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dimanche 21 février 2021

Prise de conscience

 Je répercute ici un article publié par Slobodan Despot dans son Antipresse, l'article d'un libéral russe qui a tout à coup pris conscience qu'il se trompait peut-être légèrement de combat. 

 L’ENLÈVEMENT D’EUROPE 2.0 (traduit du russe par Slobodan Despot dans le dernier Antipresse)

ANTIPRESSE 273 | 21.2.2021

Exergue

Depuis le 6 décembre 2015, l’Antipresse a publié 273 lettres hebdomadaires, 2759 articles originaux, 165 tribunes («passagers clandestins»).


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(Vous pouvez également le retrouver sur la page des archives)


Spécial abonnés LECTEUR


L’éditorial en vidéo: https://youtu.be/i56G9rjFMOU

Chers Lecteurs,

Nous nous occupions de notre actualité nationale, suisse et française, lorsqu’un texte peu ordinaire nous est tombé sous les yeux. J’ai donc décidé, au dernier moment, de le traduire pour vous. Il s’agit du «manifeste Bogomolov» qui suscite ces jours-ci une polémique monstre dans le milieu intellectuel russe.

Hirsute, branché, marié à une personnalité politique d’opposition, le metteur en scène Kostantin Bogomolov est un représentant type de l’intelligentsia «libérale» et pro-occidentale en Russie. Son texte sur l’«enlèvement d’Europe 2.0» constitue pourtant une charge violente contre le «modèle» que l’Occident actuel offre au monde. Une charge d’autant plus terrible que les valeurs de cet Occident y sont «déconstruites» par quelqu’un qui les connaît bien et qui aurait voulu, en d’autres temps, les importer dans son pays.

Cette déclaration de divorce culturelle intervient au même moment où le ministre des Affaires étrangères, le si retenu M. Lavrov, se déclare prêt à rompre les liens avec l’Union européenne.

Qu’est-ce que cela veut dire? Même s’il est emporté, hâtif, partial, et bien entendu assez injuste, le pamphlet de Bogomolov tend un miroir à l’Occident. «Voici pourquoi nous ne vous aimons plus», lui dit-il. Dans sa critique, exprimée avec de grandes références culturelles et littéraires, nous pouvons voir la métamorphose de notre société de liberté en un pandémonium de haine et de suspicion se dessiner avec des couleurs crues. Les vérités inconfortables sont toujours bonnes à prendre!


