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vendredi 9 novembre 2018

Le choix du père Mark Tyson



le père Mark Tyson
Récemment, j’ai publié sur la page Facebook que j’ai ouverte en soutien au métropolite de Kiev Onuphre l’interview du père Mark Tyson, prêtre américain converti à l’orthodoxie,  qui a décidé de passer de l’omophore du patriarche Bartholomée, à l’issue des décisions de celui-ci concernant l’Ukraine,  à l’Eglise Russe Hors Frontières. 

Dans cet article, une phrase m’a particulièrement frappée :
Malheureusement, le relativisme a pénétré toute notre société occidentale. – votre vérité est ce que vous croyez, mais le pat. Bartholomée a une vérité différente, et c’est tout aussi valable. C’est le genre de raisonnement qu’on entend tout le temps chez les gens de l’ouest. Leur saint patron est Pilate avec sa célèbre question : « Qu’est-ce que la vérité ? »
A la suite de mes prises de position, j’ai reçu une lettre d’une paroissienne du monastère de Solan, sous l’omophore du patriarche Bartholomée, qui, me reprochant de prendre parti, m’annonçait qu’elle se désabonnait de mon blog .
Une autre paroissienne, avec laquelle j’ai de très bonnes relations, m’exprimait un peu la même chose d’une manière beaucoup moins radicale, et je comprends que la situation ne soit pas facile à vivre, quand on est près d’un monastère auquel on est attaché et qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à l’horizon immédiat. Donc, ainsi que je l’ai répondu à la première paroissienne, chacun son choix. Je serais restée sur place qu’il n’aurait pas été pour moi très simple.
Cependant, une des raisons de mon  départ se trouve dans la phrase du père Tyson. Je ne suis pas en phase avec la mentalité de Ponce Pilate. Tout le monde il est gentil, tout le monde il a raison, il ne faut faire de peine à personne, et surtout ne pas savoir, et ne pas prendre parti, ne pas « sombrer dans l’extrémisme », où l’on vous met très vite dès lors qu’on dit simplement les choses telles qu’elles sont.
Comme j’expliquais cela au père Antoni, qui m’a demandé de traduire des articles sur ce thème et de les publier aussi dans mon blog, il m’a répondu : » Laurence, la question est simple : ou l’orthodoxie est une niche psychologique confortable, une sorte de produit complexe recherché dans le supermarché religieux, ou l’orthodoxie est la voie authentique de la vie en Christ, de la joie dans la tristesse, du port de la croix, de la vérité, des douleurs et des consolations. Qu’en pensent les lecteurs de votre blog ? »
Personnellement, j’ai horreur des conflits, je déteste l’inconfort et je suis un excellent exemple de petite nature européenne, incapable d’ailleurs des jeunes et des séances de prières que respectent mes anciens coreligionnaires du Gard, et à plus forte raison les Russes, mais je sais qu’en cela, je n’ai pas raison, et que devant le choix Onuphre et ses fidèles d’un côté, Porochenko, Philarète et leurs églises à folklore nazi, soutenus par le trio patriarche Bartholomée, archevêque Job et métropolite Emmanuel, de l’autre, il convient de faire comme le père Tyson. Dire oui ou non. Pas oui mais, et pas non mais, ni les uns ont raison mais les autres n’ont pas tort.
D’autant plus que les choses sont très visibles, quand on veut bien les regarder telles qu’elles sont et non pas au travers des prismes d’interprétation proposés par une propagande unanime qui n’a rien d’orthodoxe.
Le père Tyson n’a pas pu s’empêcher de les voir : 
C’est sûr. J’ai un peu suivi l’affaire ukrainienne, sur votre site, en fait. Je me souviens d’une vidéo que vous avez postée sur un pauvre prêtre ukrainien qui officiait à l’extérieur, en vêtements rouges, et ce type en colère est venu l’inonder de peinture rouge. C’était supposé symboliser tout le sang ukrainien répandu par les « Moskals ». Cela m’a vraiment dérangé, mais c’était quelque chose qui était placé bas sur mon radar. Je n’avais pas de conception, pas d’idée, jamais, dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pensé que le pat. Bartholomée allait reconnaître un renégat aussi absolu que Philarète, et ceux de ce genre.

Et aussi: - Il y a une quinzaine de jours, dans la région d’Ivano-Frantovsk, des gens du groupe radical Secteur Droit ont pris une église d’assaut, brisé un certain nombre de bras et de jambes, tapé un homme sur le crâne, lui causant un traumatisme, et ont physiquement jeté le prêtre à la rue. Ils ont changé les serrures et dit que maintenant, c’était une église du patriarcat de Kiev. Est-ce que c’est de la propagande russe ? Cela a été attesté par des douzaines de gens qui ont tous rapporté cela. On a posté une vidéo. Cela n’est pas vraiment arrivé ? Et j’adore quand les Ukrainiens disent que les provocateurs sont des agents du FSB. Eh bien alors capturez-en quelques uns et interrogez-les, et trouvez qui ils sont et d’où ils viennent. Laissez-moi rire. C’est une plaisanterie.

