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lundi 18 novembre 2024

Novembre ténébreux

 A l'église, j'ai confessé au père Andreï mon anxiété et mon manque de foi, qui dit anxiété dit manque de foi... et j'ai ajouté: "Je ne peux pas vous dire grand chose, je suis malade, je ne vois personne et donc, je n'offense personne."

Il a ri: "De l'utilité de la maladie!"

La vie a bien des aspects merveilleux, et j'y reste attachée. J'ai été émue par une publication de Constantin Soutiaguine: 


"Et ça fait peur de mourir, et c'est dommage de laisser toutes ces bêtises captivantes, toute cette insignifiance, si chère au poète, qu'il n'a pas pu glorifier.Comme j'ai adoré revenir à l'aube et réarranger tous les meubles en une demi-heure ! J'ai aussi adoré le rebord de fenêtre blanc, la fleur, l'eau, le verre à facettes et l'azur vert de la voûte céleste. Et le fait que je suis un poète et un homme sans foi ni loi."


Car c'est exactement ce que je ressens souvent, et si cela me touche particulièrement, c'est que Soutiaguine est croyant, sans doute plus croyant que moi, plus assidu à l'église.

Mais parallèlement à ces aspects merveilleux, dont nous ne connaissons pas assez l'importance, que de chagrins, que de douleurs inimaginables! Internet en ce moment me donne le vertige, entre la guerre, les massacres auxquels on trouve toutes sortes de justifications, les diverses infamies, la détresse des enfants et des animaux, le saccage de notre héritage culturel et de la nature... Il y a des souffrances auxquelles nous ne pouvons rien, qui ne sont pas de notre fait, quoique d'un point de vue chrétien... Mais combien n'en n'infligeons-nous pas par notre inconscience, notre stupidité, notre cupidité, notre brutalité, notre négligence, notre égoïsme sordide? Tout cela exerce sur moi une espèce d'érosion qui m'épuise et me donne un sentiment de culpabilité épouvantée et impuissante, de compassion horrifiée. C'est là, outre les raisons personnelles que je peux avoir de l'éprouver, l'origine de cette angoisse latente que je confessais au père Andreï.

 Je vis toujours très mal le mois de novembre, ses ténèbres, sa grisaille, son humidité. J’ai été dispensée de rééducation, parce que mon genou fonctionne déjà très bien, je n’en reviens pas moi-même, merci docteur Simakov. Et merci mon ange gardien. Dieu sait ce que j’aurais vécu, si on m’avait changé l’articulation. Je m’habitue à la polyclinique, c’est encore très délabré, mais apparemment, on y trouve quand même des médecins compétents, et puis je commence à m'y orienter. J’y suis retournée ce matin pour prolonger mon assurance. La bonne femme était très gentille, elle héberge un chat, qu’une mégère veut aller abandonner dans la forêt. Je lui ai demandé pourquoi elle ne le prenait pas chez elle. Parce qu’elle en a deux, plus un chien qui ne l’accepterait pas. Et moi, j’ai Moustachon, qui chasse tous les chats étrangers. C’est délabré, on se fait parfois engueuler, mais aussi encourager, d'un sourire ou d'une plaisanterie, en fin de compte, c’est humain, nous ne sommes pas chez les robots, et cela n’est déjà pas mal. Donc, il me sera possible, dans certains cas, de m’y faire soigner et c’est gratuit.

Trop de médicaments et les invitations au restaurant par dessus m'ont rendue vraiment malade. Du coup je prends à nouveau des médicaments, mais ils me fatiguent beaucoup. Je crois que c’est fini pour moi, les bonnes bouffes et les gâteaux. Je vais maigrir et devenir une vieille desséchée,  mais ce n’est pas plus mal, c’est plus distingué que d’être une dondon boursouflée. Je reste chez moi, et j’écris. Je m’aperçois avec surprise que j'ai pratiquement terminé. A la relecture, je serai sans doute amenée à compléter, à rajouter des choses que j’ai oubliées ou que je voudrais développer, et peut-être à en laisser tomber d'autres, car on ne peut pas tout dire, il ne faut pas alourdir le récit ou en compromettre l'homogénéité. Je me rends compte que j'ai beaucoup oublié, les atmosphères, les lieux, du moins ceux où je n'ai fait que passer, car ceux où j'ai vécu longtemps, je les retrouve, et souvent avec une grande nostalgie. Et puis les gens, mes grands-parents, ma mère, mes tantes, mon beau-père... Etonnant comme des êtres disparus il y a si longtemps font toujours partie de moi et continuent à me manquer, comme cette époque déjà lointaine se rapproche brusquement de moi, comme si je ne l'avais pas quittée. Le père Valentin dit que nous sommes exilés dans le temps.

Je revis aussi mon année de fac à Vincennes, couveuse de toute la chienlit qui s'est emparée de la France par la suite, le wokisme y sévissait déjà. Et quand je décris mon voyage en Russie, je retrouve les causes de bien des problèmes que j'observe ici aujourd'hui. 

