Translate

samedi 13 décembre 2025

Sept samouraï

 

                                                                                                                                                                       .   

Je n’ai encore pas pu m’endormir avant deux heures du matin, à cause de ce qui se passe avec les éleveurs. Cela me retourne les tripes, il me semble voir se répéter tout ce que je lisais à propos des paysans russes dans les années trente. Une absurdité, une fourberie et une méchanceté d’un autre monde, sauf qu’à la place des tchékistes en veste de cuir, on a des démons en costar, en tailleur Chanel, cette immonde ministresse des basses oeuvres, ce démon à lunettes, encore une mégère politicienne, et dire que tant d’abrutis comptaient sur les femmes pour changer le monde ! « La femme est l’avenir de l’homme » ! L’avenir radieux, on peut le dire... Et tous les vils exécutants, tous ces cognes recrutés dans on ne sait dans quel bas fonds, je suis sûre que le vampire en chef récupère les Azov de  son pote Zelenski, ceux qui commettaient des atrocités au Donbass et ne se gêneront pas pour le faire en France. Les vétérinaires vendus, les journalistes... j’en demande pardon au Seigneur, mais je ne peux pas aimer ces cafards, c’est au dessus de mes forces. S’ils étaient à terre, peut-être ne leur lancerais-je pas un coup de pied dans la gueule, parce que ce n’est pas dans ma nature, mais c’est tout ce que je peux promettre. J’imagine ce qu’ont ressenti les honnêtes paysans qui essayaient de parlementer devant ces abimes de vilenie, de fourberie et de cruauté, des gens normaux ne peuvent se représenter que des mentalités pareilles existent en dehors des prisons, or ce n’est peut-être pas en prison que l’on trouve les pires, et de toute façon, le public des prisons, pour qui les parasites de la caste sont pleins d’indulgence, leur est « socialement proche ». J’imagine cet assaut de brutes casquées dans la nuit, ces blindés, ce gazage par hélicoptère de braves éleveurs, de chiens, de bétail, de poneys, les vaches qui se morflaient des balles en plastique, comme les gilets jaunes éborgnés, est-ce que les mougeons vont enfin se réveiller ? Ou bien attendent-ils les premiers cadavres humains ? Mais on leur trouvera de bonnes explications, en calomniant les victimes, comme on l’a déjà fait avec le Donbass. C’est drôle,  la première fois que j’ai vu Macron en campagne électorale, j’ai senti tous mes signaux se mettre au rouge. J’ai vu quelque chose de particulièrement maléfique, une gueule de traître choisie sur casting, une créature des ténèbres qui nous apportait la mort. J’ai ressenti une sorte d’horreur métaphysique, et pendant que tous les castors faisaient barrage, j’ai voté le Pen, ce qui de toute façon, ne servait à rien.

Une des porte-paroles des paysans indique qu’après sept flics qui n’ont pas pu se résoudre à piétiner la fermière à genoux qui hurlait des supplications et ont rendu leur casque, les vétérinaires requis ont aussi calé devant le crime, et que cent vaches ont été tuées sur les deux cents prévues. Les vétérinaires consciencieux ont été immédiatement radiés par leur ordre pourri. Ils sont soixante-dix. (contre sept flics). Les vaches ne sont pas nourries, car leurs propriétaires ne peuvent les approcher, ce qui rappelle une fois de plus la collectivisation soviétique, quand les paysans mouraient de faim d’un côté, et leurs bêtes de l’autre. Pendant ce temps, la ministresse, avec sa tête à faire peur aux gosses, parle « d’éléments d’extrême gauche », et un autre traître de base, Rousseau, le syndicaliste, de « populisme ».

Charles Gave dévoile que derrière tout cela, il y a une commande de Black Rock, Black Rock qui a envoyé son patron officiel se mêler des négociations de paix en Ukraine, évidemment, puisque ce groupe mafieux a acheté toute la terre de ce pays et voyait avec satisfaction sa population effacée de sa surface. Si vous n’établissez pas de lien entre les deux, c’est que vous êtes handicapé du bulbe. Le massacre des troupeaux, c’est purement et simplement une commande mafieuse, réglée par les méthodes que cela suppose, c’est du crime en bande organisée. De braves gens parlent encore des "policiers qui ne font qu'obéir aux ordres". Honneur aux sept samouraïs qui ne l'ont pas fait. Et honte à tous les autres: il y a des ordres scélérats, des lois scélérates, des gouvernements de malfaiteurs. Que dit le flic à ses gosses, quand il rentre chez lui, après un tel exploit? "Mes chers petits, aujourd'hui, en pleine nuit, je suis tombé sur une ferme paisible, j'ai gazé les vaches avec les habitants, la fermière en larmes, les poneys, les chiens, les petits veaux, j'avais des ordres"? Et demain, si on donne l'ordre de flinguer les paysans, ils le feront? Ils vont bien déjà embastiller et perquisitionner n'importe qui...

Philippe de Villiers m'a appris qu'en dix ans, le nombre de paysans est tombé de 950 000 à 450 000. Or pour moi, les vrais français ce sont eux. Plus les artisans, et aussi les réfractaires, les dissidents et les mauvais esprits. Combien de vrais Francais reste-t-il en France? C'est pour les effacer de la terre que tout cela a lieu. Et avec eux toute leur culture, que l'on nie, que l'on moque, que l'on profane sournoisement. Il n'y a pas la gauche et la droite. Il y a la France et sa négation. L'anti-France, et même l'anti-humain, que l'on voit à l'oeuvre partout, du reste, sous une forme ou une autre.

L'Etat profond semble indéracinable, mais on ne sait jamais, les agriculteurs français ne sont pas les seuls à se soulever. Les Grecs le font aussi, les Bulgares. Ma cousine pense que la France, après beaucoup de sang et de larmes se relèvera plus haut qu'elle n'a jamais été. Je voudrais y croire, mais pour l'ensemble du monde, j'aimerais seulement qu'il ne tombât pas trop bas. De profonds ravages ont été opérés dans la mentalité française, et on peut dire que dans la mentalité russe aussi, bien que finalement, cette dernière s'en sorte plutôt mieux, sans doute parce qu'elle a été moins longtemps soumise au consumérisme.

Quand on est du genre à assembler les pièces qui nous tombent sous la main, on est pris d'une sorte d'horreur métaphysique, compensée, pour les croyants, par la confiance en la Providence et la justice divine, ou de façon plus neutre, dans la Némésis. La collectivisation des années trente. Le massacre du cheptel européen, qui pourrait déboucher sur un nouvel holodomor (je rappelle que la famine soviétique ne s'est pas du tout limitée à l'Ukraine et n'était pas spécialement dirigée contre elle). Les oliviers des Palestiniens arrachés. La maladie prétexte des vaches, la folie collective du covid. L'étrange connivence entre le trotskisme, le capitalisme et le nazisme. Le peuple élu et la race supérieure. Les Ukrainiens pris au lasso pour être envoyés sur le front. Le métropolite Arséni martyrisé par le SBU. Benoit XVI obligé par des bandits en costar de céder la place à un pape soumis.

Un hiver pénible s’annonce, un hiver en dents de scie. Trois jours de tempérure négative, trois jours de dégel. Qui plus est, après avoir opéré quelques travaux publics, et ravagé la berge de la rivière, qui reste éventrée, dépourvue de toute espèce d’arbres, traversée par un horrible chemin asphalté bien raide, avec des bordures en ciment,  et pourvue d’abominables escaliers métalliques, les fonctionnaires locaux nous ont mis tout le centre en parking payant. C’est-à-dire que je vais faire mes courses, et en passant, je veux m’arrêter au café : ding, je paie. Je veux en rentrant acheter quelque chose chez Vkousvil ou à la pharmacie : ding, je repaie. A chaque fois que je descends de la voiture, je paie. Et si je veux prendre un abonnement annuel qui me permettrait au moins de ne pas y penser, cela me reviendra à 360 euros, plus cher que mon assurance de bagnole. A Moscou, la vie est devenue impossible, à cause de ce racket. Les autorités locales ne pouvaient rester, devant l’afflux des touristes, à l’écart de ce pactole. Et s’il s’agissait d’un impôt permettant d’améliorer la ville, mais d’abord, on sait comment ils l’améliorent, ici, la ville, et ensuite, c’est une compagnie privée qui bénéficie du jack pot.

Je serais jeune, je marcherais, mais il y a des jours où je risque ma vie sur le verglas, et puis je peux de moins en moins trimballer des paquets. Prendre un taxi me reviendrait à peine plus cher, mais cela m’emmerde d’appeler un taxi pour aller d’un endroit à l’autre, d’attendre à chaque fois. Et me faire livrer, c’est l’enfermement, je ne verrai plus personne. Il faut payer ou rester enfermé. Je paierai sans doute. 360 roubles par mois, cela fait ce que me coûteraient 6 arrêts payants sur deux jours. Mais le principe me révolte. Je n'aime pas le monde qu'on nous fait et ne lui souhaite pas longue vie. certains s'extasient sur les robots qui font le plein en Chine ou les livraisons à Moscou, moi, j'aime avoir affaire à du vivant, les machines ne m'intéressent pas et me foutent le noir.

Tant que cela ne glisse pas trop, je suis partie faire une courte balade dans le marécage, vent du nord, moins six degrés, flocons erratiques, lumière nordique, parcimonieuse et étrange. La neige dissimule les disgrâces des habitations, car elle en unifie les teintes, tous les toits sont blancs, ou plutôt bleutés, et se fondent avec les nuées, au lieu d'étaler des couleurs criardes qui jurent ensemble. Et puis, avec ce vent aigre, les promeneurs sont rares. Je suis seule, face à ce qu'il reste à Pereslavl de la création de Dieu.


