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mardi 20 octobre 2020

Balalaika

 


Oulianovsk est une ville agréable et l'on sent qu'elle a un climat sain, venteux, lumineux. Elle garde quelques vieux quartiers, des maisons de marchands, mais le fait d'avoir donné naissance à Lenine lui a valu d'être épurée de toutes ses églises qui étaient nombreuses, la Sainte Russie ne devant pas faire concurrence au Meilleur des Mondes dont il était le gourou implacable. La ville marchande de Simbirsk, qui l'a précédée, devait avoir un charme infini. 

Avant de la quitter, je suis allée visiter la fabrique des Balalaikers. Elle est assez importante et il y règne une très bonne atmosphère de collectif amical et uni, quelque chose comme un "artel" d'autrefois. À ma grande confusion, je me suis vu offrir une balalaika du modèle "muguet bleu" conçu par Genia, d'une couleur maritime qui ira bien avec les murs de mon atelier. Genia à caractérisé mon intérieur comme de style provençal de Pereslavl.

Me voilà désormais obligée d'apprendre aussi à jouer de la balalaika, en plus de la vielle, des gousli et de l'accordéon diatonique du père Dupont, on peut dire que j'ai du pain sur la planche. Du reste, Dania m'a instantanément donné un cours, avec le café. Nous avons conçu le projet de proposer au café français de fêter Noël grégorien avec un petit concert franco-russe.

Sans doute est-ce la volonté de Dieu que je me consacre à la promotion de la musique traditionnelle au milieu de la débâcle de tout le reste, c'est ce que font, sans se stresser, nos joyeux balalaikers. Avec même des incursions dans des utilisations contemporaines des instruments ancestraux.

Je suis profondément heureuse d'avoir retrouvé ceux que je connaissais et rencontré ceux que je ne connaissais pas. Car c'est une excellente compagnie de gens jeunes, motivés, sains qui font œuvre utile et j'appelle sur eux la bénédiction de Dieu.

J'ai d'ailleurs observé que le folklore était à l'honneur dans la ville d'Oulianovsk, où on fait la publicité d'ensembles locaux, d'ateliers d'artisanat traditionnels. 

Nous avons ensuite fait route vers Nijni-Novgorod à travers les steppes de la Volga, des terres noires dont la profondeur veloutée mettait en valeur la transparence dorée des bois de bouleaux et de feuillus. Nous traversions d'immenses espaces très ouverts, avec du vent et des nuages, des ombres bleues, des giclees de lumière, et je savais que ces couleurs étaient les dernières de l'année car il a déjà neigé à Pereslavl. Les agglomérations étaient clairsemées et terriblement laides et banales, débarrassées probablement de leurs maisons traditionnelles et toutes les églises que j'ai vues étaient neuves, c'est déjà bien qu'on les reconstruise....


Ici la vidéo de l'ouverture du musée de la balalaika :https://m.vk.com/wall-55702591_2313

les balalaïkers

 

mes retrouvailles avec Sérioja


samedi 17 octobre 2020

Balalaikers

 Au moment de quitter Gorokhovets, un chat que j'avais vu la veille et le matin à la porte du café ou nous avons pris nos repas, et où manifestement on ne le laissait pas rentrer, s'est jeté en miaulant désespérément à notre rencontre. Il serait même monté dans la voiture. Je suis sûre qu'on l'a abandonné et cela m'a tellement affectée que j'y ai pensé pendant tout le voyage. Je ne peux pourtant pas recueillir tous les animaux que je vois, et les miens sont manifestement trop nombreux, ils en souffrent, et moi aussi. Cependant, je me souviens de cas où j'ai passé outre, dans ma vie, et qui me poursuivent encore.

J'ai fait les 200 derniers kilomètres avant Oulianovsk de nuit sous la pluie battante. Plein de travaux, des circulations alternées à répétition, je n'en pouvais plus. Je me disais que tout de même la Russie est un pays spécial, me serais-je lancée en France, depuis Avignon jusqu'à Dunkerke pour assister à l'ouverture d'un musée ?

Je me suis retrouvée dans un super hôtel, avec un restaurant délicieux. La ville semble agréable, le climat aussi, plus lumineux que chez nous. Tout est propre, calme et ne respire pas du tout le délabrement ni la misère. Le musée de la balalaika est situé dans une rue ancienne, une maison de briques, il consiste en deux grandes pièces que mes copains ont très bien arrangées, c'est fait avec goût et simplicité, c'est clair et gai. Avec quelle émotion je les ai retrouvés.... Combien ils m'ont manqué. Cela valait le coup de faire 850 km. 

