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jeudi 10 février 2022

Piège?


Plusieurs personnes m'ont interpellée sur mon soutien au mouvement des camionneurs canadiens, m'implorant de ne pas tomber dans ce piège. J'ai même publié une vidéo envisageant la chose, car au fond, je ne suis sûre de rien, sinon de la sincérité et du courage de ceux qui y participent. Après tout, la caste est extrêmement fourbe et puissante, et je ne suis pas extra-lucide. 

Cependant, et le débat est ouvert, je tiens à faire le point de ce que je ressens

Il y a une grande différence entre ce mouvement et, par exemple, la révolution de couleur de Kiev soutenue massivement par les médias occidentaux, l'appareil américain, la mégère Nulland qui allait distribuer des brioches aux émeutiers, BHL en pleine hystérie russophobe. On en parlait sur toutes les ondes, on ne parlait pas, en revanche, des policiers lynchés à qui on arrachait les yeux, des snipers embusqués sur les toits qui tiraient sur les deux camps, des néonazis et de leurs exactions, des contre-manifestants venus de Crimée en autobus, dont on attaquait le véhicule à coups de barres de fer. Malgré les discours de Trudeau qui accuse les camionneurs de tout et n'importe quoi avec une tête de traître idéal, on n'observe rien de tel au Canada. Les manifestants sont d'abord en nombre impressionnant, et ensuite d'une conduite exemplaire. Un article notait tout cela point par point. Je le mets ici: 

https://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2022/01/camionneurs-de-la-liberte-ottawa.html?fbclid=IwAR1on7rGg6S4usND8CCXyjnQgpuJ0ayfe8op6ab-hW0uJvNRYSUuhrx3xNg 

Il semble qu'ils soient épaulés par des gens très compétents, et ils désamorcent habilement la propagande écrasante par des vidéos qui démontrent l'inanité des mensonges.

https://www.facebook.com/standupwtp/videos/242474378057202

 Néanmoins, il est évident qu'ils ne sont pas soutenus par l'appareil médiatique et politique mondial. Ils le sont par Trump, qui est lui-même honni par cet appareil. Et semble-t-il, ce qui est plus surprenant, par Elon Musk, peut-être assiste-t-on à une lutte interne au mouvement transhumaniste des malfaiteurs de l'humanité... Mais parfois la division des crocodiles profite aux petits poissons. 

Leur force est dans leur belle unité, et à mon avis, dans le fait que si minés que soient le Canada ou les USA par le politiquement correct et la caste mafieuse, beaucoup de gens sont encore indépendants. On ne contrôle pas si facilement les indépendants, raison pour laquelle on tient tellement à les faire disparaître. En France, les camionneurs précisent qu'il leur est difficile d'imiter leurs collègues d'outre Atlantique parce qu'ils ne sont pas propriétaires de leurs camions... Une amie me disait aussi que les syndicats d'outre Atlantique aussi sont plus indépendants et plus compétents. Enfin la France est travaillée par la gauche depuis un demi-siècle et il suffit de crier à l'extrême droite pour casser tout mouvement qui cherche à dépasser les clivages. Cependant, une vidéo du docteur Fouché, ce matin, ne doute pas de la nécessité d'emboiter le pas aux Canadiens. Et puis en fin de compte, que proposent ceux qui sont sceptiques, que nous faut-il faire, attendre que toute cette folie nous amène à un enfermement général et infernal? 

Voici des échos de ces voix discordantes:http://sous-les-lambrequins.blogspot.com/2022/01/mais-pourquoi-le-15-fevrier-lendemain.html 

 https://www.facebook.com/isa.labelle.121/videos/467009788358270

Toujours est-il que Trudeau a peur, qu'il n'est pas le seul. Et que l'opération Covid bat sérieusement de l'aile. J'ai donc aussi l'impression qu'il ne faut pas pousser le complotisme trop loin, sinon, on n'entreprend plus rien et on reste fasciné, comme le lapin devant le serpent python.

