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samedi 9 mai 2020

Bonne fête de la victoire!

Le jour de la victoire, me voici invitée cette fois chez le cosaque Alexandre et sa nombreuse famille. A vrai dire, Alexandre n'est cosaque que d'adoption, son père est Estonien, sa femme Natacha, en revanche, a vraiment des origines cosaques. Les enfants étaient tous habillés façon militaire, les portraits des grands-parents vétérans étaient disposées près du coin des icônes, et tout le repas a été émaillé de chansons et de discours patriotiques. Alexandre faisait même avec ses enfants du commentaire de textes, pour leur faire comprendre l'arrière-plan historique. Tout le monde espère que Poutine ruse, et que le jour où il aura les mains libres, la Russie renaîtra. "Vous comprenez, me dit Alexandre, nous devons le croire, nous devons le croire pour élever nos enfants correctement, pour élever des enfants qui défendront leur patrie, car Stolypine disait qu'un peuple qui n'a plus foi en lui-même devient le fumier qui engraisse ses remplaçants." Les enfants sont très bien élevés, et ils se préoccuppent toujours de leurs frères et soeurs, pensent à ce qu'ils soient servis, à ce qu'on leur donne autant qu'à eux-même. Périodiquement, nous nous levions et chantions "le jour de la victoire", "les trois tankistes",  "la Moldave au teint mat", tout le répertoire y est passé. Le grand-père me cherchait sur le comportement des Français, visiblement, il pensait qu'ils ne s'étaient guère battus, juste une poignée de résistants. Je lui ai répondu que nous avions été laminés par la guerre de 14, et que nous étions occupés...
Après le repas, Alexandre a voulu que nous allions tous faire des photos près du monument de la victoire, fleuri et gardé par une policière obligeante qui s'est chargée de l'opération. Nous étions au bord de la rivière miroitante, avec l'église de la Protection qui se laissait encore deviner au travers des nuages verts diffus des bourgeons éclos.
Alexandre part du principe qu'un président nous est donné par Dieu en fonction de notre état spirituel, et c'est donc à nous de le rendre meilleur par notre propre perfectionnement. J'ai objecté que dans certains cas, la tâche était surhumaine, mais il y tient beaucoup. Il faut tout donner à son pays, sa vie, ses enfants, il n'est pas du tout prêt pour le globalisme. Comme nous évoquions cette guerre qui ne dit pas son nom des grands malfaiteurs de la caste transnationale contre les populations, et que je soupirais après les snipers providentiels qui pourraient nous en débarasser, il m'a dit: "ces snipers, il faut les mettre au monde; et il faut les élever."
Ils vivent pauvrement, dans un appartement qui aurait besoin d'être réparé. Mais c'est manifestement une famille heureuse, digne et normale. Je n'ia quand même pas de veine, car aujourd'hui, c'est un enfant qui m'a renversé un verre de kvas sur ma jupe!





