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mardi 13 juillet 2021

Album de Kourmych

 




Une fausse manoeuvre a détruit l'article que j'avais terminé hier sur mes derniers moments à Kourmych. Je suis allée me baigner encore une fois dans la Kourmychka et j'y ai relâché un poisson que le père Vladimir avait pêché et oublié dans un seau, la dernière fois qu'il était venu, il y a de cela deux ou trois mois. Par je ne sais quel miracle, le poisson était toujours vivant, dans l'eau trouble et verdâtre. Tous les autres avaient été mangés, et lui restait seul dans sa prison. Je l'ai descendu à la rivière dans un bocal. Il n'a pas compris tout de suite, il restait immobile sur la vase du fond. Mais après que j'ai nagé un moment, je ne l'ai pas retrouvé, il avait fait la belle.

La chaleur étant devenue supportable, j'ai fait un tour de Kourmych avec Sacha. On voit que cette bourgade somnolente et délabrée a été autrefois une petite ville prospère, elle avait même un lycée qui achève de s'effondrer. Beaucoup de très jolies maisons tombent en ruines. Mais pour ce qui est des autres, elles sont souvent restaurées avec beaucoup plus de souci d'authenticité qu'à Pereslavl, ou peut-être que les gens restent plus traditionnels. S'ils recourtent aux clôtures préfabriquées en métal, ils préfèrent celles qui sont à claire-voie, et les harmonisent au toit et au reste de la maison. S'ils recourent au maudit siding, ils conservent souvent les encadrements de fenêtres sculptés qu'ils mettent par dessus, ce qui limite les dégâts esthétiques. Génia me dit qu'ils chérissent encore leur folklore et jouent de l'accordéon, ceci explique cela.

Nous sommes allées nous asseoir sur l'escarpement, au dessus de la rivière, sur laquelle nous avions une vue magnifique. Nous avons été rejointes par un architecte très bavard. Et je me sentais d'humeur purement contemplative. Je regardais les branches agitées par le vent qui déplaçaient et mélangeaient des morceaux de ciel bleu, et les phosphorescences fugaces de leurs feuilles touchées par le soleil. Les lointains, les mouettes, les hérons... Kourmych a quelque chose de captivant et d'étrange, une sorte de moyen âge encore proche, bien que violé par le soviétisme, et le souvenir de la nonchalance raffinée des villes de marchands du XIX° siècle. On se sent là hors du monde, hors du temps, entre le cosaques, les streltsi d'Ivan le Terrible et les gardes rouges. 

le lycée...


A quelques mètres de la tombe du "héros de la révolution" qui massacra tant de gens à Kourmych, on a dressé une croix à la mémoire de ses victimes. Les deux monuments sont régulièrement fleuris. A noter que les vieilles komsomoles font le signe de croix devant l'étoile rouge de celui qui fusilla sommairement les prêtres du pays.

Le jour de la fête des saints Pierre et Paul, nous sommes retournées dans ce merveilleux village de Bortsourmani où repose dans sa châsse saint Alexis, arrière-arrière-arrière grand oncle de Sacha. J'avais très mal dormi, mal à la tête, nous avons failli ne pas y aller mais j'ai dit à Sacha: "C'est la fête, je me suis préparée à communier, allons-y..." Et je ne l'ai pas regretté, car cet office était à la fois si simple, et si spirituel. Ce sont les fils du prêtre, le père Andreï, qui constituent le choeur, et ils chantent sans fioritures, avec gravité, c'était beau et recueilli. C'est son plus jeune garçon, âgé de sept ou huit ans, qui lit l'Epître, dans sa tunique dorée de servant d'autel, et avec tant de fermeté, sans se tromper, d'une voix claire et forte... Je pensais à Sacha, le fils du père Antoni, de Cannes.

Sacha se dévoue complètement à ce pays où l'a amenée sa quête mystérieuse de ses ancêtres. Elle est persuadée que ce sont eux qui la guident, et qu'elle accomplit leur volonté. Elle s'occupe non seulement de l'église où ils officiaient mais de celle qu'on vient de rendre au culte un peu plus loin, elle donne du travail et de la considération à l'Afghan Génia, de l'attention aux enfants du village, qui en ont parfois bien besoin. Elle est toujours en quête de fonds pour restaurer et relever, écrivant de tous les côtés, sollicitant les uns et les autres, suppliant les artisans, rédigeant la chronique de ses travaux d'Hercule pour attirer des soutiens à sa cause. Rien ne l'arrête, car elle répare une déchirure, elle renoue les fils brisés, elle rend Kourmych à Kourmych en retrouvant ses ancêtres perdus, et recueille tout ce qu'elle peut trouver sur les rives désolées de nos naufrages historiques et culturels, pour que son petit pays ruiné récupère sa mémoire, et qui sait, peut-être un peu de sa prospérité.

