sainte Russie
Je lis parfois
des choses sur facebook qui me plongent tout d’abord dans une grande fureur et
une espèce d’angoisse, celles d’avoir à y répondre, car je ne peux pas laisser
passer ça, dans la mesure où mon père spirituel m’a bénie pour combattre. Mais
c’est pour moi une souffrance, car je déteste les conflits et la polémique.
Hélas nous vivons des temps où l’on ne peut vivre en paix, même intérieure.
Quelqu’un m’a
inscrit sur un groupe « d’amitié biélorusse » ; des groupes, j’en
ai des milliers, je n’arrive pas à tout lire, et celui que j’ai ouvert pour
soutenir le métropolite Onuphre m’occupe déjà pas mal. Mais soit. Et là, je
tombe sur le post d’un Français, résidant depuis onze ans au pays de Loukatchenko
et avide de démontrer que les Biélorusses
ne sont surtout pas des Russes (comme si être de près ou de loin apparenté à
des Russes était quelque chose d’absolument infamant), ni par leur histoire, ni
par leur langue, ni par rien. Bref le syndrome de la vérole ukrainienne
galopante (et inoculée).
Pour moi, il a
toujours été évident que les Biélorusses et les Malorusses sont des Russes,
avec des particularités locales, mais des Russes. Ceux qui ne sont pas russes
parmi eux sont des sortes de polonais uniates, car ce qui fait la différence
initiale entre les tribus slaves de la grande plaine, c’est l’adoption du
catholicisme romain par les uns, de l’orthodoxie par les autres. Génétiquement,
avec bien sûr de petits métissages locaux, ils sont tous pareils, et ça se
voit. Culturellement et linguistiquement également. Ils sont beaucoup plus proches
les uns des autres que de n’importe quel représentant de l’Europe occidentale,
et par la génétique, et par la culture, et par la foi, et par la mentalité, et
par les traditions. Les Polonais et leurs uniates se sont éloignés et puis ils
se croient d’une autre essence, qui a « connu la renaissance », des
Européens pur jus, pas des paysans arriérés des steppes, mais Biélorusses, Malorusses ou grands Russiens, tout ça, c’était les Russes des trois Russie qui
avaient un seul tsar et un seul patriarche. Certes les frontières ont pas mal
fluctué, les Polonais sont allés jusqu’à Moscou et l’ont occupée au XVII°
siècle, provoquant un rejet absolu des populations. Mais les trois Russie
avaient toutes en commun la même foi orthodoxe et le même folklore.
Les vidéos de
folkloristes, sur youtube, sont souvent accompagnées des commentaires haineux
et stupides des «Ukrainiens » ukrainisants : « C’est notre
folklore, vous nous l’avez volé ; vous vous n’avez pas de folklore, vous
êtes des mongols etc… » C’est complètement faux et affligeant à lire. Car
justement, le folklore remonte à la plus haute antiquité , dans les trois
Russie, et en démontre la profonde unité. D’une certaine manière, il rejoint
même celui des pays d’Europe, qui s’est parfois davantage éloigné de ces
sources millénaires, mais je laisserai cette question de côté. En ce qui
concerne les trois Russie, c’est le même folklore. Des musiciens italiens venus
en Russie au XVIII° siècle se sont à ma grande surprise intéressés à la
question. Ce folklore les avait émerveillés par la complexité de ses
architectures musicales, que de simples paysans élaboraient d’instinct. Et ils
avaient observé que dans tout l’empire russe, de Pétersbourg au Khamtchatka, d’Arkhangelsk
à Odessa, il s’agissait d’UNE SEULE formule mélodique qui connaissait d’infinies
variations. Cela pourrait être d’ailleurs la formule de l’âme russe qu’Ukrainiens
et Biélorusses antirusses renient purement et simplement. Je ne suis jamais
allée en Biélorussie, sauf deux jours à Brest-Litovsk, et l’envie m’en passe au vu de telles considérations ;
mais je suis persuadée qu’on retrouve les mêmes coutumes et les mêmes motifs de
tissage et de broderies, symboles de fertilité, conjuration du mauvais œil etc.
Qui plus est, on voyageait pas mal, par les grandes plaines et les forêts, pèlerins,
marchands, cosaques ou même brigands, et le folklore aussi. Personne ne
songeait alors, dans l’empire des tsars, à le revendiquer pour sa seule région.
La Biélorussie,
comme l’Ukraine actuelle, sont des créations soviétiques entérinées par l’Occident
via Eltsine pour affaiblir l’entité russe, le prochain stade étant de casser la
Russie en deux selon l’axe de l’Oural et vous verrez que si cela se fait, ce qu’à
Dieu ne plaise, avec une bonne propagande, les Sibériens dans vingt ans ne seront
plus russes du tout, eux non plus. Comme en Ukraine, il y a sans doute des
régions de Biélorussie occidentale qui se sentent plus polonaises que russes.