Ou alors, on s'en remet à Dieu et on prie dans sa tour d'ivoire semi monastique, c'est encore une option possible. Car si quelque chose m'inquiète un peu, c'est peut-être justement une excessive gentillesse, les pières à l'univers et l'attente d'un monde nouveau et radieux, même si l'on peut connaître un moment d'euphorie, quand on sent que les oppresseurs vacillent et que le vent commence à s'engouffrer dans les brèches. 

samedi 5 février 2022

Souvenirs de France

 


Je viens d’avoir 70 ans, et j’ai du mal à comprendre ce qui m’arrive, c’est le terme de la vie humaine selon le psalmiste, « quatre-vingts ans pour les plus forts, et le reste n’est que peine et douleur ». Pourtant, après la covid, je me sens en pleine forme, j’ai même un accès de coquetterie, je me suis fait couper les cheveux parce que je les perdais, cela me va mieux, c’est plus pratique, et comme j’ai minci, je me suis aussi acheté des fringues, une nouvelle doudoune noire, chaude et chic, dans le genre sportif classe, un petit chapeau rose.

Dernièrement je voyais des considérations sur l’immortalité de l’âme, quelqu’un disait que la personnalité des gens était totalement détruite par la démence sénile, et c’est malheureusement vrai, quoique celle de maman subsistât, mais elle n’était pas allée au bout du processus, au stade de ces vieilles que je voyais échouées dans des coques, complètement végétatives. Le père Valentin m’avait dit que les gens comme ça étaient pareils à des musiciens dont l’instrument est cassé et qui ne peuvent plus produire de musique. Le père Placide affirmait qu’après la mort, ils retrouvaient toute leur conscience. Saint Païssios avait déclaré à une amie moniale qu’il avait prise en stop que les fous allaient directement au paradis parce qu’on ne pouvait imaginer plus grand dépouillement que de perdre sa raison.

Une autre chose qui me trouble, c’est l’anésthésie. L’anésthésie, c’est un morceau de vie complètement effacé. On s’endort et se réveille  juste après. Cependant, on doit rêver, puisqu’un médecin m’avait dit que je lui avais raconté des tas de choses. En ce moment, déjà depuis plusieurs années, je ne me souviens pas de mes rêves, et mon sommeil ressemble à l’anesthésie, et pourtant, je rêve forcément.

Dans mes moments de pire angoisse à l’hôpital, je me voyais forcée d’entrer dans un cul de sac où j’allais me désintégrer, et où tout ce que j’avais pu vivre perdait complètement son sens, et priant ce matin, je demandais à Dieu de m’indiquer clairement que tout cela n’était pas vrai, que « mort où est ta victoire, mort où est ton aiguillon ? » Mais j’eus aussitôt la pensée qu’Il me l’avait indiqué et même souvent, que j’avais eu une grande expérience mystique inattendue qui m’avait donné l’avant-goût de l’autre monde, car il n’y entrait pas les éléments de celui-ci qui pouvaient déclencher un état contemplatif profond, beauté de la nature, ou même de la liturgie, c’était l’au-delà qui pénétrait dans mon en-deça et me faisait déboucher sur l'éternité. Le problème est que si on se souvient de ce genre de moment, on en perd le goût, comme celui du poulet quand on l’a déjà mangé. Mais bon, j’en ai toujours des échos atténués, des rappels, de petits signes. Dommage que je préfère souvent les satisfactions sensuelles immédiates au labeur intérieur qui nous prépare à franchir le seuil de ce que nous approchons jour après jour. Il faut savoir commencer à quitter son corps avant qu’il ne nous quitte.

Un bonhomme a pris contact avec moi, il veut des cours de français, et je fais un rejet total de ces cours, qu’on me paye une misère et qui m’emmerdent profondément. J’ai tant de choses à faire, et si peu d’années pour les mener à bien ! C’est un homme simple et très gentil qui s’est épris de la France où il voudrait retourner, un ancien entrepreneur en construction, qui s’intéresse à des trucs ésotériques et m’a parlé d’une espèce de communauté où il habite. Très amical, très serviable. Il  m’a proposé de faire gratuitement les petits travaux que je planifie, une entrée et une terrasse à l’opposé du voisin et de sa maison envahissante, mais qui, si modestes soient-ils, me coûteront de l’argent. Il est prêt à tout pour développer une amitié avec la Française de service. J’ai pensé à lui proposer un échange, je lui donne des cours, il me fait les travaux. J’ai cependant un peu peur qu’il soit du genre, comme dit Katia, à « ne pas connaître de limites », ce qui lui paraît un défaut russe et même post-soviétique : le résultat des appartements communautaires et de l’idéologie collectiviste. Pas de notion de la vie privée des autres.