Je vois que Génia l'admire éperdument. Je pense parfois aux reîtres de Jeanne d'Arc. Car Génia a tout du guerrier perdu, le physique et la mentalité. Il est pur et touchant, et quand nous avons pris congé, il avait les larmes aux yeux.

Je mets ici mon album de Kourmych, les photos de Sacha, les miennes, tout en vrac:

Sacha et les enfants de Kourmych






Avec le père Basile....



La première confession du petit Roma




Génia au travail


la "belle église"



dimanche 11 juillet 2021

Davai


 Mon séjour à Kourmych tire déjà à sa fin. Je me suis encore baignée dans la Kourmychka. Je voulais y aller hier soir, mais j'ai entendu de loin des cris et du rap et j'ai rebrousse chemin, j'ai une horreur pathologique du bruit et de la musique de merde. Ce matin, silence surnaturel, juste le vent, et personne, juste l'espace et quatre hérons, je n'en avais jamais vu de si près. Je pouvais entendre le bruit feutré de leurs ailes. J'ai dessine la "belle église", la seule qui soit encore entière à Kourmych. Il y en avait une quatrième, du XIV siècle, et celle-ci a été dynamitee par les communistes. À noter ce que mon évêque, monseigneur Theoctyste, a remarqué chez nous, à Pereslavl, s'il y a deux monuments à ruiner, ce sera toujours le plus ancien qui y passera en premier. Le crétin nuisible déteste viscéralement le moyen âge, qui va avec la religion, la paysannerie et la tradition, en un mot avec le cosmos. Chez nous en France, c'est notre Dame qui a brûlé, et pas Versailles.

D'après Genia, si toute cette région est à ce point magnifique et intacte, avec toute une faune préservée, c'est que c'est le parc de loisir des huiles de Nijni Novgorod. Peut-être faut-il désormais aller vivre dans les régions sinistrées, comme Tchernobyl, ou bien la où les féodaux mafieux s'organisent leurs petits paradis, s'ils tolèrent encore quelques sous-hommes dans les ruines de ce qui fut.

J'ai fait un petit récital à Genia et à Sacha, Genia me trouve plus russe que les Russes. Nous étions allés tous trois voir Alexandre, qui fait du bois sculpté. Sa maison est perchée sur un  coteau, avec une vue superbe sur l'horizon déployé et les coupoles de la "belle église" mais son intérieur est comme d'habitude d'un kitsch total. Il est extrêmement gentil. Un couple est arrivé, des gens de Nijni. Profondément méfiants envers toute l'affaire Covid, sa propagande et ses vaccins. Ils meditent le retour à la terre dans leur maison de campagne.

L'émission de Yann Sotty sur moi est sortie. La voici pour mes amis français. 










samedi 10 juillet 2021

Belle église

 


La canicule est revenue et ce n'est pas le temps idéal pour faire du tourisme. Je voudrais visiter Kourmych, mais la chaleur est intenable. À 9 heures du matin, je suis descendue à la rivière me baigner, l'eau était presque trop chaude. J'ai dérangé un héron cendré qui s'est majestueusement envolé. J'ai nagé dans un grand silence, car il n'y avait pas le moindre souffle d'air. J'étais seule dans cette eau lisse tiède.

Rita avait si chaud que je l'ai mouillée. A mon grand étonnement, elle a accepté volontiers et s'est même étendue dans l'eau le temps que je dessine.

Ensuite, les enfants sont venus dessiner avec Sacha et moi, comme au bon vieux temps de notre collaboration au lycée français. Sacha est toujours adorée par les enfants, car elle a un physique de fée preraphaelite, et elle est très chaleureuse avec eux. Ils se battent pour l'aider dans son église. Elle compte sur eux pour reprendre le flambeau, car elle ne rencontre pas toujours une grande bienveillance. Certaines commères l'accusent même de blanchir de l'argent.


Le soir, Genia m'a raconté sur le pays des tas de choses intéressantes. Pougatchov, le cosaque rebelle de la "fille du capitaine", y a largement sévi. Il lâchait sur le lac des radeaux avec des potences ou il avait pendu les nobles et officiers locaux. On trouve encore des ossements de cette période. Et aussi, comme partout ailleurs, ceux des victimes de la révolution. D'ailleurs, je n'ai pas visité une église ni un monastère ruiné puis restauré, qui n'ait pas révélé à cette occasion quelque charnier. La rue de Sacha porte le nom d'un révolutionnaire local qui a commis tant de massacres, avec un régiment de Lettons, car ceux-ci étaient souvent utilisés par les bolcheviques pour leurs basses œuvres, en raison de leur russophobie, que des gens du coin ont fini par l'assassiner avec ses comparses. Ce qui a déclenché une répression sanglante. Après quoi, on en a fait un martyr de la révolution. Son tombeau est non loin de l'église de Sacha, et de son cimetière profané et arrase. Les descendants de ses victimes ont été si bien rééduques qu'il s'en trouve encore pour le fleurir.

