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mercredi 8 février 2023

Bougies blindées

 On m'a passé un petit film charmant sur le Pereslavl que j'ai connu, même un peu avant que je le découvre, que c'était donc pittoresque, intéressant et paisible, encore plein de légendes et de traditions, malgré la période soviétique... С'est encore assez paisible, surtout quand on voit le contexte général, et les  gens intéressants ne manquent pas, mais les changements ne vont pas précisément dans le bon sens, comme partout ailleurs, constructions chaotiques et laides, monceaux d'ordures, mépris absolu de tout ce qui est simple, naturel et local... 

https://vk.com/loralira?z=video-74930543_456239357%2F6951c892c9eda24e57%2Fpl_post_-74930543_24878

Natalia Razouvakina a fait un article sur Gilles et le café la Forêt, point de rencontre de pas mal de personnalités artistiques ou pittoresques de la ville. La photo de Gilles et de sa femme Lika qui illustre l'article m'a tellement plu que je la pique pour ma chronique, Natacha est une excellente photographe, en plus d'être poète, elle a l'art de surprendre l'âme de ses modèles et de toujours les montrer sous leur meilleur jour. 

Elle évoque l'atmosphère de légèreté et de gaité françaises que l'on trouve au café, et que peut-être on ne trouve plus en France même...


https://vk.com/away.php?to=https%3A%2F%2Frusmir.media%2F2023%2F02%2F05%2Fvalter&cc_key=

Là bas, à l'épicentre du sabbat démoniaque où s'enfonce notre monde, meurent en masse des soldats enrôlés de force, des gamins jusqu'aux vieillards et bientôt aussi les femmes, ce qui permet de nettoyer l'Ukraine de sa population, et de mettre cela sur le dos des Russes, qui font la guerre, et qui la font pour la gagner, car ceux qui n'ont pas fichu le camp au paradis démocratique savent très bien que le sort de l'Ukraine sera celui de leur pays demain, s'ils ne sortent pas vainqueurs de ce conflit. Je pourrais dire la même chose de l'Europe qui ne le comprend qu'en partie, cela fait huit ans que je le proclame, l'Ukraine est le laboratoire de notre futur radieux, notre "brave New World"... Pour un certain projet nous ne comptons pas plus que les animaux de boucherie, nous ne sommes que de la biomasse.

Je suis allée chez les cosaques, qui étaient en train de fabriquer en famille des "bougies blindées", pour les soldats, au son des chansons soviétiques de la guerre de 40. "Nous n'avons pas le choix, me dit oncle Slava, il nous faut vaincre ou mourir". Les bougies blindées ne sont pas des cocktails Molotov mais des luminaires fabriquées à partir d'une boite de conserves, dans laquelle on met du carton ondulé enroulé et qu'on remplit de paraffine. Il paraît que cela brûle très longtemps et que même, ça chauffe. J'avais apporté des galettes à la frangipane, et trois des gosses présents ont demandé à en emporter un morceau pour leurs mères respectives, restées à la maison. Un des cosaques soutenait l'idée d'une guerre sans merci, sans les précautions et les lenteurs de l'armée russe. Les autres protestaient qu'on ne pouvait sacrifier une population largement prise en otage, et qu'on devait rester russes et magnanimes.

Dernièrement, on m'a envoyé l'interview d'une critique de cinéma russe, passée sur une chaîne israélienne. Elle s'appelle Irina Pavlova, et je lui tire mon chapeau. Son exposé était clair, intelligent, et surtout honnête. Elle expliquait que ses amis intellectuels avaient assez tôt fait la démonstration d'une étrange russophobie, d'une sorte d'aversion pour le peuple russe qui avait fini par la révulser, et je me suis moi-même souvent heurtée à ce phénomène dès les années 90. Elle avait apporté son soutien à une jeune actrice dont ces gens boycottent le spectacle, car ils lui en veulent d'avoir, après une visite au Donbass, changé complètement d'opinion devant les tristes faits observés, ceux qui relèvent pour eux de la "propagande de Poutine". A la suite de quoi, elle-même se fait insulter et ostraciser. Mais peu lui chaut. "J'ai des origines très mélangées, dit elle, un peu juive, un peu polonaise, un peu ukrainienne, et donc je ne suis pas vraiment ethniquement russe, mais ma culture, ma langue sont russes et je suis solidaire de la Russie. Comment peut-on quitter ce pays, et depuis l'étranger l'insulter et le vouer à sa perte, chacun de ces jeunes soldats qui sont là bas pourrait être mon fils. J'observe que oui, aujourd'hui, les jeunes sont incultes, coupés de leurs racines et on a tout fait pour obtenir ce résultat, on s'est donné beaucoup de mal, seulement malgré cela, c'est raté. Je veux dire que ceux qu'on a complètement rééduqués de la sorte sont partis, mais ceux qui restent, malgré leur inculture, ont mystérieusement gardé un coeur russe et l'amour de leur pays."