Deux jours plus tard, n’y tenant plus, il m’apportait deux courges et un bidon d’eau de source, puis il commençait à décroûter mon escalier couvert par endroits d’une épaisse couche de glace.

Katia est passée le jour de mon anniversaire avec un hortensia en pot, très joli, mais les plantes souffrent chez moi l’hiver, il y fait très sec, et les hortensias classiques ne poussent pas sur mon terrain, il n’y pousse que l’hortensia russe blanc de base. Ou alors il faudra le garder en pot et le rentrer l’hiver. Elle est revenue hier soir, nous avons discuté et je lui ai montré mes photos de famille, qui la fascinent. Peu de Russes en ont gardé, parce qu’après la révolution, elles pouvaient être le signe qu’on appartenait à des couches sociales destinées à l’élimination, « koulaks », marchands, cosaques, prêtres, intellectuels... Et on les détruisait.

Elle s’émerveille du monde paisible qui se reflète dans ma collection, de l’élégance des gens représentés, qui ne faisaient pourtant pas partie du grand monde. «Baby, Mano, Gabriel, Madeleine, Michelle, tous ces noms font penser aux héros d’une saga et certaines photos sont vraiment dignes d’une exposition, certains portraits sont d’une grande qualité. J’ai hâte que vous écriviez vos souvenirs de famille.  

- Je les écris, mais je me suis arrêtée, parce que j’ai besoin de trouver la stucture adéquate. Il me semble que je devrais les catégoriser par thèmes après des chapitres d ‘introduction générale, par exemple les fêtes, l’école, l’église, les livres, etc...

- Oui, en effet, si vous suivez l’ordre chronologique, cela vous fera partir dans tous les sens, je ferais comme vous ».

Chaque fois que je regarde ces photos, j’ai la larme à l’oeil. Celles des années 70 et 80 sont de très mauvaise qualité, le noir et blanc tient mieux la route. Il y a un  changement de perception temporelle entre le noir et blanc et la couleur, le noir et blanc fait reculer les sujets dans un univers plus lointain, vers le XIX° siècle. Alors que la couleur rapproche de notre époque. Mais cela correspond aussi à une fracture historique, car notre « merveilleux nouveau monde » a accéléré son avènement avec les années 60, déjà si vulgaires, si tonitruantes et cacophoniques, après les années 50 qui restaient raffinées, élégantes et cultivées.

Je regardais ces tablées familiales des années 80 qui m’ont longtemps fait l’effet de rester une partie de ma vie quotidienne et qui sont tombées dans le passé révolu, alors que beaucoup de ceux qui sourient et plaisantent, et qui m’étaient si chers ne sont déjà plus de ce monde. Il n'y a pas si longtemps que, lorsque j'étais en France, j'allais déjeuner au restaurant avec ma soeur, mon cousin Patrick et le père Gauthier, tous deux décédés...

J’ai tout à coup retrouvé la sensation du velours d’un fauteuil bleu où ma grand-mère est assise, sur une photo. C’était le fauteuil où ma mère attendait les clients de son hôtel, devant la télé, un élément si quotidien, si familier, et qui a complètement disparu de notre vie, avec l’hôtel lui-même, et tout à coup me revenait le toucher de ce tissu, le corps de maman quand nous venions nous blottir près d’elle.

Je continue mes dessins français, cela prépare le terrain.




