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mercredi 25 mars 2020

Les martiens

Je me suis souvent dit, devant la civilisation contemporaine et ceux qui en sont le produit, qu'il n'y avait pas besoin de fables sur les extraterrestres et les soucoupes volantes, les extraterrestres, c'est nous, ou plus exactement, quand on reste les pieds sur terre, ce sont eux, les mutants de la modernité: hors-sol, toxiques, dépourvus d'empathie.
Or je suis tombée sur un extrait d'une lettre de Merejkovski à Wells citée par un ami russe qui me confirme dans cette impression:

Et en conclusion, permettez-moi, mister Wells, de vous rappeler: vous-même. Vous savez ce que sont les bolcheviques? Ce ne sont pas des êtres humains, ce ne sont pas des bêtes, et même pas des diables, mais vos "martiens". A présent, non seulement en Russie mais sur toute la terre se produit ce que vous avez génialement prédit dans "la Guerre des mondes". Les martiens sont descendus en Russie ouvertement, mais secrètement, clandestinement, ils grouillent déjà partout. 
Le plus terrible chez les bolcheviques n'est pas qu'ils ont dépassé toute la mesure des méfaits  humains mais que ce sont des êtres d'un autre monde, leurs corps ne sont pas les nôtres, leurs âmes ne sont pas les nôtres. Ils nous sont étrangers, à nous enfants de la terre, d'une étrangeté extraterrestre et transcendantale. 
Vous, mister Wells, vous les connaissez mieux que quiconque, vous savez que le triomphe des martiens est la mort non seulement de votre patrie et de la mienne, mais de toute la planète Terre.
Alors, comment est-il possible que vous soyez avec eux contre nous?

 Je vois souvent des réflexions, pourquoi, comment, les Russes ne se sont-ils pas révoltés, comment ont-ils pu accepter tout ce qui s'est passé chez eux, les Russes eux-mêmes se le demandent, mais on peut se poser la même question devant d'autres événements analogues dans d'autres pays. En Chine, au Cambodge. Les Chinois me semblent exactement correspondre à cette définition des martiens, car ils nuisent sans aucune retenue, ni aucun complexe à tout ce qui vit, avec de grands raffnements de cruauté, le profit de la fourmilière est la seule chose qui compte. Mais nous aurions tort de nous arrêter à l'aspect communiste de cette maladie martienne qui s'est emparée de l'humanité, car le communisme est lui-même une dérive et une conséquence. Et ce qui est décrit par Merejkovski se poursuit aujourd'hui sous forme de globalisme transhumaniste, d'une espèce de bolchevisme capitaliste et nous observons à l'échelle planétaire la sidération qui était celle du peuple russe quand il a dérapé et s'est laissé prendre par les martiens, comme une jeune fille prise dans un viol collectif. Nous avons affaire à des martiens, qui ont pris le pouvoir politique et surtout financier, et qu'aucune considération normale et morale ne peut retenir. La grande faiblesse des enfants de la terre, des gens normaux, c'est d'être incapable de concevoir le mal à l'état pur que représentent les martiens. Ils ne s'attendent pas à ce qu'ils sont capables de faire. Ils les croient idéalistes, ou irréalistes, ou incompétents, ils s'indignent, ils essaient de comprendre, font appel à toutes sortes de sentiments  et de concepts élevés dont les martiens n'ont rien à foutre, mais qu'ils peuvent utiliser avec une grande fourberie, comme le virus du SIDA se déguise pour dérouter les anticorps. Les martiens ne connaissent jouissent positivement de la souffrance, de la destruction, de la laideur, de la profanation, de la perversité et de la mort. C'est ce que Dostoïevski avait commencé à explorer dans "les Démons". Plus que par la cupidité ils sont mus par l'exécration de la vie, par ses côtés capricieux, anticonformistes, imprévisibles et généreux. Ils s'acharnent sur la noblesse, sur l'innocence, sur le talent, sur tout ce qui est beau, sacré, poétique. Ils tournent en dérision, profanent, calmonient, massacrent, mettent tout sens dessus dessous. Ce sont des martiens. Des extraterrestres, ennemis de la terre, de ses lois éternelles, et du ciel, de sa transcendance.
