La situation
générale et le tour que prennent les chose en Europe sont si abominables que
j’ éprouve en permanence une sorte d’angoisse latente, et je me demande si je reverrai
jamais ma famille. Hier, j’ai eu la visite d’Ania
Ossipova, ravie de sortir de son tête-à-tête avec ses parents, qu’elle aime
beaucoup, mais enfin, elle est un peu seule, dans son village. Son mari fait le
chauffeur pour le monastère saint Nicolas de la Solba et c’est assez absorbant.
Elle est
hypersensible et paisible à la fois, très profonde, et c’est une des personnes
que je préfère, ici. Je lui ai présentée Katia, nous sommes allées toutes les
trois au restaurant, cela m’a bien changé les idées. Elles se sont plues, bien
que très différentes.
Je me trouvais dans
le jardin avec Ania, elle aime tout comme moi jardiner, et elle a remarqué mes
touffes de colchiques, qui ne sont bien sûr pas encore fleuries, en fait, elles
disparaissent, et à l’automne, les fleurs roses s’allument au milieu des
feuilles mortes, comme des lampes art nouveau. Je lui ai dit ; « Chez
nous, ce sont les fleurs emblématiques de l’automne, et d’ailleurs, nous avons
une chanson, sur ce thème, que j’adorais dans mon enfance, et que je chantais
tout le temps. » J’ai entonné le premier couplet :
Colchiques dans
les prés
Fleurissent,
fleurissent,
Colchiques dans
les prés,
C’est la fin de
l’été...
La feuille d’automne,
Emportée par le vent,
En ronde monotone,
Tombe en tourbillonnant.
Elle m’écoutait
avec une grande intensité et elle me dit soudain : « Comment peut-on
croire que l’âme n’existe pas ? Je vous entends chanter, et je vois votre
âme... »
Ania est la
sainte Russie à elle toute seule, et son mari pareil. Pour la fille de
communistes purs et durs, c’est un vrai miracle. Mais, me dit-elle, c’est sa
mère qui l’a fait baptiser, car « on ne sait jamais », et quand elle
était malade, elle lui donnait de l’eau bénite... Ania comprend très bien que
la famille Skountsev s’asperge d’eau bénite en rentrant de concert, pour éviter
les effets du mauvais oeil. «Il y a des gens qui l’ont, me dit-elle, il émane
d’eux quelque chose de très mauvais. J’avais un professeur comme cela. J’en
avais une peur bleue, un jour elle m’attrape par le bras avec un air étrange et
profère : « Quelle jolie petite fille ! » En rentrant de
l’école, j’ai fait comme Skountsev, je me suis aspergée d’eau bénite !
En fait, au vu de
ce qui se passe maintenant en Europe, je comprends. Beaucoup de gens chez nous
justifieraient qu’on s’aspergeât d’eau bénite, qu’on fît brûler de l’encens, et
même, qu’on exhibât une croix et des gousses d’ail à leur vue.
Au restaurant,
Katia parlait de sa cousine qui, après des années passées en Finlande où elle
était complètement intégrée, songe à rentrer en Russie. Ses gosses sont
ostracisés à l’école, elle se sent rejetée, la société ambiante prend un tour
incompréhensible. Une famille de Finlandais est venue s’installer à Pereslavl.
Ils ont peur pour leurs enfants,la
théorie du genre, les changements de sexe encouragés, les enlèvements officiels
de leur progéniture aux parents récalcitrants. J’ai vu moi-même une vidéo très
choquante où un enfant musulman hurlant, en Allemagne, est arraché par des
policiers péteux, mais inflexibles, à sa famille qui n’admet pas qu’on lui
prêche l’idéologie LGBT et la théorie du genre à l’école (https://youtu.be/wFGv3w_svqs.) Elle trouve cela
incompatible avec sa foi, ce qui est son droit, et cela devrait être respecté
si les démocratures permettaient encore la liberté de conscience. D’autant plus
que les enfants, une fois enlevés, Dieu sait ce qu’ils vont en faire. Je
comprends que d’un tel asile d’aliénés, les gens s’enfuient à tire d’ailes.
Cette année,
beaucoup de plantes qui avaient longtemps végété se développent avec vigueur.
Ma clématite de Sibérie est couverte de clochettes blanches qui me ravissent.
Le lilas de Hongrie va me faire plusieurs fleurs et pousse de grandes branches.
Les spirées lancent des bras souples de tous les côtés, les fougères se
déchaînent, leurs rondes enchantées tournent à l’ombre du poirier dans la
lumière du couchant, tout exulte autour de moi, et les chats s’alignent sur la
terrasse, et sur la bordure de ciment censée consolider la maison. En face, la maison d'oncle Kolia est encore intacte, malgré son jeune bouleau saccagé par le voisin. Pour combien de temps? Je plante désormais pour faire écran aux horreurs éventuelles qui peuvent gâcher mon espace. Mais j'aurai moins de ciel et moins de lumière. L'orage menace, pour l'instant, il nous tombe de la pluie, espérons que cela ne sera pas bientôt des bombes.
Un correspondant belge vient d'arriver, pour possiblement émigrer s'il trouve un travail. Une amie russe m'écrit: "Des Russes prennent peur et s'en vont, des Belges débarquent alors que nous commençons à être sous le feu des drones". Eh oui, on peut dire que deux parties de l'humanité n'ont vraiment pas les mêmes valeurs, et la ligne de démarcation ne suit pas toujours les frontières.
Entre la mort de ma mère, en 2014, et mon départ en Russie, en 2016, j'ai écrit des poèmes que je sors aux éditions du Net, pour les rendre éventuellement disponibles et en avoir une trace écrite. Ils sont imprégnés du pressentiment de la guerre et du malheur approchant de la France.
