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jeudi 13 avril 2023

L'autre planète 16 et 17

 Pour le rendre accessible à ceux que cela intéresse, et à ceux qui ne vont pas sur internet, j'ai publié mon blog aux éditions du Net:


Résumé de l’ouvrage 

Après 16 ans passés en Russie, je dus prendre ma retraite et rentrer m’occuper de ma mère, qui ne pouvait plus rester seule. Après sa mort, quatre ans plus tard, alors que j’étais installée dans le Gard, je m’étais habituée à l’idée que je ne repartirais plus. Cependant, au bout de deux ans, je pris la décision de revenir vivre dans ce pays qui m’avait attirée dès mon adolescence de telle manière qu’on peut parler de vocation particulière. Je n’en renie pas pour autant la France, à laquelle je reste attachée, dont je reste imprégnée et dont je conserve la langue. Mais à un certain moment, j’ai choisi, et ne le regrette pas, même si au moment où je l’ai fait, cela ne fut pas très facile. Je ne m’étendrai pas sur toutes les raisons que j’ai eues de le faire, elles apparaissent au cours du texte que je propose et qui est le début de mon journal de Russie, le blog que j’avais ouvert à mon arrivée, à l’intention des gens que je laissais en France, et qui pour toutes sortes de raisons, n’allaient pas sur les réseaux sociaux. C’était en quelque sorte, pour moi, une lettre régulière à destination collective qui a pris de l’ampleur et qui est devenue un témoignage. 

Fiche auteur Laurence 

Guillon est née en 1952. Après des études de russe et d’arts plastiques et une jeunesse erratique, elle publie en 1985 une première version de son roman Yarilo, sous le titre « Le Tsar Hérode », au Mercure de France (prix Félix Fénéon) qu’elle réécrit complètement lors de son déménagement définitif en Russie, en 2016, pour l’harmoniser avec sa suite, « Parthène le fou ». Passionnée de folklore russe ethnographique, elle est aussi aquarelliste, pastelliste. Ce livre rassemble les années 16 et 17 de son blog, les Chroniques de Pereslavl, où elle relate sa vie dans la petite ville de Pereslavl-Zalesski, au nord de Moscou. 

Descriptif technique 

Format : 150 x 230 cm 

Pagination : 494 pages ISBN : 978-2-312-13211-2 

Publié le 13-04-2023 par Les Éditions du Net GENCOD : 3019000006902 

Prix de vente public : 34 € TTC 

Pour commander 

Auprès de l’éditeur : www.leseditionsdunet.com 

Sur les sites Internet : Amazon.fr, Chapitre.com, Fnac.com, etc. 

Auprès de votre libraire habituel Les Éditions du Net 126, rue du Landy - 93400 St Ouen Tel : 01 41 02 06 62 - Fax : 01 41 02 02 63

mercredi 12 avril 2023

Double soleil

 


Je suis allée hier sur l'escarpement regarder le lac. Le soleil se couchait, dans le silence, parcouru par les cris des mouettes et quelques chants d'oiseaux, et des couleurs immobiles et paradisiaques. L'eau reste gelée, sauf aux environs de la berge, et je voyais deux astres l'un sur l'autre, l'un glissant sous la glace avant l'autre, comme pour le rejoindre ou se fondre avec lui, et il n'en est plus resté qu'un, énorme et rose, qui s'enfonçait à son tour derrière la berge bleue.

J'ai été rejointe par l'artiste-peintre Marina Leskova, qui faisait du vélo avec une amie. Marina a évoqué la grande ancienneté des lieux, tout leur passé païen et chrétien, le monastère démantelé à l'époque soviétique, et qui avait mille ans. Qui gênait-il? Les démons...

Quelqu'un intervient sur mon fil pour me signaler que Jésus et Barabas, le brigand grâcié à sa place, ne feraient qu'une seule personne, parce que Barabas signifie Fils du Père en araméen. Ma tante érudite et incroyante ne voyait, dans la prophétie d'Ezechiel, que la parenté des animaux fabuleux décrits avec les taureaux des bas-reliefs assyriens, alors qu'Ezechiel a pu utiliser ces figures mythologiques de son temps pour exprimer l'indicible de sa vision, et moi, c'est la vision qui m'intéresse, pas l'archéologie. Dans un évangile, la femme qui oint les pieds du Christ avec un parfum de grand prix est une pécheresse repentie, dans l'autre, Marie, la soeur de Marthe et Lazare, quelle importance? Dans la passion, il y a vraiment des éléments qui ne s'inventent pas, et la plupart de ceux qui y ont assisté sont morts pour en témoigner. Qu'ensuite, on ait introduit des éléments mythiques ou donné tel nom au brigand de service, cela ne me gêne pas outre mesure. A propos du massacre des saints innocents, dont on ne garde pas la trace historique, le père Placide me disait: "En orient, on aime bien exagérer. Ainsi on m'a présenté un jour au Liban comme l'higoumène d'un monastère de 75 moines alors que je n'en avais que cinq ou six. Quand j'ai demandé pourquoi on avait éprouvé le besoin d'affabuler de la sorte, on m'avait répondu: "Cinq ou six moines, cela ne fait pas sérieux". De même, qu'une relique soit authentique ou pas ne le troublait guère, car dans la mesure où des générations de gens l'avaient vénérée, elle devenait sainte de toutes leurs prières. Un prêtre dont j'ai oublié le nom avait écrit: "la Bible est une icône, est-ce qu'on demande à une icône d'être exacte et réaliste?" Cependant, si beaucoup d'éléments me paraissent mythiques, ils sont spirituellement et humainement vrais, et c'est d'ailleurs la caractéristique du mythe, le mythe n'est pas un mensonge, c'est un symbole, une parabole. 

