Mes sept citations préférées des homélies du métropolite Onuphre
Primat de l’EOU sur la fidélité, le Tomos de Dieu
Par l’archiprêtre Vladimir Viguilianski
L’HOMME DE L’ANNEE
C’est sans conteste sa Béatitude le métropolite Onuphre, un
homme humble , mais indomptable, libre mais audacieux, intréide ais craignant
Dieu, doux mais inflexible, désintéressé mais fidèle à Dieu etl’Eglise, ouvert mais responsable de son
troupeau.
On publie sur la toile de nombreuses citations de ses
homélies, mais voici celles qui me plaisent le plus :
Si même il ne restait sur la terre qu’un seul homme fidèle
au Seigneur, il aiderait par son existence ces fous qui se sont éloignés de
Dieu.
Il y eut beaucoup de dirigeants, beaucoup de philosophes, de
sages qui se trouvaient sans cesse sur le champ du service social, et s’exposaient
chaque jour pour le monde, déclaraient leurs pensées, leurs désirs, le monde
les a déjà oubliés depuis longtemps. Mais les saints, qui vivaient dans le
désert et aimaient Dieu, qui priaient pour ce monde, l’humanité s’en souviendra
éternellement.
Aucun péché ne peut triompher de l’homme s’il est baptisé et
s’efforce de vivre avec Dieu, s’il prie et si, ayant péché, il se repent ;
il se corrige, il travaille sur lui-même, s’oblige à faire le bien, d’un tel
homme personne ne peut triompher.
Si nous ne pardonnons pas à celui dont nous supportons les
offenses, alors Dieu ne nous pardonnera pas. Pas parce que Dieu ne veut pas
nous pardonner, mais parce que celui qui ne peut pardonner est plein de haine,
et ne peut faire place en lui-même à la grâce que Dieu veut lui donner…
Nous devons recevoir le Tomos de Dieu, pour qu’il nous donne
le pardon de nos péchés.alors nous serons libres.
Le Christ est le chef de l’Eglise et nous n’en sommes qu’une
partie. Aucun homme ne pêut rempalcer Dieu. C’est pourquoi nous devons nous
rappeler une vérité simple : on peut entrer dans l’Eglise, on peut en
sortir, mais on ne peut pas la créer, autrement ce sera déjà une autre Eglise,
qui ne sera pas du Christ.
J'ai traduit cet article de l'Union des Journalistes Orthodoxes, parce qu'il exprime exactement ce que je ressens, depuis que j'ai suivi sur facebook, travers les récits, témoignages et commentaires des participants, les processions panukrainiennes du métropolite Onuphre, qui m'ont convaincue de sa grande élévation d'âme, de son immense amour, de son rôle providentiel et de l'élan spirituel extraordinaire de l'Eglise d'Ukraine, dans un pays par ailleurs entièrement livré aux démons.
Son actuelle fermeté, en dépit de toutes les persécutions, des
tentatives d’intimidation, de corruption, lui ont définitivement donné la place de point de rassemblement de tout ce que Ukraine a de meilleur.
On peut entendre : « Nous
ne nous attendions pas à ce que l’Eglise Ukrainienne se conduisît avec autant de
dignité ! » Mais il n’y a là rien d’inattendu, en réalité. Elle a
derrière elle, en plus de la vie difficile de l’époque soviétique, sa lutte avec
la bande de Philarète, les persécutions du côté des gréco-catholiques uniates,
le glissement dans le schisme d’une partie importante de ministres du culte
indignes et de laïcs indifférents.
L’avenir de l’EOU a été définitivement déterminé au moment où
monseigneur Onuphre a été élu métropolite de Kiev. Les pères, bien sûr,
comprenaient ce qu’ils faisaient et où ils allaient. Je rêvais moi-même, en
2009, que monseigneur Onuphre deviendrait notre patriarche, car je ne connais
pas, parmi tous les hiérarques de l’Eglise Russe, d’homme plus solide, plus courageux
et respectueux de la tradition patristique. Je me souviens d’un moment
anecdotique de cette période. L’un des activistes moscovites de l’Eglise a
brusquement déclaré que monseigneur Onuphre ne pouvait être patriarche parce qu’il
était indifférent à Internet. Le plus remarquable est qu’on ne trouva pas d’autres
arguments. Il se passa cinq ans et il devint clair qu’une toute autre place
avait été préparée à monseigneur.