Aigues-Mortes, Sainte-Marie,

Douces rives de belle France,

Où sur les frissons blancs des vagues assoupies

De grands oiseaux de mer doucement se balancent

 

Aigues-Mortes, Saintes-Marie

Sous le fort mistral départies

A vos vitraux d’azur le soleil accroché

Répand le sang brûlant de ses rayons blessés

 

Aigues-Mortes, Saintes-Marie

Aux quatre vents bien élargies

Reviendra-t-il jamais le saint roi d’autrefois

Dans sa robe de lys, sur son blanc palefroi ?

 

Aigues-Mortes, Saintes-Marie

Verrons-nous demain déferler

Sur vos ruines de sel blanchies

De sombres foules d’étrangers, 

 

De conquérants et de bandits,

De bateleurs et d’usuriers,

Qui vendront vos fils au marché

Sous l’amer soleil du midi ?

 


mardi 1 février 2022

Crèche américaine

 


Il est tombé encore de la neige, j'ai déneigé, mais pendant que je faisais des courses, le chasse-neige est enfin passé, et j'avais à nouveau tout ce qu'il avait projeté sur les côtés à débarrasser, sinon, ça gèle et ça devient très difficile à enlever. Le temps de poser mes paquets, j'ai vu qu'Aliocha et son père étaient en train de le faire pour moi, ce qui m'a paru très réconfortant! Une Russe parlait sur Facebook des attentions de sa voisine, je peux en dire tout autant sur Ania et sa famille.

Quand je vois toute cette neige, j'ai peine à croire que dans deux mois, elle aura peut-être disparu et que commenceront à pointer des crocus, premiers petits lampions de la fête printanière...

La boite aux lettres, pour une fois, était pleine à craquer. J'avais une carte de voeux, envoyée par une Américaine, Kathy Clark, que j'avais rencontrée sur Facebook en jouant à la Ferme, il y a de cela peut-être treize ou quatorze ans, je travaillais encore au lycée, et nous sommes toujours restées en contact. C'est une carte qui, en se dépliant, forme une crèche en papier découpé. J'ai trouvé l'attention très gentille et la crèche très touchante, même si elle est arrivée non pas le jour de Noël mais la veille de mon anniversaire! C'est loin, l'Amérique...

Je comprends encore bien l'anglais, mais je ne le parle pratiquement plus. 

J'avais aussi une carte de la mère Hypandia, du monastère de Solan, ce qui m'a touchée tout autant. 

Je devais fêter mon jubilée à Moscou lundi, dans une salle que je loue, mais le père Valentin, sa famille et ses prêtres sont tous malades de l'omicron, apparemment, les Soutiaguine aussi, on me demande instemment de repousser de 15 jours. Ce qui, si Xioucha n'obtient pas grâce, me coûtera l'avance que j'ai donnée, soit 200 euros, et il me faudra repayer l'intégralité. Je dois dire que ça fait cher les réjouissances, et je suis bien ennuyée.

Je pense avoir aussi l'omicron, car j'ai un peu mal à la gorge depuis quelques jours. Mais comme je suis bourrée de vitamines, de zinc et d'oméga 3, ce n'est pas tragique. D'ailleurs, on a beau nous l'agiter, dans la terreur de voir disparaître la covid si pratique pour maintenir les gens muselés et enfermés, l'omicron n'est jamais qu'un gros rhume ou une petite grippe...

Je vais sortir l'année 16 de mon blog en russe, et du coup, peut-être essayer de le publier en français. Yarilo devrait être publié bientôt également, car la correction est terminée. Tout arrive...

Tout arrive, même l'âge impossible de 70 ans, qui sera le mien dès demain.


J'attire l'attention sur ce lien donné par Nicolas Bonnal, sur l'épopée des camionneurs: 

Le blog de Jeanne Smits: Camionneurs de la liberté à Ottawa : l'astucieuse et encourageante analyse d'une journaliste canadienne

Des gens nous prédisent que tout cela va mal finir, que c'est manipulé, en tous cas, pas par ceux qui sont derrière le covid, car Trudeau n'a vraiment pas une tête de vainqueur, et les médias officiels ont observé le silence habituel. J'espère, en dépit de ces prophéties de malheur, encore qu'elles puissent ne pas être dépourvues de fondement, car il arrive que la vie reprenne le dessus, la vie est comme l'eau courante, quand on lui met trop d'obstacles et de pression, elle explose et emporte tout.

