Pendant que j'étais à Kourmych, j'ai reçu un appel de l'église des quarante Martyrs, à Pereslavl. A la suite de l'émission de Canal Spas, où j'avais été filmée en ces lieux, quelqu'un avait apporté et déposé quelque chose pour moi. Deux heures plus tard, j'avais été contactée par le jeune homme qui seconde Gilles au café français: quelqu'un avait apporté pour moi deux bouteilles de cidre.
Je me perdais depuis lors en conjectures. Aujourd'hui, j'ai décidé d'aller à la liturgie aux quarante Martyrs. Apparemment, c'est un paroissien de l'église de Vanves, la sainte Trinité, en laquelle je m'étais convertie à l'orthodoxie il y a cinquante ans, qui m'a laissé ce petit signe, il y avait une bougie "sainte Geneviève de Paris" et une carte représentant celle-ci et saint Nicolas le Thaumaturge, deux icônes du père Grégoire Kroug qui se trouvent à Vanves, et puis aussi un marque-pages du monastère de Polotsk, avec une phrase de saint Ignace de Briantchaninov:
"La nature terrestre est pareille au paradis par ses beautés et nous le rappelle quand nous voyons les splendeurs de la terre et nous exclamaons involontairement "c'est le paradis".
J'en ai éprouvé un véritable choc, et une sorte de bonheur, je dirais même de grâce, je suis restée les larmes aux yeux pendant tout l'office, qui était très fervent. Par la fenêtre latérale ouverte, on voyait le lac et le ciel. Ce rappel de ma première paroisse, cette visite de quelqu'un de là bas, me paraissaient pleins de sens, je voyais toute ma vie en perspective, aurai-je pensé quand j'allais à Vanves, et me sentais si exilée dans le Paris des années 70, qui m'était en réalité profondément étranger, qu'un jour je vivrais à Pereslavl Zalesski? Et puis cette phrase de saint Ignace semblait m'être personnellement adressée par quelqu'un qui me connaissait bien mais qui n'a pas laissé son nom. Et je le regrette. Quoique peut-être n'a-t-il été que le messager inconscient du signe que j'ai ainsi reçu, cela se produit aussi souvent.
Je rendais grâce à Dieu d'avoir orienté ma vie, toute indigne que je sois de cette sollicitude, et j'avais la certitude qu'Il continuait à le faire, qu'il y avait un Pilote dans l'avion. Je pensais à ce que m'avait dit mon balalaiker Sérioja: "Je ne me fais pas de souci pour vous, car votre bateau peut aller d'un côté, de l'autre, mais il est guidé par une étoile, alors que beaucoup de gens n'ont pas d'étoile pour les guider, et leur capitaine est bourré".
Après cela, je suis passée au café français. J'aurais pu deviner d'où venaient les deux bouteilles de cidre, c'était de la part de Kecha Keleinikov, que j'ai connu encore enfant, et qui avait découvert le cidre lors d'un séjour en France, chez maman. Kecha aurait dû me prévenir qu'il avait l'intention de passer par là... mais l'intention me touche beaucoup. Merci Kécha!
L'acteur russe Piotr Mamonov vient de mourir. C'était plus qu'un acteur, c'était un personnage, musicien de rock et mystique qui avait été complètement investi par son rôle du fou en Christ Anatoli, dans le film "l'Ile". Ses aphorismes circulaient sur les réseaux sociaux, il avait un certain rayonnement spirituel, et je ne doute pas qu'il soit parti directement au Ciel. Je pense d'ailleurs que Covid ou pas, Dieu l'a pris parce que c'était le moment. Quand j'ai vu à Kourmych le père Basile, qui a été très gravement malade de la covid, et dont le père spirituel, le métropolite Barnabé, en est mort à 90 ans, il m'a dit: "Quand c'est le moment d'y aller, on y va". Je ne nie pas le potentiel dangereux du virus, particulièrement pour les gens âgés ou par ailleurs déjà malades, et c'est d'ailleurs aussi le cas de la simple grippe, qui a disparu étrangement de la circulation et qui a pourtant emporté le père Placide à 92 ans, juste avant l'opération covid. Quand je critiquais la modernité et la divinisation du progrès, beaucoup me répondaient que j'étais bien contente de profiter de ceux de la médecine, et en effet, c'était l'argument massue. On est bien content. Cependant, depuis quelques décennies, on voit se profiler de sacrés revers à cette médaille, les trafics d'organes, les avortements programmés en fonction de la maturité de ceux-ci, les divers scandales sanitaires, et maintenant, toute cette honteuse affaire mafieuse planétaire aux arrières-plans ténébreux. Et l'on se rend compte que les progrès de la médecine ne seront plus pour tout le monde, mais avec tous les biens de la terre, ils seront réservés à une toute petite caste. Car depuis la covid, on n'est plus soigné, on a même peur d'aller trouver un médecin... moi par exemple, j'ai davantage peur de faire un infarctus ou un cancer du foie que d'attraper la covid.