C'est pourquoi tout ce qu'ils font est absurde, horrible, invivable, déshonorant, incohérent, cacophonique et dément, mais ils arrivent, à force de marteler des incantations dans le tohu-bohu, à hypnotiser toujours plus de monde, fabriquant ainsi toujours plus de martiens contrefaits ou du moins suffisemment pour nous imposer l'existence affreuse que tout être normal refuse de toutes ses fibres dès les bancs de l'école, où il se demande généralement à juste titre ce qu'il fiche.
La question est: d'où cela vient-il? Quand cela a-t-il commencé? Je pense que la première manifestation d'autentique martianisme a eu lieu quand Henri VIII a commencé à détruire la civilisation paysanne anglaise communautaire, à chasser les paysans dans les villes, tout cela a commencé avec le capitalisme, l'humanisme, la renaissance, la franc-maçonnerie, avec la matérialisme, et les idéologies, avec le luciférianisme qui faisait s'exclamer à un député français révolutionnaire triomphant: "Nous avons éteint au ciel des étoiles qui ne se rallumeront plus".
La question suivante est: qu'est-ce qui a permis l'apparition de la renaissance, du protestantisme, etc. cette dérive qui a eu raison du moyen âge pour notre malheur? Bien sûr, les intoxiqués de la modernité sont persuadés que justement le moyen âge, ce sont les horreurs fantasmagoriques, l'obscurité totale et l'oppression, or tous ceux qui se sont penchés sur la question savent que c'est exactement l'inverse. Même s'il y avait des personnages cruels au moyen âge, aucun d'eux n'étaient des martiens. Gilles de Rais, malgré ses crimes affreux, n'était pas un martien, il est parti pour le bûcher en pleurant de remords et en demandant pardon aux parents de ses victimes. Est-ce que les pédophiles de l'ombre, aujourd'hui, demandent pardon, est-ce qu'ils partent au bûcher? Ivan le Terrible n'était pas un martien, alors que les dictateurs du XX°siècle, et la plupart des dirigeants occidentaux actuels, officiels ou occultes, si. La calomnie systématique du moyen âge par les martiens est une technique destinée à nous faire oublier que le monde où ils nous ont mis est insupportable et mortifère. De même qu'ils désignent leur ennemi idéologique comme le mal absolu et s'en servent pour terroriser leurs esclaves, de même, ils dénigrent les époques antérieures, pour leur faire aimer leur enfer, tout en détruisant soigneusement tous les vestiges de beauté qui pourraient, par comparaison, faire douter les hypnotisés des conquêtes du Progrès qu'ils leur ont apporté.
Aujourd'hui ces martiens ont acquis une puissance hallucinante. Ils se sont constitués en mafias transversales, et parce qu'ils ont l'argent, ils détiennent le pouvoir, l'armée, la science, la presse, l'édition et internet. Ils sont la maladie mortelle de la vie. Comment allons-nous nous en débarrasser? Je suis personnellement convaincue que le coronavirus, quelle que soit son origine, qu'on l'ait introduit ou exploité, est une sorte de 11 septembre biologique, destiné à sidérer les populations, et le plus vertigineux est que des cerveaux malades puissent concevoir de telles choses et que nous ne soyons pas en mesure de diriger sur eux un rayon de la mort qui les neutralise les uns après les autres...
J'ai su dès l'adolescence qu'ils étaient le mal à 'état pur; dès que je les ai vus grouiller dans les facs. Je les vois maintenant aux commandes, avec toutes sortes de petits trolls à leurs ordres dans la presse et sur les fils de commentaires de facebook: quelle que soit la langue dans laquelle ils s'espriment, ce sont des martiens. Aujourd'hui, il y a les hommes, et il y a les martiens. Je me fiche même de la couleur idéologique ou politique des gens. La question que je me pose, c'est: telle personne est-elle du côté des hommes ou du côté des martiens?
 Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dispersés...