A partir des processions panukrainiennes, l’Eglise Ukrainienne se
révéla la seule force saine et adéquate dans le pays qu’on n’ait pas réussi à
faire passer dans la clandestinité. Sa fermeté actuelle, en dépit de toutes les
persécutions, des tentatives d’intimidation, de corruption, lui ont
définitivement donné la place de point de rassemblement de tout ce que Ukraine a de meilleur.
Bien sûr, nos frères et sœurs aimeraient tant voir passer cette
coupe loin d’eux. Je me souviens d’un prêtre de Ternopol qui me racontait en
2015 comment les orthodoxes s’apprêtaient à défendre leurs églises. Il n’y
avait dans ses paroles aucun pathos, il ne se répandait pas en slogans
politiques, il partageait les petites scènes de la vie dans la piété de sa
communauté. A un moment, il s’est enquis si je ne l’enregistrais pas sur un
dictaphone.
- Non, dis-je dans un sourire, père, je n’enregistre pas, je
comprends tout.
Il avait très peur, mais c’était
la peur d’un homme qui prépare son arme pour le combat avec des mains
tremblantes, ne pensant pas à fuir. Quand j’entends « ukrainien », je
ne vois pas la foule de salauds qui par avidité, vanité, haine ou bêtise ont
trahi leur patrie. Je vois devant moi le magnifique visage des chrétiens
ukrainiens que j’observe depuis très longtemps, depuis l’aube des années 90.
le thuya du centre était comme celui de droite quand je l'ai mis il y a 2 ans
La
neige est enfin tombée, je regardais cet après-midi mon thuya, la neige lui va
bien, et quand il sera plus touffu, ce sera vraiment joli. Je l’ai planté il y
a deux ans, il était de la taille du copain que je viens de lui adjoindre. Mais
il a énormément changé cet été. Il a dû prendre cinquante centimètres, et il a
épaissi. Je pense que d’ici deux ou trois ans, mes trois thuyas commenceront à
masquer la maison du voisin et toutes les épaves qui sont devant. Je les ai plantés comme les cyprès dans le midi, façon haie, et ne les taillerai
pas. Je n’aimais pas trop les thuyas, en France, et même ici, je trouvais que
cela faisait prétentieux, que ce n’était pas un arbre russe, cependant, ils
poussent bien et vite, dans mon marécage, ils ne viennent pas trop haut sans
prendre trop de place, et ils restent verts.
Les
oiseaux envahissent le poirier où je les nourris. Cela fait comme de petits
fruits qui voltigent. J’ai encore quatre mois de neige devant moi, mais je
pense souvent que ceci va pousser, et cela s’étoffer, et qu’il faudrait encore
planter ceci et cela.
Rosie
n’est pas revenue depuis trois jours. Elle a passé deux nuits dehors, je n’ai
vu de cadavre nulle part. Je crois très possible qu’on lui ait fait la peau. La
dernière fois que je suis allée me promener avec elle, un bonhomme a fait
allusion au fait qu’elle devrait être en laisse, à la chaîne, en cage. Mais je
ne peux pas faire cela, pour elle ce ne serait pas une vie et pour moi non
plus. Il y a des gros chiens qui sont obéissants, mais Rosie n’en fait qu’à sa
tête. Je n’ai aucun contrôle sur elle. Ca va bien qu’elle est équilibrée et qu’elle
n’est pas agressive, mais enfin, il ne faut pas essayer de la forcer à faire
quelque chose, elle se retourne facile.
La
veille de sa disparition, elle était arrivée en boitant, et dans la soirée, j’ai
vu qu’elle avait mal. Je lui ai donné un médicament, et elle a dormi
paisiblement. Au matin, elle avait de nouveau mal. Je lui en ai donné un autre.
Une heure plus tard, elle cavalait dans le jardin et dans la rue sur ses quatre
pattes, sans problème et j’ai pensé qu’elle n’avait rien de cassé et que ce n’était
pas la peine d’aller chez le vétérinaire, ce qui avec elle est très compliqué,
car elle ne veut pas monter dans la voiture, et si elle a mal quelque part, on
ne peut pas la toucher... Je ne l’ai pas revue depuis.
Elle
est connue comme le loup blanc, et beaucoup de gens l’aiment bien, mais elle
fait des conneries et elle est impressionnante.