Je pense aussi qu'il y a des éléments essentiellement culturels dans les Ecritures. Mais je prends le truc en bloc, parce qu'il me paraît analogue à une cathédrale, où se côtoient anges et démons, saints et créatures fabuleuses. On enlève une pierre qui paraît usée et inutile et tout un pan de mur s'écroule. Cependant, l'essentiel pour moi est la dimension, l'écho que l'édifice donne à nos vies, et aussi l'expérience personnelle que j'ai de la vérité de ces choses, telle qu'elle se manifeste dans mon existence, les réponses qui me sont quelquefois données. En ce moment, toute l'actualité est une réponse.




Zelenski est prêt à fourguer la moitié de la sacro sainte Ukraine indépendante intangible aux Polonais pour emmerder les Russes, la partie banderiste pro occidentale. C'est dire s'il se fout complètement de l'Ukraine et de son peuple, c'est dire toute l'inanité du projet ukrainien lui-même, qui n'a jamais existé, depuis Lénine, que dans cette perspective... N'ayant pu en faire la colonie d'Israël et des USA, il le saborde. Il en envoie les derniers habitants mâles au casse-pipe, quel que soit leur âge, et il fait bombarder les habitants des régions du Donbass, comme son prédécesseur, sans aucune empathie pour eux. Un intellectuel juif russe établi en Suisse, Anatoly Livry, parle de génocide programmé des blancs, en particulier slaves. Je lui suis très reconnaissante de la clarté et de l'honneteté de son exposé. Il faudrait le traduire, mais je n'ai ni le temps, ni les forces, ni les connaissances techniques, et puis je me demande si cela sert encore à grand chose. Dieu veuille qu'il puisse au moins convaincre les Russes.  

lundi 10 avril 2023

Rameaux

 


Pour les Rameaux, je suis arrivée à la liturgie de sept heures du matin, et bien que je me fusse confessée la veille au père Andreï du trouble et des mauvais sentiments inspirés par l'intervention de mon admirateur russe de Macron, partisan de le filiale autocéphale de la CIA à folklore vaguement orthodoxe, je ne cessais d'y penser et cela me gâchait l'office. Pourtant, j'avais pris soin de ne pas retourner sur le fil de commentaires... J'ai crié "du fond de l'abîme" vers le Seigneur, et le moment de la communion venu, tout cela s'est enfui de moi à tire d'ailes.

C'était justement notre prêtre ukrainien, le père Vassili, qui officiait, celui qui me demande toujours avec un air aussi concerné que consterné: "Mais qu'est-ce qui se passe en France?" Evoquant dans son sermon la crucifixion après l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem, il a conclu: "Comme on détestait le Christ alors, on déteste les chrétiens aujourd'hui, et ce sont ces mêmes pharisiens qui les persécutent".

