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samedi 17 juin 2023

Point de vue russe

 Voici un article intéressant d'Igor Drouz. 

https://ren.tv/blog/igor-druz/1110973-zapadnye-tradit..

J'ai écrit un article comme quoi les vieux stéréotypes sur les nations qui nous sont hostiles ne marchent pas: il s'est déjà formé un gouvernement mondial sous condition, qui réprime tout projet national. Les anglosaxons ne gouvernent pas le monde, ils sont à genoux, s'excusant d'être restés blancs et hétérosexuels. Les Polonais ne s'apprêtent pas à "partager l'Ukraine", et ne le pourraient pas, même s'ils le voulaient. Les Allemands ne sont pas des nazis, c'est une nation asservie, qui éxécute les ordres des liberman mondialistes. Et le Vatican contemporain n'est pas l'héritier des croisés, en dépit de tous leurs défauts, mais celui des traditions révolutionnaires des Jacobins et des Rotschild (ce qui est infiniment pire):

"...les autorités cosmopolites de Grande-Bretagne crachent sur la nation anglaise comme personne ne 'la encore fait. Ces jours-ci, de nombreux médias mondiaux ont publié une étrange nouvelle sur ce thème: dans la célèbre université de Cambridge, on apprend aux étudiants que les anglo-saxons n'existaient pas en tant que groupe ethnique distinct. La direction a expliqué que cela rend l'enseignement plus "antiraciste", dans la mesure où le terme "anglo-saxon" est utilisé pour soutenir les idées racistes "d'identité anglaise de souche". C'est-à-dire qu'on déclare sur un ton offensant aux Anglais que leur nation n'existe pas et n'a jamais existé, et celui qui dira le contraire sera raciste!

Et beaucoup de leaders de l'opinion publique, engagés par le gouvernement, font là bas de telles déclarations. Par exemple, il y a environ deux ans, l'archevêque de Canterbury Justin Willby a déclaré qu'à la lueur du mouvement Black Lives Matter, l'Eglise Anglicane "doit réviser la façon dont on représente le Christ sur les statues et les icônes". Willby a dit qu'il valait mieux représenter un Christ de type négroïde, arabe ou chinois, "sans remarquer" que cela contredisait la vérité historique et discriminait les blancs. 

On ne peut pas dire que le peuple anglais ne se soit pas indigné et n'ai pas essayé de résister. Le Brexit a eu lieu sous les slogans de l'arrêt de l'importation de migrants, pour laquelle les Anglais accusaient justement l'Union Européenne. Pourtant, après le Brexit, la situation est devenue encore pire: il s'est avéré que le déplacement massif d'asiatiques et d'africains en Grande-Bretagne, c'était la politique de son propre gouvernement, et pas seulement de la Commission européenne.  

D'après les bilans de 2021, le record du chiffre de l'émigration pure fut établi; 504 mille personnes, alors qu'avant la sortie de la Grande-Bretagne de l'Europe, il restait au niveau de 250 personnes par an. Or en 2022, le compte des migrants extareuropéens est monté à 670 mille! La composante nationale de l'Angleterre change, et de plus, l'appareil d'état donne toujours la préférence aux migrants par rapport aux blancs, ce qui cause à la population de souche un puissant inconfort. A Londres et Birmingham, les Anglais sont devenus une minorité ethnique. Entre 2011 et 2021, à Birmingham leur part a baissé de 52 à 43 %, à Londres, de 45 à 37%. En province, le tableau est plus ou moins semblable. De plus la police et les services spéciaux protègent toujours les bandes ethniques de migrants, et si les Anglais essaient de s'organiser pour se défendre contre eux, ils sont marqués tout de suite de l'étiquette de racistes, poursuivis par les médias, persécutés par les forces de l'ordre. 

Même l'aristocratie britannique pro maçonne de la classe moyenne est obligée maintenant de céder un peu la place dans les postes gouvernementaux, car elle conserve séditieusement quelque chose de traditionnellement anglais. C'est pourquoi elle est de plus en plus obligée de s'effacer devant les "musulmans inclusifs", tolérants à l'imposition par les autorités de drogues et de perversités, mais déclarant le djihad aux chrétiens blancs, avec le soutien de la machine gouvernementale.

De plus, les autorités supérieures de Grande-Bretagne ont fait baisser radicalement le niveau de vie de la population de souche avec leurs sanctions contre la Russie.

Et le comportement de la Pologne ne peut être compris si l'on part des représentations traditionnelles sur sa politique "revancharde", de son désir de recreéer la grande Rzecz Pospolita. Il est maintenant clairement visible que la politique de la Pologne ne ressemble non seulement pas à une politique impériale, mais même à celle d'un pays souverain. Si ce pays était gouverné par des personnes aux vues impérialistes, il s'unirait à la Russie en vue d'un partage de l'Ukraine. Et si la Pologne était gouvernée simplement par des souverainistes, alors ils respecteraient la neutralité dans l'intérêt de leur pays, commerçant avantageusement avec la Russie, en contournant les sanctions occidentales. Mais la Pologne n'est gouvernée ni pas les uns ni par les autres: elle l'est par des marionnettes, placées là par les mondialistes, lesquels contre l'intérêt de leur pays sont de facto entrés en guerre avec la FR, en soutenant activement l'Ukraine, vouant à la mort ses soldats, qu'on envoie combattre sous le vocable de "mercenaires indépendants". En outre, les autorités pro occidentales de ce pays l'ont submergé de migrants ukrainiens, ce qui a cassé l'unité ethnique de la Pologne et créé un précédent pour de futurs affrontements interethniques...   