Cela m'a beaucoup frappée, parce qu'en réalité, et bien que je me désole de cette inculture, de cette ignorance, je réalise que c'est globalement vrai, quelque chose d'irrécuctiblement russe a résisté à tous les lavages de cerveau successifs.



mardi 7 février 2023

Réédition

 Si vous le lisez ou l'avez lu, n'hésitez pas à commenter dessous... Ce livre fait suite à Yarilo


lundi 6 février 2023

Alentour se déchaînera la folie, mais la Russie tiendra !



Venez à moi comme si j'étais en vie, je vous entendrai et vous aiderai", c'est ainsi que s'exprimait l'archimandrie du grand schème Zossima (Sokour) dans les derniers jours de sa vie.
Une grande partie de ce que le père a dit s'est déjà réalisé. Ses prédictions étaient étonnamment précises. On l'appelle dans le peuple prophète de notre temps. Beaucoup de gens pensent qu'on devient un ancien en prenant de l'âge. Il y a beaucoup de personnes âgées, mais elles ne sont pas toutes des anciens. Parce que l'ancien (starets) est le vase choisi du Saint-Esprit, par lequel Dieu lui-même parle aux siens.
Le starets Zossima a dit que si Dieu lui en donne l'audace, il serait particulièrement utile un an après sa mort. Ces paroles se sont également réalisées, beaucoup ont témoigné de l'aide qu'ils ont reçue par ses prières. Et voilà que le 29 août 2003, alors que ses ouailles s'étaient rassemblées à Nikolskoié, pour fêter l'anniversaire de la mort du cher starets, il advint un miracle. Juste après la liturgie à sa mémoire et l'office des morts, deux pommiers ont fleuri près de la tombe du starets. Et on était à la fin août. C'était étonnemment beau à voir, l'arbre qui d'un côté croulait de fruits vermeils, de l'autre le blanc des fleurs printanières.
Beaucoup ont ressenti une joie pascale, et ont dit: "Voici Pâques en été!" Ensuite, tout le monde a chanté "Christ est ressuscité!" On a senti et vu dans ces pommiers quelque chose de symbolique et d'une malesté solennelle. Voici quel miracle eut lieu, à la veille de l'automne, le jour de commémoration du starets, lorsque les pommiers ont fleuri comme au printemps près de sa tombe.
L'ancien est apparu en rêve à la servante de Dieu Christina. Elle le raconte ainsi : - C'était dans la nuit du 22 septembre. Je dormais. Je me vois assise près de la tombe du starets, les portes en sont ouvertes. Soudain, le père Zosime vient à ma rencontre, tout blanc, et si lumineux. J'ai eu très peur. Il était pourtant mort, et puis le voilà qui vient vers moi. Et le père, me regardant, dit : "Mais c'est que je ne suis pas mort ! Je suis toujours en vie, et c'est ma cellule, j'habite ici !"
Rappelons quelques unes des mises en garde et des instructions importantes du starets: voici que de nouveau le diable danse, il se déchaîne, il veut le sang des matryrs. Et il coulera inévitablement dans un proche avenir...
L'épanouissement de la foi, l'impression des livres saints, la construction des églises ne dureront pas longtemps... on va de nouveau les brûler.
Gardons-nous seulement de nous éloigner de Dieu en ces jours, de nous égarer dans ces schismes réformateurs et ces autocéphalies. Là, ce sont les serviteurs du mal, les ennemis de l'Eglise du Christ. Voici ce que je vous lègue: sauvez-vous tous! Tenez bon jusqu'à votre dernier souffle!
Notre Russie était une; elle l'est et le restera!
Pour nous, la Terre Russe est sacrée et indivisible. Elle l'était, elle l'est et le restera jusqu'à la fin des siècles!