Anne-Laure est venue me voir hier, dans l'état de légère euphorie qui était celle de Valérie il y a quelques mois. "Je me sens libre et en sécurité, me dit-elle, je ne sens plus peser sur moi cette pression permanente, là-bas, on ne peut plus rien dire, et si l'on n'est pas dans la bien pensance, on est complètement isolé, rejeté parfois par les propres membres de sa famille. Le tissu social est détruit, les individus sans lien les uns avec les autres." Elle me dit que beaucoup de gens, même quand le délire covidien battait son plein, avec les masques, les amendes, les pass sanitaires etc., considéraient qu'ils vivaient dans une démocratie et qu'elle n'avait qu'à aller voir en Corée du nord ce qu'était une dictature. Il est impossible d'autre part de faire comprendre à ces mêmes gens qu'au pays maudit on peut se sentir libre comme en France dans les années 50. J'ai un jeune ami qui s'est fâché avec son père, ou plutôt son père s'est fâché avec lui, parce qu' excédé par les mesures covid, il avait choisi d'aller vivre à Moscou avec sa femme russe, et a décidé d'y rester. Le père est un brillant universitaire, il est venu plusieurs fois à Moscou où, en principe, il aurait dû constater qu'on n'y vivait vraiment pas dans la terreur. Eh bien il ne constate pas. Il est vrai que j'ai connu des gens qui vivaient ici 30 ans, en cherchant sur place tout ce qui pouvait correspondre à leur grille de lecture Libération le Monde. J'ai observé que, lorsqu'on plaçait journalistes et politiciens occidentaux devant leurs contradictions et leur double langage, ou leurs fake news, ils n'en continuaient pas moins imperturbablement sur leur petit vélo, parfois avec un cynisme impudent, mais parfois aussi, peut-être, avec une sorte de conviction maniaque, contre toute espèce de preuve et d'évidence, pour ne pas faire exploser leurs circuits internes en les exposant à la réalité. Pire, des libéraux russes parlent comme s'ils étaient dans les années 30 et que des voitures noires bourrées de tchékistes faisaient tous les matins des tournées pour remplir le goulag de nouveaux pensionnaires. Mentir et se mentir envers et contre tout crée une atmosphère d'hypnose et d'autohypnose, d'hallucination collective terriblement contagieuse...

En revanche, en Ukraine, c'est bien les années 30 qu'on nous rejoue... façon bolchevique et façon nazi tout ensemble.

Pour moi, anticommuniste, et persuadée dans ma jeunesse que les Américains étaient les chevaliers blancs de la démocratie, je suis encore capable, en mon grand âge, de disposer de facultés mentales souples et d'adapter mon raisonnement. Ne pas être formatable m'a beaucoup isolée dans ma jeunesse, mais je suis heureuse aujourd'hui, quoiqu'il ait pu m'en coûter, de ne pas être du côté de ceux qui dansent la Carmagnole autour des chrétiennes agenouillées, ou qui laminent sous les bombes les prolos du Donbass. 

Les Rameaux à Marioupol: https://vk.com/wall317834478_379

samedi 8 avril 2023

Que la fête commence

 


Quelle chose étrange et merveilleuse que la sortie de l'hiver, ce moment où le printemps s'ouvre comme un oeil, où la neige disparaît, et les crocus émaillent de leurs petites étoiles le jardin jaune et brun, les oiseaux viennent encore mais l'on sent qu'ils auront bientôt autre chose à faire, et de quoi manger. On peut oublier d'enfiler sa doudoune, on peut s'endormir au soleil dans le fil d'un vent encore  froid. C'est ce que j'ai fait, et j'ai oublié le rendez-vous que j'avais avec de tout jeunes gens qui voulaient faire un reportage sur moi pour un concours. Je suis allée, honteuse, les rejoindre avec trois quarts d'heure de retard. Il y avait là-bas une étudiante, une lycéenne, et son condisciple Maxime, qui me posait des questions, d'après ce qu'il avait trouvé sur internet, apparemment, j'ai déjà un sacré dossier! Je leur ai chanté des chansons, à leur demande. Maxime les a trouvées magnifiques, et comment avait-il pu ignorer tout cela? Il m'a demandé à quoi s'associait la France dans mon esprit. J'ai répondu: "A mon enfance. Dans le domaine de la musique à Debussy et Ravel, dans celui de la peinture, à l'impressionnisme, à Monet. Monet, c'est la France, j'ai eu un coup de nostalgie en voyant ses tableaux dans un musée en Amérique. Et puis aussi Notre Dame, et les fermes de pierre, et la paysannerie, qu'on nous a fait presque complètement disparaître".

Il m'a dit qu'au cours de l'entretien, j'avais complètement bouleversé sa perception de la France, et de son propre pays. Je lui ai offert mes livres. J'étais étonnée autant qu'émue, car on prétend souvent que les jeunes sont incultes et ne s'intéressent plus à rien. Apparemment, les enfants intelligents et sensibles restent des enfants intelligents et sensibles, et l'on trouve un langage commun, en dépit de la différence d'âge.

Ses parents ont sept chats et trois chiens, mais cela ne se passe pas comme chez moi. Leurs chats s'entendent bien, ils ne ravagent pas leur maison, et font leurs besoins dehors. Les miens s'ignorent dans le meilleur des cas. Je crois que c'est leur mésentente et leur jalousie qui les font me causer toutes ces nuisances.

Rita a été parfaitement odieuse, grognant après ces gentils ados et ajoutant la honte de son comportement à celle de mon retard.




