Ma présentation à
Moscou a eu lieu, mais c’est un coup d’épée dans l’eau. Même mes amis ne sont
pas venus en masse, ca se bousculait moins que pour mes anniversaires. Volodia
avait oublié, et il est venu avec beaucoup de retard, je n’ai pas vu les autres
cosaques. Aucun représentant de la famille Asmus ni du clergé de Krasnoselskaïa, trop fatigué par les services dominicaux. A part un journaliste, tous ceux qui m'avaient interviewée, ou pour qui j'avais même un peu travaillé, ne se sont pas dérangés. L’éditeur Slava m’a dit qu’il fallait appeler les gens un par un, qu’ils étaient
très difficiles à bouger. Il me propose de tout m’éditer et de traduire
lui-même Epitaphe, mais je ne sais pas comment je pourrai financer... enfin je pourrais, mais il faudrait que ce fût un minimum rentable pour ne pas finir dans une cabane à déplacer des casseroles sous les fuites d'eau. Et faire la promotion me prend une énergie et un temps que je ne consacre pas à la création...
Liouba a fait
tout un discours sur mon livre, sur le chemin spirituel de Fédia qui, déjà débauché, aspire à la pureté et à la beauté, et finit dans un épuisement
lumineux, comme une espèce de jeune starets. Elle a parlé de mon amour pour le
folklore et la culture russes ; de mes liens avec l’orthodoxie, le métropolite
Philippe. De ma psychologie étonnante. Comment avais-je pu me mettre dans la
peau de personnages aussi différents de moi ? J’ai répondu que je pensais ce que
dit le tsarévitch Feodor à Fédia : que l'on sait tout de façon génétique, qu'à un certain niveau de l'âme, on entre en osmose avec toute l'humanité. D'ailleurs, pour ce qui est de Fédia, il m'est très proche, si j'avais eu son histoire, j'aurais peut-être réagi comme lui.
Iouri a dit que j’avais
en français une langue extraordinaire, et qu’il se demandait d’où ça pouvait me
venir. « Comment ça ? me suis-je étonnée.
- Eh bien oui,
une bonne femme, comme ça, qui vit dans sa maison avec des tas de chats, et on
s’aperçoit qu’elle a un style incroyable... C'est inattendu. »
Je ne sais pas
comment il faut vivre ou être quand on a un style incroyable ; visiblement,
la mère Gallimard se posait aussi ce genre de questions. Je n’avais pas la
gueule de l’emploi.
Je me suis sentie entourée d'une grande affection. On m'a dit que grâce à moi, beaucoup de Russes commençaient à s'intéresser à leur propre culture. Mais ce qui m’a
le plus touchée, c’est ma voisine Ania : «Votre livre est tellement plein
d’amour, un amour qui laisse un goût de miel amer. Il faut avoir connu beaucoup
d’amour pour l’avoir écrit, ou peut-être en avoir beaucoup manqué. Parfois, en
le lisant, j’ai envie de pleurer. »
J’aurai du mal à
faire la promotion de ces livres qui plaisent beaucoup à ceux qui les lisent,
mais qui ne bénéficient d’aucune publicité.
Iouri lit un extrait
Rita est de plus en plus tyrannique. Les mondanités l'énervent, et puis je suis occupée par des tas de gens et ne lui accorde pas assez d'attention. Elle grogne sur tout le monde, même ceux qu'elle aime bien. A la fin d'une chanson de Skountsev, elle s'est mise à hurler, juste sur les dernières notes, on aurait cru que nous avions répété.
Le jour de la riposte russe sur l'Ukraine, j'ai reçu comme réponse à mon annonce pour la présentation de mon livre, d'une dame que je connais la déclaration suivante: "Les nôtres bombardent Kiev, tout est fini, je ne ferai pas de commentaires". Suivait une vidéo, où un hiérarque ukrainien faisait un sermon apocalyptique sur la nécessité de se repentir d'urgence, de pardonner et autres conseils spirituels tout à fait valables, mais dont le caractère pressant et alarmiste indiquait que nous étions à la veille d'un Armaggedon retentissant, et j'ai failli m'épouvanter, mais j'ai quand même pour cela attendu la suite. Bon, pour l'instant, nous n'en sommes pas là. Attaque surprise sur les infrastructures, en riposte au sabotage de Nord Stream, à l'attentat du pont de Crimée. A chaque jour suffit sa peine.
J'en discutais aujourd'hui avec Lika au café, elle me disait qu'il y avait comme cela des gens qu'il fallait tenir à distance, car la propagande consiste à agir sur les émotions, et à semer la panique et le doute. Ceux qui marchent là dedans deviennent toxiques pour les autres.
Pénétrée de la vérité de cette assertion, j'essaie de ne pas céder à l'angoisse. L'avant-veille de la riposte, chose curieuse, j'ai reçu un coup de fil de cette femme francophone très orthodoxe que j'avais rencontrée au monastère saint Nicétas, et qui m'avait emprunté un livre du père Placide. Elle vit maintenant très retirée dans un village perdu, loin des réseaux sociaux, comme une ermite, et voulait me racheter ce livre, dans lequel elle trouve sa nourrriture spirituelle. "Comment allez-vous? me demande-t-elle.
- Pas mal, la situation m'angoisse un peu.