Le manifeste Bogomolov Orange mécanique
L’homme est une belle créature, mais aussi une créature dangereuse. Comme l’énergie atomique, il a des pouvoirs à la fois créatifs et destructeurs.
Gérer cette énergie, limiter sa puissance destructrice et encourager sa puissance créatrice est une tâche ardue. La tâche de construire une civilisation complexe basée sur la complexité de l’humain. C’est ainsi que le monde occidental s’est développé jusqu’à une époque récente. Maîtriser par la religion, la philosophie, l’art et l’éducation la face obscure de l’homme, mais aussi laisser cette obscurité s’échapper par les mêmes soupapes, comme la vapeur d’une chaudière surchauffée.
Au XXe siècle, cette pile nucléaire qu’est l’humain avait échappé à tout contrôle. Le nazisme fut son Tchernobyl. Le choc et la terreur de l’Europe face à cette éruption du primaire humain étaient insupportables.
Libéré du nazisme, l’Occident a décidé de se prémunir contre un «accident nucléaire» en éliminant cet homme complexe.
C’est ce même type humain que l’Europe a façonné pendant des siècles de christianisme, l’homme décrit par Dostoïevski: à la fois élevé et bas, ange et diable, aimant et haïssant, croyant et pris de doute, pensant et fanatique. L’Europe a eu peur de la bête dans l’homme, ne réalisant pas que la part animale dans l’humain est aussi naturelle et organique que sa part angélique. N’ayant pas la force de surmonter intellectuellement et spirituellement les conséquences du nazisme, l’Europe a décidé de castrer l’homme complexe. Châtrer sa sombre nature, emmurer à jamais ses démons.
En son temps, Kubrick a tourné Orange mécanique, un film sur des jeunes ensauvagés qui terrorisent la cité sous l’influence de la drogue, tabassant et violant les paisibles citoyens. Une fois le chef du gang capturé, on lui propose une thérapie expérimentale en échange d’une libération anticipée: fixant ses paupières pour les empêcher de se refermer, on lui montre des heures durant des scènes de violence tout en lui passant la musique de son Beethoven adoré. Au bout du compte, le jeune homme n’est pas seulement débarrassé de son agressivité: la musique le rend malade, il ne peut plus voir une femme nue, le sexe le dégoûte. En réponse aux coups de fouet, il lèche les bottes de son fouetteur.
L’Occident moderne est un semblable criminel qu’on a chimiquement castré et lobotomisé. D’où, sur le visage de l’homme occidental, ce faux sourire de bienveillance et d’assentiment. Ce n’est pas le sourire de la culture, c’est le sourire de la dégénérescence.
Le Nouveau Reich éthique
L’Occident se considère comme une société «vouée» à la réalisation des libertés individuelles. En réalité, l’Occident lutte aujourd’hui contre l’individu en tant qu’énergie complexe et dangereuse à manier. Dans cette lutte, les fonctions de poursuite, de jugement et d’isolement ne sont pas supprimées, mais déléguées par l’État à la société. L’État, représenté par la police et les forces de l’ordre, s’est «humanisé», mais la société prétendument progressiste a assumé le rôle d’une nouvelle phalange, avec l’aide de laquelle le même État combat la dissidence avec une efficacité redoublée.
Le monde occidental moderne est en train de devenir un nouveau Reich éthique avec sa propre idéologie: la «nouvelle éthique». Le national-socialisme, c’est du passé. Le socialisme éthique est devant nous. Le socialisme queer. Siemens, Boss et Volkswagen ont fait place à Google, Apple et Facebook, et les nazis ont été remplacés par un mélange non moins agressif d’activistes queer, de féministes et d’éco-psychopathes qui sont tout aussi désireux de reformater totalement le monde.
Les régimes totalitaires traditionnels avaient supprimé la liberté de pensée. Le nouveau totalitarisme non conventionnel est allé plus loin et veut contrôler les émotions. Limiter la liberté d’émotion d’un individu: c’est le concept révolutionnaire du Nouveau Reich éthique.
Les sentiments et les pensées ont toujours été la zone privée de l’homme. Ses mains pouvaient être ligotées, mais son cœur et son cerveau étaient libres. C’était là le contrat social tacite de la civilisation européenne, qui voyait l’homme comme un réceptacle d’émotions et d’idées, où la haine est l’envers de l’amour: une composante certes complexe et dangereuse, mais nécessaire et importante de la personnalité humaine.
Dans la société nazie, l’homme avait été dressé comme un chien à haïr l’autre. Dans le Nouveau Reich éthique, l’homme est dressé à aimer et privé du droit de haïr librement.
Vous ne pouvez plus dire «Je n’aime pas ceci…», « Cela ne me plaît pas…», «J’ai peur…». Vous devez coordonner vos émotions à l’opinion publique et aux valeurs communes.
Or les valeurs communes sont devenues un nouveau Mur des Lamentations, où tout individu malheureux, offensé ou simplement malhonnête peut non seulement apporter sa note, mais aussi exiger qu’un nouveau Dieu - la Société progressiste - inscrive son insulte, son drame, sa peur ou sa maladie sur les listes d’une nouvelle Unesco éthique, lui confère un statut socialement éminent, lui alloue un budget et lui affecte un quota spécial dans toutes les sphères de la vie publique. Et quiconque affirme qu’un grief est futile, qu’une maladie est soignable ou qu’un drame personnel est votre affaire intime sera la cible d’une puissante machine répressive: cette même opinion publique.
Tous contre un
Les réseaux sociaux sont devenus l’outil idéal de cette nouvelle machine répressive. Tous les citoyens «bienveillants» et «actifs sur les réseaux» en sont les collaborateurs virtuels. Ils ne portent pas d’uniforme, ils n’ont ni matraque ni taser, mais ils ont des gadgets, une soif de pouvoir philistine et une passion tacite pour la violence doublée d’un instinct grégaire. Ils n’ont pas de prérogatives légales, mais ils tiennent la haute main sur le plan moral. Et à la lumière des récents événements aux États-Unis, il est évident qu’il ne s’agit pas simplement d’une foule spontanément rassemblée sur les réseaux: ils sont soutenus par les autorités, le nouveau ministère de la vérité représenté par les propriétaires des géants de l’Internet.
Les réseaux ont conféré à ces nouveaux violeurs l’anonymat, l’absence de contact et - par conséquent - l’impunité. Foules virtuelles, lynchages virtuels, intimidation virtuelle, violence virtuelle — mais isolement mental et social réel de ceux qui sortent du rang. Ces mouchards et ces loups-garous du web jouent habilement de la peur éternelle de l’humain de se retrouver seul contre tous les autres.
Dans l’État nazi, un artiste pouvait perdre son emploi et sa vie à cause de son art «dégénéré». Dans le «bel» État occidental du futur, un artiste peut perdre son emploi parce qu’il soutient un mauvais système de valeurs. Cependant, il ne s’agit plus seulement de l’artiste comme figure d’influence. La situation évolue de manière fulgurante. Aujourd’hui, le plus modeste assistant de recherche dans une institution de province américaine, ou un simple étudiant pacifique et parfaitement à sa place peut être expulsé à cause de sa «mauvaise» opinion de la vie politique ou publique actuelle. Et puisque c’est la société et non l’État qui prend ces mesures répressives, ces excommunications sont appelées actes de solidarité sociale, sanctifiées par la juste colère des personnes «libres» et «progressistes», qui exigent que les hérétiques se mettent à genoux, auquel cas elles seraient prêtes à leur accorder leur absolution et avec elle le droit de travailler et de créer. C’est ainsi que l’on est amené à l’autocastration comme seul moyen de survivre dans ce nouvel État orwellien.
La contre-révolution sexuelle
Le Nouveau Reich a déclaré la guerre à la mort. Une guerre à la nature humaine, au sein de laquelle le vieillissement et la mort font partie d’un incompréhensible plan divin. La poursuite de la jeunesse éternelle est devenue l’idée fixe de la nouvelle société occidentale. La raison en est évidente: la mort est imprévisible et divine. Or les socialistes queer, comme les national-socialistes, comme les communistes, ne reconnaissent nul autre pouvoir que celui de leur Idée. L’Idée et la Raison sont leurs divinités. Ou plutôt, ils sont eux-mêmes des dieux et voient l’homme non pas comme un mystère, mais comme un objet d’expérimentation, comme de la viande. La guerre à la mort est une guerre au mystère de l’être. Une guerre absurde et stupide contre l’éternité.
Mais là où il y a guerre contre la mort en tant que donnée divine, en tant qu’issue mystique, il y a aussi, inévitablement, guerre contre la vie. Car la vie est aussi imprévisible que la mort. Tout aussi incompréhensible. Et donc incontrôlable et dangereuse.
L’Europe est rapidement passée de la révolution sexuelle, qui avait tenu lieu de nouvelle Renaissance européenne post-nazie, à une lutte à mort contre l’énergie du sexe, la partie la plus vitale, la plus émotionnelle et la plus incontrôlable de l’existence humaine.
Car le sexe, c’est la liberté. Le sexe, c’est le danger. Le sexe, c’est l’animal dans l’homme. Mais surtout, le sexe, c’est la naissance de la Vie.
Le christianisme conférait à l’acte sexuel un caractère sacré. Divinité et beauté. L’érotisme était un sujet de l’art. Le désir était une inspiration. Le sexe, une jouissance sacrée de l’Amour. La naissance, un miracle.
Le Nouveau Reich considère le sexe comme de la production et les organes sexuels comme des instruments. Conformément aux préceptes socialistes du passé et dans le cadre du nouveau socialisme queer, il met en commun les outils de production et les redistribue, tout en optimisant la production elle-même et en la plaçant sous le contrôle de l’État social, rendant l’appartenance sexuelle indifférente.
L’incendie de Notre-Dame de Paris n’est pas un signe de la chute de l’Europe chrétienne sous les assauts des musulmans. C’est un signe étrange et mystique de la guerre du Nouveau Reich contre le mystère sacré de la vie et de la mort révélé par la Croix.
Les frontières et la nouvelle théorie raciale
La société transfrontalière et la globalisation sont des composantes du nouvel empire totalitaire. Autrefois, le dissident avait la possibilité de quitter sa société d’origine et d’en trouver une nouvelle. Les frontières garantissaient la liberté individuelle: la diversité des systèmes éthiques et de valeurs permettait à l’être humain de se trouver un environnement de vie et d’accomplissement adéquat — ou à tout le moins, un environnement qui le tolère et qui ne l’empêche pas de vivre.
Le Nouveau Reich éthique vise à l’expansion et l’unification des sociétés. Il instaure ainsi un nouveau village global, où le dissident n’a nulle part où se cacher des gardiens de la pureté éthique.
La pureté éthique a remplacé la pureté raciale. Aujourd’hui, en Occident, ce n’est plus la forme du nez ou la nationalité qui est examinée au microscope, mais le CV éthique de chaque individu qui se démarque: n’y aurait-il pas là-bas, tout au fond de votre passé, du harcèlement, de l’abus ou ne serait-ce qu’une déclaration qui ne correspond pas au nouveau système de valeurs? Si tel est le cas, tombez à genoux et repentez-vous!
L’Europe qu’ils ont perdue
La révolution a isolé la Russie de l’Occident pendant près d’un siècle. Libérée du bolchevisme dans les années 1990, la Russie s’est précipitée vers l’Europe. Elle cherchait à se faire accepter, voulait apprendre, rêvait de retrouver son statut de pays européen. Et puis se réapproprier les valeurs européennes, les valeurs de la belle Europe d’avant-guerre. Une Europe qui n’avait pas peur de l’homme dans toute sa complexité. Qui respectait sa liberté d’aimer et de haïr. Une Europe consciente que la nature avait créé l’homme comme un être complexe, contradictoire et dramatique, et qui ne se considérait pas autorisée à s’immiscer dans les desseins supérieurs. Une Europe pour laquelle la principale valeur de l’homme tenait en son individualité, exprimée non pas dans sa façon particulière de faire l’amour, mais dans sa façon de penser et de créer. Où la créativité elle-même consistait à créer des peintures, de la musique, des textes, et non à remodeler son propre corps ou à inventer de nouvelles options de genre.
C’était l’Europe que la Russie recherchait dans les années 90. C’était ce qu’elle-même rêvait de devenir.
Est-il nécessaire aujourd’hui de se chercher à tout prix des alliés là où il n’y en a pas?
L’Europe est une cerisaie abandonnée et désaffectée. Les Firs y fuient la foule des migrants, les Ranevsky sniffent de la cocaïne pour ce qu’il leur reste de santé, les Petya Trofimov écrivent des lois européennes, les Anya s’y découvrent gay, et les séniles Gaïev, tel le vieux Biden, marmonnent des sentences toutes faites sur la bonté et la justice.(1)
La Russie actuelle est très loin de cette Europe à laquelle elle aspirait. Et, de toute évidence, elle ne veut pas rejoindre le nouveau panopticon européen.
Nos progressistes et nos occidentalistes insistent: la Russie a toujours été et demeure encore un pays de brutes et d’esclaves. C’est en grande partie vrai. Mais il est également vrai que les longues années de vie dans des conditions d’absence de liberté, la peur du camp incrustée dans les gènes, la délation, mais aussi le mutisme et la violence comme moyens de survie et d’autodéfense du peuple contre les autorités et des autorités contre le peuple — toutes ces choses ne nécessitent pas une nouvelle révolution, mais de la patience et de la thérapie.
J’ai horreur de l’esprit de violence et de l’atmosphère de peur. Mais cela ne signifie pas que j’accepterai la transformation d’un pays de brutes et d’esclaves en un pays où l’on ne frappe plus par réflexe de peur, mais par exigence du cœur, où l’on n’empoisonne pas par veulerie, mais par ouverture d’esprit, où des Schwonders(2) BLM de toutes les couleurs (y compris blancs) entrent dans les maisons pour exiger des professeurs qu’ils s’agenouillent, partagent leur espace de vie et donnent leur argent pour aider des Floyds affamés.
La Russie a vécu tout cela en 17. Et les écritures inclusives et autres déformations du langage, et la volonté de s’affranchir de l’identité sexuelle ou culturelle, et les assemblées discutant de moralité, et les revendications de masse des travailleurs, et même des enfants qui trahissent leurs parents — ainsi que cela s’est produit récemment aux États-Unis, où une fille démocrate a dénoncé ses parents trumpistes à la police(3) en découvrant qu’ils avaient participé à la prise d’assaut le Capitole. Tout cela, nous l’avons connu. Et comme il est étonnant de voir le monde occidental, comme s’il rêvait pour la première fois les doux rêves de Vera Pavlovna, et comme il est étrange de voir les yeux brûlants et les discours naïfs des nouveaux raznotchintsy(4) russes, dont la répression morale exercée contre les malpensants n’est pas moins ardente que celle de la police anti-émeute.
Or il y a beaucoup de malpensants, et ce ne sont de loin pas des orthodoxes «dormants». Ce sont des gens modernes, joyeux et libres, instruits et prospères, ouverts à la nouveauté, aimant la vie dans toute sa diversité. Des Russes, des Européens, des Américains, qui rêvent secrètement que ces temps étranges et sombres s’en aillent. Ils ont peur d’élever la voix. Ils ont peur d’être cibles du harcèlement en ligne en Russie, d’être moralement terrorisés, de perdre leur emploi et leurs moyens à l’Ouest.
Ils ont besoin de soutien comme d’air pur. Il faut que leurs sentiments et leurs pensées soient formulés en paroles et que ces paroles soient portées par de la volonté et de l’organisation. Ce qui signifie qu’il temps de formuler de manière claire et intelligible une nouvelle idéologie de droite, une idéologie à l’écart de tout dogmatisme radical, mais qui défende de manière stricte et sans compromis les valeurs d’un monde complexe fondé sur une humanité complexe.
Les raznotchintsy russes nous disent: la Russie est à la traîne du progrès.
Niet!
Par un concours de circonstances, nous sommes la voiture de queue d’un train fou lancé à toute allure vers un enfer boschien où nous attendent des démons multiculturels et «dégenrés» (gender neutral).
Il nous faut simplement détacher notre wagon, faire un signe de croix et commencer à construire notre propre monde. Reconstruire notre bonne vieille Europe. L’Europe dont nous avons tant rêvé. L’Europe qu’ils ont perdue. L’Europe de l’homme sain.