Mon carême s'achève dans la fatigue et les tentations en rafale, difficile de garder la paix intérieure. Sous une publication concernant les persécutions de l'Eglise ukrainienne, je trouve le commentaire suivant:

La défense de l’Eglise Ukrainienne en lien canonique avec le Patriarcat de Moscou n’est pas une défense de la foi ou de l’orthodoxie. C’est juste une défense de l’unité spirituelle et historique du peuple russe et ukrainien, rien d’autre, et il faut le dire de façon honnête. L’affirmation « défendons l’orthodoxie » entendant l’Eglise Ukrainienne en lien avec Moscou est une manipulation de la propagande. L’Eglise Ukrainienne Autocéphale, reconnue par Constantinople, à LA MÊME FOI ORTHODOXE que l’Eglise Ukrainienne en lien avec Moscou. Et je ne vais pas parler ici de toutes les histoires de corruption et de simonie au sein de l’Eglise Ukrainienne « moscovite » - ils sont en train de récolter ce qu’ils ont semé malheureusement… Que Dieu puisse faire la paix et l’unité de l’Eglise Ukrainienne, prions…

J'étais tellement furieuse et bouleversée que j'en avais des palpitations, et pourtant, avec toutes les stupidités et toutes les ignominies que je vois passer, je devrais être blindée mais manifestement, non... L'auteur du commentaire est un Russe, ou peut-être un Ukrainien, qui vit en France. J'ai pensé aux deux copines que j'ai bloquées, Anastasie et Eudoxie, ou bien Euphrosyne et Prascovie, je ne sais plus, et qui étaient exactement dans la même mouvance, "c'est bien fait pour eux, c'est leur faute". Accuser l'Eglise ukrainienne de simonie quand on sait comment est née la filiale autocéphale du patriarche de Constantinople, c'est succulent, vraiment, et pourquoi ces prélats corrompus s'obstinent-ils à braver un pouvoir qui les persécute au lieu de rallier la structure du bon Bartholomée, si préoccupé de leur sort? Du jour au lendemain, pourtant, on le leur a bien fait comprendre, ils n'auraient plus aucun problème, et pourraient continuer à s'occuper de simonie, comme tout un chacun, sous l'égide des mafias crypto étrangères... 

"C'est juste une défense de l'unité spirituelle et historique des peuples russe et ukrainien", non, non, je dirais non pas "juste" mais "aussi", et plutôt de façon indirecte, car en effet, les orthodoxes de l'Eglise en lien canonique avec Moscou, c'est l'Eglise qui était là depuis la nuit des temps, et il n'y avait pas de différence avec Moscou ou Vladimir ou Novgorod sur ce plan là, le premier métropolite de Moscou venait de Kiev. Sans doute ce Russe propre sur lui, et fréquentable par les gens éclairés des paroisses démocratiques, se sent-il plus proche culturellement et spirituellement des commanditaires de l'opération "Eglise autocéphale", mais apparemment, sur place, des millions d'orthodoxes ne partagent pas son avis, car dans leur coeur simple, ils aiment et reconnaissent les vrais pasteurs, et ne prennent pas les vessies pour des lanternes. La manipulation, ce fut la création de cette Eglise autocéphale, que les gens rejettent, parce qu'elle est fausse, qu'elle n'a ni spiritualité, ni charité, et doit son existence aux calculs politiques de gens qui haïssent et méprisent autant les Ukrainiens que les Russes, et plus généralement les chrétiens, et utilisent la vindicte du patriarche Bartholomée envers le patriarche Cyrille. Justifiée ou non, cette vindicte n'aurait pas dû dicter une décision qui entraînait la persécution, le meurtre et la calomnie de milliers de gens et d'un clergé digne de leur amour et de leur confiance, pour complaire à des malfaiteurs internationaux qui sèment partout la discorde, la haine et la destruction. Personnellement, je n'irai prier ni avec ce benêt, ni avec l'indigne métropolite Epiphane, ordonné par le patriarche autoproclamé et excommunié Philarète, ni avec aucun de ceux qui ont ourdi et permis cela et qui le cautionnent. 

Le comportement des ennemis de l'Eglise ukrainienne et plus généralement du patriarcat de Moscou, quels que puissent être par ailleurs les possibles faiblesses humaines de certains hiérarques, est si infâme que l'on ne me fera jamais avaler que "c'est la même foi". En fait, d'un côté il y a la foi chrétienne, et de l'autre, la fourberie, la contrefaçon grimaçante et cacophonique, la vilenie revendiquée et la méchanceté obtuse, une création politique qui évoque furieusement l'eglise rénovée des bolcheviques, reconnue d'ailleurs par le patriarche de Constantinople de l'époque. Et cela ne date pas de l'intervention russe, c'est un problème très ancien, qui est devenu aiguë en 2018, quand Bartholomée s'en est mêlé. J'avais alors traduit l'appel d'une député ukrainienne qui le suppliait de n'en rien faire. J'ai suivi de trop près tout cela pour avaler qu'il s'agit de "propagande". Comme les exactions des néonazis au Donbass sans doute? Et d'ailleurs, le Donbass ne l'a pas volé, lui non plus? Tous ces prolos qui font tache? Il faut en exterminer et déporter les habitants, comme certains commentateurs occidentaux le proposent?

