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jeudi 19 septembre 2024

Plutôt noir



 Le patriarche Cyrille a dit que nous entrions dans des temps apocalyptiques et que la seule issue était la foi en Dieu. Le jour de la fête de saint Alexandre Nevski, une immense procession s'est déroulée à Saint-Pétersbourg.

Au Liban, des objets électroniques explosent un peu partout, Israël a trouvé un moyen de faire éclater les batteries sans être connecté, un type de terrorisme particulièrement vil qui ravale les populations au statut de rats à exterminer de toutes les manières possibles. De sorte que l'on peut désormais s'attendre à n'importe quoi.

Il y a quelques temps, j'ai vu la vidéo d'un petit monsieur français cultivé, civilisé, qui voit monter la barbarie, et commente l'hallucinante laideur qui s'empare du monde, et qu'il faut fuir dans la campagne, la nature, là où l'on n'a pas encore tout saccagé avec des éoliennes, des panneaux solaires, des centres commerciaux et des noeuds autoroutiers. J'ai trouvé son message bouleversant, j'ai pensé à la solitude des gens comme lui, là bas surtout, mais même ici. Je voulais la regarder une deuxième fois, mais youtube a disparu de mon horizon, je n'arrive plus à l'obtenir. Ses observations rejoignent les miennes, et il demande d'ailleurs à ceux qui pensent comme lui de le contacter, et c'est une bonne chose à faire que d'échanger et d'unir des points de vue sains, mais justement, on s'arrange pour empêcher cette circulation d'idées. C'est peut-être la première personne que je vois exprimer celle que cette laideur omniprésente est la marque du diable, je l'ai moi-même déjà bien compris. Omniprésente. L'architecture, les vêtements, les spectacles, la musique, tout devient affreux, l'âme étouffe.

.https://vk.com/away.php?to=https%3A%2F%2Fyoutu.be%2FupO7ZqjlK4c%3Ffeature%3Dshared&utf=1

Ma Georgette va très mal, je prie Dieu de la délivrer, de m’aider à surmonter ce chagrin, et de l’aider à passer dans mes bras. Je devrais admettre qu’elle a vécu quinze ans de bonheur, au lieu de périr au village de Krasnoïé dans le froid, la faim et la solitude. Elle meurt avant moi, entourée d’amour, en sécurité, elle ne sera jamais abandonnée, terrifiée, affamée. Elle m’attendra dans ma maison céleste, avec maman et tous les autres...  Mais je regarde, le coeur fendu, son petit corps squelettique, ses petites pattes gantées de blanc, ce petit être délicat, sensible et aimant, qui m’a suivie comme mon ombre pendant quinze ans, qui dormait sur mon épaule, s’allongeait sur mon bureau, venait me rejoindre sur le hamac et que je ne reverrai jamais plus ici bas, qui ne sera plus qu’une enveloppe sans vie que je devrai enterrer sous le lilas. 

J’ai appelé la véterinaire, puis j’ai changé d’avis, puis j’ai réessayé... Elle m’a dit : « Amenez-la moi ». J’ai mis Georgette dans le panier. Et elle qui était complètement amorphe, s’est mise à moduler de tels cris.... J’entendais : «Ne fais pas ça, ramène-moi à la maison, laisse-moi mourir tranquille avec toi ! » Et une fois sur place, je suis allée trouver la vétérinaire : « Je ne peux pas...

- Eh bien si vous ne pouvez pas, il ne faut pas le faire, amenez-la moi. »

Elle lui a fait du glucose, pour la soulager. « Je vous comprends, moi aussi, j’ai des animaux, c’est une décision très difficile à prendre. Elle s’affaiblit, mais avec l’analgésique, elle ne souffre pas. Laissez faire la nature, il n’y en a pas pour très longtemps, à moins qu’elle ne tombe dans le coma. 

- Si elle tombe dans le coma, alors nous l’endormirons... »

 La vétérinaire m’a serrée dans ses bras : « Courage... »

J’ai remmené Georgette, et dans la voiture, avant de partir, je l’ai longuement caressée. Comme elle était soulagée... Elle ne miaulait plus, elle ronronnait, elle se frottait contre ma main. Dans ce corps qui se défait, qui succombe, il n’y a plus que cet immense amour pour moi, cette confiance. Mon Dieu, je souhaite la fin de tout ceci, pour nous délivrer toutes deux, mais que d’amour dans nos derniers échanges... Je ne peux croire que tout cela se perde à jamais dans le néant, et que tout ce qu’il restera de la pauvre Georgette se résumera à ce que j’enfouirai au pied du lilas.

Je suis tellement mal, j’ai des angoisses, mal à la tête, cela me rappelle le covid. Ou la mort de Chocha, et la semaine qui a suivi son enterrement sous la pluie. Je me dis que si je tombais dans une situation affreuse, ce qui, de nos jours, peut très bien arriver, je ne saurais pas la surmonter. A moins que Dieu ne m’aide. Je prie, cela m’appaise. Il y a des moments où les mots résonnant dans le vide noir de mon angoisse et de ma tristesse poignante perdent toute signification. Et pourtant, quelque chose change en moi, je me suis reveillée plus sereine. J'ai fait une tentative pour l'emmener, mais je suis restée sur la chaise-longue, la tenant sur mes genoux, dehors, et ensuite, j'ai trouvé un message d'une amie moniale qui me disait de ne pas le faire, qu'elle l'avait fait et regretté. Au fond, pourquoi? Si je voyais ma pauvre chatte souffrir le martyre, je le ferais, mais peut-on dire, même si elle n'éprouve pas de vives douleurs, qu'elle se sente bien, en ce moment? Qu'est-ce qui me retient?       

J’ai revu mon interview de cet été, avec Victor le blogueur, Georgette toute guillerette, toute joufflue venait danser autour de moi, et je disais : « Celle-ci, c’est mon ombre : partout où je suis, elle se trouve aussi... » J'étais loin d'imaginer ce qui nous attendait. Mon Dieu, pauvre Georgette, elle est méconnaissable, c'est venu si vite, et cela met cependant tellement de temps à finir...

