Dany, devant sa photo, s’est exclamée : «Oh, qu’est-ce
que c’est que ce bouton d’or ? » En effet, c’est une boule de poils
hilare et dorée. Du coup, j’ai pensé l’appeler Bouton, en russe Boutone ou
Boutia.
Il m’arrive souvent
de penser aux Solovki, j’ai parfois l’impression (je ne veux pas dire
l’intuition) que j’y finirai mes jours. Et je sens la présence tutélaire du
métropolite auprès de moi. Et aussi du père Placide. Je ne me vois pas moniale, plutôt ermite. Je suis déjà une
sorte d’ermite, d’ermite involontaire.
Je vois déjà des réactions stupides et basses sur les sites
orthodoxes, de gens qui ne connaissent et ne veulent connaître rien d’autre que
la propagande. Les serviteurs transnationaux de l’Ennemi du genre humain jouent
sur les pires sentiments, usent des procédés les plus bas, achètent,
corrompent, brouillent les esprits, pervertissent et endurcissent les cœurs.
C’est un affreux spectacle. Le patriarche Cyrille invite à ne pas laisser
l’espace d’internet à ces gens-là, même si cela trouble notre paix intérieure.
Il faut être fort, spirituellement, pour faire face à cela. J’aurais parfois
bien envie de couper le courant.
L’Eglise Orthodoxe Ukrainienne canonique, en revanche, a
une attitude admirablement digne et mesurée, ferme mais pas haineuse.... J’ai
encore vu une vidéo ce matin qui me rend pleinement solidaire de ces gens et de
leur métropolite.
Je prie Dieu, et mes saints russes préférés, parce que cela
devient trop affreux, trop répugnant, et j’ai souvent envie de pleurer, une tristesse au coeur pleine du pressentiment de lendemains imminents difficiles. Se
mêlent en mon chagrin l’impuissance devant tant d’infamies et tant de
souffrances encore à venir, et mes souvenirs des miens disparus, de la France
trahie, vendue, avilie, où l’on assassine et viole maintenant à tous les coins
de rue, où l’on massacre avec prédilection les jeunes gens beaux et sains, du
genre pompier secourable, personnel médical, garçon chevaleresque qui
s’interpose. Et l’on punit et agonit d’injures ceux qui tentent de se défendre
ou de défendre les autres, c’est le règne de la canaille, du cynisme et de
l’iniquité, des histrions et des pervers.
D’un autre côté, ces événements mettent les choses à leur
place et opèrent un tri. Les tentations oecuménistes dans le haut clergé russe
devraient en prendre un bon coup dans l’aile. Les commentaires des gens qui
défendent le patriarche Bartholomée et braillent sur « les Russes » sont tellement
stupides, bas, ignorants qu’ils dénoncent eux-mêmes leur propre ignominie. Les
gens doués de discernement spirituel ne peuvent pas ne pas voir ce qui se
trame, et de quel côté est le diable.
Est-ce que le père Placide se doutait qu’allaient arriver
des choses de ce genre, quand il me disait qu’avec dix ans de moins, il aurait
tout vendu pour aller fonder un monastère en Crimée pour la future émigration
française ? L’Occident actuel est sous l’emprise de forces mortifères
déchaînées qui gangrènent absolument tout. L’actualité n’est plus seulement
manipulée, elle est entièrement falsifiée, de telle manière qu’on peut
massacrer tout un peuple en le présentant aux foules hypnotisées comme
l’agresseur, tandis qu’on déverse sur lui des armes atroces et théoriquement
interdites, que l’on vise délibérément ses enfants, viole et torture ses
femmes, spolie, ruine et empoisonne ses biens et son environnement.
Il vaut mieux s’apprêter à mourir en un tel monde que de
venir d’y naître.
Il fait gris et pluvieux, j’ai branché le convecteur qui,
pour l’instant, suffit à sécher la maison. Rosie s’ensauvage, le petit chien
est mon dernier atout, j’espère que ce n’est pas elle qui l’entraînera à
vagabonder… En principe, les spitz restent avec leur maître.
J’ai appelé Cécile. Je pense souvent à elle, la mouette de
fer forgé me rappelle Goudargues, le café, les platanes, le petit orchestre de
tout jeunes gens qui jouaient des airs désuets, la douceur poignante de la
France qui expire.
Elle m’a commandé une icône, j’ai des commandes en retard,
il me faut m’en occuper, et trouver le moyen de les faire transiter.
Ce matin, c’était la fête de saint Alexandre Nevski,
protecteur de la ville, où il est né. A l’église du même nom, celle du père
Constantin, c’était encore une liturgie épiscopale, avec, cette fois, un très
beau chœur d’hommes, et de beaux chants, sans rossignols énamourés. Le chant
des Chérubins m’a paru soit byzantin, soit russe ancien, avec un isson. Mais l’église
était bourrée, je ne pouvais pas m’asseoir, j’avais mal dormi. Malgré cela,
j’ai prié avec ferveur, mais je ne suis pas restée aux festivités ultérieures.
J'espère que le prince Alexandre intercèdera avec succès pour sa ville, son pays, son peuple, et la chrétienté orthodoxe.
J'espère que le prince Alexandre intercèdera avec succès pour sa ville, son pays, son peuple, et la chrétienté orthodoxe.