c'est leur démarche en elle-même qui me paraît le plus surréaliste de toute l'histoire. Car elle a quelque chose de missionnaire, mais tout ce qu'ils apportent est typiquement français, et encore, peut-être actuellement d'un certain milieu français, ce n'est même pas caractéristique du catholicisme actuel, car celui-ci, officiellement, désavoue les réfractaires à Vatican II. Personnellement, je souscris à tout ce qu'a pu dire le père Basile, qui, on ne peut plus traditionnel, a finalement choisi l'orthodoxie, comme du reste le père Placide, comprenant au moment de Vatican II, qu'il ne lui restait plus qu'à partir au mont Athos. Et donc, un certain milieu catholique traditionnel estime que la Russie a besoin d 'être convertie, au catholicisme qui s'est finalement renié, et au sacré coeur de la Vierge Marie de Fatima, pour sauver le monde et la chrétienté, car la Russie devrait se repentir de ses erreurs, cause de tous nos malheurs. Mais la Russie est chrétienne depuis mille ans, au moment de l'assassinat de Nicolas II, elle a été remise par l'Eglise orthodoxe russe au commandement de la Mère de Dieu, c'est elle qui en est la Tsarine céleste, en quelque sorte, depuis que nous n'avons malheureusement plus de tsar ici. Est-ce qu'on a fait de la Mère de Dieu, la reine de France, après le sacrifice de Louis XVI sur l'autel du Progrès exponentiel? Le communisme a été inoculé à la Russie depuis l'occident, c'est en Angleterre d'abord, et en France ensuite, qu'on a décapité le roi légitime et chrétien, puis persécuté les croyants, avant que cela se produisit ici par contagion, alors avant de demander le repentir à la Russie, il faudrait s'occuper de sa propre poutre. Enfin, même si les Russes peuvent avoir de la sympathie pour des Français venus à leur rencontre, ils ont quand même une certaine prévention envers les tentatives de conversion occidentales, qui, depuis les ambassades auprès d'Alexandre Nevsky et les agressions des chevaliers teutons, en passant par l'uniatisme polonais, ont ici très mauvaise presse. Le père Basile s'était d'ailleurs fait jeter de sa première affectation en Russie, parce que les gens du cru pensaient que c'était, malgré sa conversion, un "catholique franc-maçon"!
Cela dit, les réflexions suscitées par l'événement et dont je fais part ici n'ont pas été évoquées au cours de nos deux soirées, elles me sont venues après, sur le fond de méditations antérieures sur ce thème.
L'exploit des marcheurs français catholiques me semblait quelque peu étrange, dans un pays où ce qui demeure chrétien est massivement orthodoxe, au moment où le catholicisme officiel sombre dans un n'importe quoi qui consterne beaucoup de ses fidèles, à commencer, depuis déjà longtemps, par les catholiques tradis eux-mêmes. Je me disais que pour pas mal de gens, ma propre démarche est difficile à comprendre, mais elle m'apparaissait tout-à-coup on ne peut plus justifiée, peut-être une intuition qui dépassait largement ma compréhension d'adolescente, quand je l'amorçai, à dix-huit ans, dans l'église de la sainte-Trinité, à Vanves. Car si je reste française par bien des côtés, ma langue et ma culture, mon héritage génétique, si parfois des vidéos sur de magnifiques églises romanes encore revêtues de leurs fresques et accompagnées de chants vieux romains des origines touchent en moi une corde très profonde, je suis absolument convaincue que le salut de la chrétienté ne réside pas dans la conversion au catholicisme traditionnel périphérique de la Russie restée orthodoxe malgré des persécutions inouïes. Et quand je vais à l'église ici, je me sens chez moi, hier, c'était l'anniversaire de notre évêque, et j'étais heureuse de m'associer à cet événement, de le féliciter, de partager la communion avec tous ces gens qui constituent à mes yeux une sorte de famille spirituelle, cette fameuse sobornost' orthodoxe, dont les effets me sont très sensibles. Au fond, quand j'ai quitté l'Eglise romaine, je n'avais jamais ressenti cela, et je ne le ressens pas devant ce qu'il en subsiste aujourd'hui, parallèlement au désastre de Vatican II qui poursuit son chemin. Ce qui ne signifie pas que je n'ai pas de respect, individuellement, ni d'amour, pour des catholiques, simples fidèles ou même prêtres et moines, après tout, saint Silouane disait qu'on ne pouvait damner des millions de gens parce qu'ils n'étaient pas nés dans un pays de tradition orthodoxe, et mon père Valentin pense que toute personne morte au nom de Christ le rejoindra quelle que soit sa confession.