  Si le pape François rappelait vraiment les papes traditionnels, il n'agirait pas ainsi dans la situation donnée. Il ne marcherait pas du même pas que le Département d'Etat et Soros, qui introduisent une dépravation extrême dans les territoires conquis. En dépit de tous leurs défauts, les latins n'avainet pas l'habitude de soutenir les satanistes...

La politique du Vatican contemporain, c'est le fondamentalisme libéral, qui est par essence l'entithèse du christianisme. Ce que confirme le soutien du pape François à la politique du "multiculturalisme", la dissolution des peuples chrétiens d'Europe dans le flux des migrants hétérodoxes. Il s'élève contre la fertilité dans le cas des femmes européennes, mais invite en Europe les familles nombreuses musulmanes.

De sorte qu'il est temps de rejeter les vieux stéréotypes sur les ennemis géopolitiques du monde russe. Aujourd'hui, le rôle des gouvernements nationaux et des anciennes confessions européennes est réduit à néant, ils sont tous gouvernés par des structures supranationales, hostiles à tout ce qui est conservateur et chrétien. a présent, les vrais patriotes de Pologne, d'Allemagne et même d'Angleterre soutiennent d'ordinaire la Russie, voyant en elle, fût-il lui-même affaibli, le dernier refuge des valeurs traditionnelles et de la vieille Europe. De même, nous soutiennent les derniers vrais catholiques, par exemple l'archevêque Vigano, qui a défié le pape mondialiste et ne craint pas de donner une interview qux médias russes. Bien sûr, il ne faut pas se faire d'illusions: d'énormes masses de populations européennes sont zombifiées par la russophobie. Mais il reste quand même là bas pas mal de traditionnalistes qu'il faut attirer chez nous... 

Sa vue des choses est juste dans l'ensemble et je serais heureuse que les Russes y prêtassent attention, au lieu de faire comme il le déconseille, de brasser de vieux stéréotypes, ce que font parallèlement leurs adversaires pour faire marcher les imbéciles. Sortir des vieux stéréotypes est une nécessité des deux côtés de la barrière. Cela s'appelle essayer de regarder la réalité en face au lieu de la masquer derrière les slogans dont on a l'habitude. Mais c'est qu'elle n'est pas belle à voir, et une fois qu'on l'a vue...

Sous le post où Igor Drouz propose des extraits de son article, ceux que j'ai traduits, un lecteur objecte, comme pas mal de Russes qui continuent à se raconter des histoires, que des hordes d'asiates se déversent pareillement sur la Russie et ajoute à mon endroit qu'ils ne se conduisent guère mieux qu'en Europe. Mais je trouve que les situations ne sont pas comparables. Certes, il y a beaucoup d'immigrés asiates, chez les Russes, cela fait des siècles que cela se produit périodiquement. Mais en dépit de tout ce qu'on peut raconter, et de la nécessité d'enrayer le processus ou de le réguler, ils ne se conduisent généralement pas comme en Europe. On me répond "parce qu'ils sont moins nombreux", eh bien oui, déjà! C'est déjà un point remarquable. En Europe, c'est par millions qu'on nous déferle dessus, cela est organisé, planifié, préparé de tous les côtés; la mère Merkel a ouvert les vannes en 2015, après que Sarkozy, avec BHL et leurs copains de l'etat profond américain, aient assassiné la Libye avec son dictateur. Les asiates que je côtoie à Pereslavl sont polis, calmes et sans histoires. A Moscou, pendant que j'essayais de me garer derrière lui, un asiate, alors qu'un Russe serait sorti de sa précieuse voiture pour me fusiller du regard d'oser prendre le risque de l'érafler pour caser la mienne, a jailli de la sienne pour m'aider à manoeuvrer... Je ne vois pas dans les médias russes ce que j'ai vu encore récemment dans les nôtres, un Français se faire insulter et agresser par une voilée impudente qui lui ricane à la figure qu'il n'est plus chez lui dans le pays de ses ancêtres, et que prétendre y tenir est du racisme caractérisé. A la libération, on fusillait sommairement et tondait ceux qui n'avaient pas résisté à l'envahisseur allemand, et maintenant, on fait le procès public de ceux qui tiennent à rester ce qu'ils sont, et qu'ils ont toujours été, allez comprendre... Allez comprendre pourquoi!

