J'ai chez moi un copain d'une connaissance, un vieux bonhomme, un peu plus vieux que moi, appelons-le Valeri. Battu par la vie, un peu au bout du rouleau. Sa femme, une Allemande russe, descendante de colons allemands, a insisté pour le faire partir dans la patrie de ses ancêtres, où l'on faisait de gros avantages à ses semblables. Il a donc vendu sa maison ici, et il est parti. Depuis, sa femme est morte, il se retrouve seul dans un appartement de location, si brusquement on le prive des subsides de sa femme, dont il touche la moitié, il se retrouve sans un, et sans logement. Les enfants de sa femme l'ont envoyé chercher le fric qu'il ne leur a pas encore donné et qu'ils n'ont pas encore dilapidé, ce qu'il reste de sa maison ici, juste de quoi acheter un appartement d'une pièce dans le sud de la Russie. Quand il m'a raconté tout cela, moi qui n'ai pourtant pas l'habitude de donner des conseils, j'ai poussé les hauts cris: "Ne leur donnez rien du tout! Achetez à Stavropol! Vous serez en Russie, vous aurez une très petite retraite, mais vous pourrez compléter, et puis vous serez logé! Vous comprendrez le langage et les usages des gens! Et puis voyez quel avenir attend l'Europe! Vous avez votre fille à Saint-Pétersbourg, Stavropol, c'est loin, mais c'est quand même le même pays!"
Ce gros nounours craint la réaction de ce couple qui le dévalise et se rend cependant parfaitement compte que c'est ce qu'il fait et qu'il le laissera royalement tomber quand il n'y aura plus rien à tirer de lui. Ca arrive. J'ai parfois vu qu'on me roulait sans pouvoir me défendre, par une curieuse inhibition de la volonté. Comme si le mal exerçait une sorte d'hypnose, comme on l'a vu chez les électeurs ahuris de Macron, ou dans les défilés de l'intelligentsia russe, préférant suivre des gueules patibulaires comme celles de Lénine et Trotski plutôt que le noble et impeccable Nicolas II...
Valéri, entre parenthèses, n'est pas du tout communiste. Dans sa famille, un grand-père cosaque a été fusillé par les rouges, un autre aïeul a été envoyé en camp, ce n'est pas du tout son truc, cependant, me dit-il: "En occident, ils mentent sans arrêt, dans tous les médias, comme chez nous au temps de l'URSS. En réalité, j'ai l'impression que les choses ont basculé: ils commencent à vivre comme nous vivions, et ici en Russie, on commence à vivre comme on vivait en Europe.
- C'est aussi mon impression, mais des tas de débiles s'obstinent à croire que Poutine égale Staline et qu'il y a un agent du KGB derrière chaque réverbère. Vous n'avez pas vu la vidéo du dissident Vladimir Boukovski sur ce sujet? Comme Soljénitsyne, il avait tout compris. En Europe, on nous installe un bolchevisme capitaliste qui vise à la dictature mondiale. D'ailleurs, rien que le nom russe de l'Union Européenne inspire des inquiétudes: Evrosoyouz. On voit tout de suite la correspondance avec Sovietski Soyouz!"
Valeri a un terrible mal du pays, il se sent très seul, il ne comprend pas comment je fais pour ne pas être dans le même cas. Il s'est procuré une télé, il ne peut pas vivre sans, et en Allemagne, il languit après la télé russe... Il ne supporte pas les pelouses impeccables des Allemands, il se demande ce qu'il fout là bas; les gens ne sont pas solidaires, il ne parle pas leur langue, tout se monnaye... Dieu veuille le ramener chez lui, ou même à Stavropol, car il ne supporte pas le climat de Saint Pétersbourg, notoirement malsain, sans parler de la nuit polaire. Mais en Russie, chez lui.
Le couple lamentable vit là bas des subsides que les Allemands distribuent aux étrangers. Sans travailler. Et pour le beurre dans les épinards, il y a ce qu'il reste d'argent au beau-père.
Ce gros nounours craint la réaction de ce couple qui le dévalise et se rend cependant parfaitement compte que c'est ce qu'il fait et qu'il le laissera royalement tomber quand il n'y aura plus rien à tirer de lui. Ca arrive. J'ai parfois vu qu'on me roulait sans pouvoir me défendre, par une curieuse inhibition de la volonté. Comme si le mal exerçait une sorte d'hypnose, comme on l'a vu chez les électeurs ahuris de Macron, ou dans les défilés de l'intelligentsia russe, préférant suivre des gueules patibulaires comme celles de Lénine et Trotski plutôt que le noble et impeccable Nicolas II...
Valéri, entre parenthèses, n'est pas du tout communiste. Dans sa famille, un grand-père cosaque a été fusillé par les rouges, un autre aïeul a été envoyé en camp, ce n'est pas du tout son truc, cependant, me dit-il: "En occident, ils mentent sans arrêt, dans tous les médias, comme chez nous au temps de l'URSS. En réalité, j'ai l'impression que les choses ont basculé: ils commencent à vivre comme nous vivions, et ici en Russie, on commence à vivre comme on vivait en Europe.
- C'est aussi mon impression, mais des tas de débiles s'obstinent à croire que Poutine égale Staline et qu'il y a un agent du KGB derrière chaque réverbère. Vous n'avez pas vu la vidéo du dissident Vladimir Boukovski sur ce sujet? Comme Soljénitsyne, il avait tout compris. En Europe, on nous installe un bolchevisme capitaliste qui vise à la dictature mondiale. D'ailleurs, rien que le nom russe de l'Union Européenne inspire des inquiétudes: Evrosoyouz. On voit tout de suite la correspondance avec Sovietski Soyouz!"
Valeri a un terrible mal du pays, il se sent très seul, il ne comprend pas comment je fais pour ne pas être dans le même cas. Il s'est procuré une télé, il ne peut pas vivre sans, et en Allemagne, il languit après la télé russe... Il ne supporte pas les pelouses impeccables des Allemands, il se demande ce qu'il fout là bas; les gens ne sont pas solidaires, il ne parle pas leur langue, tout se monnaye... Dieu veuille le ramener chez lui, ou même à Stavropol, car il ne supporte pas le climat de Saint Pétersbourg, notoirement malsain, sans parler de la nuit polaire. Mais en Russie, chez lui.
Le couple lamentable vit là bas des subsides que les Allemands distribuent aux étrangers. Sans travailler. Et pour le beurre dans les épinards, il y a ce qu'il reste d'argent au beau-père.
"J'ai déjà vécu dans votre futur, cela n'a pas marché"