Je ne suis pas d'accord avec tout ce que dit Bogomolov, mais je crois qu'il a saisi l'essentiel, et que ceux qui ont saisi cela, de n'importe quel horizon qu'ils viennent, devraient faire corps.
Ce qu'il n'a pas compris, à mon avis, c'est que le virus de 1917, dont il reconnaît aujourd'hui les symptômes en Europe, venaient de l'Europe, l'Europe était son incubateur, c'est pourquoi sa nostalgie des belles valeurs européennes perdues me fait plutôt rigoler.
Ces valeurs là avaient commencé à disparaître depuis longtemps, et la première crise de cette maladie, après la révolution anglaise, fut la révolution française, qui a infecté la Russie.
Le virus de 1917 a continué à prospérer dans son incubateur de départ, dans les intelligentsias européennes, et en particulier françaises, imprégnées de trotskysme. Dans les facs des années 70 régnait exactement le climat qu'il dénonce ici, ce totalitarisme exécrable, moche et stupide, je l'ai vu venir.
Là où je ne suis pas d'accord non plus, c'est dans sa conception de son propre peuple, des brutes et des esclaves, mais c'est naturellement logique pour un être élevé dans la conviction qu'avant 1917, tout n'était que ténèbres, alors que la brutalité et la mentalité d'esclaves ont été largement le fait de la terreur bolchevique; celle-là même qu'on installe en ce moment chez nous, avec toute sa bêtise destructrice. Dieu sait que je n'ai jamais approuvé le servage, mais je sais que d'une part, il n'était pas implanté partout, que d'autre part, ce n'était pas à proprement parler un esclavage et qu'enfin, le foklore, sous toutes ses manifestations, ainsi que les photos anciennes, ne laissent pas apparaître une mentalité d'esclaves et de brutes avec les faciès correspondants. Mais ni l'intelligentsia tsariste ni à plus forte raison l'intelligentsia communiste ne se sont vraiment penchées sur le folklore, à part quelques notables exceptions.
En effet, la Russie est le wagon de queue du train fou, mais cela ne date pas d'hier. Cela date du moment où Pierre le Grand l'a accrochée à ce train. A l'époque, il semblait puissant et magnifique, mais il était fou quand même, c'est juste que maintenant, il est difficile de ne pas le voir.
Pour nous, Européens, qui avons compris cela et, dans la débâcle, mettons notre dernier espoir en la Russie, il est très important, que les Russes fassent la même prise de conscience que Bogomolov, et sauvent leur pays, en jetant ce que l'Europe a de pire, et en gardant ce qu'elle a de meilleur.
La phrase à retenir, dans cet article, la plus pénétrante et la plus juste, est celle-ci, à laquelle je souscris entièrement:
L’incendie de Notre-Dame de Paris n’est pas un signe de la chute de l’Europe chrétienne sous les assauts des musulmans. C’est un signe étrange et mystique de la guerre du Nouveau Reich contre le mystère sacré de la vie et de la mort révélé par la Croix.