 , А в заключение, позвольте, мистер Уэллс, напомнить вам: вас же самих.
Знаете, что такое большевики? Не люди, не звери и даже не диаволы, а ваши «марсиане». Сейчас не только в России, но и на всей земле происходит то, что вы так гениально предсказали в «Борьбе миров». На Россию спустились марсиане открыто, а тайно подпольно кишат уже везде.
Самое страшное в большевиках не то, что они превзошли всякую меру злодейств человеческих, а то, что они существа иного мира, их тела — не наши, их души — не наши. Они чужды нам, земнородным, неземною, трансцендентною чуждостью.
Вы, мистер Уэллс, их знаете лучше, чем кто-либо. Вы знаете, что торжество марсиан — гибель не только моего и вашего отечества, но и всей планеты Земли.
Так неужели же вы — с ними против нас?
(Мережковский - Уэллсу, Последние новости (Париж). 1920. 3 декабря)

mardi 24 mars 2020

Elle l'a ouvert, et elle l'a lu.


Nous voici à la fin de la première semaine de carême et l'appel à la conversion de saint André de Crète est une bonne occasion pour en venir à votre livre Parthène le fou et à la conversion si douloureuse mais pourtant si sincère du tsar. Merci tout d'abord de nous l'avoir fait envoyer. Nous l'avons reçu maintenant il y a un peu plus d'un mois mais comme pour Yarilo, il fallait vraiment prendre le temps de le lire paisiblement pour accueillir d'un coeur serein les combats terribles des protagonistes. Chaque ligne, chaque mot porte et le lecteur doit les recevoir à leur place pour découvrir où est aussi pour lui le destin, le combat, la transformation du coeur.
Vous dites dans l'introduction que c'est la fin du conte qui vous a habitée pendant de longues années. Mais habituellement, les contes se terminent par un quelconque "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ce qui est une fuite, car bien souvent, dans la vie, c'est à ce moment que beaucoup de choses commencent! Yarilo avait le mérite de ne pas dissimuler cette fuite, avec l'arrachement du petit Vania à la tombe de son père, mais avec Parthène le Fou, nous avons affaire à un authentique final qui n'est pas une fuite, mais qui donne la clé de cette tragique et splendide histoire qui rejoint le lecteur dans son être profond. L'avant-dernier chapitre, le XX, est un combat terrible, où le bien et le mal cessent d'être des mots abstraits mais apparaissent vraiment dans leur réalité d'authentiques démons. Et le rire de Bonnet-de-fer et du tsar, éclatant dans la proclamation du "Mort, où est ta victoire?", ce rire est vraiment magnifique.
 Au chapitre suivant on entre dans une vision symbolique de l'issue du combat contre Satan. Elle apparaît comme un envol lumineux de la famille Basmanov pour le "champ sauvage", rythmé par le chant des cosaques, et dont le dernier couplet évoque la rédemption après le mal; à travers la tombe du tsar sanctifiée par l'église. Cela peut surprendre, mais cela nous a rappelé la prière de saint Jean Damascène, dans la Prière du soir du Manuel de Prières du chrétien orthodoxe édité par Géronda Placide en 2013.
"Seigneur, ami des hommes, cette couche sera-t-elle mon tombeau? ...Je crains, Seigneur, ton jugement et les tourments sans fin... Mais que je le veuille ou ne le veuille pas, sauve-moi. Car moi, cendre que je suis, j'aime le péché, mais toi, le Dieu tout-puissant, empêche-moi de le commettre. En effet, si tu sauves le juste, il n'y a rien de grand à cela et si tu as pitié du pur, ce n'est pas étonnant, car ils sont dignes de ta miséricorde. Mais montre combien ta compassion est merveilleuse en me l'accordant à moi, pécheur. Manifeste ton amour pour les hommes, en ne permettant pas à ma malice de l'emporter sur ta bonté indicible et sur la tendresse de ton coeur."

 C'est la lettre que j'ai reçue de mère Hypandia au sujet de mon livre. On peut dire qu'elle a tout compris, et bien exprimé, comme pour le premier, Yarilo, et cela me va droit au coeur, car son avis compte beaucoup pour moi. Et aussi parce que je suis mal à l'aise pour faire ma propre pub. Libre aux gens de faire la démarche de mère Hypandia, de l'ouvrir et de le lire.

dimanche 22 mars 2020

Sauve Seigneur ton peuple