Après la période sèche, venteuse, lumineuse et douce de l'après Pâques, la Trinité s'annonçait humide, orageuse, avec des moustiques et des végétations adventices déchainés. Je n'arrivais même pas à tondre, et la situation dégénérait. Et puis aujourd'hui, miracle, un vent léger et frais, une lumière transparente, je suis restée sur ma terrasse à jouer des gousli, pas de radio à tue-tête, pas de camions, encore quelques motos, malheureusement, mais quand même, un moment de grâce, de trêve... Je sors souvent la nuit pour écouter les rossignols. Ils sont un peu loin, sans doute manquons-nous de grands arbres et de taillis à proximité, mais très nombreux, leurs trilles tissent dans la nuit une sorte de mystérieuse dentelle sonore, sous le croissant orange, dans ce ciel qui garde une étrange transparence au nord ouest. Tout se dépêche d'exulter pendant la belle saison trop courte.
J'ai rencontré un couple de Suisses de mon âge qui méditent de quitter leur pays. Ils font une tournée d'exploration. Des gens très gentils, qui voulaient rencontrer aussi notre Suisse cosaque apiculteur Veniamine, et qui nous ont couverts de cadeaux, j'ai un magnifique couteau suisse, par les temps qui courent, ça peut servir! Ils cherchent un pays "en dehors de l'Europe, un pays des Brics". Ils me disent que l'UE devient une dictature, que le mal à l'oeuvre autrefois chez les Russes est passé à l'ouest. En effet, et l'on voit bien qu'à divers épiphénomènes existe une seule cause. Le serpent change de couleur, il devient même arc-en-ciel, mais quel que soit le nombre de têtes, c'est toujours le même serpent. Puis j'ai fait la connaissance d'une Française, blogueuse, elle aussi, et installée en Russie depuis longtemps, Cécile Rogue. Elle parle parfaitement le russe, ce qui n'est hélas pas mon cas. Elle a un mari russe, c'est-à-dire qu'elle pratique la langue quotidiennement depuis des années. Et puis je pense qu'elle a étudié plus longtemps et plus sérieusement, et n'a jamais cessé d'utiliser cette langue.
Elle m'a parlé des problèmes qu'ont les gens tiraillés entre deux pays. Nous sommes russifiées mais quand même françaises, avec des différences de mentalité et d'éducation qui se font parfois sentir. Je lui trouve l'allure française, la silhouette, la coupe de cheveux, j'ai tout de suite vu, dans le café, que c'était elle. Je me demande si l'on réagit de la même manière à ma vue. Je me souviens qu'à New-York, en 80, quelqu'un m'avait dit: "On reconnaît les Françaises au foulard ou à l'écharpe qu'elles portent toujours au cou". Et à l'époque c'était très vrai, en ce qui me concerne, je n'ai jamais arrêté d'en porter, il faut que la chaleur soit torride pour que je m'en passe. Quand j'ai vu l'exquise Anne-Laure, très française également, elle avait l'inévitable écharpe enroulée autour du cou, et comme moi, elle ne la quittait pas!
Les cosaques se réunissent en ce moment sur la place Rouge de Pereslavl, où je les ai trouvées dans des nuées de moustiques et le parfum des lilas. On leur prête maintenant un cheval, et les enfants peuvent s'entraîner à monter, les adultes aussi, moi, je suis trop vieille. Alors j'ai un peu chanté. Le petit Maxime voulait s'essayer sur ma vieille-à-roue. Elle est trop grosse pour lui, mais il ne s'en sort pas mal. Tous ces enfants sont très mignons, spontanés, gentils. La fille d'Olga m'a dit que je leur avais manqué!
Cela prouve que ces séances sont profitables aux enfants, ils apprennent des choses, font des jeux et des sports d'hommes, avec des hommes. Ils sont bien élevés et serviables, ouverts.
Un peu plus tard, à la Poste, où j'ai fait la queue trois quarts d'heure, je vois un type avec un gros colis étiqueté "détachement cosaque de Pereslavl". Il envoyait des médicaments au front. Son fils y est. En sortant, j'ai pensé longtemps à lui, à son fils, à celui du père Gueorgui, de Vladimir, qui a été tué, à ces jeunes gens fauchés par la mort, à cause d'une bande de psychopathes richissimes et toxiques... Que faire? Quelqu'un m'écrit que tout a été fait pour jeter les "Ukrainiens" et les Russes les uns sur les autres, et que ça marche très bien, pour le plus grand profit de la mafia qui est derrière. En effet, on a rendu la chose inévitable et on s'efforce de la faire durer; mais le gouvernement russe n'est pas imbécile, je crois, et ne mène pas seulement sa guerre sur les champs de bataille. Je mets des guillements à Ukrainiens, car en fait, dans cet espace que l'Occident a étiqueté Ukraine, à la suite des soviétiques, et dans leur lignée, on peut dire qu'une partie du pays est occupée et martyrisée par l'autre, et depuis un bon moment, il suffit de lire Taras Boulba pour le comprendre. Arestovitch, le conseiller de Zelenski, a même décrété, paraît-il, en Israël, que les Ukrainiens, les siens, étaient un mélange de Polonais et de Juifs. Je mets "parait-il", parce que l'info n'était pas sourcée, mais je la crois volontiers véridique, tant cela me paraît évident. En effet, les Ukrainiens de l'ouest, uniates, ont été polonisés, bien qu'ils haïssent les Polonais et réciproquement (et puis aussi, accessoirement, les juifs). Et Catherine II a envoyé, d'après Soljénitsyne, un grand nombre de juifs en Ukraine, ils n'étaient pas contents d'y aller, mais quand même, ça laisse des traces; ça, plus la légende du royaume Khazar.... Donc aujourd'hui, les "Ukrainiens" russes gênent, et leur religion aussi, c'est pourquoi on les persécute et leur intime d'élever leurs enfants dans des caves, ou de partir chez les "moscovites" en leur attribuant des génocides qui ne sont pas de leur fait, selon le procédé de l'inversion accusatoire. C'est pourquoi aussi certaines grandes consciences, en occident, n'aperçoivent pas les croix gammées tatouées sur les bourreaux d'Azov et dissimulent depuis 9 ans les crimes commis par ceux-ci... Dans ce jeu de couillons, bien sûr, ce n'est pas seulement l'opinion occidentale, qui est dupe, mais aussi ceux qui servent d'hommes de mains aux crapauds richissimes de la finance internationale et des USA associés. Quelles que soit notre origine et nos convictions, il conviendrait de ne pas entrer dans ces manipulations criminelles et de ne pas tomber dans une solidarité de principe avec les manipulateurs.