Biden a donné l’autorisation au satrape de Kiev de balancer sur la Russie des missiles longue portée. Et cela vient après une visite du fils Soros à l’infernal Macron, comme par hasard. Ces gens se dépêchent d’essayer de déclencher une guerre générale avant le passage de pouvoir à Trump, lequel n’est d’ailleurs peut-être pas aussi pacifiste qu’on l’espère, mais il n’est pas inféodé à la mafia  mondialiste et semble vouloir au moins purger la société d’un certain nombre de malfaiteurs, et faire la lumière sur le covid et les trafics d’enfants, c'est bien cela qui les panique. Je pense que Poutine va essayer d’esquiver le piège. C’est ce qu’il a toujours fait. Il est évident que depuis des années, on cherche à le pousser aux extrêmes, et il s’est toujours débrouillé pour l’éviter. Je connais plein de gens qui le lui reprochent ici, et qui lui reprochent aussi de ne pas débarrasser la Russie et son armée de toutes sortes de traîtres et de fonctionnaires indignes, et je suis souvent moi-même désorientée par ce qui se passe, et par les échos et opinions contradictoires que je reçois. Cependant, ne pas tomber dans l'escalade me paraît sage, car c'est précisément là où on veut le pousser. 

J’ai vu qu’il y avait eu une importante manifestation en Allemagne, où les gens portaient des pancartes, avec les photos des dirigeants européens : «Ce n’est pas Poutine, qui nous fait peur, c’est vous ! » Eh bien c'est exactement mon raisonnement, et depuis très longtemps.



Ici, une vidéo d'Idriss Aberkane qui fait la lumière sur les ténèbres du "philanthrope Soros": https://www.youtube.com/live/k2ytHNqUbVc?si=Xn0IFd9UxIemwRx6

J'ai mis un lien, car je n'ai pas pu partager la vidéo directement.


mardi 12 novembre 2024

Réflexions d'automne

 


Sur facebook a surgi cette photo, qui date de quinze ans, déjà. Je suis avec Jules, mon premier spitz. Cette jolie maison était près du monasère saint Nicétas, dont on aperçoit le mur d'enceinte. Maintenant, elle est méconnaissable, complètement saccagée. On l'a entièrement couverte de plastique beige, la jolie palissade a été remplacée par une affreuse clôture d'usine. Circulez, plus rien à voir. Ni à dessiner.

J'ai été invitée à un anniversaire. Le restaurant était bon, mais la musique de fond obsédante, avec ce rythme partout identique qui m'est physiquement pénible, on a demandé de baisser le volume, et j’en étais ravie, mais voilà qu’un des invités sort un micro et une tablette, dans l’intention évidente d’animer la soirée en permanence. Il a commencé par d’interminables et bruyantes félicitations, puis il a branché sa musique, qui n’était pas mieux que l’autre, et ma voisine de table y est allée de son couplet personnel. Là dessus, intervention d’une serveuse : les clients se plaignent, on ne peut pas se servir d’un micro ni diffuser sa propre musique. Je lui en étais très reconnaissante, mais le bonimenteur frustré a fait un scandale, il ne pouvait imaginer une réunion qui ne fût pas dirigée, assourdissante, avec d’interminables congratulations. Accompagné de deux femmes présentes, il a bravé les autorités en chantant une chansonnette en karaoké en l’honneur de l’héroïne de la fête. Les autorités se sont vengées en augmentant le volume du boumboum obsédant, je comprenais mal ce que les gens se disaient, et cette musique infernale me faisait mal à la tête.

Dany, qui était ces jours-ci en tournage à Mourmansk, me disait que la musique abominable, elle l'avait eue, dans le taxi, dans le restaurant de l'hôtel, et jusque dans la caravane de la maquilleuse. Les gens ne peuvent plus exister sans bruit. Avant, la musique les unissait, ils chantaient , jouaient et dansaient ensemble, maintenant, ils sont partout assommés par le bruit, par une espèce de drogue sonore qui détruit leurs derniers neurones. Je me souviens d'une croisière que j'avais faite sur les fleuves du nord, et nous voguions entre le ciel et l'eau absolument lisse, on ne savait plus où commençaient et finissaient l'un et l'autre, la lumière oblique illuminait les arbres et les nuages, c'était, dans le silence, un spectacle d'une si fantastique beauté que la vieille imbécile en charge des loisirs sur le bateau s'était cru obligée de lui adjoindre à pleins hauts parleurs une infecte musique sirupeuse, depuis quand la nature pouvait-elle se suffire à elle-même? Pour la première fois de ma vie, j'étais allée lui faire un scandale. 

Ania Ossipova me dit que d’après beaucoup de prêtres, la maladie et la souffrance nous rapprochent de Dieu. «Je ne suis pas d’accord, lui réponds-je. Moi, quand je suis malade et que je souffre, c’est la nuit spirituelle. J’essaie de prier, mais ce n’est pas très efficace. Je suis plus près de Dieu quand je suis sur ma terrasse, au soleil et au vent, que je regarde les fleurs dans la lumière et que nul imbécile ne me casse les pieds avec des engins bruyants ou la radio.

- Oui, à vrai dire, moi aussi, j’ai du mal à prier quand je suis très malade ou souffre beaucoup...