Je recommande aussi à ceux qu'inquiètent les bruits de guerre, la dernière capsule de Xavier Moreau. Il me paraît parfois un peu trop optimiste, mais je partage ici son point de vue: 



dimanche 30 janvier 2022

Les routiers sont sympas

 



C'est donc du Far West que nous vient l'étincelle qui met le feu aux poudres et la trouille au ventre de la caste maudite. Je suis avec passion l'épopée des routiers canadiens. Et dans le fil de commentaires, je trouve des choses étonnantes, par exemple les commentaires d'une Ukrainienne qui dit exactement ce que nous répétons depuis des années, contre la version officielle des événements, et j'ai fait une capture d'écran.

Calomniés comme les habitants du Donbass et comme les Gilets Jaunes, les Canadiens excédés se soulèvent derrière leurs camionneurs. Et l'on voit surgir de bonnes bouilles, de braves gens, heureux de retrouver leur liberté, leur dignité, de recommencer à espérer. On les oublie toujours, derrière la chienlit Woke que la presse nous exhibe sans arrêt, et que favorisent les compradores mondialistes. Mais ils existent et les voilà partis sur les routes, avec leurs drapeaux et leurs sourires, pour "récupérer leur pays" et c'est bien de cela qu'il s'agit. 

Le vent tourne, dirait-on. Selon le proverbe: "Aide-toi, le Ciel t'aidera", j'espère qu'il va bien nous aider, je prie pour cela.

Une bonne rétrospective de toute cette histoire de fous dont nous sommes les victimes: https://vk.com/away.php?to=https%3A%2F%2Fodysee.com%2F%40Vivresainement%3Af%2Fla-tour-du-covid%3A3%3Ffbclid%3DIwAR2sJquHu4Cmr4FtRfyFg0koItaf-7GQWncWnIHkBtH662dg-iUpe62afNY&post=19879744_4896&cc_key= 


Je ne suis pas allée à l'église, parce que j'ai un peu mal à la gorge, et je fais une crise de cocooning. Gilles m'a demandé de faire des dessins "français" pour son café, et je me suis dit, pourquoi pas? Je les fais d'après des photos que j'ai prises autrefois, mais s'y ajoute l'émotion de l'exil. Et puis, pendant que je dessine, je pense, et parfois même je pleure, quelque chose se produit en moi, une fermentation fertile, une croissance.

Je fais aussi de l'aménagement intérieur. J'ai disposé des étagères supplémentaires, j'avais besoin de mettre à l'abri des chats mes objets les plus chers, et c'est fait. Il y a là une statuette faite  par ma cousine Anne, une autre par maman, avec un oeuf peint et des vases que je lui avais offerts.


Prise d'une inspiration subite, j'ai invité la voisine Olga qui me proposait un chien. Elle les a tous casés, et veut garder le dernier. J'ai invité aussi la voisine Ania, et nous avons pris le thé. J'ai appris que le dernier affreux chat à squatter chez moi était celui d'autres voisins, le type boit, sa femme est partie, le chat, qui venait de temps en temps en visite, a décidé que chez moi, c'était nettement mieux, et moi, je n'ai aucune envie de la garder. C'est un vieux et puissant  matou, qui se faisait tout petit, et commence maintenant à jouer les caïds.

Par ces voisines, j'ai appris que notre coin était oublié de la mairie. Personne ici ne répare jamais rien. Les camions qui sont venus défoncer notre rue et perturber notre nappe phréatique avec leurs incessants chargements de terre deux années de suite, on ne sait pas trop d'où ils viennent. Le voisin d'en face, et cela le fait remonter dans mon estime, a un jour sauté sur le marchepied de l'un d'eux pour dire au chauffeur: "Si je te revois par ici, je te casse la gueule". Et un autre voisin, un peu plus loin, a carrément fait décharger une énorme pièce de béton en travers du chemin pour arrêter la noria. Depuis, le flot s'est tari. 