 

 

jeudi 11 décembre 2025

L'oeil doré du lac


J’ai eu la visite d’une autre relation de Slobodan, Sabrina, d’origine italienne,  intelligente, très sympathique. C’est une avocate, venue en Russie pour son travail. Au même moment, Olga, qui devait venir ici, ce que j’avais complètement oublié, est arrivée avec Ghislain. De sorte que la maison était pleine et comme hôtesse, j’ai d’ailleurs été au dessous de tout. Mais nous avons discuté sans arrêt, comme le font les gens que leur perception aiguisée des choses condamne ordinairement à une certaine solitude. 

Sabrina n’envisage pas d’émigrer, elle pense être plus utile, dans ce grand combat eschatologique qui se déroule aujourd’hui, en France qu’ici. Mais elle est amenée à voyager entre les deux pays,.

Olga mue par les réflexes de son passé de guide, a voulu se rendre à la source de sainte Barbara, bonne occasion pour faire le tour du lac. L’ennui, c’est qu’il y avait du monde, et que les gens arrivent avec quinze bidons à remplir sous le filet d’eau qui s’écoule. Ghislain est allé apprivoiser une mégère pour en retirer au moins un en contrebande, pendant qu’Olga et Sabrina allaient se plonger dans la cuve d’eau glacée, ménagée dans une cabane à proximité. Bravo. Je ne l'ai pas envisagé une minute, j'ai passé l'âge.

Il faisait très gris, très humide, brumeux. La forêt n’avait plus de couleur, juste un brun verdâtre aux nuances diverses. Le lac semblait plus lumineux que le ciel, phénomène que j’ai souvent observé. Et soudain, j’ai vu une tache de lumière dorée à sa surface, juste un rayon qui tombait depuis une ouverture dans la brume, c’était si extraordinaire, mais la photo ne rend pas la beauté de l’événement, la douce intensité de ce rayon dans la grisaille, pareil à une sorte de visite mystique, un oeil qui s'ouvre et projette son âme. Il se passe toujours quelque chose, sur ce lac. Il est bien rare de ne pas y trouver une féerie ou un signe, en cela, il rappelle le Ventoux et ses lumières bizarres. C'est un être, un  organisme, complexe, énorme et hanté. 

Il est agréable de converser avec des amis intelligents qui comprennent ce qui nous arrive dans toute sa profondeur métaphysique et eschatologique ; et pourtant, tant de conversation me saoulait. Mes regards partaient vers les arbres, vers le ciel, vers la nature, avec qui je dialogue d’une autre manière, et qui semblait m’appeler, car elle me connaît et me reconnaît, elle m’a trouvée, elle s’entretient avec moi, je dirais qu’elle me requiert.

J’ai récupéré mes dessins sous passe-partout, pour la future exposition, et de les voir tous mis en valeur et alignés m’a surprise, c’est vrai qu’ils sont bien, en tous cas, ils me sont spécifiques, ils ont leur style. Sur VK, une Russe m’a appelée « Notre Monet lyrique de Pereslavl ». Quand je pense que toute ma vie je me suis heurtée à un mur, en ce domaine, la seule exposition que j’avais faite sur invitation, en Allemagne, et j’y étais allée exprès, à grands frais, par le train, avec mes cadres, depuis la France, avait été éreintée par un journaliste teuton.

J’ai dit à Dany qu’en dehors de toute autre considération, la situation politique, l’orthodoxie etc. il fallait bien reconnaître que je n’avais jamais pu trouver ma place en France, entre les barrières idéologiques et les barrières sociales, qu’en quelque sorte, la France m’avait rejetée, alors que la Russie m’a accueillie à bras ouverts. La Russie, c’est mon destin. Mais la France, je l’ai dans les gènes et je souffre terriblement de la voir saccagée par les démons auxquels elle s’est livrée. Une jeune femme, sur Facebook, me dit qu’on a besoin de moi, de la culture que j’ai gardée, alors qu’on la partout arasée, que je suis le ferment des futurs renouveaux, j’en suis profondément touchée.

J’ai regardé une émission de Tocsin avec une scientifique qui fait des recherches sur le paranormal et les expériences de mort imminente ou de sorties du corps. Elle croit que la conscience survit à la mort physique, et passe dans une autre dimension, que cela se produit aussi chez certains de leur vivant, et pense que la création artistique est d’ordre médiumnique, c'est aussi mon avis. Je suis totalement dépassée par ce que je fais, ce que je fais se produit à mon insu. J’ai l’impression d’être une plaque photographique et les clichés obtenus sont pour moi-même une découverte et une surprise, et cela dans le domaine artistique comme dans le domaine littéraire.

Une paysanne déclare que ce qui se passe avec les troupeaux évoque le massacre des bisons pour affamer les indiens. En effet. Et aussi la collectivisation soviétique. Tout cela est si infâme, si cousu de fil blanc et de si mauvaise augure que tout peuple normal devrait être soulevé d’horreur et d’inquiétude. Mais ce n’est pas vraiment le cas, et comme pour le forfait du Donbass, qui a duré quand même huit ans dans l’indifférence totale, la presse se tait. Les cris, les pleurs et les injures ne s’entendent que dans un faible rayon, et les répercuter sur Internet ne perce pas, comme dirait Sabrina, le plafond de verre. Le peuple français paraît ensorcelé. On ne doit pas s’étonner, quand on se souvient de ses réactions au moment du covid, ou plutôt de son absence de réaction, voire de sa complicité empressée. Il a laissé masquer, museler, isoler ses propres enfants, et leur injecter des saloperies en série, il a laissé achever et enfermer ses vieux, il a dénoncé et insulté les réfractaires. Alors les paysans et leurs vaches... Mais tout cela se paiera très très cher. Dans ce monde ou dans l'autre. Ou les deux.

Taker Carlson dit de ce qui se déroule en ce moment : « C’est une bataille spirituelle : l’establishment est composé des personnes les plus sombres qu’il soit ». « Les gens qui sont responsables sont les plus malhonnêtes, les plus impitoyables, le groupe le plus anti-humains à qui j’ai jamais eu affaire. » Et il ajoute : « Il n’y a aucune explication politique à ce qu’ils font ».

Et c’est de cela qu’il nous faut prendre conscience. Ne plus se bercer d’illusions. Nous avons à la tête des pays d’Europe des gens toxiques, pervers, retors et capables de tout. Leurs actes ne sont même pas rationnels du simple point de vue de la piraterie et de la prédation financière. Ils ont pour nous, pour la Russie et pour l’Ukraine dont ils se servent, une haine rabique. Ils sont fichus, en perdant la partie, de détruire complètement leurs satrapies hagardes.

Les flics attaquent les paysans avec des chars, cela me rappelle maintenant l’arrivée brutale des tanks ukrainiens à Marioupol en 2014, et cela ne me paraît pas un hasard. J’ai envie de pleurer, de hurler, quand je vois ces gens aux prises avec les cognes de la ministresse, plus  pustuleuse que les vaches à nodules, sinistre émissaire de ce que l'humanité compte de plus répugnant, ces gros pous financiers qui nous veulent la peau et ne sont jamais repus du sang ni du malheur des autres. Un influenceur a lu une adresse du conseil des vétérinaires, aussi vénal que celui des médecins pendant le covid. Il s’indigne de « la haine sur les réseaux ». Ah bon ? Il faudrait en plus, les aimer ? Et quelles raisons aurions-nous de le faire ? Ces gens ont tous les culots, une impudence de malfrats. Et pour finir il appelle à la répression, je crains de plus en plus qu’ils ne flinguent bientôt les agriculteurs avec leurs troupeaux.

https://www.facebook.com/share/v/1HiiASkYw1/

500 000 moutons abattus en Grèce. C’est totalement hallucinant. La collectivisation en URSS, menée avec la même férocité, avait engendré une célèbre famine, et c'est bien ce qui pourrait succéder aux massacres barbares que nous ont déclenchés les démocrates modèles, après avoir organisé tranquillement et perfidement, sur le long terme, le génocide de plus d’un million de slaves. Une fois de plus. 

Je livre à la méditation des lecteurs le dernier Campagnol, très pénétrant.




 

vendredi 5 décembre 2025

Dékoulakisation


Les Suisses, qui devaient s’en aller le 18, ont du partir plus tôt que prévu. Ils reviendront quand l’architecte Pavel Baranov aura débuté les travaux. Nous avons tout discuté avec lui et par mon intermédiaire. 

Je suis enchantée par la maison de Pavel, et celle qu’il fait à côté sera aussi un bijou. Ces carreaux aux motifs raffinés sur le sol, ce mur recouvert de vieilles planches de récupération, vivantes, qui gardent la douce teinte du bois, et ces encadrements de fenêtres sculptés posés à l’intérieur, des luminaires contemporains mais poétiques, tout est ravissant. Sa terrasse est très réussie, le toit est en plastique, mais comme il est blanc, transparent, et posé sur une belle structure métal et bois, cela n’est absolument pas gênant. Je crois qu’il fera aux Suisses une vraie merveille. Sa femme Irina parle français, ce qui sera pratique pour eux, elle ne le parle pas très bien, elle a l’a un peu oublié, mais quand même.

Ce matin, ils sont venus avec Veniamine le Suisse cosaque, me livrer les chaises de l’ancienne propriétaire, car ils ont vidé la maison. Au début, je ne voulais pas les prendre, mais en fait, elles sont les bienvenues, car j’en ai deux ou trois qui sont presque inutilisables du lot que j’avais acheté chez Avito. Je pensais les recouvrir, mais cela ne sera même pas nécessaire, car l’imprimé soviétique qui paraissait tristounet chez elle, chez moi s’inscrit très bien, avec un agréable côté vintage.


J’ai écrit à Anna Novikova pour lui exprimer mon soutien, je trouve ce coup monté trop ignoble, et on dit qu’elle est très seule. A ce propos, j'ai lu un article qui exprime bien la quintessence de la situation: 

« L’affaire Anna Novikova ou la cabale infernale du nouvel État français 

vk.ru/wall-226365689_10238)

Et je pressens l’orchestre qui monte déjà en crescendo : agent, ennemi, poutinolâtre avéré, extrême droite ou gauche selon l’humeur du jour – peu importe leurs véritables opinions, sinon une critique de l’OTAN et de l’UE.

