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mercredi 11 août 2021

Les temps sont courts

 


Submergée par les poires, je n'ai plus le temps de rien faire, il en tombe autant que j'en ramasse; j'en distribue à tout le monde, je sèche, cuit, pèle, confit, et il faut aussi nettoyer la maison, qui ne ressemble à rien, entre les chats et les poires. Et entretenir le jardin. Et saler les concombres que m'a donnés Nadia la chevrière. Qui plus est, je suis harcelée de tous les côtés par des obligations, des entrevues, et j'ai du mal à organiser ce qu'il me reste de temps, à canaliser ce qu'il me reste de forces. Je traduis Parthène, parce que Natacha a besoin d'argent, et que mieux vaut faire les deux livres avec la même personne. Je traduis Epitaphe, parce que mon éditeur s'y est attelé et ne me lâche plus, c'est passionnant mais très long et très fatigant. Je fais de la musique pour ne pas perdre la main, et pour me reposer l'âme, heureusement, si je puis dire, Skountsev a de la tension et ne peut me donner de leçons. Je vais aux cours de balalaïka pour soutenir l'apprentissage de mon petit voisin Aliocha. Je tiens ma chronique, enfin j'essaie. Je n'arrive pas à écrire la suite de mes souvenirs d'enfance, ni à entreprendre de mettre de l'ordre dans mes journaux intimes; et j'ai cette impression constante que le temps presse, d'une part parce que je prends de l'âge et d'autre part, parce que l'ombre de Mordor gagne toute la terre. 

Hier, de façon impromptue, Olga et Oleg m’ont invitée avec deux moniales de Zadonsk. Je n’avais pas trop envie d’y aller, bien que Olga et Oleg fussent des gens très agréables, intelligents, et je ne les avais pas vus depuis longtemps. Je n’avais pas envie de parler avec des moniales de sujets élevés. Je n'avais même pas envie de parler du tout.

Elles étaient tout à fait adorables, la mère Dorothée et la mère Alexia. Elles ont raconté toutes sortes de miracles, enfin surtout la mère Dorothée, parce que la mère Alexia, en face de moi, priait profondément. Sa cordelette de prières filait entre ses doigts, et son visage aux yeux clos était imprégné d’une paix et d’une béatitude qui me fascinaient. Je racontais ma ma vie. Brusquement, la mère Alexia sort de son état de béatitude silencieuse et me dit : « Beaucoup trop de gens profitent de vous»

Elle a commencé à s’agiter, et elle a déclaré que nous devions aller absolument au monastère voisin de saint Nicolas, pour recevoir l’onction, au lieu de rester à bavarder sur une terrasse. Et je n’en avais pas envie, mais la mère Alexia était visiblement persuadée qu’elle devait jouer pour moi le rôle d’ange gardien.Yann Sotty, qui avait tourné avec moi l’émission « Davaï », était de passage à Pereslavl, il voulait me voir et me remettre de petits cadeaux. La mère Alexia, inflexible, pensait que l’église était plus importante que le Français. Et nous voilà parties, les deux moniales, Olga et moi. La mère Alexia ne me lâchait pas le bras, et avec un sourire maternel, m’expliquait qu’il fallait que ma religion devint plus intérieure, qu’il me fallait m’occuper de mon âme, car les temps étaient courts, et ne pas perdre mes forces avec toutes sortes de gens. Arrivées au monastère, elle m’a traînée jusqu’à l’higoumène, m’assurant qu’elle était très bonne et que je devais lui parler, mais si je veux bien aller exposer mes problèmes spirituels à quelqu’un, mon choix ne se porterait pas forcément sur l’higoumène de saint Nicolas. On m’a d’ailleurs déjà fait le coup avec l’higoumène de saint Nicétas. Et je me suis retrouvée à bafouiller des stupidités sans savoir comment m’en sortir.