D'apres Genia, le folklore est toujours vivant à Kourmych, les grands-mères chantent des complaintes interminables. Les gens de Kourmych étaient traditionnellement de fortes têtes car c'était au moyen âge une région frontalière, avec les réfugiés, fuyards et cosaques correspondants, il y a encore le quartier des Cosaques, celui des Archers, et il ne faut pas que les garçons des uns aillent draguer les filles des autres. Ils ont même leurs particularités dialectales et tout cela à survécu au communisme, et même, en dépit du cimetière rase, le culte des ancêtres. 



vendredi 9 juillet 2021

Paris, c'est bien mais Kourmych existe aussi.

 


Comme je l'avais promis, je suis partie pour Kourmych, rejoindre Alexandrina, Sacha Viguilianskaia, qui, depuis quelques années, consacre sa vie à la résurrection de l'église où officiaient ses ancêtres, à Kourmych, région de Nijni Novgorod. Kourmych, à la limite de la Russie et de la Tchouvachie, forteresse fondée au XIV siècle pour défendre la Moscovie contre les incursions des Tatars. .

La route est longue et pénible, beaucoup de camions, c'est une expédition. À un moment, on tourne, et la route devient déserte, le paysage aussi. De vastes horizons se découvrent à perte de vue, sans aucune construction parasite, un paysage d'une douceur captivante et immense, et cela pendant 50 kilomètres. Peu de conifères, beaucoup de feuillus, essentiellement des bouleaux et l'espèce invasive de l'érable d'Amérique qui sévit la où ne prospère pas la berce du Caucase.

Kourmych est une bourgade somnolente et délabrée, mais elle est restée authentique, avec beaucoup de très jolies maisons anciennes, en bois et en brique. Sacha à acheté pour une bouchée de pain l'ancien traktir, ou taverne, du coin, qui garde beaucoup de caractère. L'endroit est paisible, bien que central, aucun bruit, pas de motos, ni de voitures, ni d'outils vrombissants, ni de radio. C'est tout près de son église, qui nécessite des travaux titanesques, et où s'affaire une équipe locale, sous la direction de Genia, un "Afghan", un veteran de l'Afghanistan au cœur aussi pur que blessé, qui lui est complètement dévoué. Les enfants locaux l'adorent egalement et l'aident avec enthousiasme.



Averti de ma venue, le père Basile Pasquiet, archimandrite du monastère de la Trinité à Tcheboksary, est accouru le lendemain de mon arrivée. Tcheboksary n'est qu'à 150 km de Kourmych. J'étais allée le voir il y a quelques années avec la regrettée Marie Gestkoff.



Il avait apporté des tas de cadeaux, pour nous et pour l'église, un vrai père Noël. Il m'avait cueilli un bouquet de lavande de Tcheboksary, moins parfumée que chez nous, malgré tout. Il a passé la journée avec nous, je lui ai chante une chanson de Pâques de sa province natale, la Vendée, et une complainte bretonne. Il a reçu et béni les enfants, discuté avec Genia, un artiste local, Sacha, lui a offert une icone sculptée par ses soins. Il a voulu voir l'église, qui avait été transformée en cinema et en discothèque et dont les fenêtres sont toujours murees. Le père Basile à dit la paraclisis à la Mère de Dieu, dans cet endroit ruiné qui nécessite encore tant d'efforts.


En faisant les travaux, Sacha à trouvé toutes sortes d'objets qu'elle exposera dans le musée qu' elle prévoit. Et regroupe dans une tombe commune les ossements bouleversés de l'ancien cimetière, détruit comme partout ailleurs par le pouvoir soviétique, soucieux d'effacer le souvenir des ancêtres et de couper les racines.


Ensuite, le père Basile a voulu se rendre à Bortsoumani, sur les reliques d'un autre ancêtre de Sacha, saint Alexis de Bortsoumani. Le village est ravissant, perche autour de l'église sur une colline, et les maisons sont entretenues mais pas saccagées. On a mis à l'intérieur de l'église une très jolie iconostase naïve venue d'une autre église détruite mais malheureusement, le prêtre a l'intention de la remplacer, sûrement par un truc doré, beaucoup moins intéressant.


