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samedi 30 janvier 2021

Albert

 

Les cosaques Olga et Romane sont venus voir mon terrain, dans le but d'y construire une palissade, à la place du grillage que le voisin Oleg m’avait posé, pour créer un début d’écran visuel. Ce sont eux aussi qui se chargeront des arbres, ils ont un ami paysagiste. Romane me déplacera aussi sans problème le perron et l’escalier, je prendrai mon petit-déjeuner loin de la maison moche et de ses occupants, parmi les fleurs du poirier et du prunier, puis les feuillages d’été et d’automne, et j’aurai la vue, pour l’instant, sur l’isba de l’oncle Kolia, et sur mes fleurs. Je crée aussi un écran végétal préventif de ce côté là. Peut-être devrai-je remercier le voisin pour m'avoir obligée à envisager cela, car ce sera beaucoup plus agréable. Evidemment, cela me cause aussi toutes sortes de dépenses et me prive de potager, du moins pour l'instant, mais je trouverai peut-être une solution. Mélanger fleurs et légumes, par exemple. Le perron là où il sera me mettra à l'abri des regards, tout en me donnant de jolis points de vue. Je ne me voyais pas, quand je sors hirsute et hagarde pour déjeuner tranquille en plein air, faire coucou aux habitants de la maison voisine sur leur terrasse qui me surplombe...

Romane est un grand type baraqué avec un anneau d'argent à l'oreille, habillé comme un cosaque, et Olga est aussi vêtue à la cosaque, robe longue, cheveux enfermés sous un foulard noué sur la nuque. Elle porte son dernier bébé sous sa veste ouatinée avec juste la tête qui dépasse. Les cosaques font beaucoup d'enfants, et ils les élèvent très bien.

Olga et Romane sont très sympas. En fait, tous les cosaques sont très sympas. C’est pourquoi quand même je me cramponne à Pereslavl: les orthodoxes, les cosaques, le café français et son patron, et mon merveilleux évêque.

Je suis ensuite partie pour Moscou ou je n'étais pas allée depuis longtemps. Soi-disant Poutine a supprimé les mesures anti covid mondialistes, mais on a exigé que je fasse semblant de m'accrocher sur la gueule le masque que je traîne dans une poche, à la station service et dans l'espèce de centre où mon coiffeur Albert exerce ses talents. De plus, le gardien n'a jamais voulu me laisser entrer avec ma chienne qu'il avait malheureusement repérée.

Albert a proposé de m'accompagner à la voiture, que j'avais laissée près de chez le père Valentin, pour revenir ensuite me garer près de son centre. L'aller-et-retour représentait une sacrée distance, j'avais mal partout. En chemin, je me suis rendu compte que mon Albert était complètement bourré. Il me l'a d'ailleurs avoué lui-même en ajoutant qu'il était un imbécile et en m'assurant que néanmoins il me ferait une coupe super. Arrivé près de la voiture, il a fondu en larmes: non, il ne serait pas capable de me couper les cheveux... "Bon, Albert, ce n'est pas grave, on fera ça lundi...

-Non, non, plus jamais...

-Mais si, Albert, je vous rappellerai...." 

Je m'étais décidée à me faire couper les cheveux mais il faut croire que ce n'était pas mon destin ! Jamais Albert ne m'avait fait un coup pareil, un génie du ciseau, un travailleur, un père de famille.. . J'ai cru comprendre qu'il s'était disputé avec sa femme.

Après une pareille aventure, j'ai accepté avec reconnaissance le verre de mousseux que m'offrait Kolia, le fils du père Valentin. Ce dernier m'a proposé de la vodka avec des airs de conspirateur, mais j'ai préféré continuer au mousseux. "Il s'est disputé parce qu'il avait bu, et ensuite il a bu parce qu'il s'était disputé" m'a dit Kolia qui s'y connaît.





 



Moustachon et Blackos dans l'ignorance que j'allais partir pour quatre jours.

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