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lundi 13 décembre 2021

Iouriev Polski


Au lever, j'ai vu que tout était blanc de givre, il est vrai sans soleil, et j'ai décidé d'emmener Nil à Iouriev Polski. La route était bordée d'immenses et gracieux fantômes, à peine plus denses que la brume, et ajourés. Nous avons pu visiter le musée consacré à la paysannerie et à la fabrique de tissu de Iouriev Polski, fondée au XIX° siècle, et propriété d'une dynastie industrieuse jusqu'à la révolution. On pouvait en voir les meubles et les objets, quel charme avait tout cela, une qualité, une permanence, une personnalité. Et ce n'est pas si loin, ce monde subsistait encore dans mon enfance.
La gardienne du musée, ravie d'avoir des Français, nous a tout expliqué avec amour. Elle était très fière de sa "petite ville", de sa fabrique, de son élevage de chevaux de trait, l'une et l'autre d'ailleurs toujours en fonction. Parmi les collections de la paysannerie, j'ai vu d'énormes gousli. La gardienne m'a parlé de la renaissance du folklore, ce qui m'a confirmé dans mon impression qu'elle avait bien lieu, grâce à Dieu.
Le kremlin est petit, mais ravissant, avec des buissons de lilas et des pommiers cristallisés, une belle enceinte. Nous sommes entrés dans l'église de l'archange Michel, où l'on conserve dans une châsse les reliques du saint prince Sviatoslav Vsévolodovitch




Après quoi nous sommes allés voir la célèbre cathédrale saint Georges, élevée au XIII° siècle, mais restaurée au XV° par Ivan III, car elle s'était écroulée après l'invasion tatare. Cette fois c'est un gardien qui nous a parlé de tout cela avec enthousiasme. Le prince Sviatoslav Vsevolodovitch, tiré d'un mauvais pas par le secours divin, avait promis de sculpter de ses mains un calvaire qui figurait sur le fronton de l'église et qui existe toujours, les gens viennent en pèlerinage le vénérer. Je l'ai fait également. Le gardien n'était pas sûr que le prince ait réellement accompli cette oeuvre. Mais cela me paraît parfaitement possible, dans la mesure ou le père Séraphin a sculpté lui-même les chapiteaux de l'église de Solan. On ne choisissait pas de devenir prince, et l'on pouvait avoir, dans cette position, des talents artistiques. Ivan le Terrible composait de la musique religieuse...

l'oeuvre du saint prince

Fragments de l'iconostase. Le Christ au centre, la Mere de Dieu à gauche, saint Jean 
Baptiste à droite, les archanges Michel et Gabrile de chaque côté.


Dans l'église originale, il y avait une iconostase en pierre qui devait être de toute beauté, mais elle n'a pu être restaurée, et il n'en reste que des fragments. L'artisan chargé de la restauration par Ivan III a remis des éléments sculptés à des endroits où ils ne figuraient pas initialement. La façade encore conservée offre une admirable dentelle de pierre, représentant l'arbre de vie, et s'y rencontrent des influences orientales et nordiques. L'église initiale avait une seule coupole, en forme de casque, sur un tambour élancé. D'après le schéma fait par des archéologues soviétiques, c'était un bâtiment beaucoup plus élégant.




A l'extérieur, le paysage était typiquement et merveilleusement russe, petites maisons de bois, ondulation douce et neigeuse de l'ancien rempart où passaient des skieurs, floraison hivernales de coupoles lointaines, clochers, et sous le pont, le lit de la rivière. Nous voulions trouver un café, car Nil était gelé, et moi aussi. Celui qui était le plus chic affichait de façon comminatoire ses instructions QR code, et nous nous sommes rabattus sur un bouiboui où nous avons avalé des pizzas déguelasses. Peut-être que toutes les cantines minables sans clients vont bénéficier des lois OMS absurdes, et recueillir les gourmets chassés des endroits plus courus et plus surveillés. Enfin d'après le dernier article de Karine Bechet Golovko, ce n'est pas gagné, l'histoire des QR codes, ici, et j'en suis ravie. 
Iouriev Polski a bien sûr son lot d'isbas plastifiées au siding, mais dans l'ensemble, la ville a gardé une poésie, une authenticité et un charme que malheureusement, Pereslavl a bien perdus.





la cathédrale saint Georges


Depuis le pont sur la rivière



samedi 11 décembre 2021

Chez la Reine des Neiges

 

chez la Forêt...

Hier, j'ai fait faux bond à Ilya Komov et sa femme Olga, qui exposait ses magnifiques tableaux dans un beau village plus loin que Iaroslavl. La perspective de six heures de bagnole aller et retour avant et après les mondanités m'a tout à coup complètement découragée, même si je ne conduisais pas. Je suis encore fatiguée...