La fête de la Croix coïncidait avec celle des quarante martyrs de Sébaste, cette année, qui est aussi le jour où les enfants appellent les oiseaux migrateurs avec des petites chansons et où l'on cuit des biscuits en forme d'oiseaux. Je suis donc allée pour les vigiles à l'église de ces mêmes martyrs, à l'embouchure de la rivière Troubej. Je suis allée m'élargir l'esprit devant le lac, avant l'office. Le temps s'était bien rafraîchi, il soufflait un vent glacial.
J'aime bien cette église, je la trouve très jolie, et on y a déplacé le père Ioann, que j'aime bien aussi. Je voulais me confesser à lui, mais c'était un office épiscopal, pas le temps. L'office a été très long, trois heures, mais magnifique; non par les chants, qui étaient très bien, mais enfin ce n'était ni Valaam ni la Laure de la Trintié-Saint-Serge, mais par la ferveur, et une espèce d'atmosphère d'allégresse et d'amour qui est, je crois, suscitée par notre évêque Théoctyste: il émane de lui tant de bonté, d'intelligence, et cet humour malicieux qu'ont souvent les grands spirituels. Je voyais fondre des rangées de vieilles, dont je faisais partie, mais aussi des jeunes gens, des cosaques, et le clergé lui-même, tout le monde aime Théoctyste. Il y avait aussi peut-être dans cette joie, et cet amour ambiant, le bonheur d'être ensemble autour de la croix, face aux ténèbres montantes, quelque chose de ce que l'on ressent quand on voit les Ukrainiens autour de leur métropolite Onuphre ou de l'archevêque de Vinnitsa Barsanuphe. En de tels moments, de tels hiérarques, par ailleurs si simples et proches des gens, sont vraiment des princes de l'Eglise, nos derniers princes, et nous comprenons combien il est doux de vénérer, d'offrir son front à la main bénissante, son sourire au regard chaleureux et encourageant qui prend en considération chacun de nous. Nous étions tous heureux d'être en sainte Russie, au pied de la croix, avec notre prince évêque Théoctyste.
Sauve Seigneur ton peuple, et bénis ton héritage...
Beaucoup de gens ricanent à ce sujet dans les fils de commentaires, ils ne comprennent pas que courber le front devant quelqu'un qu'on respecte nous grandit. Ces gens-là me glacent le sang. Pour moi, il n'y a plus parmi eux ni Russes, ni Français, mais le peuple indifférencié de l'antéchrist uni seulement par la bêtise, la méchanceté, la médiocrité revendiquée et un incommensurable orgueil.
Au retour, j'ai vu que le ciel était pur et plein d'étoiles, presque comme à Solan le soir de Noël.
Je voulais retourner le lendemain aux quarante martyrs, mais je suis si lente à réagir que l'heure était passée, je suis allée à la cathédrale. J'ai communié avec joie, la joie de la veille, et je ne sais combien de temps cela nous restera possible, à Moscou, on prend déjà des mesures qui dénaturent la liturgie et l'eucharistie, quand à l'occident, il profite du virus pour tout interdire et arrêter les ecclésiastiques contrevenants. Mais je m'en remets à Dieu. Malgré toutes les questions que je peux me poser, je crois en l'eucharistie, et je crois dans tous les signes eschatologiques qui nous sont donnés.
Je conseille au passage la lecture du remarquable article du père Elie de Terrasson:
https://www.monastere-transfiguration.fr/au-feu.html?fbclid=IwAR3YPAbX1psr3fl5j8O0BvQtjB9xbovgk0xYSnaqJENGzxDTRuwEiMXJZ98
J'ai vu un cosaque que je connais un peu, c'est une famille qui me plaît beaucoup, ils ont plein de gosses, le petit dernier, Gricha, est très rigolo, je l'ai aidé hier à raccrocher son pantalon, j'ai fait cela pendant vingt ans à la maternelle. Il prend toujours des airs de gros dur, et porte souvent une chapka cosaque. Son père m'a demandé si je me faisais du souci pour la France:"Et comment ne pas m'en faire?   La France est aux mains de malfaiteurs internationaux et de leurs satrapes, qui vont en faire un énorme Kosovo, et l'histoire du virus me fait peur autant par les aspects sanitaires que par la criminelle gestion de ces gens-là et les conséquences que cela nous prépare!"
Le cosaque Alexandre ne croit pas au virus, il pense que c'est une énorme manipulation, ce qui est sans doute excessif, encore que si le virus me semble bien réel, on peut se poser toutes sortes de questions sur son apparition opportune et l'exploitation qu'on en fait. Il avait à coeur de m'expliquer que la France devait trouver son salut dans la restauration d'une monarchie orthodoxe et que pour ce faire, il fallait commander une icône où figureraient les saints français et les saints russes, et que financeraient des Français et des Russes.