La mère Alexia ne m’a pas lâchée avant que le prêtre ne m’eût tracé le signe de croix sur le front. « Maintenant, me dit-elle, tout va aller très bien ». Je suis allée retrouver Yann Sotty, sa famille, son nouveau-né, et les cadeaux, qui auraient dû m’être remis lors du tournage, des objets RT, tasse RT, parapluie RT, chope RT, plaid et coussin RT... joli design, d’ailleurs. Je lui ai fait part des compliments qu’on m’a fait sur son émission, sur lui, sur la façon dont tout cela a été tourné.

La mère Alexia n’a pas tort. Je ne m’occupe pas assez de mon âme, je me laisse submerger par toutes sortes de mondanités et d’obligations. Pourtant, aller tout le temps à l’église, je n’en éprouve pas le besoin non plus. J’en discutais avec mon éditeur, Slava, qui lui non plus, ne me lâche pas. Il a passé dix jours près d’un grand lac, et me dit qu’en barque sur ce lac, il avait davantage le sentiment du divin qu’à l’église mais que cependant, s’il n’allait pas à l’église, ne se confessait pas et ne communiait pas, il se sentait sale et déprimé. C’est exactement mon cas.

Pour ce qui est des gens qui profitent de moi ou me harcèlent, pour m’inviter, me rencontrer, me faire rencontrer quelqu’un, il faut quand même voir que certains d’entre eux me donnent une contrepartie importante. Skountsev est un très grand emmerdeur, et quand j’ai dit au conservateur du musée Krioukov que je prenais des cours online avec lui, parce qu’au début de la covid, il avait beaucoup de temps et pas d’argent, il m’a objecté sereinement : «Que Skountsev reste sans argent, excusez-moi, mais je ne crois pas cela possible...

- En effet, à ce moment-là, il a trouvé le mien ! Cependant, il m’a tellement appris, et sans lui, je en serais pas venue ici, je n’aurais pas vu tout cela, le Don, la rivière Khapior et votre musée ! »

J’ai eu une fois dans ma vie une intense expérience spirituelle qui s’est prolongée plusieurs jours. Mais je n’arrive pas à me trouver dans un perpétuel état de grâce. Parfois, quand je prie, j’éprouve du réconfort ou une certaine plénitude, je pleure beaucoup, aussi, surtout en ce moment, avec ce qui nous arrive à tous, le monde qu’on nous fait me fait vraiment horreur, ainsi que la vilenie et la fourberie de ceux qui nous l’imposent, la stupidité programmée de leurs troupes de mougeons hagards. Je pleure sur nous tous, sur les gens qui n’ont pas une lueur dans leur vie, sur ceux qui sont morts et qui me manquent, et sur ce qui nous attend probablement.. Parfois je n’ai pas le temps de prier, pas la disposition d’esprit, j’essaie, comme mon amie Dany, de garder au moins ma veilleuse allumée. Mais j’assume d’être avant tout quelqu’un de créateur et n’ai pas envie de me violenter pour me transformer en moniale.

Cependant, je ressens qu’il y a des stades à franchir, même en restant une créatrice solitaire, je stagne. J’aurais tendance à confier cela à Dieu. Il saura bien me les faire franchir, ces stades. Le père Placide, tout comme l’higoumène de Simonos Petra, disait qu’on ne pouvait rien faire par nous-mêmes, sinon consentir...

...



En France, pour savoir d’où vient la dictature, et dans le monde, pour savoir où nous entraîne l’opération covid, il suffit de regarder le scandale provoqué par une affiche qui se contente d’énumérer des noms. Tous impliqués dans cette opération et dans beaucoup d’autres affaires et manipulations grandioses et malfaisantes. Cette affiche provoque chez une certaine mafia les mêmes réflexes que la révélation par Soljénitsyne des vrais noms des principaux bourreaux bolcheviques. Et cette réaction est en elle-même un aveu. Pourtant, si il existe une mafia italienne ou tchetchène, il ne vient à l'idée de personne de hurler à l'anti italianisme quand l'on considère Al Capone comme un bandit...