Bortsourmani

Le dernier prêtre de Bortsoumani a été fusillé dans un champ voisin, on n'imagine pas de tragédie pareille dans ce paysage d'une sérénité vaste et méditative, et pourtant, comme partout ailleurs a sévi la folie collective meurtrière qui fit tant de victimes. Une plaque rappelle son souvenir. Il a été mis au rang des nouveaux martyrs de Russie. 

Nous avons pris, après ce pèlerinage, congé du père Basile. J'étais épuisée par le voyage de la veille, la chaleur, le manque de sommeil, les longues conversations. Le titre de cette chronique fait référence à une phrase qu'on trouve sur les mugs souvenirs de la ville et que Sacha cite abondamment.

La maison de Sacha



Le mur des ancêtres de Sacha. Son arrière-grand-père avait épouse une Française, fille d'un ingénieur fusillé dans les années 30 comme "espion français". 



lundi 5 juillet 2021

Conscience altérée

 La rivière est redevenue fraîche, comme les nuits, mais c'est revigorant. Je nageais avec bonheur dans une eau qui me rappelait la méditerranée au mois de septembre, d'un bleu tendre, miroitant et nacré qui foncait et verdissait aux lisières, ou je distinguait tout un peuple féerique de plantes aquatiques couronnées d'or. Les canards glissaient paisiblement, les mouettes passaient et repassaient, scintillantes guirlandes, ou bien se reposaient sur les hangars à bateaux. Je vis soudain venir à contre-jour depuis le lac, dans une barque verte dont l'ombre noire dramatique s'enfoncait sous la surface ceruleenne, un vieux ratatine et bossu qui me fit penser à Charon, le passeur des âmes sur le Styx. Arrivé à mon niveau, il s'est fendu d'un sourire et m'a demandé si l'eau était bonne.

Je pensais à Henri qu'on va obliger à subir un vaccin dont il ne voudrait pour rien au monde, à toute cette diablerie, à la fourberie des uns, à la stupidité des autres, à leur inconscience, parfois leur naïveté, aux pasteurs qui, par leur exemple, précédent leurs ouailles dans cette nef des fous au lieu de leur montrer le chemin de la dernière arche. Des pasteurs par ailleurs quelquefois tout à fait respectables mais ne dit-on pas que même les justes seront trompés ? Et pourtant, que les ficelles sont grosses, les procédés ignobles et les discours suspects.... Les quatre gerondas grecs dont j'ai vu la vidéo ne s'y trompent pas et leurs critères de discernement sont très simples. Pour rappel: 



Qu'il est étrange de voir coïncider le crépuscule de sa vie avec très probablement celui de l'humanité. Mais les baignades dans le lac et les séances de hamac dans le jardin sont toujours ça que les diables électroniques n'auront pas. Je calculais: s'ils mettent dix ans, comme ils l'annoncent, pour installer leur horrible monde, j'aurai encore le temps de prendre congé de celui-ci, qui est le mien et celui de Dieu, même s'ils le saccagent autant qu'ils le peuvent. 

La lumière est presque automnale, disons que dans le Midi de la France, une telle lumière se voit fin août, début septembre. Elle me rappelle aussi la haute Ardèche par sa transparence sereine et mystérieuse. J'aime à voir les promeneurs sur le quai de l'église, les pêcheurs, les saules des rives que certains voudraient couper. C'est étrange mais les arbres qui poussent au bord des cours d'eau sont eux-mêmes liquides, miroitants et souples. J'étais si absorbée, dans l'eau fraîche, par cette contemplation, qu'il me semblait passer dans un autre monde, où plutôt dans une autre dimension de ce monde-là qu'on nous défait et nous profane et qui est notre accès à sa Source sacrée.

Ce matin, j'avais regardé une vidéo sur les expériences de mort imminente faite par un beau jeune homme aux yeux de velours qui tenait beaucoup à nous persuader, à grands coups de plaisanteries et de petits dessins sinistres, que ces sorties du corps et ces rencontres avec des personnages lumineux, des proches disparus, tout cela relevait d'une altération de la conscience comparable à celle que procurait la drogue et la religion, et aussi parfois l'orgasme. Il n'y a rien, chers amis, vivez, vous n'avez que la vie, gardez-la. Gardez-la à tout prix, jouissez-en autant que vous pouvez. Et tout à coup, il m'est apparu que la conscience altérée, c'était vraiment la sienne. Parce que tout ce qui donne de l'intensité à cette vie qui n'a pas, selon lui, de prolongements, tout ce que recherchaient nos ancêtres à travers la musique, la danse, la transe, la création sous toutes ses formes, mais aussi l'exploit, le risque, le dépassement, le sacrifice, le combat, la passion amoureuse, l'ascetisme, la prière, c'était précisément ce qui lui paraît à lui, une altération de la conscience et à moi, en tant qu'artiste et en tant que croyante, son aboutissement, le sens même de sa présence en nous et peut-être la seule chose qui nous différencie des animaux. Sans ces "altérations de la conscience", notre vie n'a aucun intérêt, rien ne sert de la prolonger à grands coups de piquouse, masqués, gantés et "augmentés" de gadgets électroniques censés nous donner ce que nos ancêtres trouvaient eux-mêmes avec leur conscience altérée, cette communion mystique avec la Vie qui leur donnait parfois d'étranges pouvoirs.