De me sentir chez moi dans l'Eglise orthodoxe fait que je me sens chez moi en Russie, même si j'ai la nostalgie de la France, de ses paysages, de mon enfance, et si je conserve de l'attachement à sa culture. J'entendais Amaury dire qu'à Nijni-Novgorod, le maire était prêt à construire une église catholique pour attirer des émigrés européens au savoir-faire intéressants dans toutes sortes de domaines. C'est-à-dire que des catholiques viendront dans la même perspective que les colons allemands sous Catherine II, qui restèrent protestants et allemands dans leurs villages spécifiques pendant plusieurs générations, même si certains d'entre eux s'assimilèrent plus vite, naturellement. Bon, grand bien leur fasse. En fin de compte, la Russie est grande. Mais il y a quelque chose pour moi de poignant dans cette attitude crispée sur ce qui n'est plus et dans un exil qui voudrait, au fond, changer le pays d'accueil, qu'on dit aimer, mais qu'on voudrait autre qu'il n'est historiquement et spirituellement. Dans un sens, moi aussi, je le voudrais autre qu'il n'est actuellement, je le voudrais tel qu'il est fondamentalement, tel que je l'ai aimé à travers sa culture, je voudrais qu'il redevînt pleinement lui-même, mais ce n'est pas la mode. Même ici. L'amie russe d'Amaury nous disait que, comme en occident, les jeunes se mettaient ici à mépriser et détester les vieux, et évidemment, tout ce qui était national; cependant, ce n'est pas encore un phénomène irréversible et prédominant, car je trouve suffisemment d'écho pour qu'on vienne m'interviewer et me filmer régulièrement, et je me fais aussi aborder par des jeunes. De plus, elle vit à Moscou, et ne connaît pas les milieux des folkloristes, par exemple.
A ce sujet, je suis tombée sur le post suivant, sur le fil de Facebook:
Je remarque que ces observations très justes sont hélas applicables à la Russie elle-même. Dans la version communiste de l’idéologie du Progrès matérialiste, le slogan numéro 1, c’était : du passé faisons table rase. Les églises, les monuments anciens, tout ce qui pouvait rappeler l’ancienne beauté, l’ancienne ferveur, le désir de transcendance. Et bien sûr la nature, qui devait être asservie, violée et exploitée à merci. C’est même étonnant de voir la concordance entre les comportements nazis ukrainiens et les comportements bolcheviques qu’ils contestent. Sans compter que ces réflexes sont aussi en place dans la France républicaine. Ici, on déteste souvent tout ce qui peut rappeler la Russie antérieure à 17 et surtout la paysannerie. On déteste les espèces végétales locales et la « mise en valeur » de la berge de notre rivière, ici, à Pereslavl, s’accompagne d’une table rase au bulldozer qui n’a laissé aucun arbre indigène debout, pour faire certainement place à des espèces exotiques du genre thuya, ou pire, à des topiaires et des arbres en plastique aux fleurs fluorescentes inaltérables que l’on retrouve jusque dans l’enceinte féérique et typiquement russe du kremlin de Rostov. En moins ouvertement idéologique, c’est exactement ce qui se produit à Lvov, disons qu'ici, cela procède d'un mauvais goût qui lui même procède de l'éradication du sens de la beauté, de l'authenticité pratiquée par l'idéologie. A Lvov, on détruit des arbres soviétiques, ici on détruit des arbres russes, parce que la Russie n’est pas chic, elle est attardée, on veut partout instaurer l’esthétique, si l’on peut employer ce mot, du centre commercial européen, avec les petits réverbères et les massifs bétonnés, ou même de la zone industrielle: que du béton, que du métal, que du plastique. Ca fait propre. La vie, c'est sale.