Serioja est toujours aussi drôle mais plus serein, plus mûr, il a trouvé sa voie, il est dans son élément. Il est entouré de toute une équipe de musiciens et d'artisans qui s'entendent bien, qui sont pleins d'enthousiasme. Aucune prétention, aucune affectation, tout dans la sincérité. Serioja et Genia, transportés par le bonheur d'avoir atteint leur but, se sont embrassés et Genia en a même pleuré d'émotion. À la fin des congratulations et des discours d'inauguration, Serioja a commencé à parler de moi, de l'extraordinaire Française Laurence Guillon qui jouait pour eux le rôle d' inspiratrice et m'a donné le micro. J'ai évoqué la période 3D de ma vie, quelquefois fatigante mais si joyeuse, de mon engouement pour le folklore et de l'importance qu'on devait lui accorder dans l'éducation des enfants et les politiques culturelles. "Si vous souhaitez restaurer et entretenir l'esprit et l'âme russe, pratiquez votre musique, sous sa forme authentique, le musée de la balalaika peut vous en fournir l'occasion. Ceux qui pratiquent leur folklore sont plus heureux que les autres, ils n'ont plus besoin de drogue, ni d'alcool, encore que pour l'alcool, je ne suis pas trop sûre, pour ce qui est de la vodka, elle s'y associe souvent, ça je l'ai vu, mais bon, au moins, la vodka, c'est russe ! "J'ai expliqué comment j'étais venue à tout cela, comment j'avais rencontré la fine équipe. Serioja a raconté ensuite:" Sans cette Française, je serais mort, car imaginez-vous que je me suis retrouvé un jour, dans la rue, on m'avait cassé la gueule et dévalisé, je ne savais plus où j'étais et tout à coup, je vois un immeuble qui m'est vaguement familier, je me rends compte que c'est celui de Laura, j'envoie des cailloux sur sa fenêtre et elle me recueille au milieu de la nuit....

- Ah ça, je m'en souviens ! me suis-je exclamée. Mais je n'ai pas osé en parler ! "

À Oulianovsk, au musée de la balalaika, on se sent loin des jeunes beautés assassinées par des brutes vicieuse, des professeurs d'histoire décapités par des tchetchenes, des politiciens pourris, français et russes, et des torchons qu'ils nous collent sur la gueule pendant qu'ils nous font les poches, ravagent nos pays et nous privent de nos derniers droits et de nos dernières joies. Il y a bien quelques masques qui traînent, mais nous sommes tombés dans les bras les uns des autres sans peur ni complexes. J'espère que rien ne viendra compromettre la saine et utile petite affaire de mes balalaikers, dans le "meilleur des mondes" que tentent de nous imposer mafieux et psychopathes. 



jeudi 15 octobre 2020

Gorokhovets


 


Nous sommes parties ce matin, Katia et moi, pour Gorokhovets, notre étape sur la route d'Oulianovsk, anciennement Simbirsk, vers l'est et le sud. En chemin, nous sentons partout la pression des masques, Sobianine s'en donne à cœur joie maintenant dans tout le pays. Katia a refusé d'en mettre un dans la station d'essence, en expliquant pourquoi au personnel, qui porte le sien sous le nez. "vous avez décidé que c'était nous qui devions commencer la révolution ?

- non, répond-elle, mais on se sert de chacun de nous pour surveiller le voisin et faire pression sur lui."

Nous avons ensuite, dans la voiture, discuté le fait, évoqué du reste par Karine Bechet Golovko dans son dernier article, que résister contre sa propre administration était bien difficile, dans cette guerre qu'elle mène partout à son propre peuple, d'autant plus dans le contexte où les forces mondialistes peuvent en profiter pour organiser une révolution de couleurs qui plongera le pays dans le chaos.