A la suite du séjour des poètes, j'ai décidé de fermer la communication entre ma cuisine et la partie des hôtes, en gardant un accès par l'entrée de derrière. J'en ai fait une niche, avec des étagères, cela me plaît bien, j'espère que les chats n'iront pas tout casser. Monsieur Schtroumpf est tout à fait euphorique, il me témoigne une affection débordante, et il est extrêmement comique et expressif.
J'ai deux jeunes amis russes qui se sont exilés au Monténégro et y recueillent des chats, il paraît qu'ils sont là bas très malheureux, et ils se sont pris de passion pour ces animaux, dont ils décrivent avec humour et tendresse le caractère et les aventures. Fédia est à présent handicapé. Et Katia a eu la malencontreuse idée d'aller à Moscou, la voilà coincée là bas, loin de son mari, et des chats, pour une période indéterminée. Pourtant, il n'y a pas de cas au Monténégro, pour l'instant, et à Moscou, on est loin de la situation européenne mais on lui a refusé l'accès. Cette histoire me bouleverse, car cela ne va pas être simple pour Fédia et ses protégés, et l'on ne sait ni combien de temps cela va durer, ni comment cela va se terminer. J'en avais ce matin la larme à l'oeil.


jeudi 19 mars 2020

Giboulées


Aujourd'hui, c'était le festival des beaux nuages, un temps de giboulées, avec des averses de grésil et des bourrasques. Je recommence à "faire le tour du jardin", une activité rituelle chez maman, que j'accompagnais le matin de massifs en massifs. Pour l'instant, il n'y a pas grand chose, mais le sol
reverdit lentement, des plantes se manifestent, de toutes petites feuilles de roses trémières, de timides pousses d'iris et d'hémérocalles, deux ou trois crocus.
Il me faudrait lancer un petit potager, je me demande si j'en aurai encore la force. Pourtant, devant les désastres qui viennent, la douma conseille aux gens de se replier sur leurs datchas, leurs lopins, leurs potagers, et ceux qui ont déjà opté pour le retour à la communauté agricole ont vraiment fait le bon choix.
Je suis allée faire des courses, j'ai vu pour la première fois une bonne femme avec un masque et une affiche à la pharmacie indiquant qu'il n'y en avait pas et qu'il n'y avait pas non plus de gel désinfectant, je ne vois d'ailleurs pas très bien comment on peut désinfecter tout ce qu'on touche. Personne ne dévalise les magasins, les gens vivent normalement. On évite juste d'aller à Moscou ou de faire des déplacements inutiles.
Curieusement, aucun cas de coronavirus au Monténégro, en plein "printemps orthodoxe", et pas non plus en Biélorussie.
Ensuite, j'ai voulu aller au monastère Nikitski acheter du pain, car il y est très bon, des pirojki, et par la même occasion, je suis allée contempler le lac. Le problème est que si le site est très beau, il y a peu de petites routes où se promener tranquille et les champs sont détrempés. Pour avoir une vue dégagée et grandiose sur le lac aux teintes nordiques, exaltantes et sévères, j'ai dû traverser une zone souillée par toutes sortes de détritus. Je suis toujours énormément déprimée de voir combien en cent ou deux cents ans, on a réussi, à coup de matérialisme au front bas et d"idéologies aussi stupides qu'implacables, amener des peuples splendides à une véritable dégradation.
Je n'ai pas pu contempler le lac bien longtemps, à cause de la bourrasque et du grésil. Pourtant, il me poussait des ailes, et je changeais même de siècle, j'allais à la rencontre des Russes un peu finnois sur les bords du prince Alexandre, qui vivaient dans la beauté et la magie. De l'autre côté, je voyais le monastère, ses bouquets de coupoles qui brillaient et chatoyaient autant que les nuées, qui semblaient faites de nuées, modelées dans une masse éblouissante et argentée.
Je m'y suis rendue dans l'intention d'acheter vite fait ce qu'il me fallait, mais voilà que la dame qui tient la boutique du monastère me demande si je ne suis pas "la Française qui a un café dans le centre, joue de la flûte et s'intéresse à l'orthodoxie"! Je réponds que je suis bien française, que je suis un pilier du café français, mais qu'il n'est pas ma propriété, et que je ne joue pas de la flûte, mais comme je le peux, de la vielle à roue! Elle voulait absolument me présenter mère Solomonie, qui rêve de me rencontrer, et de m'inclure dans ses activités de chant, tout le monde veut m'inclure dans des activités de chant, et aussi me faire donner des cours de français ou de dessin, gratuits, "pour la gloire de Dieu"! En l'occurrence, les activités de chant sont patriotiques, chez mère Solomonie, on chante "debout, pays immense" ou "l'adieu de la slave", et puis aussi du chant religieux, mais pas celui qui précédait la mode occidentale, le chant znaménié. Moi, je chante du folklore, plus précisément des vers spirituels. "Devenons amies!" me propose la dame, et elle m'offre du pain, du sel noir de Kostroma, et de l'infusion de baie d'argousier. Les Russes proposent leur amitié comme me la proposaient les petites filles à l'école.
Elle hésitait entre me présenter à mère Solomonie ou à l'higoumène Dmitri, ne sachant ce que Dieu en pensait, et opta pour le second qui avait l'air bien sévère, que l'on vient voir comme un starets et qui n'avait pas de temps pour moi, et d'ailleurs, j'étais entrée acheter du pain et des pirojki, et ne m'étais absolument pas préparée à ouvrir mon âme à un starets.
Je lui dis que m'avait bien plu le père Corneille, que j'avais vu officier à la campagne. "Tous nos moines, ici, sont des saints!" me déclara-t-elle avec foi.
Elle est venue de Moscou s'installer à proximité de saint Nicétas et de l'higoumène Dmitri, et elles sont plusieurs comme cela, sous la maternelle direction de mère Solomonie. "Voyez, me dit-elle, je me plains parfois de ne pas avoir de temps pour rencontrer des gens, et ils viennent d'eux-mêmes, comme vous, au magasin! Quand c'est la volonté de Dieu..." Elle est divorcée et vit seule, mais forme une sororité avec les autres filles spirituelles du père Dmitri. "Que pourrions-nous désirer de plus que de vivre entre femmes"? me demande-t-elle. Je n'ai pas osé lui dire que j'aimais plus que tout la compagnie des hommes et que me trouver environnée de femmes me donnait plutôt des angoisses...