C'est ce que connaissait le moyen âge obscur, quand les gens considéraient la vie comme l'apprentissage de l'éternité. 

dimanche 4 juillet 2021

Impressions éparses

 Quand je travaillais au lycée, à Moscou, j'étais rentrée de je ne sais plus où en trolley, par l'avenue de la Paix, Prospekt Mira, une avenue trépidante, j'étais fatiguée et au bord de la crise d'appendicite, qui devait se déclarer dans la soirée, quelques heures plus tard. Et voilà que notre trolley, bourré de gens aussi crevés que moi, s'arrête, bloqué par une énorme bagnole de luxe garée en plein milieu, au mépris total des nécessités de la circulation. Le chauffeur klaxonne, klaxonne, le temps passe, tout le monde s'énerve, râle, insulte le salaud qui nous fait ce coup. Les passagers commencent à sortir, à crier, à donner des coups de pieds dans la voiture. Car il s'était passé presque une demie heure, et personnellement, je n'étais pas bien du tout. C'est alors qu'un type baraqué, dans un manteau de luxe, sort nonchalamment du restaurant où il déjeunait, arrive près de la voiture, ouvre la porte et balaye la foule furieuse, mais muette, d'un regard à la fois glacial, impudent et narquois. J'avais compris ce jour-là comment on peut pendre ce genre de personnage au premier réverbère venu. Malheureusement, on ne l'avait pas fait. Mais la haine était palpable. Ce dont il n'avait ostensiblement rien à foutre.

Je pense souvent à ce salopard, en ce moment.

Le temps est d'une beauté mystique, douce, transparente, et, assise dans mon hamac, avec mes gousli, j'en goûtais chaque seconde. Maintenant, je commence à jouer correctement, et c'est une joie de le faire. Le vent souffle, doux et léger, et chante à mi-voix, la lumière chatoie à travers les feuillages et les pétales, les astilbes fusent dans les rayons et les ombres mêlés, passent des papillons et des abeilles, une coccinelle se promène sur la table, les animaux se répartissent autour de moi, dans l'herbe, les sons s'égrènent, un oiseau chante, et puis hélas, par delà la clôture bleue, un voisin écoute la radio, et son horrible musique est pareille, dans toute cette harmonie, à l'irruption d'un ivrogne ordurier dans une belle et noble noce.

Mais curieusement, elle est quand même tenue à distance, du moins tant que je joue, elle devient un lointain écho, désagréable, mais parallèle, extérieur, la beauté de la vie et moi sommes en relation étroite, en conversation, les sons s'égrènent, le vent répond, les fleurs flamboient.

Les trois isbas, derrière la palissade bleue, devant le ciel d'azur où passent de blanches vapeurs, prennent un relief, une présence étranges, elles ont une densité, on dirait qu'elles observent, qu'elles se recueillent. Plus loin, celle que je trouvais si jolie, et qu'encadraient d'énormes bâtisses qui lui ôtaient toute vue, est en voie de destruction. Le quartier sera homogène: complètement affreux.





J'ai eu au téléphone la femme du père Antoni, qui se prépare à aller à Solan avec ses merveilleux enfants. Pendant que papa allait au mont Athos avec son fils Sacha, maman emmenait sa fille aînée Sonia à Patmos. Nous sommes loin du programme transhumaniste qu'on impose aux foules hagardes à coups d'intimidation, de mensonge, de propagande et de chantage. Le père Antoni est resté deux ans sans voir sa mère, comme moi sans voir les miens. J'aime beaucoup le père Antoni et Myriam, ils me manquent. Voilà une belle famille, unie, normale, épanouie, avec un vrai père, une vraie mère, des enfants enjoués, bien élevés, éveillés.

