La fête du 12 juin et ses jours fériés m'ont amené des visiteurs. Sveta est venue avec son mari Vinner me remettre des affaires que la vente de ma datcha avait jetées dans leur garage, soit un coffre de l'armée en bois, trouvé dans la rue par un ami et contenant une boîte en écorce de bouleau tressée magnifique, achetée à Pereslavl, et dont je n'ai jamais trouvé l'équivalent. Tout ce qu'on vend dans le genre et partout est affreux, dénaturé, n'a plus rien à voir avec une véritable tradition populaire et l'auteur de ma boîte lui-même s'était mis à produire de la merde, avec petits chats, petits garçons, petits filles dégoulinants de sirop, tout l'attirail du "souvenir" qui remplace partout l'art populaire et contribue à justifier le mépris dans lequel on le tient. Et puis une autre boîte en écorce de bouleau, peinte celle-là de motifs traditionnels du nord. Il y avait également une planche à découper de facture industrielle que j'avais achetée à l'épicerie de Férapontovo, dans le nord, à la vendeuse qui la décorait devant moi de motifs traditionnels authentiques et me l'avait vendue en me recommandant de la vernir moi-même, ce que je n'avais pas fait, et elle a un peu souffert, lors d'un écoulement d'eau le long du mur où elle se trouvait. J'ai retrouvé des choses que je croyais perdues à jamais, des livres, une paire de bottes fourrées finlandaises chaudes, confortables et chic que j'avais acquises du temps de ma splendeur, des objets qui me venaient de maman, ma boîte à couture en noyer qu'elle avait rangée chez moi avec amour et qu'un oncle m'avait offerte quand j'avais 18 ans... Les déménagements sont vraiment des naufrages et voilà que le ressac de la vie m'apporte ces épaves sur la plage de ma vieillesse!
Sveta et Vinner ont passé leur temps à me faire du bricolage. Dans la foulée, sont arrivés Xioucha et Igor, avec la cadette de Xioucha, Nina. Nina pleurait sans arrêt. D'abord elle a peur de la pluie et pas de chance, le mois de juin est pourri et pluvieux. Pour la distraire, nous sommes tous partis en vélo, profitant d'une éclaircie, pour le lac: quel magnifique spectacle, sauvez le lac et ce qui reste de Pereslavl, saint Alexandre Nevski, saint Nicétas et en général tout ce que compte de saints la terre "imprégnée de prières" de ce lieu vénérable!
Au retour, nous avons pris le chemin de "l'éléphant rose" qui est malheureusement devenu gris, ce qui ne le rend pas plus joli mais beaucoup moins rigolo, car Igor pensait y trouver l'endroit où il pourrait louer une barque le lendemain. A côté, c'était la fête "populaire", c'est-à-dire d'énormes structures en plastique gonflé avec des toboggans, une musique tonitruante, moche et étrangère, même si les paroles étaient en russe passablement abâtardi, et la vente de toutes sortes d'accessoires et de ballons fluorescents et clignotants. Nous sommes entrés au café français qui, exceptionnellement, n'était pas fermé en raison de l'affluence. Les jeunes serveurs affichaient des airs complètement consternés. Je les aime bien et j'ai fait mon possible pour ne pas ajouter à leur désespoir, mais quand même, une fois de temps en temps dépasser l'heure de fermeture sacro-sainte, dans le commerce, c'est quasiment inscrit dans le contrat, c'est comme cela, même à l'école j'ai fait des heures sup! Et j'ai pensé à Didier, que cette mentalité exaspère...
Mon regard est tombé sur un couple, la fille de dos, l'homme devant elle, un blond bien slave qui la regardait avec une sorte de désir attendri et d'émerveillement enivré: cela existe encore... Bonne chance à cet amoureux.
Xioucha m'a offert de la part de son père, qui est mon père spirituel, un livre sur Ivan le Terrible. Quelle délicate attention... Le père Valentin est un centre de documentation à lui tout seul, je ne sais comment il se retrouve dans sa bibliothèque, peut-être aussi vaste que celle d'Ivan le Terrible lui-même, et qui a transformé son bureau et sa chambre en un labyrinthe d'étagères, ni dans son propre cerveau, où tout cela est emmagasiné et ressort quand il le faut, le guidant infailliblement vers le livre nécessaire dans cet incroyable amoncellement...
Sveta et Vinner ont passé leur temps à me faire du bricolage. Dans la foulée, sont arrivés Xioucha et Igor, avec la cadette de Xioucha, Nina. Nina pleurait sans arrêt. D'abord elle a peur de la pluie et pas de chance, le mois de juin est pourri et pluvieux. Pour la distraire, nous sommes tous partis en vélo, profitant d'une éclaircie, pour le lac: quel magnifique spectacle, sauvez le lac et ce qui reste de Pereslavl, saint Alexandre Nevski, saint Nicétas et en général tout ce que compte de saints la terre "imprégnée de prières" de ce lieu vénérable!
Au retour, nous avons pris le chemin de "l'éléphant rose" qui est malheureusement devenu gris, ce qui ne le rend pas plus joli mais beaucoup moins rigolo, car Igor pensait y trouver l'endroit où il pourrait louer une barque le lendemain. A côté, c'était la fête "populaire", c'est-à-dire d'énormes structures en plastique gonflé avec des toboggans, une musique tonitruante, moche et étrangère, même si les paroles étaient en russe passablement abâtardi, et la vente de toutes sortes d'accessoires et de ballons fluorescents et clignotants. Nous sommes entrés au café français qui, exceptionnellement, n'était pas fermé en raison de l'affluence. Les jeunes serveurs affichaient des airs complètement consternés. Je les aime bien et j'ai fait mon possible pour ne pas ajouter à leur désespoir, mais quand même, une fois de temps en temps dépasser l'heure de fermeture sacro-sainte, dans le commerce, c'est quasiment inscrit dans le contrat, c'est comme cela, même à l'école j'ai fait des heures sup! Et j'ai pensé à Didier, que cette mentalité exaspère...
Mon regard est tombé sur un couple, la fille de dos, l'homme devant elle, un blond bien slave qui la regardait avec une sorte de désir attendri et d'émerveillement enivré: cela existe encore... Bonne chance à cet amoureux.
Xioucha m'a offert de la part de son père, qui est mon père spirituel, un livre sur Ivan le Terrible. Quelle délicate attention... Le père Valentin est un centre de documentation à lui tout seul, je ne sais comment il se retrouve dans sa bibliothèque, peut-être aussi vaste que celle d'Ivan le Terrible lui-même, et qui a transformé son bureau et sa chambre en un labyrinthe d'étagères, ni dans son propre cerveau, où tout cela est emmagasiné et ressort quand il le faut, le guidant infailliblement vers le livre nécessaire dans cet incroyable amoncellement...
Igor, Xioucha et Nina |
Igor fait mine de jeter Nina à l'eau, ce qu'elle apprécie moyennement. Il la surnomme "grand-mère". |