Il est net qu'ici, il y a aussi des mondialistes, qui travaillent dans le même sens que les nôtres, mais ils n'ont pas eu le temps d'aller aussi loin, bien que beaucoup de mal ait été fait, et le terrain préparé par le soviétisme, comme chez nous par la République. Et puis, je le répète, les migrants ici n'ont pas le comportement qu'ils ont chez nous, qu'ils soient asiates, caucasiens, arméniens ou ukrainiens, même s'il peut arriver qu'ils se conduisent mal. On dirait d'une part que l'Europe récolte la canaille du monde entier, et d'autre part, que la totale complaisance des autorités et des médias à son égard lui permet de penser qu'elle peut tout se permettre.

Mais il y a encore autre chose. En plus des comportements de sauvages en goguette, les viols et passages à tabac, que je crois spontanés et encouragés par un laxisme voulu, je suis de plus en plus persuadée que beaucoup d'attentats et de profanations d'églises, même si des zombies musulmans ou autres dingues comparables peuvent être utilisés, sont le fait de la mafia qui manoeuvre les compradors de l'UE. Pour sidérer les gens, pour détourner notre attention, pour nous manipuler. On me traitera de complotiste et j'assume, on verra si mes intuitions sont justes ou si je me trompe. Je peux me tromper, en tous cas, il s'agit vraiment d'intuitions, pas de conclusions établies sur de longues enquêtes, des intuitions de femme anxieuse qui depuis longtemps assemble l'horrible puzzle de la vérité post-moderne au gré des pièces qui lui tombent sous la main. 

Dans l'Art-Bar où j'installe mon exposition, j'ai eu une altercation avec un libéral local, à cause du Z que j'ai cousu sur mon sac-à-main. J'étais trop fatiguée et occupée pour mener loin la discussion, je lui ai dit, plus ou moins, que nous n'avions pas les mêmes valeurs. A mon retour, j'en ai parlé à ma voisine Ania, qui a eu cette réponse superbe: "Laurence, ce n'est pas la peine de discuter avec ces gens-là, il ne faut pas les laisser passer à travers vous".




Sur la manipulation des esprits le briefing de Slobodan Despot: https://www.youtube.com/live/RqgOPvYXhU8?feature=share











mardi 13 juin 2023

Au bord et à l'écart

 Lundi, nous avions le "concert des talents" locaux, dont j'ai l'honneur de faire partie, et qui a débuté par un certain kitsch russe ou post-soviétique, je ne sais comment le caractériser, karaoké de gosses qui interprètent, comme à la télé, de la variété patriotique. Et puis j'ai vu la petite Frossia chanter "Alouette, gentille alouette" en guettant mes réactions, puis continuer a capella par une chanson soviétique, avec tant de naturel et d'émotion que j'en avais la larme à l'oeil. Lorsque j'ai chanté à mon tour mes quatre chansons françaises, je lui ai demandé de m'accompagner pour le refrain de l'une d'elles, qui était très simple. Elle est de Moscou et apprend le français.

Ensuite, nous avons eu le même groupe de rockers adolescents que la dernière fois, très sincères, très bons. Et puis Jason et son groupe de country, et la petite Sima devant, en pompom girl. Et là, c'était vraiment excellent, j'aurais pu me croire dans un bar de Boston ou de New-York. Il a un tel tempérament, une telle vérité, c'est plein d'humanité bien saignante, qui sent le tabac, le whisky et le cannabis, et aussi l'air pur de la route au petit matin. Il s'est trouvé encore un équipier. On dirait que ces trois Russes n'attendaient que lui. L'un joue de la guitare électrique, l'autre de la guitare sèche, le troisième du violon et de l'harmonica. "Je n'aurais jamais cru jouer un jour du country en Russie!" déclare Jason hilare, avec sa casquette de base-ball et ses lunettes noires. Il parle de tel ou tel chanteur, demande au public ignare s'il les connaît et rigole: "Oh vraiment! Je suis à l'étranger..."

Auparavant, j'avais fait un saut , avec Lika, la femme de Gilles, au marché artisanal, près de la cathédrale, car on nous avait dit qu'il y avait de très jolies céramiques. En effet, ce sont des copies de céramiques médiévales russes ou européennes, et comme les modèles sont beaux, le résultat n'est pas mal. La céramiste, habillée pseudo médiéval, pour s'harmoniser avec ses créations, m'explique avec un petit sourire à la fois désolé et provocant qu'on ne peut pas garder les maisons traditionnelles de Pereslavl, et que bien sûr, peut-être que la ville ne ressemble plus à rien, mais on a envie de bien vivre, et elle-même a construit un truc neuf à la place d'une vieille isba. Je dois dire que j'ai du mal à concilier le métier qu'elle fait avec les opinions qu'elle affiche mais depuis que j'ai vu l'OVNI en verre de l'architecte moscovite célèbre, plus rien ne devrait m'étonner. Je lui ai objecté machinalement qu'on pouvait fort bien vivre dans une maison traditionnelle restaurée dans cette optique et que certains le faisaient avec succès. Elle me réplique alors, comme tout le monde, que c'est beaucoup plus cher (soupir). Mais il me semble que ce qu'ils font tous, dans le genre horrible et boursouflé, n'est certainement pas meilleur marché que d'agrandir une isba par derrière en gardant la façade intacte, ou bien de construire à part une maison en harmonie, en louant l'isba aux touristes, comme l'a très bien fait une dame que je connais.