samedi 20 février 2021

Le saint ou le bourreau

 


Je me suis fait engueuler par un intellectuel russe, au demeurant très gentil, parce que j'ai osé répercuter un recueil de citations de Lénine, dument accompagnées de leurs références dans les journaux de l'époque et ses oeuvres complètes, où il appellait au massacre et à la spoliation impitoyables de tous ceux qui l'empêchaient de faire de la Russie ce qu'elle n'avait jamais été et n'a pas vraiment réussi à être, encore un qui nous voulait du bien, comme Klaus Schwabe, comme Gates, comme Soros. Citations "sorties de leur contexte". Oui, mais même sorti du contexte, l'appel au massacre, à la terreur, c'est quand même un appel au massacre. Le contexte serait sans doute leur justification. Personnellement, je n'en vois pas. surtout à cette échelle, et avec cette brutalité. Et contre n'importe qui. Je dirais même qu'il m'est impossible de discuter avec des olibrius qui continuent à adorer cette idole phénicienne et à approuver les sacrifices humains qu'elle ne cessait de réclamer. Avec ceux qui regrettent papa Brejnev mais reconnaissent les "erreurs" précédentes, à la rigueur... mais cracher sur tant de tombes, non, en tant qu'orthodoxe, je ne le ferai jamais, et ce n'est pas cette "Russie", privée du reste de son nom et même de son intégrité géographique, culturelle et spirituelle, comme en voit les conséquences aujourd'hui, que j'ai aimée et que je suis venue retrouver.

En ce moment, on débat de savoir si l'on doit remettre la statue de Dzerjinski, le patron de la Tchéka, devant la Loubianka, ou s'il vaut mieux y établir la statue de saint Alexandre Nevski. Le débat n'est vraiment pas anodin. Je pense que le destin physique et métaphysique de la Russie dépend de ce choix. Un correspondant l'appelle "le choix entre un tchékiste et un saint", entre un bourreau idéologique et un saint prince. D'un point de vue purement politique, je pense qu'Alexandre Nevski étant une figure médiévale nationale unanimement reconnue, il serait beaucoup plus fédérateur de lui donner la préférence, plutôt que de jeter un os à ronger aux révisionnistes, ce qui va hérisser les autres, et j'ai déjà vu une lettre de hiérarques orthodoxes déclarant qu'ils ne reconnaîtraient jamais la restauration de celui qui a martyrisé tant de chrétiens écclésiastiques ou laïques, et cela paraît bien compréhensible. Une éventuelle réconciliation nationale ne saurait être que complètement compromise par le choix provocateur de Dzerjinski, et ce serait un vrai cadeau pour les libéraux et leurs maîtres occidentaux.

D'un point de vue chrétien, d'un point de vue métaphysique, il est évident que le choix de Dzerjinski plutôt que d'Alexandre Nevski serait un reniement définitif de la sainte Russie et de sa mission spirituelle en ce monde, de tous ses martyrs, à commencer par le dernier de ses tsars et sa famille, et aussi toute sa civilisation paysanne que l'on a détruite. Auquel cas, on pourrait être assuré qu'elle ne durerait plus longtemps. La réconciliation nationale deviendrait impossible. Dieu ne pourrait plus épargner un tel état. La Russie subirait le sort qui lui est promis par le Mordor occidental, et dégringolerait vite au niveau de tout le reste sans espoir de retour, avec quelques foyers de résistance, quelques ilôts, qui subsisteraient peut-être dans la nuit totale. 

Prions donc pour que ce sacrilège ne se commette pas et que cette tentation soit déjouée. C'est pour moi la même chose que de préferer Maliouta Skouratov à saint Philippe de Moscou.

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jeudi 18 février 2021

Sur les nuages

 




J'ai voulu me lancer sur les skis mais j'ai un problème de base, les botillons ne semblent pas correspondre, impossible de les bloquer.

Du coup, je suis partie à pied vers le marécage, avec l'impression de marcher sur des nuées scintillantes et sous un ciel d'un bleu profond, tendu de brume. Les roseaux penchaient des têtes poudrées dans l'air froid vibrant de paillettes de glace. Il faisait -15. Mais comme souvent en février, le soleil chauffe déjà les joues du promeneur, c'est là d'ailleurs notre premier signe printanier. 

J'avais Rita dans mon sac à dos, car la princesse déteste la campagne, l'exercice, et le froid aux pattes. Mais rester séparée de moi étant ce qui peut lui arriver de pire... 

Arrivée au lac, j'ai vu s'écarter les roseaux sur une surface sourdement imprégnée d'un insaisissable bleu pastel sous une patine blanche, pareil à une secret reflet interne circulant sous une lumière plus évidente . La berge se perdait dans la vapeur glaciale qu'exhalait ce grand être figé. J'ai fait un dessin, rapide, car mes doigts gelaient.