Jubilée

photo éparchie de Pereslavl
Nous avons fêté les soixante ans du père Andreï, à la cathédrale avec l'évêque, puis le lendemain, chez le père Andreï, avec le sacristain et les membres du choeur. Parmi ces membres, une jeune fille très jolie et très fraîche, Lisa, qui "rêvait de me rencontrer" et qui chante dans la lignée de Lydia Rouslanova ou de Lioudmila Zykhina. Elle fait des tournées à travers la Russie et même à l'étranger. La partie masculine de l'assistance, complètement bourrée, était en proie à une logorrhée aussi torrentielle qu'affectueuse. J'ai quand même réussi à parler un peu avec la jeune fille, auprès de laquelle j'étais allée m'asseoir, après avoir reçu, dans les échanges de grands gestes qui accompagnaient les discours, un verre de cognac sur ma manche, et une tasse de thé sur les genoux. Voulant emporter des assiettes à la cuisine, j'ai été suivie par Ritoulia.  L'innocente s'est heurtée à la chatte de la maison, qui a une portée de chatons, et s'est métamorphosée en tigre du Bengale. Elle s'est jetée sur ma malheureuse chienne qui jappait avec épouvante, et pour lui éviter d'être éborgnée, je l'ai soulevée au péril de ma vie, et j'ai reçu deux profondes griffures. Les bonshommes se sont répandus en excuses et les femmes en conseils. On m'a arrosé la main de cognac, de désinfectant, puis encore de je ne sais quel produit, en la recouvrant de serviettes en papier, et le sacristain la baisait avec vénération entre chaque couche, en versant encore une dose de liquide alcoolisé spiritueux ou pharmaceutique.
Après quoi, au moment de partir, ma roue était à plat, et le sacristain l'a obligemment changée. Cet homme, qui a toujours l'air très sévère à l'église, était complètement transformé, plus qu'aimable, carrément sentimental. Ils étaient tous très sentimentaux, d'ailleurs. "Laissez-moi vous embrasser, vous n'avez pas peur du coronavirus? me disait-on.
- Ben si, quand même, un peu...
- Oh pour l'avenir qui nous attend, un an de plus ou de moins... Nous sommes entre les mains du Seigneur!
- Certes, mais je voudrais vivre assez vieille pour enterrer mes chats..."
Du coup, je suis allée au "chinomontaj" faire réparer ma roue, qui n'avait rien, on me l'a juste regonflée. Et au "Magnit" voisin faire des courses, avec masque et gants. A la sortie, je vois l'infirme habituel, dans son fauteuil roulant, et je cherche dans mon sac, ce qui avec des gants n'est pas facile. "Je sens que vous allez me donner de l'argent, dit-il. Enlevez donc votre équipement. Qu'est-ce qu'on en a à foutre de leur virus? Les vrais problèmes, c'est que les prix n'arrêtent pas de monter, et que Poutine a perdu la partie".
Le soir-même j'ai appelé mon père Valentin, et lui ai rapporté les paroles du mendiant. "N'importe quoi, s'est-il écrié, Poutine contrôle parfaitement la situation, le gouvernement agit correctement, c'est pourquoi nous avons beaucoup moins de victimes qu'en occident, Le virus existe, le père Théodore a été malade, maintenant c'est le père Valéri qui est touché." D'après lui, le vaccin russe ne sera pas le vaccin de Bill Gates, les Russes ne seront jamais des Chinois, ils ne feront pas partie du Nouvel Ordre Mondial, et il n'y aura pas de puçage électronique en Russie, impossible. Je ne demande qu'à le croire, mais au vu de ce que je vois passer, je n'en suis pas tellement convaincue. Et je me souviens que lorsque je redoutais la trahison de Bartholomée, il me répondait que certainement pas, que c'était juste un fin diplomate qui rusait avec les Américains. De plus, le fait qu'on agite un vaccin, quand le professeur Raoult et d'autres distingués virologues, y compris ici, disent que le virus ne s'y prête pas, et qu'un traitement existe, dont l'équivalent russe a été approuvé par décret, m'inspire une réelle méfiance, sans parler des créatures des ténèbres qui tournent autour de tout cela. Cependant, je ne nie pas que le virus existe, quelle que soit son origine et les manipulations auxquelles il donne prétexte, et regrette les deux extrémismes, ceux qui le nient, et ceux qui en font un instrument d'intimidation et de conditionnement.
Après cela, je suis tombée sur les photos des félicitations du père Andreï à la cathédrale, où il est très aimé, sur un film de la télé locale, où d'ailleurs je figure, sur le parvis. La joie, l'amour qui se lisent sur les visages de ceux qui lui portent fleurs et cadeaux, lisent un compliment, les enfants des cosaques, le petit Gricha, la petite Yevdokia, sur le fond du déjeuner alcoolisé dont je parle précédemment, m'ont fait une fois de plus prendre conscience de ce que c'est que l'Eglise. Tous ceux qui sont en dehors d'elle en exigent qu'elle soit une communauté de saints irréprochables, alors que s'il est des saints parmi ses membres, elle est surtout une mise en communion de pécheurs souffrants qui essaient cahin-caha de suivre le Sauveur en lui faisant constemment d'impuissants signes d'excuses. Sur les photos, les péchés et les défauts disparaissent derrière la ferveur touchante des expressions, l'affection, la fraîcheur des jeunes et des enfants, une fraîcheur qu'on ne voit plus guère aux rejetons maussades et prématurément dégradés et blasés des consommateurs mécréants. L'Eglise n'est rien de plus que l'humanité du Christ, celle qui écoute son appel comme elle peut, et le suit en procession, une procession millénaire de gens divers, du mendiant au saint prince ou au prince pas saint, mais chrétien quand même, comparable à la foule qui, à la fin du livre "les Quatre Vies d'Arsène", suit le sublime cadavre du starets, dans son dernier chemin jusqu'au marécage, où il a demandé à être jeté. Et cette Eglise, cette humanité christique tirée et poussée par ses saints, encouragée et consolée par eux, trébuchante, souffrante, réticente, entre l'élan de foi et le découragement, entre la chute et la repentance, avec tous ceux qui la composent, et qui individuellement peuvent être décevants, irritants, tout ce qu'il y a de plus critiquables, mais qui néanmoins continuent à cheminer, c'est tout ce à quoi je tiens en ce monde, c'est là mon peuple, dont le Christ est le roi et nos hiérarques les princes. Qu'avons-nous à faire de l'homme nouveau, du surhomme ou de l'homme augmenté? L'homme nouveau est celui qui a vaincu en lui le vieil homme, le surhomme est l'homme transfiguré, l'homme augmenté est celui qui a acquis le Saint Esprit et sa grâce. Le reste n'est que parodie démoniaque aux effets atroces. L'Eglise essaie, elle est faite de gens qui essaient, qui boitillent pas à pas. C'est même la seule différence notable entre cette humanité là et l'autre. Mais c'est une grosse différence. Ainsi, Gilles de Rais torturait et violait des enfants, mais il est allé au bûcher en pleurant et en implorant le pardon des parents. Ivan le Terrible fut un tsar dur et cruel, mais il éprouvait des remords et construisait de magnifiques églises, composait de très belles stichères. Nos modernes prédateurs sont tellement investis par le démon, qu'on ne peut même plus discerner en eux quoique ce soit d'humain. Ils n'ont reçu aucun des anticorps spirituels qui aurait pu garder une étincelle d'humanité dans leur carcasse ténébreuse et malfaisante. Et les gens sur lesquels s'exercent leur violence, leur séduction et leur fourberie n'ont pas non plus de défense, ni de discernement, et ne forment plus de communauté.
Les romans de Dostoievski sont entièrement façonnés par cette idée de la communauté chrétienne, où les uns sauvent les autres et quelquefois les perdent, où personne n'est parfait, et personne n'est exclu, et j'ose espérer que le Christ recevra toute son Eglise, à bras ouverts, tous ceux qui l'ont plus ou moins suivi, ou rejoint au dernier moment, ou pour lesquels des proches auront prié. Et de mon côté, c'est toute l'Eglise que j'aime, c'est la seule représentation tangible que j'ai de son Chef sur cette terre, avec les icônes qu'elle porte en procession depuis pratiquement les catacombes.