à revoir en hommage à Piotr Mamonov, "l'ile"
Si les dessous de l'affaire apparaissent au grand jour d'ici quelques temps, que dirons-nous des prélats orthodoxes qui ont marché là dedans, je ne veux pas parler de ceux qui se sont fait vacciner par ignorance ou naïveté, et qui feraient bien de se renseigner, mais de ceux qui ont participé avec zèle à la propagande, en cherchant à intimider leurs ouailles, comme le métropolite Hilarion, et le métropolite Tikhon? J'ai beaucoup de mal à les croire de bonne foi. Pour tout dire, je me demande même où elle est passée, la foi, dans ce genre d'attitudes, et si nous aurons pour toujours dans les paroisses moscovites, des communions qui sentent le désinfectant. Pour ma part, aimer mon prochain signifie ne pas lui donner l'exemple d'une participation enthousiaste à ce qui pourrait bien être une mise en esclavage en règle, à défaut de quelque chose de pire. Au début, j'ai voulu croire que le vaccin russe était un placebo, pour qu'on nous foute la paix, ou qu'il était meilleur que le vaccin occidental, mais à voir la façon dont on cherche à l'imposer, les méthodes de truand qui rappellent trop la France, j'aurais tendance à mettre tout cela dans le même sac mondialiste plein de vipères. Bien à regret, car je préfèrerais continuer à espérer que la Russie échappera au "Merveilleux Nouveau Monde" en projet/
Il me paraît de plus en plus évident que derrière la vaccination, d'horribles processus sont en cours. Ceux qui ricanent au complotisme, alors que la photo apparaît dans son bain de plus en plus nette et terrifiante, porteront une lourde responsabilité vis à vis de leurs contemporains et de leurs descendants. En France, un peu moins de la moitié des gens consultés par un sondage Figaro sont pour la vaccination obligatoire des soignants. Trop peu de gens se posent des questions devant l'ampleur de la propagande, la vilenie des procédés, chantage, intimidation, tribunaux populaires médiatiques où les commis du pouvoir insultent ceux qu'ils interrogent, les narguent, comme ces gamins qui harcèlent à l'école celui qui leur tient lieu de tête de Turc. Et puis, l'inversion accusatoire systématique, absurde, mais répétée comme une incantation. Il faut être décervélé ou hypnotisé pour marcher dans cette sombre combine et ne pas prendre peur devant sa fourberie, son efficacité et son ampleur.
Je ne suis naturellement pas scientifique, mais je fais confiance à ceux d'entre eux qui n'ont pas intérêt à nous dire ce qu'ils nous disent; à ceux qui sont calomniés et traînés dans la boue par ceux qui calomnient la résistance du Donbass, ou calomniaient les Serbes, bref tous les intoxicateurs de cervelle que j'ai vus à l'oeuvre depuis que je mets les événements en perspective. D'autres font, par un évident défaut de l'âme et de l'esprit, systématiquement confiance aux médias et aux autorités qui marchent absolument main dans la main. Je dirais ce que ce sont ceux qui ont une mentalité totalitaire, quelles que soient leurs orientations politiques ou religieuses de départ. Ceux qui voient, entre eux et leur bonheur promis, ou leur santé, ou leur idéal un obstacle dans les autres, qui ne partagent ni cette conception du bonheur, ni ce culte frémissant de la santé et de la longévité, ni ces convictions religieuses fanatiques, ni cet idéal auquel ils ne correspondent pas, et qui deviennent par là l'ennemi à abattre. La mentalité totalitaire, ou systématique, est hostile à la vie. Cette mentalité a vu le jour avec la Renaissance et nous en voyons aujourd'hui l'aboutissement. Quand la concrétisation de ma vision des choses exige le sacrifice et la contrainte de tous ceux qui ne la partagent pas, il y a comme un léger problème. Ecoutons le maire de Villeneuve-Loubet, et ouvrons enfin les yeux sur ce qui se passe: https://www.gj-magazine.com/gj/le-maire-de-villeneuve-loubet-ose-dire-la-verite-sur-le-pass-sanitaire/?fbclid=IwAR3aFvsbgsxVJkC7_ZnGWBroeNGt4WK3eAIhgUTAo07CGG1zZp6-94cfQhg
Ecoutons Slobodan Despot dans sa remarquable analyse des processus totalitaires. Il trouve les Russes vaccinés contre ces processus, ce n'est pas complètement vrai, encore que je compte beaucoup sur leur résistance passive et sur l'expérience qu'ils ont d'un pouvoir complètement dingue, prêt à tout pour imposer une société artificielle et étouffante.