Curieusement, Blackos imite le comportement qu'avait Georgette, il me suit, dort sur le bureau, essaie de se coucher devant le clavier de l'ordinateur, et si je lui dis qu'il me gêne, il va, comme elle, délicatement se mettre à sa place, sur son tapis. Il me regarde avec intensité: "Tu es triste, mais je suis là, moi! tu ne me vois pas?"


samedi 14 septembre 2024

Quelque chose de grandiose

 


 Ma Georgette est incurable, elle a une tumeur maligne qui pousse près de l'oreille. La vétérinaire devait s'en douter car l'analgésique est conçu pour les maladies oncologiques. Elle dort beaucoup, ronronne et me salue d'un petit miaulement quand je la caresse, se traîne hébétée dehors pour profiter de cette douce et venteuse prolongation d’été, qui a quelque chose de mystique et de miraculeux, sur le fond de l’actualité affreuse. Et pour l'instant, je ne prends pas la décision de l'euthanasier. "Amenez-la moi si elle souffre," me dit la véto.

On peut se demander quel sens a le temps que je laisse à Georgette pour prendre congé et s’imprégner de mon amour et des dernières joies de l’été qui s’éternise, ce qu’elle fera de tout cela sous la terre, et je sens que c’est important, et si c’est important, c’est que quelque chose d’elle n’ira pas sous la terre, mais ailleurs, où ce bagage lui sera utile. 

Tous mes animaux m'adorent, mais il y a entre Georgette et moi une complicité et une amitié particulières, une affinité d'être. Cet été, je me disais souvent: "Quand Georgette va partir, ce sera très dur." Eh bien oui, c'est très dur. En même temps, il me semble qu'il se passe quelque chose entre nous et autour nous d'extraordinaire, comme si elle me montrait le chemin du ciel, et pour ne pas céder à l'invasion psychique du malheur, je prie beaucoup et intensément, j'ai des mystères sur le bout de la langue.


Voici l’été d’or qui s’élime

Laissant percer sa trame brune,

Le soir venu frise les cîmes

Des nuées roulant sous la lune.

 

L’eau lisse emporte le reflet

De l’église sur fond d’azur,

Les oiseaux crissent dans l’air pur

Sur le miroir du lac secret.

 

Et je pleure aux berges sereines

Ma petite amie qui s’en va,

Le soleil éclairant ma peine

Ne peut plus me donner de joie.

 

Que ferai-je sans toi, chérie,

Sans ta patte posée sur moi

Quand je m’endors l’âme transie

Et m’éveille au matin sournois?

...

Au ciel, sur de longues banquises,

De blancs oursons, une ourse grise

Déchirent et jettent au vent

De doux brouillards ourlés d’argent.

 

Et les bouleaux se vêtent d’or,

Au gré des rues et des passages,

Prêts à fêter une fois encor

L’hiver qui vient dans nos parages.

 

Le vent suave porte en jouant

Abeilles, papillons volants,

Et petits oiseaux inconscients.

Frimas, attendez un moment.

 

Les carillons, sous les nuages,

Prient doucement en trébuchant,

Berçant mon coeur qui prend de l’âge,

Sur l’eau trouble des derniers temps.

...

Brise suave et couleur de miel

Qui file et berce au sein du ciel

L’automne glissant sa douceur

Sous les draps de l’été qui meurt...

 

Tu meurs aussi, petite soeur.

 

Ce matin, je t’ai caressée,

Sur mes genoux, bien enroulée,

Je t’ai langée dans mon amour,

Rangée dans mon coeur pour toujours.

 

Tu t’y chauffais comme le pain,

Mis au four pour le lendemain,

Faible, tu brûlais sur mon bras,

Comme en la nuit un feu de bois.

 

J’ai prié Dieu qu’en la demeure,

Qui m’attend à ma dernière heure,

Près de ma mère il te dépose,

Avec nos chiens, nos chats, nos roses.

 

Car pour elle comme pour eux,

Le paradis, c’est avec moi,

Que l’on me reçoive en ces lieux,

Ou qu’on me jette tout en bas.


...



Sur VK, j'ai trouvé ce post dont je partage tout-à-fait le contenu:

 J'ai regardé le programme "les Nôtres", cette fois intense, divers, avec beaucoup d'épisodes. Bravo, les gars! Mais au vu de cette émission, et en y repensant, j'éprouve un étange sentiment de confusion. Parce qu'il se produit quelque chose de grandiose. On ne peut pas ne pas remarquer que, oui, ça saute aux yeux, les participants de l'opération spéciale sont tous beaux et même magnifiques. Et ce n'est pas seulement la beauté de la jeunesse, les yeux et la profondeur de leurs expressions sont souvent sidérants. Surtout quand on montre ceux qui ont été tués, ils sont tous étonnants. Comme si on avait spécialement rassemblé là des êtres avec de tels yeux et de tels sourires. Il y en a tant, c'est l'armée du monde. Est-il possible que Fiodor Mikhaïlovitch (Dostoievski) ait littéralement raison de dire "la beauté sauvera le monde?" Et même les hommes plus âgés ont tous des visages et des yeux étonnants. Il se produit quelque chose de remarquable, de grandiose, et je ne sais pas quoi faire de cela.   

Et en même temps que cette parade de la beauté et de la force, le reste de la télé semble rétrécir dans son paquet de chiffons bigarrés. Oui, elle est passée, l'époque de Masliakov, bien que je ne lui donnerais pas une appellation aussi ronflante. C'était une sorte de petit Hollywood fait maison, une espèce d'industrie du divertissement. Au début, c'était drôle, et gai, et joyeux. Et puis le jeune Masliakov lui-même était un petit gars russe très mignon, quand je l'ai vu la première fois. Mais les boutiquiers ont peu à peu tout mélangé et iles étaient tous d'une homogénéité si déprimante!