Photos éparchie de Pereslavl

mercredi 6 mai 2020

Second Avènement

Sur Facebook, la censure se déchaîne, les interdictions arrivent en rafale et touchent n'importe qui, même des gens pas particulièrement polémistes. On sent monter l'impatience et l'arrogance d'une dictature qui ne prend même pas les dehors séduisants d'une idéologie, en dehors de celle du transhumanisme qui ne concerne que les "élus" de cette future société de science-fiction, ces monstres froids qui se croient plus intelligents et plus dignes de vivre que les autres, parce qu'ils n'ont jamais su s'intéresser à quoi que ce soit de plus noble que l'argent et la technique.
Je m'attends à être exclue de ce forum de plus en plus malsain, entièrement entre les mains de ces derniers, mais curieusement, je passe toujours à travers, cela m'a un temps vexée, maintenant cela pourrait m'inquiéter, car tout est inquiétant, de ce qui vient d'eux, de la secte...
Je me réoriente petit à petit sur le forum russe équivalent vkontakte, moins facile à utiliser mais aussi moins invasif et moins addictif.
Le printemps est ici si rapide, il est arrivé il y a trois jours, et je vois que les saules du marécage, encore bruns à ce moment là, sont déjà presque verts. Cela va trop vite, on n'a pas le temps d'apprécier, il faut dire que notre été du nord est un sorte de printemps prolongé, un peu comme en montagne.
J'ai planté beaucoup d'oignons divers, mais ce n'est encore pas assez pour peupler mon jardin en cette période où les fleurs plus spectaculaires commencent juste à dérouler leurs feuilles. J'ai des jonquilles qui ressemblent à des lampes 1900 mais elles sont lourdes, ce sera joli quand elles formeront des touffes épaisses, et peut-être faudra-t-il les environner d'autres plantes qui soutiendront leurs grosses corolles. Au petit matin humide, elles parfument le jardin.
Le matin, il pleut, ensuite un coup de vent écarte les nuages, nous avons du soleil, le temps devient lourd, il vente à nouveau, un vent violent et tiède qui me donne l'impression, sur mon perron,  d'être en bateau, puis des nuages spectaculaires accourrent et déploient leurs ombres, la pluie passe à grosses gouttes, et le soleil revient. Cela me rappelle la fête de Pâques, avec ses lenteurs, sa fatigue, ses ors, ses lumières, ses moments de joie carillonnante, ses bouffées d'encens et ses aspersions d'eau bénite.
Je ne me rassasie pas de ces spectacles célestes, de ces souffles, de ces brusques lumières. Et j'ai donc tendance à jardiner beaucoup, ce qui surmène mes genoux. Le jardin est une sorte de grand tableau vivant que je compose peu à peu.
Nous ne sommes pas faits pour la vie que nous menons, pour laquelle on nous a conditionnés ou à laquelle nous nous sommes conditionnés nous-mêmes, et encore moins pour celle que nous préparent des malades mentaux richissimes et sataniques. L'affaire n'est pas dans la longueur de la vie, ni dans son confort, mais dans son intensité et dans son sens. Et pour ce qui est de la longueur, ne comptons plus dessus désormais, on saura nous faire mourir plus vite. Quand au confort, ce n'est certainement pas aux esclaves pourvus d'un boulet électronique qu'il sera réservé.
Mais nous n'aurons plus autour de nous de communauté familiale, villageoise, nous n'aurons plus les chansons, les danses qui unissaient, consolaient et transfiguraient nos ancêtres, nous n'aurons plus la foi et la religion qui élevaient leur âme et attendrissaient leur coeur, nous n'aurons plus les savoir-faire qui leur donnaient la dignité du travail bien fait, et la satisfaction de mettre de la beauté autour d'eux. Nous n'aurons plus aucune raison de vivre, à part la peur de mourir. Et eux, les maîtres du monde, quelle vie mèneront-ils, et quel sens aura-t-elle, pour eux, ceux-là qui ont des yeux glacés de requins, des figures de cire, des costars consubstantiels, des brushings ridicules, et qui boivent le sang des enfants violés? Ils vivront deux cents ou trois cents ans avec les organes des autres, avec des machines, ils feront survivre leur affreux cerveau, leur affreux esprit dont ils ont une si haute opinion, dans un bac en verre servi par des tuyaux, ils le grefferont sur un corps jeune immolé pour lui donner cinquante ans de malfaisance supplémentaires?
J'attends le Second Avènement du Christ.