- Il ne faut pas, voyons! Tout va bien, tout se déroule selon le plan. Et le pays commence à se purifier, c'est très positif. Tout ira bien! Ne vous faites pas de souci. Moi, j'ai confiance."
Ma voisine Ania n'était pas au courant, je lui ai appris les événements. "Enfin"... a-t-elle soupiré. Nous avons parlé des Français endoctrinés et des Russes qui ne comprennent rien: "Ce sont des gens instruits, me dit-elle, à croire que leur cerveau ne leur sert à rien, et ils nous prennent pour du bétail".
Les Messerer sont passés me voir, ils se rendaient à Ferapontovo, où, disent-ils, l'enlaidissement général se manifeste aussi maintenant, et pourtant, c'est un endroit classé où il était théoriquement interdit de construire n'importe quoi. Sacha ajoute même que dans leur village, qui avait tant de charme, il n'y a plus rien à dessiner, que tout est défiguré, peinturluré, plastifié.
Avec Sacha Messerer, dans l'entrée refaitede ma maison
A ce propos, Boris Akimov a interviewé un garçon qui a visité toute la Russie, en quête de ce qu'il y restait encore de poésie. Il faut aller toujours plus loin, et ce qu'il subsiste est de plus en plus délabré. Le jeune homme s'étonne comme moi qu'un peuple qui créait spontanément tant de beauté puisse à présent ne plus en avoir aucune idée, aucun besoin, aucun respect. Cela lui semble un symptôme très inquiétant, car si la beauté vient de Dieu, la laideur vient du diable, elle reflète le chaos et l'absence d'harmonie, une harmonie qui est inhérente au cosmos, et à laquelle l'homme était autrefois relié. Il explique que les lois de la beauté sont partout les mêmes, qu'on construise une isba ou le Parthénon, elles sont naturelles, elles sont organiques. La disparition de la beauté est le signe que l'humanité disparaît et que Dieu se retire du monde ou que nous l'en chassons. Restaurer l'harmonie est un acte thérapeutique de réconciliation avec Dieu, sa création et notre vocation humaine, ce qui répond à la fameuse phrase de Dostoievski citée à tort et à travers:"la beauté sauvera le monde". Et a contrario, la laideur est en train de le perdre. Boris Akimov se propose de participer à la restauration de la beauté partout où c'est possible, et de toutes les manières: rénovation de maisons, d'églises, renaissance du folklore, car c'est dans le lien à tout cela que notre être s'inscrit dans la mémoire universelle, et que notre âme trouve le terreau nécessaire à son épanouissement. J'étais heureuse de trouver dans ce documentaire deux êtres qui partageaient ma souffrance devant cette catastrophe de la disparition de la Russie. Car si la beauté s'en va, le génie russe aussi, le génie humain. Après la dékoulakisation, qui n'a pas eu lieu seulement en Russie, mais, de façon diverse, dans tout l'occident progressiste, matérialiste, dévoyé et avili, après l'assassinat de la civilisation paysanne, on procède à la déshumanisation, pour arriver, dans la cervelle malade de la caste dominante, au transhumanisme.
Le jeune homme de la vidéo dit que le besoin de beauté, et l'instinct créateur, se sont poursuivis jusqu'au milieu du XX° siècle et en effet, ils ont continué sur la lancée des générations nées dans l'ancienne Russie ou élevées par ceux qui en gardaient l'esprit. En ce sens, le communisme s'inscrivait bien dans cette mentalité moderne bassement utilitariste qui a fait de l'occident un asile de fous, modèle que les Russes actuels rejettent partiellement, sans toujours comprendre que ce sont les deux faces d'une même médaille. Douguine le comprend, et certains l'accusent de vouloir retourner à l'époque des "paysans en lapti", paysans qui avaient finalement assez de temps et d'énergie vitale pour produire constememnt de la beauté autour d'eux, alors que leurs descendants qui les méprisent, sont soumis dès les bancs de l'école à un conditionnement qui ne laisse aucune place à l'épanouissement personnel ni à aucune espèce de créativité, de vie intérieure, de transcendance. Abrutis par la télé, la musique au rabais, grandis dans le béton et le mauvais goût, ils expriment dans ce qu'ils édifient autour d'eux toutes les disgrâces de leurs âmes contrefaites et sous alimentées. Il faut déployer de grandes forces pour surmonter tout cela et sortir de ce système, et plus encore pour trouver une forme de spiritualité. De ce cercle infernal; nous sommes tous prisonniers, et nous arrivons au fond de ce maleström, qu'on nous présentait comme ascensionnel et qui ressemble de plus en plus à une descente dans les cercles de l'enfer. La question que je me pose, c'est la Russie aura-t-elle encore assez de sève pour reverdir?
