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mercredi 9 septembre 2020

La résistance des souris

 J'étais à New-York en 1982. J'y ai fêté mes trente ans. J'allais dans un atelier de gravure, plein de brillants artistes et l'ambiance était toujours joyeuse, chaleureuse, les gens passaient leur temps à plaisanter. Ils étaient presque tous jointés en permanence, et me faisaient penser à d'éternels enfants. L'un d'eux tomba malade, c'était un Espagnol, il s'appelait Ramon. J'allai le voir à l'hôpital. Je fus la seule à l'avoir fait. Et quand je mentionnai cette visite à tous les charmants Peter Pan, ils ne m'ont pas demandé de ses nouvelles, ni l'horaire des visites, ni s'il fallait lui porter des oranges. Ils m'ont demandé si je m'étais lavé les mains en revenant de ce lieu de perdition.

Quand j'étais institutrice, je voyais s'accumuler les mesures qui faisaient à tout le monde la vie impossible, par exemple, défendu d'accepter les gâteaux maison qu'apportaient les parents pour l'anniversaire de leur gosse. Les oeufs pouvaient ne pas être frais, des élèves pouvaient être allergiques, donc nous ne devions accepter que des merdes de supermarché; comme j'étais en Russie, il m'était difficile de faire comprendre aux parents russes que leur délicieux gâteau fait avec amour devait être remplacé par un truc industriel fabriqué Dieu sait comment.

De même, il nous était interdit de soigner les enfants, désinfecter, mettre du mercure au chrome, un pansement sur les bobos. Encore une chose que les parents russes avaient du mal à comprendre. Les allergies, encore une fois...

Je sentais avec un sûr instinct que ce souci de notre santé manifesté par l'Etat n'annonçait rien de bon et ironisais sur le fait que bientôt, nous aurions à mettre aux gosses un casque intégral et des genouillères avant de les laisser sortir en récré. Cela me rappelait, dans l'Arrache-coeur de Boris Vian, la mère qui, trop angoissée pour laisser ses enfants prendre leur autonomie, finit par leur couper les jambes pour les empêcher de sortir.

Encore cette mère monstrueuse éprouvait-elle de l'inquiétude, de l'attachement. Mais qui peut croire que c'est par souci de notre vie que les divers gouvernements, qui ont tous, comme le remarquait un correspondant canadien,  Bill Gates comme ministre de la santé, nous collent à vie un torchon sur le nez, de la maternelle à l'EPHAD, sous menace d'arrestation et d'amendes? Pour ceux-ci, j'ai l'antidote: https://planetes360.fr/il-faut-foutre-un-coup-de-pied-dans-la-fourmiliere-gouvernement-oms-bill-gates-le-professeur-christian-perronne-se-lache-et-denonce-une-corruption-mondiale/?fbclid=IwAR2FB01RNkzVH6LZfq4mkN1eq00lPcXJnj4Se4QI1__Hr7i7KeAJXhny0Co

En fait, il y a longtemps qu'on pouvait le remarquer, en France, tout ce qui n'était pas interdit était obligatoire. D'ailleurs, ma mère, visitant Moscou dans les années 90, m'avait dit: "on ressent ici une liberté qui n'existe plus chez nous". Ce qui était tout à fait exact, la liberté russe d'alors tenait de l'anarchie, mais à vrai dire, même sous l'Union Soviétique, j'avais remarqué dans la vie quotidienne russe ce côté anarchique qui devait déjà agacer Pierre le Grand et qui agace maintenant les oligarques transhumanistes, ceux qui "veulent notre bien", et, avec leurs expressions  de gargouilles convulsées, déclarent que nous sommes un troupeau d'imbéciles.

On sent une tentative ici pour s'aligner sur la "deuxième vague"de Covid tant évoquée et tant espérée par les médias universellement serviles. A Moscou, j'ai vu près du métro une camionnette qui vaccinait dans la rue les gens contre la grippe, ce que d'ailleurs, d'après le professeur Montagner, il ne faut surtout pas faire quand on a des soupçons de Covid, on nous diffuse ici dans le magasin Vkousvill un message en boucle sur fond de musique douce "pour notre santé, pour la santé des autres...." Ceux qui veulent notre bien nous hypnotisent. Je suis allée à une exposition, hier, on nous a sauté dessus pour nous imposer le masque. Une fois dans la salle, tout le monde le portait "sur l'oreille", ou même en bracelet, sauf notre évêque, qui ne doit pas vouloir susciter de provocations. Les gens se dérobent sans protestation affichée, simplement, ils font semblant, en peuple habitué à l'oppression et aux injonctions vexatoires absurdes, tant qu'elles ne touchent pas à son noyau vital, j'espère que ce noyau vital n'est pas encore attaqué par l'acide doucereux qu'y versent goutte à goutte les joyeux mondialistes. Je ne crois d'ailleurs pas tellement à un deuxième confinement, il me semble que les gens comprennent massivement que selon l'expression russe, "on nous pend des pâtes sur les oreilles", et même, malgré les efforts de certains, je subodore que les résistances remontent haut.

