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lundi 15 novembre 2021

Liès

 

J’ai commencé le traitement, mais j’ai du mal à digérer tous ces médicaments. De plus, l’un d’eux me fait chuter la tension, l’urologue m’avait prévenue et dit de boire du café, mais il me faudrait me bourrer de café toute la journée. Marcher beaucoup, par un temps affreux, quand on n’a plus de tension, ce n’est pas simple.Et puis j’essaierai de danser, pour faire descendre les pierres. J’irai faire un tour, aussi, mais il y a de l’eau et de la boue partout, dans les bottes en caoutchouc, on a froid, dans les bottes d’hiver, trop chaud. Ce qui est bien, c'est le jardinage, je prends les mêmes positions que pour laver les sols, et je fais beaucoup d'allées et venues dans tout le jardin. J'ai déterré des topinambours...

Je vais mieux, mais dès que j’ai mal quelque part, et j’ai mal partout, je commence à me faire du souci. Je suis allée à la lecture de leurs vers que faisaient Natacha et Kostia dans le sous-sol du café français. C’est désormais une galerie, "Liès", la forêt, où expose un peintre local, Pacha Morozov. Ses tableaux peuvent paraître quelque peu brouillons, mais ils ont une luminosité et une présence étonnantes quand on les regarde attentivement. Une amie de Natacha était venue de Moscou pour chanter, elle s’accompagnait au piano électronique. Il y avait du monde, pour une soirée poétique. C’était chaleureux. J’étais loin de tout comprendre, mais j’en captais assez pour voir que les vers étaient bons. Ceux de Natacha sont comme une petite musique de la vie, qui sourd avec simplicité et naturel, et débouche sur le mystère et la ferveur. Ceux de Kostia scandés, martelés, passionnés, incantatoires. La différence de rythme et d’atmosphère entre les deux poètes est remarquable.

Dans quinze jours, ils veulent faire une soirée française, avec ma participation. Kostia lira en russe des poèmes français classiques que je lirai en version originale. Je chanterai mes propres chansons. Enfin si j’en suis capable. Dans dix jours, je verrai où j’en suis avec mes cailloux, et puis il me faut répéter les chansons...

La correctrice Nina m’a envoyé encore un paquet de 50 pages, elle en est au début de la troisième partie. Elle me dit qu’il n’y a rien de ridicule dans Yarilo, que ce que le livre a de français, c’est plutôt sa manière, et qu’il y a des scènes très fortes, celle où le fol en Christ Basile apparaît à Fédia et sa femme, l'entretien du tsar et du petit tsarévitch Feodor. Et enfin que la fin est remarquable, avec la vie du héros qui "s’éteint dans les chants liturgiques", et le tsar qui « vient contempler le tas de cendres dont il est responsable».

Elle a des trouvailles dans les dialogues, et elle remet tout à sa place, par rapport au texte français. Je sens d’ailleurs qu’elle a commencé à accrocher au livre, qu’elle l’ait lu jusqu’à la fin en est un signe.

De son patron pas de nouvelles, je ne l’intéresse plus depuis que j’ai refusé de continuer Epitaphe avec lui, et de reprendre Yarilo de la même manière, ce qui aurait pris deux ans et m'aurait coûté je ne sais combien. Quand je pense qu’il l’a caractérisé de conte dans l’esprit du tsar Saltan avec beaucoup de dorures ! Alors que finalement, j’ai écrit sobrement, et s’il y a parfois de l’humour, de la poésie, de la couleur locale, c’est un livre profondément tragique, et actuel. Mais il l'a à peine survolé...

Enfin ce qu’il m’importe, c’est que tout soit rapidement achevé. Avec la dictature sanitaire qu’on essaie d’installer en Russie, je risque de ne pas être en mesure d’aller faire des présentations à Moscou. Encore que d’avoir été malade me donne un sauf-conduit de six mois, merci mon Dieu.


 

tableaux de Pacha Morozov



samedi 13 novembre 2021

Encore un taxi

 


L'urologue de Iaroslavl, Marina Sergueïevna, m'a dit que d'après la tomographie, comme je le ressentais, les cailloux voyagent et sont descendus, et que les pulvériser ne serait pas possible, mais qu'il y avait de bonnes chances de s'en débarrasser naturellement avec un traitement, beaucoup de marche à pied, d'exercices consistant à piétiner sur place ou laver les sols (ce que je fais souvent à cause des chats), de bains chauds ou à défaut, de séances au bain de vapeur russe. Son traitement reprend plus ou moins celui de Mikhaïl, le copain de Skountsev, le problème est que cela me surmène terriblement tout le reste, mais que faire? Heureusement, j'ai tellement perdu de poids, que mes articulations supportent bien la marche à pied, maintenant.

