Le patriarche Cyrille a dit que nous entrions dans des temps apocalyptiques et que la seule issue était la foi en Dieu. Le jour de la fête de saint Alexandre Nevski, une immense procession s'est déroulée à Saint-Pétersbourg.
Au Liban, des objets électroniques explosent un peu partout, Israël a trouvé un moyen de faire éclater les batteries sans être connecté, un type de terrorisme particulièrement vil qui ravale les populations au statut de rats à exterminer de toutes les manières possibles. De sorte que l'on peut désormais s'attendre à n'importe quoi.
Il y a quelques temps, j'ai vu la vidéo d'un petit monsieur français cultivé, civilisé, qui voit monter la barbarie, et commente l'hallucinante laideur qui s'empare du monde, et qu'il faut fuir dans la campagne, la nature, là où l'on n'a pas encore tout saccagé avec des éoliennes, des panneaux solaires, des centres commerciaux et des noeuds autoroutiers. J'ai trouvé son message bouleversant, j'ai pensé à la solitude des gens comme lui, là bas surtout, mais même ici. Je voulais la regarder une deuxième fois, mais youtube a disparu de mon horizon, je n'arrive plus à l'obtenir. Ses observations rejoignent les miennes, et il demande d'ailleurs à ceux qui pensent comme lui de le contacter, et c'est une bonne chose à faire que d'échanger et d'unir des points de vue sains, mais justement, on s'arrange pour empêcher cette circulation d'idées. C'est peut-être la première personne que je vois exprimer celle que cette laideur omniprésente est la marque du diable, je l'ai moi-même déjà bien compris. Omniprésente. L'architecture, les vêtements, les spectacles, la musique, tout devient affreux, l'âme étouffe.
.https://vk.com/away.php?to=https%3A%2F%2Fyoutu.be%2FupO7ZqjlK4c%3Ffeature%3Dshared&utf=1
Ma Georgette va très mal, je prie Dieu de la délivrer, de m’aider à surmonter ce chagrin, et de l’aider à passer dans mes bras. Je devrais admettre qu’elle a vécu quinze ans de bonheur, au lieu de périr au village de Krasnoïé dans le froid, la faim et la solitude. Elle meurt avant moi, entourée d’amour, en sécurité, elle ne sera jamais abandonnée, terrifiée, affamée. Elle m’attendra dans ma maison céleste, avec maman et tous les autres... Mais je regarde, le coeur fendu, son petit corps squelettique, ses petites pattes gantées de blanc, ce petit être délicat, sensible et aimant, qui m’a suivie comme mon ombre pendant quinze ans, qui dormait sur mon épaule, s’allongeait sur mon bureau, venait me rejoindre sur le hamac et que je ne reverrai jamais plus ici bas, qui ne sera plus qu’une enveloppe sans vie que je devrai enterrer sous le lilas.
J’ai appelé
la véterinaire, puis j’ai changé d’avis, puis j’ai réessayé... Elle m’a
dit : « Amenez-la moi ». J’ai mis Georgette dans le panier. Et
elle qui était complètement amorphe, s’est mise à moduler de tels cris....
J’entendais : «Ne fais pas ça, ramène-moi à la maison, laisse-moi mourir
tranquille avec toi ! » Et une fois sur place, je suis allée trouver la
vétérinaire : « Je ne peux pas...
- Eh bien si
vous ne pouvez pas, il ne faut pas le faire, amenez-la moi. »
Elle lui a
fait du glucose, pour la soulager. « Je vous comprends, moi aussi, j’ai
des animaux, c’est une décision très difficile à prendre. Elle s’affaiblit,
mais avec l’analgésique, elle ne souffre pas. Laissez faire la nature, il n’y
en a pas pour très longtemps, à moins qu’elle ne tombe dans le coma.
- Si elle
tombe dans le coma, alors nous l’endormirons... »
La vétérinaire m’a serrée dans ses bras :
« Courage... »
J’ai remmené Georgette, et dans la voiture, avant de partir, je l’ai longuement caressée. Comme elle était soulagée... Elle ne miaulait plus, elle ronronnait, elle se frottait contre ma main. Dans ce corps qui se défait, qui succombe, il n’y a plus que cet immense amour pour moi, cette confiance. Mon Dieu, je souhaite la fin de tout ceci, pour nous délivrer toutes deux, mais que d’amour dans nos derniers échanges... Je ne peux croire que tout cela se perde à jamais dans le néant, et que tout ce qu’il restera de la pauvre Georgette se résumera à ce que j’enfouirai au pied du lilas.
Je suis tellement mal, j’ai des angoisses, mal à la tête, cela me rappelle le covid. Ou la mort de Chocha, et la semaine qui a suivi son enterrement sous la pluie. Je me dis que si je tombais dans une situation affreuse, ce qui, de nos jours, peut très bien arriver, je ne saurais pas la surmonter. A moins que Dieu ne m’aide. Je prie, cela m’appaise. Il y a des moments où les mots résonnant dans le vide noir de mon angoisse et de ma tristesse poignante perdent toute signification. Et pourtant, quelque chose change en moi, je me suis reveillée plus sereine. J'ai fait une tentative pour l'emmener, mais je suis restée sur la chaise-longue, la tenant sur mes genoux, dehors, et ensuite, j'ai trouvé un message d'une amie moniale qui me disait de ne pas le faire, qu'elle l'avait fait et regretté. Au fond, pourquoi? Si je voyais ma pauvre chatte souffrir le martyre, je le ferais, mais peut-on dire, même si elle n'éprouve pas de vives douleurs, qu'elle se sente bien, en ce moment? Qu'est-ce qui me retient?
J’ai revu mon interview de cet été, avec Victor le blogueur, Georgette toute guillerette, toute joufflue venait danser autour de moi, et je disais : « Celle-ci, c’est mon ombre : partout où je suis, elle se trouve aussi... » J'étais loin d'imaginer ce qui nous attendait. Mon Dieu, pauvre Georgette, elle est méconnaissable, c'est venu si vite, et cela met cependant tellement de temps à finir...
Curieusement, Blackos imite le comportement qu'avait Georgette, il me suit, dort sur le bureau, essaie de se coucher devant le clavier de l'ordinateur, et si je lui dis qu'il me gêne, il va, comme elle, délicatement se mettre à sa place, sur son tapis. Il me regarde avec intensité: "Tu es triste, mais je suis là, moi! tu ne me vois pas?"