J'ai fait le tour du marché sans rien acheter, à part un napperon, car tout était pseudo: pseudo populaire, pseudo médiéval, la musique était pseudo, il n'y avait strictement rien d'authentique ni de vrai, à part les églises, le ciel et les bouleaux, et rien n'est plus moche, à mon sens, que le factice, ni plus répandu. Quand il ne restera plus que du toc partout, du toc, du kitsch, du bruyant et du vulgaire, j'aurai des chances d'être déjà morte, mais cette lèpre gagne toutes choses avec une célérité angoissante.



Au moins, dans mon jardin, je suis à peu près à l'abri de toutes les horreurs de la modernité, enfin, tant que la maison d'oncle Kolia n'est pas encore ravagée. Le thuya destiné à la masquer pousse, le sureau pyramidal semble se plaire et devoir se développer très vite. J'ai à présent recours à la plantation défensive, en vue de me protéger des constructions affreuses qui me guettent de toutes parts. Et j'ai vraiment l'impression, parfois, qu'il se passe autour de moi une sorte de miracle, quand le vent agite les fleurs dans la lumière, que bourdons, abeilles et papillons butinent en paix, que des oiseaux viennent chanter dans les frondaisons, que passe l'éclair blanc d'une mouette, et son ombre sur l'herbe, tandis qu'au dessus de la maison d'Ania, défilent de mystérieux et silencieux nuages. Je voudrais déménager, mais je suis incapable d'abandonner mon miracle, qui prendra pourtant fin avec ma vie...

C'est un drôle d'endroit que Pereslavl. Une vieille ville de conte de fées irrémédiablement défigurée par ses habitants en l'espace de 15 ans; des rues défoncées, des zones industrielles et des terrains vagues; des pompes à essence et d'antiques monastères; ce lac mystérieux et magnifique, des petits restaurants et des cafés branchés pour moscovites en goguette, les drapeaux et les affiches de la guerre, avec les photos des héros locaux; le country de Jason, le cosaque suisse Veniamine, les épaves de la sainte Russie et celles de l'occident qui se retrouvent dans une paix déjantée et surnaturelle, au bord et à l'écart des gouffres, dans un chaos de bâtisses disparates, avec des passages de mongolfières sous des nuages colossaux, il y a dans tout cela quelque chose de mystique... Un bon endroit pour attendre la fin du monde.


 

jeudi 8 juin 2023

Etres humains

 


Hier, un vent doux et puissant parcourait le jardin, chassant tour à tour la lumière et l'ombre, la tiédeur et la fraîcheur. Les sons des gousli se mêlaient à ses profonds soupirs, aux trilles extatiques de toute une compagnie de rossignols qui étaient venus chanter dans les prunier en face, je n'avais jamais rien entendu de tel. Et pourquoi ce jour-là et pourquoi dans cet arbre? Habituellement, ils sont loin, dans les saules du marais, je les écoute la nuit, avec une étoile énorme suspendue dans un ciel qui ne fonce pas vraiment, qui reste hanté par un crépuscule transparent, au nord ouest.

La clématite de Sibérie s'annonce par des clochettes et finit par une cascade d'astres bouclés, tandis que les grosses fleurs roses de l'églantier répandent un parfum enchanteur. Les chapeaux de fées des ancolies scintillent dans la pénombre, les hampes des lupins s'embrasent et déjà s'allumment les lampes des iris.



Ma vieille Chocha décline de jour en jour, elle maigrit, elle dort tout le temps, sur mon bureau, et quand elle se réveille, elle me regarde avec ses immenses yeux fervents, elle se frotte contre moi, on dirait qu'elle me dit adieu, encore et encore, autant qu'elle le peut. Je lui murmure que je la garderai dans mon coeur, comme tous ses pareils que j'ai souvent si mal aimés, à la façon des humains, que les bêtes adorent et qui le leur rendent si peu. Je me répète qu'elle a vécu une longue vie heureuse, que j'ai rempli mon contrat, qu'elle ne finira pas jetée à la rue, terrifiée et affamée, mais près de sa chère maîtresse, dans sa maison, au chaud et en paix. Mais je sais que ce sera une épreuve, que je redoute, même si son temps est venu. Fort heureusement, avant le mien. 

Après le départ de Quentin le Belge pour Moscou, j'ai eu le remplacement de ma cuisine qui, de mauvaise qualité, se dégradait à vue d'oeil, et j'ai réalisé que j'avais vraiment vieilli, car je ne supporte plus de tels bouleversements. J'étais hagarde et au bord de la crise de nerfs. Le cuisiniste est pourtant bien sympathique, compétent, pratique, et attentif, le genre bourru au coeur tendre. Il aurait pu ne pas me prévenir la veille qu'il arrivait avec les meubles, mais bon, personne n'est parfait...