Mais cela n'eût été encore rien, si ne s'était formée, en résultat de l'industrie du divertissement, une compagnie d'étoiles très riches et très impudentes qui se considéraient comme l'élite. D'où leur est entrée dans la tête une telle bêtise? Et dans un pays, un empire, où existait une élite noble, une élite guerrière, une élite scientifique. Les boutiquiers d'origine orientale n'ont jamais été une élite en Russie. C'est une erreur.      Татьяна Гобзева.12 сен 2024 в 16:18

Au même moment, j'ai regardé le dernier briefing de Slobodan, sur le satanisme, l'instrumentalisation de l'Ukraine pour nuire à la Russie, par tous les moyens, par les méthodes les plus abjectes, et la sauvagerie des bataillons Azov et les mercenaires au service de cette entreprise, tout ce chaudron de sorcière qui menace d'exploser en projetant ses démons dans tous les sens. Il établit le parallèle avec Daesh. Car ici, on utilise les néonazis, là bas les islamistes ou encore les antifas, mais on est prêt, dans tous les cas, à justifier n'importe quelle saloperie quand elle s'exerce à l'égard de populations calomniées et déshumanisées à cet effet. Cette barbarie qui se cache de moins en moins est absolument glaçante. "Avec quoi sommes-nous mariés?" demande Slobodan. Oui, avec quoi? Posons-nous bien la question. Moi, j'y ai répondu, et je suis partie. Chacun de ces visages de soldats russes me confirme la pertinence de mon choix, quel que soit le degré de corruption des fonctionnaires qui se sont fait du fric sur leur dos, la perversion des "élites", les bringues et les affaires de l'arrière, quelque chose se passe, quelque chose de mystérieux et de grandiose. 

https://www.youtube.com/live/PRbOyl8kETA?si=UWGRn9FpIRRD1bju

jeudi 12 septembre 2024

Darwin

C'est le genre de choses qu'on voyait au moment de la révolution bolchevique, et cela se passe maintenant en Occident, à la suite de l'incendie symbolique de Notre Dame et de si nombreuses églises en France. Pour soulager le stress que leur procure le spectacle de ce qui est infiniment trop noble et trop pur pour leur sombre substance, des créatures des ténèbres vont maintenant liquider non seulement des objets sacrés, mais des oeuvres d'art, ainsi probablement que les artistes eux-mêmes et aussi les prêtres et les gens de Dieu. Actuellement, on peut même dire que tout ce qui n'est pas persécuté dans les pays concernés vient du diable, comme en Ukraine. 
Le professeur Raoult a remis en cause le darwinisme dans une interview que j'ai regardée, ce qui ne m'a pas vraiment étonnée, Rémy Chauvin le faisait déjà il y a quarante ans. Dany me dit qu'elle n'y a jamais cru. Moi si, enfin pas au darwinisme, mais aux espèces très anciennes et disparues, dont on trouve les traces archéologiques, de sorte que je ne peux prendre la Genèse au sens littéral, mais je pense que le mythe est une façon d'exprimer une réalité psychologique et sacrée que parfois nous ne comprenons pas nous-mêmes mais qui est inscrite mystérieusement en nous. Il y a en nous des choses qui nous sont particulières, et des choses qui nous réunissent à toute l'humanité et même à tout le cosmos, et par là aussi, à son Créateur, à sa source. Bien que je sois convaincue de la chute, ou en tous cas, de la réalité d'un mal métaphysique insondable que seul l'être humain a ici la faculté de mettre en oeuvre, et d'un bien également métaphysique auquel seul l'être humain peut s'allier, auquel il peut choisir d'appartenir, de s'agréger, de s'enflammer. Mais quand est intervenue la chute, ça, mystère, peut-être dans une autre dimension, il m'apparaît même que cette chute est plutôt un projet qui ne s'est pas réalisé et qu'il nous appartient de restaurer et de conduire à son achèvement. Le père Barsanuphe me disait que la chute a eu lieu dans la dimension éternelle et qu'elle se répète à tous moments de notre vie, de même que la rédemption, que l'Apocalypse est en route depuis le Christ, et que le monde repose sur au moins sept saints qui prient pour lui, il prendra fin quand ces saints ne seront plus sept à le porter sur leurs épaules.
Avant la chute, nous dit-on, c'était l'harmonie totale et la loi de l'entredévoration générale n'était pas actuelle. Dans Yarilo, mon héros Fédia interroge le métropolite Philippe à ce sujet, car il a remarqué, comme moi, que néanmoins, le lion, au jardin d'Eden, était équipé physiquement de tout ce qui en faisait un prédateur carnivore, la biche couchée auprès de lui de tout ce qui en faisait une proie herbivore prompte à la fuite et à la course. Et il ajoute aussi que toutes ces créatures sont sexuées, jusqu'aux lys virginaux qu'on offre à Marie dans les églises, et bien sûr, l'Homme, flanqué de la Femme. Elles ont également plus ou moins toutes la même structure de base, et les mêmes traits psychologiques fondamentaux, pour ce qui concerne les mammifères en tous cas. Mais les hommes sont les seuls à avoir une vie intérieure, spirituelle consciente, et à pouvoir être saints jusqu'à la transfiguration, ou démoniaques au delà de l'imaginable.
J'ai depuis longtemps l'intuition que toute la Création est en chemin vers la conscience et la transfiguration et que cela doit s'opérer à travers nous, que nous le devons à la Vie, et ce d'autant plus que nous la malmenons et la profanons sans aucune précaution. Ce que nous faisons à la beauté du monde, à son innocence, est d'une telle ignominie et d'une telle cruauté, et cela depuis si longtemps, bien que maintenant nous atteignions en ce domaine des profondeurs inconnues dans ces sombres abysses, que je ne sais même pas comment le Créateur nous supporte encore. C'est sans doute qu'une Necessité immense, qui nous dépasse complètement, est en travail, et tout ce que nous faisons nous oriente dans le sens de l'édification, de la Création, ou dans celui de la destruction et du néant, selon le choix que nous faisons d'offenser ou non cet enfant, de tourmenter cet animal ou de le sauver, de tirer au revolver sur l'oeuvre irremplaçable d'un artiste ou de la restaurer avec patience. Une oeuvre, ce n'est jamais que de la couleur sur un support, n'est-ce pas? Mais ce que vise la sorcière à travers la Vierge Marie, c'est non seulement toute espèce de transcendance et de poésie, mais une image lumineuse de la tendresse maternelle, d'une pureté subtile et joyeuse, c'est un petit enfant qui tient un oiseau, il y a derrière ce geste de tels abîmes de méchanceté que j'en ai le coeur serré d'angoisse. Elle aurait flingué une kitcherie religieuse révoltante qu'à la limite, j'aurais pu comprendre, la kitcherie est une déformation satanique de la vérité du sujet, mais elle ne s'est vraiment pas trompé de cible, de même que c'est Notre Dame qui a brûlé, et pas Versailles, et pas le Panthéon. C'est la pureté, la transparence, la ferveur et l'allégresse qui font bouillir le pus dans leurs noires artères. L'horrible assassinat du tsar et de sa merveilleuse famille s'inscrit en droite ligne dans la perspective de ce genre de réflexes. En France, ce fut celui du roi et de la reine, puis le sort affreux fait au dauphin, et l'incendie de Notre Dame est venu mettre un point final à la dégringolade ultérieure de la France, qui a juste continué quelques décennies comme un canard sans tête, puis s'est effondrée dans le sang des deux premières guerres mondiales et pourrit dans la troisième. La Russie a canonisé le tsar et sa famille. C'est là dessus que je compte pour son salut. Et le nôtre.
Ma Georgette ne va pas bien, et dans la foulée de ces réflexions et de ma profonde tristesse, je me disais qu'il serait bien injuste de ne pas retrouver dans l'autre monde ces compagnons dévoués de notre vie. Ma pauvre petite amie m'aime jusqu'à son dernier souffle, de tout son être, et avec discrétion, sans vouloir me gêner, elle s'accroche à mon bras de ses deux pattes, elle sait si bien se faire comprendre... "Il y a plusieurs maisons dans la maison de mon Père", nous dit le Christ, et je crois que nous aurons la maison que nous nous serons faite. Pour certains, d'ailleurs, je suis sûre que l'enfer ne sera pas si épouvantable, il leur est devenu, de leur vivant, consubstantiel, c'est le paradis qui les hérisse. La fille qui fait des cartons sur la Vierge Marie, l'Enfant et son petit oiseau, vous la voyez "parmi les anges radieux"? Pour moi, le monde entier est un paradis splendide, à part les lieux que l'homme a défigurés à l'image de son esprit perverti, les fleurs, le ciel, les nuages, le lac, la mer, tout ce qui vit, bouge et scintille, tout ce qui est souple, imprévu, capricieux, musical. Mais beaucoup de gens détestent instinctivement tout cela. Ils aiment le rectiligne, l'utilitaire, le mort, le clinquant et le tonitruant, la propreté stérile et le toc. Dans Yarilo, le bourreau Maliouta Skouratov, menacé de l'enfer par un vieux moine, répond: "L'enfer ne me fait pas peur, j'y aurai toujours de l'ouvrage". Dans le livre de Ioulia Voznessenskaïa "Mes aventures posthumes", il est un lieu de l'enfer tout ce qu'il y a de plus grand luxe et sélect, les gens s'y ennuient un peu, disons que s'y ennuient ceux qui n'y sont pas adaptés, et qui le quittent, en fin de compte, comme l'héroïne, par le refus de l'indifférence et l'amour retrouvé. Mais les autres, habillés avec élégance, éternellement jeunes et beaux, pourvus d'une carte de crédit 666 qui leur ouvre boutiques et restaurants, passent leur éternité sur la plage et dans les grands hôtels, à dire des banalités épouvantables, et ils ne se rendent compte de rien, car ils sont complètement amnésiques. Cet enfer pourrait passer pour un paradis enviable, aux yeux des lecteurs de la presse people et des spectateurs de shows télévisés.
Le projet humain, cosmique, divin, c'est la transfiguration générale, pas le transhumanisme, pas la hideuse survie de milliardaires cacochymes qui se font transplanter dix fois de jeunes coeurs là où ils n'ont plus depuis très longtemps qu'un trou suintant sur le monde les ténèbres puantes de leur méchanceté.