Lisez la vie des saints du XXe siècle - ils sont pour nous un exemple vivant; ils nous soutiennent dans le découragement ; ils nous montrent ce qu'est notre foi orthodoxe, non pas en paroles, mais dans les actes de notre vie. Donne-nous, Seigneur, de ne pas nous engager sur le chemin du mensonge, de ne pas aller mendier le gras morceau maçonnique qui nous sera offert. Nous serons de nouveau persécutés, ils nous traiteront de fanatiques mais nous serons fidèles au Seigneur, comme nos grands-pères et nos arrière-grands-pères. Ne comptez pas sur votre force même en ces temps difficiles. Ne dites pas : "Je suis un héros ! Je n'ai peur de rien !" Tout le monde a peur : pour vous comme pour nous, c'est un faux héroïsme. Nous avons mis nos masques, ça va, croit-on, nous n'avons peur de rien, mais ce n'est pas le cas. Plus nous portons ce faux masque de héros, plus nous réalisons que nous avons en nous une peur particulière - une peur bestiale. Nous resterons fidèles au Seigneur jusqu'au bout ! Entendez-vous? Il nous faut à tous tenir jusqu'au bout.
La roue du temps s'accélère, chaque jour nous nous rapprochons de plus en plus de l'éternité, de la rencontre avec le Seigneur. Et nous devons franchir le seuil de l'éternité non comme un juste imaginaire, mais comme un pécheur repentant. Nous avons tous péché et nous sommes tous coupables devant Dieu. Et donc je nous souhaite, à vous et moi, d'hériter du Royaume des Cieux, mais il ne faut pas s'accrocher au terrestre, il ne faut pas s'accrocher au temporel. Aspirez à l'éternité !
Aimez le Seigneur, aimez les gens, ayez pitié de tout le monde... Dieu est fatigué d'écouter nos paroles creuses. Chaque prière doit être pleine de sens et provenir des profondeurs d'un cœur simple. Même s'il s'agit d'une courte prière, elle doit venir directement du cœur. Lisez le Psaume 50 et les mains des criminels retomberont. Ils partiront sans vous faire de mal. L'Occident se lève contre la sainte Russie, encore une fois le fascisme renaît. Mais Dieu est avec nous ! La Sainte Vierge est avec nous ! Tous les saints de Dieu sont avec nous ! Un chrétien orthodoxe devrait traiter l'Occident comme dans le sacrement du baptême - tournez votre visage vers l'ouest, crachez trois fois et proférez: "Tu es renié, Satan, avec ton orgueil!" Pour moi, n'importe quel cierge russe de n'importe quelle église russe a plus de valeur que tous les cierges de Jérusalem. Alentour se déchaînera la folie, mais la Russie tiendra ! Et il y aura une grande grâce en Russie. Toute la puissance de l'enfer se soulèvera contre elle, les serviteurs de l'Antéchrist se précipiteront sur elle, mais ils n'en viendront pas à bout. L'orthodoxie dans toute sa pureté ne sera préservée qu'en Russie et uniquement dans l'Église orthodoxe russe. Jusqu'à la venue même de l'Antéchrist, notre Église subsistera, car en Russie brûleront les lampes de Dieu, les lampes de la vraie foi, et elles seront avec nous jusqu'à la fin des temps. On dit que je suis devenu trop braillard... Réveillez-vous ! Je crie maintenant parce que quatre-vingt-dix pour cent d'entre vous dorment ! Réveillez-vous! Archimandrite du grand schème Zossima (Sokur)

samedi 4 février 2023

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vol de mouettes au dessus du lac

Cette année, j'ai fêté modestement mon anniversaire au café la Forêt. Très modestement, parce que beaucoup ne sont pas venus. L'un se croyait mercredi alors qu'on était jeudi, l'autre avait des enfants malades, d'autres encore étaient à Moscou. Je n'ai pas eu le courage d'organiser cela à Moscou, et puis cela me revient cher. Quand j'habitais sur place, c'était plus simple. 

