Le service d'immigration de Yaroslavl a refusé mon dossier parce qu'il ne comprend rien à mon avis d'imposition dont j'ai donné une traduction assermentée, et réclame une apostille de l'ambassade. Il ne lui paraît pas assez évident, au vu de mes revenus de l'année qui, sans être mirifiques sont certainement plus importants que ceux des tadjiks ou ukrainiens qui viennent solliciter le permis, que j'ai de quoi vivre. Oui, mais ils ont l'habitude de leurs formulaires, hérités de l'URSS, et les miens les déroutent. Donc, on me demande de fournir... le papier que j'avais apporté à la juriste en janvier, celui de la banque, attestant que j'avais placé mes économies, et dont elle m'avait dit que depuis le 1° janvier, on ne l'acceptait plus. Eh bien si, on l'accepte encore, parce que oui, cela a été décrété mais tout le monde n'est pas d'accord sur ce point. La conséquence la plus emmerdante, c'est que je dois refaire tous les examens médicaux ce qui va me gâcher une journée dans les grandes largeurs et me coûter dans les cent euros. La conséquence surprenante est que la dame du service, ici, à Pereslavl, est devenue tout ce qu'il y a de plus aimable et compréhensive et semble décidée à me guider dans cette épreuve dont j'ai vraiment ras le bol, je dois dire. Elle m'a dit de laisser tomber l'avis d'imposition et son apostille et de donner le papier de la banque, mais attention, exiger le bon formulaire, car il y en a deux.
Après cela, j'ai voulu aller chercher un livre sur le folklore que l'on m'a expédié d'Ekaterinbourg. J'étais passée à la poste deux fois la veille et avait reculé en voyant la longueur de la queue devant l'unique guichet ouvert. Et là, trois ou quatre personnes, je tente le coup. J'attends une heure trois quarts derrière une seule et même souris, me demandant ce qu'elle pouvait bien fabriquer, tandis que les gens s'accumulaient derrière nous et commençaient à râler. La souris s'éloignait parfois pour téléphoner, avec un air passablement insolent. Devant moi, une femme venait spécialement de la campagne pour la deuxième fois récupérer un envoi recommandé. En plus de la souris, leurs ordinateurs sont détraqués et on ne sait pas quand ils seront réparés. Ils sont plusieurs là dedans à errer, mais pour une raison inexplicable, personne ne peut ouvrir un deuxième guichet pour expédier les affaires les plus courantes. Les gens s'énervant de plus en plus, j'apprends que la souris en a encore pour au moins une heure: l'énorme paquet de lettres sur le comptoir, à sa gauche, elle est venue les envoyer, pour une organisation; à vue de nez, une heure, c'est l'estimation basse. Je repars sans mon livre, laissant la queue au bord de l'émeute.
En rentrant chez moi, je me suis tapé un verre d'hydromel. En fait, je commence parfois à comprendre pourquoi les Russes ont tendance à picoler...
En fin d'après-midi, je suis allée à la maison des pionniers de Rostov, avec la jeune Katia, pour commencer nos séances de chant folklorique avec Liéna. Nous avons fait connaissance avec trois filles du père Joseph Gleason, venu du Texas s'installer à Rostov. Elles chantent aussi bien que des paysannes du fin fond de l'Oural ou du Nord, et semblent d'une étonnante pureté. Les chants sont très beaux, et Liéna connaît bien son affaire. Après le départ de la jeune classe, nous avons commencé à en apprendre un. Pour vraiment aimer ces chants, il faut les chanter, il faut les écouter en les chantant, car ils produisent une sorte de cercle magique, avec une résonance qui se place à l'intérieur de l'assemblée des chanteurs. Ils ouvrent une porte dans l'âme de chacun des participants, les unissent entre eux, sur le plan horizontal du présent, et avec la nuit des temps, sur le plan vertical d'un passé qui nous met en contact avec l'origine de tout. Je trouve cela particulièrement sensible dans le chant choral russe populaire et une séance de ce genre fait oublier toute la laideur et toute l'absurdité qui nous entourent en permanence, jusque dans la salle où nous nous trouvions, avec ses "travaux manuels" de maison de la culture, poupées et peluches mièvres, tableaux nunuchons au point tapisserie. Le chant ouvrait un espace pur et sacré, très ancien, intact.
Au retour, j'ai vu l'amie et colocataire de Katia, Nadia, occupée à fabriquer des cierges dans son atelier. Quelle belle occupation... Dans cette petite cabane aux murs de bois, des icônes, et une entêtante et merveilleuse odeur de miel. Il doit être facile de prier en un tel endroit. En souvenir, elle m'a donné un bouquet de cierges dont la combustion parfume mon coin à icônes.
