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lundi 14 juillet 2025

La maison de Katia

 


Hier, Katia faisait bénir la maison qu'elle a achetée, à Filimonovo. Je l'ai d'abord rejointe à l'église, que le monastère saint Nicétas avait commencé à restaurer il y a plusieurs années, sur l'impulsion de l'higoumène Boris, dont on vénère le souvenir, et qui était le frère de l'archimandrite Dmitri. Le monastère a restauré plusieurs églises de village. Mais les gens du pays n'y vont pas volontiers, au contraire des siècles passés, à présent, l'orthodoxie est plus vivante dans les villes que dans les campagnes. Il y a plusieurs années, j'avais fait une photo des trois jolies isbas qui faisaient face à l'église. Il n'en reste qu'une de vivante, les deux autres sont devenus des mausolées en plastique. 

La maison de Katia a été très bien restaurée, elle est claire, paisible, il s'en dégage quelque chose de profondément bénéfique, et la vue, depuis la terrasse, n'est gâchée par aucun cottage ni isba défigurée. Une maison idéale pour vivre avec Fiodor et élever un petit. Elle accueillait un ami, avec qui elle a fait ses études, et qui est lui-même un ami du prêtre, Ivan. Ivan a un beau visage russe, ouvert, noble et intelligent, et il aime rire. Il s'est marié à dix-neuf ans, et il a sept enfants. Nous avons tous participé à la cérémonie de la bénédiction. 



Vers cinq heures sont arrivées toutes les copines de Katia, je connaissais beaucoup d'entre elles, notemment Anna Panikhina, qui a lancé à Pereslavl l'opération annuelle 'Tom Sawyer Feast" qui consiste à mobiliser des volontaires pour repeindre les vieilles maisons et attirer l'attention du public sur leur charme et la nécessité de les conserver. Filimonovo est devenu son village pilote. Elle y a fait transporter en pièces détachées une isba de Pereslalv menacée de destruction. Dans ce quartier, il n'y en a pratiquement plus, c'est devenu une sorte de zone industrielle défoncée avec des bâtisses de moellons nus et gris, des maisons chaotiques; disparates, des barrières métalliques d'usine, quelque chose de totalement affreux que je traverse pour aller chez moi en essayant de ne pas regarder.



Anna Panikhina est derrière l'achat de la maison de Katia, car elle redoutait que d'autres acheteurs en fissent une horreur plastifiée, et elle a expliqué les circonstances de l'affaire, tandis qu'Ivan nous faisait un barbecue de saumon, et que son mari tondait leur terrain. Katia a raconté que lorsqu'elle avait pris possession de sa maison, un calendrier sur le mur était ouvert à la date de son anniversaire, et que quelqu'un y avait tracé le mot "papa". Elle l'a pris comme un signe et un cadeau de son père, ce qui a tiré des larmes d'émotion à Anna Panikhina. Celle-ci médite de racheter l'ancienne maison de la culture, pour faire revivre le village, et dès qu'une maison se vend, elle cherche des copains pour l'acheter. Elle est persuadée qu'on peut mobiliser les gens, leur rendre la mémoire, le goût des belles choses et de leur propre culture, et elle n'est pas la seule à tenter l'aventure.


 

Notre expédition au Donbass a fait de nous des vedettes locales, une jeune femme m'a dit que lorsqu'elle m'avait entendu chanter au café, elle essuyait ses larmes avec son bonnet, tant je mettais d'âme dans mes interprétations, et qu'aller là-bas avait été si courageux, et si inspirant pour tout le monde. "Ce n'était pas si courageux, maintenant, il y a les Russes, là-bas, c'était beaucoup plus sportif il y a quelques années. Je craignais surtout de tomber malade!"

Même à Filimonovo, on entend les débroussailleuses et les motos. Un petit nuisible nous a gâché une partie de ce moment de paix idyllique, devant les défilés de montgolfières qui glissaient à l'horizon, au fil des nuages. Je me suis souvenue de ce que m'avait dit le père Nikita, dans un cas semblable, lorsque nous étions assis dans son jardin de Dokoutchaievsk: "Ces motos sont un fléau. Je les déteste tellement que je pourrais leur jeter des briques, mais figurez-vous qu'en passant devant l'église, ils font tous leur signe de croix, alors qu'est-ce que je peux faire?"



samedi 12 juillet 2025

Retour au front

 7, 8 et 9 juillet 2025


Complètement épuisée et vaseuse, je n'ai pas trouvé le courage d'aller à l'église, le dimanche matin. Katia, Fiodor et Elena, si. Le prêtre a pris une photo de Katia et de Fédia avec un journal orthodoxe où, en l'honneur des saints Piotr et Févronia, symboles de l'amour conjugal, s'affichait en première page une famille idéale. Le prêtre a donné un chapelet à Katia: "Prie pour lui". Katia a finement observé que la couverture du journal était un signe, et qu'il ne restait plus qu'à organiser la cérémonie.

Avant le retour au front, Fédia m'écoute chanter un vers spirituel accompagné sur les gousli. Il n'avait jamais entendu cet instrument traditionnel, ni la chanson, et il en est très ému. Je trace sur lui un signe de croix. 

Nous l'avons ramené à un poste de contrôle, au milieu de la steppe, sous un soleil ardent. Le chauffeur Génia était en retard, car sa camionnette l'avait lâché. "Revenez-nous vite! nous dit-il.

- Nous reviendrons avec de l'aide!

- Revenez, avec ou sans aide, pour lui, pour nous!"

L'aide humanitaire est le meilleur moyen qu'a trouvé Katia de revoir son fiancé et d'adoucir sa vie. Elle est extrêmement nécessaire et très bien venue. Nous avons pris congé, bouleversées de voir Fédia et son camarade repartir en enfer.

