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dimanche 8 mai 2022

Fêtes et fêtards

 


Fête des femmes myrrhophores. Le sacristain, me rencontrant sur le parvis, m'a joyeusement félicitée, "C'est la fête des femmes, la seule, la vraie!"

C'est aussi la veille du 9 mai, la ville est bourrée de monde, et je n'ai même pas pu entrer dans le café la Forêt après la liturgie.

Et bien sûr, débarquement du voisin, qui, cette fois, a tenté la musique sur la terrasse, musique affreuse qui va avec le bonhomme et la maison, la semelle de glaise et la bagnole par dessus. Je pourrai arriver à ne plus trop le voir, mais il me sera difficile de ne plus l'entendre. Il n'y a rien qui me soit plus insupportable que la musique de merde, surtout en stéréophonie avec le bricolage de l'autre voisin! Mais le bricolage est plus supportable, parce que plus lointain. La terrasse est non seulement très proche mais en plus, en surplomb... S'il y a tous les soirs de joyeuses soirées et tous les jours des chachliks avec le tohu-bohu de rigueur...

J'ai donc quitté le jardin, le hamac, le vent et le soleil pour m'enfermer avec ma vielle, afin d'entendre ma musique et non la sienne. Hier matin, sa mère a fait livrer tout un camion de sable, ils trouvent sans doute qu'ils ne trônent pas assez haut sur leur socle, je pense que ce sont des maniaques. 

Avant le sable, j'étais sur le perron, sur le point d'être vitré, pour garder à la fois un peu de vue et d'intimité, et dans la brise lumineuse, j'écoutais les oiseaux, avec ma corde de prière, dans un état de stupeur et de béatitude, je pensais à Henri et son Bugarach, on a les Bugarach qu'on peut. J'étais étonnée d'être aussi paisible, une paix qui ressemblait à une sorte de léger enivrement épuisé.


Mais il est difficile de rester dans une bienheureuse contemplation avec le vacarme qui rend idiot ceux qui ne le sont pas déjà. Il y a quelques jours, un ami m'a envoyé la photo d'une maison magnifique pour un prix dérisoire, et elle est habitable, mais c'est dans un village du côté d'Ouglitch, à 160 km d'ici. En essayant d'oublier le balourd d'à côté, je songeais à cette maison, mais je sentais tout le poids de l'âge, comment me résoudre à encore m'arracher, et comment assumer un terrain superbe mais immense, et toutes les contraintes matérielles alors que je suis seule et de plus en plus faiblarde? Pourtant, je me sens parfois poussée dehors. 

Quand j'avais objecté mon âge au père Placide, lorsqu'il me conseillait de repartir, il m'avait répondu que je pouvais encore le faire mais que dans cinq ans, ce serait réellement au dessus de mes forces. Eh bien nous y voici.

Heureusement, ce voisin travaille à Moscou et j'ai de merveilleux jours où je ne le vois ni ne l'entends, mais s'il s'installait ici en permanence, ce serait terrible, et l'été, il sera là souvent.

Je reçois une jeune femme réfugiée de Lougansk, avec une jolie petite fille et un tout petit garçon. Elle est venue en pélerinage avec une guide de Moscou qui s'occupe d'aide humanitaire dans sa paroisse. Comme elle s'étonnait de la sérénité de sa protégée par rapport à d'autres réfugiés complètement traumatisés qui ne savent plus où ils sont ni comment ils s'appellent, elle lui a répondu: "A un certain moment, je me suis dit qu'il me fallait voir du monde et sortir de la déprime". 

Elle fait partie de ceux qui ont été évacués du Donbass juste avant l'intervention. Elle venait d'acheter avec son mari une maison à crédit.

Elle se sent russe, et elle soutient l'intervention.

J'ai appelé une amie du Gard et son mari. Ils n'ont ni internet ni la télé mais ils veulent savoir ce qui se passe! Mon amie m'a dit qu'ils ne sentaient plus très bien dans leur village. "Pourquoi? 

- Eh bien tu sais, comme nous ne sommes pas vaccinés et tout cela, on nous tient à l'écart."

Le monde merveilleux des concombres masqués triple dose...

13 commentaires:

  1. Toujours grand plaisir de vous lire. Un témoignage vivant de la vie en Russie, c'est un cadeau! Dans d'autres temps, nous viendrions vous aider à déménager, mais là... Je trouve dommage, vu de mon tout petit pays, d'habiter là-bas et de se coltiner un voisin si bruyant et intrusif!

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    1. j'aurai peut-être une solution de rechange. Les cons sont toujours intrusifs et il est absolument impossible de discuter avec eux.

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    2. Si j'étais anar , je dirais "mort aux cons !" ...:-))) . Mais bon , comme je suis royco (la monarchie c'est l'anarchie plus un , c'est bien connu ...) , je m'abstiens , mais je le pense très fort ...:-)))

      Nicodème

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    3. cher Nicodème, je suis également royaliste, c'est-à-dire anar de droite en ces temps obscurs

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    4. anarchie et monarchie? il y a quelque chose qui m'échappe!! ... aaah d'où le "plus un"?! joli. Les soirées étant longues en hiver en Russie, on aura de quoi palabrer au coin du feu.

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    5. vous êtes en voie d'émigration?

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    6. on y pense en effet car nous ne nous reconnaissons plus depuis belles lurettes dans ce qui reste de notre pauvre europe... (intentionnellement avec une minuscule!:-)
      Mais nous aimerions déjà venir voir, y passer du temps pour apprivoiser ce continent russe... Pour l'instant nous apprenons à baragouiner la langue et lisons Zinoviev (vous connaissez Slobodan Despot je pense... ça nous vient de là) -

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  2. Question de curiosité, c'est quoi un prix 'très abordable' dans la région d'Ouglitch ?

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  3. À ce prix-là, c'est tentant, si ce n'était si loin et si froid et si compliqué. De plus par les temps qui courent, je ne suis pas sûr que ce soit encore possible.
    William

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    1. j'espère que ça l'est encore, car je connais des candidats à l'émigration....

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