- J’ai lu que le père Séraphim Rose souffrait tellement avant de mourir qu’il reniait Dieu. Cela lui est passé ensuite, il est mort apaisé, il avait même une expression, dans son cercueil, de profonde béatitude. J’ai lu aussi le témoignage d’un prêtre qui ne pouvait plus prier tellement il avait mal. »

J’éprouve un complet découragement devant certains discours bigots qui nous voudraient toujours misérables. Une fois, j’ai écrit en commentaire à quelqu’un qui regrettait le confort où nous sommes encore pour l'instant, que malgré ce confort, beaucoup de vies étaient très malheureuses. Et puis il y a ceux qui condamnent carrément tout amour de la vie, la vie ne doit pas nous intéresser, la vraie vie est ailleurs. Or on me disait aussi, quand je me suis convertie, que le paradis (ou l’enfer) commencaient ici bas, et le père Alexandre Schmemann, qui était très contemplatif, considérait que la beauté de la nature nous offrait l’icône du Royaume à venir. J’ai l’intention de développer tout cela, dans la conclusion de mon livre.

Un autre détail me chiffonne chez beaucoup de prêtres qui publient sur les réseaux, c’est le rejet total de la théorie de l’évolution. Bien entendu, cette théorie est sur bien des aspects contestée même par des scientifiques, mais ce que l’on ne conteste pas, c’est que l’homme est apparu bien après que l’aventure de la vie eût commencé, et que tous les êtres vivants sont liés par une parenté de structure, une parenté organique. J’aurais bien du mal à faire l’impasse sur les divers fossiles qui se sont empilés dans les couches géologiques pendant des millions d’années, et à penser que le récit de la Bible doit être pris dans un sens littéral, avec un homme créé il y a six mille ans à part de tout le reste, d’une autre nature, en quelque sorte. Peut-être ne descendons-nous pas du singe, mais nous sommes apparentés à tous les mammifères. Pour moi, tout est lié, dans le cosmos, j’ai du mal à me représenter Dieu comme une espèce d’ingénieur assis quelque part qui, nous ayant physiquement équipé d’une certaine manière, considère que nous devons renier tout cela et vivre dans la détestation de ce qu’Il a installé en nous Lui-même. Cela ne me poserait pas de problèmes, si on n’exigeait pas de moi cette vision non seulement aberrante, au vu de ce que je sais, mais même terriblement réductrice. Le père Barsanuphe me disait que la Création et la Chute ne cessaient de se produire, et aussi la Rédemption, et la Tansfiguration, qu’il y avait la dimension temporelle et la dimension éternelle, et qu’elles étaient liées. Pour moi tout est lié, l’envers et l’endroit, l’en-deçà et l’au-delà, tout est perpétuellement inspiré et expiré, et nous coopérons avec ce souffle créateur bienfaisant ou avec l’action destructrice de son antithèse.  

D’un autre côté, tout, dans le déroulement de ma vie et de la portion d’histoire dont je suis le témoin, me convainc que la vision chrétienne du monde est juste sur tous les autres plans. Je suis également convaincue, cette fois de façon scientifique, comme pour l’évolution de la vie dans les grandes lignes, de la véracité du Suaire de Turin, ce cinquième Evangile à l’usage des gens comme moi. Or l’inexplicable empreinte du Suaire ne peut provenir que d’un phénomène qui s’apparente à la Résurrection. Quiconque écoute ou lit en détail ce qui a trait au suaire de façon non prédeterminée idéologiquement ne peut qu’être sidéré par ce qu’il représente. Je ne peux pas davantage renier les conclusions de l’étude du suaire que je ne peux renier la présence de fossiles dans les couches géologiques profondes.

Samedi, après les vigiles, je suis allée acheter des tisanes dans la boutique voisine de la cathédrale. La vendeuse, qui a un certain âge, me connaissait visiblement, mais je ne me souvenais pas où je l’avais vue, c’est peut-être elle qui m’a vue, sur internet ou à la télé. Elle m’a donné une consultation de médecine par les herbes, les Russes adorent ça, et d’ailleurs, c’est souvent efficace. La neige est partie, mais comme elle a eu le temps de tout geler, nous nous retrouvons avec novembre morne, marronnasse et ténebreux.

J'ai vu une vidéo qui m'a impressionnée. Un jeune soldat, Zakhar, a tenu tout seul sa position trois semaines, sans avoir plus rien à manger, et s'est filmé: "Je reste impudemment tout seul dans ce cimetière." Et il s'adresse aux drones qui le surveillent: "Qu'est-ce que vous avez, bzzz, bzzz, bzzz au dessus de moi? Si au moins vous me jetiez quelque chose à manger!" Il a le visage d'un Russe d'autrefois, avec de grands yeux clairs, une espèce de douceur, de profonde humanité, il semble issu des photos du XIX° siècle, ou du début du XX°. Grâce à Dieu, il a été évacué. Il est vivant. https://vk.com/video-140038254_456244448

jeudi 7 novembre 2024

Innocents

 

J’ai trouvé au supermarché Vierny un stock de chaussettes de type thermolactyl, et j’ai tout pris pour envoyer au front, car avec ma carte du magasin, cela me faisait moitié prix. Puis je suis allée porter tout cela au quartier général des cosaques, qui partaient le jour même. Je suis tombée sur un cosaque de Iaroslavl avec qui j’ai beaucoup discuté de ce qui détruisait nos sociétés à l’heure actuelle, et particulièrement les jeunes. Il me disait qu’ils ne savaient plus contempler, réflechir, rêver, à cause des écrans, du bruit, de la distraction perpétuelle. C’est exact. On n’en est pas encore ici à fabriquer des enfants-loups culturels et spirituels, comme en France, mais le type de société que nous avons partout est en lui-même complètement néfaste. Il faut promouvoir le folklore, la musique et la littérature classiques, les arts plastiques, l’artisanat. Le travail de la terre. Mais pour faire comprendre cela à des fonctionnaires ou des députés, élévés par la nomenklatura dans le mépris de tout ce qui est russe, poétique et fantasque, traditionnel et authentique...