Tout au long de ce voyage qui m'a, comme prévu, tellement surmenée, j'ai ressenti une véritable paix intérieure, en dépit de l'angoisse de tomber malade dans une région en guerre où j'étais de passage. La certitude d'avoir fait ce que je devais, et d'avoir trouvé en cela une direction pour la suite des événements. Au plus près des nôtres, et au plus loin de toute la sombre pantomime des monstres qui ont tramé tout cela. En chemin, je disais au père Nikita que j'avais bien du mal à pardonner aux fourbes sanglants responsables de ce malheur: "Ils n'ont plus grand chose d'humain, m'a-t-il répondu. Il faut comprendre que pour ces gens, nous sommes des inutiles et des gêneurs. Ils se figurent que tout leur appartient. Nous respirons leur air, buvons leur eau, occupons leurs terres, dépensons leurs ressources. Il leur faut donc nous éliminer, car ils sont la caste supérieure, et nous des sous-hommes."

Ce tableau correspond bien au personnel politique de toute l'UE, qui ne s'en cache même plus. Je suis donc confirmée dans tout ce que je pensais au sujet de cette affaire, et calmement certaine d'avoir choisi le bon camp. 

Nous avons envoyé une petite vidéo à Serioja le balalaiker, qui nous a répondu: "Coucou à tous les artistes! Je suis bien content qu'on ne vous ait pas enlevées, il nous aurait fallu payer une rançon ou aller vous chercher au fond des steppes. Si vous répétez l'opération, je pourrais vous accompagner,d'abord parce que vous n'avez pas froid aux yeux, et ensuite parce que certains de nos gars y sont déjà allés, et que les soldats nous achètent pas mal de balalaïkas, je ne sais pas ce qu'ils en font, s'ils s'en servent pour se taper dessus, mais c'est un fait, et un petit concert avec master class serait bien venu!"

Au retour, nous avons fait escale à Zadonsk, une jolie petite ville où j'avais autrefois séjourné, et qui se trouve à mi-chemin. Nous nous sommes inclinées sur les reliques de saint Tikhon de Zadonsk. La ville a a été fondée seulement au XIX° siècle, et comme en beaucoup d'endroits, marquée par les marchands. Les marchands et les paysans, c'était le socle du pays. Il y a bien des fautes de goût à Zadonsk, mais tout de même, quelle différence avec Pereslavl-Zalesski! La ville reste homogène est charmante, très propre, pimpante, et la "mise-en-valeur" si souvent catastrophique n'y a pas fait trop de dégâts. 


 








jeudi 10 juillet 2025

DEPASSEMENT

 5 juillet 2025



J'ai quitté Dokoutchaievsk, après une mauvaise nuit vrillée par les avions, et une sorte de bourdonnement sourd. Cela fait une impression singulière, quand on n'a jamais connu cela, de sentir le souffle métallique de cette bête tapie, et de penser que pendant tant d'années, le père Nikita et ceux qui l'entourent, en percevant ces grondements infernaux, n'étaient jamais sûrs que leur maison n'allait pas exploser, ou qu'ils ne seraient pas fauchés en allant faire leurs courses ou en arrosant le jardin.

Avant de rejoindre Lougansk, escale à Debaltsevo, après plus de deux heures de bagnole surchauffée. J'ai refait mon numéro, pour le même genre de public, plus des enfants. Je leur ai dit que c'était un honneur pour moi d'être reçue par le Donbass, qui était un exemple de résistance à la déshumanisation qu'on voulait nous imposer partout. Nous devions être à trois heures à Lougansk, pour le barbecue organisé par Fédia, mais impossible, on nous retenus pour le thé, et puis le vieux prêtre local, le père Miron, tenait à nous faire visiter son église, décorée par ses soins de fresques dans le style des images de communion solennelle de mon enfance, et il ne nous a pas fait grâce d'une seule icône. Il nous a raconté que l'explosion d'un obus ayant fait exploser toutes les vitres, il avait tout un hiver célébré dans le froid et le vent, et qu'un autre obus avait ouvert un cratère dans la cour. Il m'a remerciée avec effusion d'être venue: "Vous chantez comme ma mère, j'avais l'impression de l'entendre".

Le père Nikita ne déborde pas d'optimisme, enfin tout dépend du point de vue d'où l'on se place. En bref, il pense que nous vivons les derniers temps. Le starets Zossime disait que la Russie était elle aussi gangrénée par les créatures des ténèbres. Je risque: "Vous n'avez pas confiance en Poutine?

- Comment vous dire... Ce que je sais, c'est que le starets Ivan Krestiankine en avait une bonne opinion, et il ya beaucoup de choses que je n'ai pas la compétence d'apprécier. En plus de celles que j'ignore. Mais ce dont je suis sûr, c'est que négocier avec Zelenski et ses parrains occidentaux est extrêmement compliqué et n'a peut-être même pas de sens, car ils n'ont aucune parole et ne respectent rien. Ils sont toujours susceptibles de violer les traités ou de nous faire un coup en traître."

C'est aussi ce que je pense.