Cependant, tous les représentants de cette communauté ne sont pas les complices de cette mafia. Ecoutez ce qu’expose le docteur Zelenko, avant que cette vidéo ne soit supprimée par la bande en question et ses « connards laquais », selon une heureuse expression que j’ai vue passer sur facebook. Ecoutez-le bien. Il n’est pas le seul à le dire. Et c’est la terrible vérité. Les temps sont courts.

https://www.facebook.com/marie.bars.7/posts/4396223833763402?__cft__[0]=AZUW5B2NvKKfgu0uDSBWvaTlmA-JlCd2geYFA_JpwMHNYZRxVHcn4nlcdAh0a0Dxzz6kM-VzpNKMG3AB5nrYCQlS8PU5rmZWbNjgR0PZwkJpJcIvkgve_38OepaVAnDLpqQsQ5F7mcfS2Jr3AEySxweT&__tn__=R]-R

https://odysee.com/@LeLibrePenseur.org:2/dr-zelenko:a?fbclid=IwAR1txchKdFz9mCd-k8WctHYxYOlE1894c4L3pu_tApKJ_VrFTHa-Oa3WKlA

dimanche 8 août 2021

Terpila

 


J'ai quitté le plein été torride du Don pour une sorte de pré automne. Il pleut à verse, et mon jardin est détrempé, résultat des terrassements du voisin, qui a vaguement consolidé son tuyau et fait tout son possible pour reconquérir mes bonnes grâces, parce que ma froideur le perturbe. Des milliers de poires dégringolent de mes arbres surmenés qui ont pourtant bien du mal à survivre. Je suis constemment en train de les ramasser, peler, cuire et sécher. 

Je pense souvent à mon récent voyage, à tous ceux que j'ai rencontrés, à Kolia le taulier, torse nu sur sa terrasse, avec ses pétunias, ses luminaires kitsch, ses clientes coquettes en robe de chambre, pareilles à de gros ballons souriants, prêts à s'envoler dans les airs, au bout d'une ficelle; à son pote le tatar Islam, beurré comme un petit lu. A ce cosaque à longue barbe grise, un anneau dans l'oreille, qui déambulait dans les bois en slip de bain jaune et vert avec une casquette d'uniforme sur la tête. Je revois la rivière Khapior, ses eaux douces et rapides, pleines de la lumière froissée des nuages brûlants, les chevaux qui s'y baignaient.avec les enfants, tandis que résonnaient des chants lyriques et virils. Le ciel nocturne si profondément noir, avec ses étoiles si nettes et brillantes, et si nombreuses. J'étais complètement dépaysée, là bas, et pourtant, j'y retrouvais quelque chose de familier, de méridional, avec une sorte de dinguerie slave joviale, le mauvais goût y prenait des accents felliniens, plus modeste que par ici, mais encore plus décomplexé, et tout cela au sein de cette steppe aride et illimitée, sous sa fourrure odorante de chardons, de fenouil et d'absinthe amère, soyeuse et argentée. Avec ce qui se passe en France, et qu'on cherche sournoisement à implanter en Russie, j'avais besoin de cette consolation. Chaque fois que je découvre une région de cet immense pays, l'envie me vient de déménager, la province russe me fascine et me donne une impression de liberté et de sécurité. Quelles que soient les séquelles du soviétisme, il s'y conserve quelque chose de vivant, de normal, et je dirais de résistant. Beaucoup de gens ne voient pas de mal à se faire vacciner, car ils restent dans l'idée que c'est pour le bien des populations, comme au temps de l'Union soviétique, quand personne ne se faisait des profits mafieux sur la santé des gens. Mais pour ce qui est de la suite du programme, les QR code et la dictature électronique mondiale, je pense que ce sera plus dur, je ne sens pas toute cette humanité très humaine, très anarchique, très capricieuse, incorrigiblement lyrique et follement idéaliste, prête à entrer dans le transhumanisme futuriste. A moins  de recourir à des procédés trotskystes de massacres à grande échelle. Je suis persuadée que le Don ne diffère pas beaucoup du Donbass, pour ce qui est de la mentalité. Tous les poteaux électriques sont bagués aux couleurs du drapeau russe. Une banderole, en travers de la rue principale de Koulmyjenskaïa proclame: "Rien ne nous est plus cher que notre pays natal..."