Et encore: Elle est venue baiser la croix et je lui ai dit: “Christos Voskres,” [“le Christ est ressuscité”]  et elle a dit : “Як наш Патриарх Филарет сказал, Украина воскреснет, як Христос воскресил [“comme le dit notre patriarche Philarète, l’Ukraine va ressusciter comme le Christ l’a fait ”]. Je suis resté sans voix. Je suis juste resté là, la bouche ouverte. Même alors, je savais qui était le patriarche Philarète et j’ai pensé : « Cette femme met l’Ukraine avant le Christ". C’était une sorte de préfiguration de ce qui allait venir.

Dans ce contexte, la déclaration de l’archevêque Job prend un caractère particulièrement odieux : Il est aussi très important que par la décision du Synode du 11 octobre, l’acte de 1686 ait été aboli. D’un point de vue canonique, cela veut dire que le patriarcat de Moscou n’existe plus en Ukraine aujourd’hui. Tous les hiérarques sont de facto des hiérarques du trône oecuménique, en accord avec cette decision du synode, et maintenant, ils doivent attendre les directives du Patriarcat oecuménique concernant leur fonctionnement ultérieur et leur existence dans la perspective de l’octroi de l’autocéphalie à l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine.

Ces paroles sont vraiment très appréciées des fidèles de l’Eglise Ukrainienne implantés depuis des siècles et qu’un prélat étranger efface d’un trait de plume, alors que le clergé unanime, avec son troupeau, se resserre autour du Pasteur exemplaire qu’est le métropolite Onuphre, je le lis tous les jours dans les fils de commentaires des réseaux sociaux. Il est à noter que lorsque, dans les années 90, Philarète avait soumis cette question de l’autocéphalie au concile des évêques russes, elle avait été suspendue du fait du refus massif des hiérarques ukrainiens eux-mêmes de l'envisager, car ils se souvenaient de ce qui était arrivé à leur Eglise, lorsqu’une pareille autonomie l’avait mise au pouvoir des Polonais et de l’Eglise de Rome. Avec une pareille bénédiction, le « Secteur Droit », (« Pravy Sektor »), peut maintenant s’en donner à cœur joie et Porochenko, qui n’est ukrainien que de faux nom, comme toute son équipe, et sert des intérêts qui ne sont absolument pas ukrainiens, peut décréter que les « représentants de l’Eglise Ukrainienne du Patriarcat de Moscou » doivent quitter l’Ukraine. Où cette Eglise se trouve depuis l’aube du christianisme en Russie. Où ses fidèles, y compris dans les parties russes incorporées arbitrairement dans l’Ukraine par les soviétiques, y ont leurs ancêtres depuis des siècles.

Je m’associe à ce que dit le père Tyson pour expliquer son choix qui est aussi le mien:
Je ne me flatte pas de la sensibilité de ma conscience et je ne juge personne de ceux qui restent avec le patriarche œcuménique. J’aime beaucoup de prêtres dans le PE, dont certain sont mes proches en Dieu, qui ont baptisé mes enfants, ou j’ai baptisé les leurs, de sorte que là n’est pas la question. Je ne me suis pas éloigné pour regarder de haut ceux qui sont restés avec Constantinople. C’était ma décision particulière et il y avait une ligne que je ne pouvais franchir.  
J’ai pensé à ceci, si je reste, combien de temps vais-je tenir? Peut-être jusqu’à ce que le sang coule entre les bâtiments de la laure des Grottes de Kiev ou de celle de Potchaïev ? Peut-être jusqu’à ce que quelqu’un tire sur le métropolite Onuphre pendant une procession ? Quelle est la ligne réelle que je me serais tracée si je n’avais pas franchi cette ligne particulière? Je voulais quitter l’ascenseur au sol, avant qu’il ne s’élevât,  quand j’aurais peut-être eu à me dire, « Bon, quarante-sept personnes ont été tuées, mais je vais attendre jusqu’à ce qu’il y en ait cinquante » Vraiment, où est la ligne si vous ne reculez pas immédiatement ? Personnellement, je ne sais pas. Je ne sais pas ce que le cœur des autres personnes leur dicte et je ne les juge pas, mais je sais ce que mon cœur m’a dit.