Enterrement du chat par les souris. C'est ainsi que le peuple russe voyait la mort de Pierre I
A noter qu'Ivan le Terrible n'a pas du tout laissé dans le folklore ce genre de traces.


mardi 8 septembre 2020

En ville

 


Je rentre ce soir de Moscou, deux heures de bouchons sur le périphérique et deux heures de trajet. Dès que je suis là bas, entre la pollution et le masque que je mets le minimum, j'ai des allergies respiratoires qui commencent. Poutine a raison de dire qu'on ne peut le porter plus de dix minutes sans suffoquer et les dingues qui nous gouvernent l'imposent de façon dictatoriale à des millions de gens sains du matin au soir, y compris aux gosses et aux vieux, et le pire, c'est qu'il y en a qui trouvent ça normal, et vont même dénoncer ceux qui n'ont pas envie de se détruire la santé pour plaire à Big Pharma...

Chaque fois que je vais à Moscou, j'ai un programme que je ne remplis pas. Je voulais voir Liouba, mais elle avait à faire déménager une armoire, elle n'était pas disponible. Nous avons discuté au téléphone, et elle m'a déclaré que cela l'avait beaucoup aidée à cerner des impressions qu'elle avait, or c'est l'effet que me font toutes nos conversations, Liouba m'a souvent été d'un grand secours spirituel. Nous avons évoqué l'attitude des hiérarques pendant la crise du Covid, les masques et mesures diverses, en contradiction avec l'esprit et les rites de l'Eglise. La déclaration du patriarche comme quoi nous pouvions regarder les liturgies on line et nous en passer, comme Marie l'Egyptienne au désert. Mais non, nous ne pouvons pas nous en passer. Je me pousse pour surmonter ma flemme et y aller, mais si je n'y vais pas, je tombe vite dans la déprime. On peut naturellement prier chez soi, ou contempler la nature. Mais il y a une dimension de prière collective qui est absolument indispensable, et pas masqués à deux mètres les uns des autres. Nicolas Bonnal a publié tout un article sur le masque qui nous prive de notre visage qui doit être en principe à l'image de Dieu: https://nicolasbonnal.wordpress.com/2020/09/07/voler-nos-visages-et-nous-priver-de-notre-ressemblance-a-dieu-les-effets-profonds-du-mouvement-du-masque-par-mo-woltering/. Tout orthodoxe sait bien quelle importance a le visage, et le premier de tous, celui du Christ incarné. La liturgie nous rappelle que l'humanité est Une, comme disait le père Vsévolod Schpiller, elle nous met dans la dimension de la sobornost russe, la communion en Christ, nous devenons tous un en Lui, et peu importent alors les péchés des uns et des autres, ou les défauts de nos prêtres, nous entrons dans la même grâce. A Moscou, je suis allée à l'église, et, regardant nos prêtres officier, le père Fiodor, le père Dmitri, je me sentais pleine d'amour pour eux, comme je me sens pleine d'amour pour mon évêque, nous sommes à l'église tous ensemble. Ici, une vieille vient m'offrir des propshores, si je ne vais pas les chercher moi-même, les enfants Rimm me sautent au cou, on fait une collecte de pommes si j'ai oublié d'en apporter un panier pour les faire bénir, oui, quels que soient les défauts des uns et des autres, nous retrouvons à l'église le contraire de la société contemporaine abominable où nous nous enfonçons, et l'on vient nous dire d'y aller masqués et de rester loin les uns des autres? Naturellement, il y a des précautions à observer, mais quand même, surtout au vu de la mystification qu'on nous monte.

L'eucharistie avait un arrière-goût de l'alcool dans lequel les prêtres sont obligés de tremper la cuillère de la communion, cela m'a fait un drôle d'effet.

  J'ai vu Xioucha, celle-ci m'a proposé de m'emmener avec elle chercher des affaires chez son oncle, et nous avons fait pour cela un très beau trajet, à travers des quartiers préservés de Moscou. Avant de partir, j'ai appris par une amie, ce qui vient en complément de ma chronique précédente, que Sobianine planifiait de détruire un des rares endroits de la ville qui a conservé toute sa poésie et son caractère pittoresque, entre la Taganka et Kitaï Gorod. Il doit lui aussi vouloir éliminer de son monde nouveau transhumaniste cette beauté sur le terrain de laquelle prospère la populace conservatrice... Au retour, nous sommes restés coincées dans des embouteillages, et je n'a rien pu échanger avec le père Valentin, qui est parti se coucher. Je me suis confessée à lui le lendemain à l'aube, et j'ai vu Dany après la liturgie. Puis je suis allée à la Chocoladnitsa, une chaîne de salons de thé, manger une omelette, les omelettes russes sont toujours trop sèches. Enfin, ne voyant pas arriver le père Valentin, j'ai décidé d'utiliser quand même les heures que je perdais dans son appartement, et je suis allée faire des courses chez Leroy Merlin. au retour, toujours pas de père Valentin. Le soir, j'ai appris par sa fille Liéna revenue de la datcha qu'il était parti chez sa fille Macha, à Peredielkino, sans moi, parce qu'il ne m'avait pas trouvée, j'étais chez Leroy Merlin!