Poème de la poétesse d'origine juive Iouna Moritz:
Elle est communiste, moi pas, mais j'aime bien sa classification qui reflète une réalité. D'autant plus que bon an mal an, communistes, orthodoxes, juifs, musulmans et monarchistes se retrouvent assez massivement dans la première catégorie. Je laisse le lecteur curieux s'interroger sur les prédateurs et les renégats de la deuxième et de la troisième. Quand on a un cerveau, il faut le faire travailler.
Un petit tour à Moscou pour diverses affaires, et une exposition de la bande Soutiaguine-Chevtchenko, dans l'atelier de ce dernier. Cela fait peut-être vingt ans que je me retrouve périodiquement dans cet endroit qui a beaucoup changé, Sacha l'a réparé, métamorphosé, le quartier lui-même, resté pittoresque, a des allures de quartier latin avant Hidalgo.
Toute la famille Soutiaguine a du talent, le père, la mère, les filles...
Sacha Chevtchenko n'a pas d'enfant, mais sa femme et lui ont recueuilli vingt chats.
C'était le dernier dimanche de Pâques, celui de la procession sur l'eau à Pereslavl, que j'ai malheureusement ratée, je lui ai préféré les Soutiaguine...
Chez le père Valentin, Liéna m'a parlé des grands blessés qu'elle va soigner deux fois par semaine. C'est absolument poignant. Elle ne sait que leur dire, tant leur détresse est totale. Mais souvent, ils finissent par être heureux que leur état les mette désormais à l'abri de la mort au front. J'admire son sang-froid et
Sveta Soutiaguina
sa force d'âme. On la trouve souvent dure, mais c'est sans doute ce qui lui permet d'assumer ce service. "Aller m'occuper d'eux m'apaise, me dit-elle, parce que cela me donne l'impression de participer un peu."
Elle fait dans le patriotisme pessimiste, son père pense qu'elle se laisse démoraliser par des sites alternatifs.
Constantin Soutiaguine
Maria Soutiaguina
Anna Soutiaguina
A ce sujet, j'ai trouvé sur VK ce post d'Olivier de Hangest:
Durant la seconde guerre civile européenne (1939-1945), la Résistance a commis — comme ceux d'en face — plusieurs crimes de guerres, longtemps niés, refoulés ou effacés. Nous ne pourrons jamais nous réconcilier sans accepter les exigences de la vérité. Et la vérité, tout historien digne de ce nom le sait, est kaléïdoscopique.
Les faits reconnus par un vieux résistant. Un groupe FTP (communiste) de la Corrèze a décidé froidement, en juin 1944, de fusiller 47 prisonniers allemands et une Française, après qu'ils aient creusé leur propre fosse. Cela constitue bien évidemment un crime de guerre, quel que soit le contexte.
Une partie de ma famille était socialiste, franc-maçonne et résistante («gaulliste») — un mien cousin a même donné sa vie pour la cause patriotique, il est mort en déportation, donnant son nom à une rue tourangelle. L'autre partie de ma famille était maréchaliste et nationaliste, détestant aussi bien les Godons que les Boches.
Moi-même j'éprouve une sympathie naturelle pour tous les réprouvés, ceux de 1939 (communistes réduits à la clandestinité) aussi bien que ceux de 1944 (fascistes réduits au silence et au peloton d'exécution). Il est des plaies qui se referment difficilement. Les mémoires sont inconciliables, alors il reste la recherche de la vérité, sous tous ses angles. Mon choix est de fleurir toutes les tombes. Mon mépris s'adresse aux spectateurs passifs et aux juges rétrospectifs.
Bien que partageant en grande partie le combat social et patriotique de nos amis du PRCF, je désapprouve leur refus radical de paix civile. Le courage était le même des deux côtés de l'orage, dans l'Europe d'alors et en France même. Rien de pire que les guerres civiles, qu'elles fussent religieuses ou idéologiques. Elles brisèrent les familles, les communautés, les jeunes volontés et tout sentiment d'humanité. Pour des idées qui «font trois petits tours et puis s'en vont».
Si nous en sommes là où nous en sommes aujourd'hui, c'est parce que des salauds des deux camps ont poussé au suicide Pierre Brossolette en 1944 et Pierre Drieu La Rochelle en 1945.
Comme le chantait jadis Georges Brassens:
Qu'au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi Mieux vaut attendre un peu qu'on le change en ami Mieux vaut tourner sept fois sa crosse dans la main Mieux vaut toujours remettre une salve à demain
Je ne connais pour ma part que des Français, courageux et minoritaires, «qui ont voulu faire quelque chose» avec panache. Dans les maquis rouges, au sein dans l'Armée d'Afrique ou bien dans les plaines de l'Ukraine. Tous éternellement unis dans le Panthéon des guerriers.
Olivier ajoute en commentaire: Le salut hypothétique et lointain de la France (et, ce qui revient au même, celui du vieil Occident enraciné) passera nécessairement par le retour victorieux de la Sainte Russie (sur les ruines du nouvel Occident dévoyé).
Non point parce que la Troisième Rome viendra à notre secours, comme l'espèrent beaucoup de kremlinolâtres naïfs — mais parce que son règne ne peut que réactiver ce qui n'est, pour le moment, qu'endormi. La lance de saint Georges appelle celle de saint Michel.
Je partage son point de vue, car le conflit me paraît métapolitique autant que métaphysique, tout se passe au delà des personnalités en jeu. L'Occident est désormais contre la Vie. La Vie est contre lui.
Malade plusieurs jours, sans beaucoup de fièvre, mais avec une bronchite dont je viens à bout avec des doses massives d'antibiotiques et de vitamines. Je n'ai plus de voix. Plus de forces non plus, mais toujours des tas de choses à faire, que l'on ne fera pas à ma place. C'est là qu'on prend conscience de son âge, quand on a tendance à l'ignorer.