Et je partage sa vision du développement ultérieur des choses:
Cette histoire avec l’Ukraine, c’est le premier pas. Je pense que nous allons voir ce patriarcat devenir le porte-drapeau des valeurs et des idéaux occidentaux. L’environnementalisme du patriarche en est déjà un exemple. De même que la nouvelle règle exclusive au PE sur les prêtres qui peuvent divorcer et se remarier… tout en restant prêtres ! Qui sait où cela va nous mener ? Mettons les choses ainsi: nous pourrions très bien voir le patriarcat s’aligner sur bon nombre des choses que nous avons vues dans les Eglises Episcopales et Catholiques romaines, ce qui sera très acceptable pour les élites occidentales d’une manière qui ne peut correspondre à la mentalité traditionnelle orthodoxe.  
Ce qui va dans le sens des prédictions du père Séraphim Rose, également américain, dans son livre “l’Orthodoxie et la Religion du Futur”.
Et ce choix étant ferme, je ne m’abstiendrai pas de témoigner, car je ne crois pas que la présence du métropolite Onuphre en Ukraine soit un hasard. Elle est providentielle, il a été placé là comme une bannière, pour orienter les gens dans la confusion : ici est l’homme du Seigneur, celui qui accomplit Ses œuvres.
« Quand je regarde mon iconostase domestique, je n’y vois pas un seul homme qui aurait vécu une vie pieuse « stagnante » et qui serait entré dans le Royaume de la lumière. Sur chaque icône, c’est un martyr qui me regarde, sanglant ou non. Nous connaissons bien l’algorithme de l’« oeuvre » du diable contre l’Eglise. Il est simple jusqu’à la naïveté, et par là-même, extrêmement efficace. Dans les premiers temps de la chrétienté, satan criait dans les médias de l’époque, que «les chrétiens sont des pervers et des cannibales», que « durant leurs assemblées, ils sacrifient de jeunes enfants, boivent leur sang et ensuite commettent la luxure ».
Assurément, comment, après cela, ne pas livrer les chrétiens aux lions de l’amphithéâtre ? Il y a cent ans, satan enseignait de nouveau que les chrétiens ont «un clergé réactionnaire», que ce sont des «complices de l’impérialisme» et «des ennemis de la révolution». D’après le témoignage de ses contemporains, la seule mention de l’Eglise et du Christ rendait Lénine furieux. Vingt ans plus tard, on fusillait le clergé pour les motifs suivants : «liens avec les contre-révolutionnaires», «collaboration avec l’espionnage étranger», «organisation de rassemblements ayant pour objet le renversement du pouvoir soviétique», «complicité avec les services spéciaux occidentaux». Au seuil du XXIème siècle, les arguments de satan sont toujours les mêmes : «agents du Kremlin», «membres du KGB», «complices de l’agresseur». Le disque n’a pas changé et on reconnaît l’écriture. » écrit le métropolite Onuphre dans un article intitulé : 
dans la vie de l’Eglise, les meilleurs moments sont les temps de persécution

Je pense pour finir que le métropolite du Monténégro Amphiloque a une juste vision des choses. Je suis personnellement monarchiste, le meurtre de notre roi de France et du tsar de Russie nous ont livrés aux mafias toutes puissantes et aux serviteurs du démon, mais cela s’est produit parce que la fin des temps est proche, et dans cette situation de fin des temps, l’Eglise doit s’adapter, pour ne pas prêter le flanc aux mains mises, infiltrations douteuses, intimidations, chantages, corruptions et tentations diverse :
…l’Église orthodoxe contemporaine doit revenir au modèle de fonctionnement des temps du christianisme primitif : « Par la chute de Constantinople en 1453 et la mort en martyr du tsar Nicolas et de sa famille en 1918, la période constantinienne de l’histoire de l’Église est achevée. La première Rome est tombée dans l’hérésie en proclamant le dogme de la fusion des concepts impérial et apostolique, la période de la seconde et de la troisième Rome en tant qu’empires est passée, la ‘strate impériale’ est terminée, selon l’expression du célèbre théologien Alexandre Schmemann ». « À mon sens, l’Église doit revenir aujourd’hui à la période précédant l’empereur Constantin, avant le IVème siècle, et, comme le déclare absolument à juste titre le Patriarcat de Moscou, l’Église doit résoudre toutes les questions au concile panorthodoxe, de la même façon qu’on les a résolues au premier concile apostolique. C’est la seule façon de résoudre à l’avenir les problèmes dans l’Église orthodoxe, et cela, le patriarche de Constantinople doit en prendre conscience : le temps est passé, l’Église doit fonctionner indépendamment et librement, comme cela était le cas du temps des premiers siècles de l’Église apostolique, de façon panorthodoxe », a déclaré le métropolite. À la question posée par Tass, qui demande si la révision de la décision du Patriarcat de Constantinople au sujet de l’Ukraine serait possible dans le cadre du concile œcuménique, le métropolite a répondu : « Bien sûr, c’est possible, pourquoi pas ?




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