Aujourd'hui, j'ai fait un tour le long de la rivière Troubej, où l'on construit tellement d'horreurs, mais où deux ou trois maisons vont à contre-courant du disparate et du mal fichu.
maison en cours de réfection, avec son propriétaire
Tant que c'est possible, je me promène, j'ai même pu aujourd'hui rester au soleil sur la terrasse par un vent d'automne violent mais doux. La vie qui s'obstine et la vie qui s'endort mettent des éclats de couleurs dans le brun et le gris qui peu à peu s'étendent. On voit ici un pissenlit de la dernière chance, garni d'une abeille qui se dépêche de butiner encore un peu. Là quelques fleurs de chicorée. Des fleurs d'automne, comme les asters. Une libellule. Les feuilles volent en tous sens, mon poirier est presque nu, il y a deux jours, je regardais le ciel fuser à travers ses feuilles miroitantes qui vibraient comme des vaguelettes jaunes. Je profite du moindre instant de communion avec mon jardin avant que ne vienne novembre boueux, puis la neige pour de longs mois. C'est encore si beau... Quand je faisais de la musique avec Skountsev, j'étais hypnotisée par les branches, les feuilles dorées, les saules au loin, liquides, translucides. J'ai toujours été le cancre qui regarde par la fenêtre.
Hier, j'ai appris le matin que je chantais le soir avec les balalaïkers au bar du café la Forêt. Je suis arrivée en avance et j'ai trouvé Godefroid qui, par sa virilité revendiquée, me rappelle le mari de ma cousine, mon copain Patrick, et aussi son ami Olivier. A mon avis, ils se seraient bien entendus. Pour des garçons de cette trempe, l'occident devient vraiment indéchiffrable, il est vrai qu'on s'occupe dès la maternelle de fabriquer des lavettes, selon l'agenda de nos maîtres ténébreux.
Je me promène autant que je peux, et Nounours m'escorte, mais ne m'obéit pas du tout. J'essaie quand même, "Nounours ko mnié", et la friandise. Il veut bien de la friandise, mais quand il a mieux à faire, il s'éloigne en me faisant des pattes d'honneur. Cependant, si je siffle, il accourt. le sifflet semble beaucoup lui plaire.
Par delà les saules aux tresses d’or lâchées
S’ouvrent ces gouffres bleus,
Et par delà, que sais-je?
Car cet azur n’existe encore
Qu'au revers de mes yeux,
Déversant en mon coeur des nuées habitées,
Des êtres étranges, grandioses et muets,
De calmes et vastes feux allumés tous les soirs
Où la nuit en silence forge et jette ses astres
Que je cueille parfois, sur le seuil, du regard.
Est-ce là mon trésor, est-ce là mon salaire?
La chute des feuilles et les dernières corolles
Aux célestes barrières la lune abandonnée
Et le chant des oiseaux que personne n’écoute.
Or ceux-là qui sont sourds au vent discret qui passe
N’entendent point sonner les tambours de l’horreur.
Et ceux-là dont la lune ne touche pas le coeur
Ne peuvent discerner le bon grain de l’ivraie
L’ange du démon, le roi de l’imposteur,
Le chant du boniment,
La pure vérité du mensonge crasseux,
Ni du fourbe bellâtre le doux prince charmant,
Le clair chevalier des contes pour enfants.
C’est en vain que pour eux glissent au ciel les anges,
Que sonnent les trompettes des canards en partance
C’est en vain qu’au couchant les carillons trébuchent
Sous le fidèle éclat des croix sur les coupoles.
Rita prête pour la promenade
Mon orthodoxe m'a declaré qu'elle prendrait envers moi ses distances. Elle fait bien, j'avais la même intention. Que de bonne conscience aveugle et j'éprouve même un vrai sentiment de malaise. Elle est persuadée de tout ce que lui montrent ses médias de grand chemin, parce qu'au fond, bien qu'elle "fréquente des Russes depuis cinquante ans", elle croit spontanément, profondément et systématiquement que la Russie est une sorte de Mordor d'où ne peuvent venir que terreur et mensonges, ce qui fut vrai un temps, mais le diable a changé de camp, et même alors, combien ont témoigné et résisté? Ces Russes d'occident ont souvent d'ailleurs le même sentiment qu'elle et chutent parfois en des abîmes de vilenie. Je ne parle pas des pseudos dissidents dont le vrai pays n'est certainement pas la Russie qu'ils détestent aussi viscéralement que ceux qui ont fait la révolution d'octobre et installé leur pouvoir en massacrant ou contraignant à l'exil la précédente élite, puis en martyrisant chrétiens et paysans pour essayer d'obtenir une masse de prolétaires sans mémoire. Non, ce sont des Russes qui soit vivent dans un monde parallèle congelé où subsiste la Russie des années 30 absolument inchangée, soit des Russes qui ont des comptes personnels ou familiaux à régler. Certains de leurs commentaires ou réactions sont d'une telle bassesse et d'une telle stupidité que j'en ai honte pour eux. Mais à vrai dire, de tels Russes se rencontrent aussi en Russie, si avides de croire en tout ce qui peut justifier leur mépris de leur pays et leur rêve d'un eldorado civilisé qu'ils ne se fient systématiquement qu'aux sources occidentales d'information, lesquelles, depuis longtemps, ne s'occuppent que de désinformation et d'intimidation idéologique. Ces gens-là se trouvent très intelligents, plus intelligents que les esprits encore sains qui essaient de défendre leur peuple et leur culture, en Russie comme en France.
Qu'une partie de ces serviteurs zélés de Schwab et son Harari transhumaniste, d'Ursula la Hyène, de Soros, de BHL, de Glucksmann, de Biden et Macron, de tous les monstres de l'occident collectif soient de bonne foi ne change rien au fait qu'ils les servent, qu'ils servent Baphomet, et dans le partage qui s'opère en ce moment, ils vont avec les boucs, c'est une position périlleuse en ces temps apocalyptiques.