Les malfaiteurs qui ont désacralisé la vie, "éteint au ciel des étoiles qui ne se rallumeront plus", ont en effet dressé des générations de gens depuis la révolution française, pour les faire correspondre à la vision qu'ils avaient de l'humanité et de son avenir, et aussi à leurs intérêts, ces intérêts et ces idéologies se nourrissant les uns des autres. Cette folie a gagné de nombreux pays, anéantissant des sociétés organiques et traditionnelles qui n'étaient pas parfaites, mais qui étaient le résultat d'une adaptation millénaire, pour lancer des expériences sociales sur les foules, déplacées, rééduquées, massacrées, opprimées, lancées les unes contre les autres dans des guerres monstrueuses. Pour créer l'homme nouveau, le surhomme, maintenant l'homme augmenté: à chaque fois une nouvelle trouvaille, et des gens de plus en plus abrutis et désorientés par la vie qu'on leur fait mener dans des milieux artificiels où ils sont privés de leur culture ancestrale, de leurs liens familiaux, de leurs communautés, des gens qui ne savent plus où ils en sont, et qui ne sont plus nécessaires aux féodaux mafieux et aux psychopathes qui se sont emparés du monde. Nous sommes maintenant face à la dernière expérience, et elle est médicale. Ou à prétexte médical. Idéologique aussi, puisqu'ils veulent "augmenter" l'être humain qu'ils ont tellement mutilé. Enfin, l'être humain... non, pas l'être humain, celui-ci, on s'acharne à le détruire depuis le mouvement des enclosures en passant par les indiens d'Amérique, et les paysans d'Europe et de Russie, diversement éliminés, de façon sournoise ou brutale. Mais les "surhommes", ou ceux qui se croient tels, tous ces vieux crapauds génocidaires qui se cachent derrière les fous furieux placés à la tête de nos pays pour remplir leur contrat destructeur. Car ce n'est pas un vaccin, que l'on veut nous imposer d'une façon si suspecte, c'est une thérapie génique expérimentale et une tyrannie universelle. Bien sûr on peut toujours ricaner et invoquer la science, mais pourquoi irais-je écouter des médecins vendus aux mafias plutôt que des professeurs renommés qui, eux non plus, n'en croient ni leurs yeux ni leurs oreilles? Ecoutons ce jeune médecin, écoutons ces infirmières, pour qui j'ai la plus grande compassion:
Posons-nous la question, pourquoi les bons père Noël qui nous gouvernent sont-ils si pressés, si fébriles, pourquoi nous poussent-ils à grands coups de teasers, comme des troupeaux de boeufs à l'abattoir? Pensez-vous vraiment qu'ils nous aiment, qu'ils veulent notre bien? Et si je ne nie pas le virus, voyons-nous autour de nous les gens tomber comme des mouches? Est-ce la peste bubonique, des familles et des villages entièrement anéantis? En Russie, alors que finalement tout se calmait, voilà qu'on a à nouveau lancé la grosse cavalerie, c'est terrible, la troisième vague, avant la quatrième, la cinquième, allez en avant la piquouse, les QR codes, et puis Sobianine que je crois aussi con qu'il est pragmatique et bassement astucieux, vient de reculer, parce qu'on est en Russie, que s'il a intérêt à imposer la politique mondialiste de l'OMS, il marche peut-être sur les plate-bandes d'autres gros bandits qui ont du lui dire de se calmer en roulant les mécaniques.