L'air était absolument immobile et silencieux. Une paix d'un autre monde. J'ai appelé sur la sainte Russie la protection du métropolite Philippe, et lui ai adressé ma prière habituelle: "Emmène-moi jusqu'à Dieu cachée sous ta mante, comme tu le fais de Fédia, dans mon livre!"

Le ciel béait devant moi, et les roseaux tournaient autour de lui en foule, pénétrés de sa lumière, comme des pénitents purifiés dont la tête courbée s'enflamme sans brûler.

Sans doute, ceux qui auront le bonheur d'entrer au Royaume y trouveront-ils ce que l'humanité a fait de mieux, de plus beau et de plus désinterressé. 

Au retour, j'ai trouvé à la porte une espèce de chat squelettique et miteux qui essaie d'entrer chez moi. Que pouvais-je faire? Il s'est jeté sur la bouffe et il a bu aussi d'énormes quantités d'eau. Puis il s'est assis pour me regarder comme une déesse tutélaire de ses yeux malades que j'ai nettoyés avec un colyre.. 

La seule justification que je me trouve, c'est que les gens qui jettent ainsi leurs animaux à la rue auront peut-être une addition moins salée à présenter, si leurs victimes ont trouvé auprès de moi un asile. A ma façon, je répare. Car nous sommes tous solidaires, dans le péché et la sainteté.

Et puis il y a ceux qui meurent, et dont les protégés se retrouvent clochardisés. 

Je n'ai pas fait grand chose pour les autres, sinon écrire, et puis secréter de la beauté, et sauver les animaux qu'ils ont trahis.





 

mardi 16 février 2021

Skis

 


Hier matin, au sortir de l'église, pour la fête de la sainte Rencontre, azur profond du ciel, ombres bleues, neige éblouissante, et un froid très vif, j'avais même des glaçons dans le nez. Ces jours froids de février ou de mars, dans leur pureté, nous soulèvent dans un autre monde; les congères sont pareilles à des nuages, où tanguent des églises et des maisons. Tout cela est si beau que je me suis décidée à acquérir des skis de randonnée, qui s'accompagnent de botillons et de deux bâtons, j'espère que je vais arriver à m'adapter. J'aimerais pouvoir gagner ainsi le lac et m'éloigner des horreurs qui pullulent. Cela me ferait faire de l'exercice, si je ne tombe pas toutes les deux minutes, évidemment....

J'ai acquis les skis après avoir renouvelé mon permis de séjour, ce qui doit être fait tous les ans. Je me sentais légère. Rita est la vedette du service d'immigration, tout le monde vient s'extasier sur elle.

Dans la foulée, je suis allée chercher un cadre, chez l'encadreur Vladimir. Il est communiste, surtout par horreur du capitalisme, comme la matouchka du père Valentin; pour moi, c'est un serpent à plusieurs têtes et un seul corps, comme on le voit bien en ce moment, avec l'émergence du cocopitalisme de Klaus Schwabe. On nous a jetés les uns sur les autres pendant tout le XX° siècle, pour aboutir au coït final du trotskisme universel avec le fric obscène de quelques capitalistes complètement fadas. La spoliation générale de tout le monde au profit de quelques uns qui veulent notre bien et nous contrôlerons jour et nuit, et jusque dans les chiottes. C'est sûr que devant une telle perspective, je préfèrerais le bon vieux communisme de Brejnev...

Sachant cela, que j'ai bien compris, et dont j'avais l'intuition depuis un bon moment, je devrais m'éloigner dans quelque village perdu que les seigneurs crochus et griffus  de la finance oublieront de réquisitionner, et peut-être le ferais-je, si j'étais plus jeune, mais je me demande si cela vaut la peine de se compliquer ce qui me reste de vie, de me distraire de ce que je peux enfin faire, pour l'instant, sans entraves, écrire, dessiner, jouer de la musique. Evidemment, dans la mesure où des crétins ont la présomption de simplifier Molière pour le mettre à la portée du débile fabriqué par cinquante ans de déconstruction post-soixante-huitarde, on peut se demander si écrire a encore un sens.

Je me souviens du don Juan de Marcel Bluwal, avec Claude Brasseur et Jean-Claude Piccoli, il passait à à une heure de grande écoute, en 1965, et toute la France s'était passionnée pour cette oeuvre. On n'avait pas de problème pour comprendre Molière. Ce n'est pas Molière qui a vielli; ce sont les générations nouvelles que l'on a rendues complètement étrangères à leur héritage, et que l'on a privé des référents culturels minimaux indispensables pour aborder leurs classiques. Ce fut mené de main de maître, la différence du cocopitalisme avec le bolchevisme, c'est qu'il fait dans la patiente fourberie. Le dressage en douceur, moins de mitrailleuses et d'arrestations, plus de boniment et de séduction perverse et avilissante.

Pour ceux que cela intéresse, voici une vidéo sur la question, elle est loin d'être la seule. Vous serez moins surpris, le jour où l'on nous prendra tout. Pour notre bien, évidemment.




J'ai vu que la région de Yaroslavl avait lancé un programme de "rénovation", ou plutôt "d'amélioration"de plusieurs petites villes, parmi les plus jolies, dont la nôtre, qu'on pourrait croire  pourtant déjà suffisemment saccagée. Je mets là le projet pour la rive du lac, à Pereslavl, du côté de la charmante plage municipale où je vais parfois me promener et dessiner. 

c'est bien, ça ressemble à n'importe quel endroit merdique du monde globalisé

Après avoir détruit tout ce qui avait du charme et de la poésie, il faut maintenant transformer les espaces naturels en rue piétonne de supermarché banlieusard européen, banal et sinistre. Ces gens-là, ceux qui décident ce genre de projet, non seulement n'ont ni culture ni goût, mais ils détestent instinctivement tout ce qui est vivant et naturel, et tout ce qui est local. L'encadreur Vladimir m'a confirmé qu'une société de Moscou s'était emparée des abords de la plage municipale pour la transformer en Riviera bien bétonnée et bien asphaltée, avec les petits massifs, les thuyas et les réverbères de rigueur autour des hôtels et des parkings.

Dans le même ordre d'idée, ce qu'a fait mon voisin, déverser des quantités de terre hallucinantes pour écraser dessous le marécage et la nappe phréatique, semble hyper tendance dans la ville de Pereslavl. Tout le monde s'y met. Benjamin le Suisse a perdu sa récolte de pommes de terre, parce que son voisin a fait comme le mien. Tous ceux qui construisent en ce moment des boites d'allumettes sur pilotis, recouvertes de plastique, font précéder l'opération du déversement, sans aucun égard pour ceux qui habitaient déjà sur place, de tonnes et de tonnes de terre qui surélèvent leur fichu terrain d'un mètre par rapport à leurs voisins. 