 https://vk.com/wall634116626_266074

⭐⭐⭐⭐⭐ Ce qui se passe aujourd'hui, est littéralement Biblique. C'est la raison de ce genre d'abominations :


🇨🇭 Suisse : Une politicienne verte libérale a tiré sur Maria et l'enfant Jésus "pour soulager son stress".


Je suis tombée sur ce post d'un Serbe, et le laisse là en passant...


еян Берич

вчера в 11:28
Американци опубликовали о преступление Россиской Армии.
"Россияне разбомбили пассажирский поезд на Украине"

Не могу не согласится что это серезно преступление и за его должни ответит. Ети которые дали приказ и еты которие разбомбили.

Но ест одно маленькое НО.

Ето Серпский поезд которий 1999 года бомбили самолёти НАТО терористов

Les Américains ont publié un crime de l'Armée russe. "Les Russes ont bombardé un train de passagers en Ukraine". 
Je suis forcé d'admettre que c'est un crime grave, et qu'on doit répondre de cela. Ceux qui ont donné l'ordre, et ceux qui l'ont exécuté. 
Mais il y a un petit MAIS. 
C'est un train serbe, qu'en 1999 ont bombardé les avions des terroristes de l'OTAN...

dimanche 8 septembre 2024

Incognito

 


Jeudi, j’ai manqué la fête du métropolite Pierre de Moscou, qui avait lieu dans l’église en voie de restauration, parce que l’office était à sept heures du matin, et je ne me suis pas revéillée à temps, ce qui est très rare. Hier soir, le père Alexeï me demande qui a fait l’icône de ce saint, qu’il avait bénie à cette occasion ? Je lui ai répondu, morte de honte et complètement désolée d’avoir raté cet évènement, que c’était moi. En fait, je pensais que l’icône n’avait pas plu à notre évêque et qu’il l’avait remisée dans un coin.