dimanche 15 mars 2020

Coup de froid

Surprise, ce matin - 10° et plein de neige... Hier, je regardais les premiers crocus pointer leur nez, et les voilà sous la neige.  Mais avec une belle lumière vive et de gros nuages blancs, chatoyants, qui semblent une émanation directe de la terre et du lac, leurs prolongements célestes.
Je suis allée à l'église où tout était calme. Je ne suis pas du tout prête à partir de l'autre côté, mais les jeux sont pratiquement faits, et je m'en remets à Dieu, qu'il fasse de moi ce qu'il juge bon. J'aimerais publier mes livres en russe, et écrire le troisième qui avance, que je voudrais terminer.
J'ai commencé à faire ma propre traduction en collaboration avec Natacha, elle adore mon livre, je pense que cela va aller, cela l'aidera à payer son loyer, et il faut avancer un peu.
Quand j'étais jeune, je pressentais que notre vieillesse pourrait connaître de grands bouleversements. Or ils sont plus faciles à vivre quand on est jeune que lorsqu'on est vieux, usé moralement et physiquement. D'un autre côté, on a moins de choses à perdre... Et puis, malgré toutes les questions que je peux me poser sur divers aspects de ma religion et de ses Ecritures, j'ai en fin de compte, une confiance en Dieu quasi enfantine. La certitude que lorsqu'on lui a donné une fois la main et qu'on le suit comme on peux, sage ou pas sage, il ne nous laisse pas tomber.
Il me vient comme à tout le monde les pires soupçons concernant le gouvernement français, et dans l'ensemble tous ce qu'on appelle "l'occident", et il est possible qu'ils ne soient pas justifiés, ou pas entièrement, bien que j'en doute, mais ce qui est clair, c'est qu'on n'a plus aucune raison de faire confiance à ceux qui ont le pouvoir, qui l'ont, en réalité, confisqué, et que c'est en soi, suffisamment inquiétant. Le monde est devenu une nef des fous dont le commandement scélérat la mène délibérément dans l'abîme. Plus de confiance, plus de respect, plus rien que mépris, aversion et détestation. Je suis de plus en plus indulgente à ceux qui m'entourent, à leurs faiblesses humaines, comme disait maman, "j'ai été si souvent amenée à faire ce que je n'aurais jamais cru que je ferais un jour, que je ne peux plus juger grand monde"... Mais il y a une sorte de gens qui me paraissent ne plus rien avoir d'humain, que Dieu les aime, lui, puisqu'il le peut...
Je prie tous les jours pour que les patrons de la chienne d'à côté réalisent ce qu'ils lui font, et Natacha m'a dit qu'une bonne femme était venue les voir hier, avait détaché et promené la pauvre bête, et était même entrée dans la maison avec elle. Si des amis ou des proches commencent à s'en mêler, cela peut faire évoluer les choses...
Il paraît qu'elle pleure, la nuit, Natacha ouvre les fenêtres, mais moi, fenêtres fermées, je n'entends rien.



jeudi 12 mars 2020

Poursuis ton chemin avec Dieu

A l'usage de mes proches et amis en France, je fais part des conseils du célèbre docteur Rochal, pédiatre russe très estimé, concernant le coronavirus. Afin de nous rendre plus résistants, il convient de couper chaque matin une gousse d'ail en morceaux et de les avaler à jeun avec un verre d'eau, comme des pilules, j'ai essayé, ça passe. Il paraît que ça nettoie le sang et a toutes sortes de vertus. Il conseille aussi de boire beaucoup de boissons chaudes, ce que je fais toujours, thé au miel  etc... le virus n'aime pas la chaleur, et le liquide l'entraîne vers les sucs gastriques destructeurs!
Il n'y a pas beaucoup de cas en Russie pour l'instant, la frontière avec la Chine a tout de suite été fermée, et on semble appliquer de rigoureuses quarantaines. Je ne suis pas dans la plus profonde panique, bien que je n'ai nulle envie de l'attraper, car je suis déjà âgée, et faible des bronches. Qui plus est, j'ai tous ces chats, et Rita, et l'idée de les laisser orphelins est pour moi un véritable tourment. De plus, j'aimerais écrire les livres que je suis maintenant prête à écrire, mieux vaut tard que jamais.
Je ne sais trop que penser de ce virus, car ce ne sont plus des infos que nous avons de toutes parts mais un vrai tohu-bohu, et les gens deviennent complètement dingues. Il est évident pour moi que les malfaiteurs mondialistes, s'ils ne sont pas à l'origine de la contamination, cherchent à l'exploiter à leurs fins. Je crois possible que des tarés à la fortune, et donc au pouvoir, exorbitants puisssent décider d'utiliser une telle arme, ce qui est proprement vertigineux, mais possible, et avant de me traiter de complotiste, pensez à ce qui s'est fait en Russie bolchevique et en Allemagne nazie. Ou à Daech, création de ces mêmes malfaiteurs supranationaux. Il faut parfois juste écouter ce qu'ils disent eux-mêmes, eux ou les politiciens à leur solde, ou leurs diverses éminences grises, par exemple, en France, Attali...