lundi 4 mai 2020

Interviews

Je voudrais donner trois interviews qui peuvent être intéressantes pour les lecteurs de mon blog, celles qu'a faites le blogueur Thomas Béguin en janvier de Gilles, le patron du café français la Forêt, de son génial pâtissier Didier et de moi-même, trois avis et expériences différents, trois reflets de la vie des Français en Russie.

Didier
https://soundcloud.com/russie_fr_en_immersion/pereslav-itv-didier-patissier
Gilles
https://soundcloud.com/russie_fr_en_immersion/gilles-crises-russes-sanctions
Moi
https://soundcloud.com/russie_fr_en_immersion/pereslav-itv-laurence


Rossignols

Dans le même temps qu'on interdit Mikhalkov d'antenne en Russie, on refuse de publier au dernier moment sur Spoutnik une interview complète et éclairante de Valérie Bugault dont j'avais déjà cité une vidéo exhaustive, ils sont puissants les milliardaires dingos du NOM... La voici, circonstanciée, détaillée et sourcée.
https://lesakerfrancophone.fr/valerie-bugault-interview-ssputnik?fbclid=IwAR1fSeELwGKKTGvMdasm6YRZAguebVfBHCUIGCG00_rsMEjG_CyTY2ApFs8
On y trouve ce passage intéressant pour moi:

Il faut toutefois garder à l’esprit que cette homogénéité apparente du confinement peut cacher une grande hétérogénéité de causes. En particulier, certains pays peuvent pratiquer le confinement de leur population par crainte d’une actuelle ou future guerre bactériologique qui se cacherait derrière l’apparence du Covid-19. Quelques indices me font penser cela, et en particulier un article selon lequel les équipes militaires russes – appelées en renfort, dans le plus grand silence médiatique occidental, par la Lega italienne et par le maire de Bergamo – ont fait état d’une guerre bactériologique menée sur le territoire italien sous couvert de Covid-19.
Cette découverte sur le territoire italien aurait immédiatement déclenché une alerte à la guerre bactériologique à Moscou. Il n’est pas impossible que cette perspective d’une guerre bactériologique de grande ampleur soit derrière certaines décisions russes ou chinoises de confinement des populations. En revanche, il est, à mon avis tout à fait exclu qu’une telle motivation soit la source des décisions de confinement en France et dans la plupart des pays occidentaux et affiliés.