Du coup, c'était l'équipe du café plus quelques amis, des pizzas délicieuses et un gros gâteau.

On m'a envoyé beaucoup de messages extrêmement touchants, j'en suis même interloquée. Des Russes mais aussi de nombreux Français.

Je me sens dans un drôle d'état, disons qu'il se produit en moi des transformation, à la faveur de la situation extrême, ce qui arrive à des tas de gens dans le même cas. Toute ma vie a reculé derrière ces événements, comme si on avait refermé toute une série de tomes, dont les illustrations me reviennent en mémoire, feuilletées par une main invisible. Un monde désormais inaccessible et resté si familier m'envoie des signaux au travers d'une incompréhensible folie et de présages sinistres qui pourtant ne touchent pas encore mon refuge septentrional.

A voir ce qui se passe dans notre monde, il m'est venu à l'esprit que beaucoup de gens pourraient ne pas remarquer qu'ils se trouvent en enfer. Par exemple, si je devais vivre éternellement dans un univers de cages en béton, d'usines, de fermes industrielles, avec le vacarme puant de routes fréquentées, de la musique tonitruante et affreuse imposée partout, des objets et des vêtements hideux, des comportements indignes, agressifs et vulgaires, je serais dans un désespoir absolu, mais beaucoup de mes contemporains trouvent tout cela parfaitement normal, détestent le silence et la nature, et ne comprennent plus rien d'authentique, de beau, de bon et d'harmonieux, l'enfer, ils en ont déjà l'habitude, et le paradis les ennuie ou les fait ricaner. Dans Yarilo, à un moine qui lui dit qu'il aura du mal à éviter l'enfer, Maliouta Skouratov, homme de main et bourreau du tsar, répond que cela ne lui fait pas peur car il aura là bas toujours de l'ouvrage. En quelque sorte, il s'est préparé à sa destination finale, et elle lui convient. Bien sûr les gens comme lui passeront à côté de joies radieuses infiniment exponentielles, mais ils ne sont pas équipés pour les apprécier, ils n'ont pas ou n'ont plus les récepteurs: nous emporterons avec nous le trésor de notre coeur, à chacun le sien... Le diable de Boulgakov, le professeur Woland, qui n'a d'ailleurs pas grand chose à voir avec le vrai diable, boit, dans le crâne de l'intellectuel pourri Berlioz, au néant auquel celui-ci avait toujours cru et qu'il allait donc rejoindre. 

Je vois avec horreur ce qui se passe dans l'Ukraine en guerre, mais ceux qui ont organisé tout ça et y participent avec enthousiasme, ou poussent les autres à le faire, s'y sentent comme des poissons dans l'eau. Ils ne sont arrêtés ni par les vols impressionnants d'innombrables corbeaux, ni par les larmes que versent de nombreuse icônes, ils ne respectent pas les hommes de Dieu qui firent parfois reculer Ivan le Terrible et ses opritchniks, ou même des nomades barbares, et mènent des bacchanales dans les églises dont ils ont chassé les héritiers légitimes. Ils sont insensibles à l'innocence et à la beauté, n'ont compassion de personne, ne respectent rien, ils s'affichent ouvertement satanistes, ils en sont fiers, ils jouissent du mal et de la profanation, du mensonge, du cynisme et de la fourberie, de la pleurniche manipulatrice, du sarcasme et du persiflage, ils égarent les simples et les enfants, et c'est là, disait le Christ, le péché le plus impardonnable, malheur à celui par qui le scandale arrive... 

Il me semble que la seule issue, dans ce maelstrom où nous sommes tous entraînés est de prendre de la hauteur, de s'élever comme la mouette au dessus de la tempête, ce qui ne signifie pas l'ignorer, ou lui être indifférent, mais garder, entre les abîmes du ciel et les abysses inférieurs, la direction des courants ascendants, ne pas verser d'huile sur le feu ni de sel sur les plaies, ne pas tirer sur les ambulances, ne pas danser sur les tombes ni ajouter au bruit et à la fureur ambiants des appels au meurtre et des blasphèmes. 

