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La maison d'oncle Kolia |
Malade plusieurs jours, sans beaucoup de fièvre, mais avec une bronchite dont je viens à bout avec des doses massives d'antibiotiques et de vitamines. Je n'ai plus de voix. Plus de forces non plus, mais toujours des tas de choses à faire, que l'on ne fera pas à ma place. C'est là qu'on prend conscience de son âge, quand on a tendance à l'ignorer.
Le temps est magnifique, rarement vu ici autant de journées ensoleillées, ni aussi peu de moustiques, mais la sècheresse menace. Dans mon marécage, cela ne concerne pas les plantes installées, mais les nouvelles et les transplantées demandent de l'arrosage.
J'ai vu hier une équipe mesurer la moitié d'isba de l'oncle Kolia, je redoute le pire. Cette ravissante façade va être saccagée, plastifiée, sans compter le bruit qui va me gâcher l'été, il ne manque plus que la construction par derrière du monstre pour lequel on a déversé ici des quantités de terre invraisemblables. J'essaie de surmonter le chagrin et la révolte que cela me cause. On peut dire que la connerie m'a pourri la vie dès l'enfance, je ne l'ai jamais supportée, convaincue, comme Dostoievski, que la bêtise peut devenir un crime. Mais à mon âge avancé, avec un organisme usé et une âme épuisée, cela devient difficile à supporter.
Cependant, il y a pire. Hier, le festival Tom Sawyer fêtait par un thé en plein air la fin de son dernier chantier, la restauration extérieure d'une isba, sur la route principale, pas loin de chez moi. Je suis allée soutenir la cause. Cette pauvre isba, devenue toute pimpante, avec des détails charmants que l'on ne voyait plus sous la grisaille, est guettée par un énorme truc, tombé là comme un OVNI, en écrasant tout sur son passage. Ce truc me fait cuire les yeux à chaque fois que je passe devant. Il se dresse à trois mètres, au nord, d'un château américain lui-même hideux, à qui il bloque toute espèce de vue et de lumière. Et il surplombe au sud l'isba et son jardin, avec tant de lourde impudence, que si j'étais contrainte de vivre dans un tel voisinage, il me faudrait commander trois sequoias presque adultes pour ne plus voir ça, et aussi ne plus être vue de haut, comme une fourmi dans un vivarium. Heureusement que mon voisin à la terrasse n'a pas les mêmes moyens que le propriétaire de l'OVNI...
Ce n'est même plus de la simple bêtise, du simple mauvais goût, c'est, au delà du mépris pour le style local, celui des gens qui vivent autour et qui doivent supporter cette intrusion colossale. Il paraît qu'après avoir regardé les volontaires restaurer la masure avec perplexité, les extraterrestres sont devenus plus ou moins amicaux. Mais même si je n'avais pas été malade, je n'aurais pas travaillé sur ce chantier, aucune envie de faire connaissance: les extraterrestres ne sont pas ma tasse de thé.
Quelle n'a pas été ma surprise d'apprendre que l'auteur de ce méfait vitré était architecte, et même un célèbre architecte de Moscou! Dans un sens, c'est instructif. Si vous ne comprenez pas comment on a pu et peut encore, saccager cette capitale et ce qu'il lui reste de quartiers pittoresques après l'Union Soviétique, venez contempler l'OVNI de Pereslavl-Zalesski. Ca fait peur. Si j'avais encore les forces, je crois bien que j'envisagerais la fondation d'une communauté dans un village perdu du nord
Cependant, il faut dire que tout ceci concorde avec la vidéo de l'officier para que j'ai donnée récemment. La Russie ayant connu l'effondrement de l'Etat providence, tyran mais providence quand même, puis le pillage néo-libéral, en est là où nous allons, dans une société post-moderne dont elle a pris l'habitude en développant des stratégies de résistance. Certes, n'importe quel butor peut construire n'importe quoi, mais en revanche chez nous, on projette carrément de priver les gueux de toute espèce de propriété. Ainsi, dans un cas comme celui de l'OVNI, il reste la haie de sapins de 20 mètres ou le déménagement à 30 km de Pereslavl (parfois même beaucoup plus près). Car si personne n'empêche la construction d'un tel machin, personne n'empêche non plus les plantations d'arbres... c'est votre terrain.
J'ai une pensée émue pour une dame qui, vivant dans une ravissante maison provençale en pleine nature, rêvait de trouver ici "une jolie petite maison russe", ce qui reste théoriquement possible dans les villages perdus où faire 30 km peut vous prendre pratiquement une heure selon les saisons, et où il n'y a aucune infrastructure. Ou bien il faut vraiment étudier de près ce qu'il y a autour et savoir que la chute d'un OVNI reste toujours possible, à moins d'avoir devant soi un plan d'eau, un ravin, une falaise, ou une construction récente tolérable qui se dissimule aisément. Il faut avoir cet aspect de la question à l'esprit, quand on déménage en Russie, à moins d'être un citadin invétéré ou, au contraire, un homme des bois.