Pendant que je m’entretenais avec le cosaque, les Suisses m’ont appelée pour m’inviter à déjeûner avant leur départ. Je leur ai donné rendez-vous aux « boyards ». J'ai appris par eux, car on les a emmenés le visiter, que l'OVNI de verre et de métal largué sur le bord de la rue principale, le truc qui écrase toutes les maisons autour et supprime toute vue et toute lumière à celle de derrière, se proclame: "Musée de l'architecture"! Il est vrai que lorsque on édifie sa baraque au mépris total de l'environnement culturel, historique et naturel des lieux, on est particulièrement habilité à parler de cet art, en lequel a paraît-il été instruit le responsable de ce monument, ou plutôt de ce mausolée du défunt concept d'urbanisme. Cette manie des "musées" dans une ville qui a saccagé pratiquement tout ce qu'elle avait de beau, d'ancien et de pittoresque a de quoi laisser perplexe. De quoi pourrais-je faire le musée, en ce qui me concerne? 

Trump a été élu, et ce n’est sans doute pas le sauveur du monde. Comme le rappelle le métropolite Luc de Donetsk, c’est sous sa présidence que Pompeo a fabriqué, avec le patriarche Bartholomée, la machine infernale de l’Eglise autocéphale bidon qui permet de persécuter horriblement l’Eglise ancestrale et véritable, et de saints hommes comme le métropolite Longin. Cependant, à voir la tête de toute la diablerie occidentale, ses pleurnicheries bruyantes et hargneuses et ses lamentations, sa victoire est quand même bien préférable à celle de la Kamala maudite du camp d’en face, un homme que la caste déteste autant ne peut pas être vraiment mauvais. Depuis le méfait de Pompeo et Bartholomée associés, il y a eu d'énormes dégâts partout, et l’Amérique en a pâti aussi, en tous cas, sa population ordinaire, le « bétail » qui a voté pour Trump, justement. Peut-être que leur président aura à coeur de calmer le jeu et de s’occuper de son pays plutôt que d’aller emmerder les autres.

Un libéral russe, convulsé de fureur et parcouru de tics, estime que les Américains ont choisi un « populiste » pour ne pas élire une femme de couleur. Quelle stupidité abyssale... Ces gens-là sont partout les mêmes, en Russie, en France, en Amérique, et ils étaient déjà là en 1789, d’après les puissantes descriptions de Chateaubriand, à pique-niquer et à faire des mondanités dans les ruines de la Bastille, avant de se faire décapiter par les monstres qu’ils choient, de génération en génération, sans jamais rien comprendre au film, et toujours avec la même morgue, la même irresponsabilité. Je pense que cette espèce est née du divorce de mentalité et de culture entre les classes dirigeantes de la société et la population qui s’est opéré à partir de la Renaissance. Ils se croient d’une autre sorte que le reste du monde, qu’ils « veuillent notre bien » ou nous détestent ouvertement. 

Kouzia, arraché au front et restitué à sa patronne

Je suis une page qui sauve et replace les animaux abandonnés sur les lieux des combats.  Les bénévoles prennent de gros risques pour faire cela, et pas seulement pour les animaux eux-mêmes, mais pour leurs patrons évacués en catastrophe, à qui l’on a dit de laisser un peu de croquettes et d’eau pour deux jours, le temps de faire partir l’ennemi un peu plus loin, et qui, depuis des semaines, n’ont pu revenir chercher leurs compagnons et se rongent. Une grand-mère a reconnu son chat sur une vidéo, et avec beaucoup de difficultés, on a réussi à l’attraper et à le lui restituer, quelle joie pour l’une et pour l’autre... Kouzia la suit pas à pas, et lui lèche les mains. Je pense à mes quatre parasites receuillis et à Rita, si nous nous trouvions dans le même cas, je n’en dormirais plus de la nuit. 
Le malheur des animaux me touche beaucoup, ils sont confiants comme de petits enfants et ne comprennent pas que nous agissions avec eux de façon indigne ou cruelle. Et c’est si souvent le cas... 

J’observe à la lecture de Facebook deux phénomènes qui se répandent en France : les disparitions d’adolescents, et les vols d’animaux. Je disais hier au cosaque que je ne devais pas m’attarder parce que j’avais ma chienne dans la voiture. Mais c’était plutôt à cause du froid, car ici, je ne me pose jamais la question, personne ne me volera Rita. En France, il est devenu impossible de laisser sans crainte son chien dans la voiture, ou pire, à la porte d’un magasin. On les vole jusque dans les jardins. Et là encore, que de tourments, à la pensée de ce que feront les voleurs du pauvre animal... Cela me révulse de seulement l’envisager.