J'ai pris congé de lui avec chagrin et compassion, car il a dû s'appuyer le retour, un trajet de trois heures dans la chaleur ardente. Katia et Fédia estimaient en riant qu'il m'avait pressée comme un citron, mais il ne se ménage pas lui-même, et puis, il m'a ouvert des horizons spirituels. Tout-à-coup, l'ignoble soupe politique de ceux qui nous ont fait cette horreur reculait derrière une sorte de transfiguration par le dévouement quotidien et mutuel des uns envers les autres, par les actions concrètes des uns et des autres, par l'amour qui nous unissait tous. Notre seule issue m'apparaissait dans ce que je voyais ici. Dans cette tournée que m'avait imposée le père Nikita, alors que je suis peut-être au bord de la colique néphrétique, insomniaque et dolente. Dans ce qu'avait accompli Katia, pour aider son homme, et ceux qui combattent avec lui, et dans leur reconnaissance à notre égard, et même dans l'honnête sévérité de nos guides du Front Populaire. Les pourritures de la caste n'ont même pas idée de l'élévation morale que nous donnent ces épreuves, ni de cette affection qui naît entre leurs victimes qu'ils méprisent, du salut qu'elles trouvent dans le mal qu'ils nous font. 

Après le barbecue de Fédia, le sans-gêne bruyant de la table voisine, dans la cour de l'hôtel, nous a contraints à aller prendre le thé sur le balcon fumoir du premier étage. "A quelques kilomètres d'ici, nous mourons en masse, dit Fédia, et ceux-là font la fête comme si de rien n'était." 

Sur ce balcon soufflait une légère brise, des martinets viraient en criant, comme dans le midi de la France, les soirs d'été. "Il vaut mieux entendre ça que des drones,"observai-je.

Fédia nous explique que les drones donnent aux soldats des attaques de panique, que cette guerre ne ressemble à aucune autre. Un de ses camarades venait d'être gravement blessé, il a perdu les deux jambes et un bras. Lui-même se considère comme un miraculé, qui a plusieurs fois échappé à la mort. Lourd silence. "Nous allons continuer à prier... dis-je

- Oui. Car en effet, cela marche. Autrement, je ne m'explique pas comment j'en suis sorti jusque là."

Katia décide qu'elle refera le voyage: "C'est à nous de défendre et d'aider nos fiancés, nos maris, nos fils. Directement. Il y a trop de corruption chez les intermédiaires."

Je crois que cette perspective soutient le moral de Fédia, qui ne s'attendait pas à notre visite ni à la permission qu'elle lui a valu.

Volnovakha

 


4 juillet 2025

Le père Nikita m'a emmenée à Volnovakha, après m'avoir donné un nochpa et un spasmalgon qui m'ont complètement déphasée. Comme je le craignais, je suis malade, et c'est cela que j'appréhendais le plus, dans notre équipée. Je suis arrivée au musée local dans un état second. Y étaient exposées des reproductions d'icônes du musée Andreï Roubliov de Moscou. Partout où nous allons, le père Nikita montre celle que je lui ai faite, le miracle de l'Archange Michel à Konekh, celle que lui avaient apportée les cosaques, et c'est vrai qu'elle est réussie, comme si ce n'était pas moi qui l'avais peinte. Il me présente comme une élève d'Ouspenski, ce qui est beaucoup dire, mais le peu que je sais, c'est à lui que je le dois.

J'ai été assez inspirée, je ne sais pas comment j'ai fait. On m'a couverte de fleurs et de cadeaux. Même chose à la deuxième séance du jour, qui avait lieu chez lui, à l'école du dimanche, j'avais dormi entretemps, mais je n'arrivais plus à me réveiller. 

Le voyage est au dessus de mes forces, et je le savais en partant. Mais j'éprouve une sorte de paix intérieure, la certitude de faire ce que je devais faire, et d'accomplir un "exploit" qui me fait sortir d'une impasse spirituelle où je m'attardais depuis trop longtemps. Complètement dépassée, je me dépasse. Dieu donne les forces que je n'ai pas. Et je parle, explique, témoigne, chante. On me dit: "Vous nous faites aimer notre culture que nous ne connaissions plus, et qui a touché votre coeur à un si jeune âge". Je leur réponds que je pense obéir à une sorte de vocation particulière. 

En chemin, le père Nikita me montrait les destructions encore visibles, des usines bombardées, des maisons. "C'est là que passait la ligne de front entre les insurgés du Donbass et les Ukrainiens. Cela tombait sans arrêt. Les cadavres restaient dans les rues, les voitures passaient dessus, personne ne pouvait les enterrer. Ici, quand ils ont bombardé l'usine, un de nos paroissiens est mort brûlé vif dans son engin. Les Ukrainiens tiraient dans les jambes de ceux qui essayaient de lui porter secours, et tout cela a duré huit ans, huit ans d'enfer."

Il me dit que de temps en temps, tombe encore un obus longue distance, de ceux que la France procure au sale type de Kiev. J'ai vu ce soir que cela s'était encore produit à Donestk. On a l'impression que les pourris qui tiennent l'occident ne lâcheront jamais l'affaire, ils se foutent de ruiner et de vider les pays qu'ils occupent, que ce soit l'Ukraine ou leurs protectorats de l'UE.

https://rutube.ru/video/989007d7d91a563afe36cb6b789d2f94/?r=wd











mercredi 9 juillet 2025

DON CAMILLO ET LES GILETS ROUGES

 


Jeudi 4 juillet 2025

Le père Nikita est venu me chercher pour m’emmener à Dokoutchaievsk, en passant par Donetsk. De Lougansk à Donetsk, le paysage est moins joli que de Kamensk à Lougantsk, plus défiguré par l’industrie, et par la guerre. Je vois beaucoup d’arbres morts ou malades.