Elle
est complètement au dessus de mes forces et de mes compétences, mais je me
traîne un cafard terrible, car cette catastrophe ambulante est juste un animal
encore très sauvage, très libre, très puissant et assez noble, avec lequel il
faudrait établir des relations de meute et vivre dans un endroit reculé, sans
fanatiques des chaînes et des cages, enfin un ermitage dans la taïga...
C’est
curieux, je me sens de mieux en mieux, ici, je me sens à ma place, mais je me sens quand même à l’étranger, un étranger qui m’est cher, qui
m’a fascinée toute ma vie, que je me suis approprié, mais je n’y ai pas grandi.
Là où j’ai grandi, tout était bien différent, et ce pays où j’ai grandi pourrait bien mourir, assassiné par la pieuvre financière et impérialiste
transnationale. Je ne peux plus écouter de chansons françaises des années 50,
avant la pénétration massive de sous-culture amerloque de merde, cela me fait
fondre en larmes: Cora Vaucaire, Brel, Brassens, Ferré, Trenet, Nougaro... Je pense à Annonay et Pierrelatte de mon enfance, aux gens
qui m‘entouraient, à ceux que je voyais dans les campagnes et les magasins. A mes proches qui n’auraient jamais imaginé
que j’assisterais à des choses pareilles dans ma vieillesse, cette profonde destruction de notre culture, de notre identité, de notre tissu social, une destruction malveillante et acharnée.
Savoir
si le mouvement des gilets jaunes qui s’étend en Europe va nous débarrasser de
la pieuvre et de ses projets ténébreux
inhumains ? Si l’on parviendra à empêcher le traître Macron de signer le
traité de Marrakech et de nous livrer à un déferlement migratoire qui nous
effacera complètement de l’histoire et se concluera par un génocide façon Afrique du sud? Car il faut vraiment être neuneu pour penser qu'il puisse en être autrement... cela fait longtemps que tous mes indicateurs sont au rouge et que je joue les Cassandre.
Cet
après-midi, j’ai vu une vidéo prise à Paris qui m’a fait chaud au cœur :
rue saint Antoine, les manifestants dansaient sur ma valse russe préférée,
« les tranchées de Mandchourie ». Le mépris et la haine convulsive
que déclenchent ces braves Français sortis de leurs gonds chez la caste,
et ses courtisans du spectacle, de la presse, des éditions, sont absolument hallucinants,
et d’ailleurs, si je ressens cela depuis des années, depuis pratiquement ma
jeunesse, cette haine féroce de la France chez le bobo, comparable à celle des bolcheviques
d’il y a cent ans, ou des libéraux actuels, pour la Russie, c’est une découverte
pour le bon franchouillard, je vois qu’il n’en revient pas . Tant mieux. Les masques
tombent, et c’est sain.
Le patriarche Bartholomée prévient sa Béatitude (Onuphre) qu'en cas de refus de participer au "Concile", du point de vue du Phanar, il cessera d'être métropolite de Kiev:: «vous nommant par économie et indulgence Votre Sainteté le Métropolite de Kiev, nous vous déclarons que tout de suite après l'élection d'un Primat de l'Eglise de Kiev avec la participation du clergé et du peuple, d'un point de vue ecclésial et canonique, vous ne pourrez plus porter ce titre que, d'une façon ou d'une autre, vous gardez aujourd'hui en violation des résolutions des textes officiels de 1686".
Cette
lettre arrogante à un saint homme, dont les hiérarques sont l’objet de
persécutions qui rappellent au plus haut point celles des années 20 et 30 et
sont, à mon avis, dans la droite ligne, je n’ai plus eu aucun doute sur le caractère
infâme du consortium Bartholomée, Porochenko et Philarète associated, dénommé « concile
de réunification pour l’Eglise locale d’Ukraine ». Cette arrogance,
jointe à la reconnaissance du grand vizir Iznogoud des banderistes ukrainiens m'ont dégoûtée définitivement.
J’ai écrit au métropolite Onuphre pour lui manifester mon soutien et celui du
groupe que j’ai fondé il y a quelques temps, c’est ma réponse.
Celle
du métropolite et de ses hiérarques est de renvoyer cette lettre, cette convocation, sans un mot,
dans une enveloppe scellée, à son expéditeur, au Phanar.
Ceux qui prétendent que ces persécutions n'ont pas lieu en répondront devant Dieu.
Votre
Béatitude !
Nous
avons ouvert un groupe de soutien pour vous et vos fidèles.
