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lundi 8 février 2021

Antigone

 J'ai les honneurs de l'Antipresse! 

RECONQUÊTES par Slobodan Despot Le temps des Antigones 


Dans cette naissance à soi qu’est le NON radical, j’ai vu des femmes s’illustrer plus entièrement que des hommes. Elles m’ont rappelé que la longue filiation des objecteurs de conscience descend de leur ancêtre Antigone. L’homme commence là où il dit: «non». C’était la devise de ma collection «La Fronde» à L’Age d’Homme. Je ne veux pas parler du «non» qui grogne accoudé à un zinc, mais du NON dressé comme une hallebarde qui risque d’être notre dernière parole. C’est le non qui nous engage bien plus fort que n’importe quel oui. Le non qui protège le dernier rempart du sanctuaire intérieur, celui du «ici je me tiens, je ne peux faire autrement» de Martin Luther. En 2020, j’ai dû féminiser cette devise, du moins la rendre inclusive. Dans cette naissance à soi qu’est le NON radical, j’ai vu des femmes s’illustrer plus entièrement que des hommes. Elles m’ont rappelé que la longue filiation des objecteurs de conscience descend de leur ancêtre Antigone. «Il y a des lois au-dessus des lois». La reconquête de notre liberté n’est rien d’autre que la soumission à ces lois-là, non écrites et donc seules sacrées. Ema Krusi designait et vendait des chaussures de luxe dans le quartier chic de Genève. Le confinement a mis à mal son affaire. Elle en a rajouté. A peine eut-elle rouvert sa boutique qu’elle a décidé de n’imposer à personne le port du masque — et l’a affiché en toutes lettres. Fermeture arbitraire. Procès. Ema s’est lancée corps et biens dans la défense de la raison et des libertés, sur YouTube. Lorsqu’elle m’a proposé un entretien vidéo, j’ai été réticent. Que vient-elle faire là, cette Barbie de la mode? Pourquoi fais-tu cela? lui ai-je demandé. — Pour pouvoir regarder ma fille sans rougir le jour où me posera la question: «Qu’as-tu fait, toi, à l’époque où l’on nous enfermait?» La blonde en stilettos masquait une maquisarde en treillis… Encore une Suissesse: Myriam. Elle a voulu voir la Syrie de ses yeux, visiter Alep et tous les lieux dévastés. Elle a compris la perversité de la fable qu’on lui avait servie dans les médias. Recueilli des témoignages. Réfléchi. Analysé. Décidé d’en faire un spectacle théâtral. C’est sage: les vérités les plus choquantes ont besoin parfois des passerelles de la fiction. Son art est l’inverse exact du cerveaulavage mainstream, qui s’emploie à faire passer la mise en scène pour seule vérité. La pièce doit se jouer en mars, dans l’un des pays les plus imbibés de bienpensance. Myriam y a investi son temps, ses relations, son statut social, sa vie. A Paris, Aude Lancelin avait entamé une belle carrière dans le journalisme bon teint, habile et brillante comme une langue qui flatte. Elle n’a pas tenu. L’impatience est la vertu des héros, ceux qui spontanément bondissent hors de la tranchée. Mieux vaut essuyer le feu que se noyer dans la boue. Aude jette des 1 1 Antipresse 271 pierres dans la façade des rédactions en vue. Pierres intitulées Le Monde libre, puis La Pensée en otage. S’armer intellectuellement contre les médias dominants. Vire à l’extrême gauche. Fonde Quartier général pour suivre la devise de Zinoviev et devenir «un gouvernement à elle toute seule». En 2020, elle signe son kompromat définitif, comme diraient les barbouzes: c’est La Fièvre, roman en hommage au martyre des Gilets jaunes, la plus violente diatribe j a m a i s é c r i t e contre la caste qui les éborgne. Où, nul hasard, c’est un jeune journaliste de Libé, Eliel Laurent — quelle phonétique de la fellation! — qu’on essaie de déniaiser de ses stéréotypes dévots sur le monde et la vie. Mais la cible, c’est le tout-Paris, c’est l’entre-soi des cachemires roses et de la bande à Duhamel, ce sont les rites d’une insondable hypocrisie devenue religion officielle. Lancelin ne tombe pas dans le maniérisme de la déchéance façon Houellebecq, elle veut d’évidence dire les choses, aller au plus pressé. Son roman est un acte d’accusation. Et son procureur, la voix du souterrain et de l’inaltérable conscience humaine, n’est autre qu’un homme de ménage, le nettoyeur de chiottes qui ne verra d’autre issue à ces cascades d’immondices que l’intervention surnaturelle. «Je ne crois plus qu’à ça, à vrai dire: la sortie d’Egypte! Je ne sais pas encore quelle forme elle prendra, mais je sais qu’elle viendra un jour…» (p. 171) La sortie d’Egypte! En lisant La Fièvre, j’ai pu croire qu’elle se rapprochait un peu. Très loin de là, à Pereslavl-Zalesski, Laurence Guillon mène un tout autre combat. Orthodoxe, son père spirituel lui a recommandé de quitter la France tant qu’elle en avait la force. Elle s’est installée, seule, dans sa patrie spirituelle. Et là encore, sur son lac menacé, cernée de néorusses spirituellement illettrés, elle lutte contre la laideur uniforme qui s’étend sur le monde. Elle fait redécouvrir aux locaux leurs propres chants que leurs parents ont oubliés. Elle combat les constructions sans âme ni goût, peint dans ses Chroniques de Pereslavl(1) les dérélictions de l’âme et la mue des saisons. Ses cinq chats et sa chienne sont des êtres doués d’âme, j’en témoigne de visu. Et même sa vielle à roue(2). Tant que les Antigones existeront, l’humanité sera épargnée. 