Cela m'intéresse, car c'est une chose à laquelle j'ai pensé, et je ne suis pas la seule, cela expliquerait la panique du patriarche et l'homélie dramatiquement alarmiste du métropolite Tikhon.
Cependant, il est visible aussi que le confinement éternel arrange les libéraux complices des Maîtres du Monde, et qu'il est utilisé pour mettre en place leur camisole de force numérique et détruire l'Eglise, principal foyer de résistance aux "valeurs" ou plutôt à leur complète absence de l'Ordre implacable universel des usuriers aliénés.

Il court en Russie la blague suivante: "Un parachutiste saute en oubliant son parachute, il meurt du coronavirus."

A la fin de la chaude journée d'hier, le temps est devenu orageux, avec un vent frais enivrant et de splendides nuages. Au sein de leur chaos, une fugitive figure brillante dans une échancrure d'azur. On voit parfois sur internet des figures angéliques nébuleuses données pour des apparitions, et je ne répercute que rarement ce genre de miracles, cependant, un esprit poétique ne peut pas ne pas voir, dans toutes les manifestations naturelles qui l'entourent, un ensemble de signes sur le livre de la vie qui nous parle du Divin, et à ce titre, les formes des nuages ont aussi quelque chose à nous dire.
La nuit, je suis sortie sur le perron, la lune et quelques étoiles brillaient sans trains de satellites, sans la malédiction terrifiante de l'ubris des damnés au dessus de nos têtes. Les rossignols chantaient de toutes parts dans les bois du marécage. Hélas je ne les entends pas depuis ma chambre, ils sont trop loin. Il me faut sortir pour écouter cette liturgie printanière nocturne, si mystérieuse et douce. Elle aussi nous dit bien des choses, aussi faudra-t-il faire taire les rossignols, aussi des pandores au front bas traquent-ils les promeneurs en forêt plus que les voyous des banlieues.




