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samedi 2 novembre 2019

Carillons vespéraux

On annonce et perçoit un réchauffement, et voyant pointer le soleil, je suis allée au lac. L'atmosphère était complètement différente, nacrée, dorée, azuréenne, l'eau miroitante et lisse avait déjà,commencé à geler sur les rives, ce qui ne semble pas déranger les canards. Je me suis assise sur un rocher pour contempler ces couleurs paradisiaques qui changeaient peu à peu, et fonçaient, et soudain la cloche des Quarante Martyrs a lancé, dans l'espace irisé et immobile, un son énorme de trompette archangélique,  avec d'infinies répercussions circulaires; au loin  s'est alors élevé le carillon d'une autre église, sans doute celui de la Protection de la Mère de Dieu, c'est la plus proche. Léger, fêlé, trébuchant, adouci...
Je songeais au bonheur que j'avais d'être dans un pays encore paisiblement chrétien, sans doute le dernier. Un pays encore homogène, où à part les ravages de la modernité sur l'architecture, on sent le lien avec les générations précédentes, avec l'histoire.
Le matin, j'avais rencontré un correspondant Facebook au café. Il me disait qu'en dépit des destructions considérables que subit la ville, elle garde quelque chose de très séduisant et de très agréable qu'il a tout d'abord attribué à son passé païen, lequel d'ailleurs n'est pas mort, la "pierre bleue" indestructible, recouverte à présent de baraques à touristes, et puis, a-t-il concédé, à ses nombreux monastères et lieux saints. Il n'aime cependant pas le néopaganisme qu'il trouve comme moi, et comme Skountsev, factice, et manipulé par des forces mondialistes ténébreuses pour accentuer les divisions. Car me dit-il, "nous n'avons plus de gouvernement naturel et normal. Il est bien évident que la démocratie n'existe pas et n'existera jamais, et que nous avons laissé assassiner des monarques qui nous protégeaient pour livrer nos populations à des oligarchies apatrides qui commettent et commettront n'importe quelles horreurs. Mais comment ressusciter tout cela?
- Cela ne me paraît guère possible, ou alors, après que nous serons allés au bout de la destruction, si nous ne sommes pas tous morts, cela se fera peut-être au bout de quelques siècles, d'une façon naturelle...
- On dit en Russie que lorsqu'on atteint le fond, on entend encore quelqu'un frapper par dessous!
- Chez nous, quand on atteint le fond, on creuse!"
La veille j'avais eu un échange, sur une page de ce même Facebook, consacrée à la mémoire du Goulag et des répressions. Il est évident pour moi que cette mémoire doit être gardée, et je suis révoltée par les tentatives de blanchiments de rouges pratiquées par divers néocommunistes qui assènent des slogans et des contre-vérités comme des coups de poings. Mais là, j'avais affaire à un autre genre de déviation. Un intellectuel fumeux, à nom et prénom balte, expliquait doctement que "la dégradation morale des Russes remontait au joug mongol", le servage et l'Union soviétique étant dans la droite ligne, c'est-à-dire que pour les membres de ce groupe, il ne serait pas concevable d'incriminer autre chose que la foncière cochonnerie des Russes, leur barbarie profonde. C'est le genre de thèses que développent des gens comme BHL et Glucksmann, et la propagande américaine en Ukraine, en dédouanant complètement les intellectuels juifs russophobes comme Trotski et les libéraux pro-occidentaux qui ont favorisé la révolution et ses conséquences. Au début, j'ai expliqué que la Russie avait une culture très originale, unique, qu'elle m'avait beaucoup apporté, enfin, je n'avais pas compris tout de suite à qui j'avais affaire. Une créature a émis le soupçon que je n'étais pas une personne réelle vivant en Russie avec de l'argent honnêtement gagné. "Pourquoi? Parce que j'aime votre pays de merde qu'on ne peut que haïr? Je préfère ne plus jamais avoir affaire à des gens comme vous!"
Et en effet, ils m'ont fait une impression abominable. Comme si j'avais étourdiment envoyé la balle d'or de la sainte Russie dans un marécage plein de cadavres pourrissants. En réalité, ils descendent en doite ligne de ces mêmes libéraux du XIX° siècle qui méprisaient leur propre peuple et ne se sont jamais intéressés ni sa vie, ni à sa culture, ni à son génie, mais en traçaient un tableau misérabiliste et malhonnête, parce qu'ils auraient préféré des bourgeois ou prolétaires allemands à des paysans archaïques, ce qui permet à la propagande libérale, comme à la propagande communiste, de continuer à le calomnier. Leurs discours sont froids et mortifères, leurs paroles creuses, mais leur certitude d'être très intelligents absolument inébranlable.
Songeant à cela, sur ma pierre, en écoutant les cloches, je me rappelais le documentaire sur les vieux-croyants, que j'ai vu deux fois, déjà.  Le sonneur de cloches qui vibre des pieds à la tête au son de son propre carillon, et sa ferveur, sa grâce. C'était ça le peuple russe, c'étaient des gens extrêmement vivaces, fervents et habités, en prise directe avec le cosmos, et avec le Souffle de Dieu. J'avais senti cette puissante vitalité également dans le début du Don paisible de Mikhaïl Cholokhov. Je vois parfois des documentaires sur des Français d'autrefois tout à fait charmants et parfois très sages, mais je n'y trouve pas ce qui m'apparaît chez ces vieux-croyants. On sent il est vrai quelque chose de comparable dans les romans de Giono, dans un registre essentiellement païen, panthéiste. Mais ces Français que je vois interviewer, pittoresques, pleins de bon sens et de courage, semblent vivre dans un quotidien sans transcendance. C'est d'ailleurs le souvenir que je garde de mon enfance française, le souvenir d'une douceur de vivre dénuée de transcendance. On dit des vieux-croyants qu'ils sont très formalistes,  mais il me semble que c'est nous qui ne savons plus assez le sens de ces formes qu'ils respectent avec tant de ferveur. Ils sont dans une dimension sacrée permanente, traversés par les forces naturelles et orientés vers le ciel et il ne semble pas y avoir de contradiction entre ces deux aspects. Et leurs visages paisibles et dignes ne respirent pas seulement le bonheur mais une espèce d'inspiration. Ils nous renvoient peut-être un dernier reflet de ce que nous avons été un jour et dont les traces du moyen âge nous donnent un aperçu. Ce sont des gens comme eux qu'on dékoulakisait, qu'on affamait, qu'on envoyait au goulag et sur lesquels s'attendrissent prétendument les intellectuels auxquels j'ai eu affaire, en faisant remonter leur dégradation morale à l'invasion mongole. J'en ai connu, de ces intellectuels, confits dans les visites de musée et les dissertations savantes sur la littérature ou la musique, ils m'ont toujours fait périr d'ennui. Je préfère la fréquentation des folkloristes, les seules personnes au monde qui me restituent un peu de ce qu'on gardé ces vieux-croyants exilés en Moldavie et qui m'a si passionnément manqué toute ma vie.