Notre but est d’informer
les gens, surtout orthodoxes, sur les conséquences du Tomos.
Je
vous demande vos prières, pour moi, pour les membres du groupe et pour les orthodoxes
qui s’égarent derrière le patriarche Bartholomée. Je vous suis personnellement
très reconnaissante, ainsi qu’à vos hiérarques, de rayonner si fermement de foi
et d’amour dans les ténèbres où nous nous trouvons. Comme une bannière placée
par Dieu au sein de la diablerie pour nous donner orientation et espoir.
Depuis
votre procession panukrainienne, j’ai découvert le grand élan spirituel des
croyants ukrainiens et compris que puisque Dieu vous avait mis à leur tête, Il
ne les avait pas abandonnés.
Mais
pour nous aussi vous êtes devenu un espoir et un signe. Il est si évident que
le Christ n’est ni avec le patriarche Bartholomée, ni avec Philarète, qu’il n’y
a aucun doute : la véritable Eglise, c’est celle où vous êtes, et nous
savons qui vous offense et vous persécute. A celui-là, nous ne voulons pas
avoir affaire. Heureux l’homme qui ne se rend pas au conseil des impies.
Que
le Seigneur vous garde, vous et monseigneur Luc, monseigneur Vladimir,
monseigneur Paul, monseigneur Pimène, monseigneur Longin, et tous les clercs et les croyants d’Ukraine. Nous prions pour vous.
Priez
pour notre malheureuse France.
Я прошу Ваши молитвы для себя, членов группы
и заблюдавших за патриархом Варфоломеем православных людей. Я лично очень Вам и
Вашим иерархам благодарна, что в такой тьме, где мы все находимся, Вы так
твердо сияете верой и любовью. Как хоругв поставлен Богом в бессовщине, чтобы
нам дать ориентир и надежду.
С времен Вашего всеукрайнского крестного
хода, я открыла удивительный духовный подъем украйнских верующих и поняла, что
раз Господ Вас ставил на главу их Церкви, значит, он их не покинул.
Но Вы стали и для нас пример и знамение: так
очевидно, что не с Варфоломеем и Филаретом стоит Христос, и нет сомнений: где
Вы, там истинная Церковь и мы знаем, кто Вас обижает и преследует. С ним не
хотим иметь дела: блажен муж, иже не идет на совет нечестивых.
Да хранит Вас Господ, Вас и владыку Луку,
владыку Владимира, владыку Павла, владыку Пимена, владыку Лонгина и всех
клириков и верующих Украйны. Молимся для Вас.
Les clercs du diocèse de Rovno convoqués par le SBU et accusés "d'alimenter la
haine interconfessionnelle" afin de les obliger à participer au "Concile".
J’ai
organisé un concert de folklore en face du café français, dans la succursale « japonaise »
du tadjik Bekhrouz, qui cuisine remarquablement bien. Sont venus Dima et Sergueï, et quelques autres, des jeunes
femmes. Ils ont essentiellement chanté a capella un répertoire très
ethnographique en expliquant tout cela à l’assistance. J’ai été émue par l’évocation
du village de l’Oural où Dima a grandi et pu entendre ce qui a disparu de tous
les environs de Pereslavl : des chants qui s’élevaient ça et là, par les
rues et les prés. J’aimais beaucoup ma datcha, et tous les sons que j’y
entendais, les oiseaux, le vent, le spectacle des nuages russes fantastiques et
de cette étrange église de la même couleur que le ciel qui semblait toujours
prête à s’envoler, mais aucun chant humain ne s’élevait plus à Krasnoïé, à part
la radio du voisin le week-end, qui bétonnait tout sous une musique de
merde.
Il
nous a expliqué que les chants s’étaient formés et fixés entre le XVI° et le
XVIII° siècle, bien qu’ils soient souvent beaucoup plus anciens. Chose que j’ignorais,
les poèmes littéraires de Pouchkine ou Lermontov passaient dans le répertoire
populaire, car les paysans recevaient les journaux et très naturellement,
prenaient ces poèmes dans leur répertoire en les chantant sur leurs mélodies
traditionnelles, dans la lignée de tout ce qui avait précédé. De sorte que ce « peuple
obscur » bénéficiait non seulement de son héritage oral ancestral mais s’appropriait
la production littéraire de Saint-Pétersbourg…
Le
matin, à l’église, exhortée par le père Constantin, j’ai arrêté l’évêque qui
voguait majestueusement vers la sortie, en distribuant des bénédictions, pour
lui parler de mon désir de favoriser des manifestations folkloriques et l’apprentissage
du folklore, et il a demandé à sa secrétaire de prendre mes coordonnées. Il est
très majestueux, mais d’une grande douceur, quand on s’adresse à lui. Il n'y a plus que dans l'Eglise que l'on peut voir des princes.