Ce discours consistant à calomnier l'Eglise installée sur place depuis saint Vladimir est celui qu'on sert dans certaines paroisses françaises, lesquelles ont soigneusement ignoré les persécutions, ne veulent surtout pas voir avec quelle ferveur et quel courage les croyants là-bas défendent massivement leur foi ancestrale et leurs hiérarques. Ils les défendent parce qu'ils LES AIMENT, et ils les aiment parce qu'ils le méritent, c'est ça la différence. Ils les aiment, et ils n'aiment pas le patriarche turc commandité par des Américains et des oligarques à passeports multiples, non plus que sa mesquine créature obèse et mitrée qui n'irradie pas précisément la lumière du Thabor ni l'amour évangélique. Et ils sont en effet beaucoup plus proches des Russes, dans leur foi et leur culture, que des Européens, des Américains, des sionistes ou des straussiens qui ont tramé tout cela; c'est pourquoi on leur veut la peau, comme dit Anatoli Livri, ils incarnent tout ce qu'on a renié. Tous les Russes libéraux dénaturés, toutes les Euphrosyne et les Eudoxie françaises peuvent me raconter ce qu'ils veulent en noyant leur hypocrisie dans le myrrhon, je leur conseillerais d'acheter des lunettes et de comparer un peu les physionomies et les comportements, si de telles lunettes se trouvaient dans le commerce. Avec en plus un cornet acoustique, pour apprécier la teneur des discours.

En réalité, j'ai le chagrin de constater que "l'Occident", aujourd'hui, pourrit tout par l'effet d'une sorte de contamination mystérieuse et rapide, j'ai parfois même l'impression qu'il suffit maintenant de se trouver là-bas pour commencer à voir et penser de travers, comme si l'atmosphère elle-même devenait hallucinogène et malsaine. Un blogueur et correspondant de guerre a été assassiné à Saint-Pétersbourg par une idiote utile, la tête du  traître russe qui l'a téléguidée fait froid dans le dos. Des yeux de poisson mort, où la seule lueur de vie provient d'une haine glaciale, brutale et obtuse. En occident, comme pour les persécutions des orthodoxes ukrainiens, on trouve toutes sortes de bonnes raisons et de justifications morales à ces assassinats de confrères qui ne sont pas du bon camp. Le triste général Iakovlev va jusqu'à calomnier la victime en l'accusant d'avoir encouragé le viol, un peu comme on accuse l'Eglise ukrainienne de ses propres péchés pour discréditer les persécutés. Quelle infamie. Je n'ai même plus de mots. 

Cette journaliste ukrainienne, traduite par Thalie Thalie, les trouve à ma place:

https://www.facebook.com/yelena.delville/videos/528146142860063/?__cft__[0]=AZXz9W_hStynIDLyCG8kDVcqT9bPp-KPKm5oYUQzrctH9bm7nDqmGw2VHkR1unIcTIbtaXirP1JLhLE1iujBmA2XgHZfV5paRSa3WiRKI4_1nJBi8CIl-WnPIfEjBfBjLM6Fk2auO7yf7aVdPGERhWMlbTQyKFXn-gg3-bvKhf80G91tA2VfdYOETfN_lqncL0Y&__tn__=%2CO-R

Ainsi que la fille de Peskov, elle-même calomniée: Laurence Guillon (vk.com)

Que la fête du printemps commence, une corolle après l'autre. Il fait soleil, la nuit, brille la pleine lune, avec quelques étoiles. Les hirondelles françaises accourent à tire d'ailes. J'attends la venue de Valérie et Larissa et j'ai fait connaissance aujourd'hui d'Anne-Laure, une jolie dame âgée française, mince, distinguée, simple et discrète, venue explorer Pereslavl et ses environs. 

 Dieu sauve ton peuple, et bénis ton héritage...   




lundi 3 avril 2023

Les Démons

 


Pour en revenir à la jeune fille à genoux, conspuée par des ados, et au petit gars tout fier de se montrer aussi ignoble que les copains, j'ai pensé à ce lycéen des Démons de Dostoievski, qui, alors qu'il aime beaucoup sa maman et ne voudrait surtout pas lui faire de peine, participe à l'assassinat infâme et crapuleux de l'étudiant Chatov, uniquement parce qu'il bade devant de gros méchants loups et qu'il ne voudrait pas passer pour un benêt. Nous avons tous un peu de cela en nous, et ceux qui encouragent ce genre de réflexes et par qui le scandale arrive, il vaudrait mieux pour eux, comme nous le savons, les jeter à l'eau avec une meule attachée au cou...