jeudi 31 octobre 2019

Vieille foi

J'ai eu le temps d'épousseter les dernières fleurs du sedum et d'en faire un bouquet. Elles tiennent très longtemps, et finissent par donner des racines. Autrement la neige est là, et semble vouloir tenir. Il faut à nouveau décroûter la voiture; il faudra déneiger. Tout ce blanc réflechit dans la maison une lumière particulière, diffuse. On entre dans la période "nuit polaire" qui se fait sentir ici. Et on a envie d'hiberner au chaud, avec du thé. Ce n'est pas désagréable. J'ai appris depuis déjà pas mal d'années à profiter du moment présent. Et la Russie accentue cette tendance, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait!
J'ai à nouveau mal à la tête, sans doute à cause du changement brutal de température et des "tempêtes magnétiques".
Il y a quelques temps, on m'a communiqué un documentaire sur une communauté de vieux-croyants exilés en Moldavie depuis le XVII° siècle, depuis le schisme. Ce schisme, et la politique ultérieure de Pierre le Grand, ont vraiment martyrisé le peuple russe pour pas grand chose. Pour des réformes insignifiantes qui auraient pu se faire sans douleur quand elles étaient vraiment nécessaires, et pour s'harmoniser avec les Grecs dont le patriarche d'aujourd'hui montre le cas qu'il fait de l'Eglise russe . Au prix de l'admirable, de la cosmique unité du peuple russe, de sa tradition iconographique, architecturale, de son chant religieux, discrédité au profit de compositions artificielles et extérieures pour dindons et pintades de cour.
L'argument, c'est que la Russie était attardée, et qu'on lui a apporté la culture; comme si ce qu'elle avait auparavant n'était pas une culture. Et curieusement, à regarder ce documentaire, j'ai eu le même genre de choc que lorsque j'avais regardé, à vingt ans, "les Chevaux de Feu", mauvais titre pour ce film de Paradjanov qui s'appelle en réalité "les ombres des ancêtres disparus": une plongée dans quelque chose d'originel que je reconnaissais, bien que ce monde ne s'apparentât pas à quoi que ce soit de connu dans mon enfance, quelque chose dont j'avais passionnément besoin, une sorte d'élément naturel dont j'étais privée, à la fois profondément inscrit dans la terre, dans le cosmos, et relié de tous côtés au ciel, complètement sacré. Je crois que c'est là la clé de ma rencontre avec la Russie, beaucoup plus encore que la littérature, la peinture etc. C'est là pour moi la Russie, et dans ce documentaire, elle est à l'état pur, miraculeusement conservée dans ce coin de Moldavie où ont échoué ces vieux-croyants: au XVII° siècle, elle était entièrement comme cela, d'un bout à l'autre, avec ces chants qui semblent directement issus des arbres ou de l'eau, et ces usages chrétiens qu'on dit formalistes mais qui me paraissaient tout à coup extraordinairement vivants et pleins de sens car ils font de la vie de ces gens une célébration perpétuelle et confèrent à leurs visages, à leurs comportements une espèce d'allégresse et de pureté qu'on ne voit plus nulle part. On la voit chez nous sur des sculptures romanes ou gothiques mais nous n'en avons plus le souvenir et ce qu'on nous présente en exemple de vie et qui nous transforme tous en clowns tristes, blasés, vulgaires et agressifs, avec notre liberté et notre émancipation, est à l'opposé de cette sorte de feu intérieur qui habite ces vieux-croyants au bout de trois cents ans d'exil. J'observais la danse du sonneur de cloches, сelui qui clôt le film, son extase, c'était là la Russie que j'aime, pas celle des babouchkas qui brandissent le portrait de Staline, mais celle que haïssait Pierre, que méprisaient ses intellectuels pétersbourgeois, qu'exécraient plus que tous les autres les bolcheviques qui se sont si terriblement acharnés sur elle, jusqu'à la rendre résiduelle, des vieux-croyants comme ceux-ci, des folkloristes, des cosaques en quête de leur mémoire et de leur noblesse perdues. Qu'est-ce que détestaient si férocement tous ces gens si ce n'est à la fois la nature et son Créateur, et cette communion mystérieuse de ce peuple unique avec l'une dans l'Autre?
J'ai beaucoup aimé l'extase panthéiste de Giono, mais elle n'avait aucune dimension chrétienne, et là, chez ces exemplaires sauvegardés du Russe pur jus, on voit que la nature, sa force et sa poésie entrent directement à travers eux dans le Dieu qui les a faites. Il s'opère une sorte de réconciliation, et là plus besoin de théologie, je comprends tout, c'est mon univers, et la réponse aux questions que parfois je me pose en voyant des gens opposer la création au Créateur.