Le temps est magnifique, rarement vu ici autant de journées ensoleillées, ni aussi peu de moustiques, mais la sècheresse menace. Dans mon marécage, cela ne concerne pas les plantes installées, mais les nouvelles et les transplantées demandent de l'arrosage.
J'ai vu hier une équipe mesurer la moitié d'isba de l'oncle Kolia, je redoute le pire. Cette ravissante façade va être saccagée, plastifiée, sans compter le bruit qui va me gâcher l'été, il ne manque plus que la construction par derrière du monstre pour lequel on a déversé ici des quantités de terre invraisemblables. J'essaie de surmonter le chagrin et la révolte que cela me cause. On peut dire que la connerie m'a pourri la vie dès l'enfance, je ne l'ai jamais supportée, convaincue, comme Dostoievski, que la bêtise peut devenir un crime. Mais à mon âge avancé, avec un organisme usé et une âme épuisée, cela devient difficile à supporter.
Cependant, il y a pire. Hier, le festival Tom Sawyer fêtait par un thé en plein air la fin de son dernier chantier, la restauration extérieure d'une isba, sur la route principale, pas loin de chez moi. Je suis allée soutenir la cause. Cette pauvre isba, devenue toute pimpante, avec des détails charmants que l'on ne voyait plus sous la grisaille, est guettée par un énorme truc, tombé là comme un OVNI, en écrasant tout sur son passage. Ce truc me fait cuire les yeux à chaque fois que je passe devant. Il se dresse à trois mètres, au nord, d'un château américain lui-même hideux, à qui il bloque toute espèce de vue et de lumière. Et il surplombe au sud l'isba et son jardin, avec tant de lourde impudence, que si j'étais contrainte de vivre dans un tel voisinage, il me faudrait commander trois sequoias presque adultes pour ne plus voir ça, et aussi ne plus être vue de haut, comme une fourmi dans un vivarium. Heureusement que mon voisin à la terrasse n'a pas les mêmes moyens que le propriétaire de l'OVNI...
Ce n'est même plus de la simple bêtise, du simple mauvais goût, c'est, au delà du mépris pour le style local, celui des gens qui vivent autour et qui doivent supporter cette intrusion colossale. Il paraît qu'après avoir regardé les volontaires restaurer la masure avec perplexité, les extraterrestres sont devenus plus ou moins amicaux. Mais même si je n'avais pas été malade, je n'aurais pas travaillé sur ce chantier, aucune envie de faire connaissance: les extraterrestres ne sont pas ma tasse de thé.
Quelle n'a pas été ma surprise d'apprendre que l'auteur de ce méfait vitré était architecte, et même un célèbre architecte de Moscou! Dans un sens, c'est instructif. Si vous ne comprenez pas comment on a pu et peut encore, saccager cette capitale et ce qu'il lui reste de quartiers pittoresques après l'Union Soviétique, venez contempler l'OVNI de Pereslavl-Zalesski. Ca fait peur. Si j'avais encore les forces, je crois bien que j'envisagerais la fondation d'une communauté dans un village perdu du nord
Cependant, il faut dire que tout ceci concorde avec la vidéo de l'officier para que j'ai donnée récemment. La Russie ayant connu l'effondrement de l'Etat providence, tyran mais providence quand même, puis le pillage néo-libéral, en est là où nous allons, dans une société post-moderne dont elle a pris l'habitude en développant des stratégies de résistance. Certes, n'importe quel butor peut construire n'importe quoi, mais en revanche chez nous, on projette carrément de priver les gueux de toute espèce de propriété. Ainsi, dans un cas comme celui de l'OVNI, il reste la haie de sapins de 20 mètres ou le déménagement à 30 km de Pereslavl (parfois même beaucoup plus près). Car si personne n'empêche la construction d'un tel machin, personne n'empêche non plus les plantations d'arbres... c'est votre terrain.
J'ai une pensée émue pour une dame qui, vivant dans une ravissante maison provençale en pleine nature, rêvait de trouver ici "une jolie petite maison russe", ce qui reste théoriquement possible dans les villages perdus où faire 30 km peut vous prendre pratiquement une heure selon les saisons, et où il n'y a aucune infrastructure. Ou bien il faut vraiment étudier de près ce qu'il y a autour et savoir que la chute d'un OVNI reste toujours possible, à moins d'avoir devant soi un plan d'eau, un ravin, une falaise, ou une construction récente tolérable qui se dissimule aisément. Il faut avoir cet aspect de la question à l'esprit, quand on déménage en Russie, à moins d'être un citadin invétéré ou, au contraire, un homme des bois.
Or une émigration occidentale s'annonce avec de plus en plus d'insistance. Je lis sur VK:
Nous avons aussi de bonnes nouvelles. Avec tous les défauts de la FR, que je critique beaucoup, elle a l'air tout à fait convenable en regard des régimes dégénérés des USA ou de l'UE, où le christianisme et la moralité sont opprimés par une politique gouvernementale délibérée. Elever normalement des enfants est problématique également chez nous, mais là bas, c'est juste irréaliste, car dans chaque école, l'enfant est confronté obligatoirement à l'idéologie des trente six genres et de la drogue permise. Et les gens de bonnes moeurs s'efforçant de résister à cela sont conspués dans les médias, les tribunaux, et de plus en plus soumis à des poursuites judiciaires. Par conséquent, se profile une émigration de chrétiens blancs d'occident, pas encore énorme, mais déjà assez importante. Dans l'ensemble, je suis contre les vagues de migration, mais une telle vague de gens qui nous sont proches par la moralité, l'état d'esprit et le génome, qui aiment la Russie, c'est utile. De plus, ils ne demandent pas d'argent, mais l'apportent eux-mêmes.
Ce sont généralement des gens désintéréssés, souvent plus patriotes envers la Russie que le Russe moyen. J'ai eu moi-même au Donbass une assistante allemande de souche qui s'est convertie à l'orthodoxie: pour une femme, et d'autant plus étrangère, aller faire la guerre pour la sainte Russie, c'est bien plus risqué que pour nous. Néanmoins, parmi les émigrés occidentaux venus chez nous, il y en a beaucoup.