Le métropolite Paul, arrêté par les sbires de Zizipiano et les quarante mafieux, déclare ne pas redouter la mort. Il semble très fatigué. Il a peut-être une mercédes, mais il tient la route façon les années 20 de l'autre siècle, qui se répètent en ce moment avec les mêmes acteurs. Sa foi n'est pas du pipeau, sinon, il se prosternerait devant Bartholomée et son porcelet mitré, sa vie deviendrait aussitôt beaucoup plus simple. Pour ce qui est de la mercedes, mon évêque dit très justement que des gens comme lui qui roulent toute la journée sur des routes infernales ont besoin d'une bonne voiture, les hiérarques se déplacent énormément. Et je ne pense pas qu'Epiphane et Bartholomée circulent en trottinette.

Les orthodoxes qui, en France, soutiennent les persécuteurs n'ont certainement pas les yeux en face des trous, ils devraient faire un peu de morphopsychologie. Elle devrait être chez eux consubstantielle, car le culte des icônes favorise le discernement entre un visage à l'image de Dieu et une trogne à celle de son adversaire, la différence, dans cette affaire, n'a jamais été aussi évidente. On peut dire que l'Ukraine est devenu l'épicentre d'un sabbat qui pourrait contaminer le monde entier et qui a même été conçu pour, on réitère ce qui a échoué avec la Russie. Les seules personnes normales qui y demeurent sont embastillées, jetées au front malgré elles, ou à genoux près de leurs églises sous les quolibets et les grognements des boucs et des porcs.


Cette tumeur maligne virulente envoie des métastases partout et même ici, puisqu'après Daria Douguine, une Barbie mécanique téléguidée vient d'assassiner à Pétersbourg un correspondant de guerre et blogueur, Vladlen Tatarski. Les marionnettes du diable se glissent partout.
https://reseauinternational.net/le-reporter-de-guerre-vladlen-tatarski-a-ete-assassine-lors-dun-attentat-terroriste-a-saint-petersbourg/

D'aucuns me reprochent d'être manichéenne. Certains qui n'avaient pas vu Azov pendant huit ans, et ne le voient toujours pas, m'agitent Wagner sous le nez et, insensibles aux méfaits de la CIA et des ses officines locales, le KGB disparu. Pourtant, en ce qui concerne la Russie, ses fonctionnaires et son gouvernement, à l'instar de Karine Bechet Golovko, j'ai toujours exprimé mes critiques et mes doutes, ce qui m'a valu parfois les reproches des inconditionnels de Poutine. Poutine n'est d'ailleurs jamais qu'un homme, et comme dit le psalmiste: "Ne mettez pas vos espoirs dans les princes et les fils des hommes, en eux, il n'y a point de salut". Mais c'est que d'être un homme n'est encore pas si mal, de nos jours, et en face, c'est quoi? C'est quoi, ce carnaval d'Ensor des USA-UE united and co? Je me réjouis en ce moment d'entendre les commentaires des Africains, qui n'ont pas la langue de bois, et ne l'ont pas non plus dans leur poche. "C'est quoi, ce truc? demande un journaliste africain à propos de Macron. C'est quoi, ce machin, là? On ne sait pas ce que c'est. Il n'a pas d'âme."

Non, je pense que tous les peuples sont susceptibles d'entrer dans n'importe quelle bacchanale si on les agite bien avant de s'en servir, mais il arrive que par la loi de l'action-réaction, quand les uns passent les bornes, les autres sont appelés à les remettre en place, c'est une question de survie.


La jeune fille est choriste à la Laure. Elle compose aussi des chansons en s'accompagnant à la guitare.

