Invitée à participer à une émission de radio Radonej, la radio orthodoxe, pour informer les gens des projets qui détruiront tout ce qu'il reste de beauté à Pereslavl, ainsi que l'écologie du lac, et de tout ce qui l'environne, j'ai dû aller à Moscou. Cela m'a donné l'occasion de passer une bonne soirée avec mon père Valentin, son gendre et sa fille Liéna; mais ce qui m'inquiète, c'est que l'aînée de Liéna toussait beaucoup, et c'est généralement par les enfants de la famille Asmus que je chope grippes et infections ORL.
Translate
vendredi 30 octobre 2020
La cata
Invitée à participer à une émission de radio Radonej, la radio orthodoxe, pour informer les gens des projets qui détruiront tout ce qu'il reste de beauté à Pereslavl, ainsi que l'écologie du lac, et de tout ce qui l'environne, j'ai dû aller à Moscou. Cela m'a donné l'occasion de passer une bonne soirée avec mon père Valentin, son gendre et sa fille Liéna; mais ce qui m'inquiète, c'est que l'aînée de Liéna toussait beaucoup, et c'est généralement par les enfants de la famille Asmus que je chope grippes et infections ORL.
lundi 26 octobre 2020
Les masques d'Ensor
En complément à mon article précédent, j'offre à la réflexion de tous cette vidéo, dont je pense chaque mot:
L'analyse de ce qui nous arrive et des mécanismes psychologiques en jeu est remarquable et, à mes yeux, irréfutable. J'observe les nombreuses références de cette jeune femme à l'antiquité greco-latine, ce n'est évidemment pas un hasard si l'on nous ferme l'accès à ce qui, jusqu'à une période encore récente, constituait le socle d'une pensée libre et noble, une réserve d'anticorps psychologiques, intellectuels, spirituels contre l'hypnose générale, contre cet esprit de secte que des gourous sataniques insufflent à l'humanité pour la faire tourner bourrique.
Cet esprit antique, j'en ai été imprégnée des mon enfance grâce à ma mère qui m'avait fait cadeau de l'Iliade et l'odyssée dans la Pléiade pour mon neuvième anniversaire, afin d'encourager mon penchant pour la mythologie grecque. C'est peu de dire que j'en ai été marquée, je connaissais ces deux épopées par cœur, car les enfants ont besoin de la dimension de l'epos dont ils sont privés la plupart du temps, et du mythe constructeur de la personnalité, tout cela ouvrant l'accès au besoin et à l'acquisition d'une transcendance. C'est sur ce terreau que pousse la résistance au totalitarisme et à l'avilissement qu'il réclame, d'où son acharnement à faire table rase, partout où il s'installe, des civilisations, cultures et sagesses précédentes, de notre heritage, de notre langage commun.
Dans l'impossibilité sur cette terre d'accomplir la transformation personnelle de chacun qui permettrait l'installation d'une société anarchique vertueuse, j'estime que la royauté sacrée médiévale était la seule forme de gouvernement qui pouvait nous protéger du processus infernal dont nous voyons l'aboutissement aujourd'hui, pour la bonne raison que le roi ne choisissait pas de l'être et qu'il s'inscrivait lui-même dans un ordre régi lui-même avant tout par les notions de devoir et de transcendance, et avec l'antiquité, c'est le moyen âge qui est partout la cible des tyrans mafieux que nous nous sommes donnés à l'issue de nos diverses révolutions. Un homme qui accède au pouvoir parce qu'il l'a souhaité est par définition un malfaiteur et un pervers. On peut même dire que s' il est astucieux autant que sans scrupules, il est rarement véritablement intelligent, les gens intelligents ayant autre chose à faire de leur vie que de courir après le pouvoir.