dimanche 3 mai 2020

Cassandre

juste quelques humbles muscaris, pour l'instant...
Il fait beau, il fait même chaud, c'est à peine croyable, et presque sans transition. Pendant trois jours, le jeune voisin de Katia, Denis, et sa femme Katia, m'ont aidée à préparer un potager. Denis est de nationalité ukrainienne, mais il a un nom russe, Katia est de nationalité russe, mais elle a un nom ukrainien. D'après Denis, l'Ukraine actuelle, c'est la main-mise sur tout le territoire dénommé Ukraine d'une petite partie de celui-ci, la Galicie uniate férocement antirusse depuis des siècles, avec le soutien actif de l'occident.
Quand Denis eût terminé de monter les rectangles de bois qui contiendront la terre, j'ai voulu le payer, mais il m'a répondu: "Non, nous n'avons pas parlé d'argent, je fais cela pour la gloire de Dieu". Il a bossé trois jours chez moi pour la gloire de Dieu. Je l'ai raccompagné chez lui et je lui ai offert un pot de confiture de mes poires, mais c'est bien peu. Il m'a fait visiter sa maison, le jardin est essentiellement un grand potager, pour nourrir la famille, ils ont deux garçons. L'un et l'autre m'ont dit que chez moi, chacun d'eux se reposait des gosses pendant que l'autre les gardait!
Il m'a dit qu'il y avait un cas de coronavirus dans l'église où il allait d'habitude, et qu'il allait s'abstenir. Un médecin de Moscou.
Ce matin, je suis allée à l'église, la cathédrale, et j'y ai vu ma famille de cosaques. Marina et Sonia vont trois fois par semaine étudier le français. Elles sont très mignonnes et viennent volontiers, elles ne vont pas à l'école pour cause de confinement, qu'on observe ici avec pas mal de laxisme.
Il faut dire que tout le monde flaire de grandes manoeuvres politiques, et que peu de gens font confiance à ce qu'on nous raconte. Alors qu'à Moscou, les gens semblent plus proches des réactions occidentales, plus perméables au bourrage de crâne. Certains pensent que le gouvernement est en train de nous asservir à la dictature mondialiste, d'autres au contraire, que Poutine travaille en sous-main avec Trump pour nous en débarrasser.
Ce matin, le père Andreï a même évoqué la chose au cours de son sermon. Puis en me quittant, il m'a dit: "Vous avez vu l'émission de Nikita Mikhalkov "Bessogon"?
- Oui, mais elle a été aussitôt interdite!
- Parce qu'il dit la vérité!"
Ces émissions de Milhalkov sont extrêmement convaincantes et bien faites, car il s'appuie sur des citations, des interviews, des interventions de ceux qu'il dénonce, et il les fait par patriotisme, elles ne lui rapportent rien. Dans cette émission, il s'en prenait au programme mondialiste et transhumaniste de deux personnages, Bill Gates, et le patron de la Sberbank russe Guerman Gref, deux adeptes de l'asservissement général de l'humanité au moyen d'un puçage collectif associé à la vaccination forcée de 7 milliards de personnes. Il expliquait que la puce de Bill Gates serait comme un organe greffé qui déterminerait si le porteur est en train de réaliser le travail imposé, et serait payé en cryptomonnaie en fonction du résultat. Ces explications peuvent être trouvées en français ici: http://imposture-bibliotheque-de-combat.over-blog.com/2020/04/apres-avoir-finance-id2020-microsoft-depose-le-brevet-d-un-appareil-greffe-au-corps-humain-permettant-les-transactions-en-crypto-mon?fbclid=IwAR0Fcycwbdi2I5djqoSYIVHFl1qCjN-Pa9kRSAph5l4fZ0Z6aZEfixpSUxE
Il expliquait qu'il y aurait en somme deux castes, ceux qui s'adapteraient à l'idéal merveilleux de l'homme augmenté, dans la lignée de l'homme nouveau et du surhomme, et les parias qui n'auraient droit à rien, peut-être même pas à la vie, puisque nous sommes surnuméraires. Evidemment, nulle place là dedans pour les contemplatifs, les poètes, les créateurs et les mystiques, comme on peut bien le comprendre. Ca, c'est pour les gens, pas pour les extraterrestres. Le modèle déjà existant de cette société peut être trouvé en Chine, avec son crédit social, sa vertu citoyenne sans miséricorde (car rien n'est plus impitoyable que la vertu dépourvue de spiritualité et de charité, comme on l'a vu avec Sparte, l'expérience soviétique ou maoiste et les puritains anglosaxons), version communiste du même cauchemar idéologique et  technologique. Avoir dévoilé les desseins des seigneurs satanistes du pouvoir transnational a été aussitôt sanctionné d'une interdiction d'antenne, malgré le prestige de Mikhalkov et son soutien à Poutine. J'ai pourtant l'impression que dans la province russe, les gens sont massivement conscients de cela, et que beaucoup de gens ont vu ou verront cette émission, tant qu'elle n'est pas interdite sur youtube.
Je jardine, ce qui surmène mes genoux, et je reste assise sur le perron au soleil à regarder les premiers papillons, les nuages, un vol d'oiseaux migrateurs. Dommage que l'un des voisins m'inflige sa musique de merde, je monterais bien le hamac, et il est temps de le faire, mais j'entends moins ce vacarme quand je suis du côté sud. Hier, j'ai eu un afflux de détresse en songeant que je suis séparée des miens par toute cette histoire pour un temps indéterminé. C'est une chose que j'ai redoutée depuis pratiquement le 11 septembre 2001. Quand j'étais en Russie, je craignais d'être coupée de la France, quand j'étais en France, je craignais d'être coupée de la Russie. Au moment du Donbass, j'ai trouvé insupportable d'être dans le mauvais camp, celui des oppresseurs, des exploiteurs, des menteurs et des malades mentaux sataniques richissimes. Cela d'autant plus que la société française est massivement dupe de ce qu'on lui raconte, davantage que la société russe. Eh bien je crois que c'est arrivé, cette catastrophe que je sentais venir depuis des années, non sous forme de guerre déclarée, mais sous forme de machination transnationale contre l'humanité entière.
Néanmoins, la gentillesse des Russes, leur profonde humanité, me soutient bien le moral et me donne même des complexes. Je ne les sens pas prêts du tout à la société chinoise, ni à celle de Bill Gates. C''était aussi, en substance, la conclusion de Mikhalkov dans son émission.

le futur potager


Rominet se chauffe au premier soleil

Cassandre

La bêtise aux cent mille bouches,
Le grand tohu-bohu du diable,
S’en va remplir ses desseins louches
En rameutant la foule instable,

Le chien de cet affreux berger,
Aboyant à tous les échos
Pousse à cavaler nos troupeaux
Sur les chemins qu’il a tracés.

Et comme il y va volontiers,
Le grand troupeau des imbéciles,
A l’abattoir sans barguigner
Se pressant pour doubler la file.

Hurlant plus fort que tous les loups
Entonnant, joyeux, leur refrain,
Ils feront leur boulot demain,
Sans soupçonner de mauvais coup.

Pareil au taureau dans l’arène
Qu’aveugle le chiffon sanglant,
Il va là où la mort le mène
Sans voir derrière ni devant.