Cela m’a vraiment affectée mais il ne m’en faut pas beaucoup, en ce moment. Ce matin, j’ai parlé de tout cela au jeune prêtre qui confessait, je lui ai dit aussi que je maudissais régulièrement ceux qui nous avaient préparé la situation où nous sommes, que je ne pouvais pas les aimer ou prier pour eux. « Pourtant, c’est ce que le Christ nous demande.. » Oui, en effet, mais ce n’est pas facile. Je dis à Dieu : « Pour ceux-ci, c’est Toi qui vois, moi, je ne peux pas... »

Ma Georgette mange toujours très peu, elle dort tout le temps et maigrit, et j’essaie de ne pas me laisser aller au chagrin qui me submerge. J’espère que la communion de ce matin m’aidera. Je pense à la façon dont elle est apparue brusquement dans ma datcha, où j’étais venue passer le week-end, en 2009, par une pluie d'automne glaciale. C’était presque un chaton. Elle s’était installée sur le poêle, loin de mes autres animaux. Et pendant la nuit, elle était venue occuper la place qu’elle a prise par la suite pour le reste de sa vie, contre mon épaule, la patte posée sur moi. Avant de l’adopter, j’avais essayé pendant trois semaines de la caser sur Moscou, et j’avais laissé pour elle des croquettes aux ouvriers qui refaisaient le toit. Puis un ami avait proposé de la prendre. J’avais donc apporté un panier à chat, et elle avait protesté quand je l’y avais enfermée, mais aussitôt que la voiture avait démarré, elle avait cessé de miauler, elle comprenait que je l’emmenais.

Chez mon ami Sérioja, elle avait été si mal aimable qu’il n’avait pas voulu d’elle, soutenant qu’elle m’avait choisie. Je l’avais portée chez le vétérinaire, elle avait beaucoup de gale des oreilles, mais elle supportait les soins sans griffer ni mordre, elle grognait seulement, elle s’est toujours montrée, comme moi, râleuse, mais bonne pâte, elle aime qu’on lui fiche la paix et ne va pas au conflit, elle attend juste son moment. Après, dans l’appartement, elle était complètement euphorique, Georgette déteste le froid, c’est une petite chatte très domestique, et elle m’a toujours suivie comme mon ombre. En cela, elle était en compétition avec Chocha, elles ne pouvaient d’ailleurs pas se voir.

Au printemps, quand j’étais retournée à la datcha, elle était terrifiée de se retrouver dans ce lieu qui lui avait laissé de si mauvais souvenirs, elle me suivait pas à pas en grognant, puis, voyant que je restais sur place avec elle, elle s’était calmée. Une vieille qui passait ses vacances au village me dit qu’elle l’avait vue arriver un matin et nourrie tout l’été, mais qu’en repartant pour Moscou, elle ne l’avait pas prise. Et elle l’appelait : «Maroussia, Maroussia... » Georgette faisait comme si elle ne la connaissait pas. Mais je suis sûre qu’elle s’en souvenait autant que de sa misère automnale, au sein de laquelle j’étais venue avec ma ménagerie chauffer le poêle et distribuer les croquettes...

Georgette m’a suivie en France, puis elle est revenue avec moi en Russie. Dans le taxi qui nous amenait à Pereslavl, après le difficile voyage en avion, elle avait passé sa petite patte à travers la grille de son panier et l'avait posée sur moi, pour se rassurer : j’étais bien là, avec elle.

Elle aura passé toute sa vie avec moi, elle n’aura plus connu l’abandon, la peur, la faim, et je suis beaucoup plus angoissée qu’elle par la situation, de cela, je devrais rendre grâce, mais j’ai quand même un chagrin terrible.

A moins que finalement, elle ne se remette... mais je n’ai pas l’impression. Elle ne lutte pas...



premières photos de Georgette, quand je l'ai trouvée. Octobre 2009...

Au café, où j'étais allée prendre un petit-déjeuner croissant, deux dames qui semblaient très bien me connaître se sont assises à ma table, nous avons parlé de l'Europe, de la Russie et de la France, des forces de destruction à l'oeuvre partout, du caractère étrange de cette guerre transversale...  Elles considèrent que ce qui différencie la Russie de l'Europe, c'est que les dégâts sont moins avancés, mais d'après elle, les jeunes accros au téléphone sont devenus complètement abrutis et ont moins de mémoire que des vieillards qui ont lu toute leur vie. Une amie française, devenue prof de lettres sur le tard, me dit que ses élèves sont des sous-développés culturels, et spirituels bien évidemment, complets, des enfants loups. Pourvus de noms étrangers stupides du genre Ryan ou Parker, ils n'ont plus aucun réferent culturel, et ne peuvent même plus comprendre non seulement Corto Maltese, bourré de références historiques européennes, mais même Astérix et Obélix. Elle trouve qu'à la limite, les enfants d'immigrés s'en sortent mieux, parce qu'ils sont issus de familles traditionnelles et croyantes, et ils sont plus structurés... Non seulement nous subissons un génocide sournois, mais les populations indigènes résiduelles vont, à l'issue de tout cela, finir en ramassis de dégénérés qui parleront un sabir et n'auront plus aucune notion de leur propre histoire.

Puis, dans la rue, j'ai rencontré un monsieur avec un spitz, une femelle, de l'âge de Rita, elles ont copiné volontiers. J'ai croisé des jeunes gens qui faisaient les fous, et me voyant sourire, ils m'ont fait de grands gestes dansants: "Passez une bonne journée"!. 

En fin d'après-midi, pour me changer les idées, je suis partie au lac, parce qu'il faisait très beau, et même étonnemment chaud, j'avais envie de me baigner. J'ai essayé de dessiner, mais j'étais au bord de l'insolation, et mes deux interlocutrices du matin avaient eu la même idée que moi, et elles m'ont trouvée sur la rive. Pour fuir le soleil un peu trop brutal, je suis allée m'installer à l'ombre, et là, je suis tombée sur le monsieur du matin, avec son spitz. C'est un homme charmant, intelligent, plein d'humour, nous avons longuement parlé des dégâts opérés sur la ville de Pereslavl, devenue méconnaissable et, je le crains, irrécupérable. Il m'a dit qu'avant la révolution, elle comptait dix monastères et trente-sept églises, il reste cinq monastères et peut-être une petite dizaines de paroisses. Mais le pire est que l'environnement de ces églises est complètement saccagé par des constructions anarchiques et disgracieuses. Ce monsieur est historien et ingénieur en mécanique. Il m'a complimentée sur mes dessins et les a pris en photo. C'est le Moyen-âge qui l'intéresse, Ivan le Terrible, pour lui, c'est trop récent!