C'est pourquoi je suis personnellement à la fois monarchiste et anarchiste. Et sur le socle de ma culture greco-latine et chrétienne, je préfère vivre à survivre, la vérité qui dérange au mensonge qui rassure, et pourtant, j'aimerais bien être rassurée. Mais pas au prix de mon âme. Je n'irai pas m'associer à la grande danse macabre avec les masques d'Ensor.
samedi 24 octobre 2020
L'esprit du lac
De temps en temps, je me trouve confrontée avec mes divers correspondants sur les réseaux sociaux, à la nécessité de répondre à quelqu'un, tout en sachant que c'est parfaitement inutile, et que si je le fais comme il convient, je risque de blesser ou effrayer la personne, La plupart du temps, je m'en sors en esquivant la réplique, je laisse courir. Mais quand je dis "necessité", c'est que l'individu insiste, il me contacte en message privé, il veut me convaincre. J'en ressens à la fois de la lassitude et de la colère. Comment dire? Je ne fais pas la même chose. Je ne vais pas chez quelqu'un pour le convaincre. J'expose publiquement mes convictions, je peux les discuter; je pense pouvoir me tromper, j'espère souvent me tromper, tant ce que je pressens est sinistre, j'estime même avoir le droit à l'erreur. En même temps, il y a des choses dont je suis sûre, je dirais instinctivement; mais en réalité, cette certitude s'établit à la suite de divers signaux, d'éclairs dans la nuit qui donnent une orientation en révélant certains aspects du paysage. Je pense que je n'ai pas à convertir les gens à mes points de vue, même religieux. J'ai à en témoigner.
Il y a quelques temps, j'ai vu un jeune médecin se comporter d'une façon frénétiquement haineuse et insultante avec l'un des professeurs "covidissidents", comme on dit en Russie, largement aussi compétent que lui, et j'ai vu ensuite que le freluquet avait fait machine arrière. J'ai publié les deux épisodes, ce qui m'a valu le reproche de jeter le discrédit sur la profession médicale et ses héroïques représentants qui nous défendent contre un affreux virus sur lequel on ne sait rien. Si c'était le professeur insulté, qui avait fait machine arrière, aurais-je eu droit aux mêmes reproches? Est-il exact qu'on ne sache rien sur ce virus, n'est-ce pas plutôt qu'on incendie et discrédite ceux qui savent, en les empêchant de soigner? Qui a intérêt à nous raconter des craques, d'éminents professeurs qui jouent leur carrière et sont l'objet de quolibets immondes, d'accusations fantasmagoriques; ou bien les médecins de plateaux qui émargent tous chez les labos mafieux, ou soutiennent une idéologie transhumaniste impliquant la destruction des humains surnuméraires, jusqu'à l'obtention d'un nombre raisonnable d'abrutis au service des surhommes? Le discours des "covidissidents" français, je l'ai entendu dans la bouche d'un honnête épidémiologiste russe qui ne comprend rien aux mesures totalement disproportionnées adoptées par Sobianine, désormais en charge de toute la Russie pour la gestion de la crise. Pas plus que ces divers professeurs que je choisis de croire, je ne nie l'existence de la maladie. En revanche, ce qui m'inquiète encore beaucoup plus que celle-ci, c'est la panique et la confusion délibérément entretenues, conduisant à l'impossibilité d'en parler sereinement, à des mesures absurdes et contradictoires, à l'interdiction de traitements appliqués avec succès, et à l'évidente installation d'une dictature électronique par des gens à qui je n'ai aucune envie de confier ma vie.