En face de la propagande hypnotique de la télé, on recourt ici aussi au discours sur la "théorie du complot" afin de discréditer ceux qui n'avalent pas cette bouillie à la louche. C'est surprenant, voici qu'au XXI° siècle, nous avons pour la première fois de l'histoire, des classes dirigeantes irréprochables qui ne complotent jamais, et des administrés ingrats qui voient le mal partout. Les romans historiques sont pleins des complots du passé, le XX° siècle nous a gavés de financiers retors, de politiciens pourris, d'idéologues tarés et sanguinaires et de savants fous, mais nous sommes invités à croire que le même genre de population, aujourd'hui, ne se soucie que de notre bien, et que le mettre en doute n'est pas raisonnable... Cette caste a pourtant plus de moyens de nuire qu'elle n'en a jamais eu, de sorte qu'on ne sait même pas comment se défendre, dans la guerre qu'elle nous fait. Le docteur Fouché nous présente ici quelques propositions:

 https://rumble.com/vksflu-louis-fouch-4-aout-2021.html?fbclid=IwAR1SyKNXVFt-PkW6W3Ow9FiWWCxmRtjZZzhrlhnfIwsPWnon5Fc1Yyl-O24

 A l'église, ce matin, le père Andreï nous a fait un sermon intéressant, à propos d'un nouveau mot à la mode, terpila, conçu d'après le mot terpenie, patience. Ce mot, dit-il envahit toutes les bouches. Il signifie un être dont on peut faire ce qu'on veut, le tondre et l'exploiter sans qu'il réagisse, et il est plein de mépris, un peu comme chez nous les sans-dents ou les mougeons. Mais, nous explique-t-il, c'est que la société nouvelle qu'on cherche à installer n'est pas seulement indifférente au christianisme, elle lui est profondément antagoniste. C'est une société de prédateurs impatients qui ne connaissent pas de frein à leur avidité. Antagoniste au christianisme et également à la Russie, dont la patience était la vertu principale, patience d'Alexandre Nevsky, par exemple, glorieux chef de guerre qui, pour le salut de son pays, allait trouver le khan mongol et s'humilier devant lui. Et cela m'a rappelé une vidéo de l'avocat DiVizio "en marche vers l'enfer", sur la société "en marche", dont l'avènement a été inauguré par le parti "en marche" du satrape Macron. Une société où ceux qui ne peuvent pas marcher sont laissés pour compte, achevés, voire exterminés. Une vidéo rapidement supprimée de youtube avec la chaîne de l'avocat, ce qui me prouve que c'est bien là le programme des mutants du nouvel ordre mondial qui essaient de prendre le pouvoir universel. Au XIX° siècle, Jack London décrivait les misérables sans logis de Londres, contraints de marcher sans trêve, car ils n'avaient le droit ni de s'asseoir ni de s'étendre, ni même de s'arrêter. 

 https://odysee.com/@DiVizio:2/en-marche-vers-l%E2%80%99enfer:d?r=AJxNFrm3sD6g74HKCJUZqhLYnVrMJUYx&fbclid=IwAR1c4bp4lf1913mMB4pDLC-E94-tJjS8d4yOjiuB8oCHkWwEwueiu8q1T

Mais il convient de voler autant que faire se peut de beaux moments de vie à la nuit qui vient.





dimanche 18 juillet 2021

Aie confiance, crois en moi.

 


Pour que ce soit bien clair. Comme ancien pompier militaire et parce que j’ai souvent voyagé en zone endémique, j’ai été vacciné à maintes reprises dans le passé. Je n’ai donc évidemment aucune opposition de principe à la vaccination.