Tout ça pour dire que circuler incognito à Pereslavl devient compliqué.  

vendredi 6 septembre 2024

Son de cloche...

 


Le temps file à une vitesse effrayante, on dirait qu’il ne cesse de s’accélerer, comme de l’eau qui file dans un entonnoir. Malgré l’analgésique, Georgette restait prostrée et ne venait pas manger et puis quand même, si, elle s'est décidée. Du coup, j'étais profondément anxieuse et déprimée.  Si elle souffre, elle ne mange pas. Et la souffrance est permanente. Que va-t-il se passer, si les analgésiques ne la soulagent pas et qu’elle se laisse mourir de faim ? La véto me dit qu’il faudra lui donner des pilules toute sa vie. D’accord, ce n’est pas très pratique, mais si elle peut continuer à vivre sans souffrir, je suis partante, et je prie le Ciel pour que, lorsque viendra le moment de mourir, ce soit sans mon intervention car cela me rend malade, j’ai toujours un doute. Je n’ai pas eu de doute dans deux cas : Tiburce, parce qu’il était vraiment mourant et que les corneilles le guettaient déjà quand il dormait dans le jardin de la ferme, et Picasso, car il avait un cancer incurable qui commençait à le faire souffrir et que mon vétérinaire de Pierrelatte, en lequel j’avais toute confiance, m’avait conseillé de le faire. Georgette n’a théoriquement rien de mortel. Moi aussi, je souffre d’arthrose, quoique beaucoup moins depuis que j’évite le sucre et fais plus d’exercice. Georgette, je le note ne passant, n’a pourtant jamais mangé de sucre de sa vie. Mais même quand j’avais mal quasiment en permanence, et que cela m’empêchait de dormir, cela ne m’a jamais retenue de bouffer. Georgette, quand elle a mal, ne bouge plus et ne mange pas. Elle a maigri, elle a le poil hérissé, je reprends parfois espoir, parce que tout à coup, elle mange, elle circule et fait ses griffes. Et puis ça recommence...

Il me semble parfois qu’elle me communique, à sa façon confiante, paisible et discrète, le message suivant : « Laisse-moi mourir près de toi, le processus est en route, c’est comme cela, je suis née, on m’a abandonnée, tu m’as sauvée de la misère et de la peur, tu m’as donné une belle vie de chat, le confort, la sécurité et beaucoup d’amour, et maintenant, c’est mon heure, je veux juste mourir tranquille et près de toi. » A la limite, la façon dont elle prend les choses me paraît infiniment édifiante, et notre complicité n'en est que plus approfondie. Eh bien nous verrons combien de temps encore nous passerons ensemble, si seulement je pouvais avoir sa sérénité...

J’ai vu un jeune soldat magnifique, vingt ans, un visage superbe. Il a perdu deux jambes et un bras. Cela m’a tellement retournée que je ne peux même pas faire ce qu’il demande à tous, m’abonner à sa page, pour lui procurer du soutien et des raisons de vivre, il y a sûrement un âge où les forces morales commencent à faire défaut. Je ne dis pas que j’en ai toujours regorgé, mais je constate que maintenant, les émotions supplémentaires me terrifient, quelque chose au fond de moi renâcle lâchement et fait le mort. C’est ennuyeux, car je pense que d’émotions, nous n’allons pas manquer.

Le cousin Génia m’a fait presque tous les petits travaux en souffrance qu’aucun crétin local ne m’aurait fait sans commande de réparations à grande échelle. Il en reste encore, ce que l’électricien a fait de travers, entre autres. Mais quand même, beaucoup de choses sont réglées, sauf la facture, mais cela ne va pas tarder.

Un ami me communique la conférence de la porte-parole Zakharova sur la situation en Ukraine, à Koursk, Pavel Durov, les persécutions à l’encontre de l’Eglise, conférence que naturellement, on ne diffuse pas en France, car elle donne un autre son de cloche, et en France, les cloches elles-mêmes seront bientôt proscrites. Quand Zakharova met tout sur la renaissance du nazisme, je pense que c’est parce que le mot fait voir rouge drapeau à la plupart des Russes, et la réalité me paraît bien plus complexe, et perverse, y compris celle du nazisme, et même du communisme, mais bon. En ce qui concerne les faits, et les menées mondialistes transhumanistes, ce qu’elle dit est vrai et cohérent. Cet ami a envoyé le truc à une de ses connaissances par message électronique, et son correspondant n’a jamais pu l’ouvrir, une fenêtre du gouvernement français le mettait en garde contre le contenu. Si ce que raconte Zakharova était faux, il serait sans doute facile de le démontrer, le problème est que c’est vrai, d’où la censure. On la croit ou on ne la croit pas, elle devrait avoir le droit de nous le dire, et nous de l'écouter et de confronter aux contes et légendes dont la presse aux ordres endort les populations. Elle donne confirmation des pillages d’icônes et d’objets sacrés, de leur vente en occident. Sans compter les brutalités à l’encontre de vieux ecclésiastiques respectables et de citoyens acharnés à défendre leur foi et leur Eglise originelle, implantée depuis le X° siècle.. 

https://lecridespeuples.fr/2024/09/03/conference-de-presse-de-maria-zakharova-ukraine-pavel-durov/

Parce que tout de même, je peste beaucoup contre les orthodoxes d’occident qui contribuent à calomnier ces gens pour mieux les faire disparaître, mais il faut dire qu’on leur bourre bien le mou, entre la propagande incessante, la trahison des slavistes distingués et russophobes d'une part, et des théologiens bien considérés d'autre part, sans compter les Ukrainiens qui agitent toutes les paroisses de France et de Navarre. Cependant, je posais la question à Xioucha, à propos des libéraux russes, également intoxiqués, qui ne veulent rien savoir : «Comment est-ce possible ? Et ce sont des gens avec des diplômes tout autour du ventre, qui se croient supérieurs à la populace... Chose étrange, on n’a jamais réussi à m’endoctriner, j’ai toujours été seule contre tous...

- Parce que, Lolo, ils sont faibles.

- Comment ça, faibles ? Est-ce que je suis si forte que cela ?