Les adolescents, je n’en parle même pas, c’est encore un autre problème. De toute façon, c’est un fait que les faibles et les innocents sont désormais, en occident, à la merci de n’importe quels salopards. Si c’est ça la « liberté », merci bien. Mais ce qui mobilise là bas les gens à coup sûr, c’est l’Iranienne qui se fout à poil pour provoquer sa société patriarcale répressive. Que sa société soit répressive, c’est bien possible, mais se mettre à poil n’est-il pas un peu excessif, et n’est-il pas risible, de la part de gens qui n’ont jamais défendu leurs enfants et leurs vieux parents contre un Etat indigne qui masquait les uns du matin au soir, achevait les autres, isolait tout le monde et injectait  des produits douteux à l’ensemble du pays, de jouer les justiciers chez les Iraniens ? Pourtant, les voilà vent debout. Partout, l’innocence est violée, massacrée, humiliée, pervertie, les gosses poussés à la mutilation, au délire psychiatrique, privés de culture, de mémoire et d’avenir, transformés en débiles profonds plus ou moins violents, mais ce qui les fait tous, dans les pays civilisés, se dresser comme un seul homme, c’est le soutien à l’iranienne en slibard et soutien-gorge. C’est presque du réflexe conditionné. Si seulement ils avaient été aussi réactifs quand leurs enfants muselés ne pouvaient ni respirer ni avoir de relations normales avec leur entourage; ou s’ils l’étaient aujourd’hui quand des tarés leur soufflent de se couper le zizi ou les seins, et de se bourrer d’hormones, pour être à la mode ! Quand on leur vole l’amour, les rêves, l’imagination, la création, le sens même de l’existence, réduite à la bouffe, aux jeux et à la baise de bas étage...

Prions saint Nicolas pour les enfants du monde, qui, là où ils ne sont pas avortés, massacrés ou vendus, ne reçoivent rien de ce qu'il leur faut pour pousser harmonieusement et se transforment en gnomes tatoués à cheveux bleus.

samedi 2 novembre 2024

C'est l'hiver qui frappe à notre porte...

 Voici le paysage que j'ai découvert ce matin. De la neige, de superbes nuages, une lumière magique. 


Ce matin, je suis allée à l'hôpital faire contrôler les choses. Depuis hier soir, j'ai mal, je n'avais pas eu mal après l'opération, mais maintenant, si. "C'est normal, me dit l'infirmière qui me refait les pansements, vous aurez peut-être même un peu d'oedème, mais c'est comme ça." Le docteur Simakov me dit la même chose et me donne rendez-vous dans dix jours. Donc, comme on dit ici: "Supporte, cosaque!" 

C'est embêtant, mais pas intolérable.

Je suis allée donner des chocolats et des livres, les miens, à mes compagnes de chambrée. On s'ennuie tellement à l'hôpital, et ce que je peux dire avec assurance, c'est que mes livres ne sont pas emmerdants. Valentina de Serguiev Possad était toute souriante: finalement, le docteur ne va pas la réopérer. Gloire à Dieu! Je souffrais pour elle. 

A ma sortie de l'hosto, avant hier, j'ai eu la visite de Kecha que je connais depuis 1990, il avait alors treize ans, un petit surdoué. J'étais devenue amie avec sa mère, Olia, peintre graveur. Il est venu avec sa femme et son petit garçon Kostia, tout aussi surdoué que lui-même. Puis le soir, j'ai été invitée par des Suisses qui viennent pour la deuxième fois ici. Je les avais rencontrés l'année dernière, ils m'avaient dit qu'ils songeaient à émigrer mais voyageaient à droite et à gauche pour choisir le pays. Ils ont des amis russes, et ils viennent d'ouvrir un compte. Les employés de la banque n'en croient pas leurs yeux, car ils ne sont pas les seuls: des Suisses qui viennent mettre leur argent ici et projettent de venir s'installer!

Ils m'ont dit que la Suisse suivait la même pente fatale que le reste de l'Europe. Et que c'était peut-être même pire, parce que les habitants se surveillaient scrupuleusement les uns les autres, collaborant avec zèle à l'asservissement de tous. Sauf dans les zones rurales. Là, ils ont assisté à une manifestation de plusieurs milliers de personnes qui défilaient avec un joug sur les épaules, en faisant sonner en rythme les grosses cloches qui pendaient de chaque côté, et que c'était très impressionnant, mais personne n'en a parlé dans les médias, bien évidemment.



Je lis avec un immense intérêt les Mémoires d'Outre-tombe, quel style, quelle puissance d'évocation! Et je tombe sur ce passage impressionnant: 

"Douce, patriarcale, innocente, honorable amitié de famille, votre siècle est passé! On ne tient plus au sol par une multitude de fleurs, de rejetons et de racines; on naît et l'on meurt maintenant un à un. Les vivants sont pressés de jeter le défunt à l'Eternité et de se débarrasser de son cadavre. Entre les amis, les uns vont attendre le cercueil à l'église en grommelant d'être désheurés et dérangés, de leurs habitudes; les autres poussent le dévouement jusqu'à suivre le convoi au cimetière; la fosse comblée, leur souvenir est effacé. Vous ne reviendrez plus, jours de religion et de tendresse, où le fils mourait dans la même maison, dans le même fauteuil, près du même foyer où étaient morts son père et son aïeul, entouré comme ils l'avaient été, d'enfants et de petits-enfants en pleurs, sur qui descendait la dernière bénédiction paternelle!" 