A propos des réflexions que je me faisais dans la chronique précédente, j'ai trouvé cette citation sur la page Orthodoxy and animals:
"God is Intellect and transcends the creatures that in His Wisdom He has created; yet He also changelessly begets the Logos as their dwelling-place, and, as Scripture says (cf. John 14:26), sends the Holy Spirit to endow them with power. He is thus both outside everything and within everything. " - St Nikitas Stithatos
Je suis rassurée de ne pas être hérétique...
mercredi 30 juillet 2025
Les filets du Christ
Tania est venue me dire qu'un bel oiseau gisait près de mon portail, un gros oiseau, je suis allée voir, c'était une mouette, et j'aime particulièrement ces créatures du vent et de l'eau, couleur des nuages, leur cri mélancolique. L'orage avait dû la faire tomber dans les broussailles, et son aile s'était emmêlée dans les cordes des liserons. Nous l'avons dégagée, elle était un peu ankylosée et choquée, mais au bout d'un moment, elle a réussi à partir. J'étais heureuse d'avoir pu la délivrer.
Retour à l’église, après avoir
manqué la liturgie de dimanche dernier, et cela m’a fait du bien, je ne sais
pas comment cela marche, mais ça marche... Les gens qui prient, leur gentillesse, les cierges,
l’encens, les rites, cet espace immémorial, cohérent, éternel au sein de ce chaos absurde où nous devons tous vivre. L'Eucharistie me donne toujours une impression de paix, de joie recueillie. Je me demandais si j’étais vraiment si chrétienne que cela, car au fond, je ne peux pas comprendre comment un principe
uniquement masculin peut engendrer un Fils et créer un univers dont la moitié
féminine et la moitié masculine se cherchent sans arrêt, se ruent l’une vers l’autre,
recréant, projetant infiniment la Création ou l’accomplissant dans l'exultation et la terreur. De plus, tout ce que je
ressens et découvre m’indique que le monde où nous sommes est fait, sur notre
planète même, d’univers parallèles, que tout y est sacré, que tout participe du
sacré, sauf l’Homme contemporain qui le profane à chaque pas et y commet des
iniquités impardonnables, insupportables, piétinant tout, et se croyant tous les droits, dans une arrogance de plus en plus stupide et néfaste. Les dauphins et les orques ont un
système de communication très élaboré, et ils sont innocents, ils sont purs. Il
en est de même des éléphants, qui ont la notion de la mort, des loups nobles et monogames. Les arbres aussi communiquent, et ils
ont besoin des chants d’oiseaux pour pousser. L’interpénétration, l’osmose, est
immense, entre le Créé et le Créateur. En même temps, je crois que le Christ
est Dieu incarné, et que l’Homme a un destin spirituel qui est peut-être de
dépasser, de transfigurer la loi naturelle et que cela sera l’accomplissement
suprême du phénomène de l’Existence et sa libération de cette perpétuation
infinie du meurtre et de l’entredévoration qui nous cause tant de souffrances,
même en faisant abstraction de la perversité et de la prédation humaines.
Un moine disait que les animaux étaient tous des serviteurs de la Création de Dieu, les animaux et les plantes, chacun a sa fonction indispensable et complémentaire, et les traiter comme nous les traitons, de façon mercantile, consommatrice, brutale et cruelle, c'est cracher à travers la Création, sur le Créateur qui souffre avec elle et avec nous.
