On sent que l'hiver est dans sa partie printanière, maintenant. D'abord, il fait plein jour à huit heures du matin, et puis la neige commence à fondre. C'est naturellement trop tôt, et nous aurons encore des retours de froid. Mais il se peut que l'hiver ayant été précoce, le printemps le soit aussi. Comme on l'attend, ici... Et pourtant, cet hiver a été magnifique, on les souhaiterait tous comme cela.
J'ai installé la petite maison dans les étagères de mon bureau, et Georgette ne la quitte plus, car elle est protégée, près de moi, c'est juste le rêve. Les autres ne s'intéressent pas du tout à cette boîte. Pour illustrer cette chronique, c'est mieux que la gueule de Macron.
Je fête mon jubilé au café après demain, et je ne me sens pas du tout prête à chanter pour mes invités, je pense d'ailleurs que je n'y arriverai jamais. Cela m'embêterait d'abandonner parce que j'ai quand même fait des progrès, mais comme on dit, qui trop embrasse mal étreint. Depuis la covid, des textes que je connaissais par coeur m'échappent tout à coup, ou je me mets à jouer de travers quelque chose qui ne me posait pas de problèmes. D'un autre côté, m'obstiner rééduque certainement ma pauvre cervelle... Je vais peut-être me limiter, comme répertoire, aux vers spirituels. C'était d'ailleurs mon intention, mais Skountsev me fait tout apprendre.
Hier, j'ai vu un journaliste de Rossiiskaïa Gazeta; il était sympa et me posait des questions intelligentes. Nous nous sommes rencontrés au café. Je parlais russe avec aisance, j'en étais même étonnée. Quelle que soit la langue, il est sans doute plus facile de répondre à des questions intelligentes qu'à des questions idiotes. Cette nuit, j'ai mal dormi, et j'ai remarqué que le lendemain, dans ces cas-là, j'avais de grosses défaillances... J'espère que cet état est passager. Sinon, je vais finir par me remettre à fumer.
Le journaliste, Constantin, a remarqué que les étrangers en Russie, à part ceux qui y font du business, cherchent une Russie idéale et ne s'intéressent pas à la Russie contemporaine, c'était une des questions abordées. Je lui ai répondu que si je n'idéalisais pas tant que cela la Russie, je ne m'intéressais absolument pas à ses aspects contemporains, en effet, non plus que je ne m'intéresse à ceux de la France; je rejette la modernité depuis mon enfance. Certes, ai-je précisé, j'ai eu un petit moment rock'n'roll dans ma jeunesse, parce que c'est difficile, quand on est jeune, de rester toujours à l'écart. Mais je m'intéressais au bon rock, pas à la variété de merde. Tout dépend aussi de ce qu'on entend par contemporain. Ce qui m'intéresse n'est pas forcément ce qui est vieux, mais ce qui est traditionnel, enraciné, inscrit dans le cosmos. Je suis beaucoup plus consternée par la disparition de la transmission traditionnelle que par celle des objets eux-mêmes. S'ils étaient remplacés, ce ne serait pas si grave. Quand mes cosaques chantent une chanson ancienne, elle est contemporaine, car on la répète depuis des siècles, et elle vit encore, toujours renouvelée. Mais elle ne fait pas partie de la modernité et de sa civilisation hideuse et néfaste.
Je me suis lancée dans la confection de bugnes, recette de ma grand-mère transmise par ma tante Mano. Cela sentait le cognac et la fleur d'oranger dans la cuisine. Des odeurs d'enfance française. Une enfance qui me hante, je me souviens de maman qui voulait "rentrer chez elle", c'est-à-dire dans l'appartement qu'avaient ses parents dans les années 30... Après la mort de ma grand-mère, j'étais extrêmement déprimée. Je faisais une overdose de deuils. Et puis j'avais rêvé d'elle dans sa cuisine de l'Armençon, mais tout y était lumineux et transfiguré, y compris elle-même. C'est dans cette cuisine que se confectionnaient les bugnes.
Les voix discordantes, à propos du convoi français, tout au moins, se font de plus en plus entendre. L'une d'elles propose aux gens de filer vite fait à la campagne, de s'organiser en communes néorurales, de sortir du système, et en effet, ce n'est pas une mauvaise idée, je serais jeune à l'heure qu'il est, c'est ce que je ferais. Mais je ne sais pas si les transhumanistes seront plus tolérants aux réfractaires de la permaculture que l'ont été les communistes aux paysans russes dans les années 20 et 30... Cependant, jeune, je le ferais quand même, je préfèrerais mourir debout à la campagne qu'en ville, bouffée par les rats.