Du coup, je suis allée à Peredielkino le lendemain pour ne pas décevoir Macha. Il faisait très beau, l'été s'accorde une petite prolongation. Chez elle, on a l'impression de se trouver chez les trois ours ou les sept nains, car c'est dans la forêt, ou plutôt ce qu'il en reste. Sur le chemin, j'ai cru voir un chien, mais c'était un renard, sûrement encore jeune. Macha a plein d'enfants et pas une minute à elle. Physiquement, elle ressemble de plus en plus à sa mère, la matouchka, en beaucoup plus mince. En revanche, c'est Xioucha qui a sa façon de parler, son humour sarcastique!

Est venue nous rejoindre une de ses voisines, Lisa, que j'ai rencontré une ou deux fois chez les Messerer, et qui me fait en ce moment un lion en céramique inspiré par les modèles traditionnels. Elle fait aussi des vêtements russes traditionnels,mais elle est pédiatre de métier, je ne sais pas comment elle arrive à tout combiner. Elle parcourt la Russie, surtout le nord, et me propose d'aller voir avec elle une exposition à Serguiev Posad. C'est une jeune femme énergique, lumineuse et gaie.

C'est cette expédition à Peredielkino qui m'a valu de stagner sur le périphérique. En arrivant à Pereslavl, j'ai fait un détour par le lac, la plage municipale, j'avais besoin d'espace. Le soir tombait, et j'ai même raté le coucher du soleil. C'est curieux, ici, la diminution des jours, ou leur augmentation, ne me paraît pas aussi progressive qu'en France. Jusqu'à début août, nous avions de longues soirées, avec cette lueur au nord qui subsistait même en pleine nuit, et puis tout d'un coup, nous avons basculé du côté des fins de journée de plus en plus ténébreuses, et je n'ai même pas vu comment. Sveta Soutiaguine a posté des vues de Kertch, en Crimée. Ils ont le même ciel, et la même lumière, que dans le midi de la France...

Rita était ravie de faire un tour sur la plage. Le lac était lisse, miroitant, frémissant, avec des reflets et des sillages de canards dans tous les sens. J'aurais été en maillot, je m'y serais baignée. Vraiment, je ne pourrais plus vivre à Moscou, ni dans aucune grande ville, malgré les souvenirs que j'y ai et les gens que j'y connais, on sent que les villes sont devenues les abcès de fixation de ce que notre civilisation produit de pire, des laboratoires sataniques. J'ai remarqué beaucoup de tours 5G, pareilles à celle qu'on a monté dans mon quartier, pour préparer la "ville intelligente" de ceux qui n'ont plus l'intelligence de rien, surtout de rien de vital et d'essentiel. Et pourtant, j'ai l'impression que les Russes font semblant, du haut en bas, que les choses ne prennent pas et ne prendront pas le tour qu'elles prennent dans la partie "démocratique" du monde, en Europe, en Australie, où l'on sombre dans un affreux délire de science-fiction.





jeudi 3 septembre 2020

Conversation entre deux démons


 

Voici la capture d'écran de la conversation entre deux démons ordinaires de la modernité.

Nikolaï Davydov

En conservant les centres historiques nous multiplions les conservateurs et autre populace qui prolifèrent sur la culture de la suprématie blanche, c'est pourquoi il n'y a rien de mal dans l'anéantissement d'un centre historique, au contraire il est grand temps de détruire le Kremlin et autre héritage de la merde tsariste, en faisant place à ce qui est nouveau.

Ramil Latfouline

 En substance, c'est cela même, la conservation des centres historiques, c'est un acte antidémocratique qui met les citoyens des villes sans architecture historique dans une position humiliante devant les habitants des villes qui ont de belles constructions impériales. (ici manque un morceau qui, d'après la suite, devait concerner la ville de Kazan, complètement défigurée récemment, d'après un ami qui en est originaire)

Nikolaï Davydov

Kazan, d'accord, mais je parle des villes russes, il faut y détruire tous les bâtiments historiques, pour mettre un terme à l'épanouissement des ambitions impériales. 