Cela me fascine. Dix ou quinze fois par jour pendant deux étés de suite, des types viennent déverser chez nous des tonnes de terre. Et l'on ne sait pas d'où ils sortent, et pour les arrêter, il suffit de deux mecs nerveux et décidés...

Au fond, c'est comme avec les camionneurs canadiens. Il faut remettre les cons en place, sinon, c'est bien connu, ils osent tout...


vignes 












 

jeudi 27 janvier 2022

Etrangers orthodoxes



Nil a dit à sa mère qu’il avait rencontré plus de gens en trois mois en Russie qu’en dix ans à Toulouse. Il a eu l’impression d’enfin pouvoir vivre intensément. Ce fut mon cas autrefois, et personne ne comprenait pourquoi j’allais dans la Russie ruinée des années 90 et m’y trouvais fort bien. Apparemment, on ne comprend pas mieux Nil. Génia m’a écrit des plaisanteries sur ses bringues avec Sérioja, mais je ne crois pas que ce soit l'essentiel. Il était en pleine extase dionysiaque, alors que jusque là, il étouffait positivement. On a fait de la France un pays irrespirable, et j’ai vu tout le processus.

Aujourd’hui, je devais aller chez une juriste établir l’enquête pour le service d’immigration, car voici venu le moment d’aller montrer patte blanche. Hier, Gilles commentait la loi sur les visites médicales périodiques imposées aux étrangers. Personne n’y comprend rien. Mais il semble qu’elle concerne les gens qui travaillent ici, pas ceux qui ont un permis de séjour permanent. En revanche, si on va à l’étranger, il faut au retour repasser toutes les visites médicales nécessaires à l’obtention du permis de séjour. Tout ceci demande vérification. J’ai remis à plus tard, car j’avais aussi rendez-vous avec un écrivain orthodoxe de Saint-Péterbourg qui faisait une enquête sur les étrangers orthodoxes venus s’installer en Russie, et s’étonnait d’en trouver autant. Il a vu Iakov et le père Gleason à Rostov, qui est en train de monter un village américain où il attend dix familles! Et mis sur ma piste par Iakov, il voulait m’interviewer. Je n’avais pas le numéro de l’Américain Silouane, mais j’avais celui du Hollandais relieur, Jan, venu s’installer il y a quelques mois à Pereslavl. J’avais fait la connaissance de sa femme Olga quand elle cherchait une maison, il y a un an. Ce fut pour moi l’occasion de rencontrer l’un et de reprendre contact avec l’autre. J’avais beaucoup sympathisé avec Olga, c’est même quelqu’un avec qui je pourrais avoir de vrais liens d’amitié. Elle est simple, directe, naturelle, intelligente. Jan connaît des paroissiens de Solan venus de Belgique, Nicolas et Anne, que j’apprécie beaucoup, comme quoi le monde est petit. L’écrivain, Vladimir, était émerveillé. Tous ces orthodoxes occidentaux lui paraissaient déjà former une sorte de mouvement qui allait prendre de l’ampleur. « Et puis, me dit-il, ce sont des gens instruits, qualifiés, que nous avons tout intérêt à accueillir. »

Ian avait été moine catholique, mais il avait quitté le monastère avant de rencontrer Olga. Et il a aimé l’orthodoxie, parce qu’il s’y est senti chez lui, il l’a trouvée plus chaleureuse, avec une approche individualisée de chaque personne, même à l’intérieur du monachisme. Cela me paraît vrai, les orthodoxes sont fermes sur les questions de dogmes et de rites, mais souples et compréhensifs dans l’approche personnelle de chacun. Il est parti à cause des dérives idéologiques de l’occident, en particulier la théorie du genre imposée à l’école. « La Hollande a été pendant 500 ans un pays de liberté où trouvaient refuge beaucoup de proscrits. Nous n’avons connu de dictature qu’au moment du nazisme, et maintenant, depuis deux ans, avec la covid. »

Entre Vladimir et la famille de Jan, j’ai passé une après midi très intéressante, nous étions tous sur la même longueur d’onde. Jan nous a montré son atelier, où tout est irréprochablement propre et en ordre, alors que je travaille au milieu des chats et des poils d’iceux voletant partout.. Il commence à avoir des commandes de reliures et de restaurations de livres anciens, mais même s’il fait des prix russes, en tenant compte de la différence de cherté de vie et de revenus, il faut quand même que son travail extrêmement délicat soit payé, et cela n’est pas toujours évident pour les commanditaires.