La
secrétaire s’appelle Nathalia, elle vient de Sibérie, elle a six enfants, des
chèvres, des poules, un potager et nous avons sympathisé.
A la
fin du concert, j’ai chanté un vers spirituel et les marins de Groix, du coup
Dima envisage de faire une séance chants de marins russes, chants de marins
français. J’ai été très touchée par une jolie serveuse du café français
qui m’avait d’abord déclaré, à ma grande et agréable surprise, quand j’étais
venue acheter un gâteau : «Que vous êtes belle, aujourd’hui, je ne peux
détacher mes yeux de vous ! » et qui est venue me complimenter sur
mes chants avec la même ferveur ! Qui plus est, le jeune serveur du restaurant
japonais m’a demandé la permission de m’embrasser !
Dima
m’a appris qu’il y avait un centre de folklore à Serguiev Posad, à 50 km d’ici,
et que je pouvais venir pratiquer et apprendre là bas, la jeune femme qui s’en
occupe, Nastia, m’a donné ses coordonnées. Cela a lieu le dimanche soir. C’est
quand même plus proche et plus simple que d’aller à Moscou, et rien ne m’empêche
d’aller prendre un cours particulier avec Skountsev de temps en temps. D’ailleurs,
quand je recevrai ma vielle « sophistiquée », celle qui est dans mon
déménagement, j’irai quelques jours en Carélie, où son fabricant, Vassia
Ekhimov, doit faire quelque chose dessus, et j’en profiterai pour lui demander
un stage, afin de maîtriser complètement l’entretien de cet instrument
capricieux.
Ilya Mouromets vogue sur son navire-faucon vers
les rivages turcs. Byline chantée par Dima Paramonov
Les marins de Groix, enregistrés dans ma cuisine,
à Moscou, par Sérioja
Il
y a un centre aussi au village de
Davydovo, c’est plus loin. Mais cela me donne l’espoir de lancer quelque chose
ici. Avec des intervenants qui viendraient régulièrement et d’autres de façon
occasionnelle. Tout l’été, il y a la famille Joukovski, à 40km d’ici, qui
pourrait venir faire des stages, ils ont une grande habitude du travail avec
les enfants. Dima pourrait venir faire
des soirées chant épique et des stages, et aussi Skountsev et son fils…
Dernièrement, une collaboratrice du musée local a posté des photos de jouets traditionnels du musée du jouet de Serguiev Posad. Ces jouets fabriqués sur place, sans doute par des membres de la famille, des sifflets en terre, sont de petites oeuvres d'art, pleines de tendresse et d'émotion. Comment peut-on prétendre que les enfants d'alors, qui avaient de tels jouets, qui entendaient de tels chants, pratiquaient de telles danses, vivaient dans la beauté, en lien avec la nature, n'étaient pas beaucoup plus et mieux développés que leurs descendants maussades et braillards accros aux écrans, abrutis dès le ventre de leur mère par des sons techniques agressifs et des musiques vulgaires fabriquées en série, entourés de jouets en plastique affreux, parqués dans le béton?
Vassili
Tomachinski était venu, avec sa femme Liéna, de Borissoglebsk, et nous avons dîné
ensemble avec des poissons du nord apportés par le père Constantin. Il est
amateur de poissons du nord comme certains méridionaux le sont de truffes ou
les pêcheurs de Sète de daurade. Il a grandi dans le nord, le grand nord, nuits
polaires et aurores boréales.