Cette distance de sécurité, cette hauteur de vue, je ne peux la trouver que dans la prière et la création. Je mets en ordre tout ce que j'ai fait, en quelque sorte, je fais mes bagages. Les chansons, je dois les enregistrer, car je ne connais pas le solfège. Ainsi je garde le texte et la mélodie. Une amie m'a demandé s'il n'y avait pas de moi dans ces oies sauvages. Si, bien sûr. Elles sont pour moi un modèle de vie. Je crois et je crée comme les oies migrent, par nécéssité de nature. J'ai finalement assez peu créé, mais le terreau de la fin du XX° siècle était peu propice à mon développement intérieur, j'ai donc poussé comme ces arbres qui manquent de terre, j'ai volé comme ces oiseaux à qui les ondes et la pollution font perdre la boussole, mais contre les vents et les marées, jusqu'à la dernière page...

les oies sauvages

Je recommande de regarder la vidéo dont je donne le lien, et que je n'arrive pas à partager directement sans doute parce qu'elle est trop véridique, et qu'on en limite la diffusion. Pour ceux qui veulent comprendre et savoir :

https://www.youtube.com/live/nRbIlGbGtuI?feature=share

Je recommande d'ailleurs toutes les vidéos de cette chaîne, qui réinforme avec intelligence. Je souscris à tout ce que dit Karine, y compris au sujet du groupe Wagner, et je partage les inquiétudes des invités concernant les armes biologiques. Le groupe Wagner est très efficace, et s'il ne touche pas aux civils, ni aux prisonniers de l'armée régulière, il adopte envers les tortionnaires d'en face une justice expéditive qui risque de le faire descendre au même niveau. Quelle que soit la nature de l'ennemi, on n'a jamais intérêt à le suivre en enfer. C'est aussi l'une des thématiques de Yarilo.


Objets en vente sur le site du Temple satanique, organisation "religieuse" américaine...

    


lundi 30 janvier 2023

Adieu Vassia

 


Le père Nikita de Donetsk m'a appris la mort subite d'une force de la nature, Vassia Evkhimovitch, qui avait fabriqué sa vielle et l'une des miennes, et nous avait mis en relations l'un avec l'autre. Vassia est mort en chantant et plaisantant avec des amis. Il s'est effondré sur son voisin de table et il a été impossible de le ranimer. 

Vassia était un vrai Russe, ouvert, exubérant et chaleureux, il avait beaucoup de talent. Designer fortuné, il avait tout laissé tomber pour partir fabriquer des vielles et en jouer. J'étais allée chez lui, dans un centre touristique au fin fond de la Carélie, avec un autre fou, Sérioja Klioutchnikov, et ce voyage restera toujours gravé dans ma mémoire, pour ses aspects poétiques et cocasses. J'étais retournée le voir près de Tver, dans son isba extrêmement rustique, un épisode que j'ai relaté dans mes chroniques. 

Récemment, il était allé dans le Donbass chez le père Nikita, donner un concert pour soutenir la cause, comme ensuite le joueur de gousli Maxime Gavrilenko.C'était courageux, Vassia avait des origines biélorusses mais se sentait solidaire de la Russie, comme avant que tout un sale monde se mêle de séparer ce qui était uni.

Difficile de croire que cet homme jeune, tonitruant et plein de vie ait pu mourir d'un seul coup. Très affecté, le père Nikita a chanté un vers spirituel en hommage à Vassia, et l'office des défunts. Il raconte que Vassia avait été bouleversé par ce qu'il avait vu au Donbass, et s'était confié à lui longuement, il semble qu'il était en train de se rapprocher de Dieu. Il y a quelques jours, le père Nikita m'avait montré une vielle qui avait appartenu à un homme tué au Donbass, et comme il voulait lui donner un nom, j'avais suggéré la Voix de l'Homme Mort. Il dit que ce serait aussi désormais la voix de Vassia qui nous avait permis de nous rencontrer.

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hommage à Vassia du père Nikita.



Ce même jour, mon ami Slava a été inhumé à Moscou. 

vendredi 27 janvier 2023

Deux vieux Français


Visite presque surprise du père Basile Pasquiet, archimandrite vendéen du monastère de la Sainte Trinité à Tcheboksary, en Tchouvachie. Il m'avait appelée la veille sur le chemin du monastère saint Boris et saint Gleb, près de Rostov, pour me prévenir qu'il serait bientôt à Pereslavl. Nous ne nous voyons pas très souvent, parce que Tcheboksary, ce n'est pas la porte à côté. Il me faudrait aller voir les balalaïkers à Oulianovsk en faisaint escale chez lui. Ou bien retourner à Kourmych chez Sacha, ce n'est pas trop loin. 