Ils voient à juste titre dans la Russie le dernier bastion du christianisme et d'une vie normale et morale. Je vitupère moi-même les rechutes de bolchevisme dans notre pays. Cependant, chez nous, il relève plutôt du symbole. Alors qu'en occident, toute la politique et l'idéologie sont devenues bolcheviques façon Lénine et Trotski, avec les histoires de pédophilie dans les écoles et les "marches nues". Cependant, la question de la symbolique est activement reprise, en Occident, par les mêmes clans occultes financiers, sous l'égide desquels le communisme et la révolution sexuelle ont été introduits en Russie en temps voulu. Ils s'occupent désormais de la déchristianisation définitive de leurs fiefs, y compris au niveau des symboles. La famille royale d'Angleterre a, à un certain moment, aidé à renverser et à supprimer le saint tsar russe Nicolas II et à déclencher la persécution du christianisme en Russie. Et maintenant, elle en arrive à détruire les symboles chrétiens jusque sur les armoiries de ses propres terres, sans parler de choses plus viles. Le roi Charles III, à peine coutronné, ordonna la création d'un nouveau dessin héraldique sans croix pour le gouvernement canadien.
Des gens viennent chez nous, qui sont prêts à tout pour ne pas affronter tout cela et en protéger leurs enfants:
Un "Village américain", qui abritera 200 familles des Etats-Unis, commencera sa construction dans le district de Serpoukhov de la région de Moscou en 2024.
C'est ce qu'a déclaré le directeur général du cabinet d'avocats Vista Emigration lors du 11° Forum juridique de Saint-Pétersbourg: "Fondamentalement, ce sont des chrétiens orthodoxes. Des Américains et des Canadiens qui, pour des raions idéologiques, veulent s'installer en Russie. Le projet est entièrement financé par ces étrangers eux-mêmes. Il n'y a pas de financement étatique ou local, mais l'approbation et le soutien du gouvernement de la région de Moscou étaient nécessaires."
En Allemagne, on parle de centaines de milliers d'Allemands russes qui veulent s'installer en Russie. Les raisons en sont connues. C'est l'implantation des valeurs radicales de la gauche libérale occidentale qui n'ont pratiquement plus aucune limite. Aujourd'hui, ils ont 70 sexes, demain, on ne sait pas ce qui se passera. Beaucoup de gens normaux, et là bas, il y en a aussi, ne comprennent pas tout cela et veulent émigrer. Beaucoup choisissent la Russie, mais ils y sont confrontés à un grand nombre de problèmes bureaucratiques liés à l'imperfection de la législation russe sur les migrations.
Si je cite ce post, ce n'est pas pour inciter les gens à partir, la question est très personnelle, mais parce que le phénomène me fascine et que l'analyse de l'auteur répond tout à fait à la mienne. Et puis je me demande quel en est le sens, la direction. Quand je suis partie, je pensais que ma démarche resterait assez marginale, or elle prend de l'ampleur, il est vrai que ce qui se passe en Occident s'est beaucoup accéléré et radicalisé. Les Américains s'organisent en villages, eh bien comme cela, ils éviteront peut-être les chutes d'OVNI... Personnellement, je ne suis pas venue ici pour vivre entre Français, mais pas non plus pour voir la Russie saccagée par ses propres habitants, et pourtant, je pouvais déjà le prévoir, la tendance est ancienne.
le métropolite Josaphat, condamné par la satrapie de Kiev
Il y a quelques jours, je suis tombée sur un commentaire indiquant que, sur une page orthodoxe, sous les nouvelles concernant les arrestations de hiérarques ukrainiens, de bonnes âmes écrivaient: "Très bien, très bien!" Ou: "Ils n'avaient qu'à ne pas s'occuper de politique." Mais qui s'occupe de politique, le métropolite Onuphre et ses hiérarques qui s'en sont toujours gardés, ou ceux qui ont créé la structure maudite, mis à sa tête le grassouillet mitré ordonné par n'importe qui, avec la caution d'un vieux patriarche grec vindicatif? Pour quelle raison a-t-elle été créée, cette structure? Je citerais bien la députée ukrainienne dont j'avais traduit la vidéo à l'époque, mais bien qu'elle n'ait pas fait des milliers de vues, cétait encore trop pour youtube, qui l'a supprimée.
Apparemment, les "orthodoxes" en question, après avoir ignoré délibérément pendant des années la situation de l'Eglise ukrainienne, car elle était fort gênante pour eux, ont décidé qu'ils pouvaient à présent se lâcher et passer à la calomnie et à l'hostilité déclarée. C'est tellement honteux, que des gens m'écrivent à ce sujet, m'exposant ce que j'ignorais encore, dans le genre immonde, et songent à émigrer, pour retrouver au moins des paroisses normales, et pas des nids d'agit-prop surexcités où l'on se monte la tête et règle ses comptes.
Pour ces croisés de la mauvaise cause, évidemment, ne "pas s'occuper de politique" serait rejoindre gentiment les rangs de l'Eglise indigne de la CIA-Bartholomée-Soros and Co, et le simple fait de s'y refuser fait de l'Eglise ukrainienne et de son métropolite une "Eglise Soviétique". Ils sont d'autant plus enragés, que les fidèles, là bas, ne s'y trompent pas, ils font la différence, entre de vrais pasteurs et des succédanés de sabbat, fabriqués en vue de la "Religion du futur", arc-en-ciel et compatible avec le mondialisme. L'Eglise ukrainienne, et c'est là que cela devient encore plus honteux et pathétique, depuis que j'en suis l'épopée, est sans doute la meilleure expression de ce qui subsiste de la Sainte Russie, cette Sainte Russie dont se réclament officiellement les descendants d'émigrés dévoyés, et les convertis français par erreur. L'Eglise Ukrainienne en est directement issue. Elle est sur place depuis le baptême de saint Vladimir. Elle utilise ces églises, qu'on lui arrache pour les profaner, depuis leur édification. Les saints qui reposent à la Laure sont les siens. Je pense à la lettre du saint patriarche Tikhon aux bolcheviques, où il précisait que ce qu'on confisquait à l'Eglise appartenait au peuple russe, que c'était son héritage dont on le spoliait. Nous avons affaire à exactement la même situation, et derrière la filiale de Bartholomée, nous n'avons ni des Ukrainiens, ni des chrétiens orthodoxes, pas plus qu'en 1918 derrière "l'Eglise rénovée".