Je suis opposé à la vaccination obligatoire pour plusieurs raisons:
1- j’ai déjà eu le #COVID19 à deux reprise (symptomatologie atténuée), et suis de ce fait immunisé; je n’ai donc aucune envie de me faire administrer un produit reposant sur une techno ARNm en phase d’évaluation;
2- les laboratoires producteurs de ces technos ont été condamnés à de nombreuses reprises et se sont déchargés de toutes responsabilités sur les États pour ces produits;
3- nous ne disposons d’aucune garantie d’innocuité de ces produits (voir C. Vélot) à long terme en particulier;
4- le forcing indécent d’un gouvernement qui a préconisé tout et son contraire depuis le début de cette pandémie ne m’inspire aucune confiance;
5- les conflits d’intérêts et l’opacité au plus haut niveau gangrènent l’ensemble de la chaîne de décision sanitaire;
6- la stratégie d’immunisation artificielle (techno ARNm) de groupe face à un virus très mutagène est au mieux insuffisante (si l’innocuité était réelle) et au pire dangereuse et liberticide; elle implique une administration contrainte et renouvelée de ces produits que seule une mise sous laisse numérique peut garantir.
Cette logique débouche sur l’administration forcée de technos géniques en phase d’évaluation et d’une mise sous laisse numérique pour suivre leur administration à la population doublées de restrictions de liberté.
— Laurent Ozon, compte Twitter, 13 juillet 2021 


dimanche 19 juillet 2020

La mort des coquillages


Photo Thierry Legault
C’est avec consternation, et une sorte de terreur sacrée, que j’ai appris l’incendie de la cathédrale de Nantes et la disparition de son orgue vieux de 400 ans. Quand Notre Dame a brûlé, j’ai su que c’était le début de la fin, que tout l’héritage de la France encore miraculeusement conservé allait subir le sort de celui de la sainte Russie, qui n’existe plus qu’à l’état résiduel, et que risquent d'achever l’incurie, l’ignorance, la cupidité et la stupidité. La différence est que ce qu’il reste de Russes se mobilise avec l’Eglise orthodoxe pour tenter d’en sauver les vestiges, car ils sont considérés par ce petit troupeau comme quelque chose de sacré, il arrive même que des incroyants y tiennent encore par patriotisme.  Alors qu’en France, il serait plus difficile, me semble-t-il, de regrouper la résistance autour des merveilles léguées par nos ancêtres, et qui  sont non seulement belles, mais pleines de sens, car tout ce qu’on faisait au moyen âge était avant tout porteur de sens. Chaque sanctuaire était en soi un livre saint et un reliquaire, chaque sanctuaire est un message qui nous est adressé à travers les siècles, et je ne parle pas de la dimension mystérieuse qui, en Russie, fait même des icônes ou églises décadentes, qui ont perdu ce sens, et ne le transmettent pas, lorsqu'elles sont « imprégnées de prières », comme on dit ici, des objets chargés. Ainsi en est-il de l’icône sentimentale, académique et opaque devant laquelle priait saint Séraphin de Sarov. Dans cette perspective, le père Placide, par exemple, se souciait peu de l’authenticité des reliques car, disait-il, à partir du moment où des générations de gens avaient prié devant elles et les avaient honorées pendant des siècles, elles avaient quasiment la même vertu que des reliques authentiques. On voit même ici des copies d’icônes miraculeuses disparues prendre les vertus des originaux.
Même quand on ne comprend pas, faute d’avoir été élevé dans cet esprit, l’importance et le sens de ce langage visuel de l’architecture sacrée et de l’iconographie, il arrive qu’on le reconnaisse, c’était ce qui m’était arrivé dans ma jeunesse. On devine à l’harmonie générale de ce qu’on voit, qu’il s’agit d’un langage cohérent qui parle à l’âme sans passer par les mots, mais que les mots ou plus simplement le Verbe et l’Ecriture sous-tendent. Les instits et les profs laïcards nous disaient que c’était pour instruire de l’histoire sainte les analphabètes médiévaux, comme les affiches de propagande soviétique cherchant à persuader le paysan russe de l’importance de la mécanisation, ce qui prouve à quel point cet art leur passait déjà loin au dessus du bonnet, alors qu’il touchait n’importe quelle personne des siècles passés, en cela qu’il ne suppléait pas à l’écrit pour les ignares, mais apportait un complément spirituel indicible à ce qui était exprimé par la lettre.
La disparition programmée de tout cela depuis deux cents ans est une catastrophe, car tous les témoignages permettant aux âmes perdues de s’orienter seront bientôt éliminés, chaque église qui brûle est un phare qui disparaît dans les ténèbres montantes.  Mais les misérables antifas s’en réjouissent, dans leur vilenie sans remède, en clamant que les « seules églises qui éclairent sont celles qui brûlent ».
Pour un esprit médiéval, tout est signe sur le grand livre de la vie, ce que reflètent les sanctuaires anciens, et je trouve personnellement troublante la coïncidence de l’apparition de cette comète exceptionnellement belle avec les craquements sinistres qui annoncent de toutes parts le naufrage de notre Titanic. La France se meurt, la civilisation chrétienne se meurt. Le Français de base sent obscurément que cela va très mal, mais lorsqu’il revendique sa qualité de Français, il exhibe généralement le saucisson-pinard, une pinup dépoitraillée, la minijupe tricolore au ras des fesses et la cigarette au bec. Des gilets jaunes s’indignaient que l’on envisageât de restaurer Notre Dame, plutôt que de consacrer cet argent à « quelque chose d’utile », et malheureusement, plein d’homo soviéticus ont le même réflexe ici, et avec une haine écumante. En cela, on peut dire que la mutation a été réussie, du Russe obstinément médiéval de l’avant 17, en petit-bourgeois européen mesquin, comme nous en ont fabriqué par millions l’alliance satanique de la révolution et du capital, auquel la première a permis de prendre son essor, sans être plus gêné par un roi ou un tsar, une Eglise et des structures organiques millénaires qui limitaient les appétits des crocodiles.
Au moment où l’on apprend qu’un « réfugié » rwandais, employé par le diocèse, serait l’auteur de l’attentat, la main qui a craqué l’allumette, au moment où les gros abrutis de la LDNA se réjouissent bruyamment de voir incendier une cathédrale médiévale construite selon eux, avec l’argent de la traite des noirs qui n’existait pas en ce temps-là, je tombe sur cet échange de commentaires à propos de l’évènement :