Je ne sais pas qui sont ces deux types, fonctionnaires, journalistes, édiles, députés? Je ne sais pas ce qu'ils sont socialement, ils occupent certainement un poste qui leur permet de nuire, ce qu'ils se proposent visiblement de faire, mais ce que je sais, c'est que ce sont deux démons, dans la lignée de ceux de Dostoïevski, puis des bolcheviques, qui appliquaient précisément ce programme. Le couplet sur la suprématie blanche est intéressant, puisqu'en Russie, le problème ne se pose pas tellement pour l'instant, et il me laisse à penser que ces deux individus sont des libéraux; cela me prouve une fois de plus à quel point libéraux et communistes sont les deux faces d'une même médaille, ou les deux têtes d'un même serpent. Et quand je dis communistes, je pense plus précisément à ceux du début de l'expérience, aux bolcheviques, léninistes et trotskistes, avant la relative russification ultérieure de l'expérience, qui a quand même laissé des traces dans la mentalité, sous forme de mépris de tout ce qui est ancien, mais c'était devenu davantage un conditionnement qu'une vraie conviction, et si l'on continuait à détruire, on tolérait des archéologues et des restaurateurs. Ceux-là sont convaincus, ils brûlent de haine pour tout ce qui est russe, enraciné, ancien, parce que précisément, c'est beau, c'est attirant, c'est convaincant. C'est sûr qu'ayant liquidé tout ce qui était harmonieux et poétique, qui élevait l'âme et enchantait l'esprit, on peut plus facilement prôner aux foules hagardes et décervelées qu'on leur a apporté la lumière sous forme de cages de béton et de cabanes en plastique, de meubles en formica et de nippes made in China, et qu'avant le règne de l'antéchrist, les gens étaient plongés dans les ténèbres, vivaient en haillons dans des huttes en poussant de ridicules grognements au son de la balalaïka, une bouteille à la main. On pourra aussi leur expliquer que les blancs n'ont jamais rien fait de bien, que "tout le mal vient des religions" et c'est là que nous en arrivons à l'aspect occidental de la question, car voyez, le programme qu'annoncent ces deux créatures des ténèbres et qui était celui des bolcheviques, il s'implante depuis longtemps en France, et se déchaine à présent. Réécriture de l'histoire, qu'on nous truffe d'Africains et de musulmans qui n'en ont jamais fait partie que de très loin, déconstruction de notre culture, de notre langue avilissement des populations, destruction des sites naturels et des symboles architecturaux les plus visibles et les plus sacrés. Ce que nous avons en occident, c'est un capitalisme bolchevique internationaliste, mondialiste, qui nous hait et veut faire table rase de tout ce que nous sommes. Les bolcheviques s'acharnaient sur les paysans et les intellectuels, maintenant c'est toute la population héritière de la civilisation blanche et chrétienne, la"populace" qu'évoquent ces deux araignes, qui sera la cible de ces gens-là. C'est avec nous tous qu'ils veulent en finir, avec tout ce que nous avons fait, avec tout ce que nous sommes. Et à mon avis, le Covid, le masque et tout ça, les BLM, les islamistes, les antifas, les révolutions de couleur, ce sont des péripéties dans la lutte que mènent les orques de Sauron pour l'installation du Mordor général. Ouvrons les yeux à l'est et à l'ouest sur nos ennemis communs au lieu de faire des chassés-croisés de part et d'autre de l'ancien rideau de fer. Si la Russie communiste était isolée derrière, c'est parce qu'elle ne correspondait plus assez au programme général, qu'elle n'avait pas assez bien répondu à la brillante idée de départ, ce sont toujours les mêmes chacals qui poursuivent inlassablement: notre destruction.

 Illustrations de Bilibine: contes de fées? Non, la Russie, c'était ça. Bilibine était ethnographe, tout ce qu'il dessinnait, costumes, architectures, intérieurs, il l'avait vu lors de ses expéditions, il ne les inventait pas. Mais on peut dire aux enfants élevés dans la laideur désespérante que tout cela est du domaine du rêve, permis de trois à sept ans, pas plus. Après, il faut entrer dans le moule de l'horrible homme nouveau prévu par la révolution française maçonne, puis la révolution bolchevique.

 



 


mercredi 2 septembre 2020

La dauphinelle du 1° septembre

 


J'ai publié une photo de la floraison remontante inattendue d'une des dauphinelles qui m'avaient émerveillée en juillet, le 1° septembre, début officiel de l'automne et de l'année scolaire en Russie. Des commentaires sur l'état de mon jardin m'ont poussée à procéder à une toilette de fin d'été, ce qui m'a pris deux jours. Je le fais le moins possible, c'est pénible, et je n'aime pas violer la nature et transformer un espace vivant en désert vert. Mais parfois il le faut, à cause de la berce du Caucase, ou pour retrouver la structure du jardin, dégager certaines plantes que l'on privilégie.

Mon potager me donne des courgettes, au début, je ne les avais pas vues, car je croyais avoir planté des courges, j'attendais de gros fruits oranges et n'ai pas repéré les gros fruits verts. Les grosses courgettes sont difficiles à cuisiner, mais elles ont beaucoup de goût, de même que les tomates qui sont arrivées à mûrir, il me faudrait garder des graines pour l'été prochain et faire une serre, car elles sont vraiment très bonnes.

