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mardi 21 septembre 2021

la laure sous la pluie


Nil avait un deuxième jour de congé pour faire du tourisme. Mais il y a longtemps que je n'avais pas vu un mois de septembre aussi pourri. Le chauffage s'étouffait tout le temps à cause des bourrasques de vent, et Nil n'avait pas songé à brancher le convecteur électrique, de sorte qu'il avait pris froid. J'ai fait venir le plombier Rouslan, qui a commencé à entretenir Nil, par mon intermédiaire, de divers sujets philosophico-religieux. Il lui a dit que le pape était noyauté par les corporations transnationales et qu'il allait fonder la "Religion du futur" évoquée par le père Séraphim Rose. Mais la Russie orthodoxe allait faire obstacle à tout cela, car si les Hébreux avaient été le peuple élu de l'ancien Testament, les Russes, par leur respect millénaire de l'Evangile, étaient devenus le peuple théophore. Cependant les moscovites ne comprennent pas ces choses, les moscovites ne comprennent plus rien et à la limite, ne sont même plus tellement russes, même leur langue ne ressemble plus à rien, alors qu'à Pereslavl, on a gardé et la langue, et l'esprit...
Malgré les rideaux de pluie, nous nous sommes lancés dans la visite de Serguiev Posad. Nous étions gelés l'un et l'autre et sommes d'abord allés nous réchauffer dans le restaurant Pelmennaïa, rue Karl Marx. On peut y manger ce qu'on mangeait en Union Soviétique, dans le décor correspondant, c'est-à-dire que les objets datent de cette époque, mais la déco pas du tout. Mais c'est joli, chaleureux, bon et pas cher.
Après, par chance, nous avons eu une petite éclaircie, ou disons un épisode sans pluie. J'étais transie jusqu'aux os, à mon avis, Nil aussi. On a beaucoup plus froid en automne qu'à la fin de l'hiver, parce qu'on se figure, dans nos vêtements d'été, que c'est pour toujours, et quand le temps se gâte, on est terriblement surpris... Nil aurait cette fois préféré que le café français se trouvât en Crimée! Je dois dire qu'il n'est pas gâté, rien n'est plus déprimant que ce genre de temps en Russie. Moi aussi, dans ces cas-là, je me demande ce que je fous ici!
Nous sommes entrés dans l'église de la Trinité, prier saint Serge. Je lui ai recommandé ma copine Dany, qui est malade à Moscou, et pour laquelle je me fais du souci. Je lui ai recommandé aussi Nil et sa mère, tous ceux qui veulent venir ici, et ceux qui y sont déjà. On chantait l'acathiste. Je l'ai prié avec toute la ferveur possible. 
Cette église est si belle, si légère et si dorée qu'on croirait une apparition. 
Nous devions acheter une icône de saint Serge que la mère de Nil veut offrir à sa paroisse, mais les icônes peintes sont plus chères, forcément. Nous en avons trouvé une encore abordable. Le vendeur et la vendeuse ont été très empressés, cela leur plaisait beaucoup, que l'icône partît dans une paroisse orthodoxe en France.

Je n'avais pas pris Rita, qui en a été si affectée qu'elle n'a pas touché à la friandise que je lui avais donnée pour la consoler. Après m'avoir fait des fêtes, ou m'avoir engueulée, au fond je ne sais pas, peut-être les deux, elle a récupéré la chose pour la mâcher en ma présence.




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