Je dirais aussi: qui a intérêt à croire les bonimenteurs et les oppresseurs, qui a intérêt à se rallier aux versions officielles? Un intérêt pas forcément matériel, un intérêt moral, intellectuel. Ceux qui croient à toutes les calembredaines depuis des décennies et dont le programme cérébral exploserait si on leur prouvait que ce conditionnement fait leur malheur et celui de tout ce qui les entoure. Ils sont tellement persuadés d'être dans le camp de l'intelligence et du bien que si brusquement ils ouvraient les yeux, ce serait l'effondrement psychique; la découverte de leur participation à l'abîme d'horreur où l'on nous précipite. Exterminer le contradicteur, ou simplement celui qui pense différemment, est pour eux le moyen de conserver l'illusion d'une santé mentale qu'ils ont perdue depuis longtemps. Ils ont leurs succédanés de livres saints, de prêtres et de mages qui leur répètent des incantations à longueur de journée, et ils suivent avec zèle, morts de trouille à l'idée de remettre en question l'idée qu'ils ont d'eux-mêmes et de leurs causes pourries . Par contrecoup, ceux qui par leur profession, servent ces causes pourries, dans l'enseignement, la culture, ont naturellement tout intérêt à suivre le mouvement, sinon, outre les difficultés financières subséquentes, ils seront l'objet d'un ostracisme social très difficile à vivre, j'en sais quelque chose. Je connais pas mal de gens que j'aime bien, autour de moi, qui ont adhéré aux idées "de gauche" pour ne pas rester tous seuls, parce que leurs pairs, les trouvant sympas, pensaient automatiquement qu'ils faisaient aussi partie de la secte, puisque aux yeux de cette secte, les hétérodoxes, c'est satan. Ce réflexe continue a fonctionner avec le covid: la secte adhère, les mages aussi, ils suivent.
Il y a ceux dits de droite qui ne suivent pas les idées de la gauche; mais ils sont persuadés que l'ordre établi a raison. Ils se pensent rationnels. Ils savent que des dérives totalitaires ont eu lieu dans le monde, mais ah ah ah, pas chez nous. Chez les Chinois, ces extraterrestres, chez les Russes, ces barbares un peu dingos. Chez les Allemands aussi, qui ne sont ni barbares ni dingos, mais on nous l'explique sans arrêt, ils avaient le gène intrinsèque du nazisme. Aussi chez nous, la démocratie est garantie, ainsi que l'incorruptibilité de la république, nous n'avons au sommet, dans le pire des cas, que des incompétents. Et si l'on fait partie de l'armée, par exemple, on ne défend pas, par l'intermédiaire de l'OTAN, les menées fourbes d'une oligarchie mafieuse devenue complètement folle, on défend la démocratie et la république; car sait-on jamais, avec les barbares de Russes et l'idéologie communiste, elle bouge certainement encore au delà de la frontière truffée de missiles le long de laquelle, à titre préventif, on fomente sans arrêt des révolutions de couleurs. Ceux-là naturellement, ont un autre programme dans la cervelle: ne plus croire en l'ordre établi, c'est la panique absolue. C'est beaucoup plus flippant que le virus, donnez-moi vite un masque que je continue à me bercer de l'illusion que le gouvernement veut mon bien et qu'il dépend de ma voix aux élections. Nous allons être bien sages, et tout va s'arranger. Pour eux, évidemment, les voix dissidentes des professeurs rebelles sont extrêmement déstabilisantes; car d'une certaine manière, ce sont des professeurs éminents, on devrait les croire. Oui, mais l'ordre établi nous dit le contraire, et même il présente, au cours de ses jeux du cirque, ces distingués spécialistes comme des charlots, des charlatans et des gâteux. Bon, alors, s'ils sont rebelles à l'ordre établi, c'est qu'ils ont tort. Parce que quand même, on ne va pas commencer à douter de l'ordre établi? Cela voudrait dire que toute notre façon de vivre s'écroule? Cela voudrait dire que nous ne savons pas à qui nous confions notre santé, notre économie, notre avenir et celui de nos gosses? Cela voudrait dire qu'on pourrait exercer sur nous Dieu sait quelles expériences sociales et sanitaires? Mieux vaut avoir peur du virus que d'une telle hypothèse, et honnêtement, je le comprends, moi aussi, je préfèrerais avoir peur du virus et de rien d'autre.
La trouille des uns et des autres va donc bien au delà de celle du virus. C'est celle de la remise en cause d'idées reçues rassurantes qui leur sont devenues une sorte d'exosquelette. Je redoute naturellement de toucher à cette carapace si facile à télécommander, parce que dessous se trouve un tel avec un psychisme fragile ou un tel qui est par ailleurs bien gentil ou qui a beaucoup de problèmes. Parfois, j'ai affaire à un vrai connard sans fragilité, la bêtise à front de taureau, alors là c'est plus facile, encore que j'ai autre chose à faire de ma vie qu'à briser des exosquelettes.