Ils ont fait de nos villes des lieux d'angoisse, des agglomérations de cages, de nos campagnes des usines, de nos océans des décharges, ils font de notre vie un enfer, ils sont en train de nous enfermer tous dans un asile de fous. C'est le Rhinocéros de Ionesco qui m'avait terrifiée à la télé quand j'avais treize ans; ou plutôt, comme dit mon ami Henri, le Rhinomasquos, ou le Rhinovaxinos. Ne voyez-vous pas qu'avec les troisième, quatrième et cinquième vagues, ils vont vous mettre à vie sous piquouse et sous contrôle? Et cela dans le meilleur des cas. Car ils peuvent avoir des desseins plus noirs. Ils nous les annoncent d'ailleurs eux-mêmes, comme on le voit dans les vidéos publiées par Nicolas Bonnal:
Qu'on en arrive à trouver normaux les procédés et les discours que je vois mis en oeuvre dépasse mon entendement. Et je plains de tout mon coeur ceux qui, cernés par les cons et les dingues, doivent se rendre ou perdre leur boulot. Je plains les enfants qui naissent dans ce monde. Lorsque j'écoute les hommes d'état et les journalistes, qui sont les deux face du même pentacle démoniaque, j'ai l'impression de faire un cauchemar. Mais plein de gens ensorcelés leur emboitent le pas, comme les enfants derrière le joueur de flûte d'Hammelin. Les fils de commentaires sur les réseaux sociaux sont tellement bourrés de stupidités hagardes qu'à la limite, on se foutrait de ce qui arrive à des imbéciles pareils, on peut même dire que pour une fois, la connerie est en passe de devenir une maladie mortelle, et c'était autrefois le voeu que je faisais bien souvent. Mais je me souviens que ces imbéciles dressés, ces caniches savants des mégapoles aux tenues et aux coiffures ridicules, avaient des ancêtres dignes, avec de la personnalité, de l'humanité, du bon sens, et ce n'est pas si vieux. Avant la guerre de 14, le ver était dans le fruit, mais les sociétés étaient encore massivement organiques et normales. Leurs descendants dégénérés n'entendent plus le langage humain, et discuter avec eux revient à raisonner un ivrogne en plein délirium tremens. Cependant, il me parvient des échos encourageants de réactions saines, il existe encore des gens capables de se revéiller, Dieu veuille que les peuples refusent d'aller plus loin sur cet épouvantable chemin. Je suis à vrai dire souvent anxieuse, car nous voyons une caste minuscule, mais hyperpuissante, en guerre sournoise et implacable contre des populations qui n'ont pas assez massivement conscience de ce qui les menace, c'est là la troisième guerre mondiale. Et cette caste dispose de tout l'argent possible, de toute l'administration, et de toute la presse unanime, qui n'est plus qu'un instrument d'hypnose redoutablement efficace. Je compte sur les grains de sable qui détraquent les machines les plus sophistiquées. Je compte sur Dieu.
Je voudrais terminer sur cette vidéo d'un artiste pour lequel j'ai la plus grande estime, un de ces talents solitaires et sincères qui oeuvrent à l'écart. La finesse et l'humour noir dont il fait preuve pour tracer l'horrible portrait de notre époque et de ceux qui la font prend parfois des accents tragiques, effrayants et imprécateurs qui nous font passer dans une autre dimension. Je regarde ses vidéos plusieurs fois!
Une fausse manoeuvre a détruit l'article que j'avais terminé hier sur mes derniers moments à Kourmych. Je suis allée me baigner encore une fois dans la Kourmychka et j'y ai relâché un poisson que le père Vladimir avait pêché et oublié dans un seau, la dernière fois qu'il était venu, il y a de cela deux ou trois mois. Par je ne sais quel miracle, le poisson était toujours vivant, dans l'eau trouble et verdâtre. Tous les autres avaient été mangés, et lui restait seul dans sa prison. Je l'ai descendu à la rivière dans un bocal. Il n'a pas compris tout de suite, il restait immobile sur la vase du fond. Mais après que j'ai nagé un moment, je ne l'ai pas retrouvé, il avait fait la belle.
La chaleur étant devenue supportable, j'ai fait un tour de Kourmych avec Sacha. On voit que cette bourgade somnolente et délabrée a été autrefois une petite ville prospère, elle avait même un lycée qui achève de s'effondrer. Beaucoup de très jolies maisons tombent en ruines. Mais pour ce qui est des autres, elles sont souvent restaurées avec beaucoup plus de souci d'authenticité qu'à Pereslavl, ou peut-être que les gens restent plus traditionnels. S'ils recourtent aux clôtures préfabriquées en métal, ils préfèrent celles qui sont à claire-voie, et les harmonisent au toit et au reste de la maison. S'ils recourent au maudit siding, ils conservent souvent les encadrements de fenêtres sculptés qu'ils mettent par dessus, ce qui limite les dégâts esthétiques. Génia me dit qu'ils chérissent encore leur folklore et jouent de l'accordéon, ceci explique cela.