Et voilà, après l’hystérie des punaises de lit, puis des drones, voici venu le grand péril russe. Tout tombe à pic : les discours belliqueux de Macron qui sabotent toute négociation de paix, la phrase glaçante du général Fabien Mandon – « il faudra accepter de perdre vos enfants » – au Congrès des maires, les obsessions de Jean-Noël Barrot qui nie la réalité du terrain à Kiev comme à Gaza, et maintenant ce « nid d’espions » démantelé juste au moment où l’on veut faire taire toute voix discordante.

Sécurité d’État oblige.

Le compte YouTube de SOS Donbass a été clôturé pendant que j’écrivais cet article. Toutes les vidéos des convois, des distributions de lait et de jouets, des manifestations pour la paix, ont disparu. Comme si l’on voulait effacer jusqu’aux traces de leur innocence – synchronisation implacable.

Avant même 2022, l’Ukraine comptait déjà 14 000 morts civils sous les bombes, glorifiait Bandera, interdisait la langue russe, intégrait Azov à l’armée régulière, et votait des lois pour marginaliser les minorités russophones.

Tout cela est soigneusement passé sous silence pour que l’ennemi soit enfin parfait et que donner quelques euros à un convoi humanitaire devienne un risque.

Au Château, on signe des lettres de cachet 2.0 – ces ordres royaux d’autrefois qui permettaient d’enfermer quelqu’un sans jugement et sans fin.

On enferme sans autre forme de procès.

Et l’on sait déjà comment ça finira probablement :

soit on les laissera pourrir six mois, un an, parfois plus – et jusqu’à cinq ans théoriquement – en détention provisoire, puis un non-lieu oublié ;

soit on les échangera discrètement contre Laurent Vinatier ou un autre chercheuraccusé d’espionnage en Russie ;

ou l’on construira tout simplement, à charge, un dossier suffisamment lourd pour faire un exemple et terroriser toute une communauté.

On se souvient de l’émotion nationale quand Boualem Sansal a passé un an en prison en Algérie pour un tweet – libéré sous pression française massive.

Ici, trois humanitaires dorment en prison depuis dix jours pour avoir envoyé des jouets, et le silence est assourdissant.

Le contraste est saisissant, presque indécent. Géométrie variable de la liberté.

L’espionnage existe, bien sûr, et l’État a le devoir de s’en défendre.

Mais saisir les arcanes du secret-défense et de la détention provisoire pour faire taire des citoyens qui, blessés dans leur âme par les haines et les discours belliqueux des élites, osent encore parler de paix, c’est un détournement cruel.

N’importe qui pourrait demain se retrouver dans la pire adaptation du Procès de Kafka : perquisition à l’aube, garde à vue interminable, silence complice des médias, années de procédure qui capotent.

Comment les historiens du futur décriront-ils cela ?

Comme un âge sombre où la France, au nom de la défense de la démocratie, a suspendu la sienne ? Sachez-le : vous qui parlez russe dans la rue, vous qui donnez quelques euros pour un convoi, vous qui osez dire que la paix est possible, vous êtes déjà dans le viseur.

La chasse aux sorcières est ouverte. Les appâts sont doux et innocents.

Mon âme est consternée, anéantie. Nous sommes tous concernés.

Liberté pour Anna Novikova.
Liberté pour Vincent Perfetti.
Liberté pour Vyacheslav Prudchenko.

Et que la France redevienne elle-même, et se souvienne enfin de sa devise :

Liberté, Égalité, Fraternité.

Cassandre G.»
28/11/2025

Source mobile.agoravox.fr/actualites...


Parallèlement à la pauvre Anna Novikova, le métropolite Arséni poursuit son ascension du Golgotha, avec son air doux et lumineux, en faisant des dessins (talentueux, dans le genre iconographique) pendant les audiences. Moi, en situation de stress, c'est plutôt le point de croix ou le crochet, comme à l'hôpital pendant le covid. Comme j'avais écrit que c'était un saint homme, ce que je pense, au vu de son visage, de ses yeux rayonnants de bonté, de ses homélies, de son attitude digne, chrétienne et ferme, un individu au nom slave vient me contredire: "Mais pas du tout, certes, son procès n'est pas justifié, mais non, ce n'est pas un saint etc..." Je vais voir, sa page, toute jaune et bleue, avec le métropolite uniate dont j'ai oublié le nom, là, tout de suite, et ce n'est pas grave, mais dont j'avais démonté, sur Novorossia today, les mensonges éhontés proférés à la Croix au sujet du Donbass. La France en général, et les paroisses orthodoxes en particulier, grouillent à mon avis d'agitateurs ukrainiens, et si je me souviens bien, Macron avait commencé à recruter des Azov dans la gendarmerie.

 Ce matin, je lisais quelque chose sur la mort de Marie-Antoinette. Elle avait un cancer de l’utérus très avancé, et pour être sûre qu’elle finisse sur l’échafaud, Robespierre avait envoyé son médecin la bourrer de tampons, pour l’empêcher de saigner. Que dire du médecin qui s’est prêté à cela ? Je crois que la révolution a déchaîné une ignominie qui nous est devenue consubstantielle, nous la payons encore aujourd’hui, et nous en avons gardé les immondes réflexes.

Là dessus, je vois que d’après Macron, qui cherche à justifier son protégé Zelinski, la corruption est la preuve que nous sommes dans une démocratie bien vivante ! Celui-là ne recule devant rien, c’est une anthologie de la fausseté et de l’impudence. Mais en réalité, il a raison, c’est peut-être juste, chez lui, du cynisme. Car je pense depuis bien longtemps que la démocratie, hormis peut-être dans de tous petits pays, ou mieux, dans une ville, se termine obligatoirement par une dictature de bandits.

Je ne peux plus supporter de voir les nouvelles de France, et en particulier ce qui se passe avec les éleveurs, dont on massacre les troupeaux sous leurs yeux. Il me semble voir se répéter dans mon pays d’origine, ce qui s’est déroulé ici au moment de la collectivisation, dans les années trente, et dont je ne peux lire le récit sans me provoquer des insomnies. Des bêtes abattues, sous le faux prétexte d’une maladie bénigne et sur la commande mafieuse de l’UE inféodée au capitalisme supranational, comme on dit. Et il se trouve des vétérinaires pour marcher là dedans, des flics pour éxécuter ces ordres iniques, on envoie de véritables armées de bourrins casqués pour réprimer les agriculteurs et tuer leurs vaches sous leurs yeux. Cela ne devrait pas m’étonner, nos gendarmes et CRS sont devenus depuis longtemps de simples sbires de la mafia en col blanc, cravate et brushing. Ils éborgnaient et mutilaient joyeusement les gilets jaunes, pourquoi se gêneraient-ils avec les paysans et leurs vaches ? Discrets dans les quartiers chauds, on ne les voit affluer en force que pour tabasser le franchouillard de base ou pour emmerder Dieudonné. Je ne sais même pas comment ces gens peuvent se regarder dans une glace ou affronter le regard de leurs gosses. Beaucoup de malheureux Français, cramponnés à leurs illusions rassurantes d’un autre âge, d’une part se refusent à croire qu’ils sont dirigés par des pervers narcissiques et des criminels et d’autre part, estiment que les bons représentants de la loi « ne font qu’obéir aux ordres ». Demain, on donnera à ces misérables cognes celui de tirer sur la foule, et ils le feront, j’en doute de moins en moins. Je n’ai plus aucun respect pour eux, non plus que pour les généraux Boum-boum qui viennent décoconner à la télé sur ordre du psychopathe de service. Les préfets, on sait depuis longtemps ce que c’est :  des publicains infects, j’aurais honte d’avoir un fils ou un mari dans cette profession indigne, et pense souvent à la grand-mère de ma soeur, déclarant à l’un d’eux : « Monsieur, je ne salue pas les fonctionnaires qui ne fonctionnent pas ». A la différence qu’ils fonctionnent, ils fonctionnent pour nous détruire, façon shérif de Notthingam. Mais contrairement à mes compatriotes, j’en veux particulièrement aux gendarmes, aux vétos, à ceux qui conservent quand même plus ou moins leur confiance, alors qu’ils n’en sont plus du tout dignes, qu’ils trahissent sur toute la ligne, et méritent finalement le qualificatif clamé dans les stupides manifs de 68 : CRS-SS ! Des types capables de tuer ces troupeaux de vaches saines sous les yeux des éleveurs le sont de nous coller tous demain contre un mur.

Maintenant on s’en prend aux cochons qui « vivent trop près de la nature », c’est-à-dire qui échappent aux élevages concentrationnaires du cocopitalisme escrologique. Demain ce seront les moutons et les chèvres, puis les animaux de compagnie. Et ensuite les gens, car la collectivisation soviétique s’est accompagnée de la famine qu’on veut à présent coller sur le dos des seuls Russes, alors qu’ils en étaient victimes comme les copains. 

Sur le fond de cette tragédie, je fais mon troisième panneau, un berger dans la montagne, en écoutant du vrai folklore français, et en pensant à mon beau-père qui aurait peut-être, de nos jours, transformé sa belle ferme en fort Chabrol, et accueilli comme il convenait tous ces pandores à coups du fusil qu’il gardait sagement sous son lit au cas où, comme tout bon paysan qui se respectait à l’époque. Le berger dans la montagne, c’est la France, la vraie. Une fois éliminés les derniers représentants de ces bons travailleurs français, il ne restera plus là-bas qu’une plèbe hagarde et multicolore aux cheveux bleus et deux ou trois dissidents terrés dans des villages de la Dordogne ou de la Creuse, en attendant que vienne les débusquer la milice de la caste.