 

 

samedi 22 janvier 2022

Les rives du Styx

 J'ai fait l'effort d'aller à l'église pour la fête du saint métropolite Philippe de Moscou, avec lequel j'ai développé des liens spirituels en écrivant mon roman. Il y a fort longtemps, j'avais rêvé de lui. Il me disait: "Comment peux-tu croire, après m'avoir rencontré dans ton livre, que nous ne nous retrouverons pas un jour?" Une gardienne compréhensive m'avait permis, en 90, de m'incliner sur ses reliques, à la cathédrale de la Dormition du Kremlin de Moscou, ce qui serait impossible aujourd'hui, sa châsse n'étant pas accessible au public. J'ai aussi fait le voyage aux Solovki, dont il était l'higoumène, et ressenti la grâce de sa présence, à l'endroit où il se retirait de temps à autre. Et je le prie toujours de m'introduire au paradis en contrebande, comme il le fait de mon double Fédia, en le cachant sous sa mante.

Mais comme je suis nulle, je n'ai pas fait celui de me préparer à la communion. 

En sortant, je suis passée au café. J'y ai retrouvé une jeune moscovite esseulée, qui semble bien malheureuse de l'être, et je la comprends tout à fait. Nous avons discuté du phénomène, dont ma génération était déjà victime. En réalité, il faudrait à cette jeune femme penser à autre chose et mener sa vie comme si de rien n'était mais c'est extraordinairement difficile quand on est jeune et qu'on voit fondre son capital d'années. La solitude obscurcit tout.

 Puis j'ai vu un couple qui s'occupe d'éducation expérimentale, à l'encontre de ce qui se passe dans toutes les écoles, où, selon les dires d'une directrice de maternelle que j'ai connue à mes débuts, on assassine plein de Mozart... Ils sont tous les deux très beaux, un couple de cinéma.

Enfin, au moment où j'allais partir, Gilles est entré, et je me suis attardée devant un café. Nous avons appris  par un coup de fil de Maxime que la visite médicale tous les trois mois ne concernait pas ceux qui avaient un permis de séjour permanent, mais ceux qui étaient en Russie de façon provisoire. Je suis soulagée mais je souhaite bien du plaisir à ceux qui devront se soumettre à cela. Je pense que la mesure sera sûrement aménagée, car cela suscitera beaucoup de mécontentement chez les investisseurs.

Au retour, j'ai dû à nouveau déneiger. Mais j'aime bien être dehors, avec ce ciel gris, plein de subtils reflets bleus et roses. Je songeais que j'avais tant de bonheur à vivre, et pourtant, je sens que je vieillis, que j'ai des ratés dans la cervelle. C'est naturellement parce que j'ai été malade, mais les dégâts ont plus de chances d'être irréversibles, avec l'âge. Il me faut exister avec intensité, mais ne pas perdre de vue les rivages du Styx, et me préparer à embarquer, tout en rendant grâce pour ce sursis. Je crois fort possible que les oligarques, auxquels je ne peux donner les noms encore trop nobles de seigneurs ou de princes, nous préparent des attaques virales à répétition, et ils nous le "prédisent", d'ailleurs. Mais cela me conduit à me confier à Dieu comme à l'unique recours. Il saura me faire mourir au moment opportun et de la meilleure façon possible, dans la perspective de mon salut.