Pour ce qui est des choux, le voisin d'en face m'a dit qu'il fallait couper les feuilles extérieures si on voulait obtenir la tête de chou classique, ce que j'ignorais totalement. Maintenant, ça commence à se produire, mais l'année prochaine, je m'y prendrai plus tôt.

Mes "boules d'or", cette année, forment une écume jaune qui retombe sur les asters et les "octiabrines" dont la vitalité et la taille leur permettent de soutenir leur assaut et de servir de tuteur, mais tout cela semble étouffer un peu les roses trémières, moins jolies que l'an dernier, mais il se peut aussi qu'elles atteignent la nappe, ce qui leur serait fatal. Cependant, elles se ressèment.

La journée était si belle que je suis allée m'installer dans mon hamac, dont je n'ai pas tellement profité, cette année. Le soleil était chaud, le vent déjà frais, l'air transparent et léger, pas de moustiques, des floraisons dorées, des corolles qui tremblaient dans la lumière et accueillaient papillons et bourdons, je contemplais ce mouvement hypnotique de la vie, et ces transparences éclatantes et subtiles qui m'enchantent profondément. Il est vrai que de pareilles journées sont rares en Russie, et en fin d'été, ou début d'automne, on sait qu'elles nous sont vraiment comptées, mais elles nous donnent un avant-goût du paradis.

J'en ai profité pour appeler mon amie Liouba. Elle m'a raconté que sa fille et son gendre, installés en Angleterre, n'arrivaient pas à quitter la France, pour revenir chez eux. A l'aéroport, des flics partout pour guetter les contrevenants au port de la muselière bien étanche, et comme l'un de leurs fils sortait le nez pour respirer, un pandore est venu agiter sa matraque avec un air menaçant.

Après, je suis allée faire des courses, et je suis tombée sur Gilles et Maxime, devant le café la Forêt, escale obligatoire! Ils étaient avec le comptable Ilya qui m'a bien aidée pour établir mon permis de séjour. J'ai eu de la chance de l'avoir fin janvier, car Maxime a toutes sortes de complications dues au Covid qui a tout arrêté. Et maintenant, la loi a encore changé, on lui demande un casier judiciaire, alors que moi, je n'ai pas eu à le fournir une deuxième fois. Or en France, cela a changé aussi, ils sont fournis uniquement sous forme électronique, il ne sait pas comment ça va passer au service d'immigration. Quand on n'a pas de conjoint russe, mieux vaut ne pas bouger d'ici, on ne sait pas trop si on ne resterait pas coincé entre deux pays. J'ai dit que j'avais la nostalgie de la France, des sortes de diapositives ou de films intérieurs, je vois des endroits, Pierrelatte, Cavillargues, la maison de mon oncle et ma tante à Marseille, les promenades que je faisais avec mon petit chien. "Oui, me dit Gilles, moi aussi, et avant, je partais tous les deux mois, mais là ça fait presque un an que cela ne m'est pas arrivé." C'est curieux ce phénomène des images intérieures qui surgissent avec insistance. Et pourtant, j'aime la Russie, et je m'y intéresse depuis mon plus jeune âge.

Nous avons échangé des anecdotes sur l'invasion et la décadence, l'insécurité, la dictature sanitaire des satrapes haïssables qui ont pris le pouvoir et font tout pour le garder, les Ukrainiens et Biélorusses hagards qui se ruent vers une Europe que tous ses habitants indigènes commencent à fuir épouvantés. Intéressant chassé-croisé. Gilles et Maxime connaissent beaucoup de Français qui veulent partir.

J'ai mis deux jours à monter un fauteuil-lit IKEA que je trouve un peu gros, j'aurais préféré un fauteuil à bascule en osier, mais me voilà à nouveau pourvue de locataires, et je veux pouvoir éventuellement recevoir. J'héberge Nadia qui a trouvé l'amour sur un site de rencontre orthodoxe, déménagé un temps à Serguiev Posad, et qui veut maintenant revenir ici. Elle veut construire une maison avec une hypothèque et l'aide de sa mère. Je n'avais aucune envie de loger encore quelqu'un, et j'ai émis toutes sortes de réserves. Mais je dois dire que la cohabitation se passe bien. Je pensais à tort que son jules serait une espèce de bigot, parce qu'elle est une jeune femme orthodoxe sérieuse à jupe longue et fichu, mais pas du tout, c'est le prince Charmant. Grand, beau, intelligent, profond, avec une sorte de force tranquille virile. Il ne lui manque que d'être riche, mais on ne peut pas tout avoir. Discuter avec lui est un vrai bonheur.