J'ai eu le même jour la surprise de voir arriver Yana et Olga, qui a perdu son mari cet automne et reste inconsolable. Elle n'avait même pas pu revenir à Pereslavl dans leur datcha, mais elle y a été obligée par un problème de plomberie urgent. Je m'entends très bien avec l'une et l'autre, car elles sont sensibles, profondes et intelligentes. Yana est même plus que sensible, elle est écorchée vive. 

Nous sommes allées déjeuner dans un restaurant affreux mais où l'accueil et la cuisine sont parfaits. Il est affreux surtout à l'extérieur, à l'intérieur, c'est supportable. Il imite les maisons hollandaises, à cause de Pierre le Grand qui adorait la Hollande. On ne peut pas dire que cela s'intègre très bien. 

En dépit des affiches comminatoires et de tout le bric-à-brac covidien sanitaire, personne ne nous a emmerdées avec les masques et les QR codes. Mes deux amies ont observé que malgré tous les problèmes de Pereslavl, on y respirait un air de liberté et de joie de vivre qu'on ne trouve plus nulle part ailleurs.

Nous avons pris le dessert au café la Forêt, où nous avons trouvé Gilles et Lika, qui connaissent bien Olga.




Ce matin, je suis allée me promener dans le marécage, car il fait froid, tout est recouvert de givre, sous une lumière irréelle. Avant l'aube, qui vient tard, le ciel brillait d'étoiles. J'avais mis Rita dans le sac à dos, avec un lainage, car elle est frileuse. 

La neige et le givre transfigurent tout, même les maisons moches, dont les vitres réflechissent des rayons d'or comme des boucliers fantastiques. Je n'ai pu aller jusqu'au lac, car j'ai assez vite constaté que malgré les températures très basses, l'eau n'avait pas complètement gelé entre les roseaux et les herbes sauvages, et qu'il risquait de m'arriver la même mésaventure que l'année dernière. Avec des bottes de feutre, je serais rentrée sur des éponges mouillées et par - 15... J'ai dû me contenter de le regarder de loin, à travers les roseaux scintillants. Il me semblait que je m'enfonçais dans une contrée enchantée, que j'arrivais chez la Reine de Neiges, conte qui m'avait tellement fait rêver dans mon enfance. Des failles éblouissantes s'ouvraient dans les ombres bleues des sous-bois, où des arbres cristallisés s'éclairaient tout à coup comme des lampes de Gallé. Les herbes sèches déployaient à la rencontre de l'énorme et fulgurant diamant solaire des dentelles étincelantes, et j'allais, fascinée comme un papillon par sa lumière, aspirée par ce gouffre aveuglant, suivant tantôt des tunnels bleus, tantôt le chemin blanc qui serpentait entre deux ressacs de végétations figées translucides. Tout à coup, j'ai vu une silhouette noire, s'approcher lentement de moi, un homme avec un vélo, et je l'ai reconnu, il va chercher son eau régulièrement à la souce de saint Corneille. Il m'a reconnue également: "Vous vous promenez? 

- Eh oui, comme vous voyez...

- Vous avez raison, c'est bon pour la santé, et je vous conseille d'aller chercher votre eau à la source.

- Oui, mais il faut trimballer ça ensuite à la maison...

- Ca conserve, vous voyez, moi, je suis sportif, ancien champion de l'Union Soviétique. Dites-moi, quel âge avez-vous?

- Bientôt 70 ans...

- Vous ne les faites vraiment pas. Moi, je suis de 1949, j'en ai 73...

- Vous non plus!

- Votre mère faisait sans doute jeune, comme la mienne, c'est génétique tout ça!"

Et en effet, il reste très beau pour son âge, le sportif, avec des yeux verts d'animal, je ne saurais dire si c'est de félin ou de rapace, transparents et un peu obliques. Il a une moustache, qui était toute gelée! A mon avis, il doit être assez autoritaire, le genre à vous faire accomplir des exploits physiques pour vous maintenir en forme...


