Entre deux nuages et deux averses, dans le vent glacial, j'ai réussi à passer l'essentiel de mon dimanche dehors. Plus question de hamac, il n'a pas le temps de sécher, mais je jardine. Je ne me suis réveillée qu'à neuf heures, et j'ai manqué la liturgie. Il faut dire que j'avais passé la soirée chez Gilles, que j'étais revenue à deux heures du matin, et qu'au milieu de la nuit, j'ai été revéillée par ma sonnette électronique, qui délire complètement. Et j'ai eu du mal à me rendormir, car j'étais hantée par le récit hideux de la mort de la princesse de Lamballe, lu la veille sur Facebook, peut-être l'épisode le plus honteux, le plus atroce de notre histoire. Il est vrai qu'elle a connu d'autres lynchages dégoutants. Mais quand même...
J'organise le jardin pour l'année prochaine, j'ai des choses à transplanter. J'ai passé la débroussailleuse et constaté que la mare que je voudrais créer existe pratiquement déjà, j'enfonce dans l'eau jusqu'aux chevilles, pas étonnant que des grenouilles s'installent chez moi. J'ai allumé le chauffage, et j'apprécie de me retrouver dans une atmosphère sèche et douce après les exploits de la journée...
J'étais tombée sur Gilles et Maxime au café français, et ils m'avaient invitée à Koupanskoié le même soir. Il y avait également leur associé Nicolas et sa charmante femme russe, et puis un jeune Français, Sébastien, qui produit et commercialise ici de la charcuterie française, avec sa jeune femme russe, tout aussi charmante, et leurs trois enfants, gentils et discrets, pour des enfants! Nous avons beaucoup plaisanté sur ce dernier sujet, avec mon expérience d'institutrice au lycée français et ma chienne qui déteste les gosses!
Ils avaient prévu un barbecue, mais il faisait un temps de fin d'octobre, pluie, vent glacial, obscurité, car les longs crépuscules polaires ne sont plus qu'un souvenir, nous dégringolons à toute vitesse dans l'orbite du solstice d'hiver et ses ténèbres. J'étais assise sur le perron avec la femme de Nicolas. Les hommes s'affairaient autour du brasier, dans la nuit noire de la pinède. Les néanderthaliens devaient avoir quelques moments difficiles, quand on y pense. J'avais un verre de pinard, et le saucisson aux truffes de Sébastien pour me remonter le moral. Gilles nous a suggéré de rentrer, car décision avait été prise de manger à l'intérieur. A l'intérieur, il faisait bien chaud, grâce au poêle à pellets. Ca marche vraiment bien.
La soirée était très gaie, dans le genre français. Beaucoup de bonne bouffe! Les merguez et les chipolatas de Sébastien, il fait même des caillettes, je n'en avais pas mangé depuis des années. Le velouté aux cèpes de Maxime, ses cèpes au persil et à l'ail, cèpes ramassés autour de la maison, dans les bois de pins. Le raifort alsacien de Gilles, ses sirops naturels importés d'Alsace, mirabelle, grenadine. Je ne buvais plus de vin, car je devais prendre le volant pour revenir à Pereslavl... Curieusement, pour des pâtissiers, pas de dessert!
Le second sujet de plaisanteries, c'était le café et son pâtissier génial et grognon. tout le monde fait des prières ardentes pour que Nil, qui arrive demain soir, tienne le coup! Car Didier pourrait bien finir par s'en aller, il n'est plus tout jeune. Gilles et Maxime ont cherché un moyen de récupérer Nil à l'aéroport, pour lui éviter de galérer et l'amener directement chez moi, et ils l'ont trouvé.
Le troisième sujet, tout aussi inépuisable, c'était l'ambassade, les expatriés et le lycée français, ainsi que certains de ses enseignants, en toute affection par ailleurs... Je me disais: "C'est bien les Français, la bouffe, la rigolade, charrier les uns et les autres!" Je me réchauffais, mais j'avais l'impression que j'allais être malade, eh bien non. L'apéritif nuit et brouillard n'a pas laissé de traces!
Sébastien m'a plu infiniment, il a une bonne bouille de vrai Français, simple, gentil, travailleur, courageux et honnête, et ce sont ceux-là que fait partir le gouvernement, avec son délire covidien et ses gardes verts du sud. Et sa femme est également bien sympa, elle semble intelligente et naturelle. Une belle famille. Pas étonnant que leurs gosses soient si supportables! Xénia connaît même Sacha Viguilanskaïa, qui avait l'un d'eux dans ses groupes de russe, au lycée, et elle l'estime beaucoup. Pour l'instant, ils vivent à Moscou, c'était leur premier séjour à Pereslavl.
Quelque chose me dit que notre petite communauté va grandir. En dehors des Français, d'autres Européens arrivent ici, et même des Canadiens et des Américains.
J'ai du mal à envisager que le jardin, c'est bientôt fini, que tout s'endort et se fane, la fête est terminée.
c'était il y a seulement quelques jours... |
on va voir comment seront l'an prochain les deux malheureux thuyas... |
Tous les vivants fuient l'occident.
RépondreSupprimerMais quelle belle plume. Je découvre votre blog car nous regardons vers la Russie depuis bien longtemps, par intérêt culturel d'abord, par intérêt pour la grande Nature, par curiosité pour ses habitants. Je découvre qu'il y a une "communauté d'expat'" (si j'ose dire) et même en campagne, loin des centres urbains, et j'en suis ravie. La Russie est maltraitée par les dirigeants occidentaux. J'en ai honte. Personnellement, je rêve de voir ce pays, mais en ces temps de folie générale, ce ne sera pas possible. Un jour peut-être. En attendant, je vous lirai! Merci à vous.
RépondreSupprimerMerci Véro! Ce n'est pas si impossible, puisque j'attends ce soir un jeune Français qui vient tenter sa chance. Impossible n'est pas français!
Supprimer