 J'ai trouvé chez Slobodan cette citation intéressante:

"Dans sa conférence de Hiroshima, publiée justement pendant notre séjour au Japon, Emmanuel Todd se fonde sur sa connaissance du pays pour dire que le Japon, comme l’Italie chez nous, est en quelque sorte protégé du nihilisme par son culte du beau. Un échange avec son hôte nous livre une clef étonnamment limpide pour saisir l’âme du Japon. M. Ochi: Vous avez mentionné la «beauté» de la société japonaise. Dans un monde en pleine mutation, avec l’immigration et l’évolution des valeurs, que pensez-vous qu’il adviendra de cette beauté? M. Todd: La «beauté» dont je parle n’est pas celle du paysage, mais «la sensibilité qui permet de perce voir le monde comme beau». Le problème du Japon n’est pas le nihilisme, mais un excès de recherche de la perfection. Accepter parfois  un peu d’«imperfection» ne mène t-il pas à la maturité humaine? "

La beauté protège du nihilisme, c'est pourquoi on s'emploie à la faire disparaître partout. Toute personne insensible à la beauté est un nihiliste conscient ou inconscient, une âme mutilée. C'est en ce sens que je comprends la phrase de Dostoievski: "la beauté sauvera le monde". La beauté est le reflet de Dieu. Une beauté d'où Dieu est effacé devient laide, on en voit de nombreux exemples sur les affiches et les écrans.


 

jeudi 27 novembre 2025

Transversale

 


J'ai fait le second panneau pour le café, ça m'a pris deux jours, et maintenant, je refais le premier chapitre de la traduction que je corrige, pour une raison inexplicable, mon travail n'a pas été enregistré. Je me rends compte que ces panneaux deviennent pour moi le reflet du bonheur français perdu, celui de "nos jeunes années qui courent dans la montagne", de la "mer qu'on voit danser le long des golfes clairs,", de la "bicyclette". Une Russe m'appelle "le lyrique, tendre et libre Monet de Pereslavl"! Ce qui rejoint l'avis de Dany, que les paysages sont russes mais la manière française. Cependant, cela est tout à fait inconscient et spontané... de l'impressionnisme génétique.

  Il m’est venu à l’esprit qu’au fond, le projet Union soviétique, soutenu au départ par Rothschild et les banques anglo-saxonnes n’ayant pas donné ce que l’on en attendait dans cette perspective, et le butin de 17 n’ayant pas été perçu, pour cause de fermetures des frontières par Staline, il a été abandonné et remplacé par le projet Union  Européenne. Mais pour le mener à bien, il fallait diaboliser les vainqueurs du nazisme, et à cette fin, on assiste à une réhabilitation sournoise de celui-ci, à un travail de l’opinion patient et de longue haleine. Ainsi, quand j’étais enfant et adolescente, le diable, c’était Hitler, les nazis ses légions, et le peuple allemand, depuis les vieillards jusqu'aux petits enfants, un rammassis de racistes intrinsèquement pervers envers lesquels on ne serait jamais assez impitoyable et méfiant. Les Français eux-mêmes étaient tous des collabos, il fallait le leur rappeler sans relâche, et parmi eux, on détestait particulièrement les paysans, « qui ne comprennent rien aux révolutions », leurs bérets, leurs vielles et leurs binious, j’entends encore BHL les stigmatiser avec énergie. Quand j’avais passé l’examen d’entrée à Sciences-Po, le sujet était « la montée du nazisme en Allemagne ». Un sujet test, que je n’avais pas passé, car j’avais écrit que la cause principale du nazisme, c’était le traité de Versailles, l’humiliation de l’Allemagne et la misère dans laquelle les vainqueurs l’avaient magnanimement plongée. 

Maintenant, si l’on emmerde encore Dieudonné pour ses quenelles, on a mis singulièrement la pédale douce pour tout le reste. J’observais déjà dans les années 2000, quand je regardais Euronews, que dans les pays baltes, célébrer les SS était parfaitement normal. Aucune réaction du côté BHL-Glucksmann-le CRIF et médias bien pensants. Bientôt, c’est en Ukraine que j’ai commencé à voir se manifester ce genre de choses, et surgir toute une propagande destinée à faire des seuls Russes les boucs émissaires des répressions communistes. Toute personne qui connaît un minimum l’histoire russe et qui est de bonne foi ne peut avaler des choses pareilles. Mais les intellectuels français sont généralement de mauvaise foi, les gens ordinaires ignares sur la question et indifférents, jusqu’au jour où les premiers commencent à laver le cerveau des seconds  avec des histoires à dormir debout, comme en ce moment, et alors ils gobent: c’est forcément vrai, puisque des « spécialistes » le leur expliquent à la télé. De nos jours, le simple fait d’être russe est en soi une tare. On va même jusqu’à persifler l’ambassade venue rendre hommage, dans la plus grande solitude, aux tombes de soldats soviétiques morts dans la résistance française, c’est dire le cas que l’on fait, au fond, de cette dernière, entre parenthèses.... Les Russes ne méritent pas de vivre, on nous dira bientôt, comme on l’a dit des Palestiniens, que ce sont « des animaux ». Et pour bien nous en convaincre, on va leur attribuer des crimes invraisemblables, qui, s’ils ont eu lieu, sont largement le fait de leurs adversaires, champions de l’inversion accusatoire.

Quand je lis les commentaires des gens à toutes sortes de déclarations haineuses, grotesques et stupides, j’en trouve certes beaucoup qui protestent ou tournent en ridicule toute cette bouillie venimeuse. Mais trop d’entre eux me rappellent les déchaînements de haine et d’infâmie que je voyais sous les récit des exactions du régime de Kiev à l’encontre des russophones du Donbass à partir de 2014. C’étaient de fantastiques appels au meurtre, des plaisanteries ignobles sur les victimes brûlées vives de la Maison des syndicats à Odessa et même sur les enfants massacrés à Donetsk ou Lougansk. Je sens monter en France la même atmosphère, et à l’issue de tout cela, si les individus qui favorisent ce méfait arrivent à leur fin, on aura la même désolation qu’en Ukraine, les mêmes tombes à perte de vue, ce qui n’a aucune importance aux yeux des gros crapauds de la mafia, prête à remplacer les sous-hommes indigènes par des sous-hommes d’importation, ce qu’elle a déjà commencé à faire.

Les crétins qui ne voulaient rien savoir quand on essayait de briser l’omerta sur le Donbass viennent maintenant avec aplomb raconter n’importe quoi sur la question, et me conseiller, par exemple, de « lire l’histoire russe », pour y trouver la confirmation que les Russes sont des barbares et des sous-hommes depuis la nuit des temps. C’est d’ailleurs ce que m’expliquaient aussi certains intellectuels soviétiques  dans le style de la Gala Ackerman, qui vomit sa haine sur la Russie à longueur de temps, alors qu’elle descend certainement, comme le prix Nobel Alexieva, toute aussi haineuse, de bons apparatchiks portés au pouvoir par la révolution. Il y a quelque chose de particulièrement irritant chez l’imbécile pontifiant qui ne sait rien, mais vient faire la leçon à ceux qui savent, parce qu’ils ont suivi depuis le début, en ayant accès à ce qu’il ignorait et ne tenait pas à connaître. Cet imbécile se découvre soudain patriote, parce qu’on a activé dans son dos la commande correspondante, le petit bouton gardé à cet effet, et nous accuse de « trahir la France », qu’il trouvait jusqu’alors si chauvine, raciste, bornée, sexiste et juste bonne à être métissée de gré ou de force. Pour moi, ceux qui ont trahi la France, ce sont ceux qui l’ont mise dans l’état où elle est, pas les gens qui l’ont quittée par désespoir, ni ceux qui cherchent à rétablir une vérité inaudible dans un tohu-bohu de mensonges toujours plus éhontés et fantasmagoriques. Luc Ferry, dans les rangs de ces derniers, m’a fait bien plaisir par son intervention courageuse et honnête, mais l’imbécile dont je parle plus haut est par définition indécrottable.

https://www.facebook.com/share/v/1Ks5DEiEQw/

Je pense à Anna Novikova, embastillée par les scélérats de la caste, et à Vincent Perfetti. Anna Novikova, mère de famille, dont le souci premier était de venir en aide aux populations civiles du Donbass, que l’Ukraine et l’UE trouvent indignes de vivre. A la façon cauteleuse et immonde dont les journaux pourris la présentent. Et aux commentaires de certains Français, dans la droite ligne des concierges dénonciateurs de l’occupation ou des tricoteuses de la Terreur. Elle est, d'après quelqu'un qui la connaît, abandonnée de tous, ceux qui partagent ses idées font profil bas, les bénis-oui-oui qui écoutent les médias l'accablent, et sont certainement prêts à dénoncer toute personne qui ne suit pas au pas de l'oie Macron et son fidèle général le Ravi dans leurs fantasmes guerriers, ou bientôt peut-être tout individu affligé d'un patronyme à consonnance slave. Cet après midi, je travaillais à mon panneau, en écoutant Léon Ferré, Brassens, Charles Trenet, Nougaro, et je pleurais. La France de la mafia, ce n’est pas celle que j’ai connue, celle de ma mère, de ma famille, celle des beaux étés, de la douceur de vivre, des virées en haute Ardèche et des repas de Noël. C’est le territoire de chasse d'affreux gnomes d’une méchanceté inlassable qui la déshonorent en l’assassinant.

https://www.youtube.com/live/Rg7ZjQ3Qq90?si=dmJWCPRTPL4hmZhh

Slobodan m'a envoyé une vidéo où il s'entretient avec Nicolas Vidal. Ils avaient l'air de s'entendre comme larrons en foire. Slobodan pense que nous subissons des changements vertigineux. En effet, et on ne peut pas dire que cela m'enchante, ce n'est pas un monde pour une âme agreste et médiévale. Il parle de l'automatisation du Japon qu'il vient de visiter, et de la Chine, je ne peux pas dire que cela m'émerveille. Je n'ai pas envie de vivre au milieu des machines, et je n'aimerais pas laisser des enfants là-dedans. Je pense que tous les pays ne vivront pas cette science-fiction de la même manière. La France semble bien partie pour la prison numérique et l'extermination des surnuméraires, à commencer par les vieux. Moi, en plus du fait que je fais confiance à Dieu, je crois en la Vie, la Vie est plus forte que tous les imbéciles savants. Mais que de dégâts au passage...