Il m'avait donné rendez-vous au monastère saint Nicolas après avoir rendu visite à la croix miraculeuse de Godenovo. Nous avons été accueillies par la mère higoumène Evstolia, qui nous a fait faire le tour des églises et des saintes reliques, nombreuses, saint Corneille de Pereslavl, saint André de Smolensk, la magnifique croix de Khersonèse et nombre de belles icônes anciennes, dans un monastère pourtant presque neuf, car il avait énormément souffert à la révolution. Nous avons pris un repas maigre pourtant excellent. La conversation portait sur divers sujets monastiques, émaillées d'anecdotes pleines d'humour, comme les aime le père Basile qui a aussi évoqué le père Placide, à qui il avait rendu visite à Saint-Antoine-le-Grand, peu de temps avant sa mort. 

Je pensais qu'il viendrait chez moi, comme il en avait l'intention, mais comme bien souvent avec les personnalités ecclésiastiques, il n'en a pas eu le temps, nous avons échangé un peu en français dans le jardin du monastère, avant qu'il ne repartît pour Moscou en passant par Serguiev Possad. Nous avons parlé de notre présence ici, deux vieux Français, quel itinéraire... "Cela me donne parfois un peu le vertige, lui dis-je.

- Pas moi!" me répond-il en riant. 

Il pense comme le père Andreï que le conflit en Ukraine était devenu inévitable, et qu'il assainit maintenant pas mal de choses ici, c'est le bon côté de ce qui se passe là bas d'absolument terrible. Une correspondante facebook est interloquée par le fait que le patriarche invite à ne pas juger ceux qui ont quitté la Russie, et qui ont besoin d'aide spirituelle, ni les Ukrainiens, puisque le responsable de tout ce gâchis est "l'occident collectif". Elle trouve que les Ukrainiens sont largement responsables car on n'embrigade pas ceux qui s'y refusent. Cela ne me paraît pas si simple. Quand dès l'école maternelle, on réeeduque les gens, beaucoup n'y résistent pas. Je vois encore beaucoup de Russes avoir une vision complètement faussée de leur histoire, comme d'ailleurs beaucoup de Français, et l'Occident s'est employé, avec le concours d'un personnel politique et médiatique pourri, à rincer la cervelle des Ukrainiens jusqu'au blanc pur. C'est d'autant plus simple, quand les gens n'ont pas d'accès à leur foi ni à leur culture, et on a tout fait pour les couper de l'une et de l'autre. Et pas seulement en Ukraine, qui n'est jamais que le malheureux laboratoire de ce qu'on prépare à toute l'Europe. En ce sens, le patriarche a raison, et de plus, il n'est ni juge, ni commissaire du peuple et ne tient certainement pas à aggraver la position intenable du métropolite Onuphre, de ses hiérarques et de ses fidèles à qui il peut arriver absolument n'importe quoi. 





mercredi 25 janvier 2023

Oiseaux de mauvaise augure

 

photo Natalia Kornileva

J’ai vu l’image hallucinante d’un vol de corbeaux innombrables sur Kiev, des corbeaux ou des étourneaux ? Certains disent que c'est un fake, d'autres le confirment, le même phénomène s'était produit quand se concluait la création de l'eglise de Bartholomée. A Pierrelatte, on voyait fréquemment de grands vols d’étourneaux, mais pas en hiver. Et là, dans les lueurs de cette ville nocturne mal éclairée tournoient des oiseaux noirs, comme autant de démons, bien que chacun des oiseaux n’ait rien de démoniaque, ce sont juste des oiseaux, peut-être perturbés par la guerre. Simplement, s’ils sont venus tourner là, quelle qu’en soit la raison matérielle apparente, c’est que Dieu nous incarne peut-être un signe. Liouba dit que les anges peuvent se servir de n’importe qui, le gardien d’immeuble, le flic du coin, pour nous délivrer un message, sans que le messager lui-même en soit forcément conscient.