J’étais attendue à la maison des travailleurs de la culture, à Donetsk, où j’ai été présentée à la directrice, Maïa Borissovna, qui est très âgée, et m’a passée au crible de ses questions. J’étais si fatiguée que j’avais peur de m’évanouir. J’avais encore mal dormi, et fait trois heures de voirure en plus. Mais non, cela s’est bien passé. Le père Nikita m’a fait une interview publique, il a lu des passages de Yarilo, les réflexions de mon héros anglais sur la Russie du XVI° siècle. J’ai parlé de mon amour de la Russie, de ma conversion à l’orthodoxie, chanté des chants russes et français et mes propres chansons. Le public réagissait chaleureusement. Maïa Borissovna m’a serrée dans ses bras : « Vous venez de si loin, et vous m’êtes si proche, vous rendez-vous compte que Dieu vous a comblée de ses dons ? Comment vivez-vous cela ?


- Pas toujours très bien, et je ne suis pas à la hauteur ! Je suis à présent très entourée, mais je suis quand même seule...

- Vous êtes avec Dieu, qui vous a donné tout cela, et veille sur vous comme sur une petite flamme. »

Elle m’a décorée d’une cocarde aux couleurs de la Russie.

Le père Nikita est très aimé, c’est le prêtre qui supervise toutes les autres paroisses de sa région, et tout le monde le connaît, les gens arrêtent sa voiture pour lui dire quelque chose au passage. Il ne partage pas l’enthousiasme communiste de Narodni Front. « Ils me font bien rigoler, ces communistes qui sont tous propriétaires ! Et quand aux staliniens, je leur dis : « Si tu vivais du temps de ton idole, il y a longtemps que tu serais fusillé ! » Il n’y a chez eux aucun ascétisme idéologique, mais beaucoup d’orgueil, et souvent d’envie et de méchanceté. Et souvent aussi la nostalgie d’un temps paisible où les gens vivaient normalement. Le Donbass était très privilégié par le régime communiste, c’était l’aristocratie du prolétariat, et cela d’autant plus que si l’on a mis le Donbass dans la composition de l’Ukraine, c’était justement pour diluer la paysannerie dans la classe ouvrière. Maintenant, croire au retour du communisme, c’est de l’illusion totale, cela ne reviendra jamais ! »



Il pense comme moi que la nostalgie communiste a été artificiellement causée par la nostalgie fasciste de ceux d’en face, entretenue pour créer un climat de guerre civile qui avait disparu depuis longtemps. « Les gens regrettent une vie simple et paisible où l’on peut gagner honnêtement sa vie, avec des sentiments sains et normaux ». D’après ce que me dit le père Nikita et mon impression personnelle, les gens du Donbass, ce sont des gilets rouges. Leur communisme est un populisme analogue à celui des gilets jaunes français et de l’électorat vilipendé de la mère le Pen, qui a d’ailleurs trahi tout le monde. L’essence du bolchevisme, le pur et dur d’avant sa russification, qui s’entend si bien avec le nazisme, s’est déplacé en occident et à Kiev qui en est l’abcès de fixation purulent. C’est là qu’on persécute l’Eglise, comme dans les années vingt et trente, avec une brutalité et une vilenie typiques, et aussi les petites gens, méprisées et traitées comme de la chair à canon, de la chair à organes et à bordels, des sous-hommes, avec l’aide de néonazis au front bas, utilisés par un capitalisme mondialiste mafieux et des sionistes suprémacistes et haineux.

Le père Nikita est consterné par le sort du métropolite Onuphre, privé de sa nationalité par un ukase de Zelenski. Il a pour lui, à juste titre, beaucoup d’amour. « Mais que va-t-il advenir de lui ? demandai-je.

- Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il est entre les mains de Dieu et de sa très sainte Mère. Voyez-vous, il ne faut pas négocier avec le diable, il ne faut pas se compromettre avec lui, cela ne mène à rien. Zelenski, c’est le diable, le Malin. Il n’a aucune parole, aucun principe, aucune pitié. C’est le diable, et ceux qui le servent sont des bêtes d’autant plus féroces qu’elles ont le cerveau lavé par l’idéologie. Les tentatives pour apaiser cette bande n’ont pas empêché l’Eglise de se retrouver dans sa situation actuelle. »

Il pense que le communisme a fait beaucoup de mal à la mentalité et à la culture russes et il est fier de construire des églises là où se dressaient des statues de Lénine. «Voyez, ici, j’ai fait cela avec tact. Vous savez pourquoi Lénine et Kroupskaïa n’ont jamais eu d’enfants ? Ils étaient syphilitiques l’un et l’autre, et le monument qui se dressait là, comme au dernier stade de cette affection, avait perdu le nez et une oreille. J’ai dit aux communistes du coin de récupérer avec les honneurs ce grand malade... »

Le père Nikita habite, près de l’église qu’il a construite, le jardin d’enfants local qui lui a été transmis, faute de gosses en quantité suffisante pour justifier son entretien par la municipalité. Il y organise une école du dimanche, avec catéchisme et toutes sortes d’activités. C’est un lieu très vaste, il y abrite deux ou trois réfugiés, et des chats, dont deux rescapés du front donnés par des soldats. Le soir venu, nous nous sommes assis dans la douce fraîcheur du jardin, avec la vielle et les gousli, qu’il voulait remettre en forme, un ami à lui est venu nous rejoindre. L’air était doux, sec, pas de moustiques, une soirée d’été méridionale, simple et paisible, les chats, la matouchka qui arrose les fleurs... Percevant un grondement sourd, j’observe : «On dirait qu’il va y avoir de l’orage... »

Fin sourire du père Nikita et de son ami : « Non, non, ce n’est pas cela...Mais ne vous faites pas de souci, désormais, ce sont les nôtres qui tirent sur les autres, cela ne vient plus dans notre direction. »

Ils m’expliquent qu’ils vivent avec ce fond sonore depuis dix ans. Dokoutchaievsk était cerné par l’armée ukrainienne, et ils ne savaient jamais où ni quand cela allait tomber. Ca tombait, les murs tremblaient, ils vérifiaient si la maison était encore debout, si tout le monde était encore entier, et ils continuaient à mener leur existence ordinaire.