Je suis allée à Iaroslavl avec un taxi très pittoresque, Constantin. Il m'a fait d'admirables diatribes contre la tyrannie du masque, des piquouzes obligatoires et des QR codes. "Je compte beaucoup, lui dis-je, sur la résistance passive des Russes...

- Si ça continue comme cela, la résistance, elle ne sera plus passive du tout, ils seront balayés avant d'avoir compris ce qui leur arrive. On dirait qu'ils cherchent à nous pousser à bout. Je suis entré dans une cantine à Pereslavl, où je vais d'habitude acheter des pirojki. Et la vendeuse, qui faisait le ménage, me demande mon QR code! Je lui crie: "Et tu vas le vérifier avec quoi, avec ta serpillère?" Le QR code dans les transports en commun, quand les gens sont loin d'avoir tous un smartphone, vous imaginez les bus de campagne, avec les vieilles qui ont de vieux téléphones à touches, et encore pas toujours?"

Il déteste les moscovites qui se conduisent et conduisent comme des cochons, et traversent Pereslavl, nous provoquant des encombrements perpétuels, parce qu'ils ont la flemme d'emprunter la déviation. Il m'a dit que lorsque les gens ont une entreprise ailleurs que dans leur ville de résidence, ils en paient les impôts à celle-ci. De sorte qu'à Pereslavl, comme dans tout le reste de la Russie, les restaurants, magasins, pompes à essence, usines ou tout ce que vous voudrez achetés par des moscovites, rapportent de l'argent non à la ville où ils sont situés, mais à celle de Moscou, qui est déjà une tumeur obèse suintant le fric et attirant les mafieux. Alors que la province se meurt, vidée de sa substance par ce vampirisme.

J'ai beaucoup de chance avec les taxis, ces temps-ci, et je serai la cliente régulière de Constantin, dans la mesure où j'aurai besoin de ses services, car si j'y ai eu recours, c'est que je n'ai pas eu les forces d'aller avec ma voiture chausser les pneus d'hiver. Spirydon, qui est belge et non français, et m'avait commandé le sable de la tombe de l'higoumène, m'écrit: " Jamais, je n’aurais imaginé que notre Saint Père Boris vous enverrait un taxi pour vous amener chez lui! Notre vie est une succession de miracles." De fait, je reste sous l'impression de l'évènement, de cette rencontre avec l'higoumène, inscrit dans tout un contexte spirituel local. Comme si en vérité, c'était lui qui m'avait envoyé ce taxi, parce que je tardais à venir le trouver. Il débarque dans mes prières, il est présent. 

vendredi 12 novembre 2021

L'higoumène Boris

 Mon équipée à Moscou n'a pas du tout pris le tour que je prévoyais. D'abord, j'avais mal compris les instructions de la fille qui m'avait appelée de l'hôpital, et je n'arrivais à trouver ni le local, ni le médecin, qui est juste un consultant externe, que personne ne connaissait, et qui n'avait pas de bureau attitré. J'ai donc couru d'un pavillon à l'autre pendant des heures, fait plusieurs fois la queue à différents guichets. J'ai appelé le numéro qu'on m'avait donné en cas de problème. Une bonne femme m'a répondu qu'elle n'était pas au courant. Finalement, quelqu'un a eu l'idée de m'orienter sur le bon cabinet, où la jeune femme qui m'avait donné les instructions, très embêtée, a commencé à remuer ciel et terre. Sa collègue n'avait pas eu l'idée de lui passer le téléphone, quand j'avais appelé.

Le consultant lui dit de m'arranger un rendez-vous payant avec un urologue de l'hôpital. J'ai retraversé à nouveau toute la cour immense et l'urologue m'a laissé moisir une heure dans un couloir avant de me recevoir. Je pensais qu'on allait me prendre et me faire tous les examens utiles sur place, mais non. L'urologue m'a dit qu'il fallait faire une tomographie à la polyclinique du quartier, où je ne suis pas inscrite, puisque je viens de Pereslavl Zalesski, où l'on ne peut pas me la faire. Alors il me fallait payer pour la tomographie. J'étais bien sûr d'accord, mais il fallait attendre une semaine pour avoir un rendez-vous. J'étais si épuisée et si découragée, que le type s'est un peu radouci. Il m'a dit que poser un stent dans mon cas n'avait pas de sens, qu'il fallait probablement, à confirmer après la tomographie, soit pulvériser le caillou gênant, soit opérer. "Vous opérer en ce moment, je ne le ferai pas, car vous venez d'avoir la covid, vous êtes affaiblie. Et d'ailleurs pulvériser serait mieux, mais nous n'avons pas d'appareil pour le faire. 