sous-titres anglais



mardi 29 octobre 2019

Une histoire de fous et de fous-en-Christ


le tsar Ivan, 1° stichère quartet Voronov

Dans quelques jours je vais faire paraître aux éditions du Net la suite et l’épilogue de Yarilo (ed. du Net), intitulée Parthène le Fou. Comme ceux qui ont lu le premier livre le savent,  il avait une fin en suspens qui pouvait en rester là mais on avait quand même l’impression qu’il y aurait des prolongements, les voici qui viennent. Encore le tsar, vieilli, encore un petit garçon, mais pas le même genre de relations entre le vieux despote et son lumineux petit protégé.
Ceux qui n’ont pas lu le premier ne liront pas plus le second, et d’ailleurs le second sans le premier, ou avant le premier n’aurait pas beaucoup de sens. Le second est moins cher, parce que moins gros ; donc les lecteurs du premier n’auront pas à se ruiner pour savoir la suite.
Je mets à la disposition de ceux qui ne considèrent pas ce don de toute ma vie comme un colis piégé, la suite de Yarilo, Parthène le Fou, avec  des extraits pour se faire une idée. 
Parthène le Fou était le surnom que se donnait Ivan le Terrible pour écrire des compositions religieuses, qui existent encore. Evidemment, les historiens se sont penchés avec curiosité sur ce détail, et l’explication pour moi la plus plausible c’est que Parthène voulant dire vierge en grec, il s’identifiait aux vierges folles qui oublient de se munir d’huile pour leurs lampes, afin d’entrer chez l’Epoux.
En somme le livre raconte comment le tsar, dévoré de passions et de remords, dépouille peu à peu, aidé par son fils Féodor, « le petit tsar des fous », par sa bru, la douce Irina, par le petit barde Vania Basmanov, dit « Rossignol le Brigand », le despote luxurieux et cruel pour ne garder de lui-même au dernier moment, que le fou Parthène.
Une histoire de fous et de fous-en-Christ. Une tragédie. Un conte sur le pouvoir, la mort, le salut.


Vanietchka secoua ses boucles pour ne pas pleurer : «Quand j’aurai une femme dont je serai très amoureux, nous aurons plein de bébés, et un très grand lit. Nous inventerons des chansons tous ensemble… Tu sais que le tsar écrit des prières, tsarévitch, et compose des stichères ? Seulement il ne le dit pas. Il prétend que c’est Parthène le Fou qui les écrit. Parthène le Fou, c’est lui. C’est son nom secret.

- Pourquoi me le dis-tu, alors, Vania ? Tu sais dans quelle colère le tsar pourrait se mettre ? Vanietchka ! Tu ne l’as encore jamais vu vraiment en colère !
- Tsarévitch, je ne le dis à personne, mais toi, ce n’est pas pareil, tu es un saint, et tu l’aimes…
- Je ne suis pas un saint, voyons, Vania, je suis juste un idiot et un bigot ! Un sonneur de cloches ! »
Vania regarda avec ferveur le jeune homme fluet aux doux yeux d’icône, dans sa luisante armure de brocart fourré : «Tu es un saint, affirma-t-il. Tu comprends, j’ai vu le métropolite Philippe quand il est venu chercher papa. Je sais à quoi ressemble un saint.
- Tu as vraiment vu cela, Vanietchka ?
- Mais oui. Il éclairait toute l’isba comme en plein jour. Le séraphin sur sa coiffe brillait comme une grosse étoile. »
Féodor se signa avec vénération. « Toi aussi, tu es lumineux, poursuivit Vania. Si tu n’envoies pas de rayons partout, c’est que tu es encore ici, sur terre, mais si tu meurs, tu vas te mettre à briller. Peut-être que dès maintenant, si on t’ouvrait comme un coffret, on ne trouverait dedans que de la lumière… »