On vide la maison d'oncle Kolia en jetant dans une benne ce qu'il restait de sa vie. L'assassinat de la belle isba que j'ai souvent dessinée va commencer...

Une jeune amie catholique m'a envoyé une merveilleuse vidéo. 


Il s'agit de villageois de quelque pays musulman à qui l'on fait écouter l'hymne à la Mère de Dieu Agni Parthene de saint Nectaire, oeuvre qui, bien que récente, s'inscrit dans la tradition du chant liturgique byzantin. L'émerveillement, la simplicité et la profondeur de ces villageois est un baume pour l'âme. Parce qu'ils sont eux-mêmes dans la Tradition, ils entrent immédiatement dans ce chant qui ne fait pourtant partie ni de leur culture, ni de leur spiritualité, mais leur Tradition leur a donné les récepteurs pour appréhender une autre Tradition, en comprendre et en respecter la substance sacrée. Je pensais aux habitants des démocratures Woke qui, quelles que soient leurs couleurs et leurs origines, dès lors qu'ils n'appartiennent plus au monde traditionnel, ne peuvent plus recevoir l'eau vive imémoriale qui irrigue l'humanité, et se répandraient, à la place de ces hommes, en sarcasmes et en ricanements. Mon amie catholique me parlait auparavant d'un maire breton qui, de mèche avec une chaîne de supermarchés de bricolage, s'était hâté d'écorner les alignements de menhirs de Carnac avant qu'ils ne fussent inscrits au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Ces gens sont dépourvus de vergogne, pires que des barbares, des extraterrestres, des mutants, qui ne s'inscrivent dans rien, ne respectent rien, offensent, détruisent et pervertissent tout. Ces villageois musulmans me paraissent infiniment plus intelligents et plus humains que Laurent Alexandre et Harari réunis, plus dignes, plus sensibles et plus purs que tous les beaufs post-modernes qui écrasent tout sur leur passage et tournent tout en dérision. A voir et à entendre ces villageois exotiques, après le soulagement de se trouver devant des êtres humains compréhensibles, nous étreignent l'effroi et le chagrin suscités par notre chute vertigineuse, une chute qui n'a pas connu de précédent dans l'histoire, et que des démons nous présentent comme le summum du progrès. Le progrès vers l'enfer. La course à l'abîme. 

"Seul Dieu peut y mettre fin, me dit cette amie.

- J'y crois et je compte dessus", lui répondis-je.




lundi 5 juin 2023

Trinité

Le monastère, avant les maisons moches, les centres commerciaux
et les pompes à essence

Mon candidat belge à l'émigration a de la chance, il a deux propositions en vue, il est parti à Moscou s'en occuper. J'ai rencontré une autre Belge, Aurélie, une amie de la mère Alexandra. Je suis allée la rejoindre au monastère de la Trinité saint Daniel, pour la fête du même nom. C'est un très bel endroit. J'ai dit à l'higoumène qu'un des grands charmes de son beau monastère était qu'à l'intérieur, on ne voyait pas les horreurs dont on a défiguré son environnement. Il m'a répondu que lorsqu'on prenait le café sur la Tour Eiffel, on avait la chance de voir tout Paris sans ce malheureux édifice. C'est pareil avec Beaubourg. Le musée est hideux et déplacé, mais du dernier étage, on a une belle vue sur la capitale.  En ce qui concerne le monastère, c'est tout ce qu'il y a autour qui est abominable. A part l'étang... Mais à l'intérieur, c'est la beauté, la paix et la grâce.

L'higoumène Pantaleimon nous a fait visiter les lieux, en nous racontant la vie de saint Daniel, fondateur du monastère, et parrain d'Ivan le Terrible. Le saint, tout enfant, pratiquait l'ascétisme pour expier ses péchés, sans en avoir commis beaucoup, mais les saints prennent sur eux les péchés de tous. Devenu moine, il enterrait les inconnus morts accidentellement, et priait pour eux, et sa première église fut dédiée "à tous les saints", car il s'en trouvait un parmi ces inconnus, dont il savait qu'il était saint, mais dont il ignorait le nom. Le père Pantaleimon nous a parlé du Jugement Dernier et de l'Apocalypse, dont il fait régulièrement des lectures, si j'ai le courage, j'irai vendredi prochain. Il me semblait que la Bête, dont je voyais les nombreuses têtes jaillir d'un seul corps, était précisément le nom de cette folie progressiste dont les divers mufles nous présentent les mêmes grimaces et nous mugissent les mêmes bobards.

La liturgie épiscopale était belle et recueillie, les fresques du XVII° siècle sont dans un excellent état de conservation, et magnifiques. Elles ont été protégées par l'enduit dont on les avait recouvertes. Les artisans qui les ont faites ont aussi décoré les églises du kremlin de Rostov, mais elles sont moins bien conservées à Rostov que chez nous.