Chaque fois que je quitte la France, je me demande si j'y reviendrai, si je n'en serai pas coupée pour des années, voire pour toujours, étant donné mon âge et le tour très effrayant que prennent les choses.
Il fut un temps où, après les excès progressistes des années 50 60, on pouvait avoir l'illusion que l'on se calmait sur le béton, ou le DDT, que la protection des sites naturels ou urbains revenait à l'honneur, on ne pouvait plus construire n'importe quoi n'importe où, on favorisait les espaces verts, les recherches sur les maisons autonomes, les expériences écologiques, surtout en Allemagne. Puis tout cela a été balayé par le néolibéralisme, mot convenable qu'on applique à ce que je crois être la prise de pouvoir par des mafias plus ou moins satanistes qui unissent l'ultracapitalisme sans frein au rêve trotskiste de destruction du christianisme, des enracinements et des spécificités locales au profit de la création d'un lumpen proletariat général, métissé, abruti et sans culture ni mémoire. C'est dans ce tableau que s'inscrit aussi l'invasion des migrants, largement favorisée par ces mafias et servie par une propagande active, éhontée et  malheureusement efficace qui consiste à mentir avec impudence, asséner des contre-vérités avec aplomb grâce aux bons services d'une presse entièrement inféodée. C'est naturellement pour moi la confirmation de ce que j'avais compris dès les années 90: toutes les monstruosités du XX° siècle sont les multiples têtes d'un même serpent qui s'appelle progressisme matérialiste capitaliste, et il est inutile d'en opposer sans cesse les manifestations les unes aux autres. Il est né avec la renaissance, l'humanisme, le protestantisme, le capitalisme, et continue son effrayante progression. Satan est déchaîné. Au début, le monde restant massivement normal, ou du moins organique, avec une nature encore saine et des structures sociales ancestrales, on a préféré ne pas voir les problèmes et ne s'attacher qu'aux avantages apparents et aux séduisants discours, et maintenant, de plus en plus, se font jour les terrifiants ravages et le sombre avenir que tout cela nous prépare.
Mon ami Henri s'inquiète de l'installation éventuelle d'éoliennes dans le site naturel  magnifique où il va se ressourcer dans la contemplation, autour du pic de Bugarach. Ces machins à prétexte écologique, dont le seul aspect trahit le caractère satanique: c'est laid, énorme, contrefait, mortel pour les oiseaux, cela nécessite des tonnes de béton, condamne pour toute forme de vie d'énormes surfaces, et cela nous pollue nos plus beaux paysages, car en réalité, toutes les expériences qui ne sont pas, en ce domaine, individuelles ou limitées à de petites communautés, deviennent de l'industrie démesurée et donc une autre manière de nous détruire physiquement et spirituellement. Ce qui est valable, c'est la maison autonome, mais à qui rapporte-t-elle de l'argent?
Mon pic de Bugarach, ici, c'est le lac Plechtcheïevo. J'en ai repris le chemin aujourd'hui, par ce froid début de printemps où sur l'aile du vent aigre, le soleil jouait avec la pluie. Ici, pas d'éoliennes, mais l'accumulation des baraques affreuses, sans style ni proportions, qui remplacent les poétiques isbas d'autrefois. Les berges mornes et boueuses longeaient une rivière encore bleue de froid, plissée et frissonnante, et au travers des branches nues, montait l'éternelle floraison dorée des coupoles et des croix qui jetaient sur les flots de longs feux jaunes. Et puis je suis arrivée sur le béton qui borde désormais l'église des Quarante Martyrs, et qu'ornent de bêtes thuyas pas très en forme, là où s'élevaient des saules mousseux, l'été, comme de verts nuages. Et le sévère lac nordique s'est ouvert à moi comme l'espace énorme et fascinant d'au-delà la mort prochaine, avec sa glace mitée où serpentaient des reflets turquoise et verdâtres, invinciblement attirés au large par la béance sombre des flots, et les torsades d'argent que traînait derrière elle une lumière rase. Je me suis assise sur un banc. J'étais très fatiguée, je n'avais pas marché comme cela depuis longtemps, et puis le carême peut-être.