lundi 28 octobre 2019

33 - Post-scriptum

de l'argent froissé, miroitant
J'ai la joie d'annoncer que le centre médical de l'hôtel Pereslavl m'a paru rassurant, le médecin, normal, une femme. Je n'ai pas de tension mais il faut vérifier des trucs, je suis comme une vieille deuche qu'il faut rafistoler pour qu'elle roule encore. Mais ce n'est pas loin, c'est simple, abordable, et cela m'évitera de m'en occuper en France, où je ne resterai pas deux mois... A ma grande joie, elle m'a dit que je n'avais nul besoin d'une gastroscopie, qu'il y avait d'autres moyens d'explorations tout a fait anodins. Parce que la gastroscopie, à Pereslavl, c'est sans anésthésie. Et c'est effectué par des gens qui se font la main....
je suis contente d'avoir désormais un centre médical et un généraliste dedans.
J'allais mieux, je me suis promenée vingt minutes au bord du lac avant le médecin. C'était tellement beau, cette couleur que prend l'eau dans le nord, ténébreuse, violacée et en même temps brillante comme de la soie... Et ces énormes massifs de nuages, leurs failles resplendissantes...  Ce lac m'apparaît comme une sorte d'être énorme dont la respiration se propage dans toute la ville, un être puissant et magique. Il était beaucoup plus grand au moyen âge, j'imagine l'atmosphère, des jours comme aujourd'hui, quand le vent soulevait cette somptueuse et sombre surface, et que sur les berges, il n'y avait encore que des isbas autour des fortifications du kremlin. Et les habitants, leur allure, leurs chants...
Ritoulia adore aller au bord du lac, mais ça ne va pas durer longtemps, car sur les pas de l'ouragan, l'hiver arrive à grands pas. C'est pour ça que j'ai voulu aller encore une fois contempler cette surface fascinante, ces verts et ces bleus violacés et jaunâtres, ces rayons d'or qui viennent tout à coup consacrer un seul détail, le glorifier, comme nous effleure la grâce avant de nous laisser à nouveau dans la nuit.
J'ai dit au médecin que je pensais avoir eu une migraine, je n'en suis plus très sûre, car je frissonne à nouveau. L'important est que je puisse prendre l'avion. Bon et puis le lot de consolation, c'est que je mange des portions d'anorexique, je serais incapable de consommer un ruby ou un royal...
J'ai envie de voir les miens, et en même temps, j'ai peur d'aller en France, de constater de visu l'évolution des choses. Et puis j'ai peur tout court, car chaque jour que Dieu fait quelqu'un est agressé sans raison dans un lieu public par un "désequilibré" armé d'un couteau, d'une hache, d'un marteau. Des lieux comme l'aéroport, le train, la gare ne me disent rien qui vaille, bien qu'au fond, j'ai du mal à m'imaginer des choses pareilles dans la France de Charles Trenet et d'Yves Montand dans laquelle j'ai grandi..
J'ai vu qu'Annecy, ville charmante il y a peu, d'après ce qu'on me disait, devenait un dépotoir louche, que de haine féroce chez ceux qui nous ont préparé ce destin, quel concentré de haine et de fourberie... Prendre un pays comme le nôtre et le détruire, le profaner de cette manière. Je commence à ressentir ce qu'éprouvaient sans doute les Russes émigrés de 17...











Amours en cage

Chez le père Alexandre, à Rostov, j'étais au bord de l'évanouissement. Le soir même j'avais une poussée de fièvre, qui est passée le lendemain dans la journée, me laissant avec ce que je crois être non une grippe, comme je l'avais pensé, mais une migraine, une migraine comme je n'en avais pas eue depuis bien longtemps, la plongée dans un trou noir de deux où trois jours, en tête-à-tête, c'est le cas de le dire, avec sa douleur, sa faiblesse, et des médicaments qui marchent plus ou moins et vous crèvent encore plus. Mais si j'ai depuis longtemps, en association avec la migraine, des étourdissements et phénomène vasculaires divers, jamais eu de poussée de fièvre. Coup de bol, j'ai rendez-vous avec un généraliste ce soir. Sans confiance excessive, mais il faut bien essayer de se trouver un service médical sur place.
Dans le même temps, Dany avait une horrible sciatique et, sans doute à cause de la souffrance, une tension de folie, elle a fait venir les urgences trois ou quatre fois, et seul le quatrième médecin a fait preuve d'un peu de compétence et d'attention. Cela la déçoit, moi pas tellement, car je connais un peu le problème, j'ai eu affaire à de bons médecins, mais généralement sur recommandation dans des cliniques payantes. C'est même le point qui me faisait le plus hésiter à revenir ici.
Il est vrai que notre gouvernement de démolisseurs est en train de saboter l'excellente médecine française et de l'amener au niveau de la médecine russe des années 90 et c'est la conscience de cette pente fatale qui m'a décidée à passer par dessus mes appréhensions et à compter sur la divine providence.
Sur le soir j'ai reçu, abrutie par les médicaments et probablement la migraine elle-même, le père Constantin et la journaliste poétesse venue déjà m'interviewer, Natacha. Ils m'avaient apporté des amours en cage qui me permettent d'avoir pour l'hiver de beaux bouquets secs. Natacha nage dans le bonheur d'avoir quitté Ekaterinbourg pour Pereslavl-Zalesski, le vieux territoire plein de prières de la Russie médiévale, qui sombrera sans doute le dernier. Je n'avais pas grand chose à manger, j'ai entamé, pour accompagner le thé, un de mes pots de confiture de poires, comme la première fois, elle est sublime. Cela vient sans doute de la qualité des poires, et je ne sais pas si cela joue un rôle, mais j'y mets du fructose au lieu de sucre, et en quantité limitée.
Dans la nuit s'est levé un véritable ouragan, j'ai eu du mal à dormir, à cause de la migraine, et à cause des éléments déchaînés. Je n'étais pas tranquille. J'avais l'impression qu'un géant ivre et furieux sautait autour de la maison et allait en emporter le toit d'un coup de pied. Car depuis quelques temps on voit certains événements météorologiques prendre des proportions hallucinantes dans des régions du globe où c'était extrêmement rare. Je regardais par la fenêtres les arbres secoués et les nuages arrachés  qui faisaient place aux étoiles. Il paraît que la semaine va nous faire connaître un refroidissement jusqu'aux alentours de zéro. Accrochez-vous, on descend. Ces bouleversements agissent sans doute aussi beaucoup sur mon tempérament migraineux et climatodépendant.
Au matin, cela soufflait toujours, mais avec de la pluie. Je voyais la jeune chienne des voisins, qui n'allait même pas dans sa niche, probablement inondée. Ces gens, au demeurant très aimables, très bien disposés, l'ont enchaînée pour le restant de ces jours, avec le mauvais goût; c'est ce que je supporte le moins, ici, cette manie d'attacher les chiens. La chienne est un berger pyréennen, elle est visiblement douce et intelligente et ne comprend pas pourquoi on la punit. Elle est faite pour travailler en montagne, rassembler des brebis et coopérer avec son berger. Pas pour servir de sonnette et d'épouvantail, elle est d'ailleurs très gentille. A part ça, on la nourrit bien, on la caresse en passant, mais bon...
Et si par miracle, elle échappait à son sort, une autre la remplacerait aussitôt. Quand à en parler, je ne crois pas que ce soit possible. On me dirait que Rosie a probablement fort mal fini, mais à la limite, que vaut-il mieux? Vivre pleinement et brièvement, ou toute une existence à la chaîne?
Je prie Dieu pour elle. Et j'attends que mes thuyas poussent.
Même la gentille Liéna de Rostov garde sa chienne dans une cage, mais elle la laisse sortir dans le jardin, ce n'est pas permanent.