J'ai trouvé aussi sur IKEA un tapis en solde pour une vingtaine d'euros, un tapis qui imite le vieux persan usagé, dans tons verts, gris et bleus en complète harmonie avec tout le reste et dans une matière qui n'est pas noble mais me permettra sans doute de le nettoyer plus facilement. Les animaux adorent ce tapis, j'espère qu'ils ne pisseront pas dessus et ne feront pas leurs griffes sur le fauteuil. Mon atelier salon est presque complètement aménagé, cela m'aura pris presque quatre ans.

Les chats sont toujours très excités par les livraisons et les déplacements de meubles. Et j'ai toujours l'impression de les avoir achetés pour eux, d'ailleurs, ils en prennent immédiatement possession.







samedi 29 août 2020

Questions stupides

 Hier, fête de la Dormition, je me suis prise par la main pour aller à l'église, mal préparée à la communion, et en plus, j'ai oublié de prendre de l'argent, je n'avais pas un sou pour la quête, les cierges, et les dyptiques.En gros, la honte totale. Le prêtre qui me confessait est ukrainien, et soupire "Seigneur aie pitié" avec une vraie douleur à chaque péché qu'on lui énonce, même mes peccadilles minables. Il me dit que le Christ remplace tout ce qui peut nous manquer, c'est aussi ce que me dit Ioulia du monastère saint Nicétas, et c'est une chose que je n'arrive pas toujours à réaliser. "Je sais, lui dis-je, mais il est comment dirais-je? un peu abstrait.

- Comment ça, abstrait? Vous avez l'eucharistie, Son corps et Son sang, et vous me dite qu'Il est abstrait!"

 Pourtant, j'ai eu des révélations qui m'ont fait penser: "Un seul moment comme celui-ci rachète tout les malheurs de ma vie et les rend insignifiants". Mais je bloque sur la tendance à désincarner la religion que je rencontre souvent et qui ne me paraît pas juste, et il n'y a rien à faire, cela ne passe pas. Mes "questions de païenne" qui scandalisaient dans mon enfance un curé rigide, restent sans réponse. J'ai lu, à propos d'un archimandrite qui vient de se défroquer, des considérations sur les tuniques de peau qui ravalaient Adam au rang d'un animal, lui qui était à celui des anges, mais je me pose la question païenne et stupide, quel besoin avait Dieu de créer tous ces animaux magnifiques, et un homme sexué flanqué d'une femme, si c'était pour les faire vivre comme des anges, alors qu'Il en avait déjà des théories sous la main, parfaitement désincarnés et asexués comme il sied? Et puis ce mépris pour l'amour humain, qui est certes limité mais peut-être parfois une fusion absolue... Moi, je suis très charnelle, j'ai besoin de voir, écouter, sentir, étreindre. Les gens qui ne le sont pas me semblent souvent de malheureux pisse-froids qui pourrissent la vie de ceux qui les entourent. Dans mon livre, Fédia, qui est mon double, ne reçoit au fond pas de réponse définitive du métropolite Philippe auquel il adresse ce genre de questions. Il choisit le métropolite parce qu'il l'aime, parce qu'il discerne en lui un saint homme, parce qu'il lui offre une transcendance et le salut, mais ses questions païennes restent sans réponse, il quitte la vie avec résignation et humilité, mais à regret,et les miennes, qui sont les mêmes que les siennes, je mourrai sans doute avec. Comme lui, j'ai aimé le père Serge qui ne comprenait absolument pas ce genre de débat, j'ai aimé le père Placide, j'aime la mère Hypandia, mon évêque, j'aime mon père Valentin, j'aime la sainteté. Mais j'aime aussi toute la création, qui est à la fois euphorique, splendide, souffrante et violente, et sexuée du haut en bas, à part les amibes et les bactéries. L'eucharistie m'est tombée  dans la bouche de telle façon que le vin a coulé directement en moi, chaud et liquide, avec une étonnante présence, au lieu de simplement imprégner le pain. Il m'a semblé étrange que cela se produisît juste après les considérations du prêtre ukrainien, et c'est lui qui m'a donné la communion.

On nous a lu une lettre du saint Synode. Le problème est que je comprends très mal le prêtre qui s'en est chargé. Mais l'impression que j'en ai retirée, c'est qu'on nous présentait le Covid comme la peste bubonique, ce qu'il est loin d'avoir été par la virulence, les effets et la contagion, justifiant les mesures adoptées, qui me sont de plus en plus suspectes, félicitant les médecins etc. 

Là encore, je suis peut-être une tête de cochon, mais je ne comprends pas le saint Synode. Il est évident à tout être doué d'un cerveau que l'on nous mène dans un affreux bateau, mais le saint Synode n'a pas l'air de s'en apercevoir. Ne dit-on pas que dans les derniers temps, même les élus seront séduits? Pourtant, certains prêtres voient ce qui se trame autant que moi, par exemple le père Andreï Tkatchev, ou le père Andreï du monastère de Minsk et d'autres encore.

Je crois bien qu'on a installé une tour 5G à 50 m de chez moi. Je pensais que ce serait une caméra, mais cela ne semble pas le cas. 

