J’ai
dû encore beaucoup jardiner, aujourd’hui, et j’ai mal partout. Mon voisin, venu
m’aider, m’a dit que très peu de choses poussaient normalement dans notre
marécage. Il m’a conseillé de planter des framboisiers sur la butte qu’il m’a
ménagée par-dessus les sacs de sciure que j’avais traînés l’année dernière pour
protéger la canalisation : ils seront surélevés, et ce mélange de terre et
de sable leur conviendra. En effet, là où ils étaient, mes framboisiers ne
faisaient rien du tout, là où ils étaient, on peut faire pousser du houblon,
des roseaux, des légumes surélevés également, dès qu’on creuse un trou on tombe
sur de l’eau. Je dois tenir compte de l’épaisseur de terre disponible et d’autres
paramètres, les fils électriques, l’ensoleillement… Ca en fait, des
contraintes, mais ça prend tournure quand même. Dans la foulée, j’ai déplacé
aussi mes buissons de chèvrefeuille comestible, le seringat qui stagnait…
Tout cela me cachera la « zone technique », ma voiture et les
disgrâces du voisinage immédiat.
Rita
s’habitue très bien. Elle ne me lâche pas d’une semelle, de sorte qu’elle va
aussi dans le jardin. Rosie la regarde comme une sorte de chat supplémentaire.
Elle me rappelle plus Jules que Doggie, avec un côté chipie bien féminin. Elle
est très câline, et à mon avis, elle se plaît beaucoup ici, avec moi. Je la
trouve de plus en plus guillerette et impudente. Nous sommes allées ensemble au
café français, mais je ne rencontre plus jamais les patrons. Ils emploient
quelqu’un pour gérer.
J’ai
acheté deux thuyas, un pour tenir compagnie au précédent, devant la grosse
baraque du voisin côté nord, l’autre pour remplacer le seringat à l’ouest,
et cacher un peu la fenêtre de ma
cuisine. Le thuya pousse bien et très vite, chez moi. J’aurais pu mettre des
sapins, mais cela vient trop gros pour ma petite surface et pour mes fils
électriques. Cela me paraissait un peu
déplacé, ici, un peu prétentieux, mais il faut bien s’adapter, et puis, dans
mon jardin de grand-mère russe, ils vont me rappeler un peu la France… Dans le
magasin « l’Empire des Fleurs », une dame m’a demandé d’où venait mon
accent. «Je suis Française…
-
Ah c’est ce que je pensais, vous êtes la Française que j’ai vue sur Internet, celle qui vit ici et trouve qu’on a beaucoup abîmé la ville… »
Bon,
eh bien comme ça, c’est clair ! Tout le pays sait ce que j’en pense… C'est sans doute sur les fils de commentaires des collaborateurs du musée que tout cela est apparu.
Il
me faut retourner à mes traductions, et surtout finir mon livre, mais il y a
toujours quelque chose à vérifier, c’est sans fin. J’essaie de ne plus regarder
non plus de documentation. Ou alors je finirais par tout réécrire. Il faut que
j’assume mon conte russe tel qu’il est. D'autant plus que les sources sont souvent terriblement contradictoires.
coup de projecteur automnal |
Les deux thuyas destinés à masquer la chose... |
la butte aux framboisiers qui cacheront la voiture. J'ai mis devant les chèvrefeuilles comestibles et des hortensias |