Nous sommes allées nous asseoir sur l'escarpement, au dessus de la rivière, sur laquelle nous avions une vue magnifique. Nous avons été rejointes par un architecte très bavard. Et je me sentais d'humeur purement contemplative. Je regardais les branches agitées par le vent qui déplaçaient et mélangeaient des morceaux de ciel bleu, et les phosphorescences fugaces de leurs feuilles touchées par le soleil. Les lointains, les mouettes, les hérons... Kourmych a quelque chose de captivant et d'étrange, une sorte de moyen âge encore proche, bien que violé par le soviétisme, et le souvenir de la nonchalance raffinée des villes de marchands du XIX° siècle. On se sent là hors du monde, hors du temps, entre le cosaques, les streltsi d'Ivan le Terrible et les gardes rouges.
le lycée...
A quelques mètres de la tombe du "héros de la révolution" qui massacra tant de gens à Kourmych, on a dressé une croix à la mémoire de ses victimes. Les deux monuments sont régulièrement fleuris. A noter que les vieilles komsomoles font le signe de croix devant l'étoile rouge de celui qui fusilla sommairement les prêtres du pays.
Le jour de la fête des saints Pierre et Paul, nous sommes retournées dans ce merveilleux village de Bortsourmani où repose dans sa châsse saint Alexis, arrière-arrière-arrière grand oncle de Sacha. J'avais très mal dormi, mal à la tête, nous avons failli ne pas y aller mais j'ai dit à Sacha: "C'est la fête, je me suis préparée à communier, allons-y..." Et je ne l'ai pas regretté, car cet office était à la fois si simple, et si spirituel. Ce sont les fils du prêtre, le père Andreï, qui constituent le choeur, et ils chantent sans fioritures, avec gravité, c'était beau et recueilli. C'est son plus jeune garçon, âgé de sept ou huit ans, qui lit l'Epître, dans sa tunique dorée de servant d'autel, et avec tant de fermeté, sans se tromper, d'une voix claire et forte... Je pensais à Sacha, le fils du père Antoni, de Cannes.
Sacha se dévoue complètement à ce pays où l'a amenée sa quête mystérieuse de ses ancêtres. Elle est persuadée que ce sont eux qui la guident, et qu'elle accomplit leur volonté. Elle s'occupe non seulement de l'église où ils officiaient mais de celle qu'on vient de rendre au culte un peu plus loin, elle donne du travail et de la considération à l'Afghan Génia, de l'attention aux enfants du village, qui en ont parfois bien besoin. Elle est toujours en quête de fonds pour restaurer et relever, écrivant de tous les côtés, sollicitant les uns et les autres, suppliant les artisans, rédigeant la chronique de ses travaux d'Hercule pour attirer des soutiens à sa cause. Rien ne l'arrête, car elle répare une déchirure, elle renoue les fils brisés, elle rend Kourmych à Kourmych en retrouvant ses ancêtres perdus, et recueille tout ce qu'elle peut trouver sur les rives désolées de nos naufrages historiques et culturels, pour que son petit pays ruiné récupère sa mémoire, et qui sait, peut-être un peu de sa prospérité.
Je vois que Génia l'admire éperdument. Je pense parfois aux reîtres de Jeanne d'Arc. Car Génia a tout du guerrier perdu, le physique et la mentalité. Il est pur et touchant, et quand nous avons pris congé, il avait les larmes aux yeux.
Je mets ici mon album de Kourmych, les photos de Sacha, les miennes, tout en vrac:
Mon séjour à Kourmych tire déjà à sa fin. Je me suis encore baignée dans la Kourmychka. Je voulais y aller hier soir, mais j'ai entendu de loin des cris et du rap et j'ai rebrousse chemin, j'ai une horreur pathologique du bruit et de la musique de merde. Ce matin, silence surnaturel, juste le vent, et personne, juste l'espace et quatre hérons, je n'en avais jamais vu de si près. Je pouvais entendre le bruit feutré de leurs ailes. J'ai dessine la "belle église", la seule qui soit encore entière à Kourmych. Il y en avait une quatrième, du XIV siècle, et celle-ci a été dynamitee par les communistes. À noter ce que mon évêque, monseigneur Theoctyste, a remarqué chez nous, à Pereslavl, s'il y a deux monuments à ruiner, ce sera toujours le plus ancien qui y passera en premier. Le crétin nuisible déteste viscéralement le moyen âge, qui va avec la religion, la paysannerie et la tradition, en un mot avec le cosmos. Chez nous en France, c'est notre Dame qui a brûlé, et pas Versailles.