Une amie me disait au téléphone hier: "Je suis terrienne, mais les paysans ne sont plus des paysans, ce sont des agriculteurs. Je connaissais dans mon enfance un vieux paysan qui refusait d'utiliser les trayeuses électriques, jouait avec ses vaches, et m'avait dit avec des larmes: "Tu vois, j'ai lutté dans la résistance pour voir mes petits-enfants mettre leurs animaux en camp de concentration." 

 

jeudi 31 octobre 2024

Genou

 


L'aggravation de mes problèmes de genou m'ont conduite à consulter un chirurgien traumatologue recommandé par la rumeur publique à la polyclinique locale où, après le Covid, je pensais ne pas remettre les pieds. Il m'a dit qu'il fallait changer le ménisque, qu'il en avait pour une demie heure et moi pour "deux trois jours". Je me suis donc décidée à subir l'intervention, dans son service flambant neuf. Gratis!

On me l'a pratiquée sous péridurale, l'assistant me récitait des vers de Lermontov sur la  bataille de Borodino, pour me détendre. Je lui ai dit que j'étais désolée des libertés que Napoléon avait pris avec la Russie... Le chirurgien chantonnait en s'activant, comme s'il changeait une pièce sur une vieille voiture. J'expérimentais toute l'impuissance d'un paraplégique. Cela fait une drôle d'impression de ne plus pouvoir bouger les jambes.

Ensuite, on m'a ramenée sur mon lit, avec défense de bouger et de m'asseoir. Manger de la soupe dans ces conditions, ce n'est pas top. Et en plus, le matelas était si atroce que je sentais tout le metal des lattes. Le soir, on m'a permis de me tourner sur le côté, et j'ai fait ça toute la nuit, sur ma grille, j'allais me transformer en fakir. Je souffrais plus de mes courbatures que de ma jambe. Au matin, on m'a invitée à me lever et à aller aux toilettes, mais je n'arrivais pas à me déplier. En fait, ces matelas font partie de lits neufs très chers, que le fabriquant n'a pas craint d'assortir de ces grabats, 5cm de mauvaise mousse en plusieurs morceaux qui se dissocient et qu'on a remplacé par de vieux matelas décents, au fur et à mesure des plaintes des patients. 

Le jour même, j'étais sur pied, je marchais sur deux jambes stables, c'était magique. On m'a mis une perf de produit qui supprime l'enflure et on m'a dit de marcher pour tout mettre en place. Mais ce matin, alors que je pensais sortir, c'était encore un peu enflé, et j'ai eu droit à une autre perf, je craignais d'être coincée jusqu'à demain. Je suis allée voir le chirurgien qui a décidé de me renvoyer chez moi avec pour instruction de revenir samedi matin lui montrer tout ça. Il m'a dit qu'il ne m'avait rien changé du tout, qu'il avait juste nettoyé et remis en place, et que  j'aurais de toute façon des petites douleurs parce que j'avais de l'arthrose, mais le ménisque a repris sa place. D'un autre côté, j'apprécie sa prudence: j'avais dans ma chambre une femme énergique et marrante à qui on avait changé les articulations à Moscou, et d'après elle, on l'avait traitée avec condescendance et négligence. Maintenant, elle a des problèmes, et après l'avoir observée une journée, notre chirurgien a décidé de la réopérer, parce que quelque chose ne va pas là dedans. Il y avait aussi une jeune femme qui après une fracture de la jambe réparée avec des broches par quelqu'un d'autre, est tombée sur le genou et maintenant, c'est la catastrophe, il va devoir aussi l'opérer. J'avais une grande compassion pour mes compagnes de chambre, à qui j'ai promis de rendre visite samedi, je leur apporterai des chocolats. Notre chirurgien a une telle réputation qu'une femme est venue le voir depuis Magadan. Il a fui l'ambiance mercantile de Moscou, et l'hyper spécialisation importée, comme d'habitude "d'occident", c'est-à-dire d'Amérique. On voit tout de suite qu'il est humain, intelligent et compétent, et tout son service l'adore.

Au moment de partir, on m'a dit d'aller récupérer mes vêtements au vestiaire, j'ai quitté en chemise de nuit et en chaussons le splendide étage du docteur Simakov et je suis descendue par un escalier dérobé dans un labyrinthe souterrain sinistre où s'activaient des bonshommes. Je vois un écriteau "vestiaire" qui me désigne le fond d'un corridor de plus en plus sombre. Là, une infirmière de rencontre me dit que j'ai dépassé les vestiaires. Je retourne en arrière et distingue un guichet, sur la vitre duquel était effectivement écrit "vestaire", mais comme elle était ouverte, je n'avais rien vu.

J'ai dû m'habiller comme je pouvais dans le tunnel qui m'évoquait ceux du deep state américain, en espérant qu'aucun bonhomme ne passe par là. Il paraît que l'on refait tout l'hôpital, qui a trouvé des sponsors. Les choses changent à Pereslavl...

lundi 21 octobre 2024

Marie Sayard

 


Demain à l’aube arrive Valérie. Je ne suis pas très bien, j’ai mal partout. Je crois que j’ai de l’arthrose de tous les côtés. J’avais mal à la tête, et je suppose que c’est de l’arthrose cervicale aggravée par les stations devant l’ordinateur. Du coup, j’essaie de m’en détacher, mais en ce moment, j’écris, et puis je lis le livre de Larissa.