NOTES 1. chroniquesdepereslavl.blogspot.com 2. Vidéo: Laurence avec sa vieille à roue chantant une vieille chanson cosaque (4 min). • Texte paru simultanément dans le n° 188 (Février 2020) de la revue Éléments.

https://antipresse.net/aparchive/271643/Antipresse-271.pdf?mc_cid=bdd296797d&mc_eid=afabf62dac


Je la chante trop mou, mais j'étais un peu malade. J'en ai fait une adaptation française qui ne trahit pas du tout le sens.

Les pigeons gris 

 

Nous avons dormibeaucoup trop dormi 

Et laissé passer le Royaume promis 

Et laissé passer le Royaume promis 

Sont venus volant deux beaux pigeons gris 

Sont venus volant deux beaux pigeons gris 

Non ce ne sont pas des pigeons volants 

Non ce ne sont pas des pigeons volants 

Mais des anges d’argentdeux beaux anges blancs 

Mais des anges d’argentdeux beaux anges blancs 

De mon âme en peine les gardiens vigilants 

De mon âme en peine gardiens éplorés 

Qu’as-tu fait mon corpsqu’as-tu donc méfait? 

Qu’as-tu fait mon corpsqu’as-tu donc méfait? 

De ce beau Royaume ne t’es pas soucié 

De ce beau Royaume ne t’es pas soucié 

Le feu de l’enfer tu m’as préparé 

Le feu de l’enfer tu m’as préparé 

Le feu dévorantpour l’éternité 

Le feu dévorantpour l’éternité 

Maintenantmon corpson va t’enterrer, 

Maintenantmon âmeon va te juger. 

Maintenantmon âmeon va te juger. 