- Vous avez des convictions fondées et ils ont les convictions qu’on leur inculque et qu’il convient d’avoir dans leur société. Aller contre leur société est trop difficile. Alors ils ont peut-être des diplômes mais on en fait ce qu’on veut. Ils veulent rester dans leur monde, le monde réel leur fait peur. Ils veulent continuer à se croire d’une autre essence et rester entre eux dans l’illusion. »

Il y a longtemps, j’avais des amis charmants, de gauche bobo, or le frère et la soeur de l’un d’eux ne partageaient pas leurs idées à la mode. J’en avais parlé avec eux : « Comment se fait-il que X et Y soient tellement de gauche à la noix ?

- C’est très simple, m’avaient-ils répondu. Parce que c’est plus facile, pour avoir des copains, des contacts, des relations, des clients, des places. Est-ce que c’est facile, pour toi, d’avoir tout cela ?

- Non, pas vraiment...

- Eh bien voilà, eux, ils sont très recherchés, très lancés, pas toi, et nous non plus. Alors pour avoir la paix et mener une vie mondaine épanouie, mieux vaut se convaincre que les idées à la mode sont les bonnes. »

mercredi 4 septembre 2024

Mémoires

 


J’ai commencé les "mémoires d’outre-tombe" de Chateaubriand. Mieux vaut tard que jamais. Il était temporellement à la même distance de Louis XIV que nous ne le sommes de 1900, époque qui ne me paraissait pas si lointaine, qui avait vu naître mon grand-père, même le XIX° siècle ne me semblait pas si ancien, quand on met les choses en perspective, on obtient de sérieux raccourcis. Me voilà avec Chateaubriand, au XVIII° siècle, avant la révolution, et, bien que je pense depuis longtemps que la grande rupture, c’est la Renaissance, je me rends compte que la révolution en fut une seconde et une énorme, le monde qu’il décrit, celui de la province bretonne d’alors, est encore beaucoup plus imprégné d'esprit médiéval que je ne l’aurais pensé et d’une immense beauté, d’une noblesse et d’une poésie dont on n’a plus idée. Ses descriptions des offices religieux, des fêtes, des lieux, des bateaux au port sont envoûtantes. Déjà, le grand Meaulnes m’avait fait cette impression de monde perdu, et si je relisais Colette, qui me semblait si proche, qu’en penserais-je ?

Pourtant, Chateaubriand ne donne pas l'impression de quelqu'un de très joyeux, le monde qu'il décrit non plus, mais au fond, la joie, sauf si elle est d'essence divine, n'est jamais qu'un moment sur cette terre, la vie hésite sans cesse entre l'extase et la tragédie, et peut-être que ce qu'il y a entre les deux, la gaité superficielle et la banalité confortable, ne sont que le substitut de l'une et le paravent de l'autre.

Il me faut absolument revenir aux miens, de mémoires, mais j’ai du mal, la situation générale et l’état de Georgette me prennent la tête. J’ai pensé, l’autre jour à l’église qu’en fin de compte,  mes confessions les plus sincères et les plus approfondies, c’étaient mes livres. Les livres sont des confessions publiques, où l’écrivain n’est pas le seul en jeu, c’est l’humanité qui se confesse à travers lui et avec lui.

Cette nuit, je me suis endormie très tard, Georgette avait mal. Elle poussait de tous petits gémissements discrets. Je me suis souvenue qu’il restait de l’analgésique, pour elle, je lui en ai donné. Ce matin, elle est allée faire ses griffes sur son arbre, et elle a mangé sa pleine écuelle, elle n’avait pas mangé comme cela depuis quinze jours. Cependant, elle boîte. La véto m’a dit que la douleur lui coupait l’appétit. Elle m’a donné des réserves d’analgésique, et elle va lui refaire une injection d’acide hyaluronique, pour ses articulations. « Vous ne m’en feriez pas une, à moi aussi ? lui ai-je demandé.

- Je m’en fais à moi-même », m’a-t-elle répondu en riant.

Tout cela est très ennuyeux, mais pas mortel. Il faudra juste traiter ponctuellement Georgette, mais cette nuit, j’étais terriblement triste et angoissée par la précarité de cette petite vie qui a pris tant de place dans la mienne et qui va peu à peu s'effacer, comme elle a fait toutes choses, avec discrétion. Georgette entre dans le processus de la décrépitude avec simplicité, sans en faire un drame. Pourvu que je sois là jusqu'au bout, qu'elle m'ait à portée de la patte, tout va bien, c'est tout ce qu'elle demande. Je devrais faire comme elle, gloire à Dieu pour tout... Ma tante Mano me disait au téléphone que, sans Dieu, toute notre existence pouvait apparaître comme une farce absurde et cruelle, et en effet... La question que je me pose, c'est pourquoi, lorsque l'on a conscience de cela, on reste malgré tout en dehors de l'Eglise. Saint Païssios disait que sans la foi, il serait devenu fou.


L’été s’éternise, il a fait très chaud dans la journée d'hier, les nuits vont devenir de plus en plus fraîches. C’est maintenant la floraison des topinambours, j’en ai plein le jardin. Ces géants souples, aux légères petites têtes solaires, s’effondrent sur la palissade, se glissent dans les feuillages des arbres où ils luisent épars, comme des astres. La clématite de Sibérie, qui n'avait pas fleuri au printemps, s'y met maintenant, avec modestie, quelques ravissantes clochettes blanches parmi les pompons jaunes des boules d'or. Les touffes d’orpin commencent à rosir et se couvrent d’abeilles qui font leurs dernières provisions. De folâtres papillons blancs dérivent dans la lumière dorée. L’air glissant et doux rafraichit et enivre. Des nuages roses sommeillent dans un azur translucide et paisible. Dire que si ça se trouve, dans quinze jours, je commence à chauffer...