 

Ces flocons de suie sur Kiev, un nuage de corbeaux

Ou le feu qui revient de différents côtés

C'est votre terre noire qui part en fumée

C'est du charbon et de l'acier, mais pas une goutte d'eau,

C'est le souffre des pneus qui recouvre Sodome,

C'est la suie des villes qui se fige dans l'ombre,

Ce sont les cendres qui cognent à nos coeurs

Les médecins de la peste pour vous viennent trop tard

C'est le serpent qui franchit les remparts

Ce sont vos propres mots qui font écho en vous

C'est le poids du destin que vous avez invoqué, 

Les cercueils au rabais seront bientôt gratuits. 

Ce sont des foulards de veuves et des bouts de bannières

Ce sont les démons qui vous assiègent de leurs milliers de gueules

C'est un chevron pourri couleur de sang et de nuit

Des montagnes de sacs qui remplissent les morgues

Ce sont les soutanes des schismatiques, la croix sciée. 

Qu'une heure avant l'aube parvienne la nouvelle

Que périssent les âmes, que la Laure soit souillée:

Il vient. Que ses ennemis soient dispersés


Olga Danilova Sébastopol

Je sens se lever des ombres immenses, un tumulte épouvantable depuis ce trou noir, cet épicentre de tous les démons de l’occident, et j’ai peur. 

Piotr Tolstoi, en face de toujours les mêmes hyènes médiatiques qui organisent plus un interrogatoire qu’une interview. Ces journalistes se croient au Tribunal international qu’ils mériteraient eux-mêmes pour leurs mensonges, leur partialité et leur complicité dans le traquenard immonde où nous sommes tous en train de tomber, cette énorme imposture.  J’ai vu une vidéo où les patrons de ces hyènes  avouent eux-mêmes avoir, avant le coup d’état du Maïdan, envoyé des instructeurs pour former l’armée ukrainienne à affronter les Russes, ils ont eux-mêmes excité les ukrainiens comme des pit-bulls. On comprend pourquoi les naïfs qui essayaient comme moi de faire de la réinformation se heurtaient à un refus absolu d’évoquer les atrocités causées par les meutes neonazies lâchées sur le Donbass. Mais ils prétendent devant Tolstoï, avec aplomb, que les gens du Donbass « volaient la terre des Ukrainiens », c’étaient plutôt eux qui la vendaient aux Américains sans que leurs habitants légitimes fussent consultés ! Je m’étonne qu’il ne le leur ai pas rappelé. Et puis, quand on pense au cas qu’ils font de la nôtre de terre, la terre française, qu’il est infiniment incorrect de défendre et de revendiquer, et de ses habitants ancestraux perpétuellement honnis, impunément brutalisés et ridiculisés !

Les faux-semblants sont fantasmagoriques, et l’on voit des campagnes pour défendre aux gens de boire trop d’eau ou prévenir que le sport est dangereux pour le coeur, alors même que pendant des années on nous prêchait les bienfaits de l’exercice et les deux litres d’eau par jour ! Nos dirigeants n'ont vraiment honte de rien. Un professeur veut faire appel à l’intelligence artificielle pour comprendre les causes des morts subites en rafale qui frappent la population à des âges où elles étaient rarissimes. Voici ce qu'écrit à ce sujet sur VK Lionel Famechon: Une intelligence artificielle est une fausse intelligence par définition. Tout ce qui vient de l'intelligence artificielle a été créé par une connerie naturelle. Si l'intelligence artificielle est égale à celle de l'homme moderne alors il faudrait la renommer "La connerie artificielle" 

C’est qu’il ne faudrait surtout pas que les moutons menés à l’abattoir réalisent le problème avant d’avoir passé l'arme à gauche, alors on continue coûte que coûte à leur pendre des nouilles aux oreilles, comme disent les Russes, c’est-à-dire à leur raconter des craques. Non contents d’avoir injecté à leurs populations des substances douteuses, de les avoir ruinées, exposées sans défense à une criminalité  sans précédent, nos malfaiteurs persistent à vaticiner et à fournir toujours plus d’armes qui servent à envoyer à la mort toujours plus d’Ukrainiens, lesquels à part un certain nombre d'irrécupérables ont largement compris de quoi il retournait, mais on ne leur laisse  plus le choix. Aux Russes non plus. C’est la victoire ou la mort, même si tous ne le saisissent pas encore. On fait avec l'Ukraine et le Donbass comme avec le Covid, et ses conséquences, comme avec la théorie du genre, comme avec l'avortement justifié jusqu'à l'infanticide de foetus viables ou de nouveaux-nés, comme avec notre propre histoire détricotée pour la rendre compatible avec ce qu'on fait de notre pays, on fait semblant de croire, jusqu'à s'en persuader, à des contre-vérités évidentes qui ne peuvent convaincre personne d'encore doué d'un peu de bon sens et d'honnêtété intellectuelle.

