les asters que j'ai plantés... |
Il
faisait si bon que je suis restée dehors bras nus, avec un ciel d’azur er des
feuillages d’or qui déjà se défont. Les fleurs s’obstinent. J’ai vu que près du
conteneur des poubelles poussaient des asters comme je voulais, des bleus, de
grande taille, peut-être quelqu’un qui les a jetés, et ils ont pris. J’en ai
déplanté quelques uns et je les ai replantés chez moi. Le but est qu’ils se
répandent et se mélangent aux « boules d’or », aux roses-trémières et
à ces fleurs d’automne jaune orangé qu’on m’a offertes et dont je ne connais
pas le nom. Ce qui manque à mon
fouillis, ce sont les topinambours, que me donnera Nadia la chevrière au
printemps, et des cosmos, j’ai acheté
des graines, j’espère qu’ils pousseront, ici, ils poussent partout. L’avantage
des topinambours, c’est qu’ils sont aussi comestibles.J’ai
cueilli des fruits de sorbier à baies noires, en confiture, ce n’est pas
génial, mais le vin qu’on en tire est très bon, je le fais façon locale, un
tiers fruit, un tiers sucre, un tiers eau et un gant de chirurgien pour fermer
le bocal.
Rita
est de plus en plus euphorique. Elle est très câline et me suit comme mon ombre, mais elle a tendance à poursuivre les chats. Elle m’a fait la course folle du spitz ravi à
travers le jardin, une petite boule poilue et véloce lancée à toute vitesse. Nous sommes allées nous promener toutes les trois hier au
coucher du soleil, Rosie, Rita et moi. Rita aime bien le jardin quand je m’y
trouve, mais c’est la vraie poule de luxe, trotter à travers la campagne n’est
pas son truc. En revanche, Rosie était très contente.
La
lumière était magnifique sur les feuillages dorés à perte de vue et le lac
embrasé et si calme, mais les prés sont de plus en plus jonchés de saloperies,
de bouteilles de plastique, je me demande pourquoi les cochons responsables veulent aller dans la nature, s’ils l’aimaient et la trouvaient belle, ils
ne la traiteraient pas ainsi, ou bien ont-ils le réflexe, devant cette beauté sacrée de la création, des violeurs devant une belle jeune fille intacte :
saccager et ne rien laisser derrière soi ?
Je suis restée un moment à contempler ces couleurs sur le grand lac, en pensant au moment proche où il serait gelé, où tout serait à nouveau blanc et gris...Le beau temps est un miracle, une grâce, un passage d'anges bienheureux. On entend même chanter les oiseaux. Mais à vrai dire, les mésanges viennent déjà voleter devant la fenêtre pour m'indiquer qu'il faudrait penser à ouvrir le restau du coeur.
Quand
j’ai déjeuné avec mes amies de la paroisse, j’ai appris que contrairement à
Pereslavl, la vieille ville de Kolomna, que je connais aussi, au sud de Moscou,
était très bien mise en valeur, et respectée. Les vieilles maisons intactes, de
jolies boutiques et cafés. Un monastère arrangé avec un goût exquis et
effectivement, j’ai vu des photos, les moniales ont dû faire une école de déco,
c’est remarquable… Comme quoi, le
mauvais goût n’est pas une fatalité en Russie. Et Kolomna attirera des touristes quand Pereslavl les aura découragés...
Nous
n’avons de ce côté-là, ici, pas de chance.
Mon filleul me demandait au téléphone si je ne me sentais pas trop seule... Peut-être grâce à Internet, pas trop, non, ou peut-être que j'en ai l'habitude. Je vis avec tout ce que je vois et tout ce que j'ai à l'intérieur de moi. Et avec la ville invisible de Kitej. Et la France disparue.
le lac |
Pereslavl sous le croissant |
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