mardi 8 juillet 2025

"GOUMANITARKA" - 1

 


2 et 3 juillet 2025

Le père Nikita, dont j'avais autrefois traduit l'interview: Mettez la musique plus fort, que l'on n'entende pas qu'on nous tue, m'invitait depuis longtemps à venir le voir à Dokoutchaievsk. Et Katia méditait, elle, d'aller rejoindre son Fédia à Lougansk. Son amie et professeur Elena Vladimirovna voulait, quant à elle, retrouver là bas la tombe d'une amie chère qui n'a plus de famille. L'idée nous est venue d'unir nos efforts et de partir ensemble. Nous devions le faire en même temps que les parents de Fédia. Mais ceux-ci ont dû y renoncer, et nous ont laissé le soin de convoyer l'aide humanitaire qu'ils projetaient de remettre au régiment de leur fils. Nous sommes parties, non sans une grande appréhension de ma part, et à la suite d'une nuit sans sommeil, par une pluie diluvienne et glaciale qui a duré sans interruption de Pereslavl à Voronej. Comme Katia nous avait demandé de prendre le minimum d’affaires, la voiture étant chargée d’aide humanitaire, je me gelais tellement en robe d’été que dans la première station d’essence, j’ai acheté le seul plaid disponible, un grand truc en polaire rouge estampillé « Spartak de Moscou ».

Après une nuit dans un petit hôtel à Kamensk Chartinski, nous avons repris la route à travers la steppe, couverte de fleurs violettes qui semblent des pieds d’alouettes, de bouillon blanc aux rondes corolles jaunes. On ne voit plus ni sapins ni bouleaux, mais des accacias, c’est-à-dire des robiniers, comme dans le midi, et des arbrisseaux rabougris. Je suis émue de rencontrer des plantes qui me rappellent la France, des bignones, des yuccas, des abricotiers. Le paysage est beaucoup plus joli que je ne le pensais, il y a de temps en temps des terrils, et des villages, qui restent authentiques, modestes, avec de charmants jardins, tout est paisible, il y a seulement beaucoup de camions militaires. Je n’ai parlé à presque personne de ce voyage, pour ne pas effrayer les gens. Le père Valentin m’avait donné sa bénédiction chaleureuse. Le père Nikita m’avait préparé un programme très chargé de concerts et de rencontres, dans sa juridiction de Dokoutchaievsk, et à Donetsk. Il pense que c’est très important pour les gens d’ici de voir des personnes comme moi venir à leur rencontre pour leur apporter leur soutien et leur témoignage. Je pouvais donc difficilement me dérober, bien que je fusse terrifiée par les difficultés du voyage, et du reste, je dors très mal et je suis plus ou moins malade, épuisée dès le départ.

Curieusement, voilà que sur la route, j’ai un appel intitulé Mano, c’est ma cousine Claire qui a réussi à mettre sa mère sur Whattsapp et essaie de me joindre, pour que nous pussions désormais nous appeler. A cause des drones, internet est brouillé à mort, mais l’appel est quand même passé, voici la famille qui fait irruption dans mon expédition, d'une manière qui me paraît assez surréaliste : « Je suis en voyage avec des copines ! » dis-je, rassurante et faux-cul.

En chemin, nous tombons sur d’énormes éoliennes, qui gâchent, comme partout, le paysage que nous traversons. « Ce sont vraiment des objets aussi laids qu’inquiétants, observe Katia.

- Oui, encore des machins démoniaques, une arnaque absolue. »

Après les éolilennes, premier contrôle, un simple contrôle de police. Le jeune flic prend les papiers de Katia, et lui déclare : «Ah... Ekaterina Gourkina. Eh bien vous venez d’où, comme ça, Ekaterina Vladimirovna ? De Moscou ? Et vous allez où ? Et pourquoi faire ? »

Il jette un coup d’oeil dans la voiture : « Aide humanitaire ?

- Oui. Nous portons ça à Lougansk...

- Passez, et bon voyage. »



Ensuite, nous arrivons au point de contrôle frontalier, vérification des passeports, du chargement, et on continue le voyage. Juste après, en grosses lettres tricolores, nous voyons affiché : « Merci la Russie ! » Tous les arrêts de bus sont peints en tricolore, tous les monuments de la seconde guerre mondiale couverts de fleurs et de drapeaux. Des drapeaux russes, des drapeaux rouges, des drapeaux chrétiens, cosaques, la sainte Face sur fond écarlate, tout ce qu’on veut.

A l’hôtel, nous sommes prises en charge par deux jeunes gens du « Front populaire » qui se proposent de nous faire la visite guidée, sur recommandation d’un journaliste que connaît Katia. Arrive son Fédia, avec un très jeune commandant, une camionnette et son chauffeur, Génia, qui, après avoir chargé l'aide humanitaire, nous regarde avec une tendresse nostlagique : « C’est tellement bien que vous soyiez venues, pour lui: c’est son anniversaire! Et même pour nous... C’est celui de ma femme, demain, à Voronej, j’aurais tellement voulu y être ! »

Nous étions aux yeux de Génia trois hirondelles venues des régions paisibles... Là où sont les mères, les soeurs, les amies, les fiancées, les épouses.