La route était magnifique, un voyage au pays doré des bouleaux blancs, élancés, évanescents, pétris de frémissante lumière sous des nuages miroitants, irisés, de larges morceaux d'azur et ces envols tourbillonants de feuilles scintillantes, pareilles à d'innombrables et précieux papillons. Je me suis longuement promenée à travers Gorokhovets, cette ville encore féerique, étagée sur l'escarpement qui surplombe la Kliazma. Les églises et les monastères semblent dater du XVI et du XVII siècle, les quelques palais de marchands également. On trouve quelques isbas plastifiées et d'horribles barrieres métalliques mais cela reste encore très joli, avec ces coupoles d'or qui apparaissent comme d'énormes fleurs du paradis au dessus des toits, au détour de palissades encore naturelles, mais pour combien de temps ? Évidemment, l'administration à fourré le long de la rivière une promenade bien rectiligne, bien pavée, bien bétonnée, avec d'affreux lampadaires, et planté des thuyas complètement déplacés près des palais du XVII siècle, parce que le thuya, c'est chic, c'est exotique. J'ai eu une pensée pleine de ressentiment envers Pierre le Grand et son goût de plouc parvenu, premier Russe à avoir fait du reniement de sa culture une loi autoritaire pour tout le reste de ce malheureux pays. Mais malgré ces regrettables détails, quel repos pour mon âme que cette promenade dans ce lieu de beauté et de poésie et dire que Pereslavl était comme cela il n'y a pas si longtemps et que maintenant, il n'y a plus rien à regarder, à part le lac que les promoteurs veulent définitivement défigurer et polluer... Oui, je sentais à quel point la beauté m'était vitale et que j'en étais finalement bien privée. 

Arrivée tout au sommet de la ville, près du monastere, j'ai été accueillie par un sonore carillon, et je contemplai cet océan d'or qui se déployait à l'infini sous les nuages, les églises semblaient des bateaux prêts à appareiller, de grands bâtiments blancs aux voiles luisantes et gonflées pleines d'oiseaux et de feuilles derivantes. Je suis redescendue lentement, puis je suis revenue par la berge derrière les palais, le couchant sur la rivière était pareil à de la braise rose couvant sous la cendre. Je me suis promis de revenir passer quelques jours dans cet endroit merveilleux pour dessiner, si l'ordre mondial ne nous enferme la ou nous habitons, avec un torchon sur la gueule pour le restant de nos jours. Mais sans doute le Christ ne le permettra pas et nous prendra avant dans son Royaume des coupoles d'or éternelles, des carillons inextinguibles et des séraphins chanteurs.














mercredi 14 octobre 2020

Protection

 


C'était aujourd'hui la fête de la Protection de la Mère de Dieu. Je suis allée à l'église qui lui est consacrée et qui n'a jamais fermé. Elle n'est pas loin de chez moi, je pourrais y aller à pied, et elle est très jolie, au bord de la rivière, avec de grands  bouleaux aux longs cheveux d'or, mais il y a très peu de places assises, beaucoup de vieilles, peu d'espace. C'était l'évêque qui officiait, et il a ordonné quelqu'un, il y a beaucoup d'ordinations. Katia était sur place, elle suit l'évêque de paroisse en paroisse, et elle a raison, car rien que de le voir nous remonte le moral. Le peintre qui va exposer avec moi nous a prises subrepticement en photo!


Nous sommes allées ensuite au café français, discuter de notre long voyage demain. Je vais rencontrer là bas, outre Sérioja, un riche mécène francophile et orthodoxe. A un moment, il voulait m'embaucher comme professeur de français particulier mais maman était encore de ce monde. C'est un paroissien et un ami du père Antoni à Cannes, où il se rend régulièrement.

Mon amie Liouba m'a souhaité une bonne fête depuis la cour de l'église du père Valentin, dont c'était la fête votive. Tout le monde masqué et parqué sous peine de fermeture. L'apparatchik sinistre se déchaîne à nouveau, et avec la bénédiction de Poutine, qui l'a nommé responsable de la gestion du Covid pour toute la fédération, je l'ai appris par Karine Bechet-Golovko. C'est-à-dire que s'effondre mon dernier espoir en une résistance secrète du président rusé. Soit il est tellement rusé que depuis le début il marche avec les mondialistes, soit il a été circonvenu, et à vrai dire, je trouve qu'on ne le reconnait plus.

Sobianine ayant déclenché la chasse aux vieux, Liouba a dû éviter le métro pour venir, elle est passée par le tramway. Elle et son mari vivent dans un appartement minuscule, qui a un grand balcon, mais en hiver... Eh bien les voilà consignés chez eux par le mafieux en chef de l'agglomération moscovite, qui pourra s'en donner à coeur joie dans la "reconstruction" arménienne de la capitale défigurée. 