Amenée à rédiger tout ceci, je suis d'autant plus fumasse que j'essaie de prendre du champ . Je me suis fait exclure de facebook pour avoir publié la lettre de remerciements rédigée par Hervé Ryssen à ceux qui lui ont écrit en prison, il y donne de ses nouvelles et parle de ses interrogations religieuses. Je me suis retrouvée sur vkontakte, nettement moins malsain, nettement moins répressif, avec tous mes amis folkloristes russes. Malheureusement, des gens auxquels je tiens restent sur le réseau de l'extraterreste cireux aux yeux de poisson mort, qui rappelle de plus en plus le Gollum, mais je suis résolue à opérer un repli progressif. J'y serai sans doute aidée par les exclusions successives qui m'attendent, ainsi qu'un grand nombre de personnes de ma connaissance, frappées à leur tour en rafale. J'écoute et je fais de la musique, je dessine. Il est vrai que d'après un texte de Martynov, le compositeur, sur les derniers temps qui sont les nôtres, ces activités-là n'ont plus de sens, on est en train de détruire la culture et ce qui permet de la transmettre. Eh bien curieusement, c'est ce qui me permet de tenir pyschologiquement et même peut-être spirituellement. Ecrire, dessiner, faire de la musique, au jour le jour, comme les oies migrent. La question est de savoir comment transmettre, c'est un défi. Peut-être lire mes livres chapitre par chapitre et les publier sous forme de vidéos. Le folklore par internet, c'est plus dur, c'est comme les câlins virtuels. Justement, j'ai vu un dispositif permettant, tenez-vous bien, d'embrasser quelqu'un à distance; un pavé à léchouiller devant l'image virtuelle de l'objet de ses désirs. Assorti, comme disait avec poésie feu mon cousin Patrick, d'un gratte-moule? Et les gens ont peur du virus....
En réalité, je suis très armée pour les confinements, je ne m'ennuie jamais, mais c'est dans la mesure où j'ai de quoi vivre et où je peux encore communiquer, car si l'on en vient à déperir chez soi de faim et de froid dans la solitude totale, cela va devenir difficile à supporter, et cela pourrait venir, bonnes gens, je crains même que cela fasse partie du programme. Peut-être en Russie les choses seront-elles un peu différentes, mais pas radicalement. Nous aurons peut-être une dictature numérique tempérée et nationale sans disparition des Russes dans un métissage africain général. Mais quand je vois la gueule de Gref, le patron de la Sberbank, qui ressemble tellement au bon docteur Alexandre, le suppôt du transhumanisme, et celle de Sobianine, l'apparatchik borné et astucieux, j'ai quelques inquiétudes. Il est vrai que le président ne va pas tout à fait aussi loin. Mais quand même, le problème, c'est qu'à partir du moment où l'occident s'est lancé dans la course du progrès technologique, avec une rapacité implacable, tout le monde a été condamné à la surenchère ou à l'extinction. C'est d'ailleurs la seule excuse que je trouve à cette brute épaisse de Pierre le Grand. Alors nous aurons peut-être une version russe de la dictature électronique; mais nous l'aurons.
Les peintres de Pereslavl sont allés, en guise de protestation contre les promoteurs qui veulent intégralement bâtir les rives de notre lac, avec la complicité de la mairie, dessiner ces paysages uniques et menacés. J'étais pendant ce temps à Oulianovsk, mais je publie mes propres dessins sur vkontakte, pour m'inscrire dans le mouvement. Dessiner me fait du bien, me met en contact avec le Cosmos et son, Souffle, tant qu'on ne nous en a pas bloqué l'accès avec les écrans, les masques, les éoliennes et autres tours 5G. Je plains ceux qui grandiront au sein de cette horreur, de ce monde bâti à la triste image de ceux qui l'ont voulu ainsi, idéologues psychopathes, bandits, pervers, prédateurs divers, il sera de plus en plus difficile d'y glaner une vision, une révélation, une vérité qui sauvent, et ouvrent soudain des perspectives inconnues et libératrices.