D'après Genia, si toute cette région est à ce point magnifique et intacte, avec toute une faune préservée, c'est que c'est le parc de loisir des huiles de Nijni Novgorod. Peut-être faut-il désormais aller vivre dans les régions sinistrées, comme Tchernobyl, ou bien la où les féodaux mafieux s'organisent leurs petits paradis, s'ils tolèrent encore quelques sous-hommes dans les ruines de ce qui fut.
J'ai fait un petit récital à Genia et à Sacha, Genia me trouve plus russe que les Russes. Nous étions allés tous trois voir Alexandre, qui fait du bois sculpté. Sa maison est perchée sur un coteau, avec une vue superbe sur l'horizon déployé et les coupoles de la "belle église" mais son intérieur est comme d'habitude d'un kitsch total. Il est extrêmement gentil. Un couple est arrivé, des gens de Nijni. Profondément méfiants envers toute l'affaire Covid, sa propagande et ses vaccins. Ils meditent le retour à la terre dans leur maison de campagne.
L'émission de Yann Sotty sur moi est sortie. La voici pour mes amis français.
La canicule est revenue et ce n'est pas le temps idéal pour faire du tourisme. Je voudrais visiter Kourmych, mais la chaleur est intenable. À 9 heures du matin, je suis descendue à la rivière me baigner, l'eau était presque trop chaude. J'ai dérangé un héron cendré qui s'est majestueusement envolé. J'ai nagé dans un grand silence, car il n'y avait pas le moindre souffle d'air. J'étais seule dans cette eau lisse tiède.
Rita avait si chaud que je l'ai mouillée. A mon grand étonnement, elle a accepté volontiers et s'est même étendue dans l'eau le temps que je dessine.
Ensuite, les enfants sont venus dessiner avec Sacha et moi, comme au bon vieux temps de notre collaboration au lycée français. Sacha est toujours adorée par les enfants, car elle a un physique de fée preraphaelite, et elle est très chaleureuse avec eux. Ils se battent pour l'aider dans son église. Elle compte sur eux pour reprendre le flambeau, car elle ne rencontre pas toujours une grande bienveillance. Certaines commères l'accusent même de blanchir de l'argent.
Le soir, Genia m'a raconté sur le pays des tas de choses intéressantes. Pougatchov, le cosaque rebelle de la "fille du capitaine", y a largement sévi. Il lâchait sur le lac des radeaux avec des potences ou il avait pendu les nobles et officiers locaux. On trouve encore des ossements de cette période. Et aussi, comme partout ailleurs, ceux des victimes de la révolution. D'ailleurs, je n'ai pas visité une église ni un monastère ruiné puis restauré, qui n'ait pas révélé à cette occasion quelque charnier. La rue de Sacha porte le nom d'un révolutionnaire local qui a commis tant de massacres, avec un régiment de Lettons, car ceux-ci étaient souvent utilisés par les bolcheviques pour leurs basses œuvres, en raison de leur russophobie, que des gens du coin ont fini par l'assassiner avec ses comparses. Ce qui a déclenché une répression sanglante. Après quoi, on en a fait un martyr de la révolution. Son tombeau est non loin de l'église de Sacha, et de son cimetière profané et arrase. Les descendants de ses victimes ont été si bien rééduques qu'il s'en trouve encore pour le fleurir.
D'apres Genia, le folklore est toujours vivant à Kourmych, les grands-mères chantent des complaintes interminables. Les gens de Kourmych étaient traditionnellement de fortes têtes car c'était au moyen âge une région frontalière, avec les réfugiés, fuyards et cosaques correspondants, il y a encore le quartier des Cosaques, celui des Archers, et il ne faut pas que les garçons des uns aillent draguer les filles des autres. Ils ont même leurs particularités dialectales et tout cela à survécu au communisme, et même, en dépit du cimetière rase, le culte des ancêtres.