les amours en cage dans le vase 1900 de la tante Camille, qui aurait été bien surprise de savoir qu'il finirait en Russie!

samedi 26 octobre 2019

Mémoire universitaire


Il y a des moments où « attendre l’Apocalypse avec confiance » n’est pas toujours simple. C’est-à-dire que l’attendre avec confiance, je peux, l’attendre dans un calme olympien, c’est plus dur.
Pour m’éviter des coups de sang, je ne vais plus sur la page facebook que voici : https://www.facebook.com/groups/2425082894439432/ consacrée, si l’on peut dire, à la défense de l’archevêque Jean de Doubna et ouverte à tous vents. C’est une option démocratique respectable du créateur de la page, mais qui dans un contexte que je connais bien, lui ramène évidemment des trolls ukrainiens et des excités haineux complètement imbéciles et à mes yeux très peu orthodoxes, des spécimens sous hypnose de la boboterie, souvent d’origine russe. M’empoigner avec les imbéciles étant mauvais pour ma paix intérieure assez souvent éprouvée, j’avais décidé de m’en abstenir.
Là-dessus, une jeune femme d’origine russe m’adresse le copié-collé du post d’un jeune homme fraîchement « converti » à l’orthodoxie après un séjour d’un an en Russie, séjour qui l’autorise à vaticiner sur la question avec une arrogance de freluquet diplômé des grandes écoles, ce qui pour moi est d’ailleurs tout dire. Quand je l’ai vu quasiment accuser l’Eglise russe de meurtre, je lui ai dit que je souhaitais qu’il ne revînt jamais en Russie, où il n’apporte que du malheur, et en lui conseillant d’écouter les sages conseils d’un moine que nous connaissons tous les deux. Ce moine est d’ailleurs intervenu, mais le freluquet est bien trop content de lui pour écouter qui que ce soit. Et puis apparemment, il a un compte à régler avec les Russes, à moins qu’il ne soit suffisamment sot, avec tous ses brillants diplômes, pour gober les calomnies délirantes que colportent en Russie même médias occidentalistes et mondialistes, libéraux divers et communistes à qui les nouveaux martyrs de Russie restent en travers du gosier.
Voici le texte du post.
P.-S. Pour revenir à Un Tel... Ce n'est pas le personnage qui m'intéresse en tant que tel, mais le fait qu'il propose à des personnes opposées au "P.M." de relater leur expérience, en somme. J'imagine ce dont certains sont capables comme imagination débordante et affabulations allant jusqu'à l'intoxication. Voici ce que propose Un Tel. (en public) : "Chers amis,
Certains le savent déjà, mais je voudrais interroger plusieurs personnes qui connaissent - de près ou de loin - les différentes affaires dont ils furent les malheureux témoins et qui les opposèrent au Patriarcat de Moscou et à la Fédération de Russie.
J'ai déjà écrit un premier mémoire universitaire sur les relations entre l'Eglise et l'Etat en Russie post-soviétique (que je pourrai transmettre à ceux qui le souhaitent).
Cette année, j'écris un deuxième mémoire, portant sur la même thématique, axé sur le caractère géopolitique du partenariat Eglise-Etat en Russie. Plus précisément, je souhaite analyser comment les diasporas russes orthodoxes en Occident font l'objet de multiples influences géopolitiques.
Merci pour votre contribution.