Parmi ces dessins, et ces compte-rendus de réunions, quelqu'un a mis l'image du "roi Plechtcheï", courroucé de ce que subit son lac, et en effet, ce roi, cet esprit du lac, je l'ai vu, photographié et dessiné; le lac est un être vivant, un organisme, avec ses poissons, ses algues et ses roseaux, tout ce qui existe en lui et de lui, tout ce qui le nourrit, tout ce qui l'abreuve, un être qui contemple et réflechit la beauté du ciel, et dont les nuages sont les songes, tour à tour blancs, légers, grandioses et tourmentés, les peintres le voient bien. Les tristes prédateurs en costars ne voient rien, au nom de Mammon, ils salissent et exterminent toute vie sur terre. Et face à eux, nous ne pouvons que continuer à remplir notre fonction inverse qui est de vénérer, d'aimer, de sauver, de créer, jusqu'à la dernière minute, jusqu'au rouleau compresseur qui nous passera dessus. Je suis convaincue qu'en aimant la vie nous aurons malgré tout notre récompense, et qu'ils auront la leur, comme le roi Midas, mort de faim sur ses trésors.
mercredi 21 octobre 2020
Retour au bercail
mardi 20 octobre 2020
Balalaika
Oulianovsk est une ville agréable et l'on sent qu'elle a un climat sain, venteux, lumineux. Elle garde quelques vieux quartiers, des maisons de marchands, mais le fait d'avoir donné naissance à Lenine lui a valu d'être épurée de toutes ses églises qui étaient nombreuses, la Sainte Russie ne devant pas faire concurrence au Meilleur des Mondes dont il était le gourou implacable. La ville marchande de Simbirsk, qui l'a précédée, devait avoir un charme infini.
Avant de la quitter, je suis allée visiter la fabrique des Balalaikers. Elle est assez importante et il y règne une très bonne atmosphère de collectif amical et uni, quelque chose comme un "artel" d'autrefois. À ma grande confusion, je me suis vu offrir une balalaika du modèle "muguet bleu" conçu par Genia, d'une couleur maritime qui ira bien avec les murs de mon atelier. Genia à caractérisé mon intérieur comme de style provençal de Pereslavl.
Me voilà désormais obligée d'apprendre aussi à jouer de la balalaika, en plus de la vielle, des gousli et de l'accordéon diatonique du père Dupont, on peut dire que j'ai du pain sur la planche. Du reste, Dania m'a instantanément donné un cours, avec le café. Nous avons conçu le projet de proposer au café français de fêter Noël grégorien avec un petit concert franco-russe.
Sans doute est-ce la volonté de Dieu que je me consacre à la promotion de la musique traditionnelle au milieu de la débâcle de tout le reste, c'est ce que font, sans se stresser, nos joyeux balalaikers. Avec même des incursions dans des utilisations contemporaines des instruments ancestraux.
Je suis profondément heureuse d'avoir retrouvé ceux que je connaissais et rencontré ceux que je ne connaissais pas. Car c'est une excellente compagnie de gens jeunes, motivés, sains qui font œuvre utile et j'appelle sur eux la bénédiction de Dieu.
J'ai d'ailleurs observé que le folklore était à l'honneur dans la ville d'Oulianovsk, où on fait la publicité d'ensembles locaux, d'ateliers d'artisanat traditionnels.
Nous avons ensuite fait route vers Nijni-Novgorod à travers les steppes de la Volga, des terres noires dont la profondeur veloutée mettait en valeur la transparence dorée des bois de bouleaux et de feuillus. Nous traversions d'immenses espaces très ouverts, avec du vent et des nuages, des ombres bleues, des giclees de lumière, et je savais que ces couleurs étaient les dernières de l'année car il a déjà neigé à Pereslavl. Les agglomérations étaient clairsemées et terriblement laides et banales, débarrassées probablement de leurs maisons traditionnelles et toutes les églises que j'ai vues étaient neuves, c'est déjà bien qu'on les reconstruise....