Du coup, tout cela n'est pas près de s'arranger. La Protection de la Mère de Dieu, nous en aurons tous bien besoin. Un type me persécute en messages privés d'insultes, de chiffres et de données sur la pandémie exponentielle, mais on m'en poduit tout autant en sens inverse, et dans cette confusion, je pense qu'on peut se poser trois questions de bon sens: ui a intérêt à nous mentir? Qui a largement les moyens de le faire en grand? A qui donne-t-on largement la parole? Et enfin qui a une bonne gueule et qui une tête de faux témoin? Je pense que beaucoup de gens seront bientôt malades à cause du masque et du stress et l'on dira que c'est le covid. Ce serait même la peste bubonique que je ne voudrais pas vivre comme cela ni l'imposer à mes descendants. D'après Benvenuto Cellini, pendant la peste à Florence tout le monde faisait la bringue. C'est drôle, devant le délire des mesures sécuritaires en maternelle, je me disais que l'on ferait bientôt venir les enfants avec un casque intégral et des genouillères. Cela peut encore se produire!

mardi 13 octobre 2020

L'étoile de l'espérance

 


Notre automne inhabituel, de plus en plus doré et évanescent, s'épuise au fur et à mesure que raccourcissent les jours. On annonce un brutal refroidissment pour la fin de la semaine. Je me demandais si le miraculeux bouton tardif de ma clématite aurait le temps de fleurir. Il a fait ce qu'il a pu, et j'ai trouvé une timide et courageuse étoile, bien pâle, mais épanouie. Normalement, en été, la fleur est bleue et plus complexe. Je prends ce petit astre végétal obstiné comme un gage d'espérance.

Hier, je suis allée voir l'artiste peintre Olga Klioutchnikova et son mari Sacha, ils voulaient me remettre des plants de "boules d'or". J'en ai déjà, mais j'ai de la place, les boules d'or sont très typiques, très gracieuses et agrémentent bien les palissades. Olga, passionnée par l'expédition du général russe Souvorov à travers les Alpes à la fin du XVIII° siècle,  s'est lancée dans une oeuvre étonnante, une reconstruction des paysages traversés par les soldats et des soldats eux-mêmes par des procédés d'impressions photographiques qui donnent l'impression de voir de vieux clichés d'une époque où la photographie n'existait pas! C'est saisissant, on croirait y être. Les portraits sont très beaux, très vivants, très intenses. Elle m'a dit qu'elle avait pris des connaissances, des gens de Pereslavl, habillés ensuite de costumes historiques, le résultat est très émouvant, mais c'est un excellent peintre, avec une technique en béton armé, et elle travaille énormément. Elle a rassemblé tout cela dans un livre et prépare une exposition. 

Elle et son mari sont communistes, mais du genre communisme russifié, impérial, patriote, le problème est qu'ils font un négationnisme total par rapport aux dégâts humains (et culturels) causés par l'expérience. Sacha a été écoeuré par l'Amérique où il avait fait l'erreur de s'exiler, en tant que scientifique, dans les années 90, il trouve que c'est une société complètement déshumanisée et finalement très oppressive. Il a perdu son passeport soviétique sans avoir eu le temps, à quinze jours près, de le convertir en passeport russe, et il ne parvient pas à récupérer sa nationalité ni même un permis de séjour permanent, en dépit de sa femme sur place, et se trouve dans une situation complètement absurde et inextricable.  Tous deux considèrent comme moi l'opération Covid comme un moyen de détruire les nations et d'instaurer une dictature répugnante, transhumaniste. Mais ils pensent que cela ne prendra pas en Russie, que les Russes ne le supporteront pas, qu'il y aura tôt ou tard un soulèvement de type Donbass.

   Je l'espère, car de toutes parts, les mutants prennent le dessus. Outre le truand azeri qui ravage la résidence de la grande duchesse Elizabeth à Moscou, un parc est pour la troisième fois là bas la cible des promoteurs, et les hectares de berges sauvages, historiques et magnifiques du lac Pletchtcheïevo, ici à Pereslavl, que l'on croyait sauvées, risquent d'être livrés à la construction anarchique, hideuse et polluante. Des peintres protestent en mettant des écriteaux au dessus de leurs chevalets quand ils oeuvrent à l'extérieur. Mais c'est le pot de terre contre le pot de fer. Quand je ferai mon exposition, j'en parlerai au vernissage, mais les requins s'en foutent; on dit que ventre affamé n'a pas d'oreilles, les comptes bancaires n'ont pas d'âme et les banquiers non plus.