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Commentaires"
Je ne suis pas allée lire les commentaires, fouiller les poubelles n’étant pas mon occupation favorite, je n’ai pas envie de me coller de la tension. La russophobie hagarde s’exprime si librement sur cette page démocratique qu’on y attrape des démons comme les chiens prennent des tiques dans les maquis. Je ne nomme pas non plus ce triste jeune homme, et je ne fais pas de capture d’écran. Il aura assez de problèmes avec ça au jour du Jugement.
Bien entendu, en fouillant dans les poubelles comme il l’a fait avec déléctation pour écrire son mémoire qui, je n’en doute pas, aura une note pharamineuse et les félicitations du jury, on peut toujours trouver des prêtres et des hiérarques indignes. Mais moi qui ai passé non pas un an en Russie, mais seize, et fréquenté des milieux ecclésiastiques, je témoigne que ce qui a pu me choquer, et qui était de l’ordre de la bigoterie ou du manque de charité, je l’ai rarement vu de mes yeux. Cela m’a toujours été raconté. Depuis trois ans à Pereslavl, j’ai une haute idée de notre jeune évêque, des monastères, prêtres et fidèles locaux.
Je vois aussi circuler beaucoup de calomnies enragées et stupides d'ennemis fanatiques de l’Eglise ou plus simplement, de trolls appointés.
Donc, en lançant cet appel, je ne doute pas une minute que ce garçon va récolter une masse de témoignages croustillants et étayés, vrais ou faux,  qu’il répercutera aussitôt avec bonheur dans sa misérable thèse complaisante à l’Ordre Mondial établi.
Je suppose qu’en fouillant dans les poubelles de l’Eglise grecque on trouverait aussi des personnalités douteuses et des événements regrettables. Bien consciente qu’on peut aussi y trouver autant de lumineux personnages que dans n’importe quelle église locale, et j’en connais, je voudrais quand même dire qu’il n’est vraiment pas besoin de lancer un appel au peuple, en ce moment, pour avoir les détails qui feront peut-être, qui sait ? l’objet de la prochaine thèse du jeune homme, s’il avait le courage de la soumettre. Ces détails nous sont assénés avec une telle impudence, une absence si complète de vergogne, un mépris si absolu de l’opinion des gens et des ennuis qu’on peut leur attirer que je ne comprends même pas comment des orthodoxes un tant soit peu au courant de ce qui se passe dans le monde peuvent encore continuer à vaticiner sur la dictature Poutine, le « KGB », devenu depuis des années un service de contrespionnage ordinaire à qui les nôtres n’ont rien à envier. Cela tient vraiment de l’hypnose.
Alors je vais répertorier quelques faits connus de tous, bien que pas toujours en réalité, ou éclairés de manière malhonnête. Je passe sur les acquointances œcuméniques ou maçonniques du patriarche Bartholomée qui me le rendaient un brin suspect, mais enfin, jusqu’à ce qu’il dévoile son vrai visage, j’ai prié pour lui dans le monastère où je suis allée pendant six ans, on ne prie pas que pour les gens sympathiques ou irréprochables.
Je ne parlerai pas non plus de l’archevêché, que je connais mal. Ca pue les intrigues infâmes et les règlements de compte déshonorants, mais ce n’est pas trop mon rayon, je n’ai jamais été paroissienne de l’archevêché.
Tout d’abord, pour assouvir sa vindicte et sa soif de pouvoir, le patriarche, en tripatouillant les canons, comme l’a démontré le théologien grec Théodore Zissis, conteste une autocéphalie reconnue depuis 300 ans. Je dirais que là, déjà, on peut agiter tous les canons du monde, même si techniquement c’était vrai, faire une chose pareille est d’une perfidie absolument inqualifiable, quand on a reconnu quelque chose si longtemps, on s’y tient. Il est vrai que Constantinople avait déjà poignardé l’Eglise russe et son saint patriarche martyr Tikhon, au moment de la révolution. C’est déjà une tradition. Tikhon, le martyr, qui lui, s’opposait aux grands de ce monde, n’était donc pas réellement patriarche de Moscou ?
Bien que le métropolite de Kiev Onuphre soit unanimement reconnu comme un saint homme, désintéressé, humble et ferme, quelqu’un comme le patriarche Tikhon, en somme, le patriarche Bartholomée, mû par de vilains sentiments et de vilains gnomes de la CIA et de l’oligarchie supranationale mondialiste, décide de lever l’anathème jeté par Moscou sur le douteux Philarète, d’octroyer le Tomos alors que l’Eglise canonique n’en veut pas, à une bande de clowns discrédités partout, même en Ukraine, où à l’encontre des calculs et intrigues, le peuple orthodoxe initial continue à soutenir avec une ferveur et une fermeté exemplaires son lumineux pasteur. Acte qui bien entendu déchaîne les néonazis et les uniates, aussi orthodoxes que je suis musulmane, et  accentue terriblement les répressions, les spoliations, les brutalités, les persécutions. Quid des liens de la nouvelle église du Tomos avec le gouvernement ukrainien fantoche et sanglant, avec le satanique Soros, avec des mafieux comme Joe Biden et Kolomoïski ? Le gouvernement russe s’est-il mêlé de cette affaire ? Des consuls russes vont-ils démarcher, comme en ce moment, les diverses églises locales en agitant la carotte et le bâton ? Même la presse aux ordres ne le mentionne pas, c’est dire qu’il n’y a vraiment pas lieu.
Je rappelle que Philarète, qui pensait devenir calife à la place du défunt Pimène, et contre lequel le vote a été massivement en faveur d’Alexis II, a délaissé le KGB pour la Cia, s’est autoproclamé patriarche de Kiev, s’est lancé dans les affaires, le mariage et la paternité, et allant périodiquement mendier des armes aux Américains, proclamait que « le Donbass devait expier dans le sang le péché de fédéralisme ». Et en effet, le sang coule là bas autant qu’il le souhaite.
L’affaire du Tomos a été menée avec une impudence, une morgue positivement incroyables. Le lumineux métropolite Onuphre traité comme un larbin par ce vieillard méchant et renfrogné. Et l’on a bombardé métropolite le grotesque Epiphane, qui respire la vanité, la stupidité et l’arrogance, et qui n’a même pas été ordonné dans la succession apostolique. Pas grave. Ce que veut le pape du Phanar, le pape du Phanar le fait, l’Orthodoxie dût-elle connaître un schisme irréparable, et les petites gens d’Ukraine et leurs prêtres un sort funeste, pas son problème. Le métropolite Hilarion essaie avec diplomatie d’envisager que le pape du Phanar a été abusé, qu’il ne sait pas ce qu’il fait. Cela part sans doute d’une bonne intention, mais à moins qu’il ne soit gâteux, il ne peut ignorer ce qu’il fait.
Je parle de schisme, car évidemment, de vrais orthodoxes purs et durs comme, par exemple, le métropolite Luc de Zaporojié qui ne mâche pas ses mots (« une épée », dit Slobodan Despot) ou l’higoumène de Valaam, ne peuvent soutenir des entreprises pareilles s’ils en ont connaissance. C’est impossible, c’est trop immonde, et ce n’est pas uniquement une question de canons interprétés comme ci ou comme ça par des saduccéens phanarodoxes, C’est une question de discernement. D’un côté des millions d’orthodoxes plongés dans la persécution avec un primat d’une rare élévation spirituelle, de l’autre une bande de coquins, de magouilleurs, compromis jusqu’aux tréfonds, et de vrais bandits internationaux capables de tout. Là quand même les choses sont claires, à moins de ne pas vouloir en entendre parler. Canons, pas canons, exemples croustillants d’indignité ecclésiastique hâtivement exhumés ou inventés pour ternir l’éclat de la bannière orthodoxe que Dieu a fiché en Ukraine, moi je vois bien où est le Christ. Il est avec le saint homme persécuté et ses fidèles, pas avec les brutes qui les persécutent, il n’est pas avec Philarète, il n’est pas avec Epiphane, il n’est pas avec Porochenko ou Zelinsky, il n’est pas avec Pompeo et le département d’Etat américain qui va intimider ou acheter hiérarques et monastères et répandre des calomnies dans tous les journaux à sa solde. Aussi je dis non aux uns et oui à l’autre, oui à l’Eglise du métropolite Onuphre, qui ne renie pas celle de Moscou, parce qu’elles ont les mêmes martyrs, la même histoire, la même mémoire.
Mais nous voyons maintenant que s’il est des orthodoxes purs et durs dans l’Eglise grecque ou les autres églises, il est des hiérarques qui se déballonnent, se compromettent, sont prêts à partager la coupe de l’eucharistie avec des instruments indignes de forces antichrétiennes et antiorthodoxes, déshonorant ainsi leur rang et leur église. Et devant les silences gênés, qu’on a pu croire diplomatiques, on commence à se demander si nous n’allons pas avoir une belle série de baisers de judas.
Curieusement, ces collusions et ces infamies n’intéressent pas du tout notre jeune homme, il est vrai que la note sur son brillant travail ne serait pas du tout du même ordre.
Je le laisse hurler avec les loups dans le tableau de Jérôme Bosch où il s’ébat, en compagnie de toutes sortes de personnages caricaturaux, comparables à ceux qui crachent sur le Christ, dans les œuvres de la Renaissance. Nul doute qu’il sera très applaudi. Et magnifiquement noté. A peine mal converti, le voilà phanarodoxe. Je le félicite.