J'ai lu un article fascinant, effrayant aussi, mais cela me paraît très plausible. La création de Dieu est un grand organisme que nous perturbons de plus en plus, et les ondes agissent négativement sur l'eau, dont nous sommes tous composés, ce qui pourrait induire, plus encore que la pollution ou la surexploitation, la disparition de la plupart des espèces, dont la nôtre.. Et pour ce qui est des propriétés de l'eau, j'avais lu sur le sujet le livre d'un savant japonais très convaincant, avec des photos de cristallisations harmonieuses, sous l'effet de la musique classique ou de la prière, ou aberrantes, sous l'effet de musiques discordantes ou de bruits agressifs, d'insultes, de cris de haine. Le professeur Montagner s'intéresse aussi à cette question, ce qui permet à tous les nuisibles de le traiter d'illuminé. Or je vois, dans ce qui est décrit là, à la fois la preuve de l'existence de Dieu, ou d'un principe sacré inhérent à la nature, et du caractère salvateur et indispensable de la musique, sans parler évidemment de la prière, mais la prière et la musique vont souvent de pair. J'ai pensé aux moments où je jouais des gousli dans mon jardin, et où j'entrais en communion avec le ciel, les nuages, les fleurs et les oiseaux. Je leur faisais du bien, et je réintégrais leur ordre cosmique. Nous savons donc ce qu'il nous reste à faire pour essayer de compenser la cacophonie démoniaque et le chaos que la civilisation du progrès technologique mortifère a introduit dans le tissu du vivant.

https://www.morpheus.fr/processus-global-dextinction-de-la-vie/?fbclid=IwAR1Z4YbN5PslHrVVjNEDkOFvg_h7UAZjuFo7lqiSsAg2ZJySnl8n2UV4TXk

Dans le silence du royaume de la Reine des Neiges, traversé par le vent, je priais sur le komboskini rapporté de Solan, faits de "larmes de la Mère de Dieu", ou larmes de saint Joseph, des graines lisses et grises, et je voyais se révéler tout le mystère de cette nature assoupie qui m'entourait et me recevait en déployant à ma rencontre ses étoffes magiques et ses rayons muets.













jeudi 9 décembre 2021

Mélissa

 


Katia m’a entraînée à la réunion hebdomadaire des dames de Pereslavl, qui réclamaient ma présence,  dans l’atelier de la photographe Anna, une pièce joliment agrémentée de décorations de Noël, d’ailleurs le but de la rencontre était d’en confectionner. A mon arrivée, toutes ces dames étaient en train de se livrer à une espèce de gymnastique soft sur de la musique détente, une autre nous a fait la cérémonie du thé, toutes avaient apporté des gâteaux ou des crêpes, j’avais pris un cake aux pommes au café français. Dans le principe, je ne peux pas dire que je sois très portée sur les réunions de femmes. Je suis traditionnaliste, mais je pense souvent avec une sorte d'angoisse à la partition de la société qui existait en Russie médiévale, l’appartement des femmes, celui des hommes, la moitié féminine de l’église, la moitié masculine, parce que j’aime la compagnie des hommes et que celle des femmes a tendance à m’étouffer.

Elles étaient très gentilles. L’une d’elles m’a offert des jacinthes, car m'entendre chanter lui avait tiré des larmes.

Il fait froid, avec une belle neige épaisse et blanche, du soleil, et quand vient la nuit, on voit un croissant bien net, et quelques étoiles. Cela suffit à me remonter le moral. Et j’en ai besoin, car la tyrannie globaliste semble vouloir s’installer en Russie et y avoir trouvé des complices. Ceux qui rêvent de partir ont-ils raison de s’expatrier ? On veut nous faire ici le même cauchemar qu’en Europe ou en Australie. Un spécialiste russe de l’intelligence artificielle l’explique point par point, avec l’utilisation du covid dans l’affaire. Et il n’a pas l’air d’un illuminé, son discours est clair et argumenté. D’ailleurs, d’après un article de Réseau International, je soupçonne notre covid russe d’avoir été spécialement lâché sur nous pour justifier l’application des mesures de dressage, car c’est venu tellement à point, juste entre les élections et l’homologation éventuelle du vaccin russe, « absolument sans danger » dixit Poutine. Sans compter l’octroi par le FMI de 18 millions de dollars au Kremlin, mais Dany me précise que ce n’est pas le gouvernement qui l’a touché, elle émet l’hypothèse d’un coup d’état financé. Ce qui m’a le plus scandalisée, c’est le métropolite Hilarion, osant prétendre que la « campagne » anti « vaccin » et anti QR codes est téléguidée de l’étranger ! Cela pour obtenir l’assentiment des patriotes, et certains tombent dans le panneau, car il y a toute une catégorie de gens qui ignorent absolument ce qui se passe dans les autres pays et s’en fichent complètement. Je le vois pour l’Australie, par exemple, ce laboratoire de ce qui nous attend tous. Les SOS des résistants australiens et de ceux qui les soutiennent en Europe passent complètement inaperçus. Une Russe qualifie même de fake news l’intervention d’une députée allemande à ce sujet. En tous cas, ici, en Russie, ce qui est téléguidé de l’étranger, où le cauchemar bat désormais son plein, c’est ce qu’on est en train de nous installer avec la bénédiction de cet étrange homme d’église !