Et bien entendu, la nappe phréatique ne disparaît pas pour autant. Elle remonte ailleurs, dans les patates de Benjamin, ou chez moi, et le printemps risque de m'offrir des phénomènes spectaculaires. 

Tant qu'on peut encore le voir, un des seuls points de vue pittoresques qu'il me reste, comme c'est le soir, on ne distingue pas trop la bagnole du voisin sur son piédéstal.


Et pour finir, cet extrait du Don Juan que j'avais vu à 13 ans, avec toute la France, à la télévision: 



dimanche 14 février 2021

Recoupements

 Quand même, c'est curieux, la vie, je viens de m'apercevoir que le père Nikita de Donetsk, qui est venu me voir, il n'y a pas si longtemps, était ce même père Nikita, au sujet duquel j'avais traduit un article dans ce même blog, en 2018. Je n'avais pas fait le rapprochement, et d'ailleurs, j'avais même oublié cet article.

 https://chroniquesdepereslavl.blogspot.com/2018/

https://chroniquesdepereslavl.blogspot.com/2020/09/lesperance.html#comment-form

Aujourd'hui, je suis tombée sur un fil de commentaires enragés, sous une déclaration de Poutine comme quoi il ne laisserait pas tomber le Donbass. Ce qui est au plus haut point déplaisant, c'est que ces commentaires sont russes et reprennent exactement mot pour mot les mensonges et la propagande des BHL, Ackermann, Glucksmann, Vitkine etc.... sauf qu'ici, ce sont les Ganapolski et autres journalistes d'Echo Moskvy ou de la chaîne de l'oligarque Khodorokovski, ou encore Navalny et ses navalnichons. C'est-à-dire qu'ici même, au pays du dictateur Poutine, toute une partie des médias reprend exactement les mots d'ordre des nôtres et ment. Purement et simplement, et avec un aplomb terrible. Or Poutine les laisse parler...

Sous cette chape de mensonges, les cris du Donbass ne parviennent à personne. s'ils parviennent, on rétorquera avec le même aplomb, que ces victimes n'ont pas volé leur sort, comme les bobos parisiens le font avec les gilets jaunes éborgnés. C'est-à-dire que pour ces gens, en France ou en Russie, la liberté d'expression, ou les droits de l'homme, sont des concepts réservés à leur seul usage ou à celui de victimes vraies ou fausses, choisies parce qu'elles servent leurs desseins politiques et leurs arrières plans financiers ou leurs règlements de compte personnels. 

Dans ce fil de commentaires, on glapissait l'habituel refrain consistant à mettre la guerre du Donbass sur le dos des menées impérialistes de Poutine, car du côté occidental, il ne saurait y avoir que croisade pour la démocratie naturellement. Curieux que je tombe, en cherchant autre chose, précisément sur cet article au sujet du père Nikita, après avoir lu ce tissu de conneries. Il s'intitule: Mettez la musique plus fort, qu'on n'entende pas qu'on nous tue.

Et c'est bien exactement ce qui se passe. Quand ce sont des Européens qui font la sourde oreille, passe encore. Mais des Russes? 

Il est vrai qu'ils sont russes comme nos bobos sont français: amateurs de monde sans frontières métissé, sous le patronage des usuriers de l'upper class, des surhommes richissimes qui nous veulent tant de bien. Les cris des peuples opprimés ou exterminés ne doivent arriver à leurs oreilles que s'ils vont dans le sens où l'on nous pousse, et qui est celui de notre disparition.

Pour avoir suivi l'affaire depuis le début, traduit abondemment, je sais que les documents que j'ai vus sont vrais, et la preuve en est pour moi, qu'ils sont très peu regardés, ne bénéficiant d'aucun soutien médiatique. S'ils étaient le fruit de la "propagande du kremlin"; s'ils étaient financés, ils auraient une large audience, or même la "propagande du Kremlin" n'a jamais l'audience de ce qui est soutenu par le fric apatride de nos grands bienfaiteurs des lendemains transhumanistes radieux. Ainsi, envers et contre tout, je maintiens que les Russes n'ont pas envahi le Donbass, que malheureusement, Poutine ne l'a pas annexé; que sa population est l'objet d'un plan d'extermination occidental ou plus exactement mondialiste, et se défend comme elle peut, avec un beau courage. C'est même en voyant l'ampleur du mensonge et de la désinformation au Donbass que j'ai perdu toute espèce de confiance dans n'importe quel organe de presse officiel occidental. 

Enfin j'affirme que ce qui se passe là bas est le laboratoire de ce qui nous attend tous, et que ce plan d'extermination concerne autant les européens de souche que les Russes sur leur propre territoire, et que l'Ukraine n'est pas plus indépendante actuellement que ne l'est la Palestine de Tel Aviv. 

Accessoirement, j'ai vu aussi que dans la dictature chinoise, que les mondialistes voudraient bien prendre comme modèle, les gens s'intéressent seulement aux infos censurées qui seules leur paraissent crédibles. 

Dans ce programme d'extermination fourbe et sournois, l'univers "intellectuel" est partout infiltré par des personnages acharnés à détruire la culture locale. Chez nous, le processus remonte à 68. Mais il est également à l'oeuvre en Russie et on ne fait rien, en haut lieu, pour l'enrayer. Il se déchaine à présent afin de réduire la population de nos pays à des ilots résiduels de blancs dégénérés qui ne sauront plus qui ils sont ni d'où ils viennent, et serviront de souffre-douleurs à leurs remplaçants et à la Caste mondialiste qui nous les impose. Il suffit de réécrire leur histoire et de les priver de tous référents culturels ou spirituels leur permettant d'appréhender leur propre culture. La République et les médias ont depuis longtemps effacé la culture populaire qui ne suscite plus que des sarcasmes, pour lui substituer une variété vulgaire dégradante universelle; martelée à la radio, à la télé, dans les supermarchés, une sorte de lavage de cerveau permanent. L'afflux de populations allogènes complètement étrangères à la culture locale va permettre d'achever le boulot. A cela, me répond une Russe, il convient d'opposer une éducation familiale vigilante et solide, et je suis évidemment d'accord, mais ce n'est pas suffisant, car la pression sociale est énorme et l'endoctrinement omniprésent. C'est ainsi que nombre d'ados élevés normalement se désolidarisent de leur famille pour être aussi cons que les autres et ne plus avoir les problèmes d'une mentalité non conforme. Même moi, j'ai fait semblant de m'intéresser à Jonny et Sheila qui étaient tout ce que je détestais le plus au monde, pour ne pas me démarquer de mes copines ou plutôt des copines que je cherchais à avoir. Je suis bien placée pour savoir qu'il n'est pas facile d'être seul contre tous. 