   - V. Z. Ce n’est pas grave. Il suffit que tous les chrétiens se mettent dans la prière et s’en remettent à notre Sainte Mère Marie ! Les édifices ne sont pas aussi importants que les âmes !

-  R. R. Un chrétien endormi c'est le triomphe du diable

-  V. Z. Exactement et il fait tout pour ça à travers la lucarne «magique » !

- R. R.  Les Soldats Du Christ on pour but de sauver notre patrie, notre foi et non pas comme des cathos fragiles, mais bien solides campés sur leurs deux pieds. Nos églises nous allons les défendre, notre foi aussi.

    Un pour tous, tous pour DIEU.

- V.Z. Notre Foi, notre Croix certainement car ce n’est pas du matériel. Le reste n’a que valeur vénale. Soyons logiques. Ils veulent que nous réagissions, que nous prenions les armes ? Prenons le contrepied de ces inversés du bocal. Chantons, louons Celui qui nous a permis de venir et d’expérimenter ici-bas. La colère est œuvre des ténèbres, la Joie, la Louange, la vraie Foi est œuvre Divine. Restons ou mettons-nous dans cette démarche et cette énergie, vibrons haut et fort l’Amour Inconditionnel, l’Amour Universel et ces forces obscures n’auront aucune prise sur nous. Restons soudés et solidaires, comme tu dis les deux pieds bien ancrés et rien ne pourra nous ébranler !

Dieu veille sur tous ses enfants, sans jugement, faisons-en autant !

 Ne jugeons pas, n’ayons comme seule «arme » notre Foi !

 Je ne parle pas de religions qui ne font qu’enfermer dans des dogmes et des rituels mais bien de Foi en l’Energie Divine qui est en toute chose et en tout être vivant du virus à l’humain en passant par les plantes et tous les animaux.

 Nous ne sommes que ondes, fréquences, vibration, intensité, amplitude et notre «enveloppe » n’a que peu d’intérêt en définitive donc nous n’avons même pas à la défendre.

    La seule chose que nous devons défendre est notre âme. Ne la souillons pas avec la violence !

- R. R. Croire en Dieu sans l'adorer dans son église, c'est comme aimer sa femme sans jamais lui faire l'amour.

- E. S. Il faut lire l'évangile en grec. Le Christ n'a pas fondée une "église" mais une assemblée. L'église est la récupération et la création par l'état romain d'une idéologie à son service.