Le FMI a prédit correctement l’arrivée de la vaccination obligatoire dans toute la Russie après avoir offert 18 milliards de dollars au Kremlin (reseauinternational.net)


Mélissa, la chatte des deux poètes, qui s'était échappée au moment de leur déménagement, a retrouvé ses maîtres et son copain Moustache qui était inconsolable. J’ai demandé aux bénévoles de Pereslavl de mettre une annonce sur leur page, et quelqu’un a envoyé une photo de la pauvre Mélissa qui errait hagarde dans l’escalier de son ancien immeuble. Mais ce quelqu’un n’a pas pensé à héberger l’animal en attendant. Natacha est allée sonner à toutes les portes, et la seule qui s’est ouverte était justement celle d’une famille qui avait recueilli Mélissa dans un état lamentable, près des poubelles. Elle sera restée près de quinze jours à la rue. Son copain l’a accueillie avec un enthousiasme touchant. J’ai prié tous les jours pour qu’on la retrouvât. La voici au chaud et en sécurité, et je suis bien soulagée, le sort de cette chatte me préoccupait terriblement. Quand à la famille, elle va adopter un autre chat auprès des bénévoles de Pereslavl, ce n'est vraiment pas cela qui manque, et l'aventure fera un heureux...

Mon voisin Alexandre essaie de me fourguer un chiot de sa pauvre chienne patou qui est toujours à la chaîne. Il en a cinq, qui ne sont pas pure race, et risquent de finir comme leur mère, attachés quelque part. Cette chienne est bonne, sociable et intelligente ; un gros chien arrêterait le flux des chats, je serais assurée de ne pas en voir arriver de nouveaux. Mais je ne voudrais surtout pas me retrouver dans la même situation qu’avec Rosie, avec un chien énorme, incontrôlable et épuisant. Et puis je ne suis pas sûre de survivre à un animal dont l’espérance de vie est de quatorze ans. Alexandre est certain que je viendrai centenaire. Mais en discutant avec lui, je voyais, aux branches du bouleau, près de sa maison, le triste spectacle de la mangeoire vide que le défunt oncle Kolia remplissait autrefois, comme moi, pour les oiseaux.



 

mercredi 1 décembre 2021

Chez Nadia


 La neige est arrivée en tempête, après la pluie diluvienne sur la boue, et elle n'arrête pas de tomber. Après quoi nous aurons un léger plus, et puis la température va chuter jusqu'à -16 à la fin de la semaine. Pour les climatodépendants, c'est un peu dur. Mais la neige me réjouit, car elle transfigure un paysage devenu sinistre.

J'ai hier appelé Nadia la chevrière, car le prix annoncé par Kolia pour me faire une petite remise me semblait élevé, et à la jeune Nadia qui me fait parfois le ménage aussi. Or elle vient de refaire sa maison, et elle est au courant des prix. Je suis allée la voir, à travers flocons tourbillonnants et congères en formation, avec Rita dans son sac matelassé. 

La maison de Nadia avait brûlé au printemps dernier, et mon amie Isabelle, qui m'avait prêté de l'argent pour en acheter une, avait proposé de faire don à Nadia d'une somme qui lui a permis de faire nettoyer l'emplacement de son ancienne maison, en attendant que les subsides de l'assurance permettent d'en construire une autre. Ce qui fut fait, le moment venu, en un temps record. Nadia a commandé une maison en "carcasse", deux feuilles de contreplaqué farcies d'isolant et recouvertes de planches à l'intérieur et de siding à l'extérieur. J'avais l'impression que la maison était minuscule, mais pas du tout, une entrée, deux chambres, une cuisine, une petite salle de bains, et elle est bien isolée, car les ouvriers de Gazprom ne sont toujours pas venus rebrancher le gaz, et avec des convecteurs électriques, c'était vivable. Nadia m'a lu des extraits de son journal, où elle relate la construction de sa maison. Malheureusement, l'essentiel de ce journal qu'elle tient depuis des années a brûlé avec la maison précédente, et c'est très dommage.

Elle m'a beaucoup remerciée, et une de ses amies m'a même fait don d'une carte imprimée au nom de tous ceux qui entourent Nadia, et j'ai une fois de plus précisé que dans l'affaire, je n'avais été qu'un intermédiaire, que l'argent venait d'Isabelle. C'est Isabelle qui mérite la carte et les louanges.

J'ai fait des photos de Nadia dans sa maison, et de la carte.