Tous sont d’accord pour aller pendre
Ceux qui clamaient depuis longtemps
Que le chemin n’est pas à prendre
Que l’assassin nous y attend.

Et Cassandre sur son rempart
Peut verser des larmes amères,
Les idiots vont de toutes parts
Nous précipiter dans la guerre.

Il te faut prier en silence
Les mots trop vite déformés
Volent mal, au ciel éclatés,
Sur ce qui reste de la France.





lundi 27 avril 2020

Les cosaques arrivent.

le sachet à prosphore
La liturgie du dimanche de Thomas m'a remis les idées en place, alors que je glissais dans la panique au vu des nouvelles. Celle qui me détruit le plus le moral étant celle de la signature par Poutine de la loi autorisant l'expérience de contrôle numérique à la chinoise dans la ville de Moscou. Cependant l'expérience se fera sur cinq ans et avant qu'elle ne s'étende à la province, j'aurai le temps d'ici là de publier mes livres, et éventuellement de mourir, ou, ce qui serait préférable, de trouver une solution ou un asile, car je n'ai pas envie de laisser mes animaux orphelins, monsieur Schtroumpf est tout jeune...
D'ailleurs je garde un léger espoir qu'il feigne, et c'est un espoir que je partage avec un membre du clergé, qui trouve même cette excuse au comportement parfois incompréhensible du patriarche, lequel a quand même pris soin de mettre partout des hiérarques jeunes et proches des fidèles, comme notre évêque, comme s'il avait su que nous allions en avoir besoin. Dieu sait ce qui se passe en sous-main, la technologie contemporaine donne aux malfaiteurs et aux mégalomanes délirants un potentiel de nuisance infini.
De me retrouver avec les orthodoxes de Pereslavl me redonne de la force. On sent qu'ils ont l'habitude des persécutions. J'observe que les Russes ont une grande capacité de résistance passive. Les lois ont souvent été ici si oppressives que tout le monde les contourne instinctivement. Et on n'en parle même pas, on ne les commente pas, on les contourne. Cela rend furieux les esprits totalitaires, qui réclament alors de la répression à cor et à cri, le knout, le pal, le goulag.
J'ai parlé avec une des vendeuses de cierges, elles sont toutes adorables. Je lui ai dit que l'atmosphère de Pâques m'avait un peu évoqué les années 30. "Mais non, me dit-elle, c'est pire, ce sera pire, s'ils nous installent le camp de concentration numérique.
- Mais alors que faire?"
Elle me regarde en riant: "On trouvera bien un moyen de se débrouiller, avec l'aide de Dieu!"
Debout dans l'église, où tout le monde respectait la distance de sécurité, je sentais mon coeur fondre comme du beurre. Au moins n'est-il pas endurci... De l'un à l'autre se tissait un réseau invisible de solidarité, de bienveillance, d'amour évangélique, cela dont on voudrait nous priver en nous habituant à vivre en cage. Car c'est là le seul réseau qui compte, celui de l'amour et de la prière, un réseau qui mettait, au moyen âge, en correspondance mystérieuse des saints qui ne s'étaient jamais vus, comme sainte Geneviève de Paris et saint Syméon le Stylite, un réseau terriblement atrophié chez tous les mutants post-industriels mutilés par des décénnies de connerie, de tyrannie bureaucratique et technologique, de dressage dans les écoles ou devant les écrans, et de totale privation de toute expression artistique collective spontanée. Pour reconstituer ces réseaux, je ne connais que deux moyens, la pratique religieuse et la pratique de sa tradition orale et musicale, qui y préparent, deux puissants contrepoisons qui mettent les gens en communion. Les technologies numériques placent des individus isolés en communication, alors que dans les siècles passés, ils étaient en profonde communion, les uns avec les autres, dans le présent, et avec leurs ancêtres, dans le passé, et aussi avec leur environnement, avec le cosmos, qu'ils n'avaient pas besoin de conquérir, car ils en étaient constemment irrrigués, ils en faisaient partie, l'idéal n'était pas la conquête, mais le salut. Je sais qu'il est absolument impossible d'expliquer cela à ceux de la conscience inférieure, cramponnés à l'illusion du Progrès et de l'homme augmenté, de l'homme nouveau ou du surhomme, et je lâche vite prise, désormais, avec eux. La seule chose qui m'importe, est qu'ils nous laissent tranquilles. Mais cela n'arrivera pas non plus, où qu'on soit dans le monde. Car le mépris que nous avons de ce qu'ils prisent si fort, et dont nous n'avons pas besoin, ne les laisse pas en repos.