Je me demande ce que je vais faire si cette catastrophe advient, qui rendra la ville invivable; d'abord parce que ce sera la mort définitive du lac qui en est le poumon et la dernière beauté, avec les monastères. Ensuite parce que plus on construira, plus il y aura de monde, quoiqu'à vrai dire, on se demande de quoi les nouveaux arrivants vivront, des moscovites travaillant sur ordinateur?

Le problème est qu'on nous rend le monde invivable partout. Et nous n'avons aucun moyen d'arrêter cette machine infernale, pris entre des féodalités mafieuses plus ou moins transhumanistes, et le contingent de ceux qui suivent le mouvement, avec plus ou moins d'enthousiasme, plus ou moins d'aveuglement. Ceux qui craignent la maladie jusqu'à la psychose contre ceux qui en craignent les manipulations et les conséquences.

Les féodalités mafieuses ne semblent plus avoir nulle part aucun frein. Les psychopathes transhumanistes tombent le masque en nous l'incrustant sur la figure et dans l'esprit. Je n'ose penser à ce qui va suivre. Ce qui va suivre sera beaucoup plus terrible que la maladie, en tous cas, en ce qui me concerne, cela me fait incommensurablement plus peur. J'ai parfois des élans vers le ciel ou les larmes me viennent à la pensée des miens vivants ou morts, et du reste, c'est sur eux que j'écris maintenant. Et pourtant, j'ai du mal à me pousser à l'église. Ce soir, je voulais aller aux vêpres, mais le cours de Skountsev a débuté plus tard que prévu, il s'est terminé aussi plus tard, et ensuite, j'avais quelque chose à récupérer en ville, enfin pour finir, j'ai encore manqué l'office, et j'ai lu la paraclisis à la Mère de Dieu, pour compenser. J'ai trouvé une lettre de la mère Hypandia qui se réjouissait de me voir à l'automne, une lettre qui a mis deux mois à me parvenir! Je ne verrai pas la mère Hypandia à l'automne, je ne sais pas quand je pourrai y aller. Lorsque je lis des prières en français ou les psaumes dans la traduction du père Placide, je revois l'église de Solan, si belle, les nuits étoilées de Noël ou de Pâques, les fleurs, les néfliers, la vigne du mont Athos, les bois alentour, ce mélange de nature méditerranéenne et déjà un peu montagneuse, je sens les odeurs, balsamiques et amères. Que Dieu garde Solan. Et la mère Hypandia avec toutes ses moniales, et ses paroissiens. Elle prie pour les miens, pour mon oncle et ma tante, et pour mon filleul Antoine. Elle me dit aussi que tout le monde à l'église est masqué et compartimenté. Je préfère ne pas voir cela. Et cela risque de durer très longtemps.

J'ai récupéré une partie de mes encadrements pour l'exposition, Vladimir m'a fait un prix, ou plutôt, pour le même prix, il a mis des cadres même là où nous avions prévu des pinces, pour que ce soit moins cher. J'ai été étonnée du résultat et de la transfiguration de mes travaux, Vladimir semblait d'ailleurs lui-même très satisfait! Et je lui suis très reconnaissante.

vendredi 9 octobre 2020

Perpète

 


Sobianine a envoyé ses flics contrôler les théâtres et traquer les vieux qui pouvaient s'y trouver. Il est "conseillé" aux vieux de s'enfermer chez eux, qui plus est dans la solitude. Car d'après une amie, on diffuse à la télé un clip de propagande où une jeune femme repousse son père qui se précipite pour l'embrasser.  Dans le même temps, en Angleterre, des employés des pompes funèbres se jettent sur deux hommes qui s'étaient rapprochés pour consoler leur mère, aux funérailles de leur père. Ce que l'on recommande, au niveau mondial, chez la poignée de milliardaires philanthropes qui nous veulent tellement de bien, c'est de rejetter ses vieux parents, de tenir les enfants à distance, et de les garder éloignés les uns des autres, avec un torchon sur la gueule, de ne surtout plus nous embrasser, de faire l'amour comme les chiens pour éviter le face à face, et même à travers l'hygiaphone, comme dans la BD de Gotlib et Alexis sur la Dame aux Camélias. Ils nous concoctent avec le virus un avenir radieux qui me terrifie bien davantage que le virus lui-même.