dimanche 2 avril 2023

Dedans

 Les vidéos sur la confiscation de la Laure de Kiev par la filiale de Bartholomée, dirigée par le triste Epiphane, sont légion. J'en ai vu une où le contingent habituel de persifleurs se déchaînait sur ceux qui prient et qui chantent autour du monastère. Une jeune fille, seule à genoux, était entourée de ces gens qui la harcelaient. Ces gens, on les voit autour du Christ arrêté, sur les tableaux du Moyen Age et de la Renaissance, avec des visages devenus des trognes, des mufles ou des groins. Il y en avait certainement autour du bûcher de Jeanne d'Arc, il y en avait autour de celui d'Avvakum; il y en avait autour des prêtres molestés par les bolcheviques, les voilà maintenant à Kiev. Un joli jeune homme de peut-être dix-sept ans, au physique extrêmement russe, mais entre les Russes et la plupart des Ukrainiens, la différence est bien moindre qu'entre un breton et un provençal, ricanait avec des airs farauds: "Séparatistes! Séparatistes!"  Ce qui est, si l'on veut, amusant, l'Eglise Ukrainienne canonique remontant à saint Vladimir, et celle d'Epiphane à la CIA et son patriarche de service. Il n'avait pas l'air très méchant, un de ces benêts qui participent aux chahuts pour se faire bien voir des durs et des infâmes pour lesquels les bons petits garçons ont souvent une admiration sans bornes. J'ai vu cela au lycée, et même à la maternelle. S'il continue comme cela, il lui poussera un groin, à lui aussi. Et des sabots.

Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de monde en enfer, mais pour ceux qui trament ce genre de choses et ceux qui y participent avec enthousiasme, la place est certainement déjà bien chaude. Nos journalistes et nos politiciens sont déjà sur le tobboggan.

La question se pose du martyre, pour ce qu'il reste de chrétiens, violemment haïs par les démons qui sévissent là bas, et dans tout le monde occidental. Personnellement, je ne suis vraiment pas sûre que j'en aurais le courage, et aussi peut-être, l'amour. Il n'est vraiment pas facile de ne pas détester en retour, ou au moins mépriser, les pires de ces créatures fourbes, viles, perverses et méchantes qui dansent le sabbat partout où elles le peuvent, sur les ruines et les cadavres, et poussent des malheureux dénaturés vers les temples du fric et de la pornographie 

Le temps est gris, froid et sinistre, la neige est partie, mais la terre est toujours gelée. Comme toujours à cette période de l'année, aux endroits où, plus tard, on vendra des plants d'arbustes et de fleurs, on propose des bouquets artificiels. Je suis allée dans le quartier des immeubles soviétiques, où j'avais à faire, et dans la grisaille humide, au milieu des flaques, de la boue et des façades lugubres, hurlaient les couleurs violentes et vénéneuses de ces substituts en plastique. Il m'est tout à coup revenu à l'esprit le contraire de cette vision, un merveilleux tableau du début du XX° siècle, dans la salle-à-manger de mon oncle Henry, qui représente un marché aux chrysanthèmes dans une petite ville française. A cette période intermédiaire, le paysage est ici absolument désespérant, rien ne venant tempérer les disgrâces de la modernité, ni neige, ni verdure. C'est là qu'il faut de la ressource intérieure et un bon cercle d'amis. Et puis le souvenir des instants de grâce où d'incroyables nuages dérivent dans la lumière.

Ce matin, reveillée à l'aube, je me suis rendue à la première liturgie, célébrée par l'évêque, et je me suis sentie, comme dit le père Andreï dans son livre, "dedans". A l'intérieur de l'espace chaud et doré de la cathédrale chrétienne millénaire, avec ceux qui y prient depuis deux mille ans, en dépit de toutes les disgrâces, de toutes les horreurs, de toutes les persécutions, de toutes les calomnies, de tous les complots, de toutes les trahisons, de toutes les cruautés et de toutes les infâmies. Dedans... sans doute pour le meilleur et pour le pire.




samedi 1 avril 2023

Onction

 


Alors que je commençais à m'affairer dans le jardin, je l'ai trouvé hier matin recouvert de neige. Il faisait froid et humide, un temps affreux. aujourd'hui, ca se réchauffe, c'est la gadoue partout. J'étais très satisfaite d'avoir changé mes pneus sans faire la queue, eh bien je comprends pourquoi les gens ne se bousculaient pas. Mais je ne le regrette pas, car je n'ai pas des kilomètres à faire, et demain, le coup de froid est fini.

Une lectrice de mon blog vient visiter Pereslavl. Elle n'a pas pu prendre le train, à cause de la situation en France, mais elle est prête à tout pour partir, et elle laissera sa voiture au parking de l'aéroport... J'attends également Valérie et Lioudmila, après Pâques.

Hier, c'était la lecture de l'acathiste à la Mère de Dieu, un très bel office qui dure très longtemps et m'a valu des douleurs nocturnes. Aujourd'hui, c'était l'office de l'onction. Ointe sept fois, j'ai eu l'impression de me transformer en morceau de savon. C'était le grand nettoyage de printemps spirituel. Notre prêtre ukrainien, le père Vassili, me demande d'un ton consterné et confidentiel: "Mais que se passe-t-il en France?" 

Eh bien disons qu'on ne crée pas la pagaille uniquement en Ukraine...