- Ils en ont un à Iaroslavl, vous me conseillez d'aller à Iaroslavl? 

- Oui, s'ils sont équipés à Iaroslavl allez là bas, faites votre tomographie, préparez-vous tranquillement, reprenez des forces. D'après ce que je vois, votre rein n'est pas en mauvais état, votre situation n'est pas critique; vous avez le temps."

Sur les conseils de Liéna, la fille du père Valentin, j'ai pris rendez-vous pour une tomographie dans un centre de diagnostic payant, à l'aube. La dame du taxi qui m'avait amenée était prête à m'emmener à Pereslavl, car elle vivait elle-même à Serguiev Possad. Nous avons bavardé en chemin, elle était très agréable. Elle avait une entreprise, ruinée par le confinement covid de 2020, et elle s'était reconvertie dans le taxi, après avoir retrouvé le moral sur le tombeau de l'higoumène Boris. "Ah m'écriai-je, justement, un orthodoxe français m'a demandé d'aller prier sur ce tombeau pour sa femme Anastassia, et d'y ramasser du sable pour le lui envoyer, mais je n'ai toujours pas trouvé le moyen de m'y rendre.

- Qu'à cela ne tienne, je vous y emmène".

Nous sommes entrées dans une chapelle au bord de la route d'Ouglitch et j'ai inscrit le nom d'Anastassia, et aussi le mien et celui de Dany sur les intentions de prières. J'ai imploré l'higoumène Boris d'intercéder pour nous. Sa tombe est très simple et très jolie, et j'ai ressenti de l'espoir et de la grâce. La vieille dame qui garde la chapelle nous a invitées à prendre le thé. Elle m'a donné un livre sur l'higoumène, trois photos de lui, et un sachet du précieux sable. Nous avions des connaissances communes, l'iconographe Ioulia, rencontrée au monastère saint Nicétas, dont l'higoumène Dmitri est le frère du père Boris. Ioulia a longtemps vécu en France, et parle français. Et puis aussi l'higoumène Gabriel, du monastère Pogost Krest, entièrement rebâti grâce au père Boris. Il avait été édifié au moyen âge, à l'emplacement où l'on découvrit la fameuse croix miraculeuse de Godenovo, actuellement au village du même nom, et ceci depuis la révolution. Le père Gabriel m'avait fait grande impression, et j'avais été frappée par l'harmonie et de la simplicité de son monastère, par l'impression de joie sereine que dégageaient ses moines.

L'higoumène Boris n'est pas canonisé, mais jouit d'une grande réputation de sainteté, son tombeau est très visité. Il s'est dépensé sans compter pour restaurer et faire vivre les églises à l'abandon, et son frère continue son oeuvre. La vieille dame en parlait avec une vénération et un amour touchants. Je sentais qu'elle n'était positivement pas séparée de lui, elle restait complètement en contact. "Vous avez, me dit-elle, des yeux bleus comme j'en ai rarement vus. Ils sont d'un bleu si intense, je crois que les seuls yeux de ce bleu-là que j'ai connus, ce sont ceux du père Boris. Une jeune femme russe était venue le voir avec son mari espagnol, et ce dernier, en rencontrant le regard de l'higoumène, s'était exclamé: "Je veux devenir comme vous"!

Quand nous sommes parties, elle m'a demandé si j'étais pour longtemps en Russie. "Oh oui, lui repondis-je, j'ai un permis de séjour, et où irais-je encore?"

Elle m'a fait un sourire absolument radieux.

Je suis rentrée mystérieusement encouragée par cette lumineuse rencontre du tombeau et de sa gardienne. Demain, je vais donc à Iaroslavl, avec tous les examens nécessaires, en principe. 