Aurélie avait la permission d'aller sonner les cloches pour l'office du soir, car elle a appris à le faire, et elle le fait très bien. Le sonneur habituel lui a fait signe de le suivre sur le clocher avec un fin sourire, il ne doit pas voir tous les jours des Belges sonner les cloches. Elle est venue s'installer ici, parce qu'elle pense que la Russie est la dernière arche, comme le père Basile, et que presque toutes les paroisses d'Europe sont gangrénées plus ou moins. Pourvu que cette lèpre ne nous gagne pas... Mais quand on est ici, entre l'évêque Théoctyste et l'higoumène Pantaleimon, sous le Jugement Dernier et le Pantocrator du XVII° siècle, on se sent vraiment protégé.

 


samedi 3 juin 2023

Victoire

 Un ami sort de sa retraite et de son impartialité chrétienne revendiquée pour mentionner les sanctions dures prises à l'encontre d'un prêtre russe qui fait prier "pour la paix" au lieu de faire prier "pour la victoire". Je ne me prononcerai pas sur ce fait dont je ne connais pas tous les tenants et les aboutissants, mais comme cela, au débouté, je dirais que prier pour la victoire, c'est prier pour la paix, ou bien la victoire de la Russie le dérange-t-il, en soi? 

Je prie pour la victoire et pour la paix. Pourquoi est-ce que je prie pour la victoire? Parce qu'à l'instar de tous ceux qui viennent ici, au risque, comme mon Belge, de prendre des bombes sur la tête (et il me précise, à ce propos "il faut que je me dépêche de partir"), je ne veux pas de la société que l'on construit en occident, de ses "valeurs", de son wokisme, de son hypocrisie, de sa vilenie, de sa médiocratie, de son autosatisfaction délirante, de ses appels au meurtre, de ses justifications des assassinats terroristes, des persécutions religieuses, des bombardements de civils, des discriminations sur la base de l'appartenance nationale, des idées, et même du sexe, dont je ne vois pas d'exemple ici, même avec la guerre. C'est la société des bandes dessinées de Lauzier et des facs totalitaires de l'après soixante-huit, dans toute sa hargne et sa stupidité, devenue mondialiste, qui me faisait déjà horreur quand elle était circonscrite aux milieux parisiens. Je prie pour la victoire afin que ne se produise pas un maïdan en Russie, avec toute l'imbécilité brutale et les cruautés qui ont suivi celui de l'Ukraine, et pour que l'Ukraine elle-même vive en paix, enfin ses populations, et en particulier ses populations de l'est, qui sont de facto occupées et massacrées par celles de l'ouest, auxquelles elles ont été livrées par l'arbitraire soviétique, puis occidental. Je prie pour la victoire afin que ce cauchemar ne s'exporte pas davantage en Europe, et en particulier en France. Pour que ne s'installe pas le "Meilleur des Mondes" sur toute la planète. Pour que les garçons qui combattent afin de l'éviter puissent enfin rentrer chez eux sains et saufs. Car en face, ils ne désarmeront pas, et si la Russie cale, elle sera dépecée, pillée et livrée à la haine bestiale et à l'avidité de tous ces malades qui ont perdu, ruiné l'Europe et qui ont fait de ses ressortissants des étrangers sur leur propre sol. Se trouve-t-il des personnes assez sincèrement naïves pour croire qu'il pourrait en être autrement et nier que c'était dès le départ le projet, je veux dire, dès 2014? Alors elles manquent singulièrement de discernement. Ou bien elles sont, volontairement ou non, désinformées.

Je prie pour que de telles choses arrêtent de se produire et ne se produisent pas ailleurs:

https://vk.com/video430235804_456244369

https://orthodoxologie.blogspot.com/2023/05/lukraine-poursuit-le-metropolite-longin.html

Je prie pour le jeune Vania, fils du prêtre Vladimir Parfionov, pastelliste de grand talent, et pour tous ses semblables, devant la mémoire desquels je m'incline:

C'était 41 jours après sa mort.

Comme d'habitude, le téléphone a sonné. Elle a compris, d'après la sonnerie, que c'était lui, son cher Vania.

"Je veux parler une dernière fois avec toi. Je suis enfin à ma place, et je me sens bien. J'ai compris seulement ici, pourquoi je me sentais si bizarre. Dès que je suis arrivé, j'ai eu dans l'âme une joie pascale indescriptible. Tu te souviens, je t'avais dit que j'étais en paix ici, au front et que je ne voudrais même pas partir en permission, si seulement tu pouvais venir ici. Et tu ne comprenais pas mon état. Et je t'ai dit aussi que les derniers temps, je t'ai aimé plus qu'une femme, plus que ma femme, l'être aimé, je t'ai aimé comme une âme immortelle. Et tu ne m'as pas compris. Et les gars du peloton ne m'ont pas compris, quand j'ai dit que j'avais pitié de tous les morts, les nôtres et les Ukrainiens..."

Ensuite Vania lui raconta longuement et en détails comment ils avaient vécu, ce qu'ils faisaient.

"En ce dernier jour, ce n'était pas moi mais un autre qui devait sortir du blindé, mais une voix intérieure m'a dit: "Vas-y. Et précisément au moment de ma mort, j'ai su pourquoi précisément moi, et précisément à ce moment là il fallait que cela se produisït. En substance, j'ai compris à quoi le Seigneur m'avait préparé.