Nos deux guides du Narodni Front sont très mobilisés, très convaincus, la parole brève, le regard sévère. Ils nous emmènent voir un lieu appelé : « les plaies inguérissables du Donbass », en nous expliquant que sans les Russes, ils ne savent pas ce qu’ils seraient devenus. Nous arrivons à un cimetière en rase campagne, avec un très beau monument aux morts, et des tombes alignées, qui se prolonge par un cimetière sauvage, celui où l’on avait enterré comme on avait pu les victimes du premier bombardement de Lougansk, d’après le guide Marina, totalement inattendu, un mois jour pour jour après l’affreuse histoire de la maison des syndicats à Odessa, où des partisans du maïdan avaient brûlé vifs et massacrés des opposants au régime réfugiés dans la Maison des Syndicats. Kiev avait attaqué l’administration de Lougansk, créant de nombreuses victimes civiles : « Nous avons basculé du jour au lendemain dans une guerre absurde, incompréhensible. J’avais dit à mon mari : « ils ne vont quand même pas nous bombarder ? » - « Mais non, idiote, nous sommes au XXI°siècle ! » Le lendemain, ça commençait à tomber. Et plus d’eau, plus d’éléctricité, plus de gaz ! Les Ukrainiens, aujourd’hui, poussent les hauts cris quand cela leur arrive, et on les comprend, on ne souhaite pas cela à son pire ennemi. Mais eux, alors, ils applaudissaient. Les Russes ne bombardent pas systématiquement les civils en les privant de tout. Les Ukrs, si. »


Nos deux guides en ont gros sur le coeur. Ils disent « les Ukrops, les Toupets, les Ukrainiens ». Mais aussi : « les Russes », ou « ceux de la Grande Terre ». Et répètent : « Les Russes nous ont tout reconstruit, si nous sommes encore là, c’est grâce aux Russes ».

Je dis à la sévère Maria : « Je ne pensais pas voir un si beau pays, je pensais que c’était très industriel, mais ces industries coexistent avec un beau paysage naturel encore assez intact, et de jolis villages modestes. 

- C’est vrai, me répond-elle, fière et ravie. Et même quand on était bombardé, sans eau, ni gaz, ni électricité, on essayait de tout entretenir. Les gens arrosaient même les plates-bandes publiques, je ne sais même pas d’où ils sortaient l’eau » !

Le mémorial récupère peu à peu les corps enterrés dans la hâte, et les ajoute aux rangées de tombes, avec une plaque, lorsqu’ils sont identifiés, ce qui n’est pas toujours possible.



Nos patriotes nous ont ensuite emmenés voir le monument « le tombeau escarpé », sur une éminence. Un bel endroit, avec de grands arbres et des statues de style soviétique inspirées qui rendent hommage aux héros des quatre guerres de Lougansk, la guerre civile, la guerre patriotique, la guerre du Donbass et l’Opération Spéciale... Nous sommes escortés par de gros nuages sombres qui jettent sur nous une pluie intermittente et de brusques lueurs. Katia et Fédia sont cramponnés l’un à l’autre : l’aide humanitaire apportée par nos soins vaut à ce dernier une perm de cinq jours.

Lougansk est une ville agréable, très aérée, avec beaucoup d’espaces verts, elle conserve une certaine cohérence. Elle doonne l'impression, en dehors du folklore soviétique, d'être une sorte de capsule temporelle, rien de gigantesque, rien de tape-à-l'oeil, pas de publicités aguichantes. On voit des ruines de place en place, et comme il y en a plein à Pereslavl qui ne sont pas dûes à la guerre, mais à l’incurie, je ne réagis pas tout de suite, d’autant plus que tout est très calme. Mais ce sont bien les bombardements qui ont causé ces dégâts. Près de l’Administration, un monument aux correspondants de guerre abattus par l’ennemi, et un autre dédié aux victimes de la première attaque contre la ville. Ce dernier montre à la fois des étoiles soviétiques et une croix orthodoxe. "Les Russes reconstruisent tout, nous dit Maria.

- Vous viviez plus mal, sous l'Ukraine, avant tout cela? demande Katia.

- Nous ne vivions pas mal. Mais avec les Russes, c'est mieux."


 


lundi 30 juin 2025

Automne précoce

dauphinelles avant la cata

L’automne est précoce, cette année, dix degrés, vent fort et pluie, tous mes beaux delphiniums couchés, et je n’en profite absolument pas. Alors que je montrais au jeune homme qui vit chez moi, Arthur, la berce du caucase à éliminer sous ma palissade, j’ai vu le malheureux chat noir et blanc qui rôde autour de chez moi tituber à travers les flaques, sous les rafales glaciales, et miauler à ma rencontre, puis venir se frotter contre ma main. Mais les autres lui tombent dessus dès qu’il met une patte dans le périmètre de la maison, et à vrai dire, je n’ai vraiment pas besoin de lui. Ce serait une chatte, à la grande rigueur, les quatre crétins ne réagissent pas aux chattes, Mais un mâle... Cependant, il me fend le coeur, et j'essaie de ne pas maudire ceux qui l’ont balancé par ici, nous laissant ce cadeau empoisonné.


Vassia du Donbass m’a fait une curieuse prestation. Je répétais des chansons sur la vielle, et la voilà qui vient se frotter frénétiquement contre moi, de sorte que je pouvais difficilement continuer à jouer, elle me mordillait, me donnait des coups de patte. Et elle a fini par se coucher derrière moi, sur le fauteuil. Avait-elle l’impression que je souffrais, en m’entendant émettre tous ces sons nostalgiques ?