Il a neigé tout le long de la route, toutes les disgrâces s'en trouvaient effacées. Il me semblait qu'entre cette viste inattendue à la tombe du père Boris, qui me remettait dans l'aura de la croix miraculeuse, et de tous ceux sur lesquels elle veille, et cette blancheur qui transfigurait les forêts et les villages, je recevais un signe, un encouragement, et c'est que pensait aussi ma nouvelle copine taxi, Natacha. Qui aurait cru que ma tomographie m'amènerait à ce pèlerinage?

l'higoumène Boris



le monastère de Pogost Krest, rebâti par les soins de l'higoumène Boris. photo Alexandre Matrossov

l'higoumène Gabriel. Photo Alexandre Matrossov

 
la tombe de l'higoumène Boris

 



lundi 8 novembre 2021

Dernière étape

Ce matin, j'ai enfin réussi à aller à l'église et à communier. J'ai communié normalement, et baisé le calice, et bu du thé dans une coupelle en argent. L'absolution, quand le prêtre m'a recouverte de son étole et a posé ses mains sur ma tête, est descendue sur moi avec une consolante douceur et l'eucharistie m'a fait l'effet concret d'une vivante et vivifiante parcelle de divinité. J'ai discuté avec la femme du prêtre qui m'a demandé si j'allais me faire vacciner, je lui ai répondu que j'avais six mois d'immunité et ne savais ce qui m'effrayait le plus, de la maladie ou du soi-disant vaccin. 
C'est aussi son avis.
En rentrant, j'ai trouvé une série de messages du copain de Skountsev, Mikhaïl. Il me fallait prendre contact avec l'hôpital Botkine pour aller à la consultation en vue de la pose d'un stent à l'urètre et d'un examen approfondi, pour éviter le blocage du rein, et décider de la thérapie ultérieure, ce qui nécessitait une hospitalisation, mais j'ai l'impression qu'elle ne sera pas bien longue. Comme j'ai pris l'assurance russe de base, elle sera gratuite. Et comme mes analyses sont très bonnes, il n'y a pas péril en la demeure, mais enfin il ne faut pas trainer non plus, car avec toutes ces conneries, cela fait presque deux mois que je me promène avec un rein qui ne fonctionne pratiquement plus. Mania a obligemment contacté l'hôpital, car je ne comprenais rien, et une dame m'a aimablement rappelée, j'ai rendez-vous après demain à l'aube, avec escale chez le père Valentin demain soir. Le cauchemar touche à sa fin.
Une amie m'a dit que son fils, atteint de la covid, avait pris de l'ivermectine et de l'azythromycine, il était guéri au bout de deux jours. Ici, on n'utilise plus ces médicaments, sur instructions de l'OMS. On a développé une autre procédure de soins, à base d'antiviraux et d'antibiotiques, cela dure 12 jours, pendant lesquels on s'empoisonne le foie, encore vous soigne-t-on, à la différence de la France. En ce qui me concerne, j'ai perdu 10 jours enfermée au régime, en vue d'un examen qui aurait pu être remplacé par celui qu'on va me faire dans un hôpital normalement équipé, où on aurait dû m'envoyer, dès la crise terminée. Ensuite, je suis me suis retrouvée 12 jours enfermée avec la covid et mon rein malade, à bouffer des tonnes de pilules, au lieu d'être traitée 3 jours à l'ivermectine, et je suis restée encore 15 jours en quarantaine... et on voudrait que je fisse confiance à l'OMS et au vaccin qu'on nous impose avec des méthodes cyniques et brutales? 
Je me fiche de ce qu'on me fera à l'hôpital Botkine, car là, j'ai confiance, j'ai confiance, car c'est un bon hôpital, et que j'y entre par le biais de la solidarité cosaque. De plus j'en ai tellement ras le bol que j'y vais vraiment joyeusement. Nil gardera les chats et Gilles Rita. Et après, terminé. Il ne reste plus qu'à demander l'intercession du saint médecin Pantaleimon.




A propos de l'opération covid et de tout ce qu'elle nous apporte comme malheurs, voici ce qu'écrit et publie Serge Livron:

De la malveillance
Du fait de l’abjection mercantile et sanitaire qui a pris le pouvoir dans les nations occidentales, la pandémie que nous subissons est un triomphe pour la part maudite de l’humain : nous assistons à la fois au triomphe exécrable des kapos, des menteurs, des minables, de la lâcheté, de la bêtise et de la veulerie. Un triomphe qui est exactement de même nature que celui qu'offrent toutes les tyrannies aux collabos et aux aigris. Assujettie par la peur, l'humanité se résume au pire d'elle-même.
Oui, la magnifique gestion de la « crise sanitaire par les dirigeants occidentaux aura eu sur l’humanité des effets effroyables, dont il est hélas à prévoir qu’ils perdureront bien au-delà du moment où toute cette clique aura été désavouée par l’explosion de la vérité – explosion d’autant plus éloignée et tardive que tout ce qu’il y a de plus hideux en l’homme n’a cessé d’être sollicité pour permettre à la charge de mensonges nécessaires aux mercanti qui nous gouvernent de bien asseoir leur sujétion.
Tous les ressorts de la laideur mentale et psychologique auront en effet été sollicités, non seulement en tant que composantes de l’âme, mais en tant que carburant des interactions cognitives et sociales les plus néfastes.
Sous la houlette abjecte de la peur, bien sûr, parce qu’il n’est pas de meilleur moyen de réduire l’intelligence humaine à néant. La peur rend celui qui en est atteint non seulement perméable à n’importe quelle sottise, mais aussi prêt à exercer sur ses semblables toutes les agressions susceptibles de leur nuire, pour peu qu’il s’en sente justifié par son droit à survivre. La violence devient instantanément légitime, dès lors qu’elle permet d’écarter de son chemin celui ou ceux qui menacent son paisible cours. C’est ainsi que nos gouvernants n’ont eu de cesse de terroriser les crédules, à coups de chiffres de décès, à coups de statistiques de risques menaçant la vie de chacun jusque dans son intimité. Mais ils ont aussi réussi à les persuader qu’il était moralement responsable et civique de se faire le petit flic de ses voisins, de ses collègues, et même de sa propre famille. Ils ont introduit la division et la suspicion, les ont récompensées.
Les ayant divisés et affolés, ils ont fait de citoyens qui se croyaient adultes et responsables, des enfants idiots et désespérés – car ils ont aussi aboli l’espérance, et c’est sans doute ce qu’ils ont commis de plus grave et de plus odieux. Et le paradoxe, c’est que chez nous, en France, ceux qui ont orchestré cette monstruosité l’ont fait au prétexte de la bienveillance qu’ils avaient mise à leur programme !
Ayant trompé et rabougri l’intelligence de leurs menaces, ceux qui diffusent et manipulent la peur possèdent du même coup un ressort incassable pour s’assurer dans la durée l’assentiment des imbéciles qu’ils ont dupés : l’orgueil - puisqu’il est impossible à un humain normalement doté de reconnaître qu’il a été trompé mais qu’il a, qui plus est, fait sous lui pendant des mois. Ainsi les dupés s’enfoncent dans l’erreur et le déni jusqu’à préférer voir détruits ceux qui osent les confronter aux conséquences de leur jobardise.
Tout ce qu’on voit triompher depuis dix-huit mois, l’aigreur des incompétents des plateaux, l’incohérence institutionnelle et institutionnalisée, le mensonge assumé et permanent de ceux qui étaient censés nous informer et nous protéger, le chantage, la délation, la félonie de nos représentants - dont la récente abdication de leurs prérogatives par 122 députés supporters du tyran Marron, bref : la trahison de tout l’apanage des vertus humanistes qui ont fondé notre culture, découle de cette manipulation malveillante de l’âme par la peur.
Méfiance et flicage sont devenus les deux mamelles de notre quotidien malade. Dans les lieux publics, les magasins, sur les places et les rues, même, on ne compte plus les interventions hargneuses de citoyens arborant fièrement leur regret de ne pas voir châtiés séance tenante ceux qui refusent le conformisme servile maquillé du faux-nez de « civisme » et réclamé par la hiérarchie étatique - ce monde où nul ne se sent plus coupable de déshonneur puisque chacun s’empresse de revendiquer de n’en être qu’un pion obéissant, : « je me contente de respecter la consigne, moi, monsieur ».
Ainsi l’infection qui règne a gangrené la société et les rapports humains à un point tel qu’elle est capable désormais, de « rouler toute seule » ; et l’on voit effectivement mal comment l’humanité pourra lui survivre, quand elle a laissé le conformisme et l’angoisse la salir jusqu’à tolérer que ses meilleurs serviteurs, les plus utiles contributeurs au bien-être social soient chassés de leurs postes par la volonté arbitraire d’une poignée de manipulateurs incompétents et nocifs. Qu’il suffise de rappeler :
- les médecins et chercheurs bannis de leurs fonctions pour avoir dit ce qu’il ne fallait pas dire, pour avoir soigné avec ce qu’il fallait refuser de prescrire pour ne pas qu’on s’aperçoive que des remèdes sans danger et peu chers sont efficaces, pour avoir cherché à rassurer et à prendre en charge des mourants ;
- les soignants interdits de fonctions parce qu’ils refusaient de se plier à l’obligation de subir une pseudo médication non testée et dangereuse ;
- les sauveteurs qu’on empêche de sauver, pour les mêmes raisons, et alors qu’on a arrêté l’économie des deux tiers des nations du monde en prétextant du danger de saturation de nos capacités de secours et de soin ;
- les enseignants, professeurs des lycées et collèges, poussés à la démission parce qu’on leur demande d’enseigner masqués à des enfants que le masque étouffe physiquement et mentalement ; hommes et femmes dont la vocation est précisément de transmettre à des petits d’homme les outils qui font de l’homme un être de liberté et d’unicité, dont on exige qu’ils les élèvent soudain comme du bétail anonyme ;
- flics, même – pourtant le seul corps professionnel à qui le projet délétère de nos gouvernants fait risette et dont l’avenir prospère, quand celui des autres a disparu – mais qui sont vomis par tous parce qu’ils sont sommés de discriminer et de punir de préférence les citoyens qui sauvent l’honneur de nos valeurs et de laisser courir ceux qui les méprisent.
Les dupes du récit délétère du régime disent en général que l’humanité n’en est hélas pas à sa première traversée du désert, et qu’il y a des exemples pas très vieux d’abominations dont elle a réussi à se relever. Sans doute. Il n’empêche que depuis quelques temps, - trois ou quatre mois, pas plus, - j’entends fréquemment, des vieilles gens ou des personnes que la maladie condamne, me dire ou m’écrire que le monde tel qu’il se dessine leur semble si odieux que l’approche de la mort leur paraît presqu’heureuse! Et je ne suis pas certain que ce genre de pensées ni de propos aient été souvent annonciateurs de lendemains qui chantent.
Si l’avenir advient finalement, ce ne sera certes pas à ceux dont chaque décision, chaque mot, chaque acte le font déchanter qu’on le doit mais, comme toujours, à ceux qui auront su leur résister. Car seule l’espérance sauve l'avenir.