J'ajouterai cette déclaration du métropolite Luc de Zaporojié, avec lequel, comme avec le métropolite Onuphre, je suis fière d'être en communion:

L'Église survivra ces temps de trahison (metr. Luc)


traduction originale en anglais :
https://russian-faith.com/guarding-fullness-church-times-betrayal-n2514

"Nous sommes arrivés à ce moment où la Vérité se révélera non pas dans les décisions des Synodes cléricaux ou même des Conciles des différentes Églises... mais plutôt par la fidélité de chacun, considéré individuellement, aux dogmes et Canons chrétiens de l'Eglise Une Sainte, Catholique et Apostolique."

Une note encourageante de l'illustre métropolite Luc de Zaporozhye - Même si un certain nombre de patriarches et d'évêques de haut rang s'égarent, la véritable Église sera toujours présente sur Terre, par l'intermédiaire des évêques et des personnes qui restent fidèles.

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Le Christ est parmi nous, mes chers lecteurs ! 

Soyez fidèles à Dieu en parole, dans la vie et dans l'amour !

Réflexions sur la déclaration du Saint Synode de l'Eglise orthodoxe russe.

Le changement dynamique de la société planétaire montre d'autant plus l'accélération du processus de mondialisation, qui conduira à la dernière période de la vie humaine dans ce monde terrestre.

La participation active de diplomates étrangers à la vie de l'Église Orthodoxe ne peut s'expliquer simplement en termes géopolitiques. Derrière tout cela, une personne peut ressentir quelque chose de plus important et de plus significatif que les intérêts politiques et économiques. L'esprit du mal universel a été activé dans la sphère des relations ecclésiales, pour lesquelles il était nécessaire de préparer le sol à l'avance.

Dans les conditions des derniers temps, l'existence de l'Église changera aussi.

La présence de la vertu de la fidélité au Christ séparera les fidèles de ceux qui adorent l'antéchrist, dont la puissance dans ce monde sera présentée extérieurement dans les nombreuses diverses traditions religieuses, y compris l'Orthodoxie. Leur légitimité (dans l'ordre mondial) sera déterminée par leur volonté de s'incliner devant l'image de la bête. Ceux qui refusent de le faire seront déclarés illégaux.

Saint Ignace le Théophore disait : "Là où est l'évêque, là est l'Église." La plénitude de l'Église est présente dans la communauté, qui est composée de l'évêque - comme successeur des apôtres - du collège des prêtres et des diacres, et du peuple croyant, unis dans l'assemblée eucharistique. Cette plénitude est autosuffisante et offre à ses membres tout ce dont ils ont besoin pour la connaissance que Dieu notre Rédempteur nous a donnée.

Il est vital pour nous de comprendre cette vérité, afin que nous puissions garder la pureté de l'Orthodoxie dans les nouvelles situations de la société humaine.

Dans le cas des Églises de Constantinople et de Grèce, nous voyons que les décisions de l'antéchrist ne sont pas acceptées par la plénitude de l'église, mais plutôt par les administrateurs supérieurs qui ont été préparés en conséquence par les directeurs du nouvel ordre mondial.

En même temps, au sein même de ces Églises, il y a un grand nombre de clercs et de laïcs qui ne sont pas d'accord avec ces décisions et restent fidèles à la sainte Tradition. On peut dire avec confiance qu'à l'avenir, les diplomates étrangers chercheront à exercer une influence sur les évêques des autres Églises locales, surtout sur ceux qui ont une voix qui fait autorité.