Le père Basile m’a raconté au
téléphone qu’il avait vu arriver, avec un Français de ma connaissance, une
équipe de pèlerins cathos tradis venus à pied convainсre les Russes de se
« convertir », comme s’ils ne l’étaient pas déja depuis plus de mille
ans. Le père Basile leur a dit qu’ils seraient toujours très bien accueillis
par les Russes, qui sont très gentils, mais que sur le plan de la théologie,
ils allaient rencontrer pas mal de résistance, que lui-même, vendéen, avait
compris que le traditionnalisme le plus radical, c’était tout simplement
l’orthodoxie. Malgré toute l’estime que lui inspirait leur
« exploit », il pense, comme moi, que tous les adeptes de la
conversion fatimiste sont dans une telle ignorance de la Russie, de sa
mentalité et de sa spiritualité qu’il est difficile de discuter avec eux. Commencer à voir la Russie et son histoire comme elles sont serait remettre en cause pas mal d'illusions.
Il est, comme Dany, et comme
Fédia, le fiancé de Katia, choqué par les fêtes estivales débridées qui sont
peu acceptables dans le contexte d’une guerre meurtrière et périlleuse. Il
m’a dit que tous les soldats pour lesquels on prie au monastère restent pour
l’instant en vie, et Fédia lui-même attribue à la prière des gens qui le
soutiennent le fait qu’il soit encore de ce monde lui-même.
J’avais rendez-vous à dix heures, dimanche, pour un tournage, dans le cadre d’un intéressant documentaire. Au monastère Danilov. J’y étais en avance et en évidence, mais je ne voyais rien arriver. Le cinéaste m’a écrit qu’il cherchait Aurélie la Belge, qui devait sonner les cloches et participer au film. Le retard était si grand que j’ai fini par appeler, malgré les brouillages internet, parce qu’il était impossible qu’on ne me trouvât pas là où j’étais. Et Aurélie, qui m’a répondu, m’a dit que je m’étais trompée de monastère, ce n’était pas au Danilov de Pereslavl qu’on m’attendait, mais à celui de Moscou!
Un type à qui j’avais répondu que s’il avait lu l’Evangile, il aurait vu que Jésus envisage d’ouvrir le Royaume aux gentils, m’a mise au défi de lui citer des passages qui le prouvent. Sur le moment, j’ai pensé que j’aurais mieux fait de ne pas faire de commentaire, car je n’avais absolument pas le temps de faire toute une recherche. J’y suis plus ou moins arrivée, mais maintenant, je ne retrouve plus notre échange, et puis à vrai dire, les exemples trouvés ne lui paraîtront pas convaincants. Il s’agit du Centurion, de la Cananéenne, la parabole du vigneron, celle aussi, à mon avis, du festin auquel se dérobent les invités, et puis le passage «Allez, baptisez toutes les nations ». Il y a aussi, me semble-t-t-il, le passage du bon Pasteur, mais tout cela demande à être vérifié. Pour moi, il est évident que le message du Christ s’adresse aussi aux gentils, et d'autant plus que les pharisiens ne le recevaient pas, mais sur un type qui cherche à prouver que ce n’est qu’un juif suprémaciste de plus, cela n’aura pas grand effet. Il en est de lui comme des pèlerins fatimistes, son système n'enregistre pas certaines données.
Chaleur lourde et orageuse, taons déchaînés, nouvelles affreuses et inquiétantes. De toutes parts. Mon amie Sophie m'écrit: "L'état profond, c'est satan, il est libre et ira jusqu'au bout, puisqu'il ne sait rien faire d'autre que détruire le beau, donc tant que Christ ne sera pas revenu, on est inexorablement sur un toboggan, seules nos prières ralentissent la chute".
C'est ce que me disait déjà le père Barsanuphe en 1970. D'après lui, le monde reposait en permanence sur les prières de sept saints et le jour où ceux-là viendraient à manquer, il s'effondrerait. Beaucoup de prédicateurs ici soutiennent la même chose: la guerre en cours est spirituelle avant tout, chaque prière, chaque belle et bonne action, chaque moment de lucidité et de recueillement contribuent à la victoire. Sophie ajoute: "Les moines, les prêtres, les fidèles, leurs prières, les églises, les pensées sont les filets du Christ pour ralentir le temps du jugement et sauver le plus d'âmes possible."