dimanche 7 novembre 2021

33

 

Je comptais aller à l’église et communier, mais j’ai été tourmentée une partie de la nuit par mes cailloux baladeurs, et j’étais exténuée, au matin. J’ai fait l’échographie, et la fille a été très rassurante.Les cailloux étaient petits, trop petits pour être pulvérisés, ils seraient sans doute spontanément évacués, mais il fallait aller voir un urologue normal. Elle m'en conseille un , et à la réception, on nous dit qu’il ne vient plus dans le centre. Elle me conseille une généraliste, elle ne vient plus non plus. «Eh bien cherchez sur internet, à Iaroslavl, ils sont tous très bien. »

Rassurée, j’envoie le compte rendu au médecin de Skountsev. Celui-ci m’écrit qu’il ne comprend pas pourquoi, en étant si rassurante, elle écrit : risque de blocage du rein ? Peut-être pour se garantir. Et puis l'échographie n’est pas ce qu’il y a de meilleur comme examen. Je lui demande si un urologue ne pourrait pas me recevoir dans son hôpital, à Moscou. Il y en a quatre, mais trois d’entre eux ne s’occuppent que des patients en stationnaire. Il va demander l’avis du quatrième demain. Entretemps, je lui ai communiqué les autres analyses. Il les trouve excellentes, pas de traces de complications ou d’infection.

Je ne sais pas ce que dira son collègue demain, mais j’ai de toute façon pris rendez-vous avec l’urologue recommandée par le médecin de l’échographie. Il me faudra attendre une semaine, c’est samedi prochain. Mais apparemment, il ne devrait pas y avoir de catastrophe d’ici-là, quoique les diverses manifestations que je ressens ne soient pas très agréables et plutôt gênantes, plus ou moins selon les jours.

Depuis le début de ces problèmes, je me heurte à des délais, à des atermoiements inutiles, à des gens qui me racontent des choses contradictoires, au surmenage permanent du malade obligé de courir à droite et à gauche. J’ai rencontré Veniamine le Suisse, il m’a dit qu’il ne mettait plus les pieds à l’hôpital de Pereslavl et qu’on était ici très mal soigné. Je m’en étais déjà rendu compte à Moscou, sauf à l’institut Sklifassovski et au centre anti migraine. Mais il faut bien dire que l’excellent système français est méthodiquement détruit par notre gouvernement nuisible et son opération covid. On ne pourra bientôt plus se faire soigner nulle part si on n’appartient pas à la caste des surhommes.