Donc, toute une regrettable partie des "orthodoxes de France" hurlent avec les chacals, dansent la carmagnole autour des moines et des chrétiens en prière, et crient "très bien, très bien"! au visage des métropolites condamnés par un gouvernement d'imposteurs et de compradores au service des forces les plus ténébreuses de la planète. J'inscris cela, pour qu'on s'en souvienne. C'est d'ailleurs le genre de choses que je n'oublie jamais.
O Dieu, sois attentif à me secourir, Seigneur, hâte-toi de venir à mon aide.
Qu'ils rougissent et soient confondus, ceux qui cherchent mon âme;
qu'ils retournent en arrière et soient couverts de honte, ceux qui me veulent du mal; qu'ils retournent en arrière et rougissent soudain, ceux qui me disent: "Très, bien, très bien!"
Qu'ils exultent et se réjouissent en toi, tous ceux qui te cherchent, ô Dieu, et qu'ils disent sans cesse: "Que le Seigneur soit magnifié!" ceux qui aiment ton salut.
Pour moi, je suis pauvre et indigent, ô Dieu, viens à mon secours. Tu es mon secours et mon libérateur, Seigneur ne tarde pas!
Les fidèles et les hiérarques de l'Eglise Ukrainienne, qui est depuis 1000 ans une partie spirituelle de la sainte Russie, n'ont que le martyr pour se faire entendre des oreilles et des coeurs durs, et on leur répond "très bien, très bien!" En crachant sur elle, on crache aussi sur tout le reste, sur toutes ses reliques et ses ancêtres, pour épouser la cause des uniates polonisés auxquels elle a résisté des siècles, selon les oukazes d'un gouvernement qui est à peu près aussi ukrainien que moi je suis bantou. Il est vrai que nous sommes oecuménistes, éclairés et ouverts à tout, bien sûr.
Le chemin de l'enfer est large, emprunté avec enthousiasme, sous les applaudissements des fous.
Avant de commencer cette chronique, je voudrais signaler deux vidéos remarquables, celle de cet ancien parachutiste au parcours universitaire brillant, dont je retiens la formule: "Les juifs américains sont des descendants de juifs pessimistes qui ont fui aux USA, les fosses communes des camps d'extermination sont pleines de juifs optimistes qui pensaient que ça allait s'arranger":
La tableau qu'il trace n'est pas riant, mais pas excessivement catastrophique non plus, disons qu'il est réaliste, un homme averti en vaut deux. Il dit en substance que nous ne reviendrons pas en arrière, et qu'il nous faut trouver des moyens de survivre, de nous adapter et de résister, dans l'entraide, car nous ne pouvons plus compter que sur nous-mêmes en face de gouvernements plus ou moins mafieux et susceptibles de commettre n'importe quelle saloperie.
Et ensuite la prestation de Slobodan Despot au club Aristote, qui fait avec lucidité, culture et mesure le tour de la question russo-ukrainienne, et dont je retiens la formule, exprimée à propos de l'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie: "A partir de ce jour, je prie pour tous les soldats et pour tous les civils qui tomberont par leur faute, et je les envie, ces morts, de ne plus avoir à regarder les sales tronches des dirigeants occidentaux qui sont des monstres (...) Nous vivons sous l'emprise de gens qui n'ont absolument aucune moralité humaine, qui n'ont aucun frein et qui n'ont aucune pitié ni des autres ni de vous, qui êtes sous leur pouvoir." C'est une prise de conscience que j'ai eue à peu près au même moment que lui et qui n'a fait que se confirmer par la suite.
Quelqu'un me fait des remarques fines sur la gueule de Kadyrov, que je citais sur mon mur, non parce que j'en suis une admiratrice enthousiaste, mais parce que sa déclaration sur un événement récent pouvait être éclairante. La personne en question n'a pas hésité une minute à me placer parmi les groupies du Tchétchène, car je suis naturellement excessive, puisque je ne rejoins pas les rangs des rhinocéros, en lesquels tous se transforment, en démocrature, à vitesse impressionnante. Or je suis persuadée que Kadyrov est une personnalité tout ce qu'il y a de plus brutale, comme Prigogine, et comme il y en eut dans toutes les guerres, et dans celle-ci, on a affaire aux sadiques des bataillons punitifs, qui sont l'équivalent banderiste de Daesh. A la différence qu'en Ukraine, d'après les témoignages que j'ai vus, les Tchétchènes et les Wagner ne touchent pas aux civils; ce dont ne se prive pas l'armée ukrainienne, puisqu'elle ne les considère pas comme de vrais Ukrainiens, et qu'il convient de les épurer. Cependant, au même moment que Slobodan Despot, je me suis rendu compte, moi qui dans ma jeunesse, considérait les Américains comme les chevaliers blancs de la démocratie dont Israël défendait le flambeau contre les terroristes à keffieh, que les Saddam Hussein, Khadafi, Hassad, Milosevic de l'époque m'étaient, en fin de compte, plus compréhensibles et moins répugnants que les sales tronches dont il parle. Et je peux le dire aujourd'hui de Kadyrov et de Prigogine, sans pour autant les approuver. Je peux même, à la limite, le dire de ceux qu'ils combattent avec leurs propres méthodes. Alors que la caste qui a ourdi tout cela, de l'Irak à la Yougoslavie, de la Lybie à l'Afghanistan, en passant par la Syrie pour arriver à l'Ukraine, me paraît d'une nature extraterrestre glaçante dont je ne vois pas d'équivalent dans l'histoire, dont même les bolcheviques ou les SS n'étaient que le balbutiement, le brouillon enfantin. Et le mal qu'elle nous cause et peut encore nous causer est lui aussi sans précédent, nous pourrions tout simplement ne jamais nous en remettre. Je ne dis pas que la Russie, ou l'armée russe, ou le personnel politique russe soient irréprochables, mais ils sont actuellement, avec l'intervention divine, la seule chance de l'humanité d'échapper à sa perte totale, à une fin atroce et ignominieuse. Se dire que si les Russes ne sont pas si bons que ça, par conséquent la caste occidentale n'est pas si mauvaise, me paraît de l'aveuglement qui relève de l'optimisme auquel fait allusion l'officier parachutiste de ma première vidéo et qui pourrait être simplement de la faiblesse. Car les Russes restent humains, la caste ne l'est plus et le revendique. Toute personne qui en écoute les représentants peut s'en convaincre, ils ne s'en cachent même pas. Ne pas s'arrêter au brushing, à la coupe du tailleur ou du costume, ni au sourire à quarante huit dents sous les yeux de serpent congelé.