Ce qui m'inquiète, c'est que les médias français parlent beaucoup du phénomène, d'après ce qu'on me dit, et invitent de vrais connards aux différents faux débats, pour exaspérer les gens. Je ne pensais pas en arriver un jour à voir dans la classe dirigeante un ramassis de malfaiteurs arrogants et incultes, fourbes, lâches et retors, dont on doit se méfier à chaque pas, et cela, alors que je n'ai jamais eu pour elle une estime excessive... Mais enfin à une certaine époque, je n'aurais pas imaginé qu'ils fussent ignobles à ce point.
La propagande anti russe atteint des sommets de mensonge fantasmagorique. Pourtant, je ne croyais pas trop à la fameuse guerre, parce que contrairement à ce que racontent ces menteurs professionnels, la Russie n'a pas besoin de s'étendre indéfiniment, elle a bien assez à faire avec ses propres régions; mais il est certain que d'une part, elle ne peut abandonner au nettoyage ethnique des populations russes sur un territoire arbitrairement placé dans ce golem de fabrication soviétique qu'est l'Ukraine; et d'autre part, elle ne peut tolérer qu'on la menace à ses frontières, et lui reproche des mouvements de troupe sur son propre terrain. Si les psychopathes hagards des gouvernements occidentaux et leurs bonimenteurs ne font pas une saloperie de trop, ce ne sont certainement pas les Russes qui lanceront le mouvement. Mais comment savoir, quand on a affaire à des dingues ivres de pouvoir qui se prennent pour des surhommes?
Comme la vérité sur l'opération covid se fait peu à peu jour, bien glauque, celle sur le Donbass transpire parfois, une journaliste officielle s'est laissée aller à montrer les bombardements de civils par les gentils démocrates ukrainiens agressés par les méchants russes, ouin, ouin, snif.
https://www.facebook.com/watch/?v=642862063713213
Il paraît que la direction de sa chaîne était furieuse. Eh oui, parfois, les journalistes ont encore des réflexes professionnels à peu près normaux, ça arrive. Il y a même de temps en temps un ou deux députés honnêtes à l'Assemblée ou au parlement européen.
N'empêche qu'il faut vraiment s'appliquer pour garder le moral et son calme. Je conseille de regarder la capsule 64 de Stratpol. Xavier Moreau y fait des mises au point très nécessaires, sur l'histoire russe, sur l'Ukraine, sur les famines organisées qui n'avaient pas le caractère d'un nettoyage ethnique, car elles ont touché toutes les régions de l'ancien Empire où les paysans avaient une certaine aisance, et un caractère indépendant, c'étaient les paysans qui étaient visés, pas les Ukrainiens. La révolution n'a pas été faite par les Russes. Ses considérations générales à la fin de la vidéo, le parallèle avec 1984, sont très intéressantes, ce qu'il dit sur le muselage et la vaccination forcée des enfants. Il souligne que le totalitarisme, pour s'installer solidement, demande de notre part la trahison de ceux qui nous sont chers, le sacrifice à Moloch.
Dans les raisons que j'avais de partir, comme je le répète assez souvent, il y avait mon refus de rester, en cas de guerre, dans le mauvais camp celui de l'agression hypocrite et fourbe, telle que je l'ai vue à l'oeuvre en Irak, en Serbie, et en Ukraine, avec le Donbass. Sans compter que je n'adhère absolument pas aux "valeurs occidentales" délirantes qui deviennent complètement totalitaires. Je suis soulagée d'en être ici un peu à l'abri. A noter que mon journaliste n'a émis aucune objection quand je lui ai dit que l'occident n'avait plus rien de démocratique. Je crois que cela commence vraiment à se voir!
Je crains que voyant la hideuse vérité de l'opération covid sortir du puits bien puante, la caste ne provoque une guerre avec la Russie pour ne pas avoir à en répondre. Ce serait en quelque sorte le plan B de cette bande de salopards qui a pris le pouvoir quasi universel. J'ai envie de pleurer quand je vois tant de braves gens sur les routes, et les torrents d'insultes que des tarés méprisables leur déversent dessus. Je crois que de toute l'histoire humaine, nous n'avons jamais eu de dirigeants aussi haïssables. Même Gengis Khan avait un certain code d'honneur et il risquait au moins sa peau.