Un garçon profond, courageux, lucide et plein de talent que je recommande de suivre:
J’ai vu Ania
sortir de chez elle et je l’ai accompagnée jusqu’à l’arrêt du bus. Elle m’a dit
que cela lui avait remonté le moral. « A moi aussi, je suis souvent la
larme à l’oeil, de pitié et aussi d'appréhension.
- Si vous êtes
dans cet état-là, faites-moi signe, je n’ose pas m’imposer.
- Beaucoup de
gens n’ont pas votre retenue ! »
L’automne est
gris, je me souviens de celui de mon arrivée, quand je n’avais pratiquement pas
vu le soleil pendant trois semaines.
J’ai rencontré aussi la
voisine Olia, qui m’a fait comprendre qu’il faudrait mettre Nounours à la
chaîne, au moins le temps qu’il s’habitue, ou alors ce sont eux qui vont le
faire. Leur autre chien est mort. Je crois que je
vais devoir essayer d’attacher Nounours au moins ponctuellement, si on
n’attache ou n’enferme son chien ici, il a de grandes chances de mal finir.
C’est vrai que je n’ai pas trop l’élan intérieur pour me prendre la tête avec
ça, en ce moment. Je suis complètement débordée. Il me faut corriger et
rééditer Yarilo, et il faudrait faire pareil
avec Parthène et Epitaphe.
Ania m’a dit
qu’elle lisait lentement mon livre, parce qu’elle est si occupée, et elle
s’endort dessus. Mais elle l’aime beaucoup, elle le trouve inhabituel et
surtout plein d’amour, écrit avec un immense amour. Cet écho me touche
beaucoup. En effet, j’ai mis là dedans toute mon âme et beaucoup d’amour. Macha
me demandait sur quoi avaient porté mes discussions profondes avec Katia et
Sérioja, l’autre soir. Sur la Russie, et sur mon amour de la Russie, sur la
façon dont cela m’est venu, et tout à coup, j’ai réalisé le caractère étrange
de cet amour fou, que je n’ai malheureusement partagé avec aucun homme, mais j’ai
aimé la Russie, et les hommes russes, personnages historiques, héros littéraires,
amis, j’ai aimé les Russes. J’ai aimé Ivan le Terrible, j’ai aimé Alexandre
Nevski. J’ai aimé Fédia Basmanov. J’ai aimé le prince André. J’ai aimé Mitia
Karamazov et le prince Muichkine. J’ai même aimé Stavroguine. J’ai aimé
Essénine, Mikhaïl Boulgakov. J’ai aimé Slava, Génia, Micha, Sérioja, Vadim, j’ai aimé
Volodia Skountsev et tout le Cercle Cosaque. Je ne parle pas des prêtres,
saints et moines, du clergé de mes paroisses, de mon évêque, de mon père
Valentin, du métropolite Philippe que je prie régulièrement, j’ai aimé tellement
d’hommes russes, sans pouvoir m’en attacher un seul...Je me souviens qu’à
Novgorod, jetant à l’issue du festival de folklore ma couronne de fleurs dans
le lac, j’avais pensé : « C’est la couronne de mes noces avec la
Russie. » J’ai aimé et épousé la Russie, et tous ses hommes, qui sont les
plus beaux, les plus charmants, les plus touchants, les plus intéressants de la
terre, et je souffre chaque fois que je vois les photos des jeunes soldats
morts sous les coups de l’OTAN et de ses sbires, comme s’ils étaient le fiancé
ou le fils que j’aurais pu avoir. Je pense que la sainte Russie et ce qu’il en
reste aujourd’hui, après l’acharnement sur elle de toutes sortes de gnomes, est
chère à Dieu, et que dans le pire des cas, elle livrera debout son dernier
combat, quand tous les autres se sont déjà couchés,
Je suis toujours
poursuivie par mon orthodoxe et sa croisade, elle m’accuse d’être manichéenne,
alors que c’est pour elle un dogme que les atrocités d’Ukraine sont toutes
russes, comme le lui insuffle dans la cervelle sa presse « sérieuse ». En somme, elle ne varie pas de sa
ligne, mais ne comprend pas que je m’en tienne à la mienne. Là encore, de nous
deux, il y en a sans doute une qui est folle, l'histoire dira laquelle. Mais je fais largement plus
confiance aux gens que je connais depuis longtemps et qui depuis longtemps
essaient de réinformer, qu’aux orthodoxes français de base pleins de préjugés
antirusses qui remontent aux années 30.
Un post m'a fait réagir, sur Telegram. Il s'agit de l'historien et patriote conservateur Félix Razoumovski:
Il y a quelque chose de très important que nous n'avons pas fait. En ce quelque chose de très important, nous, la vieille génération, nous n'avons pas assez fait attention à nos enfants et petits-enfants. Nous ne leur avons pas transmis le sentiment de la beauté de leur terre, de la terre russe. Bien que "l'automne d'or" de Levitan fut pendu pratiquement dans toutes les cantines soviétiques. N'ayant pas su être fiers de ce qui en valait vraiment la peine, n'ayant pas de lien charnel avec la terre, à la destruction de laquelle travaillèrent sans relâche les maîtres soviétiques, il ne fut pas possible de découvrir à temps aux jeunes générations les circonstances cruelles et honteuses. Leur raconter par exemple comment les komsomols, qui avaient leur âge, urinaient du haut des clochers sur les processions de Pâques. comment on détruisait à droite et à gauche ce que cette terre avait de plus précieux.
