Le dimanche du pardon, le photographe de l’éparchie a surpris le moment où monseigneur Théoctyste me relevait après ma prosternation rituelle, et Katia m'a envoyé le résultat. Il passe sur ce cliché tellement de choses qui m’ont alors échappé, que je le garde soigneusement, il me paraît vraiment symbolique, une sorte de message sacré. Monseigneur incarne à cet instant toute l’Eglise orthodoxe qui me porte depuis que j’y suis entrée, à dix-huit ans, et ne me lâche pas.
J’ai appris
hier soir la nouvelle de l’acte terroriste monstrueux qui a eu lieu à Moscou
dans un de ces lieux maudits qui ne devraient pas exister, un gigantesque
centre commercial. Il paraît que nos bartavelles politico-médiatiques dansent
la gigue et pissent d’enthousiasme, et moi, en plus de l’horreur que cela
m’inspire, je me ratatine de honte. C’est Daesh soit-disant, mais qu’est-ce que
Daesh ? Il y a belle lurette que j’ai compris d’où tout cela vient, je
laisse aux neuneus bobos leurs carmagnoles malsaines à bord de leur Titanic des
fous. La guerre qu’on livre aux civils est une chose fort basse. Je me demande
parfois ce que dirait un Léon Bloy devant les abîmes d’infamie où nous
sombrons. Le pauvre homme avait déjà la gerbe en 1900. Que serait-ce cent-vingt
cinq ans plus tard ?
Slobodan
Despot se penche sur le retour du « hainisme ». Il a le génie de la
formule, hainisme convient beaucoup mieux à ce qui se passe de nos jours que
fascisme ou nazisme qui, lorsqu’on en manifeste la nostalgie aux limites de la
Russie, suscite les lazzis des esprits éclairés à l’égard de ceux qui s’en
offusquent, alors même qu’en France, la moindre quenelle, la moindre critique
des incritiquables provoque la persécution en règle du contrevenant et sa mort
sociale. Il est évident aux gens honnêtes qui se sont penchés un minimum sur la
question que le phénomène existe en Ukraine comme aux pays Baltes, je le
remarquais déjà il y a quinze ou vingt ans, quand je travaillais encore à Moscou.
Et ce n’est pas du simple folklore qu’on peut balayer d’une raillerie, puisque
les bataillons punitifs ukrainiens se sont rendus coupables de vraies atrocités
au Donbass, atrocités soigneusement dissimulées au public occidental, à qui on
les ressert parfois maintenant, en les attribuant aux Russes. Cependant, ce qui se passe à présent n’est pas
exactement, en dépit de la symbolique des croix gammées et des marches aux
flambeaux, le fascisme ou le nazisme d’antan, mais une sorte d’abominable
mutation, faite de trotskisme, de nazisme, de nazisionisme et de transhumanisme qui peu à peu fusionnent.
Raison pour laquelle le truc est couvert et absous par
des haineux délirants comme BHL, Glucksmann, Ackermann, Alexieva, Enthoven et
compagnie, ils ont partie liée. Donc « hainisme » est le mot qui convient. Il recouvre
toute espèce de haine rabique dissimulée sous des prétextes idéologiques à la noix. Cette haine est transversale aux opinions politiques et aux couleurs de
drapeaux. Cela me soulève le coeur de voir, derrière la vieille cohorte de
manipulateurs ignobles à l’oeuvre depuis les années soixante-dix,
défiler des descendants d’émigrés et de distingués slavistes, qui profèrent des
stupidités hystériques et bavent sur un pays que malgré toute leur science ou
leurs origines, ils n’aiment ni ne comprennent, en fin de compte, et calomnient
avec une ivresse et un empressement dégoûtants.
En confession, j’ai dit à
monseigneur que si j’arrivais à ne pas haïr ceux qui m’ont nui, ou à ne pas
leur nuire en retour, j’avais du mal à déborder d’amour pour eux. Il m’a
répondu qu’on ne m’en demandait pas tant, qu’il fallait surtout ne pas
déshumaniser les autres, traiter les Français de grenouilles, par exemple.
Ou les Palestiniens d’animaux.
Ou les Russes de doryphores. Et nous tous de sous-hommes. Et essayer de
considérer ceux qui le font comme des êtres humains, bien que tout indique trop
souvent, comme disait l’orthodoxe Photinia, que « ces gens-là n’ont pas d’âme ». Le terrible mystère, c’est que l’humanité
est Une...
J'ai achevé le grand Meaulnes pendant la nuit d'insomnies que m'a valu l'attentat. Finalement, on sent, dans ce monde englouti plein de poésie et de noblesse, les catastrophes en germe, le merveilleux château détruit, le romantique Meaulnes finalement incapable d'assumer son amour jusqu'au bout. Je lisais la description d'Yvonne de Galais, innocente, enfantine, simple et sérieuse. Et profonde. Qui, à mon époque, déjà, parmi les garçons que j'ai vus passer, se serait intéressé à Yvonne de Galais?
Curieusement, je ne peux partager les vidéos de Slobodan directement, je dois me contenter de donner le lien. On a dû bloquer la fonction... Il pense mal, poliment, au dessus de la mêlée, "un pas de côté", mais mal!
https://www.youtube.com/live/fNZ6e1FHmFM?si=-5Y43N0HC0DVM3cZ