Comme je l'avais promis, je suis partie pour Kourmych, rejoindre Alexandrina, Sacha Viguilianskaia, qui, depuis quelques années, consacre sa vie à la résurrection de l'église où officiaient ses ancêtres, à Kourmych, région de Nijni Novgorod. Kourmych, à la limite de la Russie et de la Tchouvachie, forteresse fondée au XIV siècle pour défendre la Moscovie contre les incursions des Tatars. .
La route est longue et pénible, beaucoup de camions, c'est une expédition. À un moment, on tourne, et la route devient déserte, le paysage aussi. De vastes horizons se découvrent à perte de vue, sans aucune construction parasite, un paysage d'une douceur captivante et immense, et cela pendant 50 kilomètres. Peu de conifères, beaucoup de feuillus, essentiellement des bouleaux et l'espèce invasive de l'érable d'Amérique qui sévit la où ne prospère pas la berce du Caucase.
Kourmych est une bourgade somnolente et délabrée, mais elle est restée authentique, avec beaucoup de très jolies maisons anciennes, en bois et en brique. Sacha à acheté pour une bouchée de pain l'ancien traktir, ou taverne, du coin, qui garde beaucoup de caractère. L'endroit est paisible, bien que central, aucun bruit, pas de motos, ni de voitures, ni d'outils vrombissants, ni de radio. C'est tout près de son église, qui nécessite des travaux titanesques, et où s'affaire une équipe locale, sous la direction de Genia, un "Afghan", un veteran de l'Afghanistan au cœur aussi pur que blessé, qui lui est complètement dévoué. Les enfants locaux l'adorent egalement et l'aident avec enthousiasme.
Averti de ma venue, le père Basile Pasquiet, archimandrite du monastère de la Trinité à Tcheboksary, est accouru le lendemain de mon arrivée. Tcheboksary n'est qu'à 150 km de Kourmych. J'étais allée le voir il y a quelques années avec la regrettée Marie Gestkoff.
Il avait apporté des tas de cadeaux, pour nous et pour l'église, un vrai père Noël. Il m'avait cueilli un bouquet de lavande de Tcheboksary, moins parfumée que chez nous, malgré tout. Il a passé la journée avec nous, je lui ai chante une chanson de Pâques de sa province natale, la Vendée, et une complainte bretonne. Il a reçu et béni les enfants, discuté avec Genia, un artiste local, Sacha, lui a offert une icone sculptée par ses soins. Il a voulu voir l'église, qui avait été transformée en cinema et en discothèque et dont les fenêtres sont toujours murees. Le père Basile à dit la paraclisis à la Mère de Dieu, dans cet endroit ruiné qui nécessite encore tant d'efforts.
En faisant les travaux, Sacha à trouvé toutes sortes d'objets qu'elle exposera dans le musée qu' elle prévoit. Et regroupe dans une tombe commune les ossements bouleversés de l'ancien cimetière, détruit comme partout ailleurs par le pouvoir soviétique, soucieux d'effacer le souvenir des ancêtres et de couper les racines.
Ensuite, le père Basile a voulu se rendre à Bortsoumani, sur les reliques d'un autre ancêtre de Sacha, saint Alexis de Bortsoumani. Le village est ravissant, perche autour de l'église sur une colline, et les maisons sont entretenues mais pas saccagées. On a mis à l'intérieur de l'église une très jolie iconostase naïve venue d'une autre église détruite mais malheureusement, le prêtre a l'intention de la remplacer, sûrement par un truc doré, beaucoup moins intéressant.
Bortsourmani
Le dernier prêtre de Bortsoumani a été fusillé dans un champ voisin, on n'imagine pas de tragédie pareille dans ce paysage d'une sérénité vaste et méditative, et pourtant, comme partout ailleurs a sévi la folie collective meurtrière qui fit tant de victimes. Une plaque rappelle son souvenir. Il a été mis au rang des nouveaux martyrs de Russie.
Nous avons pris, après ce pèlerinage, congé du père Basile. J'étais épuisée par le voyage de la veille, la chaleur, le manque de sommeil, les longues conversations. Le titre de cette chronique fait référence à une phrase qu'on trouve sur les mugs souvenirs de la ville et que Sacha cite abondamment.

La maison de Sacha
Le mur des ancêtres de Sacha. Son arrière-grand-père avait épouse une Française, fille d'un ingénieur fusillé dans les années 30 comme "espion français".