C'est pourquoi je ne cesse de prôner la pratique du folklore, dans un pays qui ne l'a pas encore perdu. Le folklore donne avec la joie de créer, de s'exprimer, de chanter, l'accès à une communauté, il est par essence un facteur de mise en communion. A l'église, on prie dans son coin, à moins de chanter au choeur, si l'on dessine, écrit, lit, on est aussi tout seul, mais la musique traditionnelle et la danse se pratiquent en groupe; elles sont un moyen de communication, un ciment du groupe. Ceux qui reviennent au folklore reviennent en Russie. Ils ne sont pas, comme je l'étais avec mes dessins et ma graphomanie, et mes lectures, isolés et marginalisés. Et ils restent avec leur famille, car ils jouent et chantent en famille, ils se trouvent des conjoints qui chantent aussi, leurs enfants grandissent là dedans, c'est un instrument de résistance humaine, culturelle et spirituelle. Je voyais bien, l'autre soir, l'émerveillement de ceux qui avaient été invités à notre soirée du café où l'on ne cessait de chanter et de jouer.

Du coup, ce soir, j'ai été invitée à manger une fondue chez Benjamin, notre Suisse cosaque. Il habite à ce qui était il n'y a pas si longtemps l'extérieur de Pereslavl et se retrouve cerné par les bâtisses de nouveaux riches, heureusement qu'il a du terrain... 

Il a un petit garçon, Savva, qui paraît très pensif et très observateur, tout l'intéresse, il écoute et sourit. Sa femme est la fille du métropolite vieux-croyant qui a précédé l'actuel métropolite Corneille, et qui lui ressemble un peu, disons qu'il avait le même genre de visage russe très noble. Une fois veuf, son père était devenu moine, puis métropolite.  Elle m'a montré l'album de leur mariage, et les excellentes photos de sa soeur m'ont emplies d'un véritable émerveillement, car on était là vraiment en Russie, d'ailleurs même Benjamin a l'air russe, là au milieu, autant que sa chemise et ses bottes, et la fiancée, en costume vieux-croyant, une robe très simple, très belle, un voile fermé sous le menton, tout semblait si beau et si pur, comme l'écho d'un monde perdu pourtant encore récent. Mais là encore, la communauté des vieux-croyants reste puissante, au point d'avaler tout cru un Suisse de deux mètres, et je le comprends, car Benjamin n'est pas de son temps, heureusement pour lui, il est complètement à sa place là où il est, comme sur ces photos de mariage, avec sa couronne dorée sur la tête et sa chaste fiancée. 

Benjamin pense que Poutine est suffisemment astucieux pour trouver son compte dans le retour de Navalny et les remous provoqués dans la société, il pense que c'est une sorte de diversion. Il s'attend à des changements profonds qui n'iront pas dans le bon sens, en tous cas en Europe, mais éventuellement aussi en Russie, seulement plus tard. Dans 20 ans. Il y a des chances pour que je ne les voie pas, mais je plains son petit garçon Savva ou d'ailleurs tous les enfants de la terre de devoir vivre dans le monde qu'on nous fait.



samedi 13 février 2021

Congères

 




La tempête de neige a soufflé toute la nuit. Et au réveil, j'ai découvert d'énormes congères. Je suis sortie déneiger, mais ce n'était pas une mince affaire, d'abord, il m'a fallu retrouver ma pelle à neige, et la dégager, avec une pelle à poussière, j'en ai cassé deux, des merdes en plastique, je me demande si l'ont fait encore des pelles à poussière en métal?

J'ai attaqué le boulot, mais je pense que je devrai recommencer dans quelques heures, car il neige et vente toujours. Au sud de la maison, la congère monte jusqu'au niveau du perron. C'est un travail vivifiant, quand on déneige face au vent, on en prend plein la tronche, j'avais des glaçons dans les cheveux.

Mon voisin qui déneigeait en face m'a dit que cela nous ferait des souvenirs.

Le problème, c'est pour aller quelque part en voiture, si l'on ne passe pas un chasse-neige. Je peux aller à pied jusqu'au Verny faire mes courses. Cela me fera prendre l'air, à condition que je ne doive pas nager plutôt que marcher. 

Apparemment, à Moscou, c'est pire qu'ici, mais ici ce n'est pas terminé. Je me demande ce que cela vadonner quand ça va fondre, tout ça, avec ce que m'a fait le voisin Oleg, là, son piédéstal pour sa sainte Voiture. 

Je lisais hier que la véritable opposition russe, c'était les communistes, c'est en effet la plus nombreuse, plus nombreuse que les navalnichons. J'ai lu ce post magnifique, digne de nos bobos, comme quoi c'est une espèce internationale: "Les juges vendus donnent la possibilité de s'exprimer à Navalny afin de le faire passer pour un parfait crétin!"

C'est pas beau, ça? Ah les fourbes! Ce n'est pas dans notre démocratie occidentale qu'on aurait l'idée perverse de donner la parole à Assange ou Ryssen, qu'ils pourrissent en taule au secret permet charitablement à leurs soutiens de s'imaginer qu'ils ont quelque chose d'intelligent à dire, au lieu d'être déçus par le vide et l'ignominie de leurs discours, comme dans le cas de Navalny. Ce n'est pas juste. Je propose un échange de prisonniers, Navalny contre Assange et Ryssen.

Je ne peux pas dire que je sois fan de Ziouganov, qui a l'air fin comme du gros sel, et je n'aime pas l'état d'esprit du communiste pur et dur, ni son révisionnisme, mais de deux maux il faudra choisir le moindre. Entre le cocopitalisme trotskiste mondialiste et le communisme russifié à la Brejnev, je n'hésiterais pas. D'autant plus que de nos jours, le machin prendra une autre forme, on ne peut pas revenir complètement en arrière. Il va falloir faire l'unité nationale contre le danger extérieur, qui a trop d'alliés intérieurs. Je serais favorable à une reprise en mains étatique des biens qui sont d'importance nationale, ressources énergétiques, parcs nationaux, et la tolérance aux petites exploitations agricoles qu'il faudrait même encourager, et aux petites entreprises indépendantes. Et un gouvernement de salut public qui nationaliserait les banques et tout ce que les milliardaires locaux ou étrangers ont volé.












vendredi 12 février 2021

Bande de tarés.

 

Chocha, Moustachon, Georgette

J'ai l'impression de voir un film de science-fiction quand un mien ami m'explique qu'il a réussi à passer en Biélorussie, à défaut de la Russie, et cela alors que la plupart des candidats à l'émigration ont été refoulés. C'est-à-dire qu'il y en a quand même pas mal. Et ils sont refoulés!