Nous avions encore un cours de balalaïka. Aliocha y prend goût. J'y vais surtout pour lui, pour développer le folklore, pour lui en donner l'accès. Mais j'y prends goût aussi, c'est autre chose que les gousli, cela met assez vite dans une espèce de transe, et cela me donne le sens du rythme qui me fait souvent défaut. J'ai constaté que les gens commençaient à venir, il n'y avait pas de balalaikas pour tout le monde. C'est que l'instrument n'est pas très difficile et donne vite des satisfactions, on peut jouer dessus tout ce que l'on veut. 







samedi 3 juillet 2021

Les hyènes


 Lorsque je vais me baigner à la rivière, que de gentilles familles de canards, d'éblouissantes mouettes et de paisibles pecheurs me croisent sur des eaux de lisse azur, lorsque je repose sur mon hamac et regarde la fête des astilbes, des digitales, des œillets de poète et des hémérocalles, lorsque je joue avec Skountsev, que j'assiste aux cours de balalaika avec Katia et mon petit voisin, j'ai l'impression de vivre dans un monde encore normal et non dans une science-fiction de cauchemar. Pourtant, je sens constamment planer au dessus de nos têtes la sombre vigilance des Nazguls.

Chose étonnante, il reste encore pas mal de gens qui ne sentent rien planer du tout. Ils croient tout ce qu'on leur répète en boucle, ils trouvent normales toutes les mesures, les chantages, les intimidations invraisemblables qu'on nous met en place. Dans le meilleur des cas, ils sont d'une naïveté et d'un aveuglement confondant, dans le pire, ils révèlent leur mentalité totalitaire de redresseurs de torts et de délateurs. 

Il y a ceux qui ne veulent pas envisager que Poutine ne soit pas le sauveur de l'humanité, or quelles que soient les raisons de ce fait, il ne l'est manifestement pas. Un lecteur de Karine Bachet Golovko écrit qu'il est "débordé par son deep state", ce qui est bien possible, débordé ou complice, il ne nous défend pas contre l'assaut du Nouvel Ordre Mondial. Une jeune femme russe nous crie en riant, dans une vidéo, d'arrêter de nous raconter des histoires, que les Etats sont depuis longtemps devenus des corporations et se fichent éperdument des peuples qui encombrent leur propriété...  

Le plus confondant pour moi est de voir des croyants orthodoxes se précipiter joyeusement dans une affaire qui pue la mort, une escroquerie énorme, un piège mafieux cynique. Qui plus est, si l'on exhibe des nouvelles irréfutables, des témoignages de scientifiques de premier plan, leurs explications claires et brillantes, ils ne veulent rien entendre d'autre que le tohu-bohu de la propagande. Même le metropolite Onuphre s'est fait docilement injecter le truc. Et mon évêque, et l'higoumene du monastère Saint Daniel. Bientôt tout le monde trouvera normal qu'on déporte les récalcitrants par trains entiers.

Je me suis certainement trop pressée pour publier mes livres n' importe où, mais c'est que j'ai l'impression d'une course contre la montre. Si ça se trouve bientôt nous aurons d'autres soucis que d'écrire des livres et d'autre part personne pour les lire, les gens n'étant plus équipés des récepteurs pour les comprendre. Indépendamment des effets possibles du vaccin bricolé à plus ou moins long terme, ce qui me terrifié le plus, c'est la vie que nous préparent, sous prétexte de notre santé, les féodaux mafieux du merveilleux nouveau monde. Je préfère le risque de la covid à celui de ce monde-là.

Mais je crée comme les oies migrent, par nécessité atavique.

Les Russes, dans l'ensemble, sont moins soumis que les Français dans cette affaire, et les voix récalcitrantes moins étouffées, mais la machine médiatique est partout si puissante que si Poutine ou Biden eux-mêmes nous disaient que tout ceci est un gigantesque coup monté au prix de notre santé physique et mentale, et de notre situation économique, les gens ne croiraient pas leurs paroles sans l'aval des commentateurs télévisuels homologués. Ils sont habitués à considérer la télé comme un oracle, l'oracle de Mammon, Moloch et Belzebuth United and Co. 

Beaucoup, de surcroît, se font un devoir de ne rien savoir. Ils ne savent rien. Et partent du principe que les autorités veulent notre bien. Les deux seuls chefs d'état qui voulaient vraiment notre bien, je pense que c'est Louis XVI et Nicolas II; on a vu comment cela s'est terminé pour l'un et l'autre.

Pendant ce temps, dans l'univers de notre science-fiction, je vois des choses hallucinantes. Des personnages qui exigent de faire la vie impossible aux non vaccinés, avec des accents hargneux de commissaires du peuple. De petits journaleux, de petits médicastres, de petits histrions. On dirait que le monde entier devient une succursale des facs françaises sinistres des années 70, avec leurs gauchistes boutonneux aux cheveux gras, qui passaient leur temps à proférer des imprécations, l'écume aux lèvres.On voit surgir des ténèbres où elles se cachent aux époques normales, d'invraisemblables et répugnantes créatures. Comment peux-t-on prêter l'oreille à ce que dit, par exemple, cette hyène de service:

https://www.facebook.com/GGRMC/posts/4530830926949264?__cft__[0]=AZUozhxap9WFaY89K5bPCEVPiHAYU6D5Xj-eZG_6iRknspywLOb52TMzOUyrjyyuwgyivsaDYvTzQBFWwaBpU4MxGQzKO8RJ-uliDiEYZh9dWgi_myCfL1Men75YFgcmiYlBTMwQL-nGcgsfx8igwHDnXJGBhN0I4ZOPcCz4Qm_qgw&__tn__=%2CO%2CP-y-R

Est-il possible que les gens ne voient pas où cela nous mène?