Et voilà que maintenant, à l'annonce de la mobilisation, nous avons vu les conséquences de ces soins parentaux médiocres et trompeurs. Les petits sont partis droit devant eux pour ne pas tomber "à la guerre". Et une conscience maligne leur souffle ça et là des arguments comme quoi pour quoi et pour qui irais-je me battre et souffrir? qu'y a-t-il de bon dans "ce pays"?
Et ici que dire? Comment expliquer au passage, comment parler de ce qui reste informulé? quand on n'a pas pour cela le temps et les circonstances élémentaires. Voilà que résonne le patriotisme brutal à la Prilepine, achevant ce qu'il reste d'esprit russe, de conscience russe.
Et d'un autre côté, c'est bien, et c'est source de grâce, que la vérité se découvre.que maintenant tout soit exposé aux yeux de tout le monde. Nous ne le voulions pas, bien sûr, nous avions peur... Mais le Seigneur en a jugé autrement.
Il dit à peu près ce que j'essaie sans cesse d'exprimer moi-même, lorsque je déplore le mauvais goût, les destructions, lorsque je soutiens le vrai folklore, les vraies traditions artisanales. Je me souviens parfaitement de ces komsomols ricanants de ma génération, qui crachaient sur les églises et tout ce qu'il restait de beau et de poétique à Moscou au nom du béton, des appartements impersonnels avec des meubles en contreplaqué poli bourrés de petits souvenirs de mauvais goût censés représenter "l'art populaire", abominablement caricaturé, ce que les slogans de l'époque appelaient "transformer Moscou en une vraie ville communiste". Beaucoup de petits bourgeois que je vois autour de moi ont été élevés par de tels parents. Heureusement, la mémoire génétique et les grands-parents ont joué leur rôle, et puis aussi la littérature russe classique, les concerts et les musées, l'église pour ceux qui trouvèrent la foi, seuls endroits où la beauté était censée avoir encore une petite place. Mais dans une certaine mesure, cela fut une "rééducation" réussie, effectuée chez nous par le consumérisme et la gauche Woke, et puis en France comme en Russie, par la destruction de la paysannerie, et la constante dérision de tous nos ciments nationaux, de tout ce qui nous unissait dans une conscience collective. C'est pourquoi, en effet, les Russes ne se lèvent pas aussi unanimement qu'en 1812, ou même pendant la guerre de 40, quand subsistaient beaucoup de traits de l'ancienne Russie, auxquels d'ailleurs la propagande communiste a fait appel pour réunir ce qu'on avait divisé afin de défendre une patrie au salut de laquelle l'appareil de l'état était lié. C'est ce que révèlent des films comme Alexandre Nevski ou Ivan le Terrible, et c'est l'ancienne Russie que j'y ai vue, quand je les ai regardés à mon adolescence. C'est elle qui m'a plu, je ne suis pas tombée raide d'amour devant des usines, des barrages ou des cités dortoirs en béton. J'ai été frappée alors par ce sentiment mystique de la patrie qui n'existait plus du tout chez nous, de la patrie vue comme une entité spirituelle qui a quelque chose à accomplir, quelque chose à recevoir et à transmettre, une compréhension transcendante de son destin. Sans doute Jeanne d'Arc avait-elle une conception de cet ordre, mais je ne l'ai jamais rencontrée chez les Français, tout juste un attachement nostalgique aux lieux natals, quelque chose comme ce qu'exprime la chanson de Fréhel:
Où est-il mon moulin de la place Blanche
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Alors que pour le Russe, son pays et son peuple sont une espèce de cathédrale où s'accomplit un mystère sacré. Pour le Russe vraiment russe, pas pour le mutant post-soviétique et le libéral qui n'ont pas idée que quelque chose existait avant 1917 pour le premier, avant Eltsine pour le second.
Il pleut tout le temps, mais hier, la pluie et les nuages jouaient avec le soleil et, après avoir jardiné dans la douceur du vent et la lumière, je suis partie me promener. Nounours, qui ne quitte ni sa mère ni sa maison d'origine, m'accompagnait tout content. C'est un chien adorable et si je constate que je n'ai plus la force de m'imposer, je le regrette: plus jeune, un compagnon comme ça aurait fait mon bonheur.
J'ai fait un dessin, au pied de la chapelle, sur la berge escarpée, face au ciel fantastique. J'imaginais l'état d'esprit de l'habitant de Pereslavl d'autrefois qui baignait dans la beauté intacte d'une ville féérique et d'un lac boréal et mystique, plus vaste qu'aujourd'hui, quand rien ne venait trop parasiter ni obturer les canaux qui nous relient en principe au cosmos divin environnant. Cet habitant-là était russe de chez russe, n'en doutons pas. Il avait l'âme aussi large que le lac, pleine de couleurs et de rayons, il ne partait pas de l'autre côté sans bagages. Et peut-être que toute cette terre et cette eau, ces arbres, ces vapeurs et ces oiseaux, trouvaient en lui leur finalité, leur justification, leur transfiguration. Et c'est en cela que consiste notre existence.
on voit à l'horizon les coupoles dorées du monastère saint Nicolas
le bleu va bien à ma maison, sa couleur accompagne le ciel.