La révolte des gilets jaunes est tardive et violente : l’histoire de la taxe sur le carburant a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, et les yeux s’ouvrent aussi, sur la malfaisance d’un pouvoir insaisissable, tentaculaire, sur la haine et le mépris qu’avec ses courtisans des médias et du spectacle, il nourrit et exprime pour le peuple français, ce peuple qu’il rêve de remplacer par ses clients allogènes. Renaud Camus compare l’Europe à un vieil appartement qui garde des restes d’élégance, et dans lequel on commence à installer n’importe qui, un appartement communautaire. Cette comparaison m’était déjà venue à l’esprit. Ce qui se passait au niveau de l’empire russe se produit au niveau de toute l’Europe, et sous le signe du capitalisme libéral à la place du capitalisme d’état, mais c’est dans la droite ligne. J'ai le cœur fendu, quand je vois de braves gens qu'on n'aurait jamais imaginé voir descendre dans la rue, ils n'ont habituellement ni le temps, ni la mentalité, se prendre dans la figure des jets de gaz et des projectiles en caoutchouc qui leur font des plaies terribles. On voit à leur regard qu'eux-mêmes n'en reviennent pas, ils découvrent l'étendue du mal et de la duplicité dont ils sont victimes.... Et toujours les mêmes calomnies, les mêmes coups fourrés organisés par cette caste ignoble qui mène la France et le monde à leur perte...
Il me semble que c'est sur des membres de ma famille que s'exerce cette brutalité, que se déversent cette haine, ce mépris, ces mensonges.
Ilya n'ayant pas répondu avec enthousiasme à mon appel du pied récent, j'ai écouté les conseils de Bekhrouz, le Tadjik qui cuisine (très bien) japonais, et me suis adressée à Saïd (autre Tadjik) qui emmenait Alek (autre Tadjik) à Yaroslavl faire la tournée des certificats médicaux pour transformer le permis de résidence temporaire en permis de résidence permanente. J'avais rendez-vous à cinq heures du matin, près du magasin "Votre maison", peint en jaune et bleu façon Ukraine, je ne sais pas si c'est un hasard. Les Tadjiks sont arrivés une demie heure en retard, parce qu'ils avaient pété une roue sur la route. L'idée m'a effleurée de leur proposer de partir avec ma voiture, mais j'ai pensé que le prix de l'expédition comprenait le trajet et que cela risquait de tout compliquer.
Je ne m'étais pas habillée trop chaudement, car en général, dans les voitures, le chauffage est poussé à fond. Eh bien pas de chance, dans celle-ci, il ne marchait pas des masses. De plus, Saïd fume, et se croit obligé d'ouvrir la fenêtre en permanence; par ailleurs, qu'elle soit ouverte ou fermée n'empêchait pas les vapeurs d'essence de stagner dans le salon. De plus, le moteur semblait à l'agonie.
Dans chacun des dispensaires visités (narcologie, radio des poumons, prise de sang Sida, maladies vénériennes), le personnel présent m'a gracieusement accueillie de: "Mon Dieu, mais quel vent vous amène de France jusqu'ici?" Ce fut très long, très fastidieux, et à l'issue de tout cela, vers une heure de l'après-midi alors que je crevais la dalle, les Tadjiks ont passé trois quarts d'heure chez une juriste en me laissant geler dans la voiture.
Après quoi, ils ont insisté pour me faire rencontrer la juriste. On m'avait dit que je n'aurais plus besoin que de produire, à Pereslavl même, les certificats médicaux que je venais de récolter, d'après elle, ce n'est pas aussi simple, sans être insurmontable, mais bon... ras le bol.
Sentant qu'il fallait faire quelque chose et eux-même affamés, les Tadjiks m'ont emmenée dans un restaurant tadjik, d'ailleurs très bon, et très bon marché. Alek m'a expliqué qu'il était très content de sa femme, qu'elle était un peu masculine et jurait comme un charretier, mais tenait bien la maison, et qu'il n'en trouverait pas de meilleure. Il m'a dit qu'il n'avait pas fait d'étude, mais payé celles de tous ses frères et soeurs, parmi lesquels il y avait à présent plusieurs médecins, et qu'il ferait la même chose pour ses enfants. Il m'a vivement engagée à faire une cure en Ouzbekistan pour mes rhumatismes...
La fichue voiture a fini par caler sur l'autoroute, dans une zone de travaux. Un bonhomme en camionnette nous a remorqués un certain temps avec une corde et je n'en menais pas large. Je ne suis pas pressée de mourir et je souhaiterais avoir le temps auparavant d'enterrer mes divers chiens et chats. Enfin, le moteur est reparti façon tacot de Gaston Lagaffe. Du coup, même pour prendre de l'essence, on le laissait tourner!
J'ai retrouvé Pereslavl avec une joie immense. Et Rita, que j'avais laissée seule toute la journée pour la première fois, m'a témoigné l'équivalent, avec un enthousiasme débordant.