Devant le Seigneurtombe donc à ses pieds 

Devant le Seigneurtombe donc à ses pieds 

Seigneur tends moi la mainSeigneurprends pitié 

 

 

dimanche 7 février 2021

Transmission

 Nous avons quand même un bel hiver. Il fait à nouveau froid, - 18, avec de la lumière. Je pense qu'après cela, nous arriverons au mois de mars, et si ce ne sera pas encore le printemps, nous n'aurons plus de températures extrêmes, nous verrons fondre la neige, pousser les crocus et les jonquilles, et je pourrai entreprendre la réorganisation de mon jardin à la suite de la catastrophe que furent l'implantation proche de la cabane en plastique sur pilotis et surtout l'avalanche de terre destinée à servir de socle à la sacro-sainte bagnole que le voisin entend vénérer quotidiennement depuis sa terrasse. Il va me falloir déplacer et planter des tas de choses, trouver un moyen peut-être d'intégrer des espaces légumes au sein de mes fleurs, et surtout, orienter la maison différemment, de façon à entrer, sortir et m'asseoir loin du monument à l'Automobile et des parties de brochettes bains de vapeur.

Hier soir, Moustachon a ramené un adorable petit oiseau, de ceux que je nourris avec amour, et j'ai cru que j'allais assommer cet imbécile repu qui bouffe comme un canon et va encore chasser pour le plaisir. Ce matin, Blackos, qui est de loin le pire de tous les parasites qui me pompent la substance, après avoir vomi sur mon lit, est allé chier sur le divan, et se planquer je ne sais où, car il sait parfaitement que cela me met en fureur. Ce qui ne l'empêche pas de me regarder avec des yeux de merlan mort d'amour, mais je comprends de mieux en mieux ceux qui abandonnent de tels malfaiteurs, bien que je sois incapable de le faire. J'ai lavé deux fois en deux jours le tissu que je mets pour protéger le divan.

Par dessus le marché, ma locataire joue avec moi les gourous orthodoxes, et pourtant justement, je ne la trouve pas très orthodoxe. Elle ne désespère pas de m'amener à prier avec elle et à participer aux vidéoconférences quotidiennes avec sa communauté, et moi, je suis du genre à "fermer la porte de ma chambre" pour prier seule, quand je suis en train pour cela, et autant je pourrais le faire spontanément en certaines occasions, autant ce prosélytisme me casse les pieds, nous ne somme pas des témoins de Jéhovah. Quand j'ai envie de prière commune, je vais à l'église. En fait, en dehors du père Valentin, il y a trois personnes avec qui je parlerais de mes problèmes spirituels, c'est mon amie Liouba, qui est très sage et très profonde, Henri et Dany.

Je vois des gens m'écrire comme si j'étais une poutiniste enragée; mais en face de Navalny, je soutiendrais un chimpanzé ou un crocodile, tant ce type est une nullité manipulée que seuls de petits cons décervelés et des intellectuels à côté de la plaque peuvent considérer comme une alternative. Nous n'avons plus la possibilité d'une démocratie, si tant est qu'on l'ait jamais eue, et jusqu'à récemment, la popularité énorme de Poutine lui donnait une légitimité populaire absolue à mes yeux. Un pays où l'on peut respirer sans masque, où les cafés, les restaurants et les magasins sont ouverts, où l'on peut sans problème pratiquer sa religion, créer ce qu'on veut, dire ce qu'on veut, voir qui on veut, aller où l'on veut, où l'on ne fait la chasse ni aux croix, ni aux crèches, ni aux sapins de Noël, ni même aux voiles, où l'on n'est soumis à aucun diktat idéologique ne peut pas être considéré comme un tyrannie. Il y a des tas de choses qui ne vont pas ici, elles ont souvent tout à voir avec ce qui ne va pas chez nous: la toute puissance des structures supranationales, des banques, des oligarques psychopathes richissimes, les bouleversements sociaux et même anthropologiques qu'ils veulent nous imposer. Ce qui suppose l'abrutissement de la population et sa perversion, pour la préparer à sa disparition et sa dissolution dans un magma multicolore et arc-en-ciel complètement stupide. D'autre part, il est incontestable qu'on risque beaucoup plus à empiéter sur les intérêts de promoteurs mafieux qu'a soutenir des idées politiques dissidentes. Comme me le disait déjà le voisin, pourtant libéral, du père Valentin, à propos de sainte Politkovskaïa, "les crimes ne sont plus chez nous liés à une idéologie mais à des intérêts mafieux".