Sous un reportage qui décrit l'expérience du père Gleason, un déchaînement de commentaires russes d'une rare méchanceté et d'une rare bêtise qui m'ont rappelé: ceux de France Culture qui m'avaient un jour "lynchée" comme de basses tricoteuses; ceux de tous les bobos enragés après les gilets jaunes et criant "bien fait" devant les gens éborgnés et mutilés par les sbires des banquiers; et enfin ceux des "patriotes" ukrainiens colonisés par la CIA et le Mossad qui délirent de haine contre les Russes, les habitants du Donbass traités comme des peaux-rouges, ou les 80% d'orthodoxes ukrainiens qui restent fidèles à leur Eglise immémoriale, et à son pasteur, le métropolite Onuphre. Je préfère les appeler d'ailleurs Petits-Russiens qu'ukrainiens car eux, en effet, on le leur fait assez sentir, n'appartiennent pas à ce pays synthétique pourvu par Bartholomée d'une religion politique synthétique à tendance uniate déclarée: bien qu'on veuille faire d'eux des étrangers sur leur propre terre, ils en sont les fils depuis la nuit des temps, les fils fidèles et irrigués par le même Esprit depuis saint Vladimir et le baptême de la Russie dans le Dniepr. Les autres sont juste des idiots contemporains hagards, en tous points semblables aux bobos français qui haïssent leur propre peuple. Et aux commentateurs "russes" qui injurient le père Gleason d'avoir cherché refuge dans leur patrie qu'ils détestent. Il se forme dans le monde entier une plèbe indifférenciée, stupide et extrêmement méchante, parce qu'au fond consciente de sa trahison et de sa médiocrité, de sa déchéance culturelle et spirituelle totale, sur laquelle s'appuie une caste supranationale retorse et sans aucun scrupule, décidée à anéantir tout ce qui pouvait donner au peuple une cohésion, une originalité et une grandeur. Dans un pays sans passé comme l'Amérique, à la pointe de cette entreprise de perversion universelle de plus en plus dictatoriale, un Américain converti à l'orthodoxie peut décider d'aller vivre là où on peut encore faire son signe de croix en public sans avoir des problèmes. Et y trouver aussi peut-être un véritable enracinement dont on a manqué dans les pays d'occident, de plus en plus déracinés. Je suis par exemple certaine que ce chant russe archaïque concerne les petites Américaines comme il me concerne, à un niveau profond où nous avions tous le même, ce qu'on ressent dans certains chants de laboureur français ou certains chants scandinaves. Des chants qui montent, comme ceux des oiseaux ou les chœurs de loup du fin fond de la vie, de sa source et qui nous réunissent et nous recomposent.
Il faut dire que ces commentaires émanent des partisans de l'oligarque en exil Khodorokovski, un véritable vivier de crétins malfaisants.
Après cela, j'ai voulu aller chercher un livre sur le folklore que l'on m'a expédié d'Ekaterinbourg. J'étais passée à la poste deux fois la veille et avait reculé en voyant la longueur de la queue devant l'unique guichet ouvert. Et là, trois ou quatre personnes, je tente le coup. J'attends une heure trois quarts derrière une seule et même souris, me demandant ce qu'elle pouvait bien fabriquer, tandis que les gens s'accumulaient derrière nous et commençaient à râler. La souris s'éloignait parfois pour téléphoner, avec un air passablement insolent. Devant moi, une femme venait spécialement de la campagne pour la deuxième fois récupérer un envoi recommandé. En plus de la souris, leurs ordinateurs sont détraqués et on ne sait pas quand ils seront réparés. Ils sont plusieurs là dedans à errer, mais pour une raison inexplicable, personne ne peut ouvrir un deuxième guichet pour expédier les affaires les plus courantes. Les gens s'énervant de plus en plus, j'apprends que la souris en a encore pour au moins une heure: l'énorme paquet de lettres sur le comptoir, à sa gauche, elle est venue les envoyer, pour une organisation; à vue de nez, une heure, c'est l'estimation basse. Je repars sans mon livre, laissant la queue au bord de l'émeute.
En rentrant chez moi, je me suis tapé un verre d'hydromel. En fait, je commence parfois à comprendre pourquoi les Russes ont tendance à picoler...