En Russie comme en France, l’application musclée et implacable des consignes mondialistes, s’accompagne de l’apparition répugnante de toutes sortes de cancrelats aux regards fuyants qui réclament à cor et à cri davantage de coercition envers ceux qui rechignent à se faire vacciner, et leur dénonciation systématique, leur traque par des descentes d’agents spécialisés. C’est une étrange chose que ce virus qui se déchaine en Russie, tout à coup, entre les élections et l’homologation par l’OMS du Spoutnik V. Comme pour soutenir la campagne de chantage et d’intimidation entreprise au même moment. Et pourtant, beaucoup de gens sont effectivement malades. Et beaucoup aussi chez les vaccinés. Dany me dit que chez les vaccinés, pas mal de gens sont foudroyés en trois jours. Un de ses amis, guéri de la covid, est mort en trois jours après avoir pris le vaccin en cachette de sa femme.

Je vois passer des pubs exaltant le paradis numérique qu’on nous prépare, où, grâce à la reconnaissance faciale, il n’y aura plus de criminalité, et où la vie connectée sera tellement plus simple. Plus de liberté non plus, ni de crétivité, ni d’intimité, ni de sentiments élevés, ni d’affection, ni de communion. Dieu nous garde de ce « paradis ».

Mon amie Anne m’a envoyé un roman de Kessel, « le tour du malheur », et je le lis avec fascination. D’abord parce qu’il est vivant et bien écrit, et ensuite, parce qu’il décrit un monde encore proche de celui dans lequel je suis née, et dont j’ai vu disparaître les dernières manifestations au cours de ma jeunesse. Des Français comme ceux qu’il décrits, il y en avait encore dans la génération de mes parents, mais dans la mienne, déjà, je n’en ai pas connu. Ses héros, adolescents au début du livre, sont pleins de rêves, d’idéaux, de fierté, et d’orgueil mal placé maladroit et irritant, mais les voilà à la guerre, où l’on a jeté pêle-mêle jeunes intellectuels bourgeois et braves types du peuple, fiers aristocrates à l’âme rongée mais altière, et officiers héroïques, et ils font face, ils sont de bonne race et le démontrent dans l’épreuve. C’est là tout un monde voué à la destruction massive, à la boucherie de la table rase, car il était incapable d’entrer dans les cases des futurs tableaux Excell, un monde que l’on a achevé pendant le conflit suivant et les trente années dites glorieuses, dans la dégringolade de la société de consommation, de sa vulgarité et de sa veulerie. Et malgré le contexte de la guerre, on éprouve une nostalgie poignante de cette société où les jeunes gens pouvaient encore être exaltés, romantiques et courageux, les jeunes femmes féminines, délicieuses, sensibles, aimantes. Que nous avons fait de chemin dans la voie de la perdition, et de façon si rapide, si catastrophique et si irrémediable...

J'ai appris avec joie que le jeune chat orphelin de l'oncle Kolia serait adopté par le meilleur ami de ce dernier. 



chanson sans calcium


 

 

 

mercredi 3 novembre 2021

Peu à peu

 

la maison d'oncle Kolia

Je remonte doucement la pente. Quelqu’un m’a dit qu’on mettait 45 jours à récuperer à partir du moment où l’on est tombé malade. J’ai encore une quinzaine de jours devant moi. Et encore un période équivalente pour être vraiment dans la forme précédente. Cependant, aujourd'hui, je me sens mieux. J'ai fait un test dans un centre de diagnostic payant; il est négatif. Et la polyclinique m'a demandé de leur envoyer la copie, car apparemment, on y a égaré mes résultats...

Il fait gris, humide, froid, avec un épais brouillard matinal. Je devrais me promener, mais cela ne fait pas envie. Aujourd'hui, j'ai eu la visite de NTV, qui m'avait contactée quand j'étais encore à l'hosto. J'avais dit que j'étais malade. On m'a recontactée; on a insisté, on a promis de ne pas rester longtemps. en effet, ils ont été très gentils, avec des questions normales, et ils n'ont pas abusé de la situation. J'ai réussi à chanter deux chansons avec les gousli, j'avais la voix cassée, mais ça faisait plus vécu; 

J’ai regardé une vidéo d’Ariane Bilheran, psychologue clinicienne et docteur en psychopathologie. Elle donne une analyse précise, profonde, complète de ce que j’ai toujours ressenti sur notre époque et ressens plus que jamais, et en particulier des totalitarismes qui en sont la dérive et la marque et dont nous voyons émerger encore une des formes. Elle explique les mécanismes de ces maladies mentales collectives qui, pour s’installer et durer, doivent détruire tout ce qui témoigne des époques plus normales, tout ce que nous ont légué nos ancêtres et auquel nous devons en principe apporter notre contribution pour les générations futures au lieu de tout détruire, de « faire table rase », et introduire la confusion dans tous les liens familiaux, intergénérationnels, intersexes et jusque dans notre langue. La seule parade lui semble dans la conservation de tout ce que nous pouvons sauvegarder de notre héritage culturel et spirituel, et c’est également comme cela que je vois les choses. Elle n’est pas optimiste sur l’issue. Moi non plus, malheureusement, encore que le pire n’est pas toujours certain, mais elle pense qu’on doit le faire de toute façon.