Je pense que Poutine déçoit son électorat, non parce qu'il est le croquemitaine présenté comme tel aux gogos français par des russophobes rabiques tels qu'Ackermann, Vitkine, Glucksmann et autres clones de Trotski, mais parce qu'il ménage trop la chèvre et le chou, il veut trop plaire à ses partenaires. Contrairement à ce qu'on raconte en France, il n'a aucune envie de faire la guerre, le pays est convalescent et n'en a pas les moyens. Il a récupéré la Crimée, mais il a laissé tomber le Donbass; il a laissé l'Ukraine devenir un trou noir mafieux. Peut-être d'ailleurs ne pouvait-il pas faire autrement. Cela dit, sans lui, la Russie n'existerait plus, ou serait réduite à l'espace de celle d'Ivan le Terrible, assiégée par les tatars et les Polonais. C'est sans doute parce qu'il a évité cela que les néocons le détestent tellement.

Il y a 20 ans, il avait tout le pays derrière lui, et il nous parlait des ciments spirituels et culturels de la Russie, mais il a laissé construire le centre Eltsine de Ekaterinbourg, cette antenne maléfique de la propagande américaine où l'on amène les gosses par classes entières entendre et voir tout ce qui peut salir et rabaisser leur pays, et le leur faire détester, en leur proposant le radieux modèle occidental dont nous voyons aujourd'hui la brillante réussite au pays des racailles souveraines et des concombres masqués. La télé est un instrument à décerveler et à avilir, exactement comme partout ailleurs. Les ministres de la culture successifs n'ont qu'une idée, c'est déconstruire la Russie en marginalisant et démodant sa culture au profit de merdes occidentales répugnantes. L'éducation est également détricotée sur le modèle américain, la famille exposée aux injustices et à l'arbitraire de la justice juvénale. Que fait Poutine? Les navalnichons sont le produit de tout ce qui s'est fait ou ne s'est pas fait, pendant les vingt dernières années.

Un ami qui émigre en Russie en passant par la Biélorussie s'effraie de voir des enfants de familles orthodoxes s'enavalnichoner. Oui, moi aussi, mais si je milite pour la restauration du folklore partout où c'est possible, c'est parce que malheureusement, une éducation orthodoxe ne suffit pas. A la limite, quand sous l'URSS, antirusse et anticléricale dans sa conception, les gens bénéficiaient encore de leur folklore localement, écoutaient de bonnes chansons et de la musique classique, lisaient les auteurs russes du XIX° siècle, même censurés et triés, regardaient des films soviétiques appelant à l'héroisme et au sacrifice, pouvaient encore contempler des sites historiques ou naturels qui n'étaient pas ravagés par une lèpre immobilière incontrôlable, ils restaient plus imprégnés d'esprit russe et d'orthodoxie qu'actuellement, où la religion est librement pratiquée, et toutes les publications permises mais confidentielles. La censure se fait maintenant par l'omission, la marginalisation, le dénigrement, la paupérisation, la substitution dans l'espace médiatique, de la soupe mondialiste vulgaire partout imposée au terreau culturel, mémoriel et spirituel indigène. Les familles orthodoxes trainent leurs enfants à l'église, mais le terrain est mal préparé. En dehors des séances d'église, il n'y a souvent rien, ni musique en commun, ni lectures de classiques, ni visites de musée, ni conversations. Un enfant a besoin de contes, d'épopées, de modèles héroïques, il a besoin d'admirer pour imiter. L'église lui demande un trop gros saut pour se mettre au niveau, il manque toutes sortes de paliers intermédiaires. J'ai connu un prêtre en Biélorussie qui organisait une bibliothèque que je supposais religieuse, et il m'avait répondu: "Mais nous n'en sommes pas là, si déjà ils lisaient les classiques..."