Le peintre Alexandre Pesterev dit que tôt ou tard, tout sera détruit.
 Les autorités israéliennes, pour cause ou sous prétexte de précautions sanitaires, vont interdire l'office de la descente du feu céleste, au tombeau du Christ, qui a lieu depuis des siècles et dont la tradition orthodoxe prédit que l'interruption serait le signe de l'apocalypse imminente.






J'ai prêté attention à un écriteau, sur la balustrade:

Cher ami, 

Arrête-toi, assieds-toi, repose-toi un peu;
regarde autour de toi, comme c'est beau!
Réfléchis au fait que tu es vivant, vérifie
la justesse de tes mots et de tes actes et 
ensuite, poursuis ton chemin avec Dieu




mardi 10 mars 2020

Leur malheur


Pluie glaciale. Cet hiver trop doux se termine par une interminable période déprimante et boueuse.  J’ai toujours mes deux « locataires ».  Ils m’avaient dit qu’ils allaient récupérer un appartement , mais cela ne va pas marcher. Pour retrouver une intimité convenable, je vais fermer la porte de communication entre la cuisine et l’autre partie. Je suis obligée de laisser un accès à leur cuisine où sont les compteurs. Mais je vais pratiquer un autre accès, faire comme je le voulais une petite terrasse ou une véranda pour les locataires. De sorte qu’en attendant qu’ils s’en aillent, je serai plus tranquille. Et quand ils s’en iront, je louerai ponctuellement. De toute façon, même avec des locataires ponctuels ou une famille d'amis, il serait nécessaire de mieux séparer les deux logements.
Je suis profondément perturbée par la chienne des voisins, une adorable et intelligente jeune chienne, j’ai l’impression que c’est un patou, donc une bête énergique faite pour travailler avec des moutons. Elle est tout le temps à la chaîne, ils lui ont fait une grosse niche qui doit être froide, car les petites niches permettent aux chiens de créer un microclimat, grâce à leur haleine, et qui reproduit la grosse maison du patron. Mais en ce moment, avec la boue, elle est sous la pluie, crottée boueuse. Ils la nourrissent bien, et lui font quelques caresses en passant, ils sont sans doute persuadés de la traiter normalement, puisqu’elle n’est ni battue ni affamée, alors que certains meurent de faim au bout de leur chaîne. Elle périt de solitude et d’ennui, et pousse parfois des plaintes désespérées. Mais elle leur fait des fêtes, sa fonction de chien est d’aimer ses maîtres, et elle a besoin d’amour, comme toute créature sociale évoluée. Si au moins le bonhomme prenait deux heures par jour pour aller la promener, jouer avec elle…Mais non, ça ne lui vient pas à l’idée. Je n’arrive pas à comprendre comment on peut vivre avec cela, avec cette pauvre prisonnière à la vie sacrifiée, sans jamais se poser de questions. Par ailleurs, ces gens sont très aimables, très bien disposés envers moi. Je ne vois absolument pas ce que je pourrais faire pour cet animal. Je prie pour que Dieu rende ses patrons un peu moins bouchés à l’émeri : ils aimeraient être à la chaîne dans une cour boueuse, sans stimulations autres que de voir passer les gens et les voitures, et sans contacts affectifs ? Je ne sais plus lequel de  mes divers conseillers spirituels, peut-être la mère Hypandia, m’avait conseillé de confier à Dieu le malheur d’autrui quand je n’y pouvais rien. Mais le spectacle de cette chienne me gâche tellement la vie que je déménagerais, si je ne pressentais qu’ailleurs, je trouverais autre chose du même genre. S’ils pouvaient déménager et l’abandonner, je la recueillerais.
Les amis qui sont chez moi en ce moment pour une durée indéterminée la caressent, et il parait qu’elle réagit avec une détresse bouleversante, raison pour laquelle moi, je ne vais pas le faire. J’ai dit à Natacha, qui n’est pas ici pour toujours, qu’elle pourrait peut-être essayer de parler délicatement à ces gens, ce que d’ailleurs elle pensait faire.
La cruauté des gens, qui est souvent de la bêtise, m’aura toujours gâché la vie. Quand je lis des considérations de divers religieux sur le fait que les animaux n’ont pas d’âme (mais je connais aussi au moins autant de religieux qui ne sont pas de cet avis) je ne peux absolument pas être d’accord avec cela. Ce serait d’une injustice impossible, et puis ce n’est même pas intellectuellement recevable. Je suis persuadée que chaque être vivant qui arrive au monde est destiné à expérimenter la vie par tous les pores, par tous les sens, odeurs, saveurs, couleurs, et par tous les sentiments. Même si cette vie est brève. Ou même si l’être en question, lorsqu’il est humain, se détourne ensuite par ascèse de cette jouissance immédiate d’exister, ce qui m’est complètement étranger. Même à mon âge, l’été, je savoure le contact du vent, de l’eau, du soleil, la beauté du monde qui m’entoure, les nuages, les étoiles, la joie des réunions entre proches, la vie, en un mot, et j’emporterai cela avec moi, tout ce que j’ai vu, admiré, senti, aimé.  « Nous partons là bas avec tout ce que nous aimons » m’a dit mon père Valentin quand je pleurais un chat assassiné par des cons. Et la prière m’apparaît comme le prolongement dans l’éternel de cette intensité de vie.  Alors que dire de ce que nous infligeons à d’autres êtres, de façon complètement arbitraire ? Au nom du droit que nous nous arrogeons sur eux ? D’acheter un jeune être et de le mettre à la chaîne devant chez soi, ou dans une cage ? De faire vivre des animaux dans des conditions épouvantables, pour ensuite leur faire connaître une mort absolument atroce ? De les faire venir au monde juste pour ça, pour souffrir, nous nourrir et surtout nous enrichir ? Auront-ils connu le destin prévu par le Créateur ou la nature, jouer et faire des câlins avec ses congénères, s’imprégner de soleil et de vent, chasser, procréer, exulter avant de mourir ? Or ils ne sont un amas de cellules sans sentiments ni raison que pour les imbéciles que cela arrange de se croire infiniment supérieurs et de justifier leur tyrannie de plus en plus ignoble sur tout ce qui vit et qui a autant que nous  le droit de vivre, de vivre vraiment, et de ne pas souffrir sans espoir  dans l’enfer que nous faisons de la terre à nous confiée. Je crois qu’au jour du Jugement,  beaucoup d’animaux témoigneront contre les hommes.
Une grande découverte de cette première semaine de carême que j'ai fait rigoureux: chaque jour qui passe, j'ai moins mal au genoux. Comme quoi la preuve est faite que les produits laitiers sont effectivement un poison pour les articulations. Dans un sens, je ne m'attendais pas à retrouver un usage plus facile de mes jambes et des nuits sans douleurs. Mais dans l'autre, je me retrouve au carême pour toute ma vie, car j'adore les produits laitiers et m'en passer sera une grande privation et me compliquera aussi la vie.