Ici la vidéo de l'ouverture du musée de la balalaika :https://m.vk.com/wall-55702591_2313
les balalaïkers |
mes retrouvailles avec Sérioja
samedi 17 octobre 2020
Balalaikers
Au moment de quitter Gorokhovets, un chat que j'avais vu la veille et le matin à la porte du café ou nous avons pris nos repas, et où manifestement on ne le laissait pas rentrer, s'est jeté en miaulant désespérément à notre rencontre. Il serait même monté dans la voiture. Je suis sûre qu'on l'a abandonné et cela m'a tellement affectée que j'y ai pensé pendant tout le voyage. Je ne peux pourtant pas recueillir tous les animaux que je vois, et les miens sont manifestement trop nombreux, ils en souffrent, et moi aussi. Cependant, je me souviens de cas où j'ai passé outre, dans ma vie, et qui me poursuivent encore.
J'ai fait les 200 derniers kilomètres avant Oulianovsk de nuit sous la pluie battante. Plein de travaux, des circulations alternées à répétition, je n'en pouvais plus. Je me disais que tout de même la Russie est un pays spécial, me serais-je lancée en France, depuis Avignon jusqu'à Dunkerke pour assister à l'ouverture d'un musée ?
Je me suis retrouvée dans un super hôtel, avec un restaurant délicieux. La ville semble agréable, le climat aussi, plus lumineux que chez nous. Tout est propre, calme et ne respire pas du tout le délabrement ni la misère. Le musée de la balalaika est situé dans une rue ancienne, une maison de briques, il consiste en deux grandes pièces que mes copains ont très bien arrangées, c'est fait avec goût et simplicité, c'est clair et gai. Avec quelle émotion je les ai retrouvés.... Combien ils m'ont manqué. Cela valait le coup de faire 850 km.
Serioja est toujours aussi drôle mais plus serein, plus mûr, il a trouvé sa voie, il est dans son élément. Il est entouré de toute une équipe de musiciens et d'artisans qui s'entendent bien, qui sont pleins d'enthousiasme. Aucune prétention, aucune affectation, tout dans la sincérité. Serioja et Genia, transportés par le bonheur d'avoir atteint leur but, se sont embrassés et Genia en a même pleuré d'émotion. À la fin des congratulations et des discours d'inauguration, Serioja a commencé à parler de moi, de l'extraordinaire Française Laurence Guillon qui jouait pour eux le rôle d' inspiratrice et m'a donné le micro. J'ai évoqué la période 3D de ma vie, quelquefois fatigante mais si joyeuse, de mon engouement pour le folklore et de l'importance qu'on devait lui accorder dans l'éducation des enfants et les politiques culturelles. "Si vous souhaitez restaurer et entretenir l'esprit et l'âme russe, pratiquez votre musique, sous sa forme authentique, le musée de la balalaika peut vous en fournir l'occasion. Ceux qui pratiquent leur folklore sont plus heureux que les autres, ils n'ont plus besoin de drogue, ni d'alcool, encore que pour l'alcool, je ne suis pas trop sûre, pour ce qui est de la vodka, elle s'y associe souvent, ça je l'ai vu, mais bon, au moins, la vodka, c'est russe ! "J'ai expliqué comment j'étais venue à tout cela, comment j'avais rencontré la fine équipe. Serioja a raconté ensuite:" Sans cette Française, je serais mort, car imaginez-vous que je me suis retrouvé un jour, dans la rue, on m'avait cassé la gueule et dévalisé, je ne savais plus où j'étais et tout à coup, je vois un immeuble qui m'est vaguement familier, je me rends compte que c'est celui de Laura, j'envoie des cailloux sur sa fenêtre et elle me recueille au milieu de la nuit....