Les familles réussies que je vois autour de moi ne sont pas seulement orthodoxes, ce sont des folkoristes, des cosaques, des artistes aussi. Avec des enfants à la fois épanouis et adorables, équilibrés. La famille Rimm par exemple, où ils sont si frais et purs, et ont toujours le réflexe de partager, de demander qu'on n'oublie pas de servir leurs frères et leurs soeurs. Ou le plus petit prend déjà des airs virils et suit, éperdu d'admiration, l'ataman à la trace. Les enfants de Kolia Sakharov, éblouis par leur père sur scène. Ceux de Skountsev; ceux de Sacha Joukovski. 

Les cosaques de Pereslavl qui font beaucoup d'enfants et forment une communauté unie dont ils représentent l'espoir et la projection dans l'avenir, les ont mis au monde pour leur pays, et tout ce qu'il représente, ils cherchent à élever des héros et d'éventuels martyrs. Et ces enfants en sont heureux, car ils s'inscrivent dans quelque chose de grand, avec des adultes qu'ils respectent, qui leur offrent un modèle à suivre.

J'ai vu un film qui présentait des couples de jeunes folkloristes et expliquait très bien en quoi la musique traditionnelle avait cimenté leurs relations et donné à tous les jeunes qui le pratiquent une échappée dans un autre monde, profondément satisfaisant, profondément en accord avec la nature humaine et son besoin d'échanges, d'appartenance à une communauté. Une communauté qui va plus loin que les engouements de la mode, car elle a des ramifications dans le passé et une projection dans l'avenir, par l'effet de la transmission. C'est-à-dire tout le contraire de la navalnomanie, qui méprise généralement ce qui est russe, comme le bobo chez nous méprise le franchouillard.

 


Je suis parfois assez critique avec l'administration russe pour pouvoir affirmer que dans le monde où nous vivons, quand cela ne va pas trop mal, qu'on vit en paix et qu'on conserve des libertés fondamentales, celle de culte, de pensée, et d'entreprise, il vaut mieux lutter localement avec ce qui ne va pas que tout foutre en l'air car nous n'aurons pas mieux, nous aurons pire. Et même bien pire. Nous aurons l'Ukraine, ses bandits de grands chemins à folklore néonazi, ses oligarques à triple passeport, ses mercenaires otanesques, ses règlements de compte et ses persécutions.

vendredi 5 février 2021

Anniversaire à Peredielkino


 Prise d'insomnie sévère, je suis partie pour Pereslavl à cinq heures du matin, pensant que de toutes façons, je serais crevée le lendemain, alors plutôt que de tourner encore trois heures dans mon lit, autant rouler...

Mal m'en a pris, car il neigeait, et je me suis retrouvée sur le périphérique extérieure, le MKAD, de nuit, dans la tourmente, je ne voyais même pas les lignes blanches de la route, je recevais des paquets de bouillasse à chaque passage de camion, le liquide antigel gras diluait les lumières des phares, sur le pare-brise, et je distinguais les lettres des panneaux au dernier moment. J'étais déjà épuisée en abordant enfin la route de Iaroslavl. Je me suis arrêtée dans une station service au centre commercial Leroy Merlin de Pouchkino pour boire un café. Puis une autre fois quarante kilomètres plus loin, et là, j'ai dormi vingt minutes en attendant qu'il fasse jour.

Si j'étais dans cet état-là, c'est que je n'ai pas arrêté de voir des gens, qui à chaque fois, me servent à bouffer et du thé, le thé, en fin de journée, m'empêche de dormir, surtout à dose massive. J'étais allée chez Macha, avec laquelle on ne peut avoir une conversation normale à cause de ses gosses, ce qu'elle admet elle-même. Je me pose du reste des questions sur les générations nouvelles, car écrivant mes souvenirs d'enfance, je me souviens parfaitement, que la plupart du temps, avec ma cousine, avec ma copine Agnès à la Surelle, ou avec mon amie Carole à l'Armençon, non seulement nous jouions seules, mais nous n'avions aucune envie que les adultes viennent au milieu nous casser les pieds. Ce sentiment était d'ailleurs, à mon avis, réciproque. Les adultes étaient trop contents de pouvoir deviser sans enfants dans les pattes.