Il y a six mois ou un an, ceux qui le voyaient et l'annonçaient, la dictature électronique mondiale à prétexte sanitaire, le grand reset, la spoliation et l'asservissement général, passaient pour de vilains complotistes, bien que les comploteurs ne cachent finalement pas tellement leurs intentions, il n'est que d'écouter les discours du docteur Alexandre, d'Attali, de Sarkozy ou du shériff de Nottingham inverti et gérontophile au regard de tyranosaure sournois. Or voici que je tombe sur cette annonce:

LOI SUR L'ABOLITION DE LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE POUR LE LOGEMENT. Le grand reset a commencé. L'un des principaux idéologues de l'Etat profond , Klaus Schwab, président du Forum économique mondial de Davos, l'a évoqué. Et c'est le « Big Reset » qui devrait devenir le sujet principal de la réunion annuelle du WEF en janvier 2021. Mais Russie Unie a apparemment décidé de ne pas attendre janvier, et de courir au devant et, ainsi, de « faire » le WEF. Il y a quelques jours, le conseiller du ministre de la Défense Andrei Ilnitsky a appelé un chat un chat lors d'une réunion au Conseil de la Fédération, se référant précisément au dernier livre de Klaus Schwab "Covid 19. The Great Reset". Il a appelé l'histoire du covid - un projet mondialiste pour couvrir la création du NOUVEAU MONDE, qu'ils ont mis en route, où il n'y aura pas d'État national, pas de vie privée, pas de propriété privée, pas de droits de l'homme. Et il y aura un pouvoir indivis des propriétaires de sociétés transnationales, un contrôle total sur l'individu, de l'argent numérique, une éducation à distance de mauvaise qualité, une division claire entre les esclaves de caste et l'élite. Ce sont les cadeaux qu'ils nous préparent...

https://www.facebook.com/blogmaryshuk/posts/1105279803254450?__cft__[0]=AZV1bg9ut3ENqUtgDnGUfHK_ddfTfOmad4gD7jGOOkROgi-RmhYl6ixR1IGTXLTXXJkWARK8ht9wH7hq8gS0QcFFQPDSp7XDzs3xYzPpVdcL90yejs_NalfaXNm7HaG0dIvJNn0d1C4evAwCtYuvJ8oGjqjqyP9jqPgBfujkehWAWg&__tn__=%2CO%2CP-y-R

Vous comprenez que tout cela, diverses Cassandre nous l'annonçaient depuis des mois, en n'éveillant autour d'elles que des ricanements? Ils nous le font pourtant bel et bien, l'horrible univers cocopitaliste de science-fiction, mais comme on nous administre la potion à petites gorgées entre la carotte et le bâton, ça passe, il y en a même pour réclamer à cor et à cri plus de coercition, envers les autres, naturellement. Cela m'effraie beaucoup plus que la covid ou la peste bubonique. Du jour au lendemain, nous pouvons nous retrouver absolument sans rien, parce que nous n'aurons pas le sésame électronique nécessaire, on pourra nous priver de notre logement, nous mettre à la rue, où les gens n'auront même plus de cash pour nous faire l'aumône, et où les bancs sont hérissés de piques pour empêcher les pauvres hères de s'y étendre. Cela me rappelle le témoignage de Jack London sur les bas-fonds de Londres, ces misérables contraints de marcher jusqu'à épuisement, car la police les empêchait de s'asseoir. A ce propos, un Russe cite l'épisode des enclosures, en Angleterre, en l'attribuant au moyen âge, mais pas du tout, c'était la Renaissance, ne pas confondre. C'est la Renaissance, l'humanisme, le protestantisme qui nous ont enclanché le processus dont nous voyons l'aboutissement. Mais on ne va pas frapper les esprits en dénonçant les abus de la Renaissance, forcément radieuse, alors on met ça, une fois de plus, sur le dos du moyen âge.