L'automne en Russie commence dans deux jours, et il est vraiment dans l'air, même s'il ne fait pas très froid, le temps change, les feuilles commencent à jaunir et rosir, en revanche, les moustiques ne semblent pas comprendre que la fête est finie et me gâchent ces derniers moments où je pourrais rester dehors. Pour ce qui est de la fusion avec la nature environnante, le climat et les insectes piqueurs restreignent les possibilités. D'un autre côté, les rares fois où l'on peut se baigner, on trouve encore aisément à le faire sans le cirque des plages et des bords de rivière en France. 

Le ciel était extrêmement beau, hier soir, comme il ne l'est qu'ici, et j'aurais dû aller au lac d'un coup de voiture, ou de vélo, mais j'ai eu la flemme. Je suis restée sur le perron à regarder cela, je suppose que Dieu fait pareil de son côté, et c'est là que les gens comme moi le rencontrent.



 

mercredi 26 août 2020

Chevaux dans la nuit

photo du film Andreï Roubliov de Tarkovski

En France, en plus des "incivilités" ce délicieux euphémisme destiné à jeter un voile pudique sur les viols collectifs de gamines, les agressions sauvages contre de paisibles citoyens, les pillages, les profanations et les incendies qu'en d'autres temps commettaient les huns, les tatars, les sarrasins, les pirates et les grandes compagnies, on s'attaque aux équidés, à coups de poignards, on les mutile, on les torture, on les tue.

Le cheval est dans la tradition slave un symbole de vie, associé au soleil et au printemps. Il figure, stylisé, partout dans l'art populaire. Sur le faîte des maisons, il protégait les occupants de celles-ci. Sur la chemise du marié brodée par sa fiancée, il était censé favoriser la fertilité et chasser les mauvais esprits. Chez des barbares normaux, du type huns ou mongols, je doute qu'on en soit jamais arrivé à torturer et tuer des chevaux pour le plaisir . Et cela me paraît  un  signe particulièrement sinistre. Mais le produit de trois ou quatre générations de cerveaux lavés ne déchiffre plus les signes et ne les comprend plus. J'avais lu dans les écrits du père Vsévolod Schpiller comment les cosaques des armées blanches, quittant la Crimée sur le dernier bateau en partance, pleuraient en voyant leurs chevaux désespérés les suivre à la nage, et cela m'avait paru le symbole le plus tragique de la révolution et de son programme d'extermination de ce que la société russe comptait de plus noble. Les aggressions sadiques commises par des créatures des ténèbres sur des chevaux en France me paraissent celui de l'achèvement d'un processus qui a pourri mon pays à mort, il me semble tristement complémentaire de l'incendie de Notre Dame, et aussi de l'infanticide légalisé. Un pays où les églises brûlent, où l'on assassine les bébés et où l'on torture les chevaux a perdu toute bénédiction. Que dire encore des viandards associant les massacres indignes qu'ils font de la faune sauvage avec leurs racines, alors qu'ils ne connaissent plus ni leurs traditions, ni leur folklore, ni leur foi, et je dirais même ni leur terre qu'ils surexploitent n'importe comment, ni leur bétail qu'ils font vivre dans des conditions concentrationnaires?

Je voudrais croire qu'un miracle sauvera la France et que la Russie ne suivra pas jusqu'au bout le même chemin. Un chemin de perdition qui fut très court mais me paraît tragiquement irrémédiable, un peu comme celui qui sépare la prostituée du coin de la rue de la communiante qu'elle fut, du moins dans les chansons de Fréhel, quand il y avait encore des communiantes et des petites filles. A tel point que me submerge un écoeurement indicible. Je survole toutes ces clameurs de détresses sans écho, de haine, d'indignation, et ces doctes commentaires, et ces mensonges éhontés qui trouvent toujours preneurs, ces justifications passionnées de ce qui est injustifiable, ces impudentes inversions accusatoires, et je n'ai plus envie de jouer. Ni de justifier ou d'expliquer mes propres positions, mes propres tâtonnements, d'autant plus que si je suis de plus en plus persuadée  que notre monde du progrès et des lumières est un asile de fous, un bordel où l'on perd figure humaine, un abattoir, je ne peux souvent pas l'expliquer à des gens qui n'ont plus les récepteurs pour comprendre ce qui leur est arrivé et même, ne veulent surtout pas le savoir, car cette horreur est trop vertigineuse. Et puis, la laideur insensée, la vulgarité de notre quotidien sont devenues à beaucoup de gens absolument intrinsèques. Leur opposer des arguments n'a même plus de sens. C'est sauve qui peut. Et sauve qui tu peux, et qui le veut. La lumière ne peut rien pour les aveugles, à quoi bon leur allumer des cierges? Déjà, si l'on arrive à garder le sien allumé, on a bien de la chance....