Ensuite, je suis retournée chez les Messerer, avec qui j'ai encore bu le thé, puis je suis allée chez Lisa, chez qui j'ai à nouveau bu le thé, et mangé des gâteaux... 

Lisa a une impressionnante collection de sifflets et de jouets de terre traditionnels, pas seulement russes, mais d'Asie Centrale, de Pologne, des pays baltes et scandinaves, tout cela entassé dans la chambre minuscule de sa minuscule maison de Peredielkino. Elle a aussi énormément de livres sur la question. Cette passion remonte à son enfance. Elle m'a montré sur un livre trois jouets qui lui ont été ensuite offerts par l'auteur du livre lui-même, quand elle l'a rencontré à l'âge adulte. 

Elle a aussi beaucoup de vêtements traditionnels qu'elle fait elle-même, avec des étoffes magnifiques, qu'une association d'enthousiastes imprime à nouveau, et elle les porte pour les fêtes. Dans la vie ordinaire, c'est plutôt le genre sportif, jeans et baskets. Elle fait également des vêtements actuels inspirés par le style traditionnel. Elle m'a montré une jupe qu'elle a composée avec un bout de tissu dont on se servait quelque part de serpillère. Elle a demandé à le récupérer, l'a lavé et utilisé, en lui ajoutant des applications d'autres tissus, et obtenu quelque chose de très stylé.

Je ne sais pas comment elle a le temps de faire tout cela, en plus de son boulot de pédiatre, et de voyager en Russie. Naturellement, elle est jeune, mais quand même, elle a une sacrée énergie. sur le seuil, elle m'a offert une poupée traditionnelle russe qu'elle a faite elle-même.



La veille, j'avais fêté mon anniversaire chez les Messerer, dans leur grande maison qui fait souvent office de galeries de tableaux, les leurs et ceux des copains. Je ne savais où poser les yeux tant il y en avait de superbes, consacrés à Saint-Pétersboug et sa poésie nordique fantasmagorique. C'était en petit comité, par rapport à l'année dernière chez Dany et Iouri, parce que Peredielkino, c'est plus loin, et la salle à manger n'a pas la dimension de leur théâtre. Mais c'était très gai, chaleureux et touchant. Skountsev était là avec sa femme, de sorte que nous avons pu sacrifier à la tradition russe, qui est de chanter à table. J'ai porté un toast "aux couples présents, car moi qui suis seule, je ne peux que saluer ceux qui se sont trouvés sur la base d'un univers spirituel et culturel commun et ont réussi à passer toute leur vie ensemble, plus ou moins dans l'harmonie." Marina Skountsev, les larmes aux yeux, s'est écriée: "Lora, Dieu vous bénisse!"

https://www.facebook.com/laurence.guillon.10/posts/10222237085349791?__cft__[0]=AZXHJu6x84R9YI58ljURyQ59gFeeWyx6Zn-8lEjp9M14fNfdSSj-TP_dnRIh32fSxHWYUG65SSH_EuIHkK7w2JqkZfUm2xeqqqbThA8vUPS8TMFHqeiv5ZWx4KRFJX7L3NXS8yczY02gomFObc4Wn8ee2kv2Lw8_h3k6EXyWvYY0Ag&__tn__=%2CO%2CP-R

Sérioja et Tania Lochakov m'ont proposé de fêter chez eux l'anniversaire suivant, eux aussi vivent en dehors de Moscou. Il faut croire que mon anniversaire est en passe de devenir un événement mondain!

au premier plan Kostia Soutiaguine, puis Sacha Messerer

Skountsev et Marina

Ritoulia est aussi de la fête
avec Serioja Lochakov