Slobodan pense que des communautés se reforment déjà dans le chaos, sur la base de la culture, de la foi, de la langue, mais pas forcément sur celle du lieu géographique. En effet, il a raison, cela ne m'enchante pas non plus, car le lien génétique à la terre d'origine me paraît une chose puissante, un facteur d'équilibre. Je suis venue en Russie parce que j'avais vocation particulière à le faire, et je le regrette moins que jamais, au vu des circonstances, que du reste je prévoyais: j'aime ce pays et ses habitants qui me le rendent bien, j'y trouve un accomplissement tardif, mais parfois la France, la vraie, la disparue, pas celle des gnomes, me manque viscéralement. J'y songeais en peignant ma petite scène de bord de mer, je revoyais la Méditerranée, j'entendais Nino Ferrer chanter "le Sud" ou bien Brigitte Bardot "Sur la plage abandonnée"... Et en même temps, je me souvenais que, dans cette France, je ne trouvais pas ma place, je réalisais que je peignais l'au-delà de la France, une quintessence ensoleillée que j'emporterai dans la Mémoire éternelle, avec mon livre de souvenirs. 

Mais pour en revenir aux communautés de Slobodan, c'est un fait, et comme il le dit, elles sont transversales, de même que l'Imbécile, le mutant de la modernité, est transversal désormais à tous les pays, et aussi la canaille mafieuse qui, sans lui, ne se maintiendrait pas si bien au pouvoir.

https://www.youtube.com/live/U3Jf45FlP0o?si=zGJHJybJeSXOeKuR

lundi 24 novembre 2025

Mieux vaut tard que jamais

 

Hier, j’ai réussi à aller à l’église, à l’office de neuf heures seulement, en hiver, je suis beaucoup plus lente à réagir, et quand il faut nettoyer la neige encore plus, mais nous n’en sommes pas là. J’ai manqué deux dimanches, le premier pour cause de fatigue, le second parce que je suis allée à Moscou et je suis arrivée trop tard à l’église du père Valentin.

La pauvre Katia se fait un sang d’encre pour Fédia qui a été envoyé sur une position très dangereuse, et il n’a pas là-bas de transmission internet, elle n’en a pas de nouvelles  ... Je demande une fois de plus des prières pour lui. Il dit lui-même que c'est à ces prières qu'il doit d'être encore en vie.

J’ai commencé à apprendre un Noël que chante le groupe la Chavannée, il me parle profondément, on peut dire génétiquement. Où sont passés les Français qui se transmettaient ces merveilles de poésie savoureuse et simple, et ces mélodies qui s’adressent au plus pur et secret de notre âme ? Quand j’entends ce que les gens écoutent, partout dans le monde, à la radio, dans leur voiture, j’ai envie de me boucher les oreilles pour ne pas laisser ces ondes maléfiques perturber mes cellules.

Hier, m’appelle une amie d’Olia, une certaine Victoria, qui m’avait déjà contactée. Elle est designer à Moscou et s’intéresse à mes dessins. Elle s’y intéresse tellement qu’elle m’en a pris deux, et qu’elle m’offre d’exposer dans son studio professionnel fin décembre et de signaler mes oeuvres sur son site. Je suis ébahie par le succès qu’elles connaissent tout à coup. 

Victoria est très sympathique, intelligente, nous avons bien discuté. Entre autres, des horreurs que l’on construit partout. Elle me dit que c’est lié à la modernité, et qu’on est sans cesse amené, quand on porte  les yeux sur quelque chose de beau, à les détourner aussitôt des monstruosités voisines, il devient impossible de trouver des endroits intacts, et si cela arrive, on n’est jamais à l’abri d’un saccage ultérieur. Evidemment, c’est pourquoi la modernité me paraît globalement satanique, elle est laide et cacophonique, comment pourrait-elle venir de Dieu ? Katia disait aujourd’hui, à propos de Pereslavl, à une touriste : «Ici, on voit un petit coin pittoresque, mais tout de suite après, trash, trash, trash, une belle église, et à nouveau trash, trash, trash,  un bout de rivière et encore trash, trash, trash. »

Victoria va régulièrement en France pour son travail, et lors de ses dernières visites, elle a trouvé que les choses changeaient terriblement à Paris. Elle va y acheter des tissus d’ameublement, car ils restent très beaux, et il n’y a pas d’équivalent en Russie, d’autant plus que les usines qui fabriquaient des tissus de lin ont été démantelées après la perestroïka et celles qui ont subsisté depuis ferment les unes après les autres. Ce que j’avais remarqué, car au début de ma vie ici, je trouvais de jolis pièces de lin dans un magasin de Pereslavl, et il en a de moins en moins. C’est évidemment consternant, autant qu'incompréhensible.

Elle m’a dit qu’en voyant des photos de moi sur ma terrasse, elle avait pensé un instant que je me trouvais en France, car on ne voyait pas de jardins pareils en Russie. Elle m’a d’ailleurs acheté une vue de mes fleurs pour sa mère. Je ne suis pas très sûre qu’on voit beaucoup de jardins comme le mien en France, encore que je me sois inspirée du « jardinier paresseux » et de la conception écologique du jardin respectueux des êtres vivants qui l’habitent. Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir autour de moi un microcosme harmonieux et vivant, avec des papillons, des abeilles, des hérissons, des couleuvres, des grenouilles et des oiseaux. Pas un catalogue de garden center.

le choix de Victoria



La rédaction de traduction qu'on m'a commandée demande pas mal de travail. Cette dame parle très bien français, mais il y a quelques contresens, il faut lire avec attention, et puis souvent les phrases sont filandreuses et maladroites, à moins de connaître parfaitement les deux langues, c’est fatal quand on ne traduit pas d’une langue étrangère dans la sienne. J’ai beaucoup de pain sur la planche, j’ai aussi les panneaux de Gilles à réaliser, la musique à répéter, car je vais chanter au café, puis à Moscou à la fin du mois de décembre, et au rythme où l’on m’achète des tableaux, je n’aurai bientôt plus rien à exposer, Ioulia vient de m’en retenir encore trois ou quatre...  Je suis très heureuse que l’on commence à apprécier mes oeuvres. J’ai toujours travaillé dans une extrême solitude, sauf à New-York, dans l’atelier de gravure de la New-York Students League, où j’étais très appréciée. Si j’avais trouvé le moyen de rester là-bas, je pense même que j’aurais fait carrière, mais ce n’était pas mon destin. Même ici, je connais beaucoup d’artistes-peintres ou graveurs, mais on ne m’avait jamais prise trop au sérieux, parce que je n’avais pas fait leurs écoles, je ne faisais pas partie de leurs cénacles. Cela vient un peu tard, enfin d’un autre côté, trop tard pour que je prenne la grosse tête, et cela me permettra peut-être au moins de ne pas trop manquer d’argent sur la fin...

Sur la chaîne Telegram Camille_Moscow un extrait d’émission télévisée où encore un soi-disant spécialiste commente une assertion complètement fantaisiste du « philosophe » Michel Eltchaninoff dans le Figaro : « Donald Trump a été en quelque sorte forgé par Poutine. Il est le président dont il a toujours rêvé et il en a précipité l’avènement .Poutine a créé sa légende, son double carnavalesque, son double bouffon, de manière à garder une supériorité sur lui ». Dire que ce bonimenteur hagard descend du père Alexandre Eltchaninoff dont j’avais tellement aimé le Journal profondément spirituel ! Mais le grand Bernanos a bien pour arrière-petit fils un sinistre antifa, le lumineux père Alexandre, lui, a le pitoyable Michel, dont l’imbécilité, la mauvaise foi et la haine recuite déshonorent ses ancêtres, il aura bien besoin de leurs prières, cependant, quand il passera de l’autre côté... Comme écrivain de romans d’espionnage de seconde zone, il ne serait peut-être encore pas trop mauvais, et au moins, le lecteur serait averti qu’il s’agit de pure fantaisie.

Tous ces "spécialistes" de la Russie ne reculent devant aucune extravagance, ils inventent absolument n’importe quoi, et encore trop d’imbéciles avalent et recrachent leur salmigondis avec beaucoup de conviction. Ce n'est pas que je sois, comme ils disent, "poutinolâtre", mais il faut arrêter de raconter des salades irradiées. Et dire que c’est nous qu’on traite de complotistes...

Si bête et absurde que tout cela soit, c'est de moins en moins drôle, car il commence à ne pas faire bon exprimer autre chose. On vient d’arrêter Anna Novikova et Vincent Perfetti qui, depuis longtemps, depuis bien avant l’intervention russe, rassemblaient et acheminaient déjà de l’aide humanitaire vers le Donbass. Il est vrai que dès 2013, le Donbass et ses habitants n’avaient pas bonne presse auprès des grandes consciences. Des sous-hommes, des gilets rouges. Que les bataillons punitifs ukrainiens fissent des cartons sur eux ne dérangeait personne, et ne valait pas d’en parler. Mais moi, dès ce moment, j’étais au courant, je savais, et je criais dans le désert. Et je me souviens de tout. 



https://linktr.ee/bbptv


Laurent Ozon (sur X - 23/11/2025) :
"Maudits soient les va-t-en-guerrre !