Je m’efforce de dessiner, car il fait à nouveau très beau, et même doux, les étés indiens n'ar^rêtent pas de se succéder. Le voisinage m’empêchant d’en profiter, je m’en vais. Je suis allée dessiner l’église du village de Gorodichtché, perchée sur sa colline, près du lac, et aujourd’hui, je suis allée sur le « val » dessiner une vue des églises du centre, c’est un des seuls coins pittoresques qu’il nous reste. Il faisait beau, et il n’y avait pas de bruit, quelle bénédiction.... Dessiner est très gratifiant, très apaisant, mais je ne sais pas ce que deviendront tous ces pastels que je fais. Je les fais quand même. Comme les livres qu’on n’arrive plus à vendre. Comme les poèmes que plus personne ne lit. Parce que je suis équipée pour créer, alors je crée.

Au retour, pour éviter l’ordinateur, j’ai fait le ménage, ce qui n’était pas du luxe, j’ai nettoyé ce qu’il me sera difficile de faire quand il commencera à geler. Et puis, j’ai travaillé dans le jardin. Moralement, cela me fait toujours grand bien. J’ai déplacé un buisson d’hortensias, et quelques autres choses. C’était calme. Mais ensuite, à nouveau des camions et des engins, je me demande vraiment ce qu’on va nous construire comme monstre. Cela fait trois ans que ce type nous emmerde avec ses innombrables camions de terre : il nous fait une ziggurat, une pyramide d’Egypte ? Dommage que je n'arrive pas à déménager... C'est qu'ici, bien sûr, j’ai des liens avec mes arbres, mes fleurs, mes oiseaux, et j’ai enterré mes deux pauvres petites chattes sur le territoire, l’une au pied d’un thuya et l’autre au pied d’un lilas. Je leur parle quand je jardine. Où êtes-vous, mes pauvres petites mères, ma belle Chocha, mon gentil Georginet ? Est-ce que mon ange gardien a emporté votre petit esprit près de maman, pour m’attendre là où il n’y a plus ni douleur, ni tristesse ni gémissements ? J’aime la vie, mais je sens les effets de la décrépitude, et puis, je deviens de plus en plus sensible et tant de choses me blessent contre lesquelles je ne peux rien... 

Hier, je suis allée à l’église du père Ioann, heureusement, il y avait peu de monde, mais la confession a duré quand même près d’une heure. Le choeur chante étonnemment bien pour une petite paroisse qui fait ce qu’elle peut, et il règne là bas une grande ferveur. Je me demande si je pourrais acheter, dans le cimetière attenant, une concession pour ma dernière demeure. Certes, il y a la route qui passe, mais je ne l’entendrai plus, et au moins, je serai près d’une église. 

Je lis pour Renée, et ceux qui me sont les plus proches par la même occasion, l’acathiste pour les défunts, je veux le faire jusqu’au quarantième jour après son décès. Au début, je la sentais près de moi, et même cramponnée à moi, je sentais sa présence inquiète, c’était étrange et bouleversant. Et puis elle s’est apaisée ou éloignée, je ne la sens plus. Elle a commencé à partir, et mes prières l’accompagnent. Je suis profondément reliée à mes morts, je suis quasiment la seule à prier pour eux.

Le livre de Lara Zaïets est très bien, très bien écrit et original. Il paraît que c’est moi qui lui ai donné l’impulsion pour l’écrire, et d’ailleurs, j’y figure. Une petite grand-mère française qui vit à Pereslavl dans une isba, joue des gousli et de la vielle à roue. C’est étrange de se voir décrite dans le livre de quelqu’un d’autre. La part de fiction du personnage, c’est ses yeux bruns, et puis, elle prépare aux héros des sirniki, comme une vraie babouchka russe. Or si j’invite les gens à dîner, je leur prépare quelque chose, mais s’ils arrivent à l’improviste, j’ai rarement le réflexe de me mettre aux fourneaux, plutôt celui de commander une pizza. C’est que je ne suis pas du tout une grand-mère. Je n’ai pas eu d’enfants, ni bien sûr de petits enfants, je suis une solitaire, et je ne suis pas aussi prolixe que mon équivalent, sauf quand je réponds à des questions. La vieille Française du livre s’appelle Marie Sayard. Ca fait français, y  pas à dire...



 

samedi 19 octobre 2024

Brzi


 "Je pouvais seulement prier, pour que les secours arrivent vite": un guerrier serbe a passé sept jours sans nourriture, sans eau, avec une jambe arrachée, on le croyait mort.

Beaucoup suivaient le destin de ce volontaire serbe dans l'armée russe, sous le nom de guerre de "Brzi", il s'appelle Dario Ristitch, originaire de la République Serbe.

C'est le commandant qui a signalé sa mort, Brzi avait sauté sous ses yeux sur une mine antipersonnel, et ensuite, des drones l'avaient achevé, dans une telle situation, un combattant n'a pratiquement aucune chance de survivre. On n'avait pas pu récupérer le corps tout de suite.

Mais plus tard, ce sont des combattants du détachement voisin qui ont trouvé Dario vivant. 