Une amie suisse m’a envoyé un message émouvant, plein d’une grande amitié pour moi. Moi qui ai passé toute ma vie dans une assez grande solitude morale et intellectuelle, je suis très entourée dans ma vieillesse. Au jubilé de l'Antipresse, elle a offert mes pastels à Slobodan et Jean-Paul Bovy qui étaient très touchés. Malgré l’ambiance chaleureuse, elle sent un malaise jusque chez les gens de l’Antipresse, une sorte de climat oppressant général qui agit sur tout le monde. « C’est formidable, ce que tu as fait, de partir comme cela, je t’assure, et quand je te revois, là-bas, eh bien tu es libre, libre comme personne ne l’est plus chez nous, et de t’avoir vue me donne le désir et la décision, de partir, de faire tous les papiers nécessaires, et de vivre libre ».

J’ai lu le numéro 500 de l’Antipresse, avec ces lettres de lecteurs touchantes et profondes, la présentation de toute l’équipe, et les articles de chacun de ses membres. C’est très émouvant. Je regrette de n’avoir, quand à moi, pas dit grand chose, mon témoignage sur l’Antipresse était beaucoup plus bref, et sans doute moins vibrant. Mais c’est qu’en réalité, si je lis avec intérêt les articles de la revue, ils me sont moins vitaux qu’à ses lecteurs d’occident, précisément parce qu’ici, je suis libre. En fait, je réalise que la Russie me met à l’abri, pour l’instant, de ce que ressentent les lecteurs de ce site, et même les auteurs des articles. Car je ne me sens pas oppressée, obligée de me taire, en butte à l’incompréhension générale. J’en ai un aperçu quand je vais sur Facebook, les bêtises que les gens croient et répètent sur la Russie et l’Ukraine, par exemple. Je comprends évidemment que les personnes qui ont encore du bon sens se sentent seuls, et que l’Antipresse leur procure un espace de refléxion saine et mesurée dans l’asile de fous qu’est devenue l’Europe, qu’elle leur tienne chaud, leur procure un éclairage dans les ténèbres et le chaos, c’est là son plus grand mérite. C'est ce que j'apprécie moi-même, même si je suis moins impactée, dans une ambiance de plus en plus hystérique et fantasmagorique où beaucoup perdent la tête, où les émotions prennent complètement le dessus, et c'est une chose qui me menace aussi; des analyses sereines permettent de prendre un recul salutaire. L'Antipresse apporte des analyses éclairantes, une bouffée d’oxygène bien nécessaire au pays du Monde, de l’Express, du Point, de Libé et de BFM TV. Et si ce n’étaient que les médias de grand chemin ! Mais il y a leurs lecteurs, et tous les zombifiés de la télé officielle, tous ceux qui par leur consentement hagard et zélé font que l’on ne peut plus ouvrir la bouche sans se faire insulter, ou même dénoncer. C'est, dans la barbarie, un facteur d'union, de réunion, un signe de reconnaissance, et j'ai déjà rencontré plusieurs personnes par le biais de l'Antipresse qui finit par former une famille d'esprits.

 BHL a proclamé que l’Europe appartenait aux juifs, dans la foulée de la mère Ursula la Hyène déclarant que l’UE avait les valeurs du Talmud. L’Europe, dit BHL, ce sont les juifs qui l’ont faite, elle est génétiquement juive, ce sont les juifs qui ont fait sa culture et ses lois. Enfin l'Europe... ce qu'on appelle l'occident, "l'occident collectif", qui est pour moi une sorte de post-Europe créolisée, où les derniers autochtones s'abîment pour encore une trop grande partie d'entre eux, dans un crétinisme satisfait et comminatoire, tandis que les derniers des Mohicans se taisent ou se planquent en Dordogne ou en Auvergne. Oui, cette europe-là, l'Europe woke grotesque et stupide que je voyais déjà émerger dans les années soixante-dix, c'est lui et ses semblables qui l'ont faite en vidant l'Europe historique de sa substance et de sa mémoire, en l'humiliant constemment et en déconstruisant et profanant sa culture. Son Europe n’est vraiment pas la mienne, ni celle de tout ce que j’aimais dans mon pays, la paysannerie, la chrétienté, tout ce que BHL déteste ouvertement, ainsi que toutes les idéologies qui ont procédé de cette contamination talmudique, depuis le marxisme jusqu’au néolibéralisme en passant par le nazisme, toute cette justification de l’orgueil, du mépris, de la spoliation, de la manipulation, de la vengeance et de la cruauté. L’ancien Testament, à l’exception de quelques livres, est une horreur s’il n’est pas sanctifié et accompli par la venue du Christ.

C'est là à mon avis l'essence de l’empire anglo-sioniste, et de la maladie mortelle occidentale : la collusion des juifs, ou pour ne pas faire d'amalgames injustes, des descendants, comme dirait Dany, des pharisiens et des saducéens; et des protestants, des gens qui mettent l’ancien Testament au premier plan, et qui ont dévoré et asservi l’Eglise catholique avant de s’attaquer, maintenant, à l’orthodoxie. C'est de l’ancien Testament qu'ils tirent la notion de peuple élu qui peut tout se permettre envers le reste de l’humanité, considéré comme inférieur, et la tendance subséquente au génocide, consubstantielle à cette mentalité. Ainsi que l'avait écrit une spécialiste des Indiens que j'avais lue en Amérique, les Espagnols catholiques n'ont pas exterminé les indigènes, même s'ils les ont éventuellement opprimés ou convertis de force, ils reste encore beaucoup d'indiens en Amérique du sud, alors qu'ils ont été pratiquement éliminés en Amérique du nord. Le génocide est vétérotestamentaire. Génocide des boeurs, des indiens, des Irlandais, des Palestiniens, des paysans et chrétiens russes, des Ukrainiens aujourd'hui, génocide sournois des Européens,submergés par des envahisseurs inassimilables, certains disent même que celui des Arméniens procède de la même filiation. Et celui des juifs par les Allemands ? Et celui des juifs par les Allemands. D'où vient cette notion de race des seigneurs, sinon de la notion vétérotestamentaire de peuple élu?