J'ai trouvé ce témoignage russe que je traduis:

Je ne comprends pas comment on peut indiquer aux gens âgés s'ils peuvent ou non sortir de chez eux?

Organiser des rafles, leur faire honte...

J'en juge par notre grand-mère. Elle nous disait encore au printemps qu'elle ne resterait pas enfermée chez elle, parce que personne ne vivait éternellement, et qu'elle pouvait mourir sinon cette année, du moins l'année prochaine. Car les gens ne vivent pas éternellement, et elle a plus de 90 ans!

Elle disait qu'elle n'allait pas s'enterrer avant l'heure et s'enfermer entre quatre murs, se condamnant elle-même à la détention à perpétuité. 

Elle  a vécu une longue vie, elle garde une bonne mémoire et toute sa raison. Et c'est sa décision. Elle n'a pas peur de la mort. Elle comprend que même sans le covid, elle mourra de vieillesse de la même façon, d'une insuffisance pulmonaire et cardiaque, peut-être d'une pneumonie sur ce fond. Et quand cela se produira, Dieu seul le sait. 

"Il ne faut pas me sauver! Laissez-moi vivre jusqu'au bout, regarder le soleil, aller à la mer, sur les tombes de mes proches, chez mes amies"!

Et elle a le droit de choisir, comme des milliers d'autres. Mourir dans la réclusion, passer pour certains sa dernière année enfermé, ou bien mourir après avoir mené sa vie habituelle. 

Nous allons bientôt en arriver à ceci que dès que quelqu'un arrêtera de travailler, quand il aura 65 ans, il sera obligé de dire adieu à tout le monde et de s'enfermer dans son appartement. Tout plutôt que de tomber malade, qu'à Dieu ne plaise! Dire adieu et la réclusion à perpétuité, genre nous nous faisons beaucoup de souci pour vous, alors restez en milieu stérile...

Personne n'a plus besoin de lui, qu'il reste enfermé jusqu'à la mort. Et cela s'appellera "prendre soin"... ((( 

Les gens âgés peuvent décider pour eux-mêmes. Ce qu'ils craignent le plus: le virus ou bien ne plus se relever après des mois couchés à rester chez eux.

C'est leur droit. Ils l'ont mérité.

Irina Pouchkova

 

Я сужу по нашей бабушке. Она ещё весной сказала, что отсиживаться не будет, так как вечно никто не живёт, и не в этом году так в следующем она умрёт. Ну не живут люди вечно, а ей за 90!
Она сказала, что не собирается хоронить себя раньше времени и запираться в четырёх стенах, подписывая себе пожизненное заключение.
Она прожила долгую жизнь, она в твёрдой памяти и при разуме. И это её решение.
Смерти не боится. Она понимает, что и без ковида от старости умрёт также - сердечно-легочная недостаточность, возможно пневмония на этом фоне. И когда это будет - Бог ведает.
"Не надо меня спасать! Дайте мне дожить, на солнышко смотреть, на море ходить, на могилки мои, к подругам!"
И она и тысячи других имеют право выбора. Умереть в заточении, провести последний для кого-то год в какой-то изоляции или умереть, войдя в смерть из привычной жизни.
Скоро дойдём до того, что как закончит человек работать, исполнится ему 65, он со всеми будет обязан проститься и заточиться в своей квартире. Все, чтоб не заболел чем, не дай Бог. Попрощался и на пожизненное, типа очень мы за вас переживаем, так сидите там в стерильности....
Он не нужен - пусть сидит до смерти. А называться это будет "забота"... (((
Пожилые люди могут сами за себя решить. Чего они боятся больше: вируса или не встать после месяца лежания и сидения дома.
Это их право. Они заслужили.

Ирина Пучкова

jeudi 8 octobre 2020

Survivre

 C'est intéressant, l'atelier de réparation des ordinateurs vient de m'appeler pour me dire que dans celui que je leur ai donné, pour essayer de récupérer les dossiers et de le remettre en marche, il n'y avait pas de disque dur. Où est passé le disque dur? Le jeune réparateur ne répond pas, pour l'instant. Qu'avait-il besoin d'enlever le disque dur, et qu'est-ce qu'il en a fait? Le propos de départ était de changer la carte mémoire... il a changé d'ordinateur, j'ai perdu tous mes dossiers, et le disque dur de l'ordinateur neuf! Mais le vieil ordinateur, lui, ne marche pas mieux, car il est en windows 7 et trop vieux pour le passer en windows 10 donc il n'a plus de mises à jours, notemment de protection.