L’oligarchie occidentale a poussé deux peuples slaves à s’entretuer. Depuis trois ans, chaque plan de paix a systématiquement fait l’objet d’attaques féroces utilisant toutes les ficelles de l’émotion au militarisme, de l’optimisme délirant aux caricatures les plus mensongères. Nous avons eu droit à l’avenir radieux de l’Ukraine dans des maisons sans passoires thermiques, aux Russes qui combattent avec des bâtons et volent des chipsets de machines à laver pour leurs armes, au comédien cocaïnomane Zelensky transformé en Churchill et à Poutine atteint de quatre maladies fatales ou déjà remplacé par un sosie, au nouveau tank, missile ou avion qui allait tout changer, et j’en passe. Cette avalanche de mensonges a justifié à chaque fois un torpillage des efforts diplomatiques pour plus de guerre, plus d’armes, plus de milliards, plus de dettes, plus de souffrance, de morts et de familles endeuillées, plus de transferts de souveraineté vers les institutions non démocratiques de l’UE et de l’OTAN.

Chaque plan de paix a été rejeté pour pousser la guerre toujours plus loin et plus longtemps dans l’espoir d’affaiblir la Russie et pour assouvir l’inextinguible envie de vengeance de quelques réseaux souterrains. Les hommes qui connaissent l'absurdité de ce conflit fuient leur pays tandis que d'autres sont raflés dans la rue par des milices pour les envoyer au front. Les hommes ukrainiens sont tués dans ce conflit absurde, tandis que leurs femmes représentent désormais plus de la moitié de la population des bordels allemands. 

Pourquoi cette guerre ? On l’a expliqué cent fois ! Parce que la Fédération de Russie ne pouvait laisser des Russes se faire martyriser sans réagir dix ans de plus dans le Donbass par un État mafieux (par ailleurs devenu la plaque tournante du trafic d’enfants dans le monde), intégralement piloté par ses adversaires géopolitiques. Né en 1991 dans des frontières soviétiques, l’Ukraine était devenue une menace cent fois plus dangereuse que les missiles de Khrouchtchev à Cuba en 1962, qui avaient amené alors le monde au bord d’une guerre nucléaire. Il suffisait d’écouter la Russie pour comprendre pourquoi elle ne pouvait renoncer ni aux Russes martyrisés sur leurs terres ancestrales et emprisonnés dans les frontières de ce nouvel État, ni aux risques que lui font courir les néoconservateurs en militarisant l’Ukraine contre elle. 

Les peuples slaves ont une endurance à la souffrance qui a été largement démontrée par le passé. L’oligarchie occidentale qui nous détruit par la dette, la mondialisation sans limite, l’immigration de masse et la déconstruction de nos modes de vie se dit qu’elle peut se servir de ces monceaux de cadavres et de ces millions d’estropiés pour continuer à nous imposer sa loi. Nous qui avons conscience de ce qui se joue en Ukraine et dans toute l’Europe ne pouvons voir arriver cette entente possible entre les États-Unis et la Fédération de Russie sans espérer qu’un jour on puisse offrir à l’Ukraine un autre avenir que celui que lui offrent ses « amis » actuels. 

Les chiens de guerre doivent se taire et l’Ukraine doit maintenant laisser partir les peuples qu’elle a martyrisés. Elle n’a plus rien à leur offrir et le temps du deuil arrive. Maudits soient les va-t-en-guerrre ! Maudits soient les imbéciles qui ont soutenu ou alimenté cette boucherie !"

vendredi 21 novembre 2025

Décoration


premier panneau


J’ai vu un documentaire sur les persécutions religieuses en Ukraine. Avec quelle vilenie et quelle brutalité on s’acharne sur les prêtres et les fidèles, on profane leurs églises, leurs lieux saints, leurs reliques... 

https://rutube.ru/video/972be15d10e69d90626a2c97c89266c0/?r=a

Et cela ne date pas de l'intervention russe, j'en parlais déjà en 2018. Pourtant, quelqu'un qui me lit largement depuis ce temps-là me demande "combien Poutine me paie pour faire sa propagande." Rien, absolument rien, je n'ai même pas eu la nationalité russe sur un plateau d'argent. En occident, on paie sans doute pas mal de gens pour proférer les énormités que j'entends, mais ici, on ne nous paie pas pour exprimer notre soutien quand nous estimons devoir le faire. Ce que je dis, je le pense, ce que j'affirme, je le sais. Un ami à qui j'ai envoyé ce film m'engage à le sous-titrer, mais ce n'est pas facile, surtout d'un point de vue technique. Et puis à mon avis, les rhinocéros, même orthodoxes, resteront rigoureusement insensibles à cette "propagande", comme ils disent. Lorsque j'en parlais il y a dix ans, ils s'en foutaient déjà, ils ne voulaient rien savoir, cela dérangeait déjà leurs clichés. 

Le procès inique du lumineux métropolite Arsène, de la Laure de Potchaiev, continue à se dérouler. On lui reproche d’avoir, en félicitant, dans son homélie de Pâques, les fidèles d’avoir bravé les check-points devant son monastère, donné les positions ukrainiennes aux Russes. Le métropolite, qui a toujours fait preuve d’une grande bonté et d’une extraordinaire dignité, est arraché à l’hôpital pour être traîné aux audiences quel que soit son état. Il bénit au passage ses enfants spirituels : «Nous n’avons rien perdu, puisque nous sauvons la foi ». Mais les vieux soixante-huitards, et les droitards qui n’ont pas compris que le démon avait changé de camp, ou plutôt que, finalement déçu par la Russie, il était retourné d’où il était initialement venu, trouvent que c’est bien fait, que tous ces martyrs et confesseurs d’aujourd’hui ont mérité leur sort, car ils sont « soviétiques » ! Parallèlement, un descendant d'émigré propose de signer une pétition pour monseigneur Nestor, métropolite exarque en disgrâce, "homme de paix" qui voulait réconcilier l'Ukraine et la Russie, mais le gouvernement de cette dernière, revenue au temps de Staline, le fait punir pour cette raison. Je n'ai jamais eu que de bons échos de monseigneur Nestor, mais si mon internet défaillant me l'avait permis, j'aurais répondu à ce simili russe de la quatrième génération que je ne signerai pas cette pétition, à cause des bêtises qu'il profère sur la Russie. Puis je me suis adressée à quelqu'un qui connaît et respecte monseigneur Nestor. Celui-ci, d'après lui, s'efforçait surtout de ne pas prendre officiellement parti, de calmer le jeu et d'appaiser tout le monde, ce qui était la seule chose à faire dans sa position, et je ne suis pas sûre que ce soit là la raison de sa disgrâce, il n'en est pas question dans la pétition, me dit-il. Il n'est certainement pas opportun de présenter les choses sous ce jour, en instrumentalisant le problème, et j'aimerais assez que ce genre d'émigrés lançât aussi des pétitions pour soutenir le métropolite Arsène.

D'après des amis, même dans les milieux orthodoxes, tout est orienté de cette manière en permanence, et des "spécialistes" s'y prêtent dans toutes les éditions et sur tous les plateaux télé. La plupart des ces "spécialistes"  sont des personnages haineux et menteurs arrivés à des postes de responsabilité dans la culture sur les ailes de chauve-souris d’une russophobie totalement rabique et hallucinée. A mon avis, c’était le laissez-passer indispensable pour avoir leurs diplômes, être reçus dans la bonne société, publier leurs ouvrages et trouver des gâches confortables. De mon temps, il fallait être marxiste, de n’importe quelle obédience, le communisme à la Marchais n'était pas trop classe, mais le trotskisme, c’était absolument parfait. Le trotskisme a muté en une sorte de combiné munster-reblochon cocopitaliste, aveugle là-bas au nazisme qu'il stigmatise ici, en l'amalgamant à toutes sortes de réflexes de simple survie chez les malheureux habitants des pays qu'il infecte. 

On abat les troupeaux français à la carabine, et ça passe crème. Des méthodes de bandits de grand chemin, mais c'est Poutine le tyran. Comment ceux qui s'associent à de tels méfaits peuvent-ils se regarder dans la glace le matin et conduire leurs gamins à l'école? J'essaie, dans mon impuissance, de ne pas imaginer ces abominations, tant je les trouve sinistres et de mauvaise augure. Ce qui se passe en France avec les paysans me rappelle terriblement la collectivisation en Russie dans les années trente, en plus faux-cul. Le holodomor qui en découlera probablement sera-t-il mis, une fois de plus, sur le dos des Russes? 

 Si les gens ne comprennent pas qu'il s'agit d'une commande mafieuse et que les préfets, les gendarmes et les vétérinaires impliqués, et à plus forte raison les Zorro qui mitraillent les vaches sous les yeux horrifiés de leurs éleveurs, sont les complices de véritables canailles, c'est qu'ils sont vraiment bouchés à l'émeri...

Mais il semble qu'ils le soient, à voir certains commentaires. A présent, une espèce de baderne au sourire hagard que Macron a placé à la tête des armées vient nous expliquer qu'il faut s'habituer à l'idée de "sacrifier nos enfants" à la guerre que son patron veut absolument déclarer à la Russie, laquelle s'obstine à ne pas vouloir nous la faire. Les gens vont finir par comprendre avant que l'Europe se transforme entièrement en Ukraine purulente, avec des esclaves-soldats qu'on attrape au lasso pour les envoyer défendre les intérêts de Soros, Rothschild, Black Rock et autres malfaiteurs de l'humanité? 

Je suis revenue de Moscou, où j'étais allée faire un saut avant le déchaînement de l'hiver, un jour en avance. Il faut dire que j’ai appris au dernier moment qu’une connaissance des Asmus s’était installée dans l’appartement du père Valentin, et chez Xioucha, il y avait une autre de leurs amies. Je suis partie dimanche par un matin gelé lumineux et pur, avec, le long de la route, des arbres scintillants, magiques, un ciel bleu tendre nappé de vapeurs roses. Je suis revenue sous la pluie battante. Nous sommes passés en deux jours de moins cinq à plus dix...