Dans les moments où je ne me faisais pas de souci pour la voiture, je songeais à la dernière provocation de Porochenko contre les Russes, à cet abominable chaudron de sorcière où restent coincés le métropolite Onuphre et ses fidèles, face à des gnomes qui m'évoquent encore beaucoup plus, malgré leur folklore banderiste conservé dans les diasporas des USA et du Canada, les bolcheviques des premières décennies que le nazisme proprement dit. Je pensais aussi à nos gilets jaunes, dont la révolte, contrairement au Maïdan des gnomes précédemment cités, n'a pas été bricolée par les USA et les mafias transnationales, mais s'est déclenchée contre eux, et contre les satrapes de l'Europe à leur service. C'est pourquoi ils deviennent, exactement comme le Donbass, victimes d'une désinformation active, ignoble, de calomnies éhontées, et découvrent toute l'étendue des compromissions de la presse avec le pouvoir. Ces gilets jaunes sont tout ce que j'aime bien en France, des gens simples, honnêtes, qui manifestent du courage, de la mesure, de la gouaille, et sentiment bien français, de la pudeur.
Ce matin à l'aube, je sors Rita, en chemise de nuit sous ma doudoune. Il a neigé, trop peu, mais quand même, un voile blanc s'étend partout, le vent souffle en rafales, la nuit est encore profonde, avec des nuées qui glissent dans l'air pur, et à l'est une lueur, et l'étoile du matin, si brillante et si solitaire... Rita apprécie la neige et jappe, Rosie la rejoint, essaie de jouer, mais elle est si grosse, et elle ne sait pas faire attention, donc elle se fait engueuler par Rita, comme elle l'est régulièrement par moi, et pour les mêmes raisons...
J'essaie d'aller me promener le soir avec elles deux, elles s'entendent bien, malgré la différence de taille et de style. Je vais regarder, comme la chevrière Nadia, le somptueux spectacle du coucher de soleil que Dieu nous prépare tous les jours, et il est tous les jours différent. Hier, le soleil se couchait d'un côté, la lune se levait de l'autre, une lune vraiment énorme, d'un jaune miroitant dans un ciel mauve.
Ce soir, après une journée ensoleillée, le ciel tirait sur lui une grande couverture de nuages, au travers de laquelle il brillait et chatoyait encore, le couchant était un gouffre de feu, un feu énorme et sans chaleur.
J'aime les rayons sertis dans le toit de la baraque en ruines, ce cloisonnement de poutres noires et ces vitraux changeants qu'elles détachent et soulignent. On la dirait rongée par des insectes radieux. Une décomposition céleste.
Sous les nuées, la lumière fuse et frappe les fenêtres qui se mettent à brûler du même éclat doré et pourtant glacial, elle irradie les arbres et les pentes brunes de l'ancienne berge du lac, j'aperçois la chapelle commémorative du monastère disparu, qui était consacré à Boris et Gleb; comme ce serait beau, s'il était encore là, quand la gloire solaire déferle sous la voûte bleue ...
Mais il n'est plus là, je regarde les tombes au pied de la croix, tout ce qui reste du cimetière, profané avec indifférence.
La beauté se retire inexorablement du monde mais mon âme la retient, un fragment ici, un fragment là, et compose son kaléidoscope éternel, celui qu'elle emportera, là où la rouille ne corrompt pas et où le ver ne ronge pas.
Ce vent très froid, et son murmure à mes oreilles, me rappelle celui qui m'accompagnait au petit matin sur le chemin du lycée et me faisait rêver de la Russie, parce qu'il arrivait du nord, libre et sauvage, et, lui aussi, semait des étoiles et lançait des rayons.
De la neige, beaucoup plus rarement....
C'était il y a longtemps. Mais je retrouvais ma jeunesse intacte, elle reste toujours intacte, c'est sans doute elle qui finit par laisser ce corps, qui ne lui correspond plus, pour partir avec les ailes qu'elle s'est donné se perdre dans le gouffre qui l'attend.
Un jour, je revenais avec maman de l'hôpital, et le mistral soufflait, les nuages déployaient de telles architectures, au dessus des collines de la vallée du Rhône, qu'elle avait tout à coup soufflé à mes côtés: "On dirait la porte du paradis..."
Oui, la porte du paradis, celle de la beauté inaltérable, de l'amour insondable et de la mémoire éternelle...