La rivière est redevenue fraîche, comme les nuits, mais c'est revigorant. Je nageais avec bonheur dans une eau qui me rappelait la méditerranée au mois de septembre, d'un bleu tendre, miroitant et nacré qui foncait et verdissait aux lisières, ou je distinguait tout un peuple féerique de plantes aquatiques couronnées d'or. Les canards glissaient paisiblement, les mouettes passaient et repassaient, scintillantes guirlandes, ou bien se reposaient sur les hangars à bateaux. Je vis soudain venir à contre-jour depuis le lac, dans une barque verte dont l'ombre noire dramatique s'enfoncait sous la surface ceruleenne, un vieux ratatine et bossu qui me fit penser à Charon, le passeur des âmes sur le Styx. Arrivé à mon niveau, il s'est fendu d'un sourire et m'a demandé si l'eau était bonne.
Je pensais à Henri qu'on va obliger à subir un vaccin dont il ne voudrait pour rien au monde, à toute cette diablerie, à la fourberie des uns, à la stupidité des autres, à leur inconscience, parfois leur naïveté, aux pasteurs qui, par leur exemple, précédent leurs ouailles dans cette nef des fous au lieu de leur montrer le chemin de la dernière arche. Des pasteurs par ailleurs quelquefois tout à fait respectables mais ne dit-on pas que même les justes seront trompés ? Et pourtant, que les ficelles sont grosses, les procédés ignobles et les discours suspects.... Les quatre gerondas grecs dont j'ai vu la vidéo ne s'y trompent pas et leurs critères de discernement sont très simples. Pour rappel:
Qu'il est étrange de voir coïncider le crépuscule de sa vie avec très probablement celui de l'humanité. Mais les baignades dans le lac et les séances de hamac dans le jardin sont toujours ça que les diables électroniques n'auront pas. Je calculais: s'ils mettent dix ans, comme ils l'annoncent, pour installer leur horrible monde, j'aurai encore le temps de prendre congé de celui-ci, qui est le mien et celui de Dieu, même s'ils le saccagent autant qu'ils le peuvent.
La lumière est presque automnale, disons que dans le Midi de la France, une telle lumière se voit fin août, début septembre. Elle me rappelle aussi la haute Ardèche par sa transparence sereine et mystérieuse. J'aime à voir les promeneurs sur le quai de l'église, les pêcheurs, les saules des rives que certains voudraient couper. C'est étrange mais les arbres qui poussent au bord des cours d'eau sont eux-mêmes liquides, miroitants et souples. J'étais si absorbée, dans l'eau fraîche, par cette contemplation, qu'il me semblait passer dans un autre monde, où plutôt dans une autre dimension de ce monde-là qu'on nous défait et nous profane et qui est notre accès à sa Source sacrée.
Ce matin, j'avais regardé une vidéo sur les expériences de mort imminente faite par un beau jeune homme aux yeux de velours qui tenait beaucoup à nous persuader, à grands coups de plaisanteries et de petits dessins sinistres, que ces sorties du corps et ces rencontres avec des personnages lumineux, des proches disparus, tout cela relevait d'une altération de la conscience comparable à celle que procurait la drogue et la religion, et aussi parfois l'orgasme. Il n'y a rien, chers amis, vivez, vous n'avez que la vie, gardez-la. Gardez-la à tout prix, jouissez-en autant que vous pouvez. Et tout à coup, il m'est apparu que la conscience altérée, c'était vraiment la sienne. Parce que tout ce qui donne de l'intensité à cette vie qui n'a pas, selon lui, de prolongements, tout ce que recherchaient nos ancêtres à travers la musique, la danse, la transe, la création sous toutes ses formes, mais aussi l'exploit, le risque, le dépassement, le sacrifice, le combat, la passion amoureuse, l'ascetisme, la prière, c'était précisément ce qui lui paraît à lui, une altération de la conscience et à moi, en tant qu'artiste et en tant que croyante, son aboutissement, le sens même de sa présence en nous et peut-être la seule chose qui nous différencie des animaux. Sans ces "altérations de la conscience", notre vie n'a aucun intérêt, rien ne sert de la prolonger à grands coups de piquouse, masqués, gantés et "augmentés" de gadgets électroniques censés nous donner ce que nos ancêtres trouvaient eux-mêmes avec leur conscience altérée, cette communion mystique avec la Vie qui leur donnait parfois d'étranges pouvoirs.
C'est ce que connaissait le moyen âge obscur, quand les gens considéraient la vie comme l'apprentissage de l'éternité.