Chère Laurence (remplacer par Isabelle)

Ce sont les amies de Nadia, dont la maison a brûlé et que vous avez aidée, qui vous écrivent.

A notre époque, la plupart des gens sont occupés de leurs problèmes et de leurs affaires et ne prêtent pas attention aux malheurs des autres.

Votre action, Isabelle, nous a beaucoup impressionnées. Nous sommes touchées jusqu'au fond du coeur. votre aide ressemblait à un miracle.

Aucune d'entre nous ne s'attendait à voir si vite arriver des fonds pour commencer la reconstruction. vous avez fait preuve d'une énorme bonté et générosité, des qualités que notre Créateur estime beaucoup. Nous sommes sûres que Dieu aide les gens tombés dans le malheur à travers des gens comme vous, Isabelle. Nous vous sommes très reconnaissantes pour ce secours désintéressé venu en temps utile.

mardi 30 novembre 2021

De Charybde en Scylla

 


Nicolas Bonnal m'a envoyé un article auquel j'ai répondu en commentaire, mais je voulais aborder cette question dans une chronique, car elle me tracasse moi-même. L'auteur de l'article est visiblement un Américain venu s'installer en Russie pour y trouver une arche et donner un avenir à ses enfants, or comme beaucoup d'entre nous, il commence à se demander s'il n'est pas allé de Charybde en Scylla. Je ne suis pas une experte, et ne peut parler que de mes réactions épidermiques à mes observations limitées, et de mes intuitions.  Tout est clair pour moi de ce qui se passe en occident, mais en Russie,c'est plus complexe. Slobodan Despot émet l'hypothèse que la Russie puisse être l'objet d'une attaque de guerre bactériologique, c'est aussi l'opinion de mon amie Dany qui est restée un mois et demie à l'hopital avec le covid, et j'ai eu bien peur qu'elle n'en ressorte pas. On dirait en effet que notre virus n'est ici pas le même qu'en occident, beaucoup de gens sont malades, parfois très gravement, parfois leur état s'aggrave brusquement, pas mal de gens en meurent. Slobodan envisage que Poutine finasse. Il y a en effet une dissonnance entre la soumission à la politique mondialiste qui prévoit une dépopulation et la politique nataliste de la Russie. De plus, comme le remarque Dany, ici, on soigne les gens. Tous les malades du covid sont pris en charge et soignés. Poutine a autrefois remboursé la dette russe au FMI, il a reconstitué des stocks d'or, restauré la puissance militaire russe. Cela ne cadre pas avec une soudaine soumission au mondialisme. Cependant, le vaccin russe Spoutnik V ne semble pas différer sensiblement du vaccin occidental, si l'on peut appeler ce qu'on injecte aux gens sous ce terme un vaccin. Il ne protège pas mieux. Il produit, d'après ce que je lis et aussi ce qu'on me raconte, des effets secondaires comparables. S'il s'agissait de nous protéger contre une attaque bactériologique, nous injecterait-on l'équivalent local du Pfizer? D'un autre côté, Dany m'a appris que l'immunité officielle des gens qui ont été malades, comme elle et moi, est prolongée de six mois à un an, ce qui me paraît bon signe et, en tous cas, nous arrange bien.   

