Natalia
Poklonskaïa, qui fut la Jeannne d’Arc de la cause de la Crimée et du Donbass,
éveille les sarcasmes depuis qu’elle s’obstine à célébrer le souvenir du tsar
Nicolas. Hier, elle a demandé aux députés de se lever pour observer une minute
de silence en mémoire de la famille impériale, on lui a répondu que c’était
interdit par le règlement.
Ces
mêmes députés, en dépit du règlement, s’étaient spontanément levés comme un
seul homme (à l’exception de Poklonskaïa) pour applaudir une délégation
américaine venue discrètement et de façon impromptue, alors que la Russie est
en butte aux persécutions économiques et aux calomnies de cette même Amérique
qui finance et arme l’extermination de la population russophone du Donbass.
Je
vois dans cet événement la confirmation de mon opinion sur le capitalisme et le
communisme, et le libéralisme, et le nazisme, et tous les « ismes »
de nos deux derniers siècles : plusieurs têtes sur un seul serpent. Car
tous ces députés sont en majorité d’anciens apparatchiks du pouvoir précédent, tout
comme leurs fonctionnaires, et ils fondent d’enthousiasme devant l’Amérique et
l’Occident, tout en méprisant le tsar et sa famille assassinés qui incarnent la
sainte Russie, c’est-à-dire CQFD, qu’à l’instar des bolcheviques, ils méprisent
et même détestent, la sainte Russie. On en arrive donc à la constatation que
libéraux et néostaliniens, communistes et trotskistes ont tous un dénominateur
commun : ils détestent la sainte Russie.
Or
la sainte Russie, c’est la Russie, c'est plusieurs siècles de Russie, sa formation, sa culture, son mode de vie, son originalité, un pouvoir fondé sur la détestation de
la Russie ne peut être appelé russe, et d’ailleurs, il ne le voulait surtout
pas, il se disait soviétique, le patriotisme russe était devenu un péché
mortel, on faisait à l’échelle de l’ancien empire des tsars ce qu’on se propose
de faire maintenant à l’échelle mondiale : priver les gens de leur
mémoire, de leur culture locale, de leur identité pour créer un « homme nouveau »
qui convienne à une poignée d’intellectuels sadiques, ou à présent, en Europe, en
important le maximum d’allogènes hostiles,
une « nouvelle race métissée », administrée comme du bétail
par une caste supranationale immaculée
qui, elle, ne se mélange pas. Les députés de la Douma ont montré de quel côté
ils se situaient, car bien entendu, eux n’ont plus aucun lien charnel, culturel
et spirituel avec cette entité qu’on appelle la Russie, ils la détestent
instinctivement, raison pour laquelle sans doute, dès qu’un retour aux
traditions se manifeste, le « ministre de la Culture » ferme le centre
de folklore, qui marchait très bien, trop bien.
L’URSS
fut donc porteuse de cette idéologie, mais depuis qu’elle s’était russifiée,
congelée et que le golem manifestait, dans l’accumulation de ses tissus morts,
des repousses incongrues de sentiment national réel, des survivances de valeurs
humaines et spirituelles archaïques, on s’est mis à la haïr, à l’intérieur
comme à l’extérieur, avec la même fureur qu’autrefois le tsar, les cosaques,
les paysans et leur folklore, l’Eglise orthodoxe, les coupoles dorées et tout
ce fatras poétique qui n’avait rien à faire dans un monde progressiste,
productif et efficace. On s’est mis chez les libéraux à en exhiber les crimes, si
longtemps cachés et minimisés, ou justifiés, tandis que chez les malheureux
communistes laissés sur le bord du chemin, on accusait l’Eglise de tous les
péchés de la terre, parce qu’elle alignait ses innombrables martyrs, et ne
voulait pas en démordre, et l’on criait au mensonge, en proclamant, devant la
traîtrise des libéraux( généralement d’anciens apparatchiks ou leurs
descendants) que les milliers de gens sacrifiés sur l’autel du progrès et de l’avenir
radieux avaient mérité leur sort.
Quand
on aime la Russie, je dis bien la RUSSIE, il est évident qu’on ne peut être ni d’un
côté ni de l’autre. De même que lorsqu’on
aime la France, on ne peut pas être républicain. Surout de nos jours, au vu des
résultats. J’aime la Russie, je n’ai jamais aimé l’URSS, ce pays synthétique
qui offre à mes yeux assez peu de charme, qui
a détruit un patrimoine unique par sa beauté et son originalité au nom
des cages en béton et des meubles en contreplaqué poli, et qui a causé le malheur de milliers de ces Russes qui s’obstinaient à rester russes
plutôt que de devenir « soviétiques ».
Les
soviétiques, qui peuvent être, par les vertus de la génétique et de l'imprégnation culturelle, un peu ou beaucoup russes quand même, et parfois
sympas, et puis ceux qui sont restés sur le carreau, avec leur drapeau rouge, étaient naturellement les plus naïfs et les moins pourris, ont effectivement
perdu leur pays dans l’affaire. Ceux dont l’histoire commence en 1917, comme
chez nous les instits de gauche, dont l’histoire commence en 1789. L’histoire
de leur patrie a commencé en 1917 et elle s’est achevée en 1985. Les
déprédations culturelles et la guerre sans merci, sous dénomination de lutte des classes, qui fut faite aux anciens occupants de l’espace
russe par l’URSS sont, à la lueur de cette découverte, tout à fait
compréhensibles : appartenant à un nouveau pays et une nouvelle espèce,
tout ce qui rappelait l’ancien était insupportable et devait être détruit. Le
phénomène se poursuit avec les libéraux qui applaudissent les Américains et qui
détestent « ce pays » : bouleverser les ossements antérieurs à l’illumination
du progrès, construire sur les cimetières, raser les vieux quartiers,
promouvoir la « culture » internationale (européenne classique ou massivement américanoïde)
au détriment de la sienne, tout cela prend son sens.
La
Russie, elle, a commencé on ne sait quand, sans doute avec les Scythes, et se
poursuit encore aujourd’hui, comme elle peut, je l’ai retrouvée, et j’y tiens.
Je pense que nous sommes désormais tous condamnés, mais c’est avec la Russie
que je me tiendrai dans le naufrage, pas avec l’URSS. De même que mon cœur reste
avec la France, pas avec la République française maçonnique, ni avec l’UE.
Car la France elle-même, sur un temps plus long, a connu le même processus. Ceux qui ont été élevés dans la détestation de leurs racines, de leurs ancêtres, du "moyen âge", des "religions", des "moeurs patriarcales" se foutent éperdument qu'on détruise une cathédrale ou que leur gouvernement livre leur pays à n'importe qui. Leur France est née en 1789. Et dans les musées, ils traversent en courant toutes les salles où les collections sont antérieures à cette date: leur culture commence avec Zola et l'impressionnisme, tout ce qu'il y avait auparavant est ténèbres (j'ai vu cela de mes yeux!).
Les ténèbres qui les attendent dans le monde qu'ils ont enfanté seront autrement plus épaisses que celles du "moyen âge obscurantiste"...
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