…Что-то очень важное мы не сделали. Во что-то очень важное мы, старшее поколение, не посвятили своих детей и внуков. Мы не передали им ощущение красоты своей земли, Русской земли. Хотя «Золотая осень» Левитана висела едва ли не в каждой советской столовой. Не умея гордиться тем, чем действительно можно гордиться, не имея кровной связи с землёй, над разрушением которой изрядно потрудились коммунистические властители, невозможно было вовремя открыть юному поколению обстоятельства жестокие и постыдные. Рассказать о том, как, к примеру, комсомольцы, их сверстники, мочились с колокольни на пасхальный крестный ход. Как рушили направо и налево всё самое дорогое на этой земле.
И вот теперь при объявлении мобилизации мы увидели последствия этого бездарного, ложного родительского бережения. Дитяти побежали куда глаза глядят, лишь бы не попасть «на войну». А лукавое сознание тут как тут, подбрасывает им аргументы, мол, за что и за кого мне тут воевать и напрягаться. Что хорошего «в этой стране»? Что тут скажешь? Как объяснять на ходу, как говорить о неизреченном? Когда для этого элементарно нет ни времени, ни условий. Вот и гремит брутальная псевдопатриотическая прилепинщина, добивая остатки русского духа и русского сознания. А с другой стороны, это хорошо и благодетельно, что открылась правда. Что теперь всё и все на виду. Мы этого, конечно, не хотели, страшились… Но Господь ссудил иначе. Феликс Разумовский на Телеграмме
Sérioja est reparti à Oulianovsk, mais nous avons encore passé une soirée tous les quatre, chez Katia. Ils faisaient des enregistrements et voulaient me faire prononcer un discours en français pour le mélanger à de la musique, j'ai lu un de mes poèmes, c'était plus naturel que de raconter n'importe quoi. Ensuite nous avons bu le thé et discuté. Comme il est rare de se trouver avec des gens qui comprennent ce qu'on dit et à qui l'on peut dire ce qu'on n'exprime à personne... Sérioja est si fin, si profond, si drôle et si touchant. Et si vrai. C'est pourquoi je lui pardonne tout. Comme à Micha, que je n'ai pas vu depuis des années, mais si je le revoyais, je lui pardonnerais...
J'ai vu dans la cuisine de Katia un tableau d'elle qui représente un bouquet de chrysanthèmes, je l'ai trouvé très beau, je ne pouvais en détacher les yeux. Il était plein de douceur, de mystère et d'une tristesse paisible. Elle devrait dessiner davantage.
L'euro dégringolant dramatiquement, si j'arrive à récupérer mon argent de France, cela fera tout juste la moitié de ce que j'aurais perçu l'année dernière, et ma retraite ne vaudra plus grand chose, à la différence que les charges de la maison sont moins chères ici. Je pense au père Placide qui m'avait dit, lorsque je lui avais objecté que vendre ma maison pour partir en Russie me ferait perdre beaucoup, m'avait répondu: "Oh l'argent, on en trouve toujours!"
Je voulais renoncer au studio à louer chez moi, mais il va falloir l'envisager.
Je pense que père Placide devrait aller trouver saint Spyridon, spécialiste de ce genre de problèmes, et lui glisser un mot à mon sujet.
Tout cela m'a conduite à réaliser qu'il ne fallait plus éditer mes chroniques en russe, cela ne me rapportera jamais ce que j'engloutis dans mes publications. Il faut les publier sur un site, au fur et à mesure, les gens les liront gratuitement, mais elles ne me coûteront rien, car je les ferai avec une amie pour qui m'aider sera une sorte de cours de français, disons que nous en retirerons un profit linguistique réciproque.
Les arbres et les buissons se dorent et rougissent maintenant à grande vitesse, la mélancolique fête automnale bat son plein, par un temps mou et pluvieux, qui manque de lumière, mais ce matin, entre deux nuages, tout s'est illuminé. Le genre de petit miracle qui nous console du mauvais temps, et n'est pas sans évoquer pour moi la vie spirituelle, ces touches de clarté divine dans notre lassitude quotidienne.
mon chat Rom, complètement caractériel
Je suis tombée sur la page d'une artiste peintre russe dont j'avais déjà remarqué le soutien palpitant et exalté à la cause ukrainienne, décrivant des atrocités russes à longueur de temps, et maudissant son propre pays. Voilà qu'elle est partie en Ukraine et conclut le vibrant récit de sa fuite par: "Gloire à l'Ukraine! Gloire aux héros!' le cri de guerre des bataillons punitifs Azov et autres qui, depuis huit ans, bombardent, violent, pillent, torturent les gens du Donbass, dont en revanche, l'artiste-peintre ne parle jamais, et qui endurent tout cela pour ne pas renier leur culture. Ces mêmes Azov achèvent maintenant, mutilent et castrent les soldats russes tombés en leur pouvoir. Pourtant, l'armée russe n'ayant pas dépassé pour l'instant les limites de ce même Donbass, les Ukrainiens victimes des exactions dont elle parle sont précisément ceux qui sont allés massivement voter pour leur rattachement à la Mère patrie, il y a donc fort à parier que ces exactions relèvent de l'inversion accusatoire classique et habituelle, je me demande comment cette héroïne sera accueillie là bas? Parce qu'à lire tout cela, j'ai pensé: "De deux choses l'une, ou c'est elle qui est folle ou c'est moi!"