En sortant de l'église, je suis allée au café français, prendre quelque chose de rigoureusement carémique mais de parfaitement délicieux, grâce au cuisinier Laurent. J'ai même taillé une bavette avec lui, car les clients ne se bousculent pas, à cause du carême, et puis ce sont surtout les moscovites qui vont au restaurant. Pourtant, ce n'est pas cher du tout.

Son ex femme ne comprend pas pourquoi il travaille dans notre ville, elle n'a, à défaut de l'Europe, que Moscou à la bouche. Il me disait qu'un Russe de sa connaissance mesurait la réussite de quelqu'un à la place de son logement dans la capitale, plus on est près du centre, plus on a réussi, si on reste en province, on est un pauvre type. Comme quoi il y a des imbéciles partout.

Laurent a été séduit ici par les gens, qu'il trouve souvent très bons, qui sont restés sains. Il aime aussi le fait d'entendre sonner les cloches, de croiser des processions, d'avoir l'icône en mosaïque de saint Alexandre Nevski sur le mur de son immeuble.


J'ai vu sur facebook ce tableau de Verechtchaguine daté de 1905. Si les gens d'alors avaient pu voir ce qu'on allait faire de la Laure de Kiev, de l'Ukraine et de façon plus générale de la sainte Russie... Cette vision calme et mystique est si différente des foules qu'on voit résister aujourd'hui sous les quolibets, les coups et les ricanements des démons lâchés sur elles par l'Occident...  Mais si ma compassion est immense pour les croyants ukrainiens, le métropolite Paul qui défend le saint lieu avec un acharnement héroïque et pour lequel je prie, ainsi que pour les métropolites Onuphre, Luc, Longin et Arséni, je me dis aussi que si Dieu ne met pas le holà à ce qui se trame, de toute façon, les gnomes qui ont provoqué cette situation ne l'emporteront pas en paradis. Je suis confiante. 

D'aucuns disent que défendre les lieux saints n'a pas de sens, que nous avons Dieu dans le coeur etc... Certes. Mais quand il n'y a plus rien de beau ni de sacré, que tout a été profané, il devient bien difficile d'avoir Dieu dans le coeur, on ne sait plus comment le laisser entrer, on ne sait pas à qui s'adresser, à quel saint se vouer, on s'endurcit, on s'avilit, on se dégrade. Il n'y a pas de place pour Dieu dans un coeur racorni. On le voit bien dans tous les pays dont on l'a chassé. Les gens y deviennent mesquins et hérmétiques.

Mais Dieu sait ce qu'Il fait. Et peut-être le sacrifice de la Laure, et l'exemple des fervents orthodoxes qui se rassemblent pour elle seront-ils le signe de la fin pour les fourbes et les imposteurs, leur méfait de trop, celui qui les démasque.

Je lis le livre du père Andreï, il est plein d'humour et de tendresse. La famille de sa mère a été décimée par les nazis, elle a été pratiquement la seule à survivre; tout ce qu'il dit de la guerre est terrible, très impressionnant. La plus jeune de la famille, après l'execution des autres, alors qu'elle était restée en vie par miracle, s'est relevée en disant: "Puisque tous les miens sont morts, tuez-moi aussi." Ce qu'on a fait aussitôt...

  Il parle beaucoup de son expérience d'enseignant, quand il allait le soir faire la lecture à ses quelques élèves d'une école de campagne, où ils étaient pensionnaires, pour essayer de les faire sortir de la terreur qu'il leur inspirait. Et peu à peu, ces enfants se sont ouverts, mais l'école, elle, a fini par fermer. Il raconte qu'arrêté un jour par un flic pour un léger excès de vitesse, il l'entendit lui dire: "Ce n'est pas bien, professeur, de mettre votre vie en danger, alors que vous pouvez être si utile aux enfants." C'était un de ses anciens élèves qui l'a laissé repartir sans amende!

Lorsqu'il est devenu chrétien, et prêtre, il a eu l'impression de passer à l'intérieur de quelque chose d'éternel, d'immémorial, dont tout son pays était issu et de se l'approprier depuis les origines, son regard sur son environnement a changé. C'est une chose que j'ai ressentie moi-même, le problème est que, moi aussi, je me suis appropriée en Dieu la Russie depuis les origines! Ma réappropriation de la France est venue plus tard, et en quelque sorte, à travers ou au delà de la Russie. Pourtant, à le lire, je vois clairement nos différences d'horizons et d'expériences, d'autant plus que je me penche moi-même en ce moment sur la rédaction de mes souvenirs d'enfance.

J'essaie de lire le matin, dans mon lit, sinon, je m'endors au bout de trois phrases. J'ai une overdose de lecture électronique, j'ai lu, relu et corrigé mes livres, en français, en russe, tout ce que j'essaie de publier tant que je suis en vie pour sauver les meubles, et je suis fatiguée, j'ai la cervelle en surchauffe.