J'ai aussi regardé une vidéo de la série Besogon de Nikita Mikhalkov, "la romantisation de la vilenie", qui part d'un constat que je partage, à savoir que depuis déjà longtemps, on fait du salaud et du criminel une victime ou un héros. Il part de Vera Zassoulitch, acquittée de sa tentative de meurtre sur un fonctionnaire tsariste, un manque de fermeté qui a sans doute été à l'origine de l'assassinat du tsar Alexandre II, et peu à peu de la révolution. Il fait référence aux Démons de Dostoievski, où tout cela est magistralement analysé et prédit. Il parle de la complicité des intellectuels de l'époque avec ce genre d'individus, de leur désavoeu de la Russie, et cite des intellectuels contemporains, leurs réactions à l'attentat contre Vladlen Tatarski, leurs collectes pour venir en aide à la stupide créature qui a causé, avec la mort d'un blogueur et correspondant de guerre qui ne partageait pas ses idées inculquées, des blessures de diverses gravité aux cinquante personnes présentes autour de lui. Un de ces types explique que la Russie doit devenir enfin une "société humaine", ce que pensaient les imbéciles du XIX° siècle, comme si par exemple, la société anglaise "démocratique" que décrit Jack London dans "les Bas-fonds de Londres" était plus humaine que la Russie tsariste. Pour ma part, ce témoignage m'a fait à peu près aussi froid dans le dos que l'Archipel du Goulag, alors que "l'Eté du Seigneur" de Chmeliov, m'a fait l'effet d'un paradis perdu. Actuellement, je trouve la société russe actuelle plus humaine, à tous les sens du terme, que la nôtre, et même dans la guerre, elle se montre plus humaine que l'OTAN dans tous les pays où cette association de malfaiteurs a cru bon d'intervenir. Ces gens qui font ces collectes pour une criminelle ne sont pas inquiétés, et même, observe-t-il, on a nettoyé brutalement les hommages déposés par les gens sous forme de drapeaux russes, photos, rubans de saint Georges, bougies, à l'endroit de l'attentat en les fourrant dans des sacs poubelles (en temps de guerre, dans des sacs poubelles, le drapeau russe, le ruban de saint Georges, chez le dictateur soi-disant revanchard, de façon officielle, sur l'ordre de quelque fonctionnaire municipal...), alors qu'à l'endroit de l'assassinat de Nemtsov, automatiquement imputé à ce même dictateur, qui n'avait aucun intérêt à se débarrasser ainsi d'un concurrent insignifiant, personne ne touche à ce qu'y déposent les libéraux enthousiasmés par les assassinats d'intellectuels patriotes.
Il revient à son obsession, le centre Eltsine de Ekaterinbourg, qui est en effet un scandale. Construit par les Américains, il fonctionne toujours, enseignant aux Russes que ce qui s'est passé chez eux n'est pas le résultat d'une idéologie occidentale importée par des russophobes, l'idéologie en soi et les russophobes ne sont pas en cause, mais la barbarie foncière de ce peuple inepte. D'une façon assez primitive, toute l'histoire russe est caricaturée pour en arriver à l'exaltation d'un compradore ivrogne au service des anglosaxons salvateurs à qui il convient de confier la direction de ce malheureux pays d'incapables, de poivrots et de sadiques et de ses richesses. Cette propagande occidentale infâme consiste à dédouaner certaines personnes des crimes commis en Russie, et à diaboliser le pays aux yeux de sa propre jeunesse. Et depuis le début du conflit, en 2014, j'ai senti toute la perversité de la démarche qui permet évidemment, par réaction, aux révisionnistes communistes de justifier à posteriori les épurations du guide.
C'est exactement ce que fait Mikhalkov, en convoquant un contre-historien, qui nie le holodomor, Katyn, l'esclavage d'état etc... Pour Katyn, je ne me prononce pas, car c'est une histoire embrouillée et d'après ce qu'il dit, l'URSS aurait été disculpée dans un premier temps. Pour ce qui est du holodomor, ce que je conteste, c'est qu'il s'agissait d'un génocide d'Ukrainiens commis par des Russes, comme le disent maintenant ceux qui voudraient bien faire oublier ce qu'il y avait là derrière, alors qu'il s'agissait de l'extermination de la paysannerie, un peu comme en Vendée, et qu'elle n'a pas seulement frappé l'Ukraine mais la région de la Volga et tous les coins de Russie où les paysans s'en sortaient bien et avaient un peu d'indépendance. Trotski a fait un véritable génocide de cosaques, par exemple, en est-il question au centre Eltsine? Quand à l'esclavage d'état, je ne citerai pas Soljénitsyne mais l'émission populaire жди меня, équivalent de "perdu de vue", que je regardais dans les années 2000, où des gens recherchaient des disparus et pour cause de guerre et de répressions, il y en avait un paquet. Je me souviens d'une fratrie de cinq vieillards qui recherchaient le sixième, disparu pendant la guerre. Le père étant au front, la mère, une paysanne biélorusse, avait été raflée avec son nourrisson, le sixième enfant, pour remplir, je l'ai entendu de mes oreilles, les quotas d'arrestations et fournir en main d'oeuvre les grands chantiers de l'URSS. J'ai aussi effectué une croisière avec la faculté d'hydrotechnologie de Moscou, pour compenser une croisière que j'avais achetée et qui avait été annulée, au cours de laquelle on m'a parlé en long, en large et en travers de la construction du Biélomor Kanal. Un des professeurs, fille d'un directeur de camp qui, m'a-t-elle dit, n'avait jamais regretté ce qu'il avait fait, m'a déclaré: "Nous voguons sur des ossements". A cela, certains me répondent que Pierre le Grand n'avait pas fait mieux. Et alors? Il faut l'en féliciter? La fin justifie les moyens?