Ensuite, vient le récit du premier intéressé:

"Quand j'ai reçu cette blessure à la jambe, ce n'est personne d'autre que Dieu qui m'a jeté dans cette mine où je me suis caché. J'entendais des explosions, l'ennemi essayait de me trouver. Dans le noir absolu, je parvins à me faire une injection d'analgésique, à enlever mon gilet pare-balles et à bander la jambe, je respirais même le plus doucement possible, pour que l'ennemi ne m'entendît pas, je serrai seulement dans ma main ma broianitsa (bracelet de prière serbe). Je perdais probablement conscience de temps à autre, tout à coup, je vois de la lumière autour de moi, et Dieu qui me tend la main, et me regarde dans les yeux, nous nous trouvons dans cette lumière, seulement Lui et moi.

Quand je revins à moi, les secours n'étaient toujours pas là, je pouvais seulement prier, pour qu'ils viennent vite, je devais survivre, car on m'attendait à la maison. J'avais perdu la notion du temps, je ne savais pas depuis combien de temps je me trouvais dans cette mine, sans secours médical, sans nourriture et sans eau. Je dus moi-même trancher des muscles qui pendaient et me gênaient pour désinfecter la blessure. Je voyais défiler devant mes yeux des tableaux de ma vie, les visages des gens qui m'étaient chers. Mon Dieu, combien de plans j'avais pour cette vie, que de choses je voulais encore faire! Mais même dans cette situation sans issue, je n'avais pas de rancoeur, je demandais seulement à Dieu de protéger les miens. Je sombrais encore et encore dans l'inconscience, et revenais à moi en pensant: "Je suis encore vivant!" Mais la douleur devenait de plus en plus forte, et je m'affaiblissais, tout ce qu'il me restait, c'était serrer ma broïanitsa et prier. 

Je revins à moi, parce que quelqu'un me touchait, et de l'eau coulait sur mon visage, mais je ne savais pas si c'était les nôtres ou l'ennemi. Mais grâce à Dieu, c'était les nôtres, ils me dirent quelque chose, mais je ne les entendis pas, tellement j'étais content de les voir. Et là je compris que c'était la voie que je devais prendre, que m'avaient été données les épreuves qu'il me fallait supporter.

J'avais passé sept jours, la jambe arrachée, sans eau ni nourriture. Le trajet jusqu'à l'hôpital en prit encore dix.

Et je suis très reconnaissant à tous ceux qui se faisaient du souci pour moi et m'envoyaient des messages de soutien. Merci aussi à ceux qui se réjouissaient de ma mort et que je dois décevoir: Brzi est vivant!

Chers frères et soeurs, que le Seigneur vous garde, nous nous verrons bientôt!"

Guéris vite, guerrier!


«Я мог только молиться, чтобы скорее пришла помощь»: без еды, воды, с оторванной ногой сербский доброволец провел семь дней, его считали погибшим

Многие следили за судьбой сербского добровольца в рядах русской армии с позывным «Брзи», его имя – Дарио Ристич, уроженец Республики Сербской.

О его гибели сообщил командир, на его глазах Брзи подорвался на противопехотной мине, а потом отработали дроны, в такой ситуации у бойца практически нет шансов выжить. Тело сразу забрать не смогли…

Но позже Дарио живым случайно обнаружили бойцы соседнего подразделения.

Далее его рассказ от первого лица:

«Когда я получил ранение ноги, не иначе Бог толкнул меня в ту шахту, где я и прятался. Я слышал взрывы, противник пытался меня достать. В абсолютной темноте я смог сделать себе укол обезболивающего, снять броник и перетянуть ногу, я даже дышал как можно тише, чтобы враг меня не обнаружил, только сжимал в руке брояницу. Наверное, я периодически терял сознание, вдруг я увидел свет вокруг себя, и Бог протягивает мне руку и смотрит мне в глаза, мы находимся в этом свете, только я и Он.

Когда я опять пришел в себя, помощи по-прежнему не было, я мог только молиться, чтобы скорее пришла помощь, я должен выжить, ведь меня ждут дома. Я потерял счет времени, не знал, сколько я нахожусь в этой шахте без медицинской помощи, еды и воды. Мне самому пришлось отрезать мышцы, которые висели и мешали обработать рану. Перед моими глазами мелькали картины из моей жизни, лица дорогих мне людей. Боже, как много у меня планов на жизнь, сколько всего я еще хочу сделать! Но даже в такой безвыходной ситуации я не злился, я только просил Бога беречь моих близких. Я опять и опять проваливался в забытье и приходил в себя с мыслью «Я все еще жив!». Но боль становилась все сильнее, а я слабел, все, что мне оставалось, это сжимать брояницу и молиться.

Опять пришел в себя от того, что кто-то трогает меня, а на лицо льется вода, но я не знал, свои меня нашли или враг… Но слава Богу это оказались наши, они мне что-то говорили, но я их не слышал, настолько я был счастлив их видеть. И тогда я понял, что это тот путь, по которому я должен был пройти, что мне были даны те испытания, которые я должен был вынести.

Без еды, воды, с оторванной ногой я провел семь дней. Еще десять занял путь в госпиталь.

И я очень благодарен всем тем, кто переживал за меня, кто писал слова поддержки. Спасибо и тем, кто радовался моей смерти, но вынужден вас разочаровать – Брзи жив!

Дорогие братья и сестры, пусть вас хранит Господь и скоро увидимся».

Скорейшего тебе выздоровления, воин!