J’avais une interview chez radio Zvezda, et j’ai eu droit à un livre sur la grande guerre patriotique, dans un sachet couvert d’étoiles rouges. J’ai été reçue très gentiment, les questions étaient respectueuses et intelligentes, et le journaliste était si content, qu’il pense me réinviter ! Il m’a donné l’occasion d’expliquer que mes livres sur Ivan le Terrible n’étaient pas des ouvrages ni des thèses historiques, mais des romans, ce qui n’est jamais inutile.  Et aussi de donner ma perception du personnage et de la question des effets du pouvoir sur n’importe quel idéaliste. On m’a avertie que mes considérations sur Prigojine seraient coupées au montage, mais je n’en faisais pas l’apologie, j’établissais un parallèle entre l’une de ses citations, et ce que je fais dire à Maliouta Skouratov dans mon livre. Cependant, c’est leur affaire, le sujet semble tabou. Gilles m'a dit en se marrant que c'était l'organe de presse de l'Armée...  

Avant cela, je suis allée à un festival cosaque, où j'ai vu Skountsev et autres vieilles connaissances, de plus en plus vieilles, on peut le dire:  tous nos jeunes copains commencent à prendre de la bouteille et à avoir des enfants adolescents, alors que nous sommes de plus en plus déjetés. Même impression à l'exposition de mon amie Iana, où étaient rassemblées les oeuvres de son défunt père et les siennes. 

Au café, j’ai trouvé Joëlle et Pierre. J’ai emmené Joëlle visiter une exposition au monastère de la Trinité saint Daniel, qu’elle ne connaissait pas. L’exposition montrait des reconstitutions photographiques des quartiers contemporains de Pereslavl auxquels des montages restituaient les objets culturels dynamités par le pouvoir soviétique. Quand je suis arrivée dans cette ville, il restait encore assez de très jolies maisons pour en faire un lieu féérique, mais lorsque j’ai vu cela, j’ai encore mieux compris toute l’ampleur du désastre. Le massacre est considérable, et l’on peut dire que les administrations qui se succèdent à présent, ainsi que le mauvais goût et l’incurie des habitants, sont en train d’achever cet affreux travail. On a fait disparaître une petite ville absolument ravissante, d’une originalité irréelle, et l’on imagine que les gens grandis dans ce décor avaient une autre mentalité, et même un autre développement intellectuel, que les malheureux élevés dans le béton, le plastique et les kitscheries. Les monuments abattus ont creusé des vides terribles, mal comblés par des constructions disgracieuses, des zones incompréhensibles, l’endroit reste profondément mutilé, scarifié. Je me souviens qu’Henri Barthas, à propos de tout ce qu’il voyait, m’avait dit : « On a l’impression qu’ils viennent juste de sortir de la guerre et qu’il y a eu des destructions partout. » Du reste, quand je suis allée au Donbass, je ne ressentais pas trop les conséquences des bombardements, car à Pereslavl, entre les ruines des maisons que l’on n’entretient pas et les constructions chaotiques qui tiennent du baraquement, de la friche industrielle ou du centre commercial de banlieue, on obtient quelque chose de pire qu’à Lougansk, où la structure de la ville s’est maintenue malgré tout, où le mauvais goût ne s’exprime pas de la même manière faute de fric, et grâce peut-être à la propreté morale et à la dignité d’habitants que les circonstances ont rendu conscients du prix de leur histoire et indifférents au tape-à-l'oeil consumériste.

Nous sommes entrées dans la boutique du monastère, je voulais acheter une veste avec le sigle du lieu, c’est un peu cher, mais chaud et de bonne qualité. A ma vue, la jeune vendeuse s’écrie : ‘Oh vous voilà ? comme je suis heureuse de vous voir ! » 

Au café, on avait repeint la partie bistrot selon mes instructions, sauf que Lika a voulu un jaune que moi, je trouvais trop vif. En fin de compte, cela n’est pas si mal, en tous cas, c’est mieux qu’avant, plus chaud, plus gai. Il me faut peindre des panneaux décoratifs à thème français, c’est une commande, et je m'y suis déjà attelée. Une amie m'a acheté plusieurs tableaux. Ce que je fais commence à être apprécié alors que j'ai déjà un pied dans la tombe, mais mieux vaut tard que jamais, et d'ailleurs on ne sait jamais, je vais peut-être faire une centenaire gaillarde... 



J'ai trouvé sur le canal d'Alexis Haupt, philosophie, la réflexion suivante: 

Les personnes "intelligentes", ayant un QI correct, voir élevé, mais ne voyant pas une réalité qui saute pourtant aux yeux, me font penser à ce poisson dont nous parle Konrad Lorenz : "Le Belone, comme tous les poissons qui chassent en utilisant les yeux, est capable de localiser très exactement la proie par une activité binoculaire télotactique, mais n'est pas capable de localiser un mur rocheux qui se dresse en travers de sa route."

En d'autres termes, l'ami, contrairement à ce que t'as fait croire l'École, une intelligence développée uniquement dans certaines dimensions ( logico-mathématiques, linguistique, spatiale, etc.) n'empêche pas un homme de ne pas voir un éléphant au milieu de son salon. C'est-à-dire d'être une personne soumise intellectuellement et sans esprit critique. Bref, un bon QI n'a jamais empêché personne d'être une sorte de somnambule. Ceci explique, entre autres, ce que nous vivons aujourd'hui.

Quelqu'un a noté que le QI n'avait rien à faire là dedans, ne parlons donc pas de QI, mais tout de même, il y a peut-être un début d'explication au phénomène de secte que j'observe au gré des commentaires.

     

samedi 15 novembre 2025

Fin de l'interlude


Il a neigé, venté, de grandes structures nuageuses dérivent dans le ciel et charrient de la lumière dans leurs failles profondes. Cette fois, c'est l'hiver. Je suis restée quinze jous sans internet. D'abord il est régulièrement brouillé pour des raisons de sécurité, et ensuite, j'avais un très mauvais routeur, et j'avais donné à Gilles celui que j'avais commandé pour le remplacer, et manque de chances, il a mis plusieurs jours à recevoir celui qu'il devait me donner à la place... 
le père Vadim