J'ai vu une vidéo qui m'a particulièrement intéressée car je connais bien les protagonistes. Il s"agit d'André Michel Chanclu, un homme de droite engagé depuis le début dans la défense du Donbass au côté d'un communiste, le défunt Alain Benajam. Je dis homme de droite, parce que c'est ainsi qu'on va le caractériser pour discréditer son témoignage, bien que l'extrême droite soit très présente dans le camp des étrangers pro ukrainiens. Et Iouri Iourtchenko, poète, dramaturge, époux de mon amie Dany, qui était parti au Donbass, indigné par les mensonges des médias français, pour faire de la réinformation, avait été fait prisonnier, avait été torturé et n'avait échappé à la mort que par miracle. Le second traduisant les propos du premier, l'interview est en français à partir de la 4° minute.
André Chanclu était parmi les observateurs du référendum et réagissait aux propos délirants de la ministre des Affaire Etrangères allemande qui prétend que les gens, battus, violés, allaient, sous la menace des mitraillettes, tracer leur croix sur le bulletin de vote. A mon avis, mon artiste peintre et tous les bobos russes qui l'encourageaient dans les commentaires, par un réflexe de rejet systématique de leur propre patrie, ne prennent en considération que les sources occidentales et ukrainiennes d'information ou plutôt de désinformation.
Je fais confiance à Chanclu et à Iouri. En écoutant le délire de l'Allemande, je pensais au début de la deuxième partie du film Ivan le Terrible, quand le traître Kourbski est acceuilli à la cour du roi de Pologne, et que des dames joignant les mains et levant les yeux au ciel proclament que "les moscovites mangent des petits enfants vivants". D'après Chanclu, ce n'est pas le cas.
Hier soir, je recevais Sérioja, venu à Pereslavl, Katia et Dania, et je m'étais mise en frais, j'avais sorti la nappe brodée, l'argenterie de ma grand-mère et j'avais fait la cuisine. J'ai même allumé des bougies. Dans ma jeunesse, j'aimais recevoir mais je suis devenue assez cossarde. Nous avons passé une très bonne soirée, car on peut dire que j'ai des affinités avec chacun d'eux, l'atmosphère était chaleureuse, sans tensions, avec de gentils échanges de plaisanteries, et nous avons joué des gousli et de la balalaïka, ce qui est consubstantiel à Sérioja comme à Dania, encore plus à Sérioja, peut-être, parce qu'il est tombé dans la marmite lorsqu'il était petit. Mais Dania a avoué que la balalaïka l'avait sans doute sauvé, lorsqu'elle est arrivée dans sa vie compliquée. Il a composé sur moi et mes chats des tchastouchki que je me promets d'apprendre et d'interpréter. Les tchastouchki sont de petits épigrammes satiriques que les Russes improvisent quand ils dansent.
Huit chats dans ma maison
Dorment, mangent et courent,
Tous les coins, tous les recoins
Ils les explorent vraiment bien!
Sérioja était très ému de revoir mes deux chattes Chocha et Georgette, ces deux grand-mères ayant été témoins de ses soirées de jeunesse chez moi, rue Trifonovskaïa, dans les années 2000. Il a reconnu sur le tableau qui le représente, dans ma chambre, mon chat Picasso, mort depuis, qui faisait partie de ces réjouissances. Sérioja est presque quadragénaire et j'aborde le grand âge, celui qui est défini dans le psaume comme le terme de la vie humaine, le surplus n'étant que peines et douleurs...
C'est un fait que je me sens beaucoup plus à l'aise avec les hommes d'abord, et avec les jeunes ensuite. Maman non plus n'aimait pas tellement les femmes et pas tellement les vieux. Mais les vieilles femmes, surtout ici, sont souvent de vraies emmerdeuses autoritaires et donneuses de leçons.