Je salue tout d’abord la santé psychologique et spirituelle de R.R. Un chrétien chevaleresque, un vrai Français. Sur ce qu’il dit, je n’ai pas de commentaires à faire, c’est V.Z. qui m’atterre. « Ce n’est pas grave », dit-elle « les édifices ne sont pas aussi importants que les âmes ». Oui, en effet, c’est théoriquement vrai. Le père Basile trouve que j’attache trop d’importance au sort de sainte Sophie, et me prédit que tout sera détruit, certes, certes, je reconnais que j’ai du mal à passer par-dessus la disparition de tout ce qui nous a été légué, pour les raisons que j’expose au début de l’article. Mais « Ce n’est pas grave » ? En tant qu’orthodoxe, je ne peux pas dire que la destruction d’une église, d’une icône, d’une relique n’est pas grave, et cela pour toutes les raisons que je viens d’évoquer. L’iconoclasme qui a suivi Vatican II a donc produit des hordes de « cathos fragiles », comme les appelle R.R,, pour lesquels l’incendie de Notre Dame, celui de la cathédrale de Nantes, ce n’est pas grave, et qui ne lèveront pas le petit doigt pour défendre ce patrimoine qui leur est devenu complètement étranger. J’insiste : ce ne sont pas des petits gauchistes élevés par le trotskisme soixante-huitard, mais des catholiques. V.Z. enfonce le clou de notre cercueil : tout ça c’est du matériel, donc cela n’a aucun intérêt, elle vit dans l’abstraction pure. La cathédrale est même quelque chose de « vénal », elle n’a plus aucune idée de ce qui présidait à l’édification d’un tel monument, et n’est pas pourvue des récepteurs permettant de comprendre ce qu’il a à nous dire. C’est-à-dire que pour être idéologiquement clean, un bâtiment religieux doit être pauvre, utilitaire, minimaliste et moche, comme les églises en béton des années 50, avec des slogans neuneus du genre «Dieu vous aime » et des photos de petits enfants du tiers-monde, beaucoup plus intéressants que les nôtres dans le rôle du prochain à chérir, bien que beaucoup plus lointains sur le plan géographique et culturel. Nous en arrivons logiquement à l’assertion suivante :  

Je ne parle pas de religions qui ne font qu’enfermer dans des dogmes et des rituels mais bien de Foi en l’Energie Divine qui est en toute chose et en tout être vivant du virus à l’humain en passant par les plantes et tous les animaux.

 Nous ne sommes qu’ondes, fréquences, vibration, intensité, amplitude et notre «enveloppe » n’a que peu d’intérêt en définitive donc nous n’avons même pas à la défendre.

Elle conteste l’idée même de religion, et bien sûr de dogme et de rituel, c’est-à-dire l’Eglise, cette Eglise qui met en communion transversale tous ceux qui en font partie, dans le plan du présent, et dans le plan du passé, et qui les relie justement avec les bâtisseurs de la cathédrale de Nantes et l’artisan de son orgue. Elle vibre, petit atome solitaire, avec l’énergie divine, voilà ! Toute cette expérience, toutes ces révélations antérieures, elle n’en a pas besoin. Entre parenthèses, les plantes et tous les animaux sont pourtant bien aussi matériels que la cathédrale, ou bien celle-ci n’est-elle pas investie de cette vibration salvatrice ? En tous cas, elle n’est pas branchée dessus, ça c’est clair. Que l’idée même de l’Eglise soit réduite dans la tête de ces gens à des dogmes et des rituels dont  ils ne comprennent absolument pas le sens est attesté ensuite par un troisième personnage : Le Christ n'a pas fondé une "église" mais une assemblée. L'église est la récupération et la création par l'état romain d'une idéologie à son service. En grec, justement, église veut dire assemblée. En réalité, le mot russe qui concrétise cette notion dépasse largement le sens d’assemblée, il s’agit d’une mise en communion dans le corps du Christ, et ce mot a la même racine que celui qui signifie cathédrale, de sorte que pour un esprit médiéval comme le mien, la cathédrale est la concrétion de cet esprit de la communion en Christ, comme le coquillage est le produit de l’animal qui l’habite. Le rituel qui s’y déroule est la manifestation de l’existence de cette communauté trans temporelle et trans spatiale, le dogme est la loi interne qui garantit le legs de l’Esprit, un peu comme le code ADN permet de répliquer le vivant sans engendrer n’importe quoi. Apparemment, pour beaucoup de gens, ce code de l’Eglise est complètement brouillé, et l’on voit surgir ce genre de moutons spirituels à cinq pattes ou à trois têtes qui vont chacune nous raconter quelque bêtise paradoxale, mais compatible avec la confusion politiquement correcte ambiante, et la religion du futur vibrante et new age.