Je pensais à cette histoire de l'ADN, programmé pour appréhender le surnaturel et le sacré. Ma perception de la vie ne s'arrête pas à mes premiers moments conscients, car le passé fait partie de moi comme si je l'avais vécu, or si l'on y pense, il en est bien ainsi. Nous héritons avec l'existence de tout ce qui nous a précédé, et nous avons la possibilité de déboucher de façon vivante et réelle sur ce qui fut, et parfois sur ce qui sera. Et il m'apparaissait tout à coup impossible que ce qui a été ne soit plus, et cela quelle que soit la forme de vie, consciente ou non, chaque atome me constituant ayant été imprégné de ce que je fus et connu, et mis par moi en relation avec toutes les facettes de l'être. Et c'est dans cette direction que je voudrais élargir ma conscience, pendant mes dernières années sur cette terre que j'aime tant, que j'aime peut-être trop, malgré tout ce que l'homme peut y introduire de monstrueux, malgré même la cruauté et la tragédie de la loi naturelle, pour son exultation, et pour son devenir, pour sa Source, et ses Prolongements, pour le Souffle qui la traverse et l'anime, et nous porte tous. Mais est-ce que vraiment, je l'aime trop? Je n'ai jamais été attirée par les gens qui se tournaient vers Dieu parce qu'ils n'avaient pas su aimer la vie. J'ai cherché en Dieu l'absolu de cette vie que j'ai aimée passionnément sans doute depuis mon berceau, en tous cas, du plus loin que je me souvienne, je l'ai aimée, avec ferveur, en toutes ses adorables manifestations. N'est-ce pas un péché que de cracher sur les dons que nous a faits le Créateur? Je lui rends grâce pour chacun des reflets de sa beauté qu'il m'a été donné de contempler, et je le prie de m'y intégrer, dans sa splendide totalité, pour les siècles des siècles. 




jeudi 20 janvier 2022

Petite maison

 Journée bricolage. J'ai monté un cube spécial chat qui plaît beaucoup à Georgette, j'espère qu'aucun salopard ne viendra pisser dedans, j'ai d'ailleurs pris des précautions en conséquence. Le bricolage m'emmerde profondément, mais je n'ai personne pour le faire à ma place. Certaines personnes me répètent, pleines d'admiration et du secret désir de me vampiriser, que je suis "tellement forte", alors que je ne le suis pas du tout, je suis simplement seule.

Georgette adore sa petite maison, elle l'a adoptée tout de suite. Bien abritée, près du radiateur et de mon bureau.



Je suis tombée sur un article qui reflète assez bien la situation en Russie telle que je la ressens. Je le place ici pour ceux que cela intéresse et qui comprennent l'anglais: https://russian-faith.com/opinion-trends/will-virus-scam-fail-russia-expats-media-veterans-weigh-n6446?fbclid=IwAR3XzbWyNBkbq7P6H-2glhA28CsgsbdEvQDrGNyVlCDHb7QLMWFiwOl8pdk

Any observer of the Russian people will notice that they have retained more “humanity” than their Western cousins. They are more emotional, intuitive, and less “rational” in their behavior. European travelers noticed the same in early 20th c., before the revolution. The Communist revolutionaries sought to stamp out this “Russianness”, but by the end of WW2, the Russian “spirit” had diluted the Marxist ideas, and postwar Russia was a curious mix of Communist ideology and Russian nationalism. Thus, Russians developed in a kind of unique time capsule of their own peculiar invention.

Their relative poverty actually bred a kind of spirituality. Fast forward to 2022, and you have a population which is less zombified with empty materialism than in the West, and which, man for man, is more opposed to the vaccines than any developed nation, anywhere. This is a combination of distrust of their rapacious government, intuition, a national talent for resisting and sabotaging anything forced on them, honed to perfection during the dreary socialist experience, a formidable stubbornness, a national trait, and a general red-pilledness of the population.

Nous nous posons des tas de questions sur le gouvernement et la cohérence de ses actions, mais peut-être que l'opposition réside dans la résistance passive, l'inertie sournoise et obstinée, le recours immédiat aux combines salvatrices de la population russe. On l'a emmerdée dans de telles proportions qu'elle est immunisée, non contre les virus, mais contre les bobards des autorités et leurs manoeuvres. C'est, comme disait poétiquement une amie de jeunesse: "Parle à mon cul, ma tête est malade".

Je suis moi-même comme cela de naissance, mais je me demande, au fond, si ce n'est pas un trait de la ruralité, encore très présente dans la mentalité russe.