Mikhalkov fait comme Prilepine, c'est-à-dire qu'en face de la propagande et des mensonges occidentaux, il s'efforce de gommer ce qu'ils dénoncent d'une façon biaisée et perfide, mais qui a pourtant eu lieu, et il vaudrait mieux le reconnaître, s'il s'agit d'opérer une réconciliation nationale, autant qu'elle se fasse sur des bases saines et non pas sur des mensonges historiques complaisants répondant aux mensonges d'en face. Ce n'est peut-être pas agréable à réaliser pour beaucoup d'anciens joyeux komsomols, mais on a toujours tort de vivre dans l'illusion. Sinon on en arrive à un jeu pervers de propagande et de contrepropagande qui se nourrissent l'une de l'autre. Cela n'enlève rien à l'héroïsme des combattants russes, et à leur rôle décisif dans l'issue de la guerre, bien que finalement, à ce qu'on voit aujourd'hui, elle ne se soit pas encore terminée, mais le véritable ennemi de tous n'est peut-etre pas là où le croient chacun des protagonistes.
De même, il s'étend longuement sur les nazis recasés dans les structures de l'Union européenne et de l'OTAN, c'est instructif, je ne savais pas qu'il y en eût autant, et cela me démontre qu'en effet, comme je le pense depuis longtemps, nous avons affaire à un serpent à plusieurs têtes, dont le corps s'appelle progressisme matérialiste luciférien. Mais il conviendrait aussi de se pencher sur le trotskysme de la gauche occidentale et des néocons américains qui utilisent avec fourberie le néonazisme ou le paranazisme des banderistes ou des pays Baltes tout en traitant de nazis les patriotes des pays qu'ils veulent perdre, soit les Français, les Allemands, les Russes, les Autrichiens, les Hongrois, enfin tous ceux qui sont la cible et non pas l'instrument.
Cela étant établi, souvenons-nous aussi de Vladimir Boukovski, dont la vidéo nous avertissait, il y a 15 ans, que notre UE pouvait se parer de trois lettres de plus. UERSS, les deux dernières, à la lueur de ce qui se déroule depuis un certain temps, prenant tout leur sens complémentaire dans cette dénomination. J'ai aussi une pensée pour Zinoviev, maintes fois évoqué par Slobodan Despot. D'abord dissident, il en était venu à penser que la démocratie occidentale deviendrait plus dictatoriale que l'URSS, et que l'antisoviétisme servirait de prétexte à la russophobie. Or cela aussi, je l'ai vérifié. Il m'est arrivé de voyager avec la veuve d'un dissident soviétique qui m'avait exprimé une haine de la Russie absolument rabique quand elle avait découvert que j'avais choisi d'aller travailler au Pays Maudit. Beaucoup de gens m'ont parlé avec inquiétude de la dissolution de l'association Mémorial consacrée aux victimes du Goulag. Cependant, membre d'un groupe, sur facebook, consacré à la même chose, je m'en suis exclue après avoir constaté que les autres membres utilisaient tout cela comme prétexte pour vilipender la Russie depuis l'aube de son histoire. De sorte qu'entre les uns et les autres, on ne peut plus évoquer le sujet. C'est finalement bien pratique pour tout le monde.
Je suis obligée de constater également, à la fin de ma vie, que les ravages opérés par le communisme sur le tissu social et la mentalité des gens ne sont pas aussi radicaux que ceux du capitalisme consumériste de l'empire anglo-saxon, au bout du compte. Certes, cet esprit corrupteur, pervers, cupide, vulgaire, impudent et profanateur s'est infiltré dans la société russe, surtout la haute société, et les milieux "créatifs", mais quand même, il n'a pas eu le temps de tout dissoudre. On peut espérer que le processus s'arrête, bien qu'il sévisse encore, au mépris de l'état de guerre et des discours patriotiques, car il a aussi ses relais inlassables et sournois chez les hauts fonctionnaires. Néanmoins, quand j'écoutais ce que disait de notre avenir l'officier para, aucune protection sociale, un état sur lequel on ne peut plus compter, la nécessité de survivre parallèlement à son appareil ou même contre lui, je me disais que si la Russie, par certains côtés, était en retard sur nous, de ce côté-là, elle était plutôt en avance. D'ailleurs, dès les années 90, j'avais senti que le désastre organisé chez elle, on nous le préparait par la suite, et c'est ce qui se produit, le tour de l'Europe est venu. Les gens, ici, après le naufrage et les pillages des années 90, ont développé toutes sortes de contre-stratégies, grâce à leur esprit solidaire, ils ont l'habitude de compter sur leurs diverses communautés plutôt que sur les fonctionnaires qui ne fonctionnent pas. Je pense que chacun peut trouver sa niche écologique, ce qui n'est vraiment plus le cas des pays occidentaux. On peut même quasiment y choisir son époque. Faire ici le communiste, environné de communistes, dans l'environnement correspondant, ou vivre là comme les cosaques, à la façon de Veniamine le Suisse, créer un groupe de country, comme Jason l'Américain, fonder une communauté agricole, ethno-folklorique, artisanale, artistique, orthodoxe, ou souvent tout cela à la fois, ou bien encore vivre dans le high tech ou la beaufitude post-moderne, et personne ne semble s'en formaliser ni même y prêter attention.