Le
temps merveilleux se poursuit, cette année, c’est un vrai cadeau, mais
j’aimerais un peu de pluie pour mes plantes, encore que le sol soit toujours
humide, ici. Je me suis beaucoup activée, tous ces jours-ci, dans le jardin, il
y a tant de travail, une action en appelle une autre. Certaines plantes me
semblent avoir du mal à démarrer, bien qu’elles ne soient visiblement pas
mortes. Il ne fait pas chaud, avec tout ce soleil, le vent est froid, et
j’ai finalement remis un peu de chauffage. Il me faudrait restituer la
cheminée, refaire le conduit extérieur et mettre un insert. Cela me permettrait
de chauffer un peu le soir, de faire partir l’humidité. Je le ferai peut-être.
Il me faudrait être sûre que cela ne m’apportera pas de fuites d’eau, il faut
que ce soit fait par quelqu’un de normal.
Aujourd’hui,
on me refait la palissade, et j’ai terriblement peur qu’on ne piétine mes
plantations.
.La
réception de Netanyaou par Poutine fait des vagues. Certains y voient la marque
de sa trahison ou de son inféodation peut-être ancienne, d’autres son désir de
paix et son astuce diplomatique, je dois dire que je suis désorientée, et
effrayée, car s’il craque, ou s’il est un pourri complet, nous n’aurons plus
aucun dirigeant qui résiste à l’empire mondialiste qui nous asservira
complètement et détruira fondamentalement tout ce que nous sommes. Il m’est
déjà assez douloureux de voir disparaître la France, voir submerger et achever
la Russie me serait insupportable.
Au regard
de tout cela, les périodes antérieures m’apparaissent comme des paradis perdus
quelles qu’aient pu être leur dureté et leur insécurité, car nous avions du
moins la consolation de nos communautés, de nos liens culturels et affectifs,
de notre passé et de notre présent commun,
de notre foi, de nos épopées et de nos chansons, et le meilleur signe que ces époques étaient préférables,
c’est qu’elles produisaient de la beauté en abondance, elles baignaient dans la
beauté, alors que la nôtre sombre dans la hideur et la cacophonie, dans l’infamie
totale et totalitaire.
C’est
bien d’ailleurs cette solidarité, cette communion qui unissait nos entités
nationales de façon verticale, à travers l’héritage multiséculaire de nos
ancêtres, et horizontale, entre ceux qui partagent cet héritage et qui
communiquent à travers lui, qu’il fallait détruire pour nous livrer, dans une
tyrannie sans précédent, à une déchéance sans précédent, au sein de laquelle le
salut personnel deviendra presque impossible. Alors reviendra le Roi, le seul
que nous puissions encore espérer, celui de la Jérusalem céleste…
La
révolution de 1789 a défrancisé la France,
celle de 1917 a tenté de dérussifier la Russie. Car s’attaquer à la
paysannerie, aux cosaques et aux orthodoxes après avoir assassiné le tsar et sa
famille d’une manière ignoble, c’était bien dérussifier le pays. La Russie, c’était
la paysannerie, l’Orthodoxie et une puissante culture populaire à laquelle on a
tenté de substituer la « culture de kolkhose ».
Je pense à la vidéo du père Costa de Beauregard, j'y pense sans arrêt. L'urgence de la prière, de l'ultime transfiguration me rôde dans la tête et le coeur mais je suis si flemmarde, une artiste et une littéraire, je compte sur la miséricorde divine, sur la main tendue qui me récupérera au dernier moment, parce que j'y crois, parce que je compte dessus... avec les miens, avec la France séculaire, et avec la sainte Russie, prends pitié Seigneur...
Iouri
Tkatchev considère Ivan le Terrible comme un « navet » et me recommande
la lecture de l’historien Soloviev pour avoir une idée du vrai tsar, loin de
cette caricature. J’ai trouvé cela sur internet, avec au départ de la vie du
tsar, toutes sortes de batailles et intrigues, autour de sa mère veuve et de
lui-même. Dans un résumé du point de vue de Soloviev, le tsar offrait des
points communs avec des tyrans domestiques que j'ai connus : une nature anxieuse et colérique,
méfiante, méprisante, qui attribuait à ses subordonnés les raisons de ses
propres échecs et punissait lourdement et injustement pour se passer les nerfs.