C'est vrai que la version selon laquelle Poutine le rusé, soumis à d'énormes pressions économiques, finasse et donne le change en attendant que l'occident ne s'écroule de lui-même commence à devenir difficile à croire, et le pays qui lui faisait massivement confiance marche de moins en moins là dedans.  Ce qui se passe en ce moment semble démontrer que s'il n'était peut-être pas partie prenante enthousiaste, il a fini par se coucher. C'est ce que j'aurais personnellement tendance à penser. Cela dit, je reste dans l'expectative, car on ne sait pas comment tout cela va se passer ici. Pour l'instant, les gens n'adhèrent pas à tout ce cirque. Il y a naturellement des gens effrayés, car ils regardent trop la télé et il y a réellement beaucoup de malades, qui se promènent avec des masques qui ne les protègent de rien, sauf de l'air pur. Mais beaucoup sont exaspérés, d'autant plus que parallèlement, les fonctionnaires, gouverneurs et députés se conduisent comme des satrapes haïssables. En plus tout le monde a bien conscience que tout ceci nous est imposé de l'étranger, et que ceux qui s'entremettent trahissent. Beaucoup de Russes ignorent tout simplement les mesures quand ils le peuvent. Beaucoup se procurent des certificats de complaisance. Beaucoup de flics ferment les yeux, beaucoup de magasins et de restaurateurs font comme si de rien n'était. Il y a des chances que le bordel, la corruption et la résistance passive viennent à bout des tentatives d'asservissement, c'est du reste l'argument qu'invoquait Poutine pour ne pas imposer la vaccination obligatoire. Je ne suis pas communiste mais les lendemains qui chantent étaient plus convaincants que la peur du virus, pour l'installation du totalitarisme. J'avais lu que Koudrine avait évoqué le projet d'une ceinture de mégapoles à travers la Russie, des mégapoles connectées, intelligentes et friquées, tandis qu'on laisserait péricliter tout ce qui n'entrait pas dans ce réseau, campagnes et villes périphériques de peu d'importance. Je me suis dit que s'il en était ainsi, nous pourrions au moins végéter tranquilles dans nos ruines sans infratructures, car il est possible que les seigneurs mafieux du nouveau monde se fichent éperdument des parias oubliés dans les zones abandonnées, alors qu'en France, par exemple, il y a une volonté idéologique de traquer tous les réfractaires. Mais pour l'instant, les Russes réagissent plutôt en fuyant les mégapoles. Il y a un net mouvement de retour à la terre. Des communautés agricoles, des communautés d'artisans, la prise de conscience que les traditions, la conservation et la transmission des savoir-faire préparent la renaissance d'un monde normal. C'est le credo de l'homme d'affaires orthodoxe et écologiste Boris Akimov, installé près de Pereslavl et fondateur du mouvement "les gens heureux". Karine Bechet Golovko envisage que la détestation du pouvoir et de ses QR codes puisse fédérer une véritable opposition nationale, ce qui n'avait pas pu se faire auparavant.

De plus, même si les Suisses ont voté massivement, comme des boeufs, pour l'installation des QR codes, il y a quand même des choses qui commencent à éblouir les plus aveugles par leur évidence. Des parties du monde qui échappent à l'hystérie entretenue par l'OMS et ses séides. Et plus le temps passera, plus les mensonges vont se révéler. Un signe pour moi encourageant, l'affreux petit Blachier a tourné sa veste, apparemment, la girouette a senti la direction d'un nouveau vent. Le voilà qui proclame qu'on est allé beaucoup trop loin, que cela devient absurde, dangereux, qu'il faut arrêter la plaisanterie... A ne pas en croire ses oreilles.

« Je crois que nous sommes confrontés à un mal qui n'a pas d'égal dans l'histoire de l'humanité » (reseauinternational.net)

https://www.facebook.com/michel.rosenzweig.14/videos/436899918007951

J'ajoute cette vidéo de Xavier Moreau, complémentaire du propos:



dimanche 28 novembre 2021

La vie reprend son cours

 

J’ai vu l’urologue de Iaroslavl, qui s’est réjouie de l’évolution des choses et m’a prolongé un traitement que j’avais déjà pris avec le copain de Skountsev, c’est un médicament à base de plantes.Après cela, nous n’avons avec Nil pas eu le temps de visiter Iaroslavl, parce que mes codes n’éclairant presque rien, je ne peux rouler la nuit, et la nuit tombe à quatre heures. J’ai proposé de nous arrêter à Rostov et d’aller visiter enfin le musée d’art populaire, mais il était encore fermé, et une affiche demandait de prendre rendez-vous à l’avance. Nous sommes allés au restaurant en face. Je craignais qu’on ne nous demandât le QR code, mais non, et même, personne ne portait l’abominable masque. En revanche, dans mon super marché, on m’a obligée à le mettre à la caisse, en signe de soumission aux diktats imbéciles de la caste, car de la caissière aux clients, personne ne s’en recouvre le nez, on a trop besoin de respirer, et il est impossible de le faire normalement quand on est baillonné. En ce qui me concerne, j’en ai un dégueulasse dans ma poche, je l’accroche d’une oreille à l’autre sans souci de l’ajuster, et je l’enlève aussitôt que j’ai passé le barrage.

Le restaurant était très bon et très bon marché, avec une déco kitsch, bien sûr. Nous avons payé à deux ce que je payais pour moi seule au café Montpensier, où je ne vais plus depuis qu’ils n’acceptent plus ma chienne et exigent le QR code. Rostov nous a paru si beau, si pittoresque, Dieu veuille le préserver ainsi, ce qui est arrivé à Pereslavl est trop triste...