J’ai fait le 30 octobre un saut à Moscou pour l’enterrement du père Vadim, le père spirituel de Katia. Le pauvre homme a été emporté en une semaine, à la suite d’un infarctus dont il ne s'est pas remis. Au mois de juin, il m’avait aidée à rentrer de la terre, il avait l’air plein de joie de vivre et d’énergie. En chemin, Katia, qui profitait de ma voiture, m’a dit qu’il n’en était rien. Que le père Vadim se surmenait terriblement, qu’il aidait inlassablement les uns et les autres au mépris de sa santé. Katia était complètement bouleversée. Il avait remplacé son père, qu’allait-elle devenir sans lui ? Il était toujours prêt à l’écouter, à la soutenir. Arrivée près du cercueil, elle a éclaté en sanglots. Du reste, il y avait beaucoup de monde, et beaucoup de gens pleuraient. Ce prêtre, qui se donnait des airs de joyeux drille, se dépensait sans compter pour les uns et les autres, avec une grande humilité, il a subi en tout quatre infarctus. Les photos que j’ai vues de lui à l’hôpital, et la dernière bénédiction qu’il a envoyée à ceux qui le connaissaient m’ont beaucoup impressionnée. Pleinement conscient, il nous regarde avec une extraordinaire intensité qui n’a plus rien à voir avec sa bonhommie d’autrefois. Après l’office funèbre, j’ai été abordée par des paroissiens et compris que le père Vadim m’avait créé tout un fan club de lecteurs d’Epitaphe, dont il avait fait une large publicité.
 Ensuite, je suis allée à une représentation de Faust et Hélène chez Iouri et Dany. J’avais déjà vu la pièce, il y a déjà longtemps, mais je voulais y accompagner la Belge orthodoxe Aurélie, qui est charmante et très bonne. Dany et elle se connaissaient un peu ; elles allaient toutes deux à l’église russe de la rue Daru. Aurélie et Dany ne parlent pas très bien le russe, ce qui les isole pas mal. J’ai pensé que de se fréquenter leur permettrait de se tenir chaud... J’ai revu la pièce avec plaisir, malgré ma grande fatigue, et puis elle a été suivie d’une petite soirée entre amis, avec guitare et romances. Dans le monde de plus en plus stupide, brutal et moche dont nous voyons l’avènement, le théâtre de Iouri, sa pièce et ses amis me semblaient presque insolites et terriblement précieux. Sa pièce fait appel à tout le raffinement de la culture européenne telle que les Russes l’adorent, elle était reçue avec enthousiasme, et je ressentais la fragilité de tout cela et en même temps, son extraordinaire pouvoir salvateur, pour ainsi dire thérapeutique. Car les gens présents y faisaient ce que les hommes ont toujours placé au dessus de tout le reste, avant les dernières mutilations et mutations effrayantes imposées à leur espèce : rêver, jouer avec la musique des mots, les émotions, les sentiments, chanter, échanger, sortir de leur quotidien et communier dans la beauté, en un mot, transcender leur existence. 
J'ai dit au père Valentin que les églises de Pereslavl me semblaient de plus en plus fréquentées, avec de nombreux enfants. Il s’en est réjoui : « La province est un peu en retard, mais je peux vous dire qu’à Moscou, cela est très sensible ». Il pense que les processus destructeurs enclenchés par nos révolutions respectives n’ont jamais pris fin, et c’est hélas mon avis. Je lui avais parlé de ce qui se passait à Pereslavl, la façon dont on a ravagé cette malheureuse ville, les maisons hideuses, les constructions chaotiques, hétéroclites, les « améliorations » qui tournent au saccage des quartiers concernés. L’hostilité des mutants envers les bonnes volontés qui essaient de réparer, sauver le patrimoine et les sites naturels. Je lui ai raconté deux événements français. En Corse, à la suite d’une tentative pour faire enlever une croix de carrefour au nom de la laïcité, la population entière se dresse pour défendre le christianisme et les traditions, et les gens ont planté tellement de croix partout que les routes en sont bordées. Et puis la sortie du film Sacré-Coeur, qu’à certains endroits les autorités essaient même d’interdire, toujours au nom de la laïcité. « Dans mon enfance, lui dis-je, la société et l’école étaient laïques, mais personne ne faisait la chasse aux manifestations religieuses, on fêtait Noël et Pâques, on portait des croix autour du cou, on comparait même à la récré les croix catholiques et les croix protestantes, on passait des films ou des pièces d’inspiration religieuse à la télé, Bernanos, Claudel... Personnellement, je ne me reconnais plus dans le catholicisme, parce qu’en réalité, après Vatican II, j’ai fait mon éducation religieuse chez les orthodoxes. 
 - Le principal, observe le père Valentin, est quand même que tous ces Français retournent à Dieu, qu’ils soient catholiques ou orthodoxes... 
- Bien sûr, mais voyez-vous, j’ai vu dans les commentaires aux annonces et aux articles sur ce film beaucoup de catholiques de gauche tomber dessus avec aigreur. Ils lui reprochent son mysticisme obscurantiste, je ne l’ai pas vu, mais quand même, je ressens comme un malaise... En fait, une bonne partie des cathos élevés par Vatican II sont devenus des espèces de protestants. Et si je peux me sentir chez moi avec Bernanos ou Gustave Thibon, le protestantisme m’est profondément étranger, sous toutes ses manifestations. » 
 A l’église, à mon retour, le père Andreï me dit que lorsqu’on est écorché vif, c’est la prière qui peut nous servir de peau. Oui, en principe, et cela m’aide... L’eucharistie me paraît toujours très suave,  et elle me donne un véritable réconfort. 
 J’ai acheté des disques sur Ozon, et pour terminer un dessin, je mets Debussy. La Mer. C’est si beau que tout-à-coup, je me suis mise à pleurer, avec la certitude que l’auteur d’une telle oeuvre ne pouvait qu’avoir rejoint la Source radieuse de toutes choses, car il a saisi toute la splendeur, le mystère, la grandeur qui émanent de l’organisme marin, les sons deviennent visuels, les visions deviennent des sons, c’est une merveilleuse icône de la vie, chatoyante, profonde, avec d’infinis échos. Et je suis sûre qu’il était métaphysiquement important de décrire ainsi la Mer et de donner aux gens l’accès à cette merveille. De nos jours d’autant plus. C’est une fenêtre sur l’air pur. 
  Je ne supporte plus de voir les paysans venir parler de leurs troupeaux abattus, ce ne sont pas les troupeaux qu’il faut abattre mais les salopards qui ont ourdi ce méfait, avec les préfets, les gendarmes et les vétérinaires qui s’en rendent complices. Mais les gendarmes sont déjà prêts à aller contre les Français qui refuseront de se battre pour Rothschild, Soros et Black Rock en Ukraine, ils vont à trente, cagoulés comme des bandits, empêcher les spectacles de Dieudonné; ils ne sont plus que la milice  de la mafia bancaire mondialiste qui ne dissimule qu'à peine, sous un transparent vernis hypocrite, son intention de dresser des soldats-esclaves à son service. Je ne sais rien de plus sinistre que l’assassinat de nos pays, minés de l’intérieur depuis deux cents ans par ces parasites. C’est quelque chose d’affreux. Je regarde brûler et profaner notre patrimoine, sous le jacassement imbécile de tous les gauchistes formatés qui répètent n’importe quelle idiotie, du moment qu’elle leur est soufflée par leurs gourous idéologiques, toutes les inversions accusatoires au sujet de l’Ukraine, ou bien de la Palestine, les techniques et les intérêts sont les mêmes.
 Sur Facebook un gars envisage qu’internet engendre une forme de possession, en observant les effets délétères produits sur la population africaine, ensorcelée par la culture afroaméricaine, le rap, le wokisme, et coupée de ses racines, de ses ancêtres, de ses traditions. Il accuse l’occident, mais en réalité, l’occident est la première victime de tout cela. Les commentaires sont très agressifs, pourtant, je pense qu’il a raison, et que je suis moi-même victime de ce maelström de nouvelles affreuses, de visions d’horreur, de bassesses révoltantes, de perversités inouïes dont il est très difficile de détacher son esprit, et je pense à la phrase de Nietzsche bien connue qui disait à peu près : « Quand tu regardes l’abîme, c’est l’abîme qui regarde en toi. » 
Le SBU ukrainien est en train de faire mourir le métropolite Arséni, qui me fait l’effet d’un saint homme, rayonnant de noblesse, de bonté et de courage. On l’arrache à son lit d’hôpital pour le traîner au tribunal, où une juge péteuse fait son infâme boulot sous les exclamations indignées du public, et parmi les sanglots des croyants. Même Orthodoxie.com en a parlé. Un hiérarque de « l’Eglise soviétique » ? Ou un martyr de l’Eglise russe ? A l’origine de son arrestation une homélie de Pâques où il félicitait les gens d’être venus à l’office en dépit des check points à l’entrée du monastère. On a décidé qu’il donnait de la sorte les positions ukrainiennes aux Russes. Le métropolite reste calme, ferme, bon, admirable. Pendant ce temps, le patriarche Bartholomée se félicite d’avoir, avec les Américains, organisé ce gâchis en Ukraine. Quelle honte... Skountsev m’envoie des vidéos de files de soldats ukrainiens terrorisés, ou bien désespérés qui se rendent en pleurant, qu’on a forcés à se battre, qui implorent le pardon de la Russie. Pourquoi et pour qui les a-t-on fait mourir en si grand nombre ? Pour l’Ukraine ou pour un territoire destiné à être exploité par des mafieux, repeuplé de migrants exotiques, ou converti en Israël de secours, ou tout cela à la fois?
Le politologue Emmanuel Leroy s’est fait baptiser orthodoxe par le père Basile, et évoque l’arche que doit devenir la Russie. En effet, c’est notre dernière arche, notre planche de salut. Mais je dois dire que les raisons de se faire du souci ne manquent pas non plus ici, quand on voit la progression exponentielle d’une laideur fantasmagorique et démoniaque éliminer les dernières traces d’harmonie dont témoignent encore le patrimoine et la nature russes.
Mes amis suisses sont arrivés pour acheter leur maison et occuper mon appartement, qui est petit, mais très bien placé et très réussi, je suis fière de ma déco. Il leur servira de pied-à-terre en attendant d'avoir fait leurs travaux d'aménagement.  A la banque, Joëlle me dit tout-à-coup : «Ici, c’est vraiment un autre monde... » J’ai senti dans cette remarque comme une brutale prise de conscience. « Oui, ai-je répondu, c’est un autre monde. Je m’intéresse à la Russie depuis des années, je n’en parle pas trop mal la langue, j’y ai passé en tout vingt cinq ans de ma vie, je connais Pereslavl par coeur, j’y suis très bien intégrée, les gens sont très gentils avec moi, tiens, tu vois, la caissière, elle me fait des sourires comme si je faisais partie de sa famille, et par dessus le marché, je suis orthodoxe. Et pourtant, il y a des moments où je me demande ce que je fais ici et où tout me paraît étrange... » 
Le problème est que notre pays d’origine nous est devenu pareillement étranger. C’est ce qui les fait partir. De mon côté, le processus a été très long, accentué par ma conversion à l’orthodoxie, mais je peux dire que dès les années soixante-dix, il était enclenché, et que je ne trouvais plus de langage commun avec mes contemporains français. J’assistais déjà à une sorte de fracture anthropologique, dont la Russie elle-même n’est pas à l’abri, d’ailleurs, et qu’elle a subi dans une moindre mesure, en fin de compte. A présent, lorsque je lis certains commentaires, j’ai l’impression que nous ne donnons pas le même sens aux mots, que certaines déclarations n’ont même aucun sens, je les relis en me demandant si elles ne proviennent pas de fous furieux. On dirait que plein de gens perdent la tête, ce qui les rend inaptes à juger de la santé mentale de leurs dirigeants et de la véracité de ce que leur raconte des médias délirants. 
  Je l’ai emmenée montrer la maison qu'ils achètent à l’architecte Pavel. Il a demandé à la propriétaire si elle n’était pas triste de partir. « Si, répond-elle, mais je n’ai pas le choix, je suis seule ». Elle va s’installer chez son neveu et sa nièce, avec la petite chatte qu’elle a recueillie, et mon coeur s’est serré : seront-elles bien accueillies ? Elle semble plus jeune que moi, et moi aussi, je suis seule. 
La maison des Suisses plaisait beaucoup à Pavel, elle l’inspirait visiblement: "Ca m'intéresse déjà", m'a-t-il dit. Nous avons parlé des horreurs qui se commettent ici, mais il cherche à atténuer les choses, il y a aussi des gens qui réparent, notre mission est de le faire, à notre échelle, comme nous le pouvons, et en effet, c’est ce que je m’efforce de faire de mon côté. Je fais un ilôt de beauté, il fait le sien, il fera celui des Suisses. En me quittant, il m’a dit, avec son air doux, intériorisé et malicieux : «Je suis content de vous avoir rencontrée, et j’espère que nous nous reverrons. »
Pavel a magnifiquement restauré une isba au bord de la rivière, et il en restaure une autre à côté, pour faire un ensemble et éviter qu'on lui construise un monstre à la place. Il nous a fait visiter son intérieur, qui est d'une beauté féérique, où le contemporain se mêle harmonieusement à la tradition russe. 
Après l'achat de la maison, nous nous sommes tous retrouvés au café, avec Gilles et l’Anglais Michael. C’est le club européen et francophone, là-bas dedans. "Nous sommes tous venus d'outre-mer", déclare Michael. "Ah vous êtes bien un Anglais! lui dis-je. Qui vient ici d'outre-mer, à part vous?"
Une jeune fille qui sert au café m'a demandé de lui signer, pour son grand-père, une carte-postale représentant l'un de mes pastels. Cela me fait une drôle d'impression! 






Au café