En fin d'après-midi, je suis allée à la maison des pionniers de Rostov, avec la jeune Katia, pour commencer nos séances de chant folklorique avec Liéna. Nous avons fait connaissance avec trois filles du père Joseph Gleason, venu du Texas s'installer à Rostov. Elles chantent aussi bien que des paysannes du fin fond de l'Oural ou du Nord, et semblent d'une étonnante pureté. Les chants sont très beaux, et Liéna connaît bien son affaire. Après le départ de la jeune classe, nous avons commencé à en apprendre un. Pour vraiment aimer ces chants, il faut les chanter, il faut les écouter en les chantant, car ils produisent une sorte de cercle magique, avec une résonance qui se place à l'intérieur de l'assemblée des chanteurs. Ils ouvrent une porte dans l'âme de chacun des participants, les unissent entre eux, sur le plan horizontal du présent, et avec la nuit des temps, sur le plan vertical d'un passé qui nous met en contact avec l'origine de tout. Je trouve cela particulièrement sensible dans le chant choral russe populaire et une séance de ce genre fait oublier toute la laideur et toute l'absurdité qui nous entourent en permanence, jusque dans la salle où nous nous trouvions, avec ses "travaux manuels" de maison de la culture, poupées et peluches mièvres, tableaux nunuchons au point tapisserie. Le chant ouvrait un espace pur et sacré, très ancien, intact.
Au retour, j'ai vu l'amie et colocataire de Katia, Nadia, occupée à fabriquer des cierges dans son atelier. Quelle belle occupation... Dans cette petite cabane aux murs de bois, des icônes, et une entêtante et merveilleuse odeur de miel. Il doit être facile de prier en un tel endroit. En souvenir, elle m'a donné un bouquet de cierges dont la combustion parfume mon coin à icônes.
Sous un reportage qui décrit l'expérience du père Gleason, un déchaînement de commentaires russes d'une rare méchanceté et d'une rare bêtise qui m'ont rappelé: ceux de France Culture qui m'avaient un jour "lynchée" comme de basses tricoteuses; ceux de tous les bobos enragés après les gilets jaunes et criant "bien fait" devant les gens éborgnés et mutilés par les sbires des banquiers; et enfin ceux des "patriotes" ukrainiens colonisés par la CIA et le Mossad qui délirent de haine contre les Russes, les habitants du Donbass traités comme des peaux-rouges, ou les 80% d'orthodoxes ukrainiens qui restent fidèles à leur Eglise immémoriale, et à son pasteur, le métropolite Onuphre. Je préfère les appeler d'ailleurs Petits-Russiens qu'ukrainiens car eux, en effet, on le leur fait assez sentir, n'appartiennent pas à ce pays synthétique pourvu par Bartholomée d'une religion politique synthétique à tendance uniate déclarée: bien qu'on veuille faire d'eux des étrangers sur leur propre terre, ils en sont les fils depuis la nuit des temps, les fils fidèles et irrigués par le même Esprit depuis saint Vladimir et le baptême de la Russie dans le Dniepr. Les autres sont juste des idiots contemporains hagards, en tous points semblables aux bobos français qui haïssent leur propre peuple. Et aux commentateurs "russes" qui injurient le père Gleason d'avoir cherché refuge dans leur patrie qu'ils détestent. Il se forme dans le monde entier une plèbe indifférenciée, stupide et extrêmement méchante, parce qu'au fond consciente de sa trahison et de sa médiocrité, de sa déchéance culturelle et spirituelle totale, sur laquelle s'appuie une caste supranationale retorse et sans aucun scrupule, décidée à anéantir tout ce qui pouvait donner au peuple une cohésion, une originalité et une grandeur. Dans un pays sans passé comme l'Amérique, à la pointe de cette entreprise de perversion universelle de plus en plus dictatoriale, un Américain converti à l'orthodoxie peut décider d'aller vivre là où on peut encore faire son signe de croix en public sans avoir des problèmes. Et y trouver aussi peut-être un véritable enracinement dont on a manqué dans les pays d'occident, de plus en plus déracinés. Je suis par exemple certaine que ce chant russe archaïque concerne les petites Américaines comme il me concerne, à un niveau profond où nous avions tous le même, ce qu'on ressent dans certains chants de laboureur français ou certains chants scandinaves. Des chants qui montent, comme ceux des oiseaux ou les chœurs de loup du fin fond de la vie, de sa source et qui nous réunissent et nous recomposent.
Il faut dire que ces commentaires émanent des partisans de l'oligarque en exil Khodorokovski, un véritable vivier de crétins malfaisants.
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