▶️Racialisme autorisé (https://t.me/kompromatmedia_2/1205)–«La France est à *nous»: quand BHL explique tranquillement pourquoi les juifs sont la race des seigneurs 
«La France, vous l'avez construite», s’enflammait le copain de Zelensky. Vous l'avez bâtie, vous avez bâti sa culture, ses institutions, une partie de sa tradition politique. Mais ce n’est pas tout: Bernard voit des juifs partout –il en a le droit, lui: Au cœur vraiment de l'ADN de l'Europe, il y a l'élément juif. Et BHL de faire la promotion d’un de ses bouquins, Le génie du judaïsme, «un éloge de la force juive, la force militaire, la force politique, la force d'Israël». L’ex-trotskiste, tourné néoconservateur, y désambigue «ce qu’est être juif», et pas du tout selon une définition laïque:«Etre juif, c’est lire le Talmud, pas la Torah, mais le Talmud qui est le texte le plus intelligent qui soit, voilà.»

➡️➡️Emprise du Crif sur la République: «Quand est-ce que le peuple français se réveillera?» (https://t.me/kompromatmedia_2/582)—Piotr Tolstoï

Le sheik Imran Hosein a bien raison de distinguer le judéo-protestantisme occidental du christianisme oriental byzantin. On voit bien que la protesantisation de l’Eglise romaine après Vatican II en a fait définitivement l’esclave de ce serpent à trois têtes qui nous a tous perdus. Ce n'est sans doute pas un hasard si elle a eu lieu, et je comprends que le père Placide ait alors décidé de s'en aller au mont Athos.

C'est ce que fait à présent Mel Gibson, encore un qui a compris, et je l'en félicite. 

J’ai fini le recueil de Lord Tanjah, aux éditions du Chien qui passe.

Je me souviens de lord Tanjah, que j'avais rencontré à Cavillargues, et de notre visite de Lussan, il m’avait paru fort sombre, et sa poésie l’est aussi, elle est même souvent ténébreuse, avec des visions de cauchemar, et des éclairs de pureté, quelque chose d’hallucinant, entre le terrible et le grotesque, qui, dans un registre poétique, me ferait penser à Louis Ferdinant Céline. Quelque chose dans la lignée de Rimbaud et Artaud. Une sorte de puissance intérieure, qui, faute d’exutoire transcendant, se dévore et se martyrise elle-même. C’est l’albatros, celui de Baudelaire, qui se bouffe les tripes, à la façon du pélican ! Mais toute poésie, même ténébreuse, est une tentative de transcendance. La sienne transcende dans la beauté du verbe et des images, fortes et inhabituelles, venues d'on ne sait quels tréfonds, tout ce que notre époque peut avoir de sordide et d’affreux. Et le plus épouvantable, c’est que ce temps nous prive de la dimension poétique et épique qui était la nôtre, et que ses poèmes, les miens, et tous ceux qui peuvent éventuellement sortir aujourd’hui passent pratiquement inaperçus dans la bigarrure criarde qui nous aveugle et le tintamarre qui nous assourdit de tous les côtés.


Déjà, dans mon enfance, je sentais que la poésie, si on nous l'enseignait encore à l'école, et si la pratiquaient encore quelques figures, comme Brassens, était en train, comme la beauté, de quitter le monde. J'en avais besoin comme d'eau vive, et beaucoup de gens ricanaient d'elle et traquaient chez les enfants les élans lyriques, peu compatibles avec la société moderne, desespérement plate et banale. On sent chez Lord Tanjah cette détestation ulcérée de la banalité mortifère, contre laquelle on ne peut pas se battre, parce qu'elle est molle, c'est une boue insondable où l'on s'enlise. J'ai vu sur facebook une violoniste dialoguer avec un oiseau. Le nombre de sarcasmes suscités est phénoménal. Les gens détestent l'idée que notre musique et le monde puissent résonner en harmonie, ils détestent la notion même d'harmonie et bien sûr, la nature qui va avec.Que les oiseaux puisssent répondre à notre chant, leur paraît totalement ridicule. Ils nécoutent pas les oiseaux, et ils ne chantent pas..Or j'ai maintes fois remarqué que les oiseaux, et même toute la nature réagissaient à la musique, quand elle est vraie, quand elle n'est pas assénée boum, boum, par une radio hurlante.Et des centaines de mutilés de l'âme qui se complaisent dans le vacarme ricanent à l'idée que tout puisse être réunifié et sanctifié par la poésie, la musique et aussi la prière qui sont l'expression de l'amour de la vie et du vivant, et les seules façons de communiquer avec Dieu. C'est un fait nouveau dans l'histoire de l'humanité qui jusque là; en dépit de toutes ses tragédies, trouvait dans la musique et la poésie le sens et la transcendance qui lui permettaient de les surmonter. Comment l'abruti moderne pourrait-il encore extirper de son absence de coeur assez de clairvoyance et d'innocence pour comprendre ce qu'on fait de lui?

Regarde cet enfant bleu allongé sous l'ombre d'un couteau!

Est-il déjà mort, ou bien son sommeil a-t-il tout 

entier glissé 

En un songe infini et glacial? 

Parole, bel oiseau déchiré sous la lune en sang, 

Tes reflets sur le sable noir sont les amorces de la 

délivrance

Tes yeux troués

Tes yeux troués par les métaphores du langage, cher 

Lord

Et dans ces trous d'autres sources de pures visions

Où courent des enfants et des drames, des dames et 

des faons

Un puits sans fon non loin d'ici où de belles jeunes filles

Viennent jeter des épluchures.