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vendredi 8 février 2019

A la source

Ma soeur et moi, nous faisons un tourisme modéré par les péripéties de nos grippes respectives et celles de mes démarches. Après la traduction assermentée de mes papiers de retraite, payer à la Sberbank la taxe pharamineuse que les Russes prélèvent désormais sur l'importation d'un déménagement: quatre euros le kilo. Oubliez les meubles des ancêtres... Payer ce racket inique est en soi peu agréable, mais si seulement ce n'était pas assorti, par un raffinement de sadisme, de toute une paperasserie! J'avais reçu un dossier que je n'étais pas équipée pour ouvrir, un formulaire nécessaire au paiement. Je n'y comprenais rien, comme à la plupart des formulaires russes. Je l'ai fait imprimer en ville, car bien entendu mon imprimante ne voulait rien savoir. Munie du papier, je vais à la Sberbank, où je demande à ce qu'on me fasse ce paiement en bonne et due forme. On m'a tout fait, et attaché deux factures au papier fourni. Là dessus, le déménageur me réclame ce dernier papier, et pas les factures. Je pressens qu'il fallait remplir des rubriques, ce que la banque n'a pas fait, jugeant les deux factures suffisantes. Aux dernières nouvelles, il va essayer de se débrouiller avec ça. 
A partir du moment où le moindre événement de notre vie réclame de notre part des heures de lutte avec des formulaires et d'attente dans des banques et des administrations, j'estime être moins libre que le paysan du moyen âge à qui on demandait des dons en nature et qui vivait à son rythme de la nature qui l'environnait.
Nous avons fait un tour au café français, et vu le pâtissier Didier, et son patron, le gentil Maxime. Puis j'ai emmené Martine à la source de sainte Barbara, pour prendre de l'eau. C'est de l'autre côté du lac, dans un endroit forestier magique, au bout d'une route lisse et brillante, d'un blanc de porcelaine. Le but de l'opération était de voir au retour surgir les coupoles du monastère saint Nicétas par dessus les champs de neige. Nous les avons vues, mais il reste plein de barrières métalliques, bien que le hideux projet immobilier soit en principe arrêté. Les maisons déjà construites légalement ou non gâchent déjà suffisamment le paysage. La "pierre bleue" païenne, cette moraine granitique échouée sur un océan de terre, n'est pas visible et ne vaut plus le coup d'être vue. Il y a encore 20 ans, sans doute, mais où est l'atmosphère envoûtante escomptée, quand le malheureux objet est enfermé dans un ensemble de baraquements en bois pour touristes et sous un toit arrondi de plastique jaune? Que se passe-t-il dans la tête en forme de page Excell des gens qui ont organisé cela? Qu'ont-ils encore de commun avec ceux qui venaient adorer cette pierre, et qu'est-ce que les hordes de veaux venus payer pour cela peuvent encore bien y trouver?
Nous sommes entrées au monastère, rendu au moins à sa pieuse destination première et plus ou moins restauré, au moins ici, chez les moines de l'higoumène Dmitri, ce n'est pas l'argent qui commande. 
Martine ne trouve rien de commun entre l'architecture des églises russes et celle des églises françaises, et en effet, c'est bien différent. C'est un autre monde.
 Le côté hétéroclite, approximatif, mal bâti et grossier des constructions modernes lui saute aux yeux en permanence. En effet, cela saute aux yeux, nous ne vous félicitons pas, édiles de Pereslavl Zalesski. Vous avez, en 20 ans, ravagé ou laissé ravager dans votre ville tout ce que le communisme avait encore épargné. Et ce ne sont pas les installations sportives ni les divers petits musées ridicules destinés à vendre des "souvenirs" aux touristes descendus des cars qui rattraperont ce désastre aux yeux des Européens que vous prétendez imiter.






3 commentaires:

  1. Bonjour,
    en somme c'est la même chose partout! C'est à croire que les responsables de cette laideur moderniste traquent le moindre petit espace préservé pour le pourrir de leur mauvais goût et il en va de même pour imposer leurs tracasseries paperassières et administratives histoire de nous vider le peu qui reste intact de nos cervelles constamment violées, maltraitées et soigneusement purgées ! Le malin trouve bien son compte chez de serviles fonctionnaires... Bon rétablissement, cordialement,
    F.B. (Cévennes)

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    1. Oui, c'est la tendance internationale, mais paradoxalement, les choses sont ici moins avancées et moins irrémédiables, il y a une grande résistance passive des aspects restés traditionnels de la société russe, d'autant plus que l'Eglise est elle-même un facteur de résistance traditionnelle, raison pour laquelle le Nouvel Ordre Mondial s'attaque à l'Orthodoxie, grâce au sous-marin Bartholomée. Si vous devenez orthodoxe, évitez le patriarcat de Constantinople.

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  2. S'ils attaquent, c'est qu'ils n'ignorent pas combien cette résistance est terrible pour eux et c'est à cause de cette peur qu'ils ont de la Foi en Christ qu'ils accélèrent tous leurs processus de destruction massive des derniers remparts ! Ils sont pathétiques car c'est déjà perdu pour eux ! Cela devrait nous fortifier et galvaniser notre Espérance !!! Vous avez raison en ce qui concerne Constantinople...

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