- Ah ça, je m'en souviens ! me suis-je exclamée. Mais je n'ai pas osé en parler ! "
À Oulianovsk, au musée de la balalaika, on se sent loin des jeunes beautés assassinées par des brutes vicieuse, des professeurs d'histoire décapités par des tchetchenes, des politiciens pourris, français et russes, et des torchons qu'ils nous collent sur la gueule pendant qu'ils nous font les poches, ravagent nos pays et nous privent de nos derniers droits et de nos dernières joies. Il y a bien quelques masques qui traînent, mais nous sommes tombés dans les bras les uns des autres sans peur ni complexes. J'espère que rien ne viendra compromettre la saine et utile petite affaire de mes balalaikers, dans le "meilleur des mondes" que tentent de nous imposer mafieux et psychopathes.
jeudi 15 octobre 2020
Gorokhovets
Nous sommes parties ce matin, Katia et moi, pour Gorokhovets, notre étape sur la route d'Oulianovsk, anciennement Simbirsk, vers l'est et le sud. En chemin, nous sentons partout la pression des masques, Sobianine s'en donne à cœur joie maintenant dans tout le pays. Katia a refusé d'en mettre un dans la station d'essence, en expliquant pourquoi au personnel, qui porte le sien sous le nez. "vous avez décidé que c'était nous qui devions commencer la révolution ?
- non, répond-elle, mais on se sert de chacun de nous pour surveiller le voisin et faire pression sur lui."
Nous avons ensuite, dans la voiture, discuté le fait, évoqué du reste par Karine Bechet Golovko dans son dernier article, que résister contre sa propre administration était bien difficile, dans cette guerre qu'elle mène partout à son propre peuple, d'autant plus dans le contexte où les forces mondialistes peuvent en profiter pour organiser une révolution de couleurs qui plongera le pays dans le chaos.
La route était magnifique, un voyage au pays doré des bouleaux blancs, élancés, évanescents, pétris de frémissante lumière sous des nuages miroitants, irisés, de larges morceaux d'azur et ces envols tourbillonants de feuilles scintillantes, pareilles à d'innombrables et précieux papillons. Je me suis longuement promenée à travers Gorokhovets, cette ville encore féerique, étagée sur l'escarpement qui surplombe la Kliazma. Les églises et les monastères semblent dater du XVI et du XVII siècle, les quelques palais de marchands également. On trouve quelques isbas plastifiées et d'horribles barrieres métalliques mais cela reste encore très joli, avec ces coupoles d'or qui apparaissent comme d'énormes fleurs du paradis au dessus des toits, au détour de palissades encore naturelles, mais pour combien de temps ? Évidemment, l'administration à fourré le long de la rivière une promenade bien rectiligne, bien pavée, bien bétonnée, avec d'affreux lampadaires, et planté des thuyas complètement déplacés près des palais du XVII siècle, parce que le thuya, c'est chic, c'est exotique. J'ai eu une pensée pleine de ressentiment envers Pierre le Grand et son goût de plouc parvenu, premier Russe à avoir fait du reniement de sa culture une loi autoritaire pour tout le reste de ce malheureux pays. Mais malgré ces regrettables détails, quel repos pour mon âme que cette promenade dans ce lieu de beauté et de poésie et dire que Pereslavl était comme cela il n'y a pas si longtemps et que maintenant, il n'y a plus rien à regarder, à part le lac que les promoteurs veulent définitivement défigurer et polluer... Oui, je sentais à quel point la beauté m'était vitale et que j'en étais finalement bien privée.
Arrivée tout au sommet de la ville, près du monastere, j'ai été accueillie par un sonore carillon, et je contemplai cet océan d'or qui se déployait à l'infini sous les nuages, les églises semblaient des bateaux prêts à appareiller, de grands bâtiments blancs aux voiles luisantes et gonflées pleines d'oiseaux et de feuilles derivantes. Je suis redescendue lentement, puis je suis revenue par la berge derrière les palais, le couchant sur la rivière était pareil à de la braise rose couvant sous la cendre. Je me suis promis de revenir passer quelques jours dans cet endroit merveilleux pour dessiner, si l'ordre mondial ne nous enferme la ou nous habitons, avec un torchon sur la gueule pour le restant de nos jours. Mais sans doute le Christ ne le permettra pas et nous prendra avant dans son Royaume des coupoles d'or éternelles, des carillons inextinguibles et des séraphins chanteurs.