Pourtant, cela ne signifie pas pour autant que chaque Église locale s'éloignera de Dieu uniquement à cause des décisions d'un petit groupe de personnes.

Il s'ensuit que, selon l'ecclésiologie du saint martyr Ignace le Théophore et la tradition ecclésiale ancienne, la communion eucharistique doit être gardée par l'unité inter-Eglises avec les communautés eucharistiques qui ne se sont pas engagées sur la voie de la trahison de leur Foi.

Selon l'esprit des temps et les paroles prophétiques de notre Sauveur, nous pouvons évaluer que la fidélité à l'Église Mère sera maintenue dans la sainteté au niveau de l'être individuel de chaque plénitude Eucharistique (communauté), conduit par des évêques qui ne se sont pas engagés dans la voie de la trahison.

C'est pourquoi le Synode de l'EOR a décidé de garder la communion eucharistique avec les hiérarques qui n'ont pas accepté les décisions non-canoniques et maléfiques du Synode des évêques de l'Eglise orthodoxe grecque. C'était une décision correcte, profondément réfléchie et sage.

Nous sommes arrivés à ce moment où la Vérité se révélera non pas dans les décisions des Synodes cléricaux ou même des Conciles de diverses Églises, qui peuvent déjà être guidés par l'esprit bureaucratique de ce monde, mais plutôt par la fidélité de chacun, considéré individuellement, aux dogmes et Canons chrétiens de l'Église Une Sainte, catholique et apostolique.

Nous devons vivre et croire de manière à donner une réponse positive à la question posée par notre Sauveur : "Trouvera-t-Il la Foi, quand Il reviendra pour juger le monde" (cf. Lc 18,8) ? Seul le petit troupeau qui sera resté fidèle à Dieu Lui répondra un puissant "Oui !"
 

Métropolite Luc de Zaporozhye
17 octobre 2019



vendredi 25 octobre 2019

Havre de paix

Nous avons donc fait connaissance avec le père Alexandre, un homme très intéressant, profond, original, qui s'implique dans le développement de la vie culturelle locale. Il organise un festival dans un lieu saint du coin, la montagne de sainte Marie (l'Egyptienne) menacée par un projet de carrière, les termites du démon sont vraiment partout. Il a besoin de moi pour chanter des chansons françaises anciennes lors de ce festival, en été, ça me laisse le temps de répéter! Car il a un projet de reconstitution du moyen âge français, et le père américain Joseph Gleason, émigré à Rostov avec sa nombreuse famille, célèbrerait la liturgie des Gaules chère à l'ECOF et théoriquement antérieure au schisme du XI° siècle, dont on dit pourtant que la reconstitution est sujette à caution.
Il dispose pour tout événement culturel d'un splendide local, une vieille maison restaurée, une vraie maison russe avec des fenêtres sculptées, qui fait partie de tout un ensemble. Si j'ai bien compris, une jeune femme biélorusse venue s'installer à Rostov, Anastassia, restaure tout ce qu'elle peut avec un mécène.
Le père Alexandre "aime la beauté", et je partage pleinement son état d'esprit. La maison a été aménagée avec goût, avec des meubles et des objets plus ou moins anciens, en respectant les murs et les plafonds de bois. Si objets contemporains il y a, ils s'intègrent parfaitement. Et l'on s'y sent merveilleusement bien, c'est une maison qui repose les yeux, l'âme et l'esprit.
Elle comporte une petite partie galerie, où je pourrais exposer ultérieurement mes aquarelles, mais le projet immédiat, c'est une expo des oeuvres des petits élèves de Liéna, couplée avec un concert de ces mêmes élèves, et notre participation d'adultes, dans le cadre d'une manifestation informelle autour d'un thé, cela en décembre.  D'ici là nous pourrons aussi répéter dans ce lieu magnifique, et d'ailleurs, nous l'avons fait, à la grande joie du père Alexandre, qui nous accompagnait. Il connait Kotov, de l'ensemble Sirin, le joueur de gousli Strelnikov, et autres folkloristes.
Je lui ai chanté le roi Renaud et la blanche biche, et puis un vers spirituel russe, ma vielle marchait, il faut dire qu'à force de piquer des crises de nerfs dessus, je finis par savoir lui parler.
Liéna est partie ensuite donner ses cours, et il nous a emmenées au restaurant d'en face, Katia et moi, nous avons abondemment discuté de nos expériences respectives, comment nous sommes arrivées à Pereslavl, de nos projets sur place. Le père Alexandre est très francophile, et comprend même un peu le français. Il est très conscient de ce qui est en train de nous arriver et des menées sournoises pour installer le même chaos en Russie. Comme je lui parlais de Vologda et Ferapontovo, il nous a dit: "Là bas, c'est autre chose, c'est la zone au delà de ce que j'appelle l'horizon des événements, soit cette bande de stabilité qui borde un trou noir.
- Et le trou noir, c'est Moscou? demande Katia.
- Oui. Nous, nous sommes dans la bande de stabilité, où arrivent des gens comme vous, ou comme Anastassia, cultivés, dissidents et plus ou moins malmenés par la vie, seuls, marginalisés, en un mot victimes de la modernité. Vologda, Ferapontovo, ce sont d'autres gens, qui ne sont pas soumis à la force d'attraction et restent simples, vrais, paisibles, avec en effet des intellectuels locaux profonds."
Devant les événements terribles qui se profilent un peu partout, le père Alexandre, comme tous les gens que je rencontre dans le folklore ou la culture ici, estime qu'il faut sauver ce qu'on peut là où nous sommes, importés ou non. Et se regrouper, d'ailleurs pas seulement dans une optique culturelle, mais dans une perspective de survie physique et surtout spirituelle.


Liéna