Tard le soir, la nuit du solstice, j'ai entendu un grand bruit à l'extérieur, et je me suis précipitée sur la fenêtre pour regarder dans le jardin. J'ai vu quelque chose de sombre dans la neige, et cela s'est soulevé et envolé: un énorme oiseau de nuit.
En plus des nouvelles qui sont traumatisantes au plus haut degré, quelque chose m'a plongée dans le désarroi et le chagrin. Ma voisine m'appelle pour me dire que Nounours gît sur le bord de la rue principale, dans le centre, qu'il faut aller le chercher, car elle est loin de Pereslavl, avec son mari. Une de ses amies l'a vu sur la page des secours aux animaux. Je regarde, en effet, c'est Nounours, je laisse un message: "Je le connais, amenez-le moi!" Entretemps, la responsable et ma voisine s'étaient entendues pour le laisser jusqu'au soir chez la première. Nounours n'était pas blessé, mais tétanisé de terreur par les passants et les voitures. Ce géant inoffensif et sans défense était totalement désemparé, et comment était-il arrivé là? D'habitude, il reste dans le périmètre du quartier.
Le lendemain, j'aperçois Nounours, comme d'habitude, qui passe dans mon jardin, et je pars faire des coursespendant plusieurs heures. Au retour, je vois une forme prostrée au bout d'une chaîne; Nounours, visiblement décidé à se laisser mourir. Je vais, consternée, le caresser, il ne soulève même pas la tête, déçu qu'il est par toute l'espèce humaine, qu'a-t-il fait pour mériter ça? Je rentre chez moi en pleurant, que faire? Quand j'ai essayé de le garder sur mon terrain, il creusait des tunnels sous le portail...
Quand son patron revient, il n'a pas bougé d'un poil, et ne bouge pas pour lui laisser garer sa voiture. Un chien de pierre. Le voisin essaie de lui parler, de le caresser. aucune réaction. Il finit par le soulever dans ses bras et l'emporter dans la maison. Depuis, je ne l'ai pas encore revu, j'attends la suite.
C'est que le problème est délicat. Un chien qui se promène, ici, peut très mal finir. Il y a plein de gens qui ont peur des chiens les plus paisibles dès lors qu'ils sont gros, qui ne connaissent rien aux animaux et leur sont même systématiquement hostiles, sans parler des brutes qui se cherchent des victimes. Déjà, sur la page des secours aux animaux, une bonne femme critique les inconscients qui laissent vaguer leurs chiens. "Que faire? demandai-je. Il ne partait jamais. Il faut le mettre à la chaïne?
- Non, me répond-elle, c'est trop dur, mais dans une volière, au moins, ils ont chaud!"
Et de mettre une photo atroce de chiens du refuge derrière des barreaux... Ah c'est sûr que c'est nettement mieux! La cage, c'est plus humain que la chaîne, le top du top serait les deux, dans le genre épouvantable. Nounours n'a jamais froid, il a une fourrure extraordinaire et déteste être enfermé, c'est le cas aussi de son frère. Mais il aime faire son petit tour, un peu chez moi, chez Ania dire bonjour à César, il inspecte le pâté de maison, il rencontre deux ou trois copains.
Il a maintenant encore un autre petit frère, car mes voisins ont enfin opéré leur chienne, mais elle a eu encore une portée, et le dernier du lot sera dur à caser. Il ressemble bien vaguement à un chien des Pyrénées, mais il a de grandes taches grises et les yeux bleus: le chien du voisin de droite engrosse tout le quartier. Comme aucun de ces chiens ne sont pure race, le mieux serait de stériliser tout ça, mais jamais de la vie, leurs propriétaires mâles ne s'y résoudront pas, mieux vaut laisser pulluler les chiots que l'on ne sait à qui refiler et qui ne sont pas forcément adaptés à un environnement semi urbain.
Mes voisins Vitia et Macha qui avaient tiré du container à ordures trois chiots de ce même simili husky, ont réussi à les fourguer à divers amis de Moscou. Mais qu'adviendra-t-il des prochaines portées?
Comme le cuisinier de la future partie restaurant du café est seul pour Noël et qu'il est catholique, nous allons le fêter chez moi, ce sera pour moi un avant-goût, puisque je le fête le 7 janvier. J'ai fait le grand jeu pour les décos, il faut dire que les ténèbres du solstice incitent tout le monde à mettre partout des trucs qui brillent et qui restent généralement quasiment jusqu'à Pâques!
J'ai mis encore un miroir dans mon salon, une amie l'avait trouvé à la poubelle, au village d'Elizarovo, qui était le fief de Fédia Basmanov. J'hésitais, mais il ne va bien que là, et puis la pièce est jolie, mais si sombre, surtout en ce moment, que les surfaces réfléchissantes sont les bienvenues, j'espère que cela ne fait pas trop bordel des années 30...
Une amie VK venue chez moi a tracé de moi ce portrait plutôt flatteur et amusant qui m'a touchée:
Une femme très singulière
Qui dévoile sa nature angélique à partir de 9h30 du matin et pas avant !Avant cette heure salvatrice,
Il lui faut user de mots d'amour singuliers comme "connards de chats!"
Ou encore " ah, ces salauds" !
Ou encore " tais-toi connasse!'
Mais ça, ce sont des tendresses pour ses chats presque tous recueillis et sauvés de la misère et pour sa Rita ! (un petit spitz roux adorable et si futé ....qu'elle fait sa loi devant des chats aussi gros qu'elle !)
Un langage qu'eux seuls peuvent comprendre.
Parce que juste après ça, et même avant de se servir à elle-même quoique ce soit,
Elle les nourrit et les gâte
Si ce n'est pas de l'amour ....
Le langage amoureux a plusieurs palettes !
;O)
Une femme aux nombreux talents,
Peinture, écriture, musique
Joie de vivre
Elle s'entoure de beau à l'intérieur et à l'extérieur
C'est parfois une petite fille, parfois une ado émue, parfois une belle femme qu'on imagine altière dans un costume traditionnel russe,
Mais on ne peut jamais la regarder comme une femme de 70 ans
Il y a chez elle une fraîcheur, quelque chose qui contrairie les rides de son visage
Peut-être est-ce ses yeux ?
Où luit, sans l'ombre d'un doute,
Une espièglerie joyeuse
Toujours prête à jaillir
Ou peut-être seulement le fait qu'elle est inclassable ?
Aucun stéréotype ne semblant lui convenir
Tellement, elle est singulière
Sans artifice et c'est peut-être là qu'on pourrait, si on le voulait parler de ses 70 ans
De cette sagesse de l'âge qui fait qu'on n'a plus rien ni à prouver, ni à justifier
Il y a de la grande dame chez cette petite fille de 70 ans
Il y a de la grande âme et beaucoup d'innocence
Une pure et merveilleuse bienveillance