Au retour, j’ai appelé Alla, la blonde au tailleur rose que j’avais rencontrée quand nous promenions nos spitz respectifs. Elle a été malade du covid, elle aussi, cet été, et s’est retrouvée à l’hopital avec le même traitement que moi. Elle m’a dit que beaucoup de gens dans son quartier avaient été malades plus ou moins gravement, et que certains étaient morts. Elle m’a précisé aussi qu’à l’hôpital, la moitié des gens qui s’y trouvaient avec elle étaient vaccinés quand ils avaient contracté le truc. Bien qu’elle ne veuille surtout pas revivre ce qu’elle vient de passer, elle éprouve une grande méfiance envers le vaccin, mais pense qu’elle sera obligée de le faire pour pouvoir continuer à prendre le train et aller voir sa mère. Une de mes amies est dans ce cas en France, par rapport à sa fille handicapée. Alla connaît aussi directement ou indirectement des cas d’effets secondaires sérieux. Je lui ai parlé de l’hypothèse de Slobodan, une version russe du virus, différente de la version européenne. Quoiqu’il en soit, tout cela est terriblement louche et effrayant. Elle a vu comme moi l’état d’une femme s’aggraver brusquement, et son départ précipité en réanimation. Comme Dany, elle témoigne que les médecins de son hopital à Moscou étaient très compétents et dévoués, et la veillaient avec vigilance. Elle a l’impression qu’on lui a volé sa vie et ce qu’il lui reste d’avenir, car tout est devenu irrespirable, comme l’air vicié de nos masques, et nous vivons dans une sorte de sourde angoisse permanente. Il y a comme une incohérence, d’ailleurs, entre la vigilance des soins qu’elle évoque, et un vaccin douteux et inefficace imposé à toute une population contre son gré. En France, on pousse les gens au vaccin par tous les moyens, mais on ne soigne pratiquement pas la maladie, contre laquelle existe pourtant le traitement Raoult. Etienne Chouard, dans le documentaire Hold On, parle des techniques d'intimidation mafieuses mises en oeuvre par nos "élites" toxiques, et c'est exactement comme cela que je les caractérise depuis un moment, c'est bien d'ailleurs pourquoi je suis si méfiante envers leur vaccin et toutes leurs mesures brutales et absurdes.

Je suis retournée enfin à la cathédrale, où j’ai été très bien accueillie. Chacune de mes communions est en ce moment une petite victoire et une source de joie. J’ai confessé ma dureté envers une créature, sans doute bien malheureuse et esseulée, qui me paraît un vampire absolu et m’emplit d’une répugnance peu propice à la compassion que je devrais éprouver en un tel cas. Car quoique je lui dise, lorsque je cède par charité chrétienne et répond à ses coups de fils répétés et à ses messages éplorés en lettres capitales, sur le moment elle recule un peu, puis elle revient à la charge, avec ses sanglots, ses plaintes, sa vision absolument négative de l’existence, et son absence complète de sens des limites. Elle se jette sur les autres et les encombre de sa vie, projetant sur eux une espèce de désespoir visqueux et indiscret comme s’ils devaient absolument se charger d’elle et écouter indéfiniment ses lamentations. Les conseils, elle n’en fait aucun cas, et bien qu’elle invoque le Seigneur à tout bout de champ pour amadouer sa victime, elle ne recourt visiblement ni à la prière, ni à l’Eglise, ni à son clergé. Comme m'avait dit le père Valentin avec un rire ironique: "Essayez de garder la distance sans être trop blessante et bon courage". 

 On m'a fait le drainage de mon terrain, la tranchée creusée s'est transformée en ruisseau qui est allé se déverser dans le canal à l'extérieur. Mes deux travailleurs ont posé un tuyau spécial, et un lit de graviers pour créer un filtre. Puis ils ont réparti la terre sur les alentours. Ils ont remis au printemps le curetage du canal autour de chez moi. 



 

vendredi 26 novembre 2021

Mercredi cosaque

 


L'électricien Kolia est venu avec son copain Génia, pour étudier la partie de mon terrain à drainer. Ils vont mettre un tuyau souple prévu pour absorber les eaux et les conduire plus loin. Il n’est pas énorme et ne devrait pas nuire à mes plantations. Mais ils vont faire cela demain, quand je serai à Iaroslavl, où je vais rencontrer l’urologue. Il vaut mieux ne pas attendre, la terre est encore malléable mais cela ne va pas durer.Il faudra sans doute rajouter de la terre, mais j’essaierai de faire cela délicatement, contrairement à mon voisin.

Je vais de mieux en mieux, mais j’ai encore toutes sortes de douleurs bizarres. Et puis des coups de fatigue. Ma cousine me prend pour une force de la nature, or s’il y a de la force en moi, ce n’est pas de moi qu’elle vient, mais de Dieu et des saints intercesseurs auxquels je m’adresse. L’hôpital m’a au contraire dévoilé toute ma faiblesse. Ce fut une véritable descente aux enfers, et je l’ai assez vite ressenti comme une épreuve spirituelle destinée à m’arracher à mon état précédent pour me pousser en avant. L’épisode de la tombe du père Boris et de la confession au père Gérasime ont été des signes qui me l’ont confirmé et qui sont venus comme des encouragements précieux.