Dans cette perspective, le film d’Eisenstein n’en offre pas une caricature mais
plutôt une image idéalisée, et c’est ce que je pense. Cependant, je ne suis pas sûre qu’il ait été
tout à fait celui que montre Soloviev non
plus. Le tsar avait aussi des côtés artistiques et esthètes, il aimait chanter, c'était un fin connaisseur en iconographie, un lettré et il écrivait avec talent.
Soloviev
ne semble pas nier le meurtre du tsarévich Ivan. Ce que j’aimerais savoir, c’est
si ce qui apparaît dans les biographies
occidentales, et aussi pas mal de textes russes, les viols, les orgies de l'opritchnina, l'épisode Fédia Basmanov, est vraiment confirmé de façon assez unanime… J’ai déjà regardé, il y
a toutes sortes de textes sur le sujet, jusqu’à des romans érotiques ou à la BD
de Phobs (peut-être d’ailleurs assez perspicace)… Mais je n’arrive pas à avoir une certitude
quand aux faits relatés.
Lire
sur internet est pénible, d’ailleurs, je n’ai plus pour la lecture le même
pouvoir de concentration qu’auparavant. Il me faut sans doute assumer d’avoir fait
un roman, qui est un hybride entre des données historiques réelles, mon
intuition, et mes visions ou expériences personnelles. Comme les pièces de
Shakespeare sur les rois anglais. C’est comme cela qu’il faudrait le prendre, c’est
comme cela aussi qu’il faudrait prendre le film d’Eisenstein : un conte
sur le pouvoir et l’égrégore qu’il engendre. Et dans mon cas, un conte sur la
damnation et le salut, sur la communion des âmes, la responsabilité collective
de Dostoïevski. Le tableau d’une société homogène, pareille à une immense
famille, dont le tsar, quel qu’il soit, est le centre, le père, et qui est en
route pour son salut à travers quelquefois de graves péchés, mais aussi de
sublimes sacrifices, l’entité sainte Russie, une foule de pécheurs tendus vers
le Ciel, de pécheurs vivants et morts, solidaires, avec tout leur attirail d’églises,
de chants, d’épopées, d’icônes, de croix et de bannières,une longue et séculaire procession de Russes de tous milieux, titubant, chutant, se relevant, se poussant et se tirant les uns les autres, vers le jour du jugement qui en fera peut-être à jamais la ville invisible de Kitej. Dans cette procession, il y a le tsar Ivan, pour lequel je prie, aussi bien que le saint métropolite Philippe, il y a le féroce petit sodomite Fédia Basmanov, pour lequel je prie également, qui avait peut être dans sa vie,
comme seule lumière, l’amour porté à ses fils, auxquels il sacrifia un père
probablement indigne, et son dévouement pour le tsar. Il y a le lumineux tsar
Féodor qui a conclu la dynastie de Rurik. Et au bout de la dynastie suivante,
après le tsar Pierre qui, sous l’effet de son occidentalisme sans âme, de son
culte exclusif de la technique et de la puissance impériale, a entamé la dérussification enragée qu’ont reprise avec beaucoup plus d’ampleur les leaders
soviétiques, le saint tsar Nicolas assassiné par des gnomes. C’est de cela que
parle mon livre.
Le remplacement de la clôture m'a valu une causette avec la voisine d'en face, Tatiana, qui est allée aussitôt me déterrer une touffe de primevères, la primevère botanique jaune que je voyais près du "rio Poulet", le joli ruisseau qui coulait au bout du champ voisin de la maison de mon grand-père à Annonay (Ardèche)... Donc, quelque chose dans mon jardin me rappellera ma petite enfance. Parfois, les souvenirs de cette jolie et douce France, de mes tantes et de ma mère ravissantes, de cette maison de l'Armençon, qui me paraissait mystérieuse et poétique, et même parfois un peu effrayante, me font monter les larmes aux yeux.
C'est bien, ouvert, comme ça.... |
Il va me falloir la peindre ou la vernir. Je pensais à une lazure teintée... |