Je pressens qu'outre la traduction perdue qui me coûte 30 000 roubles, je devrai me racheter un ordinateur, en y mettant le prix étant donné le contexte, c'est-à-dire minimum 40 000.

Le jeune homme est dans la misère, et je voulais l'aider, en lui confiant ces interventions sur mon ordi, et non seulement je ne l'ai pas aidé, mais je me suis causé des problèmes infinis, c'est ce qu'on appelle une tentation.

Pour tout arranger, j'ai découvert que l'un de mes malfaiteurs domestiques avait chié et pissé sous mon bureau. Je soupçonne que c'est Chocha qui a déjà plusieurs fois pissé sur ma balance. Je l'ai vue aller dans la douche, ce qui ne me dérange pas, mais à cause de la balance, j'ai fermé la salle de bains aux chats, ainsi que l'appartement des invités. Mon bureau étant à côté de la salle de bains, ils ont déplacé le théâtre de leurs exploits. Sous ce bureau, j'avais installé un coussin, pour leur permettre de s'installer plus près de leur déesse tutélaire, eh bien j'ai découvert il y a deux jours qu'il était imprégné de pisse, je cherchais d'ailleurs partout d'où venaient les odeurs. Je ne sais pourquoi, ils se sont mis à pisser dans l'entrée, des mares, en une seule journée, j'ai nettoyé trois fois, et la troisième fois, j'ai explosé de rage, je les ai tous traités de tous les noms et chassés de ma chambre, coupables et innocents. Cette imbécile de Chocha est venue en rampant me donner des coups de tête affectueux, or c'est généralement elle qui me fait des coups pareils, ou Georgette, dans leur compétition permanente pour occuper la première place. Ils ont une caisse dans l'entrée extérieure de la maison, mais ce que je ne comprends pas chez ces emmerdeurs, au sens strict du terme, c'est pourquoi ils ne vont pas dehors comme tous les animaux normaux, et c'est valable aussi pour Rita, que sa maîtresse ne promenait jamais, et qui fait semblant d'aller dans le jardin pour avoir sa récompense, mais pisse résolument sur une couche, ou à côté. Rita, si je ne l'avais pas prise, personne ne l'aurait supportée, et en effet, dans l'appartement de location de son ex maîtresse, si elle avait pissé régulièrement sur la moquette, cela aurait posé des problèmes.

La ville de Kazan a refusé le régime de la "deuxième vague" et tout ce que Sobianine installe à nouveau à Moscou et qui coulera définitivement les petites entreprises, comme en France, en sabotant les études des enfants et en empoisonnant la vie des vieux et des familles. A Kazan, ils ont détruit toute le vieille ville comme des sauvages, mais au moins ils ne sabordent pas l'économie et n'emmerdent pas le monde avec la psychose imposée de l'état profond mondialiste.

A Pereslavl, on intimide à nouveau les commerçants, qui sont obligés de ressortir le masque. Mais cela ne prend pas, tout le monde échange des regards entendus, il y a bien un contingent d'hypocondriaques impressionnables et manipulables, mais les gens n'ont pas envie de vivre comme des animaux de laboratoire.

Je vois régulièrement des diatribes de sectateurs du masque qui sont convaincus qu'un chiffon forcément sale sur le museau fait d'eux des citoyens responsables et des sauveurs de l'humanité, ce sont des gens qui croient encore qu'ils sont gouvernés par des démocrates normaux qui font des erreurs, bien sûr, mais qui veulent le bien de la population, ou être réélus. Ils croient que leur vote est encore important. Ils croient que la télé et les journaux disent la vérité. Mais tout ça c'est du cinéma, bonnes gens, nous ne décidons plus de rien, nos éléctions sont une pure mascarade, comme les mesures anticovid, le monde entier est un bal masqué macabre, et ceux qui sont à l'orchestre ne sont pas bien intentionnés. Les gens comme moi sont appelés ici les dissidents du covid, et effectivement, si l'on est contre le masque et que l'on flaire l'arnaque, on est obligatoirement un négationniste du covid, mais non, pas du tout. Je ne nie pas la maladie. Elle existe, en tous cas elle a existé, elle se manifeste encore. Mais qu'elle serve de prétexte à des manipulations sociales ténébreuses de grande envergure ne fait pour moi aucun doute, et c'est beaucoup plus terrifiant que la maladie elle-même, qui a fait des victimes, mais qui n'est quand même pas, et de loin, la peste bubonique. En tous cas, le masque ou la fermeture des bars et des restaurants ne sont certainement pas des moyens de nous sauver. Ni l'isolation des vieux, et en tant que vieille, je vous demande de nous laisser vivre et mourir en paix, les saigneurs de la caste. J'ai tellement perdu toute confiance en votre horrible bande que je ne vais même plus chez le médecin, je me confie à Dieu. Je suis presque mûre pour vivre comme les amish ou plutôt les vieux-croyants. 