Mais j’ai observé que même en Pologne orientale ce phénomène existait, en
direction inverse. Ainsi je me suis arrêtée au monastère saint Onuphre, qui
était russe depuis le XIV° siècle, et s’est retrouvé après la guerre, à son
grand désespoir, en territoire polonais. Pour le monastère saint Onuphre, d’ailleurs,
la Biélorussie, c’était la Russie…
J’avais rencontré
ensuite un prêtre à Brest-Litovsk, il parlait russe, et pas biélorusse, et dans
la bibliothèque qu’il s’occupait de monter pour relever le niveau culturel des
populations, il mettait Tolstoï, Dostoïevski, Pouchkine et Gogol en version
originale…
Au moment du
démembrement de l’URSS, j’avais parlé avec une jeune Biélorusse qui était
catastrophée par « l’indépendance » et me disait que personne n’y
comprenait rien et n’avait rien demandé. Les Biélorusses ont eu de la chance,
en un sens, car de tous les apparatchiks communistes pourris bombardés
roitelets dans leur nouvelle petite république périphérique, il est le seul qui
ait pris les intérêts de son fief en considération et conservé une sorte de
société soviétique soft, ce qui était la meilleure chose à faire, dans le
contexte actuel. A tel point que les Russes enviaient leurs voisins de l’avoir
pour président. J’avais rencontré une Biélorusse dont le fils travaillait et s’était
marié en Russie, comme foule de Biélorusses et d’Ukrainiens depuis la nuit des
temps et aujourd’hui peut être encore plus que jamais. La dame m’avait confié : « l’indépendance,
au début, on était tous contre, mais finalement, on y trouve notre compte ».
Mettons qu’aujourd’hui, le Pays d’Oc fasse sécession, avec par exemple, Robert
Ménard de la République soluble dans l’UE et le Nouvel Ordre Mondial du traître
Macron, et développe une politique nationale satisfaisante pour les habitants,
dans 20 ans, il pourrait s’en féliciter, et le Pays d’Oc aurait bien plus de
raisons historiques et culturelles de le faire que la Biélorussie.
De là à dire que
les Biélorusses n’ont rien en commun avec les Russes… Alors bien sûr, quand l’histoire
des gens et leur mémoire ne remontent pas au-delà de 1917, ou pire, de 1990, et
que tous les liens sont rompus avec la culture et la foi de leurs ancêtres, on
peut facilement prétendre une chose pareille. On dit bien aux Français, qui ont
perdu tout lien avec leur passé et donnent à leurs gosses des noms américains,
qu’ils doivent tout aux Arabes et que les héros de l’Iliade étaient noirs… Vous
avez même des Russes qui renient leur histoire, sous l’effet d’une propagande
inlassable, et mettraient leur pays avec joie sous tutelle internationale, je
dirais que ceux-ci ne sont pas plus russes, en fin de compte que les Biélorusses
ou les Ukrainiens revendiqués : ce sont là des mutants post-soviétiques, des
serviteurs bien dressés du Nouvel Ordre Mondial. Car derrière le nationalisme
régionaliste des uns et la haine de soi des autres, on discerne le même rejet
général de sa spécificité, celle qui subsiste dans la foi orthodoxe, le
folklore, la littérature et la mémoire commune. Vous remarquerez en passant que
BHL, le principal soutien médiatique du maïdan ukrainien, en dépit du
nationalisme des cavernes des banderistes et de leur symbolique nazie, se
revendique auprès des Français qui eux, non plus que les Russes, n’ont pas le
droit d’être nationalistes, comme cosmopolite et affirme, à la façon de Trotski,
son mépris et sa haine de tout ce qui est local et folklorique, bref ce qui
fait d’un peuple une famille et même une entité mystique. Je rappellerai à
ce propos qu’il se place dans la droite ligne des bolcheviques. Ceux-ci avaient
convoqué un « congrès panrusse des vielleux », des joueurs de
vielle-à-roue (d’ailleurs majoritairement ukrainiens et biélorusses, et le
congrès, là, il était « panrusse »), à seule fin de les arrêter tous
et de les fusiller en masse, ce qui a pratiquement détruit cette tradition
populaire. Je le tiens du grand folkloriste russe Starostine. Pourquoi leur
fallait-il le faire ?
Si je regarde les
vidéos des sermons du père André, du monastère sainte Elizabeth de Minsk, et
les fidèles qui l’écoutent, je vois la sainte Russie. Je suis à la fois aujourd’hui
et il y a cent ans et même cinq cents ans, je suis dans la sainte Russie. Si je
regarde les grandes processions du lumineux métropolite Onuphre de Kiev, le
métropolite lui-même, ses fidèles persécutés, je vois la sainte Russie. Tous
ces croyants des trois Russie, qui n’ont pas perdu la mémoire, sont frères par leur
histoire, par leur volonté, par le sang versé de leurs guerriers et de leurs
martyrs, par les chemins séculaires de leurs pèlerins, par leurs nombreux
saints, vénérés par tous, par leurs traditions, leurs cousinages, leur
génétique, par l’âme russe qui n’a qu’une seule formule mélodique. Partout où j’entends
résonner cette formule, où je vois ces moines et ces pèlerins, je suis en
sainte Russie. Partout où j’entends les criailleries d’un nationalisme politique
artificiel revendiquant la « démocratie » occidentale et les slips en
dentelles au son du rock et du rap, je suis dans la modernité du poisson de
banc voulue par BHL et consorts pour les idiots utiles. Ce qui attend les Biélorusses, s’ils se laissent mettre
dans la tête ce qu’on a inculqué aux Ukrainiens, c’est de devenir un trou noir
périphérique, avec une base américaine au milieu, des défilés LGBT, des usines
à bébé, des filières de prostitution, des trafiquants et des mercenaires
internationaux, administré par des oligarques à passeport israélien. Le stade
ultérieur étant l’infiltration de migrants pour le métissage obligatoire annoncé
par Sarkozy et mis en place chez nous à marche forcée, et là, adieu le joli
dialecte biélorusse ou ukrainien, les chemises brodées et l’indépendance. Tous
à la chaîne, tous sur le trottoir. C’est ça le programme, et pour le monde
entier.
sainte Russie...
sainte Russie...