 
Fréhel: les filles qui la nuit s'offrent au coin des rues
 
 
Lioubè: le cheval

mardi 25 août 2020

Un émigré

 Encore une magnifique journée, et je suis retournée à la Vioksa me baigner, car nous voici à la veille de l'automne, des arbres commencent à jaunir, le temps peut changer brusquement et plus de baignades jusqu'à l'année prochaine, à moins d'aller passer l'hiver à Cuba...

L'eau était meilleure que la dernière fois. J'ai longuement nagé dans cette fraîche douceur, en contemplant de jeunes bouleaux frissonnants que surveillaient de grands sapins noirs. Des canards m'accompagnaient avec une curiosité flegmatique. J'aurais presque pu les toucher, mais je ne voulais pas leur faire peur. Puis j'ai fait une aquarelle, assise sur un ponton. Sur le ciel voilé, une cascade de nuages brillants et froissés descendait en écumant jusqu'aux pins de la rive d'en face. La baignade reste associée pour moi au canyon desséché de l'Ardèche, avec son calcaire blanc et ses garrigues, à la mer Méditerranée, ses pins parasols et ses lauriers roses, et je suis toujours ébahie de nager dans ce décor nordique, où j'étais aujourd'hui la seule à le faire, jusqu'à l'arrivée d'un aimable moustachu qui m'a demandé si l'eau était bonne.

J'étais retournée à la rivière il y a deux ou trois jours, mais je ne m'étais pas baignée, car j'étais accompagnée d'un jeune Français qui n'avait pas de maillot. Nous avions déjeuné avec Gilles et sa femme, qui habitent dans ce coin de rêve, et nous avons fait un tour, en fin de journée, avec les Jack Russel des Walter, et ma Rita qui voulait se faire porter dans son sac. Je crois qu'elle craint les moustiques, et je les trouve pires qu'au mois de juin et juillet. Peut-être parce qu'il n'y a pas assez de vent.

Ce jeune Français est un ancien gilet jaune qui a décidé, comme le père Placide quand il m'a expédiée en Russie, que c'était fichu. Il est beau garçon, bien élevé, catholique. C'est aussi un traditionnaliste, partisan d'Alexandre Douguine. Grâce à ses talents d'informaticien, il gagne bien sa vie, mais ce métier, et la méconnaissance du russe l'isolent. Ce séjour à Pereslavl lui a permis de faire connaissance avec Gilles et aussi Olga, qui parle français et habite Moscou. 

A notre retour, il m'a dit que ce n'était pas toujours facile, pour lui. "J'ai le mal du pays. Cependant, quand je retourne en France, je ne me reconnais plus, et j'ai envie de repartir. Pour vous, c'est sans doute plus facile, dans la mesure où vous êtes orthodoxe, et russophone....

- Oui, mais j'ai le mal du pays quand même. A vrai dire, quand je suis retournée en France, j'avais la nostalgie de la Russie. A un moment, il faut choisir, et j'ai été aidée par le père Placide et les circonstances. Mais je pense souvent à la France, il m'en revient des images, c'est comme un cinéma intérieur. Le père Valentin me dit que nous sommes des exilés non dans l'espace, mais dans le temps. C'est très vrai, et valable aussi bien pour les Russes que pour les Français, nous sommes tous tombés dans une maison de fous planétaire, et nous avons la nostalgie d'un monde encore normal. Cela dit, pour l'instant, à Pereslavl, n'était l'enlaidissement irrésistible et fantasmagorique de cette pauvre ville, j'ai au moins l'impression d'être à l'écart de cette folie générale, les gens sont calmes, bienveillants, gentils, notre vie paisible....

- Parfois, on me reproche et je me reproche de ne pas être resté combattre en France...

- Oui, je vous comprends, et c'est un choix à faire. Cependant, vous avez eu juste le temps de partir, ce qui est peut-être le signe que c'était votre destin. Et puis je me demande s'il y aura même un combat, à vrai dire, je ne sens pas de grandes capacités de résistance. Pour moi, c'était en effet plus simple, car je me suis toujours sentie décalée dans la société française, j'ai vécu dans une grande solitude, un ennui profond, et je n'avais aucune perspective. J'étais marginalisée d'autant plus que j'étais orthodoxe et politiquement incorrecte, je cumulais les handicaps. C'est ici que j'ai commencé à vivre, si je fais exception de mon enfance heureuse. Ici, je connais beaucoup de gens qui partagent ma vision des choses, au moins pour l'essentiel. Mon enracinement français est génétique, sentimental mais pas spirituel ".

Gilles lui conseille de s'installer en province, où obtenir un permis de séjour est plus facile. A vrai dire, quand on travaille chez soi, il y a peu de raisons, à mes yeux, de rester en ville en ce moment, avec la covidomanie et les diverses menaces qui planent. Les capitales deviennent trop malsaines. Et puis ici, on trouve en province des relations intéressantes qu'on a le temps de rencontrer, d'une façon détendue et conviviale.