Il y avait là quelques cosaques, pour veiller sur nous. J'ai acheté un joli petit sachet de brocart pour mettre les prosphores de communion et éviter l'abominable sac en plastique. Il paraît que c'est la femme du père Alexeï qui les confectionne. Comme en ce moment, les prêtres sont encore plus fauchés que d'habitude, cela peut améliorer l'ordinaire.
La vendeuse de cierge m'a demandé de rester après l'office, parce que la télé locale venait tourner, et qu'il nous fallait faire coucou sur le parvis. D'accord, nous voici tous sur le parvis, et là, adieu la distance de sécurité. Le prêtre sort, et me fait signe d'approcher, pour me mettre à côté de lui, et l'opérateur nous crie de resserrer les rangs pour entrer dans le cadre:"Et la distance, la distance?
- On s'en fout, de la distance." me souffle quelqu'un.
Bon...
Le soir je recevais Katia, son père spirituel le père Vadim, et Alexandre le cosaque avec sa femme Natacha et leurs nombreux enfants. Les enfants n'étaient pas prévus au programme mais les aînées voulaient  faire connaissance, au lieu de garder les plus jeunes; je ne savais seulement pas où les asseoir, et nous avons fait deux services. Je voyais cette famille depuis longtemps à la cathédrale, mais je n'arrivais pas à me décider à organiser un dîner. Alexandre est arrivé en costume de cosaque. Cela fait peut-être ricaner le post-soviétique mais moi, cela me convient. Un cosaque habillé en cosaque dans ce monde de merde de la camisole de force numérique et des technocrates au costar consubstantiel et à l'oeil de ptérodactyle, est pour mon âme un beaume parfumé. Je trouve qu'il y a presque là de l'héroïsme à persister dans le caftan et la chemise russe. Le plus jeune, Gricha, avait lui aussi son costume de cosaque, et toujours son air sérieux de petit homme. Je redoutais ce troupeau d'enfants, mais ils se sont extrêmement bien conduits. Les adolescentes, Marina et Sophia, ont l'air intelligent, sain, gentil et elles m'ont fait la vaisselle. La petite Evdokia m'a fait un câlin. Marina et Sophia apprennent le français à l'école, elles avaient des tas de questions à poser, et voudraient prendre des cours, c'est aussi pour cela qu'elles tenaient à venir. Leurs parents, qui ont étudié la diplomatie et les sciences politiques, souhaitent qu'elles acquièrent un français classique de bon niveau et pas un sabir contemporain déformé. Je peux les aider, de ce côté là, pas de problème.
Natacha me plaît beaucoup et m'a toujours plu, elle me semble intelligente, équilibrée, et j'aime bien sa façon de s'habiller, simple, digne et harmonieuse. Son mari est extrêmement gentil et touchant, mais il n'arrête pas de parler, au point que personne ne peut en placer une. Sa femme, qui essayait parfois de l'arrêter, en riait avec des coups d'oeil impuissants. Son idée est que pour sauver la France, il faut que des Français et des Russes se cotisent pour commander une icône de la synaxe des saints russes et français; et cette idée, il l'a suivie toute la soirée. D'après lui, déjà rien que d'y avoir pensé et de nous rassembler à quelques uns ferait intervenir les saints des uns et des autres. Natacha, comme Katia et moi-même, pense que les bonnes volontés orthodoxes doivent se réunir, que nous devons tous nous soutenir mutuellement en ces temps difficiles, et aussi organiser des manifestations culturelles. Bref nous nous sommes tous très bien entendus.
Leur impression est que Poutine ruse, que se produisent des luttes souterraines effroyables, avec des chantages et des pressions que nous n'imaginons pas. Je l'espère. Parce que si le nouvel ordre mondial avale la Russie nous n'aurons plus aucun refuge sur cette terre.
J'avais fait un petit salé aux lentilles et des oeufs à la neige, je n'avais pas préparé d'oeufs à la neige depuis au moins quinze ans. Je n'ai pas perdu la main, ils étaient très bons, j'avais mis de la canelle, parce que je n'avais pas de vanille.
Evdokia m'a fait une réflexion sur mon jeans. J'aurais dû mettre une jupe, et d'ailleurs j'ai failli, dans la famille, la jupe est comme le costume de cosaque du père, une sorte d'étendard: non aux vêtements unisexes, non aux vêtements américains! Et si j'étais cohérente, je ferais pareil, mais qui dit jupe dit collants, sauf en été, enfin en tous cas, pour recevoir les cosaques, il me faudra faire un effort!