Il fut un temps, c'était la ligne de démarcation. Ou le mur de Berlin. Maintenant, un retraité passe la frontière la peur au ventre avec sa valise en carton, et se sent infiniment soulagé en arrivant à l'aéroport de Minsk, chez le terrible dictateur Loukatchenko...

Parallèlement, Olga vient d'acheter sa maison ici, et se prépare à rentrer en Belgique le temps d'établir le visa de son mari hollandais et d'organiser leur déménagement. 

Un ami infirmier en France ne cesse de subir des tests PCR qui l'obligent à se faire ramoner les fosses nasales jusqu'au cerveau, et subit en ce sens une intimidation permanente. Je comprends qu'au boulot, il soit très difficile de se soustraire à ces pratiques sadiques et douteuses, mais c'est qu'il y a encore trop de gens qui les trouvent normales sans se poser de questions bêtes et méchantes du genre: si le truc est si contagieux, pourquoi faut-il aller nous fouiller la cervelle pour en trouver des traces? Si on en croit le masque, les gants et tout le cirque, il devrait être facile à récolter dans la moindre goutte de salive... Comment peut-on infliger aux gens plusieurs fois de suite des examens aussi intrusifs?

Mais d'après l'hallucination collective qui préside à la dictature sanitaire prémondialiste des Européens, la dictature, c'est ici, où le pire qu'il puisse m'arriver est de faire semblant de m'accrocher un masque cinq minutes sous le menton pour aller faire mes courses, où je vais voir des amis et circule comme je veux, où je me rends à l'église sans qu'on me casse les pieds. Le pire est que la frange navalnichonne de la population locale se croit aussi en dictature, alors que nous sommes peut-être plus libres ici que dans n'importe quelle partie du monde, actuellement, sans restrictions permanentes, sans flicage, sans idéologie envahissante, sans terrorisme intellectuel, sans intimidation agressive et stupide de toutes sortes de minorités d'ilotes enragés.

Mais je crois que le vibrion hagard lâché sur nous par les oligarques mondialistes qui nous veulent tant de bien est en train de se déconsidérer aux yeux de la majorité des Russes.

Aujourd'hui, tempête de neige, une tempête transparente et sourdement lumineuse, qui promène de fantomatiques et scintillants tourbillons blancs. Mais j'ai la flemme de sortir, car lorsqu'il fait froid, il faut s'emmitoufler tellement, et marcher à petits pas pour ne pas tomber, peut-être devrais-je acquérir des skis de fond, mais je n'en ai jamais fait de ma vie. Ce temps, ce véritable hiver russe normal, devrait durer jusqu'à la mi mars, et ce serait vraiment bien, après c'est la fonte des neiges et on n'en parle plus. 

Ma locataire Ira a été rejointe par son fils, Génia le balalaiker, et sa petite amie, plus ses deux filles, plus une amie, plus encore un couple d'amis, avec leur gosse, mais ceux-ci logeaient à l'hôtel. Le soir, nous avions prévu une petite soirée au café français, ce qui n'a pas empêché toute cette compagnie de "déjeûner" à cinq heures de l'après-midi, les Russes mangent à n'importe quelle heure. On leur prépare à dîner, ils  ont déjà mangé. C'est comme cela qu'on en arrive à manger plus ou moins tout le temps et à grossir en proportion. Et je pouvais difficilement me dérober, alors que tout le monde voulait me voir.

Génia me dit qu'il me manque d'être complètement je m'en foutiste pour être pleinement adaptée à son pays. Je pense l'être déjà devenue pas mal. Mais j'ai besoin de pouvoir au moins chez moi gérer les choses de la manière qui convient à ma santé et à mon âge avancé. 

Le soir, je suis allée au café, j'ai commandé en catastrophe des pizzas, acheté des quiches et un gâteau, Katia est arrivée avec encore plus de gâteaux, bref, dans l'improvisation totale, avec des gens qui venaient n'importe quand, nous nous sommes tous retrouvés à chanter dans ce café pratiquement sans arrêt. Gilles et sa femme, le cosaque suisse Benjamin, Kostia et Natacha étaient aussi charmés qu'étonnés. D'autant plus que le niveau était très bon, il y avait là une ancienne choriste de l'ensemble Pokrovski, comme Génia lui-même. Et toutes les autres savaient aussi chanter. J'ai fait remarquer à Kostia et Natacha que lorsque des jeunes gens "entraient en folklore", ils devenaient tous comme cela, que leurs soirées se passaient à chanter, jouer, danser sans arrêt, qu'ils ne pouvaient plus s'arrêter, que cela me rappelait le chapitre du Maître et Marguerite" où toute une administration ensorcelée ne peut plus s'empêcher de chanter sans cesse "Baïkal, mer sacrée". C'est dire à quel point la pratique de la musique populaire éveille des couches profondes de l'être et répond à d'impérieuses nécessités humaines dont on prive l'ensemble de la population.

A l'issue de tout cela, l'adorable Benjamin m'a demandé, avec des yeux comme des soucoupes, de le prévenir obligatoirement à la prochaine séance. Et je lui ai répondu que naturellement, et qu'il faudrait alors inviter aussi Olga et Romane, et Viatcheslav, le cosaque qui joue de l'accordéon, qu'il fallait donner de l'ampleur au phénomène. Génia prévoit une soirée par mois, où chaque participant devrait apporter une spécialité culinaire et une chanson de son pays.

Benjamin m'a offert du vin de miel suisse, qui diffère de l'hydromel russe, et je ne l'ai pas goûté, mais à le voir, comme cela de l'extérieur, cela me rappelle l'aspect du chouchenn breton.

Le froid m'a apporté un chat affamé et congelé qui s'est comporté avec une insolence de migrant déchainé, à tel point que je l'ai mis dehors pour pouvoir nourrir Rita, et pour l'instant, il n'est pas revenu.

J'ai beaucoup de mal à résister aux chats en détresse quand il fait moins quinze et que le vent souffle, et pourtant, je n'en peux plus, des chats, ils me pourrissent la vie, et je n'ai pas assez d'affection à donner à tout le monde, surtout dans la mesure où ils ne sont pas foutus de s'en donner les uns aux autres. 

Blackos prend des airs terrorisés, le matin, quand je le surveille pour éviter qu'il ne chie sous mon lit, sur ou sous le divan, parfois il part en dérapant, franchit la chatière, regarde si je monte toujours la garde, et se décide à aller dehors. Mais je me suis rendu compte qu'il se débrouillait pour se soulager dans un pot de fleurs!

Je n'arrive pas à comprendre pourquoi cette bande de tarés ne va pas faire ses besoins dehors, comme tout chat normal.

Blackos


chez moi