Je t'aime très fort, et tu auras une vie longue et heureuse. Tu ne rêveras plus de moi, mais si tu as besoin de mon aide, viens à moi.

- Je suis déjà prête, rien ne me retient ici..." prononça rapidement Nastia.

-Tu n'as rien compris, c'est encore trop tôt pour toi, va à l'église ou sur ma tombe, et je t'aiderai.

Ses derniers mots furent: "Tout ira bien pour vous tous".

Nastia se réveilla en larmes, le coeur battant, elle prit machinalement le téléphone, et se mit à chercher le dernier appel...

La mort n'existe pas, la vie est éternelle...

Accorde le repos, Seigneur, dans la lumière de ta Face à tous les chrétiens orthodoxes défunts.

https://vk.com/wall121217507_11640

Cette communication est celle du père Parfionov lui-même, aussi inconsolable de la mort de son fils qu'Alexandre Douguine de celle de sa fille Daria.

Il est important pour moi que le sacrifice de Vania et de ses pareils ne soit pas inutile.


Это был 41 день после его гибели.
Как обычно зазвенел телефон .Она интуитивно , по звуку поняла , что звонит он , её любимый Ваня.
« Я хочу последний раз поговорить с тобой .Я наконец то на своём месте и мне хорошо. Я только здесь понял , почему я чувствовал себя так странно .С самого момента приезда у меня в душе была необыкновенная Пасхальная радость. Помнишь , я говорил тебе , что мне так мирно здесь, на фронте и я даже в отпуск не хотел ехать , вот если бы ты приехала сюда.И ты не понимала моего состояния.И ещё я говорил тебе ,что последнее время я любил тебя больше уже не как женщину , жену и любимого человека а как бессмертную душу. И ты не понимала меня. И ещё ребята и з взвода не понимали меня , когда я говорил , что мне жалко всех погибших -и наших и украинцев...
Затем Ваня долго и подробно рассказывал ей как они жили , кто что делал..
«В тот последний день из блиндажа должен был пойти не я -другой , но внутренний голос сказал мне -«Иди ты. И Именно в момент смерти я осознал почему именно я и почему именно сейчас всё произошло. По сути я понял к чему Господь готовил меня.
Я очень люблю тебя и у тебя будет долгая и счастливая жизнь.Я не буду больше сниться тебе , но если тебе будет нужна моя помощь -приходи ко мне.»
« Я готова , хоть сейчас, меня здесь ничего не держит ... »- быстро произнесла Настя.
« Ты ничего не поняла , тебе сюда ещё рано, приходи в храм или ко мне на могилку и я помогу тебе.
Это наш с тобой последний разговор «- ещё раз повторил он «И я больше не буду тревожить тебя.»
Последние слова его были-«У вас у всех всё будет хорошо»
Настя проснулась в слезах , сердце часто стучало , она машинально взяла в руки телефон и стала искать его, только что завершённый звонок…

Нет смерти -есть жизнь вечная.
Упокой Господи в Свете лица Твоего всех от века усопших православных христиан. 



vendredi 2 juin 2023

Orage

 


La situation générale et le tour que prennent les chose en Europe sont si abominables que j’ éprouve en permanence  une sorte d’angoisse latente, et je me demande si je reverrai jamais ma famille. Hier, j’ai eu la visite d’Ania Ossipova, ravie de sortir de son tête-à-tête avec ses parents, qu’elle aime beaucoup, mais enfin, elle est un peu seule, dans son village. Son mari fait le chauffeur pour le monastère saint Nicolas de la Solba et c’est assez absorbant.

Elle est hypersensible et paisible à la fois, très profonde, et c’est une des personnes que je préfère, ici. Je lui ai présentée Katia, nous sommes allées toutes les trois au restaurant, cela m’a bien changé les idées. Elles se sont plues, bien que très différentes.

Je me trouvais dans le jardin avec Ania, elle aime tout comme moi jardiner, et elle a remarqué mes touffes de colchiques, qui ne sont bien sûr pas encore fleuries, en fait, elles disparaissent, et à l’automne, les fleurs roses s’allument au milieu des feuilles mortes, comme des lampes art nouveau. Je lui ai dit ; « Chez nous, ce sont les fleurs emblématiques de l’automne, et d’ailleurs, nous avons une chanson, sur ce thème, que j’adorais dans mon enfance, et que je chantais tout le temps. » J’ai entonné le premier couplet :

Colchiques dans les prés

Fleurissent, fleurissent,

Colchiques dans les prés,

C’est la fin de l’été...

La feuille d’automne,

Emportée par le vent,

En ronde monotone,

Tombe en tourbillonnant.