 

 

lundi 2 septembre 2024

Les béatitudes éternelles

 


Hier, j’ai dit en confession au père Andreï que j’avais un sentiment latent d’angoisse, malgré la foi et l’espoir que je conserve, et qu’ayant accidentellement lu, dans un rapport de Laurent Brayard, le récit des sévices inimaginables imposées par la soldatesque otanienne à une jeune fille russe, je n’avais pas pu m’ôter cela de la tête et que cela me retournait les tripes depuis deux jours. Il m’a répondu qu’il ne fallait pas lire ce genre de choses, oui, en général, j’évite. Mais parfois, je lis juste des nouvelles et cela me tombe sous l’oeil comme un trou se dérobe sous des feuilles mortes, et comme dit Katia, on pourrait ne plus se tenir au courant de rien, mais ce n’est pas possible, et garder la distance psychologique de sécurité n’est pas toujours simple. Prier, oui, bien sûr, je le fais. Peut-être pas assez, mais tout dépend ce qu’on entend par là. Je suis quand même toujours plus ou moins branchée sur Dieu ou le caractère sacré de sa création... Cependant, quand on vit ou voit des chose pareilles et qu’on y survit, comment fait-on pour ne pas perdre la raison, et comment discerner le Christ jusque dans ces créatures des ténèbres capables de les commettre ? Le père Andreï me dit que les ménées, où l’on raconte les sévices subis par les martyrs, peuvent nous retourner pareillement et qu’un prêtre catholique était mort d’une cris cardiaque en regardant au cinéma le film de Mel Gibson sur la Passion du Christ.

La soeur d’une amie, qui réside en France, avec un mari français, lui a dit qu’à la vue des Ukrainiens sur place, ceux qui s’en vont à l’ouest, elle en était venue à la conclusion que ces gens-là n’avaient plus d’âme. C’est aussi l’impression que me fait « l’occident collectif », même dans des expressions beaucoup plus modérées que les crimes révoltants de ses soudards. Beaucoup de gens, en occident, n’ont plus d’âme, et la politique de leurs gouvernements est justement de l’extirper de chacun d’eux. J’ai vu un officier américain l’expliquer à ses élèves, tout content de lui. Comment parasiter et diriger les esprits des gens par le biais de nanopuces, il en était très fier. Sans aller jusqu’aux nanopuces, comme me le disait Mano, on a supprimé tous les anticorps culturels et spirituels des gens, et ensuite, le consumérisme américain est arrivé comme un vol de rapaces sur ce troupeau sans défense. Sa vulgarité, son opacité de plastique criard, son clinquant, son vacarme, sa confusion, ses faux-semblants, sa cupidité, sa sauvagerie impudente, son hypocrisie et son cynisme. Les hérésies occidentales ont fini par engendrer cette tumeur cancéreuse d’outre-Atlantique, qui désormais dévore l’Europe originelle, transformant l’Ukraine en trou noir purulent et infectant plus ou moins la Russie au passage. Bernanos disait déjà que le monde contemporain est une immense conspiration contre toute espèce de vie intérieure.

J’ai passé mon samedi à bricoler, et j’avais mis, pour ce faire, une symphonie d’Arvö Part. Cependant, cette oeuvre magnifique me faisait un étrange effet, comme si je regardais déjà ma vie depuis l’autre monde, dans une sorte de béatitude d’outre-tombe. Il m’arrivait des souvenirs par rafales, et des visions de la France d’autrefois, parfois les plus triviales, le magasin « monsieur Bricolage » du centre commercial de Pierrelatte, comme si j’y étais, peut-être parce que l’avant-trou que j’utilisais venait de là-bas... La Russie où je me trouve m’apparaissait comme une zone intermédiaire entre la France de ma jeunesse et cette contrée d’outre-tombe où la musique m’emmenait. Presque une salle des pas perdus dans quelque gare métaphysique.

J’avais eu autrefois une grâce particulière, pendant quelques jours d’affilée, j’avais été transportée, à l’issue d’un moment de prière où j’avais demandé le secours du Ciel, dans une sorte de zone intermédiaire où plus rien ne m’atteignait, et j’allais travailler, faire mes courses, la cuisine, la vaisselle, tout en me trouvant ailleurs, dans cette béatitude étrange, une béatitude que ne donnent pas les joies les plus sublimes de la vie, une béatitude de l’autre monde. Seule la musique d’Arvö Part me paraît approcher de cette réalité, où ce que l’on perçoit de cette vie-ci, la nôtre, n’arrive plus qu’à la façon d’échos confus et lointains dans une sorte de tourbillon cosmique à la fois serein et incroyablement puissant qui nous absorbe. Et une sorte de terreur se mêle alors au ravissement contemplatif, car nous nous trouvons confronté à quelque chose de si énorme, que notre âme faible ne peut l’intégrer ni peut-être s’y intégrer. Mais, disait le Christ, pour nous conforter, « il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père »... Il y en aura peut-être une, à ma petite mesure, pour moi, et tout ce qui m'est cher.      

C’est d’ailleurs le souvenir de ce moment qui me revient en mémoire lorsque j’ai l’impression que le christianisme méprise la vie, toutes les joies que notre corps est équipé pour éprouver, au nom de toutes les douleurs qui le menacent, de la part des maladies ou des cruautés qu’on peut exercer sur lui, et qu’il nous faut éventuellement endurer pour gagner les béatitudes futures de la Jérusalem céleste. Ces béatitudes sont effectivement d’un autre ordre. Et pourtant, j’ai dès mon enfance adoré la vie, avec gourmandise, avec goinfrerie, sous ses aspects triviaux comme sous ses aspects sublimes. Mais même le plus sublime de la vie semble ne plus avoir cours ailleurs ou n’y parvenir, comme dans la musique d’Arvö Part, qu’à la façon d’échos confus qui, pour l’instant, me font mal, me tirent des larmes, laissant sur la grève du départ des photos éparses, des objets que je n’emporterai pas avec moi, des souvenirs qui m’échappent et qui n’auront plus de sens pour personne.

D’une certaine façon, dans sa folie, l’humanité toute entière, ou en tous cas, sa partie occidentale, mais elle a plus ou moins infectée toutes les autres, sombre dans une zone intermédiaire, en laissant sur la berge les débris profanés de ce qu’elle avait toujours adoré. Cependant, ce qui l’engloutit, ce ne sont pas les béatitudes éternelles, et il serait temps pour chacun et pour tous, de se préoccuper de l’essence de ce qui se produit.