Quand à Karine Bechet Golovko, elle observe des phénomènes encourageants au sein de la population et c’est sur elle que nous comptons pour éviter de basculer dans l’engrenage occidental. Une fois enclenché, un tel engrenage est difficile à arrêter. Malheureusement, beaucoup de gens, ici, ont gardé des réflexes totalitaires. Mais cela ne les met pas forcément du côté de ce qu’on veut nous imposer maintenant. Et beaucoup de gens, en revanche, sont vaccinés contre le totalitarisme, alors que les Français ont été tellement habitués à la licence qu’ils ne l'ont pas vu venir.

http://russiepolitics.blogspot.com/2021/11/russie-le-confinement-de-trop.html

Je pense que mes angoisses ont été extrêmement aggravées par ce contexte. J'ai lu aujourd'hui les imprécations d'un individu qui appelle a terroriser les gens pour les obliger à se faire vacciner, comme en France et partout ailleurs, un psychopathe malfaisant. Les adeptes de la dictature covidienne et de la piquouze rituelle sont d'une agressivité qui confine à l'hystérie. Mais je prends de plus en plus l'habitude de prier. Sans doute Dieu m'a-t-il amenée à vivre tout cela pour en arriver là. 


lundi 1 novembre 2021

trop tard

 


Nous avons eu deux journées magnifiques, je suis allée m’asseoir dans le jardin, j’ai même dessiné la maison du défunt oncle Kolia, sous son capuchon rouillé. Le vent faisait doucement bruire les roseaux, le soleil jouait dans les corolles mauves des asters, les ombelles veloutées du sedum, d’un rose fané de robe ancienne  . Les mésanges venaient tourbillonner dans les branches nues du poirier où j’ai accroché leur mangeoire. On aurait pu croire que le printemps approchait ; quel merveilleux cadeau que ces quelques jours, dommage que j’ai quand même assez vite froid, car s’il fait doux pour la Russie, je dirais que la température est celle du mois de décembre dans le midi de la France.

Hier, d’un seul coup, cette horrible état d’angoisse m’a quittée. Le matin, je suis allée jardiner. J’ai déplacé un ou deux arbustes, sans surmenage. J’ai vu que je tenais le coup, et de m’activer à l’air libre, dans la terre, m’a fait du bien. J’espère que j’ai bien calculé les emplacements pour que tout le monde puisse pousser harmonieusement et me cacher les allées et venues du joyeux voisin.

En revanche, le soir dans mon lit, j'étais assaillie de remords, d'idées noires. Ces remords, je les traîne depuis longtemps, et les traînerai jusqu'à ma mort, mais je sais que leur retour virulent n'est pas normal, ce sont des attaques contre ma paix intérieure qui sont destinées à me faire plonger dans l'acédie. Je me culpabilise absolument pour tout. Et c'est vrai que j'ai parfois fait de lourdes erreurs, mais nous ne sommes pas des surhommes. Et puis quand on ne peut plus rien y changer, il ne faut pas que cela devienne un acide qui nous ronge. Cela concerne essentiellement mes animaux et ma mère. Je pense souvent à cette phrase du métropolite Antoine de Souroj: "L'enfer peut se résumer en deux mots: trop tard".

Au matin, j'ai prié, j'ai lu mon cathisme des psaumes, j'ai même ajouté un peu de prière de Jésus. Au fond, ce malaise, c'est quelque chose que je dois vivre pour avancer, et j'avance pas à pas, sans regarder trop loin. J'ai tout à coup senti que j'étais aidée, que Dieu réconcilierait tout et que je passais à un autre niveau, celui de l'humain, qui est Un, et que je contribuais à le racheter. Chaque fois que je prie, comme je m'assieds partiellement parce que je suis encore fatiguée, Rita vient sur mes genoux. Que Dieu m'accorde d'enterrer tous ces petits êtres qui dépendent de moi.

Je n'ai toujours pas les résultats de mon test, on m'a dit ce soir après quatre heures. A tout hasard, je suis allée en faire un payant dans un centre de diagnostic, car j'en ai assez d'être coincée. Je suis toujours fatiguée, mais je voudrais au moins pouvoir faire normalement des courses, des examens médicaux, et voir des amis.