Dans le même temps et parallèlement à l'affaire Fauci aux USA, un autre médecin pourri est sous le projecteur en Inde, mais là bas il risque sa peau:

Traduction intégrale du texte Le 26 mai 2021 par Jean Jacques Vallier

Un avis juridique est signifié par l'Association du barreau indien (IBA) au Dr Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le 25 mai 2021 pour son acte de désinformation et d'égarement du peuple indien, afin de remplir son agenda.
L'avis est basé sur les recherches et les essais cliniques menés par la « Front Line COVID-19 Critical Care Alliance » (FLCCC) et le British Ivermectin Recommendation Development (BIRD) Panel, qui ont présenté d'énormes données qui renforcent les arguments en faveur de la recommandation de l'ivermectine. dans la prévention et le traitement du COVID-19.
Le Dr Soumya Swaminathan a ignoré ces études/rapports et a délibérément supprimé les données concernant l'efficacité du médicament Ivermectine, dans le but de dissuader la population indienne d'utiliser l'Ivermectine.
Cependant, le Conseil indien pour la recherche médicale (ICMR) et All India Institute
of Medical Sciences (AIIMS), Delhi a refusé d'accepter sa position et
a conservé la recommandation pour l'ivermectine dans la catégorie « Mai faire », pour les patients présentant des symptômes légers et ceux en isolement à domicile, comme indiqué dans « Les directives nationales pour la gestion du COVID-19 » pour la dernière fois mis à jour le 17 mai 2021.
Afin d'empêcher le Dr Soumya Swaminathan de causer d'autres dommages à la vie des citoyens de ce pays, IBA a décidé d'engager une action en justice contre elle et dans le cadre du processus, un avis juridique lui a été signifié.
P.S. IBA a observé que le contenu de plusieurs liens Web vers des articles de presse/rapports inclus dans l'avis signifié au Dr. Soumya Swaminathan le 25 mai 2021, qui était visible avant la publication de l'avis, a été soit supprimé, soit supprimé maintenant.
IBA avait anticipé cela et nous avons donc téléchargé des copies électroniques de ces articles de presse avant de publier l'avis juridique. C'est ridicule de la part des forces de recourir à de tels actes lâches, car elles ne savent pas qu'elles fournissent des preuves très solides de leur tentative désespérée de bloquer les informations/nouvelles concernant l'ivermectine.
Av. Nilesh C. Ojha
Président national
Association du barreau indien


Normalement, un tel événement devrait frapper les esprits. Eh bien non, personne ne le sait, parce que personne n'en parle, sauf les lanceurs d'alerte et les complotistes, ricanez au signal, tas de cocus. C'est comme la vidéo du sénat américain sur l'affaire Fauci, le sénat américain, ce n'est pas rien quand même. Eh bien tout le monde s'en fout, parce que la Voix de ses Maîtres reste muette. 

Des amis me disent qu'ils se feront vacciner parce qu'ils ne pourront pas faire autrement, je compatis et je les comprends, je serai peut-être moi-même acculée à le faire et à aller montrer mon QR code pour aller boire un café, pisser ou faire de l'essence. Si je chope la Covid dans la foulée ou subis encore d'autres possibles effets secondaires à plus ou moins long terme, j'en accuse d'ores et déjà l'OMS et ses valets. Et que les prêtres qui m'enterreront, s'ils ont fait la bêtise de marcher dans cette sinistre combine, se rappellent de ce que je dis aujourd'hui dans leur homélie. A mon âge, d'ailleurs, il se peut que je ne meure pas de ça, et la stérilité éventuelle ne me fait plus peur; c'est par principe que je m'encagne. Quoiqu'à vrai dire, nombreux sont les gens qui déclenchent des grippes à la suite du vaccin anti grippal.

J'ai appelé un ami, qui cherche comme moi refuge dans la prière et la contemplation. J'échange parfois avec une amie orthodoxe, et une jeune femme catholique que tout cela accable quelque peu. On se prend à rêver qu'à la façon de mes héros d'Epitaphe, nous allons nous évaporer dans le Cosmos. Sans doute cela s'appelle-t-il, d'ailleurs, tout simplement mourir, ce qui arrivera inévitablement, même aux surhommes transhumanistes momifiés richissimes qui font de la planète un enfer. L'heure des comptes sonnera. Et sans attendre forcément  l'autre monde.

Mais en attendant... Je joue des gousli avec Volodia, je traduis mon livre avec Slava, je me berce sur mon hamac devant mes fleurs et le ciel si mystérieusement tiré, comme un rideau mystique qui révèle plus qu'il ne cache, derrière les trois isbas en face de moi, blotties sous leur toit, comme des petites filles d'autrefois sous leur pèlerine.

Quelles sont ces fleurs qui sont apparues
parce que je ne tonds pas frénétiquement?






Cet OVNI au dessus de mon jardin, c'est la bâtisse du voisin