 

Elle m’écoutait avec une grande intensité et elle me dit soudain : « Comment peut-on croire que l’âme n’existe pas ? Je vous entends chanter, et je vois votre âme... »

Ania est la sainte Russie à elle toute seule, et son mari pareil. Pour la fille de communistes purs et durs, c’est un vrai miracle. Mais, me dit-elle, c’est sa mère qui l’a fait baptiser, car « on ne sait jamais », et quand elle était malade, elle lui donnait de l’eau bénite... Ania comprend très bien que la famille Skountsev s’asperge d’eau bénite en rentrant de concert, pour éviter les effets du mauvais oeil. «Il y a des gens qui l’ont, me dit-elle, il émane d’eux quelque chose de très mauvais. J’avais un professeur comme cela. J’en avais une peur bleue, un jour elle m’attrape par le bras avec un air étrange et profère : « Quelle jolie petite fille ! » En rentrant de l’école, j’ai fait comme Skountsev, je me suis aspergée d’eau bénite !

En fait, au vu de ce qui se passe maintenant en Europe, je comprends. Beaucoup de gens chez nous justifieraient qu’on s’aspergeât d’eau bénite, qu’on fît brûler de l’encens, et même, qu’on exhibât une croix et des gousses d’ail à leur vue.

Au restaurant, Katia parlait de sa cousine qui, après des années passées en Finlande où elle était complètement intégrée, songe à rentrer en Russie. Ses gosses sont ostracisés à l’école, elle se sent rejetée, la société ambiante prend un tour incompréhensible. Une famille de Finlandais est venue s’installer à Pereslavl. Ils ont peur pour leurs enfants, la théorie du genre, les changements de sexe encouragés, les enlèvements officiels de leur progéniture aux parents récalcitrants. J’ai vu moi-même une vidéo très choquante où un enfant musulman hurlant, en Allemagne, est arraché par des policiers péteux, mais inflexibles, à sa famille qui n’admet pas qu’on lui prêche l’idéologie LGBT et la théorie du genre à l’école (https://youtu.be/wFGv3w_svqs.) Elle trouve cela incompatible avec sa foi, ce qui est son droit, et cela devrait être respecté si les démocratures permettaient encore la liberté de conscience. D’autant plus que les enfants, une fois enlevés, Dieu sait ce qu’ils vont en faire. Je comprends que d’un tel asile d’aliénés, les gens s’enfuient à tire d’ailes.


Cette année, beaucoup de plantes qui avaient longtemps végété se développent avec vigueur. Ma clématite de Sibérie est couverte de clochettes blanches qui me ravissent. Le lilas de Hongrie va me faire plusieurs fleurs et pousse de grandes branches. Les spirées lancent des bras souples de tous les côtés, les fougères se déchaînent, leurs rondes enchantées tournent à l’ombre du poirier dans la lumière du couchant, tout exulte autour de moi, et les chats s’alignent sur la terrasse, et sur la bordure de ciment censée consolider la maison. En face, la maison d'oncle Kolia est encore intacte, malgré son jeune bouleau saccagé par le voisin. Pour combien de temps? Je plante désormais pour faire écran aux horreurs éventuelles qui peuvent gâcher mon espace. Mais j'aurai moins de ciel et moins de lumière. L'orage menace, pour l'instant, il nous tombe de la pluie, espérons que cela ne sera pas bientôt des bombes.

Un correspondant belge vient d'arriver, pour possiblement émigrer s'il trouve un travail. Une amie russe m'écrit: "Des Russes prennent peur et s'en vont, des Belges débarquent alors que nous commençons à être sous le feu des drones". Eh oui, on peut dire que deux parties de l'humanité n'ont vraiment pas les mêmes valeurs, et la ligne de démarcation ne suit pas toujours les frontières.





 

mardi 30 mai 2023

A l'ombre de Mars

 Entre la mort de ma mère, en 2014, et mon départ en Russie, en 2016, j'ai écrit des poèmes que je sors aux éditions du Net, pour les rendre éventuellement disponibles et en avoir une trace écrite. Ils sont imprégnés du pressentiment de la guerre et du malheur approchant de la France.


Cassandre

 

 

La bêtise aux cent mille bouches,

Le grand tohu-bohu du diable,

S’en va remplir ses desseins louches

En rameutant la foule instable,

 

Chien noir de cet affreux berger,

Glapissant à tous les échos,

Elle pousse à courir nos troupeaux

Sur les chemins qu’il a tracés.

 

Et comme il y va volontiers,

Le grand troupeau des imbéciles,

A l’abattoir sans barguigner,

Se pressant pour doubler la file.

 

Hurlant plus fort que tous les loups,

Entonnant, joyeux, leur refrain,

Ils feront leur boulot demain,

Sans soupçonner de mauvais coup.

 

Pareil au taureau dans l’arène,

Qu’aveugle le chiffon sanglant,

Il va là où la mort le mène,

Sans voir derrière ni devant.

 

Tous sont d’accord pour aller pendre

Ceux qui clamaient, depuis longtemps,

Que le chemin n’est pas à prendre,

Que l’assassin nous y attend.

 

Et Cassandre sur son rempart

Peut verser des larmes amères,

Les idiots vont de toutes parts

Nous précipiter dans la guerre.

 

Il te faut prier en silence :

Les mots trop vite déformés

Volent mal, au ciel éclatés,

Sur ce qui reste de la France.