Ils m'ont dit qu'ils s'étaient penchés sur mes chroniques, la veille, chez Katia, et se sont étonnés que j'eusse exprimé dès 2016 mon appréhension de la guerre que nous avons maintenant. Comment, pourquoi? Eux ne s'en doutaient pas. Et j'ai pensé à Xioucha qui m'a déclaré il n'y a pas longtemps: "Lolo, je dois vous demander pardon, vous avez parlé de tout cela pendant huit ans et je n'y prêtais pas attention, et je découvre maintenant toute l'horreur de ce qui se passe là bas". C'est que contrairement à ce qu'on raconte en occident, la propagande de Poutine etc... on n'en parlait guère plus en Russie qu'en Europe. Pourquoi? Une partie de la presse était entre les mains d'oligarques mondialistes pro occidentaux, et diffusait exactement le même catéchisme que le Monde ou Libération. En face, il y avait des chaines gouvernementales qui diffusaient, elles, la "propagande de Poutine", et des chaînes conservatrices, comme Tsargrad. On pouvait au moins faire une moyenne, mais dans les milieux bobos, qu'on appelle ici "bohêmes", il était de bon ton d'être contre l'autorité en place et pro européen, seule la populace imbécile pouvait croire la presse gouvernementale ou traditionnaliste, ce qui n'est pas sans rappeler ce qui se passait au moment de de Gaulle, et comme au temps de de Gaulle, le gouvernement hésitait à taper du poing sur la table pour ne pas avoir l'air d'être répressif et peut-être parce qu'il sous-estimait l'impact de cette meute de chacals distingués aboyant à ses chausses. C'est d'ailleurs après avoir observé ce fait que j'ai du mal à croire dans l'implication de celui-ci dans les meurtres de la journaliste et du politicien qui servent essentiellement à alimenter, en occident, la propagande anti Poutine, ce que ce dernier a d'ailleurs lui-même fait observer: pourquoi ceux-ci plutôt que les autres, tout aussi remontés contre lui? Je me souviens que les émissions de Mikhalkov, qu'on accuse d'être à la solde de Poutine, ont été interdites par la chaîne qui les diffusait. Parce que le patron de cette chaîne ne souhaitait pas voir démasquer les intrigues antirusses de l'opposition libérale, ses liens avec Soros, le gouvernement américain et toute cette caste qui nous a menés où nous en sommes. Des libéraux qui discréditent le milieu intellectuel et justifient a posteriori, pour les nostalgiques de Staline, les répressions aveugles et féroces des années 30.
Au moment de la Perestroïka, j'ai cru à la grande réconciliation des deux Europe, qui était dans nos intérêts réciproques, matériels, culturels, spirituels, mais j'ai vite déchanté. J'ai compris dès la première guerre d'Irak que nous étions arrimés à l'empire anglo-saxon et que nous n'avions aucune autonomie, car nous n'avions aucun intérêt national à nous engager dans cette aventure. De plus, j'ai observé pour la première fois l'ampleur, l'impudence, l'absurdité d'une propagande énorme et unilatérale, j'étais obligée d'aller chercher des infos sur radio Courtoisie, qui ne diffusait alors que sur Paris. La suite n'a cessé de me prouver que ce que je constatais était vrai: la honteuse intervention en Serbie, la honteuse intervention en Irak, la catastrophique intervention en Libye, puis la Syrie, et évidemment le maïdan et l'Ukraine. Quand je travaillais à Moscou, j'avais toujours un peu peur d'être coincée par la guerre que je sentais venir, soit en France, soit en Russie. Elle ne me paraissait pas encore imminente, mais plus que probable. Tout me semblait aller dans ce sens, la façon dont on travaillait la pâte des ex républiques avec le levain de la discorde, de la haine, de la cupidité, des plus vils instincts de revanche et la quête d'un bouc émissaire pour des péchés largement partagés par tous. Dès 2014, et même un peu avant, quand j'ai entendu cette conversation de Timochenko exhortant à vitrifier le Donbass, fin 2013, j'ai su que cette guerre devenait inévitable parce que l'occident la voulait, parce qu'il voulait la peau de la Russie, et avait aussi des desseins particuliers sur l'Ukraine, d'ordre mafieux mais pas seulement. Le silence, la malhonneteté des médias, pires encore que du temps de l'Irak, ont achevé de m'inquiéter et de m'écoeurer. Aussi, on peut dire que le conseil insistant du père Placide est tombé sur un terrain déjà bien préparé.
J'ai expliqué cela à mes trois copains, et d'une manière plus compétente et plus documentée, Asselineau l'explique aux pauvres dupes qui, en France, ne voient toujours rien, dans cette vidéo. Après l'avoir regardée, j'ai décidé que je voterai pour lui le prochain coup. Je l'ai mise sur les réseaux à l'intention des susnommés qui viennent sautiller dans mes fils de commentaires, comme les étudiants manipulés de la place Maïdan, et trouvent les croix gammées ukronazies purement symboliques. (symboliques de quoi, de nos jours? Quand la jeune gilet jaune défigurée par les flics de Macron en a tracé une sur le sable d'une plage, on ne s'est pas demandé si c'était un symbole solaire, on l'a immédiatement traînée dans la boue...) Mais Asselineau n'est pas sérieux, n'est-ce pas? S'il était sérieux, il serait soutenu par Soros, Bill Gates, Rothschild ou quelque milliardaire français tout aussi pourri? Il aurait à son service tous leurs chacals médiatiques?
Je citerai pour finir le Saker, à propos de l'acte terroriste impudent commis sur Nord Stream, et qui devrait ouvrir les yeux les plus rhédibitoirement fermés:
...il est maintenant évident que les Anglos ont décidé de détruire l’Europe. L’Europe accuse la Russie en dépit des menaces de Brandon et de l’orgasme collectif polonais et du « merci les USA ! » que les Russes ont qualifié de « réaction hystérique-euphorique à la limite de la folie« .
Franchement ? Je pense que l’Allemagne et le Banderastan croupion méritent pleinement et richement un tel voisin. Bien du plaisir !
L’incapacité des Européens à mentionner qui est le coupable évident signifie que le bouton de douleur de l’UE devra être réglé beaucoup plus haut avant que ces lemmings délirants et veules ne reviennent à la réalité. Au lieu que l’Ukraine devienne l’Europe, l’Europe est devenue l’Ukraine.