Or une émigration occidentale s'annonce avec de plus en plus d'insistance. Je lis sur VK:
Nous avons aussi de bonnes nouvelles. Avec tous les défauts de la FR, que je critique beaucoup, elle a l'air tout à fait convenable en regard des régimes dégénérés des USA ou de l'UE, où le christianisme et la moralité sont opprimés par une politique gouvernementale délibérée. Elever normalement des enfants est problématique également chez nous, mais là bas, c'est juste irréaliste, car dans chaque école, l'enfant est confronté obligatoirement à l'idéologie des trente six genres et de la drogue permise. Et les gens de bonnes moeurs s'efforçant de résister à cela sont conspués dans les médias, les tribunaux, et de plus en plus soumis à des poursuites judiciaires. Par conséquent, se profile une émigration de chrétiens blancs d'occident, pas encore énorme, mais déjà assez importante. Dans l'ensemble, je suis contre les vagues de migration, mais une telle vague de gens qui nous sont proches par la moralité, l'état d'esprit et le génome, qui aiment la Russie, c'est utile. De plus, ils ne demandent pas d'argent, mais l'apportent eux-mêmes.
Ce sont généralement des gens désintéréssés, souvent plus patriotes envers la Russie que le Russe moyen. J'ai eu moi-même au Donbass une assistante allemande de souche qui s'est convertie à l'orthodoxie: pour une femme, et d'autant plus étrangère, aller faire la guerre pour la sainte Russie, c'est bien plus risqué que pour nous. Néanmoins, parmi les émigrés occidentaux venus chez nous, il y en a beaucoup.
Ils voient à juste titre dans la Russie le dernier bastion du christianisme et d'une vie normale et morale. Je vitupère moi-même les rechutes de bolchevisme dans notre pays. Cependant, chez nous, il relève plutôt du symbole. Alors qu'en occident, toute la politique et l'idéologie sont devenues bolcheviques façon Lénine et Trotski, avec les histoires de pédophilie dans les écoles et les "marches nues". Cependant, la question de la symbolique est activement reprise, en Occident, par les mêmes clans occultes financiers, sous l'égide desquels le communisme et la révolution sexuelle ont été introduits en Russie en temps voulu. Ils s'occupent désormais de la déchristianisation définitive de leurs fiefs, y compris au niveau des symboles. La famille royale d'Angleterre a, à un certain moment, aidé à renverser et à supprimer le saint tsar russe Nicolas II et à déclencher la persécution du christianisme en Russie. Et maintenant, elle en arrive à détruire les symboles chrétiens jusque sur les armoiries de ses propres terres, sans parler de choses plus viles. Le roi Charles III, à peine coutronné, ordonna la création d'un nouveau dessin héraldique sans croix pour le gouvernement canadien.
Des gens viennent chez nous, qui sont prêts à tout pour ne pas affronter tout cela et en protéger leurs enfants:
Un "Village américain", qui abritera 200 familles des Etats-Unis, commencera sa construction dans le district de Serpoukhov de la région de Moscou en 2024.
C'est ce qu'a déclaré le directeur général du cabinet d'avocats Vista Emigration lors du 11° Forum juridique de Saint-Pétersbourg: "Fondamentalement, ce sont des chrétiens orthodoxes. Des Américains et des Canadiens qui, pour des raions idéologiques, veulent s'installer en Russie. Le projet est entièrement financé par ces étrangers eux-mêmes. Il n'y a pas de financement étatique ou local, mais l'approbation et le soutien du gouvernement de la région de Moscou étaient nécessaires."
En Allemagne, on parle de centaines de milliers d'Allemands russes qui veulent s'installer en Russie. Les raisons en sont connues. C'est l'implantation des valeurs radicales de la gauche libérale occidentale qui n'ont pratiquement plus aucune limite. Aujourd'hui, ils ont 70 sexes, demain, on ne sait pas ce qui se passera. Beaucoup de gens normaux, et là bas, il y en a aussi, ne comprennent pas tout cela et veulent émigrer. Beaucoup choisissent la Russie, mais ils y sont confrontés à un grand nombre de problèmes bureaucratiques liés à l'imperfection de la législation russe sur les migrations.
Igor Drouz.
https://www.blogger.com/blog/post/edit/8427042741309398685/7602757536195622948#
Si je cite ce post, ce n'est pas pour inciter les gens à partir, la question est très personnelle, mais parce que le phénomène me fascine et que l'analyse de l'auteur répond tout à fait à la mienne. Et puis je me demande quel en est le sens, la direction. Quand je suis partie, je pensais que ma démarche resterait assez marginale, or elle prend de l'ampleur, il est vrai que ce qui se passe en Occident s'est beaucoup accéléré et radicalisé. Les Américains s'organisent en villages, eh bien comme cela, ils éviteront peut-être les chutes d'OVNI... Personnellement, je ne suis pas venue ici pour vivre entre Français, mais pas non plus pour voir la Russie saccagée par ses propres habitants, et pourtant, je pouvais déjà le prévoir, la tendance est ancienne.