Je n’ai toujours pas réussi à envoyer la lettre pour Spyridon, en Belgique, avec le sable de cette tombe. Je suis encore allée à la poste aujourd’hui, il y avait bien quinze personnes devant l’unique guichet ouvert. Comme on passe généralement dix ou quinze minutes sur chaque client, cela me fait reculer. Mais je vais aller dans une autre poste, où m’attend un colis que je ne pourrai pas me faire livrer, parce que je n’en dépends pas, pourtant si on cherche mon adresse sur internet, c’est justement celle-là qui est indiquée !

Mercredi soir, Veniamin le Suisse m’avait invitée à venir regarder l’émission qu’on avait tournée sur lui et sur ses amis cosaques, et j’avais participé, on me voit dix secondes. Le film est très bien, avec de jolies prises de vue, Veniamine est très beau, avec des yeux bleu des mers du sud. Les cosaques m’ont accueillie littéralement à bras ouverts. Le mercredi soir est le jour de leur réunion hebdomadaire, qui a lieu maintenant dans les dépendances d’une église en voie de restauration, Saint Serge, à côté de la cathédrale où je vais, dans le centre. Des adolescentes avec une guitare ont chanté en chevrotant des chansons à la noix, dont une en anglais, ce qui m’a paru profondément ennuyeux et plat, mais ces mêmes gamines, quand elles ont entonné des tchastoutchki, des refrains satiriques accompagnés à l’accordéon par l’oncle Slava, se sont révélées naturelles, enjouées, avec des voix fermes, expressives et sonores. L’un des cosaques, dont le nom m’échappe parce que le covid m’a ralenti les synapses, nous a donné un cours de percussions, le rythme cosaque qui rappelle le pas des chevaux, le rythme caucasien. Il a expliqué que le rythme lui avait permis de récupérer après des problèmes de santé qui l’avaient beaucoup diminué, parce qu’il agit sur le physique et le mental, qu’il nous met en contact avec la dimension cosmique de l’existence. Le rythme, et en règle général la pratique d’une activité artistique, développent l’intelligence, la concentration, j’en suis très profondément persuadée, et n’ai cessé de le constater en maternelle. Ce cosaque a un fils, qui l’accompagne sur son tambour, et qui non seulement possède bien ce fameux rythme, mais bée d’admiration devant son père, et rayonne de la joie de jouer avec lui d’égal à égal. Ce petit garçon a dansé avec un copain, ils ont dansé avec tant de naturel, de grâce, de bonheur, je les ai chaleureusement félicités. Son père m’a remerciée d’être là : «Vous êtes pour Pereslavl un enrichissement culturel. Veniamine et vous faites partie de notre culture locale, que malheureusement les habitants de notre ville bien souvent méprisent et que vous aimez. »

Moi qui songeais parfois à me rapprocher de Moscou et d’un hôpital correct, j’ai compris que ce n’était pas possible, que j’étais liée à Pereslavl, à ses cosaques, à son café français, à ses monastères, son évêque, son père Gérasime et son père Pantaleimon, son père Andreï et son père Vassili, au petit Aliocha et à ma voisine Ania, que faire ?

Sur le site de la ville de Pereslavl, les gens ironisent souvent sur les cosaques, et se scandalisent de leurs jeux guerriers, de l’esprit guerrier dans lequel ils élèvent leurs enfants, mais cet esprit guerrier est noble, chevaleresque, héroïque, et c’est précisément ce dont les enfants ont besoin. Les enfants des cosaques partagent cela avec leurs pères, et ils sont épanouis, gentils, bien élevés. Alors que les gosses de tous ces pacifistes ricanants écoutent de la musique étrangère de merde complètement dégradante, se promènent avec des fringues ridicules et des mines renfrognées ou tâtent peut-être de la drogue.J’ai lu avec horreur que parmi tous les innombrables animaux abandonnés de la ville, certains sont atrocement torturés par des créatures des ténèbres, cela m’a fait froid dans le dos. Car les monstres capables de cela s’attaqueront aux humains à la première occasion. Or les cosaques ne sont pas comme cela, et leurs enfants, malgré leurs jeux guerriers, ou sans doute même grâce à eux, n’ont pas cette vilenie ni cette cruauté. Les cosaques sont ce que je connais de mieux à Pereslavl, avec le clergé et les fidèles de nos nombreuses églises. Et aussi les artistes peintres. Ils sont purs.