R.R. a raison de parler de cathos fragiles. Il n’y a pas grand-chose de ferme et de centré dans de telles âmes qui flottent comme des algues déracinées sur l’océan des vibrations énergétiques. D’une certaine façon, je ne nie pas que tout soit traversé par les énergies divines, et pour moi, la matière même est spirituelle, elle est émanation de l’Esprit, perpétuellement engendrée par son Souffle. Mais c’est précisément ce que me disent les somptueuses coquilles laissées sur les tristes rives de nos derniers temps par le travail et la prière commune de nos ancêtres. Si ces bâtiments sont si profondément harmonieux et si mystérieusement chargés, c’est qu’ils ne sont pas le produit d’un unique architecte qui fait tout exécuter par des corps de métier, sur ordre d’un riche et puissant commanditaire, mais celui d’un effort et d’une prière collective qui avait cristallisé de cette manière, unissant tous les acteurs de l’affaire, depuis le seigneur et les marchands jusqu’au tailleur de pierres, et le paysan qui les nourrissait. Même l’orgue, plus tardif, que de travail, que de savoir-faire, que d’amour, que de sens de la musique universelle n’y avaient pas mis ceux qui l’avaient fait et qui nous l’avaient légué… Mais les cathos fragiles se foutent eux-mêmes de la cathédrale et de son orgue, tout cela est trop matériel et trop vénal pour eux, et c’est sans doute parce qu’ils ne m’offraient pas de m’inscrire dans le puissant et vital Esprit qui avait engendré tout cela que j’ai préféré devenir orthodoxe et que j’ai fini par partir en Russie. Toutes nos magnifiques cathédrales, nos cloitres et églises romans, sont trop souvent devenus des coquilles vides pour ceux-là même qui prétendent encore venir y prier, et qui préfèrent un hangar en béton démocratique, avec les photos des « réfugiés » qui ne rêvent que de leur faire la peau.

C’est très difficile à vivre, mais le  père Basile a raison, tout sera détruit par les gnomes. Si Dieu permet que le feu des impies consume nos cathédrales, c’est qu’il y a trop de V.Z. et plus assez de R.R., sans parler des légions infernales et de leurs gardes rouges noirs. A quoi bon laisser tout ceci à des gens qui n’y comprennent plus rien ? Moi-même je sentais dans ma jeunesse à ce point le hiatus entre ces merveilles sacrées et ceux qui y allaient le dimanche que j’ai fini par me convertir dans une église émigrée installée dans le garage d’un pavillon de banlieue, parce que si pauvre fût-elle, elle m’offrait la splendeur vivante de ses icônes pleines de sens, de son rituel plein de noblesse. 

Je regardais les gisants du duc de Bretagne et de sa femme, encore cette fois épargnés par l’incendie de la bêtise haineuse et de la vilenie déchaînée : ils nous parlent d’un autre peuple qui était nous. Beaux et nobles, couchés dans leurs draperies, bien loin des gnomes, des orques, et des immondes satrapes en costars du Mordor, des empereurs  usuriers de la modernité hideuse, ils nous attendent déjà dans les profondeurs de l’océan éternel, là où la  rouille n’attaque pas et où le ver ne ronge pas, dans la lumière sans déclin, dans la Jérusalem céleste. Et la comète posée sur l’archange saint Michel, tout au sommet du mont du même nom, vient me le confirmer de son éclatant paraphe.