Ce qui me fascine, c'est la véhémence et la condescendance des chevaliers du masque, qui me traitent de madame Irma du café du Commerce et d'obscurantiste, alors qu'ils se fient eux-mêmes aveuglément à des politicards mafieux, des médecins de plateaux véreux, des journalistes pourris ou des idéologues complètement allumés qui se prennent pour des surhommes. Quand je vois la gueule des membres de cette caste, je prends peur, un tableau de Goya ou de Jérôme Bosch, un trombinoscope infernal, remplacez le costar et le brushing par des capes et des capuchons et vous aurez la galerie de gargouilles d'une église gothique. Mais les gens ont été dressés à "ne pas juger au faciès", c'est-à-dire à ne plus avoir le simple discernement des paysans d'autrefois qui sortaient leur escopette au vu de certaines trognes patibulaires rôdant autour d'un village. Les mines patibulaires, bien coiffées, bien propres sur elles, nous en avons maintenant plein les parlements et plein les ministères et plein les plateaux de télévision de tous les pays. Des gueules à qui je ne confierais ni ma santé, ni mon porte-monnaie, ni mon chien, ni surtout mes petits-enfants si j'en avais.

J'imagine ce que devaient ressentir les Russes conscients devant l'installation des bolcheviques, ou les Allemands devant celle du nazisme. Mais d'une certaine façon, ce "no future" me donne une espèce d'insouciance, de liberté, derrière l'inquiétude et même l'horreur que m'inspire "l'avenir radieux": je vis au jour le jour, je profite de chaque instant, qui vivra verra, et je me confie à Dieu, pour me garder et du Covid et de ceux qui l'utilisent afin de semer la psychose collective et la discorde au sein des divers troupeaux affolés. Je vis, et ne suis pas partante pour survivre à tout prix, masquée, enfermée, traquée "pour mon bien".

En réalité, il suffirait de dire à ces marionnettistes que nous ne jouons plus. Mais nous sommes encore beaucoup trop nombreux à jouer.

Urbanisme local: cette petite maison décorée, seule survivante au milieu de tous ces gros monstres, et strictement désormais inutilisable, aucune vue, plus d'air, plus de lumière. Je me sens très solidaire, car moi aussi, je suis une survivance archaïque au milieu des mutants, et je pense souvent au rhinocéros de Ionesco, que j'avais vu à treize ans à la télé, interprété par Jean-Louis Barrault. Cela m'avait profondément impressionnée et angoissée, je sentais déjà que c'était l'allégorie du monde dans lequel j'avais vu le jour.

Le miroir de la lune n’ose plus refléter

Les ténèbres rougies de nos atrocités

Que tout l’azur du ciel ne peut dissimuler

Et l’on voudrait pourtant penser à autre chose

Prendre le temps béni de voir pousser les roses

Mais tous ces corps meurtris, ces débris calcinés

La spirale noire qui creuse sous nos vies

Crient dans le silence que tout est terminé,

La fête qui semblait devoir toujours durer,

La fête illusoire, la voilà bien finie

Et ses ordonnateurs, laissant tomber le masque,

Sous les folles clameurs des foules ahuries,

Agitent glapissants le fusil et le casque

Le drapeau, la patrie qu'ils ont pourtant honnie,

Qu'ils ont pourtant trainée dans le sang et la boue

Et qu'ils fourrent à présent dans tous leurs mauvais coups.

Démons, goules, vampires, bandits, putains, valets

Qui partout sur la terre allument des brasiers

Pour y changer en or leur monnaie de papier,

Les voilà tous dansant sur nos tombes futures.

Et l’unique chose dont je puis être sûre

C'est qu'à leur bal maudit, je n'irai pas valser

Sans doute je mourrai, mais sans avoir chanté

Les louanges du diable et de ses diablotins

Qu'encensent bégayant tous ces tristes pantins.