 



Ioulia m’a dit hier que mon ami Slava, son père, l'historien et cinéaste Viatcheslav Lopatine, était sur le point de mourir et m’a demandé de prier pour lui, ce que j’ai fait. Après avoir reçu les saints dons, il s’est apaisé et endormi, et il ne s’est pas réveillé. Il paraît qu’il avait un cancer du sang. J’avais discuté avec lui au téléphone il y a peut-être 15 jours, il était gai et alerte, nous avions évoqué notre lointaine rencontre à Paris, quand j’étais étudiante. « Pouviez-vous deviner qu’un jour je viendrais vivre ici ? lui ai-je demandé.

- Eh bien à vrai dire, tu avais quand même quelque chose de spécial ! »

Slava était venu, avec son opérateur Génia, tourner un film sur la commune de Paris. J'avais tout juste 19 ans, c'étaient les premiers "soviétiques" que je voyais de ma vie, et je brûlais de leur parler, au restaurant où notre professeur avait invité ses étudiants pour faire connaissance avec eux. J'étais placée à l'autre bout de la table, et ne pouvais le faire. Au dessert, j'étais allée les trouver et leur avais demandé ce qu'ils pensaient d'Ivan le Terrible. Ils avaient éclaté de rire, et m'avaient pris chacun par un bras pour me réciter des vers et discuter avec moi de l'histoire russe, tout en visitant le Paris nocturne de l'époque parce que travaillant le jour, ils ne pouvaient faire de tourisme que la nuit. Au bout de quatre nuits de ce régime, je ne m'étais pas réveillée pour me rendre au dernier rendez-vous qu'ils m'avaient donné pour me faire leurs adieux, et j'avais amèrement pleuré, persuadée que je ne trouverais jamais d'hommes comme eux dans la France des années 70, ce qui s'est largement avéré. Ils avaient 16 ans de plus que moi, et ils étaient mariés tous les deux. Slava s'était spécialisé dans l'époque de Catherine II, dont il se disait le favori posthume. Il a écrit sur elle et sur Potemkine des dizaines de livres. 

J’étais contente d’avoir renoué avec lui, je pensais à lui cet automne, et sa fille, qui vient souvent à Pereslavl, apprenant par une amie commune que j’y étais, m’avait contactée. Mais je ne l'aurai pas revu.

Slava avait 86 ou 87 ans, il est resté alerte, lucide et passionné par ce qu’il faisait jusqu’à la fin, il a pu communier avant de partir, il est mort paisiblement et entouré des siens, ce n’est pas la pire façon de s’en aller, d’autant plus qu’on ne sait pas trop ce qui attend ceux qui restent.  


Slava et sa femme Natacha




    
Хлопья сажи над Киевом — тучей ворон.
То пожар возвращается с разных сторон.
Это ваш чернозём возгоняется в дым.
Это уголь и сталь — и ни капли воды.
Это сера от шин накрывает Содом.
Это копоть остывших во тьме городов,
это пепел, который нам в сердце стучит.
К вам уже опоздали чумные врачи.
Это змей одолел ограждающий вал.
Это вам отзываются ваши слова.
Это тяжесть накликанной вами судьбы —
и со скидкой, а скоро и даром, гробы.
Это вдовьи платки и ошмётки знамён
цвета крови и ночи, истлевший шеврон,
это горы пакетов, заполнивших морг,
это бесы к вам сунутся тысячей морд,
это рясы раскольников, спиленный крест.
То за час до рассвета доносится весть,
пусть и сгинули души, и Лавра в грязи:
Он грядёт. И его расточатся врази.